« Ellie! Il faut avancer! » marmonnais-je à ma sœur. Elle avait beau être plus âgée que moi, elle rechignait davantage. À croire que nos rôles étaient inversés. Pourtant, c'était elle qui était la plus forte entre nous deux. Je m'étais toujours reposée sur elle depuis que nous étions toutes petites. Elle m'avait sauvé la vie et maintenant? Elle avait peur du noir, peut-être? C'était vrai que nous avancions à tâtons dans cette prison, mais il y avait la lumière de nos lampes-torches. Jusqu'à présent, nous n'avions croisé aucun rôdeur. Une bonne chose, même si c'était pour le moins étrange. Lorsque nous étions arrivé devant la bâtisse abandonnée, nous nous étions dit que c'était l'endroit idéal pour trouver des vivres et, surtout, des munitions. Il ne fallait qu'avoir le courage d'y pénétrer. Comme je ne voulais pas laisser Ellie à l'entrée, je l'ai amené avec moi. Mais je commençais à le regretter. Et le fait qu'il n'y ait pas âmes qui vivent me donnait des frissons. Et si quelque chose de bien pire était présent ici? À moins, bien sur, qu'un groupe de survivant était déjà présent? Si c'était le cas, je ne donnais pas chère de notre peau. Parce que si c'était des prisonniers. Deux jeunes femmes, seules... Vous voyez le tableau?

Bref, nous étions rendus trop loin pour revenir en arrière. À chaque pas que nous faisions, j'écoutais attentivement. J'essayais d'entendre des sons, des bruits de pas, une respiration? Ou même un grognement. Mais il n'y avait que le silence. Et je détestais cette absence de son. Ça me rendait mal à l'aise. À un tournant, je m'arrêtai brusquement. J'avais aperçu une lumière au bout d'un corridor plus loin. J'avais trainé ma soeur plus loin d'un pas vif. « Éteins ta torche! » lui murmurais-je. Elle s'était tout de suite exécutée. Maintenant, il n'y avait que le bruit de nos respirations. Je ne savais pas qui était là ou plutôt c'était quoi. Parce que avec la chance qu'on avait, il s'agissait d'un rôdeur avec une lampe torche. On ne savait jamais dans quel piège on pouvait tomber. Il ne fallait qu'attendre qu'il s'en aille ou l'affronter. Mais laquelle des deux options était la moins risquée. Je ne le savais pas.

tik tok. the clock is ticking

LINAËLLE ◭ WILLY-B

Dans un monde non-chaotique, dans un univers normal, n'importe qui aurait pu prédire que cette journée s'annonçait magnifique. Le genre de journée de début d'été que tout le monde attend avec impatience. Celle où l'on peut sentir l'herbe fraîchement coupée, entendre les oiseaux chanter, et croiser des personnes souriantes, désirables... mais surtout... vivantes ! Au lieu de ça, Willy-Blake se trouvait dans un monde où, certes le ciel était bleu, mais où la vie n'existait plus. Terminé le chant des oiseaux, terminé le sourire de ces dames, et bonjour la décomposition ! Lorsqu'il avait sentie cette dernière pour la première fois, il n'avait pu s'empêcher d'avoir un haut-le-cœur. Par le passé, il avait entendu dire qu'il ne suffisait que d'une fois pour s'en rappeler tellement elle était ignoble. Aujourd'hui, il pouvait confirmer ces dires, cette odeur était inoubliable, elle restait encrée dans votre âme, vous permettant de l'identifier lorsqu'elle se rapprochait... Un zombie ! Il y en avait un qui se rapprochait, il le sentait avant tout, mais ses râles lui parvenaient également jusqu'aux oreilles. Willy-Blake referma ses doigts sur sa machette, et siffla un faible coup. Ce qui était autrefois un policier - à en juger par son uniforme - pivota lentement sur lui-même. Le trentenaire jeta un bref coup d’œil derrière lui avant de reporter son attention sur le rôdeur qui s’avançait lentement vers lui. Il voulait que la proie se jette elle-même dans la gueule du loup, alors il l'attendait, impatiemment. Quelques mètres les séparaient, jusqu'à ce que Willy décide d'aller l'affronter lui-même. Finalement, j'ai pas envie d'attendre, dit-il en décapitant le zombie. Le corps s'effondra au sol tandis que la tête du policier roula un peu plus loin. Les flics, s'étaient toujours intéressant à abattre, ils avaient la plupart du temps une arme sur eux. Vide ou non, il ne pouvait pas laisser une arme derrière lui sachant qu'il en avait perdue une dernièrement. Le policier avait toujours son arme, Willy l'a pris, vérifia le chargeur qui était vide avant de la ranger dans son sac à dos et de sortir une lampe-torche avant de reprendre la route.

