The Road - Solveig & Philippe
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Une annonce importante arrive...
Après sept ans de bons et loyaux services, Born ferme ses portes. Merci à tous ceux qui ont participé, d'une manière ou d'une autre, de près ou de loin, à son aventure. coeurrose
-24%
Le deal à ne pas rater :
PC Portable Gaming 15.6″ Medion Erazer Deputy P40 (FHD 144Hz, RTX ...
759.99 € 999.99 €
Voir le deal

Partagez

The Road - Solveig & Philippe

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
AuteurMessage

Anonymous

Invité
Invité



The Road - Solveig & Philippe Empty
MessageSujet: The Road - Solveig & Philippe The Road - Solveig & Philippe Icon_minitimeSam 5 Jan - 0:29

    Le périphérique était bondé, noir de voitures et de monde. Je me méfiais. Bien sûr que je savais maintenant à quoi était dû cette incroyable cohue. Même maintenant, à la lumière de la lune, on apercevait clairement les silhouettes de milliers de personnes se détacher dans l'obscurité. De la grande ville ne restait aucune trace dans la nuit. Pas de lumières sur les immeubles par delà les routes, pas non plus de réverbères ou de quoi que ce soit d'autre qui aurait pu marquer un quelconque retour à la civilisation. Nous étions toujours seuls pour le moment. Seuls depuis quelques jours en tous cas. Ca ne m'avait pas fait plaisir d'éclater ce gamin infecté. Ca m'avait profondément répugné, mais je ne pouvais pas le laisser nous attendrir pour ensuite nous dévorer, n'est ce pas ? Ca avait beaucoup choqué les gens que nous avions rencontré, et j'avais décidé de continuer seul avec Solveig. Je ne lui avais pas vraiment demandé son avis, mais je sentais pourtant qu'elle était d'accord avec la décision que j'avais pu prendre. Cela ne m'intéressait guère ; je savais mieux qu'elle comment survivre. Ce n'était pas méchant ni insultant pour elle. Je l'avais laissée enfermée dans une vie qui ne lui plaisait pas et où elle n'avait pas pu apprendre grand chose d'intéressant pour passer indemne ce genre de catastrophe improbable et profondément dramatique. Moi, j'avais fait pas mal de stages de survie, même si en opération j'avais toujours été appuyé par la logistique sans faille de notre armée moderne. Sans un bruit, je me retournais vers ma femme qui attendait dans le couvert du sous bois, quelques mètres derrière moi. Je n'avais toujours pas compris comment ces infectés nous détectaient, s'ils se basaient sur la vue, sur l'odorat, sur l'ouïe... Ou un espèce de sixième sens infernal qui les amenait à détecter, à ressentir, la présence de nourriture à portée. Je ne voulais pas prendre de risque, alors pour reconnaître le terrain je m'exposais toujours en premier. Faisant signe à Solveig de s'approcher, je vis sa silhouette avancer prudemment dans ma direction, pour s'accroupir à côté de moi, à côté de l'orée du bois, et lui montrais ce que la lune nous révélait. Je pointais une direction du doigt.


    | On y est. Atlanta. Et tous ces putains de Zack entre la ville et nous. C'est pas encore ici qu'on trouvera une force armée et organisée pour nous tirer de là. |


    Mon boulot, c'était la reconnaissance. Voir le terrain, l'apprivoiser, trouver des voies d'entrée et de sortie, être discret et reconnaître les forces ennemies. Je me servais tout autant de mon entraînement en la matière que de mon expérience militaire. Celle ci semblait chaque jour plus complète au contact des marcheurs, comme si naturellement je devenais chaque jour un peu meilleur pour leur survivre. Je savais au fond de moi, que c'était surtout la peur qui motivait cet élan incroyable. Je pointais du doigt la route, à quelques centaines de mètres plus bas dans la vallée.


    | Trop nombreux pour passer par là cette nuit. J'en vois au moins six cents. Et y'en a probablement bien plus dans tous les coins que la lune n'éclaire pas. |


    Je me retournais vers ma femme. J'étais peut être calé dans mon domaine ; la reconnaissance et la guerre. Zack n'était jamais qu'un ennemi plus terrible et répugnant que tout ce que j'avais connu jusque là, mais pas invincible. Je savais que quelque part, à probablement des centaines d'endroits, l'humanité survivait et se battait. Et comme toute épidémie, le nombre d'infectés chutera progressivement jusqu'à s'arrêter ; le moment rêvé pour lancer l'offensive une fois armés, organisés, et regroupés. Mais voilà, mes compétences s'arrêtaient là. En voyant ma femme, je me rendais compte de tout ce que je devrais être d'autre mais que je n'étais pas pour autant. Je lui offrais l'un des rares gestes que je me permettais à son encontre, en lui frottant la poussière de la route de sa joue. Je ne savais pas ce qu'elle pensait, à part à notre fils. Je ne savais rien d'elle, au final. Pas même si elle m'aimait encore vraiment. Pas si elle s'imaginait encore avec moi. Je ne savais rien. Mais je la protégerais quand même, parce que moi je savais où j'en étais ; j'étais perdu. Ma peau contre la sienne provoqua un intense chamboulement dans ma tête. De l'amour, du désir, de la tendresse, mais toujours cette colère profonde, cette haine latente, et cette répugnance que j'avais de toucher ce qui avait été donné à un autre. Je soupirais doucement. Je ne devais pas décider de tout, tout seul. La responsabilité était trop grande, et cela ne me faisait ressentir qu'un peu plus de solitude tant nous nous étions éloignés.


    | Tu en penses quoi ? On doit continuer à avancer de nuit, ou on tente le coup de dormir là? Ou alors... Si on est près des routes, il doit y avoir des maisons. On peut essayer de s'en trouver une pour cette nuit, si tu préfères. C'est pas sans risque, mais on pourra mieux dormir. |
Revenir en haut Aller en bas

Anonymous

Invité
Invité



The Road - Solveig & Philippe Empty
MessageSujet: Re: The Road - Solveig & Philippe The Road - Solveig & Philippe Icon_minitimeSam 12 Jan - 0:02



The Road


Atlanta… Nous y voilà enfin…. Encore une ville où nos espoirs de rentrer en France allaient être brisés. Pas besoin d’être devin pour se douter qu’il y règne le même chaos que dans les autres grandes villes que nous avions explorées. J’étais persuadée pour ma part que notre meilleure chance était l’océan, mais Philippe n’était pas du même avis, alors nous nous étions écartés des côtes. Je ne sais même pas pourquoi j’ai émis cette pensée à voix haute. Je savais après tout pertinemment qu’il n’en tiendrait pas compte. Il avait un plan en tête et que je parle ou non, que je donne mon avis ou non, et bien il s’y tenait. Dans le genre « faire sentir aux gens qu’ils sont des boulets », il était le roi. En colère contre lui ? Oui un peu. Parce que j’étais de nouveau sa potiche qui ne faisait rien, si ce n’était d’attendre son bon vouloir. Et Dieu sait que je déteste cela. A croire vraiment qu’il ne tolère ma présence qu’en souvenir du bon vieux temps. C’est simple, nous ne faisions rien ensembles et je ne parle pas ici de sexe. Je veux dire, il est bien incapable de vraiment me tenir une conversation et je n’insiste pas pour savoir où nous nous rendons, j’en aurais aucune idée. Son manque de considération envers moi me tapait sérieusement sur le système, surtout lorsque nous étions que tous les deux. Devant les autres, il était protecteur. Mais dès qu’il n’y avait plus personne dans les parages, il me donnait l’impression d’être insipide et invisible. Je n’étais vraiment qu’un vulgaire paquet qu’il trainait et j’en avais marre, vraiment marre. Cela faisait plusieurs jours que j’y pensais et à chaque fois je tombais sur la même conclusion, conclusion que je lui exposerais, lorsqu’il daignera m’adresser vraiment la parole. J’en avais aussi marre de faire souvent le premier pas. Ok j’avais mes tords, mais ce n’était pas pour autant une raison de me traiter ainsi….

Nous avions marché jusqu’ici en silence, comme à notre habitude. Au moins, nous ne pouvions pas prétendre attirer ces… choses… en faisant du bruit. On ne pouvait vraiment pas nous reprocher de ne pas être discrète. Il me faisait des signes que j’avais fini par intégrer et comprendre et je lui répondais d’un signe positif de la tête. Lorsque nous nous arrêtions pour manger, là encore les mots ne servaient pas vraiment à grand-chose. Il posait son sac, m’annonçait qu’on faisait une pause puis basta. Ensuite nous repartions dans le même silence qui caractérisait nos journées. Les seules fois où il me parlait un peu, ce sont les nuits, lorsque ma peine d’être loin de notre fils me pèse trop et que je ne peux retenir mes larmes. Là, seulement là, il reste à côté de moi, et me dit que nous finirons par le retrouver, qu’il va bien et que tout va bien se passer. De maigres mots qui pourtant me réconfortent énormément. Une courte nuit, puis nous sommes repartis pour plusieurs jours de marche et de silence total. A croire que nous sommes à présent des inconnus l’un pour l’autre. A croire que l’on s’est rencontrés il y a peu et que nous ne parlons pas la même langue.

Arriver à Atlanta fut tout de même un soulagement. J’avais beau être pessimiste et savoir très bien que personne ne pourrait nous aider à rentrer, je ne pouvais m’empêcher d’espérer, ne serait-ce qu’un peu, que dans quelques jours, quelques semaines, je pourrais serrer mon fils dans mes bras une nouvelle fois. C’était tout ce que je voulais : le revoir, le serrer dans mes bras, et le protéger de tous ses monstres. Je suis sa mère, c’est à moi de veiller sur lui. C’est à moi d’être toujours là quand il en ressent le besoin. Jamais je ne l’ai laissé tomber, pas une seule fois. Et cela ne commencerait pas dans ce pays maudit…

Lorsque Philippe me parla, je sursautais. Ce silence était devenu une habitude si bien que d’entendre le son de sa voix m’apparaissait comme étrange. Je le regardais un instant avant de tourner la tête vers la vue qui s’offrait à nous et essayer de voir ce que lui voyait. S’il ne me l’avait pas dit, je ne pense pas que j’aurais fait attention à Leurs présences. En fait, le fait que Philippe fasse et contrôle tout ne me forçait pas à faire attention et à déceler le danger. Il le faisait pour nous deux, et ce n’était pas bien au final. J’étais dépendante de lui et de son bon vouloir et je n’aimais pas ça. Pour la femme indépendante que j’étais c’était dur à encaisser.

