Comme quoi, l'idée de départ avait été très mauvaise. Après une longue période d'errance, loin des terres qu'il connaissait, le survivant, accompagné de sa fidèle chèvre naine, avait décidé de retourner faire un tour dans ce bon vieux Dakota du Nord. Peut-être, pensait-il alors innocemment, que la nature y avait reprit ses droits, et que du gibier avait fini par s'y installer. Il serait même possible qu'il retourne au village ou il avait grandi, sous la coupe protectrice de son Oncle. Impossible alors de ne pas passer là ou il avait passé la majeure partie de son temps... Le domaine de trappe ou il avait tout appris. Le magasin d'antiquité scandinave, ou il connaissait chaque objet exposé dans les moindres détails. Tout cela oui, il y avait songé, et s'était peut-être même trop imaginé le vivre. Dans la réalité des faits, les choses avaient été bien différentes. Le premier jour, Nanna avait failli servir de hamburger à un petit groupe de décharnés. La même semaine, Lïnko était tombé sur un groupe de survivant pas très regardant sur la sécurité, malgré le nombre d'armes à feu qu'ils possédaient.

L'islandais s'en était donc tiré, avec une balle dans les peaux du ventre. Le projectile était ressorti, et sans même abîmer ses tatouages. Le principal souci était que les plaies ne faisaient qu'à se rouvrir à la moindre occasion. Surtout celle dans le dos. Il ne disposait pas de miroir, et s'était heureux, car ça devait être vraiment dégueulasse à voir. Mais malheureusement, le barbu ne disposait d'aucune ressource pour pratiquer des soins qui auraient étés nécessaires, et n'était apprécié d'aucune communauté de survivants. Donc, il avait rebroussé chemin, et farfouillait ici et là dans l'espoir de tomber sur autre chose que des bandages déjà utilisés de bien trop nombreuses fois... En cette fin d'après midi, son état de santé était loin de s'améliorer. Il se savait fiévreux, et commençait à suer à grosses gouttes au moindre effort. La tête lui tournait. Ah, et ouais, il avait mal, même si les stimuli nociceptifs étaient bien le dernier de ses soucis. Il buvait de temps à autre, mais pas assez pour son corps, qui tâchait de combattre une saloperie d'infection qui s'acharnait sur sa blessure.

A l'abord d'un petit village pas trop encombré de marcheurs, le nordien s'attela donc à fouiller les petites bâtisses. Pas l'ombre d'un truc à se mettre sous la dent. Des produits de soin, encore moins... C'est juste à temps qu'il entendit le vacarme pourtant bien présent d'un deux roues. Putain de merde. C'était bien sa chance. Se planquant derrière le comptoir d'un bar déjà bien démodé avant l'arrivé des morts, il observa le silence le plus total, conscient du fait que si cette idiote de chèvre débarquait en gambadant, c'était coufi pour la discrétion. Il avait de bien maigres chances de se sortir vivant d'une mauvaise passe. Il était hors de question qu'il crève comme ça, aujourd'hui, mais s'il fallait en venir aux mains, se serait clairement chaud de night. Essayant de rassembler ces pensées troublées par la fièvre, il entreprit de se réciter une incantation scandinave. Quand il se reconnecta avec le présent, Lïnko sursauta sévèrement en posant sur les yeux sur la silhouette d'un mec, paisiblement adossé au mur face à lui. Putain... Il avait une sale tête. Le genre rôdeur, lui aussi. Donc sale type en perspective. Se faisant une raison, l'islandais leva tout de même une main en l'air pour faire coucou, avant de s'annoncer : « Salut salut... Je suis sur ton territoire de chasse, c'est ça ? J'vais me casser tu sais, il faut juste que je me lève, et plus une trace de moi. » Ce qui n'était pas vraiment exact, au vu des traces de sang qu'il avait laissées un peu partout sur les murs en s'appuyant ici et là...

A la mention de la chèvre, Lïnko la chercha du regard, avant de l'apercevoir dans un coin de la pièce. Nanna était tranquillement occupée à arracher du papier peint. Au moins, elle se foutait pas mal de ce qui l'entourait. Comme d'habitude quoi... L'islandais acquiesça aux propos de l'inconnu. Bon, il crèverait pas aujourd'hui alors. Au moment ou il se redressait, le brun le questionna sur sa blessure. Ce qui était légitime en soi... « Non, juste une balle. Le truc pénible, c'est la fièvre. Les morts ça va, mais... Je pense qu'on sait tout les deux que se ne sont pas les pires. C'est des vivants qu'il faut se méfier maintenant, pas vrai ? » Ça, c'était rien de le dire. C'est pas comme s'il ne participait pas lui-même aux méfaits, parfois. A première vue, le survivant ne semblait pas prendre le chemin de vouloir lui faire la peau. Peut-être qu'il connaissait les alentours. Ou peut-être pas. « Tu sais s'il y a... Une pharmacie, dans les parages ? » Le ton était assez ironique, parce qu'en y réfléchissait, c'était assez débile comme question, en contexte apocalyptique. « Enfin des baraques à fouiller, tu vois ce que je veux dire ? »

S'approchant d'une fenêtre donnant vers l'entrée, Lïnko se pencha pour finalement poser les yeux sur la moto du type. Un bel engin c'est vrai. Bon, le barbare était malade dans tous les transports, mais ça faisait bizarre de voir une moto quoi. Faisant un demi tour sur lui même, il avisa le survivant, dont il ne connaissait toujours pas l'identité. « Moi c'est Lïnko, » commença-t-il « et la belette qui refait la déco c'est Nanna. » En effet, la bestiole s'excitait sur un morceau de papier récalcitrant. Maintenant que les présentations étaient faites, il allait falloir s'accorder sur la marche à suivre pour régler un problème. Comment allaient-ils se débarrasser des morts avant que ceux-ci ne bloque l'entrée ? L'arrivée du brun avait probablement attiré les quelques cadavres ambulants qu rôdaient aux alentours. D'autant plus que s'ils ne se décidaient pas, ça risquait d'être tendu pour le motard de récupérer son destrier mécanique.

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