A quelques mètres de lui, un haut bâtiment s'élevait. Une prison ! Il l'avait enfin trouvé après deux jours de marche. Il avait besoin de munitions, enfin, il en avait encore, il en avait même un bon paquet, mais il était du genre prévoyant et préférait en avoir de trop que pas assez. Il évitait d'utiliser ses armes à feu à cause des répercutions qu'elles occasionnaient, mais en avoir à sa disposition était on ne plus sécurisant malgré tout. Willy-Blake pénétra prudemment dans le grand bâtiment, une lampe torche dans la main gauche, sa machette à la droite. Il était conscient qu'une prison pouvait être tout aussi sécurisante que dangereuse. Il pouvait aussi bien tomber sur des prisonniers morts, que sur des prisonniers vivants et il se demandait bien lesquels étaient les plus à craindre. Il savait que la folie pouvait atteindre tout le monde, lui-même n'était pas certain de comment il réagirait s'il se trouvait face à plusieurs hommes inconnus. Il ne pouvait pas prendre le risque de leur faire confiance, mais il ne pouvait pas non plus les considérer comme des zombies... si ? Après tout, peu importe, s'il sentait que sa vie était en danger, peu importe la menace, morte ou vivante, il la tuera froidement. Il l'avait très bien montré quelques mois auparavant en abattant un des membres de son petit groupe...

Il continua d'avancer, s'aventurant toujours plus loin. Un silence de mort régnait ici. Il avait l'impression qu'on entendait que lui, lui et les semelles de ses rangers qui claquaient légèrement contre le sol. Une silhouette était face à lui. Un zombie sans aucun doute, sa démarche le montrait clairement, il s'avançait en boitant. Il s'approcha lentement du rôdeur avant de lui trancher la tête. Ce geste, il l'avait répété tellement de fois qu'au final, s'était devenu un réflexe. Il passa à côté du corps avant de poursuivre sa route dans cette prison. Plus il s’engouffrait à l'intérieur, et plus son cœur accélérait, mais il n'était pas du genre à abandonner, il ne sortirait pas de cette prison sans avoir récupéré des munitions ! Un faisceau lumineux attira son attention. Willy fronça les sourcils et resserra son emprise sur sa machette. Un ou des humains. Sauf si les zombies savaient utiliser des lampe-torche, ce qu'il doutait. Il abaissa légèrement sa lampe-torche et se dirigea vers ce qu'il avait intrigué en frôlant les murs. Qu'était-ce dont ? Un homme, une femme, des hommes, des femmes, un groupe ? Il n'allait plus tarder à le découvrir, il était proche, il le savait, il le sentait, et surtout, il l'entendait à leur respiration. Il ne lui restait plus qu'à tourner à droite et il se retrouverait face à des êtres vivants. Sans plus attendre, il se déplaça, pointa sa lampe-torche tout en brandissant sa machette, prêt à frapper. Deux femmes ! Qu'il reconnut évidemment. Son regard se posa dans celui de Linaëlle avant de baisser lentement sa machette. Tiens, Hart. Quelle bonne surprise, je croyais que depuis ce temps, tu t'étais fait dévorer, dit-il. Oui, ceci était bien sûr une manière de lui dire qu'il était content de la revoir et que ça le rassurait de savoir qu'elle était toujours en vie. Il la dévisagea avant de diriger la lumière de sa lampe-torche vers la gauche, sur l'autre visage féminin. Ta sœur je présume ? dit-il en s'adressant toujours à Linaëlle sur laquelle il pointait à nouveau le faisceau de lumière.

Ma respiration s'accélérait à mesure que le temps filait. Ma soeur à côté de moi avait empoigné mon bras et je sentais ses doigts serrer ma peau sans s'arrêter. Mais je ne pouvais rien lui dire. Je ne pouvais pas l'empêcher de planter ses ongles dans ma chaire. Nous devions patienter, attendre. Mais tout était redevenu silencieux. Je n'apercevais plus rien. Mais ce n'était pas pour autant que j'étais moins sur mes gardes. Au moins, si ça avait été un rôdeur, nous entendrions ses râlements à présent. Mais pouvait-on faire confiance à un être humain. Parfois, ils pouvaient être bien pires. Je n'avais qu'à penser à mon père...


Alors que je réfléchissais, une lumière arriva directement sur mon visage, m'aveuglant par le fait même. Un homme brandissait une machette, mais il arrêta son geste lorsqu'il me reconnut. Willy-Blake... Je me souviendrai toujours de lui. Nous avions passé une nuit ensemble et puis, je ne l'avais jamais revu. Ellie le reconnut aussi, puisque je la sentis se détendre. Pourtant, elle ne l'avait vu que de loin... Tiens, Hart. Quelle bonne surprise, je croyais que depuis ce temps, tu t'étais fait dévoré, me dit-il. Je le fixai sans rien dire au départ. Le voir ici me rassurait, mais je ne devais pas le montrer. J'étais loin d'être une jeune femme faible, mais il fallait qu'on se fasse respecter tout de même, d'égal à égal. Ça me fait plaisir de te voir aussi Blake... lui dis-je avant de lui sourire finalement. L'attention de l'homme se tourna vers Ellie. Ta sœur je présume ? dit-il en s'adressant à moi. Oui. C'est Ellie. commençais-je à dire. Mais qu'est-ce que tu fais ici? Tu viens voler mes vivres et mes munitions? Je ne les laisserai pas filer aussi facilement. Tu le sais! lui dis-je entre le sérieux et l'amusement. Mais Williy savait que je ne blaguais pas. On pouvait partager, mais je ne lui laisserais pas tout le butin. Ellie et moi en avions besoin!