Je l’écoutais parler, suivais du regard son doigt lorsqu’il m’indiqua une forte présence de Zack, et un nombre assez conséquent. En y prêtant garde, je ne pouvais que confirmer ses dires qui me firent lâcher un juron. Il se retourna vers moi, et me demanda ce que j’en pensais. Hein ? Il me demandait mon avis ? J’étais un peu déstabilisée par cela, mais je me repris très vite. Pas de temps à perdre et à rêvasser.

∞ Humm ? Ce que j’en pense ? Je pense que tu devrais tenter ta chance à Atlanta et essayer de trouver quelqu’un pour te ramener en France. Et que je devrais en faire de même, mais autre part. Parce que, avouons –le, tu ne me vois que comme un paquetage que tu dois te trainer. Je te ralentie, ça j’en ai bien conscience, et si je n’avais pas été là, tu serais arrivé bien avant à Atlanta.


Mon ton était calme. Je n’étais pas énervée ou vexée non. C’était la réalité et je l’acceptais aussi dure pouvait-elle être. Je lâchais cependant un soupir de lassitude et décroiser mes bras. J’amorçais un pas vers lui, mais m’arrêtais dans ma lancée.

∞ Ecoute, tu ne me dois rien d’accord ? Et cela depuis bien longtemps maintenant. Alors tu peux y aller. Je trouverais bien toute seule un moyen de Le retrouver. Tu lui as promis de rentrer, et toi, tu as toujours tenu parole. Ca fait six mois qu’on arpente un bout du pays. Je serais me débrouiller pour survivre. Prend de l’avance. Retrouve notre fils et prend soin de Lui.


Si vous vous le demandez, oui, je ne croyais plus vraiment en mes chances de rentrer. Par contre aux chances de Philippe, j’y croirais dur comme fer. Parce que s’il devait avoir quelqu’un qui survivrait, ce serait lui. Il avait un but, et je vous l’ai dit, il ne s’en détournera pas. Il avait promis de revenir à notre fils et même si cela mettrait du temps, il tiendra promesse. Moi… Que valait vraiment ma parole ? Rien. Ou du moins rien pour l’homme qui se tenait en face de moi.

∞ Je suis fatiguée. Je vais trouver un endroit sur où dormir. Et ensuite. Et bien nous verrons bien de quoi sera fait demain…


Revenir en haut Aller en bas

Anonymous

Invité
Invité



The Road - Solveig & Philippe Empty
MessageSujet: Re: The Road - Solveig & Philippe The Road - Solveig & Philippe Icon_minitimeSam 12 Jan - 0:38

    A peine avais je terminé de parler que j'anticipais déjà ce que mon épouse pourrait me répondre. Je ne savais pas pourquoi je le sentais aussi mal, mais c'était un fait ; ce pressentiment terrible me serrait le cœur par avance. Pourtant, j'avais mis la forme et le fond dans mes paroles, non ? Comment voulions nous que ça aille entre nous si nous ne faisions pas d'efforts ? J'étais justement en train d'en faire et elle ne voyait rien. Quand je pensais à toutes ces semaines avant notre départ en « seconde lune de miel », ce long laps de temps passé à réfléchir, à faire des compromis et à essayer de comprendre l'autre... En vain. Il semblait que ni moi ni Solveig n'étions capable d'avoir une discussion calme et sensée. C'était quelque chose que je regrettais, mais de toute évidence je n'y pouvais pas grand chose alors que mes efforts semblaient tous voués à l'échec. J'en avais assez de me sentir ainsi, l'air gauche et malhabile, comme si je ne savais pas y faire avec les femmes. Ce qui était sans doute vrai. Solveig avait été l'unique amour de ma vie, et je ne savais toujours pas si je devais continuer de mettre cette affirmation au passé ou si je pouvais aller de l'avant et la remettre au présent. Pour faire bref, je détestais la situation actuelle. Loin de mon fils, loin de mes proches. Aucun objectif précis, une survie de chaque instant, et l'horreur perpétuelle de notre nouvelle existence. Je n'avais apprécié aucune des choses qui nous étaient arrivées depuis des lustres. Il semblait avant tout que Dieu ou ce qui présidait au destin, nous pissait à la raie. Et encore, je pesais mes mots. Je ne pus cacher un soupir alors que ma femme me répondit après un court instant de réflexion ou d'hésitation, je n'en savais trop rien. Quoiqu'il en soit, ce qu'elle me dit eut le don de me mettre en rogne dès les premiers mots qu'elle prononçait. Je me sentais blessé et en colère, blessé parce qu'elle pensait vraiment que je la considérais come un fardeau, et en colère parce qu'elle renonçait un peu trop rapidement à ce que nous avions péniblement rebâtit jusqu'ici ; une sorte de confiance mutuelle. Pas de vraie loyauté, mais ce n'était pas rien pour autant. Je serrais les dents pour m'empêcher de laisser s'échapper la pression un peu trop fort.


    | Si tu n'avais pas été là, je ne serais pas arrivé jusqu'ici. Tu peux le comprendre ça, ou tu continues de faire comme si je te haïssais profondément ? T'es pas un boulet. T'es courageuse et tu as vu et fait les mêmes crasses que moi pour qu'on s'en tire. Arrêtes un peu de croire que je te considère comme la dernière des incapables. Si ça se trouve, c'est moi et toute ma prudence qui nous a pris autant de temps. Alors commences pas Solveig. Pas maintenant, et pas ici. |


    Oui, je l'appelais par son prénom. Parce qu'elle même ne s'adressais jamais autrement à moi que par le « tu » qui ne voulait plus rien dire dans notre relation. Elle ne se mouillait pas, moi non plus. Je n'allais pas l'appeler « chérie » ou un truc du genre alors qu'elle n'en avait visiblement pas la moindre envie. Peut être aurait elle été mieux avec son sale con en France plutôt qu'à retenter sa chance ici avec moi. Cette seule pensée me crispa en peu plus, et mes mains serrèrent plus fort la poignée de mon arme. Ce qu'elle dit ensuite me hérissa encore un peu plus. Alors quoi ? On en était arrivé jusque là pour rien ? Je ne voulais pas le croire, et je savais que j'essuierais cette tempête comme toutes les autres. Ce que je savais aussi, c'était qu'elle aussi avait toujours tenu parole envers notre gosse. Et que si elle s'était parjurée à l'Eglise concernant sa fidélité envers nous, jamais elle ne manquerait à ses devoirs envers ce qu'elle avait de plus précieux en ce monde. Au moins quelque chose pour lequel nous étions d'accord...


    | On n'a pas traversé l'enfer pour que je t'abandonne maintenant. C'est non, Solveig. Que tu le veuilles ou non tu me supporteras jusqu'à ce qu'on retrouve Jean. |


    Elle reprit, disant maintenant qu'elle allait se trouver un coin où dormir. C'était trop.


    | Putain mais arrêtes! |


    Un poil trop fort. Je regardais par dessus mon épaule. Zack sur la route en contrebas n'avait rien entendu. Paisible, ne se doutant de rien, ce monstrueux avatar de nos peurs les plus secrètes attendait patiemment qu'on lui livre son repas. Fatigué, las et tendu comme un bœuf, je posais mon pouce et mon index sur mes yeux, respirant doucement et me calmant en l'espace de quelques battements de cœur. Solveig et moi étions fatigués, on en avait marre. Et pour être honnête, être l'un avec l'autre en plein apocalypse nous pesait bien plus que je ne l'aurais cru de prime abord. J'essayais de la comprendre, de compatir. D'arrondir les angles. Parce que malgré tout ce que je ressentais, cela m'importait que les choses se passent bien.


    | Ecoutes... On est fatigués tous les deux. Il n'est pas question que je te laisse là. Tu es ma femme. Et malgré tout ce qui s'est passé entre toi et moi, ça a encore du sens pour moi comme pour Jean. Pour toi aussi, je l'espère malgré tout. On va se serrer les coudes et on va s'en sortir. |


    J'essayais d'y croire dur comme fer, même si c'était de plus en plus difficile. M'approchant d'elle en position accroupie, je pris son visage entre mes mains pour fixer son regard du mien.


    | Solveig... On va le retrouver. Ensemble. Je te le promets à toi. Peu importe ce qu'il s'est passé. On doit pas oublier, mais on doit vivre avec. Sinon on survivra jamais. Tu comprends ? Ici, on est chez Zack. On doit se plier à certaines règles pour survivre. On doit être unis si on veut s'en tirer. Ecoutes... Tu sais bien que je sais pas si de mon côté je pourrais faire abastraction de tout ce qu'il s'est passé. Mais je tiens à toi, et je tiens à notre fils. On doit se focaliser là dessus. Tu es d'accord? |


    Je l'attirais contre mon épaule, les yeux me piquant de fatigue et de tension accumulés.


    | Tout ira bien, je te le promets. |


    Pieux mensonge.
Revenir en haut Aller en bas

Anonymous

Invité
Invité



The Road - Solveig & Philippe Empty
MessageSujet: Re: The Road - Solveig & Philippe The Road - Solveig & Philippe Icon_minitimeSam 12 Jan - 2:32



The Road


Si je me doutais que Philippe allait s’énerver ? Sans doute. Peut-être même était-ce ce que je recherchais au fond en exposant cette vérité. Sa colère, c’était la seule marque ne serait que minime qu’on était lié, et au vu de tout ce qui se passait, j’avais besoin de savoir qu’au moins je pouvais encore un peu influer sur lui. Je préférais cela à l’indifférence dans laquelle nous nous étions enfermés. Après… Ce que je venais de lui dire, je le pensais vraiment. J’avais vraiment l’impression de n’être qu’un poids pour lui et je ne pouvais plus le supporter. Je me sentais déjà assez minable comme ça pour ne pas en rajouter une couche. C’était de ma faute si nous étions là, entièrement. D’abord je l’avais trompé… Ensuite je lui avais proposé ce voyage pour voir s’il y avait encore quelque chose à sauver dans notre mariage. Finalement il aurait fallu que je m’abstienne. Ou du moins pour le deuxième fait. Parce que, finalement, avoir pu compter aux yeux d’un autre m’avait fait un bien fou. Je m’étais sentie comme revivre en tant que femme. Je n’étais pas seulement une mère, mais aussi une femme qui pouvait être désirable et que l’on pouvait aimer. Il m’arrive, dans mes plus noirs moments, de me demander si, dans l’optique où j’aurais vraiment demandé le divorce avec Philippe, lui comme moi n’aurions pas été plus heureux. Car, il faut dire ce que les choses sont, aussi difficiles soient-elles : lui comme moi n’étions plus heureux depuis plusieurs années déjà. J’avais tout fait péter, mais cela serait arrivé tôt ou tard de toute façon. Ce n’était qu’une question de temps. Au moins avions-nous pu mettre des choses au clair ce soir là… Cette soirée me paraissait d’ailleurs si lointaine, tout comme nos « bonnes résolutions » pour le bien de notre fils. Son absence était de plus en plus importante et avait un gros impact sur ce qui se passait entre Philippe et moi. Après tout, nous n’avions plus rien qui nous liait à présent. En tout cas c’était l’impression que j’avais de toute cette histoire.

