Fille unique d'un général militaire et d'une infirmière militaire, Blake est née à Oakland dans le village militaire où travaillaient ses parents. Tout était militaire dans sa vie, ses parents, les règles domestiques, les études, tout, tout, tout. Elle n'a pas été malheureuse pour autant, son père lui offrait tout ce qu'elle voulait du moment que ses notes étaient bonnes et elle passait beaucoup de temps avec sa mère lorsque celle-ci revenait de mission. Elle grandit donc dans un cadre agréable bien que réglé. Elle était bonne à l'école, préférant la littérature et les langues mais n'était pas mauvaise dans les matières scientifiques. C'était une élève basique, sans histoire particulière, avec un bon comportement et un respect naturel pour ses professeurs, elle prenait souvent la défense des victimes des bourreaux de classe et s'est finalement passionnée à l'ouverture du monde. Elle a spécifiquement étudié les langues une fois à l'université et parle 6 langues, dont 4 couramment. L'anglais, sa langue natale, l'espagnol et le chinois, les deux langues les plus parlées après l'anglais aux Etats-Unis, et le Russe qu'elle a voulu apprendre pour le plaisir. Elle connait également les bases de la conversation du langage des signes et peut suivre une conversation si son interlocuteur ne va pas trop vite. Elle baragouine un peu de français mais comme elle n'a jamais eu l'occasion de pratiquer, ses phrases sont au moins aussi bien traduites que celles des traducteurs internet, et ne parlons même pas de son accent. Elle avait un rêve : voyager dans le monde entier pour découvrir un maximum de cultures différentes.

En grandissant elle devint de plus en plus agréable à regarder, et même si la perfection n'existe pas il semblait évident qu'elle faisait facilement tourner les têtes des hommes comme celles de certaines femmes. Elle ne s'intéressa pourtant qu'à la première catégorie et commença à devenir très joueuse de ce côté là. Le but n'était pas de coucher avec le premier venu mais de séduire, sans forcément aller plus loin. C'était un petit plaisir personnel, voir les coeur battre pour elle et se lancer des défis, apercevoir cette petite lueur d'intérêt dans le regard de sa victime, tenter d'accrocher l'intérêt d'hommes de plus en plus difficile à avoir. Les prises de contact n'étaient pas difficiles puisque avec son métier de guide touristique elle rencontrait tout type d'hommes. Mais un seul réussi à briser son petit train-train quotidien. Elle était venue à un gala militaire accompagnée de ses parents, une soirée organisée par les généraux qui honoraient la mémoire de quelques compagnons morts au combat. D'autres membres de la caserne étaient invités, dont un que Blake n'allait plus jamais quitter. Il était grand, fin, avec un visage aux traits doux et un costume qui le mettait pleinement en valeur, et son coeur rata un bond pour la première fois de sa vie. Matthew Caulfied, il était là, auprès de son père qui ne faisait que de l'honorer de louanges, et Blake ne put détacher son regard de lui de toute la soirée. Mais aucune histoire d'amour idyllique ne naquit.

Ils se virent plusieurs fois après cette rencontre, entièrement et simplement comme des amis, mais ils se cherchaient, se provoquaient, se rendaient mutuellement jaloux. Il était né entre eux un petit jeu sadique et provocateur, qui ne semblait ne lasser ni l'un ni l'autre malgré le temps qui passe. Ils s'emmerdaient carrément jour après jour mais lorsque l'un d'eux avait besoin de quelque chose, l'autre était là. D'ailleurs, Matthew fut le meilleur soutien de Blake lorsque le père de cette dernière fut déclaré mort pendant une mission d'investigation chez l'ennemi. Pas de petit jeu malsain pendant cette longue période deuil, pas de moqueries ou de taquineries, Matthew s'était juste montré présent, patient et réconfortant, et rien que pour ça Blake lui en sera reconnaissante à tout jamais, même si elle ne lui a pas dis. A partir de là, elle savait que leur amitié serait indestructible. Une amitié qui faillit éclater un soir, alors qu'ils revenaient tous les deux d'un autre gala, complètement bourrés, au point de finir par coucher ensemble. Le lendemain matin, Blake s'était éclipsée rapidement avant que Matthew se réveille. Jamais ils n'en ont clairement parlé mais Matthew a souvent fait allusion à cette nuit là, et à chaque fois Blake en rougit. Quand on sait qu'elle ne rougit jamais, c'est plutôt ironique. Elle se souvient de cette nuit, elle l'a aimé, mais c'est Matthew. C'est impossible. Le moindre changement dans leur relation pourrait tout changer entre eux... Et elle se le refuse, de peur de tout perdre.

