Maggie & Lenny.

The bond that links your true family is not one of blood, but of respect and joy in each other's life.

« Eh Lenny ! » La voix familière le tire du sommeil, l'extrait lentement de ses songes. Un sourire d'aise étire ses lèvres fines. Sans ouvrir les yeux, il grogne et se retourne, se retrouvant allongé sur son côté gauche, pour indiquer à sa tante qu'il est plus ou moins réveillé et qu'il lui porte le semblant d'attention qu'il est capable d'avoir à cette heure. D'ailleurs, quelle heure est-il ? Il tend l'oreille à la recherche d'un bip de son réveil mais ne prend pas la peine de soulever ses paupières lourdes de jolis rêves pour s'informer plus efficacement. Il grogne à nouveau, de manière plus agacée : un contact dur sous ses cotes rend sa position inconfortable. Il tend son bras tatoué de deux larges bandes pour réunir ses couettes autour de lui et créer un cocon moelleux. Mais il ne trouve que le vide de l'air ; la sensation rugueuse d'une couverture fine de laine le fait finalement se redresser. Le regard enfin ouvert sur le monde, il se rappelle. Les mots de Maggie prennent soudainement sens : il avait cru pendant une seconde qu'elle le défiait à une partie de petits chevaux. Il excellait à ce jeu...avant.
Chassant les souvenirs pénibles d'une époque où sa distraction majeure n'était pas réprimandée par sa mère, cachant son trouble passager à sa tante, il lui adresse un sourire éclatant. Repoussant la couverture qui le gratte là où son pyjama de fortune laisse sa peau à nu, il quitte le matelas abimé qui l'a hébergé cette nuit. Un coup d'œil vif lui permet d'apprendre que Lucy est encore endormie. « Laisse moi me réveiller, » ronchonne-t-il dans sa barbe – c'est qu'avec le peu d'attention qu'il porte à son apparence ces derniers temps, des poils noirs et rugueux ont commencé à envahir la moitié inférieure de son visage. Il s'étire méthodiquement, mettant un soin particulier à réveiller chaque membre de son corps. Il n'en a probablement pas l'air, avec ses yeux qui clignotent, sa bouche engourdie de sommeil, mais il se prépare à montrer à Maggie qu'elle ne pourra pas gagner contre lui. Il sait parfaitement que ce n'est pas vrai et que la chance a beaucoup joué en sa faveur la veille, mais ce n'est pas pour autant qu'il abandonnera. Cette compétition, distraction bienvenue pour les deux benjamins du trio, idiotie déplacée selon la plus mature, possède en fait le bénéfice de les préparer à la moindre éventualité.
Loin d'être stupides, juste en peu fous : Maggie et Lenny ne se lancent pas dans une marée noire de rôdeurs à l'aveugle. Après avoir avalé un croûton ranci et nature, le garçon ôte le t-shirt sale et le short gris qu'il porte pour dormir, enfile un jean troué et un haut noir, avant de s'occuper de bander ses avant-bras pour contrer une morsure mortelle à ces endroits particulièrement susceptibles d'être touchés compte tenu de sa technique de combat. Secouant sa crinière brune, qui commence à être trop longue, il finit par lever le regard sur son aîné, un sourire narquois aux lèvres. « T'es sure que tu veux faire ça ? » Il lève un sourcil faussement arrogant en terminant de fixer ses protections, avant que ses yeux ne voguent à nouveau vers sa mère. Une vague de tendresse s'abat sur son visage et il imagine un instant l'expression d'inquiétude sincère qui déformerait ses traits si elle les voyait s'apprêter à sortir comme s'il s'agissait d'un jeu. D'un autre côté, mieux valait profiter de ses derniers jours sur Terre... Il haussa les épaules pour se donner bonne conscience, mais une poussière d'étoile grise restait présente dans ses yeux bruns. Il s'avança vers elle et déposa un baiser sur son front, admirant sa respiration calme. « On s'éloigne pas trop hein, » ajouta-t-il à l'attention de sa tante avant d'accrocher le fourreau de son sacre dans son dos. Il laça ses baskets, qui commençaient à menacer de s'ouvrir en deux, et se dirigea vers la porte de la maison qu'ils avaient choisi la veille comme campement temporaire. Il se redressa, gonfla ses pectoraux, et poussa d'un coup sec le battant encore huilé. Un bourrasque de vent le décoiffa – comme s'il était coiffé – et son sourire s'élargit à nouveau. Il se sentait étrangement vivant.    

Codes par Wild Hunger.