Je ne m’énervais pas aux paroles de mon époux. Ou du moins, celui avec qui j’avais eu un enfant, car nous n’avions plus rien d’un mari et d’une femme. Des inconnus, je vous l’ai dit, voilà ce que nous étions devenus. Je n’avais plus la force de me battre dans le vent, pour rien. Pourquoi continuer à se battre pour un mariage, pour une relation dont il ne voulait vraiment plus ? Parce que j’avais essayé. Vraiment, j’avais essayé d’arranger les choses, mais rien n’avait fonctionné. Il avait à peine remarqué toutes les concessions que je faisais, que j’avais fait pour lui. Pourtant, il faudrait être aveugle pour ne rien remarquer. Pour ne pas lui rappeler mon infidélité, je n’approchais pas les hommes, ni de leur parlais. Je portais des vêtements beaucoup trop grand pour moi, qui cachait complètement mon corps. Quelque fois même je portais une horrible casquette dans laquelle je rabattais mes cheveux. Je faisais tout pour qu’il ne souffre pas des regards que l’on pourrait porter sur moi… Et au-delà de ça, je faisais tout ce qu’il me disait de faire sans rouspéter, sans chercher à négocier. Tantôt je donnais mon avis mais très rarement. Je m’occupais des camps que nous montions, comme une « gentille petite épouse » ou plutôt comme « bobonne », ce que je détestais par-dessus tout être. J’étais complètement passive, mettant tout ce que j’étais de côté la majorité du temps. C’est affreux à dire, mais le moment où je pouvais vraiment m’exprimer et faire ce que je voulais, c’est quand je bute Zack. C’est horrible je sais, mais c’est le seul moment où je suis constamment en train de me demander si Philippe va pas prendre mal ce que je vais faire. J’en avais assez de vivre « par procuration », et me brimer moi-même. Surtout que franchement, ça servait à quoi ? A rien du tout. Je restais un poids pour lui peut importe mes actions.

Alors plutôt que de continuer comme ça, je préférais que nous tracions chacun de notre côté notre chemin. A mon sens, il n’osait pas me le dire car il se sentait responsable de moi, ce qui n’était plus le cas. Franchement nous n’étions même plus amis alors il ne me devait rien. Enfin si, une chose : retrouver notre enfant et le protéger. C’est tout ce que j’attendais de lui à présent. Je ne lui demandais pas de m’aimer. Je ne lui demandais pas de me pardonner non plus. Non je ne lui demandais qu’une chose : retrouver Jean et prendre soin de lui. Parce que c’était lui l’homme de la situation. Pas moi. S’il n’avait pas été là, je serais morte dans cet aéroport, ou pire, je serais devenue à mon tour un Zack assoiffé de chair fraiche et de gens à bouffer. J’étais une incapable et ça finalement ça n’avait pas changé. Non je ne me sous estime pas, c’est la réalité. Qu’avais-je fais dans ma vie ? Rien. J’étais une simple ménagère, bonne qu’à attendre le retour de son mari et encore ça, je n’y étais pas arrivée. Je m’étais laissée emporter par le réconfort et l’attention qu’un homme m’apportait. Franchement même moi je n’aimerais pas m’encombrer de moi-même…

∞ Si je n’avais pas été là, en effet tu ne serais jamais là. Tu serais toujours en France et tu n’aurais pas à parcourir ce pays par ma faute. Je ne suis en rien courageuse, bien au contraire je suis lâche, et ça bien avant que l’on vienne ici… Me haïr, oh que si, tu me hais. Tu me l’as dit la dernière fois d’ailleurs. Mais je t’en veux pas. Moi-même je ne peux pas me supporter alors franchement, ça n’a pas d’importance.


Je faisais référence à notre soirée un peu éméché à Savannah, où j’avais fini par lui demander « ce qui n’allait foutrement pas » pour reprendre les mots exacts. Nous nous étions disputés – encore – et finalement il m’avait dit qu’il me haïssait. Ok, qu’il m’aimait autant qu’il me haïssait, mais cela ne change rien au fait qu’il éprouvait envers moi de la haine. Alors même si nous avions finis dans le même lit, cela n’avait rien changé, si ce n’était le mettre un peu plus mal à l’aise. Je ne demandais pas à ce qu’il fasse comme si tout allait bien. Mais faire comme si rien ne s’était passé, ça me tuait ; comme si finalement il avait fait une connerie qu’il regrettait. Ca je l’avais bien compris

∞ Tu ne m’abandonnes pas, je m’en vais ce n’est pas la même chose. Et s’il te plait arrêtes de m’appeler Solveig. J’ai bien compris que tu ne me considérais plus du tout comme ton épouse, ou même ne serait-ce qu’une copine, mais par pitié, ne m’appelles pas comme ça s’il te plait


Je pris le temps de souffler et de calmer ma respiration. Non pas que j’allais m’énerver non. Mais j’étais complètement fatiguée. J’avais les nerfs à vif et je me sentais si bas que terre que tout ce dont j’avais envie, c’était de me mettre dans un coin, un petit coin où personne ne me trouverait, où je ne gênerais personne et où je pourrais crier ma douleur et pleurer jusqu’à ne plus pouvoir. Moi courageuse ? Mouhais… Le fait qu’il m’appelle par mon prénom me poussait encore plus dans mes retranchements. Je ne m’attendais pas à des « chérie » ou « mon amour » mais… M’appeler par mon prénom, c’était équivalent à me renvoyer à la tronche que je n’étais plus rien pour lui, que l’alliance qu’il portait et que celle que je portais toujours ne comptait absolument pas. Ca me faisait beaucoup de mal parce que, malgré tout, je continuais à l’aimer. Je n’arrivais pas à tourner la page, et je n’y arriverais pas tant que je resterais avec lui, en sa présence. Je m’accrochais à notre passé, à notre belle histoire d’amour, alors qu’il était évident qu’elle n’était plus d’actualité pour lui. Je ne lui inspirais plus que de l’indifférence et de la colère. Il haussa d’ailleurs le ton, ce qui me conforta dans cette idée. Je tournais la tête, regardant autre chose que l’homme qui me faisait tant de mal.

Ses mots glissaient sur moi, et même si je les entendais, je ne pouvais pas m’empêcher de penser qu’il ne les disait que pour être « sympa », mais pas parce que vraiment il les pensait. Il n’avait pas besoin de moi, ça c’était une certitude que j’avais. Il prit mon visage entre ses mains pour ramener mon regard vers lui et je m’efforçais de ne pas montrer combien j’étais triste et mal. Son discours me fit un peu plus monter les larmes aux yeux et j’étais contente qu’il fasse nuit et qu’il ne puisse pas vraiment s’en apercevoir. Par contre je ne m’attendais pas à ce qu’il m’attire vers lui, et me dise, comme toutes les fois où je repensais au fait que j’avais « abandonné » notre fils que tout irait bien et qu’il me le promettait. J’eu un hoquet de sanglot, et ne pouvant pas le supporter je le repoussais doucement. Parce que j’allais me mettre à pleurer et que j’en avais assez d’être aussi faible. Parce que je ne voulais pas rajouter un peu plus de contrainte au militaire. Parce que je ne voulais qu’il me considère encore plus comme un poids. Je passais mes mains sur mes yeux pour refouler mes larmes, et la voix tremblante – je n’arrivais pas à la calmer – je lui dis

∞ Tu ne comprends pas ? Que si je n’avais pas merdé, nous ne serions jamais là et que Jean serait en sécurité ? Qu’il n’aurait pas à se demander si ses parents sont toujours en vie, ou pire le penser ? Il est la seule chose bien que j’ai faite dans ma vie. J’ai pas été capable d’être celle que tu méritais, que tu aurais voulu que je sois. T’en as plus rien à faire de moi, ça je le sais très bien. Et te voir faire semblant ça me tue tu ne comprends pas ? Ca me tue de te voir te forcer pour, ne serait-ce, que te montrer poli avec moi, pour ne pas me laisser sur le bord du trottoir. Ca me tue de savoir que tu me détestes, et de ne pas arriver à finalement te haïr pour ça. Parce que malgré tout ce qui a pu se passer, malgré le fait que oui, j’ai merdé, j’ai cru en notre mariage. Oui, j’ai douté un temps, et je t’ai expliqué pourquoi. Pourtant, je me suis battue pour. J’ai organisé ce p’tain de voyage de m#rde ! Je m’étais imaginée. Je sais pas moi ! Je m’étais imaginée que peut-être toi aussi tu y croyais encore, même si tu ne pouvais pas me pardonner. Car je n’ai jamais demandé ton pardon. Je sais que jamais je ne l’aurais. Tout comme une deuxième chance. Je sais que j’en aurais pas, ça je l’ai bien compris. J’arrive même plus à te rendre heureux et tout ce que je t’inspire c’est de la colère, de l’indifférence, et de la pitié !