Les 6 mois qui suivirent furent on ne peut plus normaux. Elle bossait, faisant le guide touristique pour des étrangers toujours plus nombreux, elle taquinait Matthew, elle enchaînait les soirées, elle profitait de sa mère avant que celle-ci ne reparte, et elle s'amusait. Quand enfin madame Daniels quitta le pays pour se rendre en Syrie, Blake ne savait pas qu'elle ne reverrait plus jamais sa mère. L'apocalypse éclata quelques jours après en plein centre ville. Si les médias avaient fini par inquiéter un peu le public, ce n'était rien comparé à ce qui se passait dans la rue. Jusque là, c'était encore à peu près contrôlé. Mais ce jour là, tout explosa. Les gens hurlaient, se bouffaient entre eux, et pas seulement autour de la ville militaire. Certaines de ces horreurs étaient entrées à l'intérieur et si certains pensent qu'être dans une ville militaire arrange les choses, ils ont tort. Parce que forcément chaque homme sachant tirer a pris une arme, chaque arme a produit une détonation, et chaque détonation a attiré un rôdeur.

En une heure tout était envahi et Blake ne savait plus quoi faire. Aux premiers coups de feu elle s'était réfugiée chez elle, mais avant qu'elle n'ait le temps de tout fermer un zombie pénétra dans sa maison, suivit d'un autre, et d'un autre... Elle ne réfléchit même pas. Ses jambes la portèrent à la seule personne avec qui elle se saurait en sécurité : Matthew. Elle traversa un bon nombre de couloirs et de zones infestés avec une boule au ventre atroce jusqu'à finalement arriver à l'héliport après une demi-heure de course et de partie de cache-cache avec les zombies. Il était là, comme elle s'y attendait, et heureusement. Elle était à peine arrivée à lui qu'il lui lança une arme à feu dans les mains, lui donnant l'instruction de tirer. Mais elle n'avait jamais tiré de sa vie... Elle se débrouilla néanmoins comme elle pu pendant qu'il ouvrait le grillage avec un soudeur. Dix minutes plus tard ils s'échappaient avec quelques autres militaires.

Leurs débuts dans cet univers apocalyptique sans échappatoire visible fut catastrophique. Le premier groupe qu'ils avaient formé naturellement avec les autres militaires s'étant échappés avec eux fut désastreux. Deux semaines à peine furent nécessaires pour qu'ils décident de s'extraire de cette bande qui se battaient et devenaient de plus en plus violent pour la simple fierté de se définir comme le chef de tous. Blake et Matthew les quittèrent donc rapidement et passèrent 3 mois seuls, galérant à s’acclimater à leur nouvelle vie. Leur principale préoccupation fut de trouver de la nourriture et des endroits où dormir, mais la seconde restait de trouver un nouvel endroit sécurisé et avec d'autres gens dans lequel vivre. Trois mois à survivre, à galérer, sous la faim, la fatigue, avant qu'ils ne tombent finalement sur un camp pacifiste. Ils y restèrent pendant 6 mois, 6 mois de calme et de repos où les tâches étaient partagées et où, même s'ils pouvaient parfois se montrer dangereux, les raids étaient bénéfiques et l'essence même de la solidarité du camp. Un bonheur éphémère qui s'estompa lors de l'attaque d'une troupe de psychopathes avares et cruels, qui massacraient tout le monde sans distinction. Une fois de plus, Blake et Matthew s'échappèrent de justesse.

Cette fois la décision était prise, les groupes n'étaient pas fais pour eux. Ils resteraient donc tous les deux. Et c'est ce qu'ils firent. Ce fut difficile de s'adapter après ces 6 mois de farniente, mais ils y arrivèrent, trouvèrent même de quoi compléter leur petit arsenal, et adoptèrent un rythme qui leur permettait de mêler repos et action sans que tout ça ne semble trop épuisant. Parfois ça marchait mieux que prévu, parfois ça foirait complètement, mais globalement c'était un système qui marchait. Ils trouvaient au moins le minimum vital de nourriture, réussissaient parfois à dénicher des endroits confortables dans lesquels rester quelques temps, mais ne restaient jamais au même endroit. Aujourd'hui encore ils sont à la recherche de l'endroit qui leur vendra du rêve et leur permettra d'avoir une défense telle qu'ils pourront dormir sur leurs deux oreilles. Malgré toute l'horreur qui s'éparpille autour d'eux ils réussissent à garder leur part de taquinerie et ce lien fort qui les unie, et Blake n'imagine pas une seule seconde poursuivre sans Matthew. Elle ne sait pas si c'est parce qu'il est réellement important et qu'elle ne veut pas se l'avouer ou si c'est parce qu'elle n'a rien trouvé de mieux pour l'instant, mais qui peut le savoir ? Le problème, c'est que ce ne sont pas des monstres, et que même pour leur propre survie, ils ne pourront pas rester indéfiniment que tous les deux.