A Bodie, il y a toujours quelque chose à faire. Mais à Bodie, surtout, il y a toujours quelqu'un à croiser. Et Alliyah n'apprécie pas particulièrement ça. Elle aime être seule de temps à autre, pouvoir marcher sans se soucier d'adopter un autre rythme. Pouvoir rester silencieuse des heures durant si tel est son souhait. Ne pas avoir à se préoccuper de quoi que ce soit d'autre quand elle prend des risques. Elle les évite autant que possible, ces risques. Mais il arrive, tout de même, qu'ils s'imposent à elle. Pour attaquer certains groupes, il faut parfois savoir se montrer imprévisible et donc en totale improvisation. Mais Alliyah aime quand les choses sont un tant soit peu planifiées. Non seulement parce que ça permet d'éviter des désastres, mais aussi parce que ça lui évite d'avoir à trop faire confiance aux personnes supposés l'accompagner. Aujourd'hui et pour les deux/trois jours à venir, la question ne se pose pas. Elle a quitté la ville fantôme le matin même, à bord d'une moto "empruntée". Elle n'a, en réalité, demandé l'avis de personne mais qu'importe. Cela ne pourra pas lui faire de mal de se retrouver en tête-à-tête avec elle-même, bien au contraire. Livia elle-même aurait compris ce besoin vital, même si elle n'a pas essayé de lui en toucher un mot. La blonde ne lui en voudra pas, c'est une certitude. Elle n'est pas comme ça. Avec, avec un peu de chance, elle ne se rendra même pas compte de sa disparition soudaine. Enfin bref, les objectifs d'Alliyah sont clairs pour cette sortie en solitaire : se retrouver, mais aussi chercher des vivres, des groupes qu'elle pourra observer. Comme ça, elle ne rentrera pas les mains vides à Bodie. Si cela devait arriver, ce ne serait pas un réel problème mais, tout de même, elle préfère l'éviter. Ils ont quand même perdu pas mal de monde sur l'Angels Camp, c'est un peu plus tendu encore que ça l'était autrefois. Avec la moto, Alliyah fait beaucoup de bruit. Trop peut-être, mais c'est le cadet de ses soucis. Ce qui compte, c'est qu'elle puisse se déplacer sans trop de difficultés. Et puis, elle n'est pas enfermée dans une voiture ; avec cette moto, ses cheveux virevoltent en tout sens. Elle se sent bien, elle se sent pleine de vie, et surtout libre. C'est ça, le plus grisant, avec ce genre de véhicule : le sentiment de liberté assourdissant qui accompagne le bruit caractéristique du moteur. La brune se décide tout de même à la garer quand elle estime que c'est le bon moment. La dernière chose qu'elle souhaite, c'est se faire remarquer par tout le voisinage avant même d'être parvenue à destination. Quoi qu'elle n'a pas de destination précise. Tout ce qu'elle sait, c'est ce qui est parvenu aux oreilles de certains membres de Bodie ; un groupe est installé dans le coin de Yosemite.

Elle ne sait pas où exactement, mais elle compte bien essayer d'en découvrir plus avant de partir en quête de victuailles. Elle s'imagine mal attaquer ce groupe si bien installé seule mais elle peut toujours glaner quelques informations si l'opportunité se présente. Sa moto, Alliyah la cache. Derrière un camion, d'abord. Puis, à contre-cœur, la laisse tomber sur le sol. Elle la recouvre ensuite de terre, de feuilles en tout genre ... et se relève épuisée mais satisfaite du résultat. Personne ne devrait rien remarquer comme ça. En théorie. C'est l'esprit tranquille qu'elle part ensuite. Elle marche peut-être bien plus d'un kilomètre, avant de se retrouver au bord d'un lac. Elle a une vue plongeante sur toute la longueur de la "plage" et aperçoit, au loin, une silhouette. Il ne faut pas être très malin pour se rendre compte qu'il ne s'agit pas d'un rôdeur ... mais d'un survivant. Un sourire satisfait aux lèvres, elle avance un peu, prudemment et silencieusement. De là où elle se trouve - à l'abri derrière un arbre - elle peut observer la personne sans se faire remarquer. C'est un homme, visiblement assez jeune ... et en train de pêcher. Ça, c'est pour le moins intéressant. Elle laisse s'écouler quelques minutes supplémentaires avant de se mettre en mouvement. Elle l'a vu sortir un poisson ou deux du lac, alors c'est le moment de se faire entendre. A sa façon. Elle sort de derrière son arbre, et fait quelques pas en avant, sa machette sur son épaule et un sourire aussi innocent que possible aux lèvres. « La pêche est bonne ? » Question piège. A laquelle il a plutôt intérêt de répondre correctement. Mais ça, il ne le sait pas. Pas encore.