Je m’étais laissée emportée. Trop fatiguée, trop de sentiments à la fois. Je m’étais relevée et criais tout en pleurant. J’étais pathétique, complètement pathétique. Je nous mettais en danger et je m’en rendais même pas compte parce que, encore une fois, j’agissais égoïstement. Je vidais mon sac parce que je n’en pouvais plus. Parce que je voulais que Philippe comprenne qu’il n’était plus obligé de faire semblant et qu’il pouvait partir. Je savais ne plus rien être pour lui et cette idée je l’acceptais tant bien que mal. Il n’avait ainsi plus besoin de se casser la tête pour savoir comment me le dire, ou comment me laissait de côté sans que j’essaye de le retenir. Car essayer de le retenir serait comment essayer de garder de l’eau dans une main : cela ne servirait à rien. Il ne voulait plus de ma présence. Je m’insupportais lorsque je ne lui inspirais pas de la pitié…

Revenir en haut Aller en bas

Anonymous

Invité
Invité



The Road - Solveig & Philippe Empty
MessageSujet: Re: The Road - Solveig & Philippe The Road - Solveig & Philippe Icon_minitimeSam 12 Jan - 23:17

    Bien entendu que je me doutais de la réponse de ma femme. Je la connaissais. SI nous étions devenus des étrangers par rapport à énormément de choses, nous avions tout de même partagé pas mal d'années, de secret, de bonheur. Il nous était arrivé les plus grandes merveilles et les plus infâmes horreurs. Je savais ce qu'elle avait dans la tête, je le sentais un peu comme un sixième sens. Pourtant, cela ne me permettait pas pour autant de la comprendre. C'était assez paradoxal bien sûr, mais c'était comme si je devinais ce qu'elle avait en tête sans pour autant savoir l'interpréter. C'était excessivement frustrant. Et c'était pour cela comme pour d'autres choses que je nous considérais presque comme des étrangers l'un pour l'autre. Il existait tant de barrières entre nous... J'aurais préféré pouvoir lui faire porter le chapeau pour tout ce qui nous était arrivé, mais même moi je n'aurais pas la mauvaise foi de le prétendre. Je savais que le premier fossé qui s'était creusé entre nous l'avait été pendant toutes mes expéditions à l'étranger, lorsque je faisais partie d'une expédition militaire dont les finalités m'échappaient toujours. Je m'étais longtemps sentit perdu et désorienté suite à ces excursions. On disait que l'armée était révélatrice de sensations fortes. Personne n'avait vraiment idée. Tuez votre premier civil par accident au milieu d'une fusillade et vous verrez ce que vous en penserez. Et ensuite... L'escalade. J'avais appris à vivre avec ce que j'avais vu et ce que j'avais fait, pire encore, ce que j'avais laissé faire. Ces interrogatoires très musclés de prisonniers avant qu'on ne les livre à la prison centrale de Kaboul, par exemple... Doué d'un sens pratique plus fort que tout, j'avais appris aussi à voir dans les horreurs que j'avais fait le développement de capacités propres. Le genre de capacités qui m'avaient maintenu en vie avec ma femme. Et c'était ce tout qui nous aidait à survivre alors que ça nous avait presque coûté notre mariage. Sans compter tout le reste... Ensuite, le fait qu'elle aie couché avec un autre n'avait rien arrangé. Je ne la sentais plus mienne, c'état bête à dire mais quand je me la représentais elle était salie, touchée par un autre, comme si l'amour que je ressentais pour elle avait été tourné entre les bras d'un autre. Comme si elle n'était plus exclusivement à moi, pire encore, qu'elle portait la marque de ce connard. C'était pour toutes ces raisons que notre couple battait de l'aile, et ce, à tel point que ça mettait en danger notre survie.


    Bien sûr, Solveig prenait tout pour elle, comme si tout ce qui arrivait au monde était entièrement sa faute. Lâche ? Elle était tout sauf lâche. Elle n'avait pas fait que de bons choix, ça au moins c'était certain et ce n'était pas à moi qu'il fallait demander l'avis, mais elle ne manquait pas de courage. Elle s'était tenue devant moi en m'avouant son infidélité, alors que je tenais un couteau à la main, et qu'au fond de moi j'étais bien décidé à m'en servir pour la faire souffrir autant que ses révélations m'atteignaient. Je me sentais coupable maintenant qu'elle me disait qu'elle était bien consciente que je la haïssais. Ca me touchait aussi beaucoup qu'elle me dise qu'elle ne se supportait pas elle même. Comme je l'avais dit, nous avions chacun nos tours, et ce n'était pas à elle de tout endosser. Je ne savais quoi répondre sur le coup, ce qui était notre problème en tant que couple ; nous ne savions pas vraiment comment nous dire les choses. Je la sentais perdre patience, il était temps pour moi de réagir. Je dis alors la seule chose qui me venait à l'esprit, tout en ayant conscience qu'elle était loin d'être intelligente.



    | Penses à moi à la grande époque, quand tu ne pouvais pas t'empêcher de penser à moi à toute heure du jour et de la nuit. Que ressentirais tu si tu apprenais que j'ai pris une fille à la maison, là où tu vis, alors que tu étais en train de vivre une merde incroyable ? Je ne te jette pas la pierre. Je n'ai pas été celui que tu méritais. Je mérite justement, ce qui nous arrive. Mais ne me demande pas de faire abstraction de ce qu'il s'est passé. |


    J'espérais au fond de moi que peu importe ce qu'elle ressente pour moi à cet instant précis, qu'elle soit touchée par l'image de moi et d'une autre, enlacés. Je voulais qu'au fond de moi, elle regrette ce qu'elle a fait, qu'elle me désire comme avant, qu'elle compatisse à ce que je ressentais. Ce qu'elle même vivait, je le vivais au quotidien. Me sentais je courageux d'avoir ordonné un tir d'artillerie au 155 sur une localité où on ne faisait que suspecter la présence d'insurgés ? Non. Et je m'étais senti bien pire quand ma section fut envoyée inspecter les décombres. Des morceaux et des corps partout. Des armes nulle part. J'avais été sûr de voir un type armé, et ça avait suffit pour ordonner ce véritable déchaînement de fer et de feu. Je comprenais Solveig bien plus qu'elle ne le pensait. C'était pourquoi malgré toute la colère qu'elle m'inspirait, je ne pouvais pas m'empêcher de ne pas lui en vouloir, de compatir à ce qu'elle pensait. Je la voyais détourner les yeux, s'efforçant de se calmer. Je sentais bien qu'elle ne croyait pas un traître mot à ce que je pouvais lui dire. Là encore, le fameux fossé. J'étais plus que jamais incapable de la calmer, et cette seule constatation me fit mal. Qu'y pouvais je ? Pas grand chose malheureusement. Je devais poursuivre mes efforts. Mais c'était difficile de le faire ici et maintenant. Il faisait nuit, je n'avais pas chaud, j'avais faim et soif, et je sentais mes yeux tout boursouflés de fatigue me piquer atrocement. Elle eut un hoquet de sanglot alors que je l'attirais contre moi, et elle me repoussa tout aussi vite. Nouvelle meurtrissure contre laquelle je ne pouvais rien. Elle tremblait et je sentais qu'elle pleurait, même si je ne le voyais pas à cause de l'obscurité qui régnait en maître tout autour de nous.


    Alors, elle explosa. Elle se relevait et se mit à crier. Apeuré, je regardais autour de nous, mais ses paroles me ramenèrent bien vite à ce qu'elle me disait. Bien sûr que si je comprenais, justement, le sentiment de culpabilité qui la tenaillait aussi férocement ! Bien entendu, elle était plus que torturée par la situation de notre fils, par ce que notre garçon était forcé d'endurer à cause du choix qu'elle pensait avoir fait seule d'être venue jusqu'ici. En sus, elle s'en voulait d'avoir failli à ses vœux de fidélité. Ce que je pouvais comprendre, mais quand je voyais à quel point cela lui faisait mal, comment pouvais je continuer à me morfondre dans ma propre souffrance ? Je baissais les yeux quand elle me dit que je me forçais. Oui, je me forçais. Pas dans le sens où elle l'entendait, mais je me forçais. Je me forçais à vivre, pour elle, pour Jean. C'était grâce à elle si je n'avais pas retourné mon arme de service contre moi quand les choses allaient vraiment mal. La voir dans une telle détresse me fendit à nouveau le cœur, ce cœur si douloureux que j'avais l'impression de traîner depuis des mois. Elle me cracha les derniers mots, et je me rendais compte des ravages de l'incompréhension qu'il pouvait y avoir entre nous. Cela nous détruisait à petit feu. Je me jetais à nouveau contre elle, ne pouvant retenir moi même des larmes issues de mois de malheurs, de solitude, de fatigue et d'horreur permanentes. Je pleurais en silence, sans hoqueter, mais serrant ma femme contre moi avec toute la force dont j'étais capable. Je restais ainsi, un moment, la serrant tout contre moi, le visage enfoncé dans le creux de son cou, contre ses cheveux. Je me laissais aller, pleurant tout ce que j'avais à pleurer, avant de lui souffler à l'oreille.



    | Je t'aime toujours. Je t'aimerais toujours. Jamais je ne t'abandonnerais. Je suis venu ici avec toi pour qu'on essaie de se comprendre, de s'accepter comme nous sommes devenus. Je t'aime Solveig, je t'aime tellement. Que tu m'aies préféré un autre homme m'a presque tué une fois, mais que tu penses que je ne t'aime plus me tue encore et encore. Je ne sais pas si je pourrais un jour te pardonner. Pourtant, tu es la seule en qui j'ai confiance. Malgré tout ce qu'il s'est passé, je te confierais ma vie, tu comprends ? Je t'aime, Solveig. Laisses nous le temps. Parles moi, ne gardes plus rien pour toi. On doit essayer, d'accord ? |


    Je ne me rappelais pas de la dernière fois où j'avais laissé transparaître autant d'émotions dans ma voix. Ou plutôt si, quand j'avais tué ces hommes qui avaient essayé de la violer sur la route. Et avant ça, quand elle m'avait annoncé son infidélité. Trois fois en quelques mois, plus peut être que durant tout le reste de mon existence. Un craquement me fit quitter ma femme, je ne lui dis rien elle aussi devait avoir entendu. Je la regardais à nouveau, laissant un instant transparaître la peur dans mon regard. J'étais aussi terrifié qu'elle, et moi aussi j'avais besoin de réconfort. Une ombre se détacha plus loin dans les arbres. Je sortais le couteau que j'avais volontairement sali pour en atténuer les reflets. Plusieurs autres ombres derrière la première. On avait été trouvé. Derrière nous, des marcheurs dans les bois qui nous traquaient. Et devant, un nombre encore plus conséquent. Zack avait faim. Je me redressais, prêt à me jeter sur nos poursuivants. J'eus un moment d'hésitation, et tendais la main vers la femme, la relevant et l'attirant contre moi. Je l'attirais comme la chose la plus précieuse que j'avais... Et même si elle ne devait plus jamais être à moi, je ne pouvais m'empêcher de l'aimer toujours. Je l'embrassais pour taire ses questions, avant de lui murmurer à nouveau quelques mots. La perspective du danger et d'une mort atroce avait chassé les tremblements de ma voix.


    | Ecoutes moi bien. Tu vas devoir jouer l'éclaireur. Tu n'es pas manchotte au couteau ou au flingue, mais je serais plus discret pour me battre. Toi, tu dois nous tirer de là. Tu vas avancer et longer l'orée du bois. Trouves un abri. Trouves le pour nous deux. Je te rejoins quand ces quelques gêneurs seront distancés. |


    Je lui faisais confiance. Peut être ne recoucherons nous jamais ensemble, peut être qu'elle ne me dira plus jamais qu'elle m'aime. Peut être sommes nous appelés à finir tués loin de chez nous par d'abominables monstres. Mais ça ne changeait rien au fait que l'on ne pouvait survivre qu'à deux ou pas du tout. La quittant en me déplaçant rapidement dans le sous bois, je la laissais. Elle savait se défendre. Zack toquait déjà à la porte. Le premier me prit par surprise depuis derrière un arbre. Il sauta contre moi, me faisant tomber. Je me redressais plus vite que lui, et lui saisissant ses cheveux poisseux, lui explosais le crâne contre une racine en un horrible bruit de craquements humides. Un second se présentait déjà, et je lui plantais le couteau sous le menton jusqu'au cerveau. Le couteau resta bloqué, et son corps m'entraîna contre lui. Un troisième arrivait avec un quatrième, et j'étais bloqué.


    | Non ! Pas ça ! | dis je d'un ton implorant
Revenir en haut Aller en bas

Anonymous

Invité
Invité



The Road - Solveig & Philippe Empty
MessageSujet: Re: The Road - Solveig & Philippe The Road - Solveig & Philippe Icon_minitimeDim 13 Jan - 1:04



The Road


Ces mots étaient injustes et égoïstes. Que croyait-il ? Que lorsqu’il partait plusieurs mois, parfois une demi-année, je ne me disais pas qu’il couchait avec d’autres femmes ? Cette pensée, je l’ai eu plus d’une fois, à plus forte raison lorsqu’il se mit à fuir le moindre de mes contacts physiques. Le moindre de mes gestes d’affection semblait être une vraie corvée pour lui, comme si ces derniers le dégoutaient, et cela bien avant que je ne vienne à le tromper. Il m’avait laissé toute seule, complètement toute seule. Et lorsqu’il revenait à la maison, c’était finalement comme s’il n’était pas là. Il ne me regardait même plus. J’en ai pleuré plusieurs nuits avant de me dire que je ne pouvais pas me laisser abattre et que mon fils comptait sur moi pour être forte. J’ai su finalement qu’il ne m’avait pas trompé en voyant sa réaction lorsque je lui ai appris que je m’étais mise à éprouver quelque chose pour un autre qui s’était montré protecteur, prévenant et tendre avec moi, un homme qui finalement m’a prouvé que je n’étais pas une horrible femme qui ne méritait plus aucune attention, si ce n’était que de l’indifférence. Alors oui, lorsqu’il m’avait expliqué, j’ai compris ces raisons. Mais ses explications étaient arrivées trop tard. Il s’était fermé à moi en premier, et j’avais fini par en faire de même pour me protéger. Cela m’avait poussé à l’infidélité et ce n’était pas ce dont j’étais le plus fière, bien au contraire. Je ne le regrette pas non, car finalement c’était ce qui nous avait permis de mettre les choses au clair. Cependant ce n’était pas pour autant que c’était quelque chose de bien. J’aurais sans aucun doute dû m’y prendre autrement. Tout comme lui également. Le passé c’est le passé de toute façon et rien ne peut le changer. Sinon je ne serais pas, en ce moment, à crier sur ce qui me restait de mari, bloqué dans pays ou Zack était roi.

Je laissais toute ma peine et ma colère éclataient. J’étais fatiguée et j’en avais assez de devoir tout le temps prendre sur moi. En fait, je le faisais tellement que je finissais dans un trop plein d’émotion. Ce n’était pas bien. Ce n’était pas saint non plus. Mais c’était plus fort que moi. Je faisais comme ce que j’avais fait toutes ses dernières années : je prenais sur moi et j’encaissais. Cela se terminait toujours par des éclats de voix et des larmes même si je faisais tout pour que cela n’arrive pas. Je restais une pauvre humaine guidée par ses sentiments qui finissaient par prendre plus de place qu’ils ne le devraient. Il se passa quelque chose dont je ne me serais pas doutée. Philippe se leva et vint m’enlacer. Je restais sous le choc alors qu’il se mit lui aussi à pleurer, ma tête enfoui dans mon cou. Je posais mes mains dans son dos, ne fuyant pas son contact comme je l’avais fait quelques minutes plus tôt. J’en avais besoin, tout comme lui. Et alors, je ne pouvais pas m’empêcher de me dire qu’encore une fois j’avais fait plus de mal que de bien en me laissant guider par mes émotions et qu’encore une fois, je le rendais malheureux.

Ses mots. Je crois qu’il n’y a pas de termes pour exprimer ce que je ressentais alors qu’il parlait. Un mélange de joie et de profonde tristesse, beaucoup de culpabilité et quelque part, un peu d’espoir qui ressortait. Je le serrais un peu plus dans mes bras, laissant échapper un sanglot. Je prononçais son nom, mais je ne pus rien dire d’autre. Je me tue parce que des bruits approchaient de la forêt, des bruits synonymes d’un mauvais quart d’heure à venir. On se détacha l’un de l’autre et alors que j’allais lui demander vers nous où devions aller, il m’embrassa. Pour me faire taire, ça j’en étais consciente même si je ne pouvais m’empêcher d’être touchée par ce geste d’affection. Son plan ne me plaisait absolument pas. Mais avais-je seulement le choix ? La réponse est non bien entendu. Je devais me plier à ses directives. En tout cas, ce fut mes premières pensées qui me poussèrent à faire ce qu’il venait de me demander. Et puis au bout de quelques mètres, alors que je ne pouvais plus le voir, je décidais de faire marche arrière. Il n’était pas question que je le laisse prendre tous les risques. Parce qu’il avait beau dire ce qu’il voulait, c’était de ma faute si nous étions là. Un instant, alors que je regagnais sans bruit le lieu que je venais de quitter, je crus que Philippe était parti. Et puis je l’entendis, sous le corps d’un Zack tombait à terre. Un autre se rapprochait de lui. Je sortais la lame de ma ceinture, et sans vraiment prendre la peine de faire attention à mes arrières, je me jetais sur l’homme et lui plantait la lame dans la tête. Une fois, deux fois, trois fois, jusqu’à ce qu’il tombe à terre. Son sang m’éclaboussa le visage, les cheveux, et s’étala sur mes vêtements. Et dire que je les avais lavé il y a deux jours. Maintenant ils étaient foutus et j’avais fait ça pour rien. Non vous ne rêvez pas… Alors que d’autres zombis arrivaient en masse, je pensais lessive. J’avais besoin de ça en fait, de me détacher de ce que je venais de faire, pour ne pas penser justement à mon acte violent. Je venais de tuer une personne qui potentiellement aurait pu guérir… Non Solveig, tu as tué un monstre qui allait faire du mal à Philippe. Je me forçais à penser comme ça. Me retournant à temps j’évitais la bouche toute ouverte d’un Zack. Je tombais juste par terre sur les fesses. Je reculais quelques mètres avant de me dire que, de toute façon, la discrétion n’était plus notre atout. Je sortais l’arme que mon époux m’avait trouvée. Je tirais trois coups pour arriver à l’arrêter, puis je rejoignais Philippe. Je l’aidais à se dégager et pour une fois, ce fut moi qui lui pris la main pour nous mettre à courir à travers le bois. Je ne fis pas vraiment attention où je courrais. Je sauvais ma peau et c’était tout ce dont à quoi je pensais. Je ne m’arrêtais qu’au bout d’une dizaine de minutes lorsqu’on atterrie dans une rue. Moins d’une dizaine de Zack rodaient devant plusieurs baraques. Reprenant un peu mon souffle, et profitant du couvert des arbres je me retournais vers Philippe pour lui demandant, sans émettre de son mais juste en remuant les voix

∞ On fait quoi ?


C’était lui l’expert pas moi. Je lui fis comprendre d’un geste que j’étais fatiguée et que je ne pourrais pas marcher toute la nuit sans prendre le temps de me reposer. Et puis j’étais complètement poisseuse ce qui me posait un gros problème. Je ne supportais pas avoir sur moi la marque de mes actes sanglants. Parce que lorsque j’étais propre, au moins, je pouvais me bercer d’illusion et me dire que je n’avais rien fait de mal. Là j’avais du sang partout sur moi, et avec la fatigue, je ne pouvais pas m’empêcher de trembler à cause de ça. Je me sentais sale, très sale encore plus coupable. J’avais d’autant plus l’impression d’être une horrible personne et si nous restions là à rien faire, j’allais finir par faire une crise de panique.

Revenir en haut Aller en bas

Anonymous

Invité
Invité



The Road - Solveig & Philippe Empty
MessageSujet: Re: The Road - Solveig & Philippe The Road - Solveig & Philippe Icon_minitimeDim 13 Jan - 1:51

    | Non! |


    J'avais reconnu la silhouette de Solveig apparaître entre les arbres, et je savais ce que ça signifiait ; elle était revenue pour moi. Je me maudissais intérieurement. Ca n'avait pas été sensé se passer comme ça. Nous aurions dû faire comme je l'avais dit ; elle, elle aurait pu se trouver un abris où j'aurais pu la rejoindre une fois que j'aurais terminé de foutre en l'air nos poursuivants. Mais j'avais foiré, perdu ma prise sur mon arme, et je m'étais retrouvé sous le corps puant d'un contaminé que je venais de buter. Cela n'éveillait plus chez moi qu'un vague sentiment de culpabilité, nettement moins fort que ce que je pouvais ressentir en voyant la silhouette de ma femme, cette personne gentille, aimable et douce, se changer en furieuse vengeresse avide de sang et de carnage. Cela me brisait un cœur déjà bien meurtri, de voir cet ange que j'aimais tant, en train de dévaster l'adversaire et de saccager sa propre âme par les immondices que mon incompétence la forçait à commettre. Elle en tua un premier, mais un second faillit l'avoir. Le visage tordu par l'effort et grognant comme un bœuf, je soulevais le corps qui m'était tombé dessus et le fit basculer sur le côté. J'avais l'impression que mes muscles allaient exploser, mais je fis en sorte de me relever malgré tout. J'aperçus du coin de l'oeil Solveig dégainer le neuf millimètres que je lui avais donné, après avoir trouvé l'arme sur un policier infecté à Norfolk. Un mec du FBI. C'était incroyable comme l'univers des séries que l'on connaissait bien en France avait eu tendance à se changer en véritable cauchemar. Je fis basculer le fusil d'assaut que je portais en bandoulière dans mon dos, et arrosais les deux autres zombis qui arrivaient. J'avais réussit jusque là à économiser mes munitions et à me ravitailler à intervalles réguliers dans des armureries et dans les sacoches de soldats massacrés. Heureusement pour moi, la NRA avait veillé au grain pour que le calibre 5.56 ne soit pas trop difficile à trouver dans ce foutu pays... L'arme, bloquée contre mon épaule, tressauta une demie douzaine de fois avant que je ne mette à terre les deux agresseurs dans des gerbes de chairs putréfiées et de sang coagulé. Manque de pot pour moi, un dernier marcheur vint me rentrer dedans en m'agrippant le poignet. Je chutais à nouveau, et tirais mon flingue pour me dégager. Une première balle lui frôla la tempe alors qu'il écartait ma main pour me croquer, mais je parvins d'un crochet du gauche à le faire reculer légèrement, pour finalement lui exploser le crâne d'un nouveau coup de feu. Solveig arriva juste à ce moment là, et m'aida à pousser le corps qui me recouvrait. Je la remerciais, haletant.


    | Bordel de merde, c'était moins une... |


    Des moments d'affrontements épiques, j'en avais connu plus qu'à mon tour, mais celui ci était pas mal dans son genre, et terrifiant puisque se passant à la lumière de la lune qui ne faisait que percer timidement les frondaisons. M'entraînant à sa suite, Solveig se mit à courir en me tenant très fermement la main. Je ne la freinais pas, tout juste avais je le temps de faire attention où nous mettions les pieds. Plus de Zack en vue, mais je savais que ces connards assoiffés de sang ne manqueraient pas de rappliquer dans la direction des coups de feu. Et quand je pensais à la horde sur la route, loin derrière nous, maintenant... Je flippais. Si je n'étais pas aussi concentré pour m'en sortir avec Solveig, je me serais volontiers pissé dessus. Terrifié et horrifié, dans un noir d'encre et me griffant aux branches et aux racines, j'eus plus d'une fois l'impression d'être agrippé dans le noir., mais ce n'était que le fruit de mon imagination. Courant à en perdre haleine, Nous débouchâmes finalement de l'orée du bois dans ce qui semblait être une rue de banlieue plutôt chic. Des maisons aux silhouettes impressionnantes se détachaient de l'obscurité, et l'endroit semblait relativement peu dangereux. Une poignée de marcheurs devant quelques portes, qui ne nous avaient pas vus ni entendus. Reportant le regard sur Solveig, je la vis tachée d'humeurs brunes, tremblantes et visiblement terrifiée et apeurée. Elle me demanda la marche à suivre. Je soupirais, jetant un coup d'oeil derrière moi. Aucun signe de Zack, mais ça ne continuerait pas. Je reportais mon attention vers ma femme, lui murmurant quelques mots.


    | On doit être dans la banlieue, un tric pour les bourges. Ils ont dû mourir rapidement ; pas de voitures de flics, ni de pompiers, ni d'ambulance. Ils ont dû s'enfuir pour la plupart, et ceux qui sont restés n'ont pas pu se défendre. Regarde les maisons, elles ont l'air intactes. On a du pot, elles ont l'air modernes. On va passer par les jardins ; je vais ouvrir la route et tu me suivras. Du diable si on ne saura pas entrer dans une bicoque... On pourra s'y arrêter un jour ou deux, il doit fatalement y avoir encore à manger là dedans... |


    Je commençais par fixer en baïonnette au bout de mon fusil une lampe de poche, elle aussi récupérée mais sur un tankiste, au sud de Washington en pleine Grande Panique. Je fis signe à Solveig de me suivre et elle savait quoi faire ; elle m'agrippa par le dos de ma veste et ne me lâcha pas. On évita les deux marcheurs que nous croisâmes, et nous n'eûmes qu'à tenter trois portes de derrière pour trouver une maison. Fenêtres barricadées et portes clouées, sauf celle de derrière. Fouiller la maison nous prit dix bonnes minutes. Bloquer la porte de derrière une fois convaincus qu'il n'y aurait pas d'invité surprise fut un jeu d'enfant. Essayant les interrupteurs, je soufflais devant leur inutilité. Heureusement, Solveig trouva un bon stock de bougies en fouillant le salon. Moi, je trouvais un impressionnant stock de boîtes de conserves. A la lumière de mon briquet, j'éclairais notre butin satisfaisant, jetant un coup d'oeil fatigué mais avec un sourire en coin à Solveig.


    | Je crois qu'on l'a trouvé, notre quatre étoiles... Mets... Euh... Tu peux mettre en place quelques bougies dans la chambre du haut ? On va manger là bas, les volets empêcheront la lumière de sortir plus efficacement que ceux d'en bas. Moi, je m'occupe de la bouffe. |


    Aussitôt dit, aussitôt fait. J'avais failli lui redire ce qu'elle devait faire, mais je modifiais la forme pour être plus poli. Je bloquais l'escalier derrière nous avec une barricade improvisée avec la table du salon et plusieurs chaises entremêlées. Si quelqu'un essayait de monter, ça lui prendra du temps et ça fera beaucoup de bruit. De toute manière, je ne dormais jamais que d'un œil depuis le début de toute cette histoire... Une fois arrivé dans la chambre avec Solveig, nos visages éclairés par les bougies, je tirais un vieux réchaut à gaz de mon sac à dos et le posais par terre. Je nous sortais deux écuelles de bois et un couteau chacun. Ouvrant la boîte, je commençais à faire chauffer son contenu en silence. Maintenant que nous avions pour un temps écarté la peur de la mort, la gêne reprenait ses droits. Mais j'étais déterminé à ne pas laisser s'échapper ce que j'avais cru déceler dans la forêt. Une douce odeur de cassoulet commença à se répandre dans la pièce impeccablement rangée.


    | Tu sais... Tout à l'heure, tu t'es battue comme je l'avais jamais vu encore. Je suis désolé que t'aies eu à faire ça, mais tu as vu comment on s'est débarassés d'eux ? Ils étaient vachement plus nombreux, et on n'a utilisé que cinq balles de pistolet et six de fusil au total. Ca aurait pu être pire. Mais maintenant, tu dois me dire... Pourquoi t'es revenue? C'était dangereux, et je t'avais dit de pas le faire. |
Revenir en haut Aller en bas

Anonymous

Invité
Invité



The Road - Solveig & Philippe Empty
MessageSujet: Re: The Road - Solveig & Philippe The Road - Solveig & Philippe Icon_minitimeMar 15 Jan - 23:38



The Road


C’est bizarre hein ? Je me plains que Philippe prenne toutes les décisions et que je n’ai pas vraiment le droit à la parole alors que là, je lui demandais justement ce que nous devions faire. Plus contradictoire comme femme, on ne faisait pas… Enfin, disons que là, je trouvais justifié qu’il prenne la direction des choses, fait qui n’était pas toujours le cas. En fait, qu’il prenne la tête des opérations n’était pas un problème. Tout ce que je voulais en fait, c’était qu’il me demande mon avis, qu’il me consulte quelque part avant de choisir pour nous deux. Parce que nous sommes deux justement et quelque fois il donnait l’impression d’oublier ça et d’être tout seul dans cette galère. Cela me faisait du mal quand il agissait ainsi car il nous rappelait la distance qui s’était installée entre nous, une distance qu’il ne souhaitait pas briser à mon sens.

Je le suivis et fis tout ce qu’il me dit de faire. Une fois dans la baraque, les nouvelles habitudes que nous avions prises quand nous rentrons dans un nouveau lieu reprirent le dessus. On fit le tour de la baraque rapidement mais soigneusement puis ensuite on fouilla les placards à la recherche d’objets qui pourraient nous servir et de nourriture. Je pris le temps de me changer. En fouillant l’une des chambres je trouvais –enfin- des sous-vêtements à ma taille que je comptais bien « emprunter ». Oui je n’aime pas le mot voler... je récupérais un jean, et dans un deuxième tiroir je tirais une chemise « bucheron » d’homme. Pendant que Philippe finalisait notre sécurité, je vins dans la salle de bain pour me nettoyer rapidement à l’eau froide. Je jetais la plupart des affaires que je portais, n’y accordant aucune importance. Après tout, ma valise était dans la soute d’un avion à Washington et je ne faisais que me servir dans les armoires des autres quand nous passions dans des maisons. Je ne pris cependant pas la peine de me laver les cheveux. Je mouillais une serviette de bain et l’a frotta contre ma tignasse pour enlever les éclaboussures que j’avais reçu. Je prendrais plus tard le temps de me faire un shampoing. Pour l’heure j’étais crevée et j’avais très faim.

Je revins dans la chambre où j’avais trouvé des vêtements et installa des bougies. Quelques minutes plus tard mon époux me rejoint. Il sortit de quoi faire « à manger » - dieu fait que ma cuisine me manquait ! – et on regarda le contenu d’une boite chauffait en silence. Comme d’habitude j’ai envie de dire. J’avais le regard fixé sur la casserole et ne le relevais quand lorsque Philippe prit la parole. Et bah, cette soirée finalement s’annonçait pleine de surprise. Moi qui était en train de penser à ce qui s’était passé avant que ZACK ne vienne tout gâcher –encore une fois -. Si le début de ses paroles me firent légèrement rougir – je veux dire c’est pas tous les jours qu’il venait à me complimenter… D’ailleurs je ne savais pas quand la dernière fois, il l’avait fait pour vous dire ! – la fin me fit arquer un sourcil et lever les yeux au ciel. D’ailleurs, je ne fis pas que lever les yeux au ciel. Je me relevais dans la pièce et me mit à faire les cents pas tout en lui disant

∞ Déjà, tu n’as pas, ou plutôt plus à me dire ce que je dois faire ou ne doit pas faire. Parce qu’on est deux, et que tu n’as pas à prendre les décisions tout seul. Ok juste que là j’ai jamais rien dire, mais j’en ai assez tu vois de compter pour du beurre. C’est aussi ma vie, et à l’avenir ce serait bien que tu tiennes compte un peu plus de mon opinion…


Je me stoppais devant lui, et mon ton calme et posé se transforma en ton blessé

∞ Tu penses vraiment que je pourrais un jour te laisser tomber ? Tu penses vraiment que j’en ai rien à faire de toi au point de sauver ma peau plutôt que la tienne si je le peux ? J’ai peut-être changé oui, mais je ne suis pas devenue un monstre insensible pour autant. Que tu le veuille ou non, tu es mon époux. Et j’ai peut-être oublié une partie de mes vœux mais pas tous. Parce que quoi qu’il puisse arriver je te laisserais pas tomber, je ne t’abandonnerais pas comme… bref. Je pense que c’est prêt…



Revenir en haut Aller en bas

Anonymous

Invité
Invité



The Road - Solveig & Philippe Empty
MessageSujet: Re: The Road - Solveig & Philippe The Road - Solveig & Philippe Icon_minitimeMer 16 Jan - 0:08

    Je me doutais encore une fois que j'en avais trop dit et que j'aurais mieux fait de garder mes questions pour moi. Mais j'en étais parfaitement incapable, je ne savais pas comment faire, tout simplement. Avec tous ces mois, ces années, passées en compagnie d'amis et de frères... Dans les coins les plus reculés de cette planète, sans que personne de mon entourage familial ne sache exactement où j'étais, ni ce que je faisais. Ca avait été dur, et ça m'avait fait perdre mes repères. J'avais fait en sorte, comme tous les mecs de mon unité, de ne pas péter les plombs une fois que je rentrais chez moi. Alors que ce retour nous était presque insupportable. On avait tellement intériorisé la peur de la mort et le frisson du danger, la cruauté du combat, que rentrer nous marquait à chaque fois d'un profond sentiment d'inutilité. C'était comme si on ne pouvait rien faire pour s'acclimater à nouveau à notre environnement. Comme si quoi que nous fassions, nous étions destinés à perdre ce nouveau combat pour nos vies. Et c'était tout ça qui avait chamboulé mon existence et bousculé mes repères. Je ne savais plus comment me comporter avec les femmes, et encore moins avec la mienne. J'avais oublié des choses fondamentales que je ne savais pus retrouver. C'était désespérant le plus souvent. Zack m'avait au moins fournit la parfaite excuse pour laisser libre cours à ma sauvagerie tout en masquant mon manque flagrant de savoir vivre. Ce n'était pas péjoratif, mais réapprendre à vivre en société était moins compliqué quand celle ci n'existait tout simplement plus. Je savais pourtant qu'il restait de l'espoir. Je savais que comme toute épidémie mortelle, l'humanité finirait par se relever, qu'il restait partout des foyers de population saine... On en avait croisé plusieurs, mais rester ici pour tout reconstruire et survivre à ce merdier parmi des étrangers ne faisait pas partie de nos objectifs majeurs, c'était un fait. Je remuais mes pensées en même temps que je remuais le contenu de la boite de cassoulet premier choix. Ses effluves de viande reconstituée, de haricots fermes et trempés de sauce, me mettaient l'eau à la bouche. J'attendais patiemment que Solveig revienne...


    Je ne fus pas déçu du résultat quand elle revint. La voir plus propre alors qu'elle s'était nettoyée sommairement la rendait plus vivante, plus joyeuse, même sans qu'elle l'affiche. Sa chemise ample laissait pourtant deviner sa féminité et ses formes, et j'étais ravi de la transformation. Je savais que c'était en se raccrochant aux petites choses qu'on évitait de perdre pied. Qu'elle se sente bien dans son corps et ses vêtements l'aiderait à ne pas péter un boulon, et la voir et la désirer m'aider aussi à rester dans mes baskets. Bien sûr, cela me rappelait que d'autres l'avaient désiré et qu'elle leur avait rendu bien plus qu'elle n'aurait dû, mais la moindre parcelle de choses positives que je pouvais glâner étaient les bienvenues. J'eus le plaisir de voir Solveig rougir à mes premières paroles, même si je sentais la colère sous jacente qu'elle développait dans la suite de mes propos. Premier signe précurseur d'une nouvelle dispute, elle se releva et se mit à marcher, en me lâchant tout ce qu'elle avait sur le cœur. Je savais que quelque part elle avait raison, mais mes décisions n'étaient elles pas justifiées ? Je devais lâcher du lest, tout en gardant un maximum à l'esprit les choses importantes. Elle voulait qu'on fonctionne de manière plus libérale... J'essayais d'accrocher son regard.



    | J'entends bien ce que tu me dis, et j'en suis désolé. Je fais du mieux que je peux ; j'essaies de nous sortir du là du mieux que je peux. J'essaierais de garder ça à l'esprit et de plus te consulter dorénavant. Mais n'oublies pas une chose. En matière de merdes internationales, je suis le plus compétent. Survivre nécessite qu'on oublie un peu la démocratie. Je sais que je ne dois pas décider pour tout. Je te demanderais quand ce sera possible. Le reste du temps, tu devras me faire confiance. Tout comme je te fais confiance pour gérer ce que je ne sais pas faire. En particulier, comment m'occuper de toi. Je ne sais pas bien m'y prendre, tu dois m'aider pour ça. D'accord? |


    J'étais sincère, mais je sentais aussi la fatigue faire un peu monter mon niveau d'anxiété ; je redoutais la prochaine tempête et je n'étais pas d'humeur, je me sentais m'énerver mais fis tout pour ne pas éclater. Je n'étais plus en Afghanistan, et je n'avais pas un caporal devant moi mais mon épouse. Je devais me calmer. J'y arrivais, petit à petit, prenant sur moi pour ne pas laisser éclater une colère que je savais injustifiée. Vive moi! Ensuite, elle semblait se sentir blessée, m'expliquant pourquoi elle était revenue. Je pris contre moi l'une de ses dernières remarques. Elle ne m'abandonnerait pas comme moi j'avais pu le faire, c'était bien ça qu'elle avait voulu dire. Sans un mot, je l'invitais à s'asseoir et nous servit une écuelle chacun de l'espèce de ragoût de cassoulet qui se réchauffait. J'en laissais au chaud si on avait encore faim. Reportant mon regard sur elle, je devais convenir qu'elle n'avait pas tout à fait tord, et c'était tout aussi blessant.


    | Je ne t'ai pas abandonnée, Solveig. Jamais. Je comprends mes tords et je les assume. Mais comme je le fais ici, c'était pour vous protéger, toi et Jean. Il y a dans ce monde des tas de dangers, et j'ai naïvement cru qu'en allant me battre à l'autre bout de la Terre, je vous mettrais à l'abri. J'en suis bien désolé, c'était illusoire de penser qu'on pouvait être à l'abri. |


    je déposais mon écuelle, et m'approchais d'elle. M'accroupissant derrière elle, je posais mes mains de part et d'autre de son cou, pour venir lui chuchoter à l'oreille.


    | Merci d'être revenue tout à l'heure. Sans toi, j'étais mort. Et tu n'étais pas obligée, quoi que t'en penses. |


    Mes mains s'activèrent doucement. J'avais l'impression que je pouvais la casser en deux si j'y allais trop fort. Cela faisait si longtemps que je ne l'avais pas touchée comme ça... Je la massais, avec force pour bien dénouer ses épaules, mais non sans tendresse. Reproduisant toujours le même schéma, je massais ma femme. Un geste qui pouvait apparaître comme totalement déplacé ici et maintenant, mais j'en avais besoin, j'avais besoin de laisser s'exprimer ma gratitude, et je ne savais pas le faire avec des mots de toute évidence. Je vins déposer un baiser sur sa clavicule.


    | On pourrait rester ici un jour ou deux, pour se reposer et reprendre des forces, si tu veux. On sait pas ce qui nous attend à Atlanta. Tu en penses quoi ? |


Dernière édition par Philippe Raulne le Mer 16 Jan - 17:25, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas

Anonymous

Invité
Invité



The Road - Solveig & Philippe Empty
MessageSujet: Re: The Road - Solveig & Philippe The Road - Solveig & Philippe Icon_minitimeMer 16 Jan - 2:17



The Road


Parler. Ca parait simple dit comme ça. Pourtant ce mot, ce tout petit mot de rien du tout me causait pas mal de tracas. Parce qu’au final, c’est pas si simple que ça de parler et de dire ce qu’il faut dire. C’est tout un art d’exposer les choses. Il faut y mettre de la forme, parce qu’un fond sans forme, cela amène souvent une catastrophe. La première personne qui affirme que parler, je veux dire, parler des choses qui fâchent, c’est quelque chose de facile, c’est que cette personne vit dans un monde bisounours où l’on passe son temps à chanter de merveilleuses choses, un monde où les vices n’existent pas, et où toutes nos attitudes sont correctes et dans « le droit chemin ». Est-ce qu’un monde pareil existe ? Il fut un temps je le pensais, mais bien vite la réalité m’a rattrapé. Je peux vous le dire, cette idéal, devrais-je dire cette utopie n’existe pas. Parce que notre monde à nous, il est bien pourri. Il recèle des vices, des chemins obscurs que l’on finit tous par emprunter. Dans notre monde à nous, ce ne sont pas les bisounours qui règnent mais un fléau, un fléau du nom de Zack. Je me suis souvent posée la question : est-ce que quelque part, il existe une sorte de destin, une sorte d’avenir tout tracé qui finira par nous conduire vers un endroit plus beau, plus calme et sans ennui ? Je pense que non. Parce que si c’est le cas, on est tous dans la mer#e. Parce que si ce monde plus beau et plus calme c’est celui de Zack, alors autant se tirer une balle dans la tête. Parce qu’ici, il n’y pas d’avenir. Parce qu’ici, il n’y a que du malheur, du désespoir et de la violence. Parce qu’ici, si ce n’est pas un zombie qui te essaye de te trancher la gorge, c’est un survivant. Parce qu’ici, le mot humanité n’a plus aucun sens. Je me demande vraiment pourquoi nous continuons à lutter et à nous battre. Naïvement, nous aspirons encore à ce monde idéal et utopiste. Naïvement le genre humain pense qu’il peut se relever de tout. Ne dit-on pas ce qui nous tue pas nous rend plus fort ? Allez savoir. En tout cas j’espère survivre assez longtemps pour retrouver les miens… Survivre et non pas vivre. C’est ça notre lot à tous. Et je peux vous assurer qu’il est lourd à porter, très lourd même…

Tout comme ce mariage d’ailleurs…

Avions-nous fait vraiment le bon choix Philippe et moi ? Tout me pousse à croire que non, et pourtant… Je n’arrive pas à me faire à l’idée que notre histoire n’était qu’une vaste erreur et supercherie. Je m’accroche à notre passé, à notre fils comme dernière bouée de sauvetage dans ce monde dévasté. Si je n’ai plus ça, alors que me reste-t-il ? Plus rien… J’ai besoin d’y croire, j’ai besoin de me raccrocher à cette vie, qui n’a pas toujours été ponctuée de tristesse. Ce à quoi je me raccroche, ce sont tous nos fous-rires, tous nos sourires, tous ces moments de partage, tous ces signes d’affection et d’amour, et la concrétisation de ce dernier à la naissance de notre fils. Faire une croix dessus, j’en serais incapable. Je ne l’ai pas été avant que Zack ne vienne envahir la terre. J’aurais pu oui, mais je n’ai pas pu. Parce qu’il aura beau faire ce qu’il veut, Philippe restera le seul homme à me mettre dans tous mes états en quelques mots. Parce qu’avec lui, je prends toutes les choses à cœur. Parce que rester de marbre face à lui, c’est impossible. L’amour, quand ça vous prend, ça vous lâche plus. Malgré tout ce qui a pu se passer entre nous, je reste attachée à lui, et je continue de l’aimer, même si cela me fait plus de mal que de bien. L’amour ça fait souffrir et ça nous tue à petit feu. Philippe et moi en sommes la preuve vivante. Nous avions tout pour être heureux, et nous avons tout fichu en l’air. Il a eu besoin d’évasion et moi j’ai eu besoin d’exister à ses yeux, ou à défaut existé aux yeux d’un autre. Nous avions tous les deux commis des erreurs que nous n’arrivions pas à surmonter et à pardonner.

Pourtant, nous ne pouvions plus vivre comme nous le faisions. Il fallait que les choses changent et si on n’essayait pas d’arranger les choses maintenant, nous ne le ferons jamais. Je ne voulais pas mourir et me faire bouffer par Zack en ayant de tels regrets. Alors si lui ne voulait pas faire changer les choses, j’essayerais une nouvelle fois. Et cela commençait par le mot « parler ».

∞ J’en suis consciente et je t’en remercie encore une fois… Seulement je ne suis pas un élément du décor, un objet que tu peux balader comme tu veux. Je te fais confiance, je t’ai toujours fais confiance. Mais faut que toi, toi tu me fasses confiance… Où en tout cas que sur ce point-là tu essayes. Parce que je vois aussi des choses Philippe, des choses que toi tu ne vois pas. Je ne suis pas contre toi, mais avec toi, avec nous ais-je envie de dire, même si j’imagine que tu ne crois plus vraiment à ce nous. Si tu veux qu’on s’en sorte à deux, il faut qu’on soit deux à décider. Et ça ne dépend pas de moi, mais de toi. Tant que tu ne pourras pas avoir foi en moi, nous n’avancerons pas… Je t’aiderais du mieux que je pourrais, mais il faut aussi que tu m’aides à cela. Parce que seul, chacun de notre côté on arrivera à rien tu sais…


Je parlais de notre survie… Mais pas seulement et je savais qu’il comprendrait le sous-entendu. Ou du moins je l’espérais. Parce qu’il fallait que l’on arrête de se méfier l’un de l’autre : moi en pensant qu’il allait me laisser tomber et qu’il le désirait ; lui en pensant que je le tromperais une nouvelle fois. N’avait-il pas compris ? N’avait-il pas compris que ce que j’avais recherché auprès d’un homme, c’était des choses que j’aimais en lui ? Des choses qu’il m’avait offertes, avant de les retirer sans explication ? Il avait fait comme une croix sur nous pour son travail et… J’en avais fait de même en me laissant séduire par un autre. Ce n’était pas pour autant que je ne voulais plus que lui, et que je pourrais le laisser tomber. Je n’y arrivais pas. C’était plus fort, tout me ramenait à lui et l’idée qu’il lui arrive quelque chose m’était insupportable. Nous avions beau ne pas être heureux, j’avais à cœur ses intérêts comme je lui rappelais d’ailleurs lorsqu’il me demanda pourquoi j’étais revenu. Je lui dis, avant de m’asseoir pour manger. J’avalais une bouchée, mais elle eut du mal à passer. J’étais trop tracassée pour arriver à avaler quoi que ce soit finalement. Et puis… Nous ne mangeons si peu que j’avais finis par avoir perdu l’habitude d’avaler quelque chose de conséquent. Je laissais la viande de côté et me forçais à rependre un peu de haricot. J’eu du mal à les faire passer, et préféra remettre cela à plus tard. Là… Je n’avais pas vraiment envie de manger. J’étais fatiguée et las de tout ça. Je levais les yeux de mon contenant que je tenais dans mes mains lorsqu’il m’affirma qu’il ne m’avait pas abandonné, jamais. Pourtant, il l’avait fait. Même sans le vouloir, il l’avait fait et j’en souffrais encore, même si j’arrivais plutôt bien à le cacher. Je prenais sur moi, m’en voulais d’avoir fauté, oubliant parfois ce qui m’avait poussé à faire ça. J’avais tout gâché, voilà vers quoi finissaient mes pensées et ça me rongeait à petit feu. Et lorsque ce n’était pas le cas, je lui en voulais, plus qu’à quiconque de me faire enduirait ça, alors que j’avais toujours tout fait pour essayer de le rendre heureux, alors que je faisais tout ce que je pouvais pour être digne de son amour – fait que je n’arrivais pas à faire finalement - .

Il posa son écuelle, et j’en fis de même. Je n’eus même pas la force de me lever lorsqu’il se mit debout, prête à assumer encore une fois ma solitude. Pourtant, il ne prit pas la direction de la porte mais vient jusqu’à moi. Mon cœur s’emballa, comme lorsque j’avais quinze ans. Parce que Philippe fuyait tout contact avec moi et cela depuis plusieurs années déjà, encore plus depuis que je lui avais tout dit et qu’il avait mis sa carrière entre parenthèse en comprenant qu’il était en train de perdre sa famille. Ses mains se posèrent sur mes épaules et mon cœur ne s’arrêta pas de battre fort. D’un côté j’avais peur de ce qu’il allait faire, tout en sachant pourtant que jamais il ne me ferait de mal. Alors il fit quelque chose qu’il n’avait pas fait depuis belle lurette, deux choses d’ailleurs : me remercier et me masser les épaules. Ça doit vous paraitre bien, mais je me sentis soulagée, et un poids d’envola un peu. Parce que ce simple geste était une grande d’affection et j’en avais besoin… Comme lui semblait en avoir besoin d’ailleurs. Je me laissais complètement faire entre ses mains, profitant de cet instant qui me fit un peu oublié ce qui se passait dehors et ce monde de fou dans lequel nous vivions à présent. Ses lèvres sur ma clavicule me firent frissonner et ses paroles sonnèrent comme une douce mélodie à mes oreilles. Ce n’était peut-être pas prudent, mais j’avais besoin d’une petite pause. J’avais besoin de me concentrer sur moi, sur lui, sur nous. Parce que j’allais devenir complètement folle si je continuais à tout garder pour moi. J’avais déjà failli nous faire tuer plus tôt, je ne voulais pas que cela se reproduise. Sans bouger, n’osant rien faire, pas même poser mes mains sur les siennes alors que j’en avais envie, de peur de le mettre à l’aise sachant que mon contact le rebutait – j’en avais déjà fais l’expérience – je lui demandais simplement

∞ Ne vas-tu pas étouffer à rester enfermer ici avec moi ?


Il n’y avait aucun reproche dans ma voix et ce n’était pas une attaque. C’était vraiment une question simple, une question qui se préoccupait de son bien être avant tout, bien qu’elle était teintée de tristesse. Parce que je savais très bien ce qu’il pensait lorsqu’il me regardait : j’avais fauté et plus jamais il ne pourra me considérer comme son épouse. Je savais très bien que lorsque nous sommes dehors, ce n’est pas à moi qu’il pense mais à survivre. Alors que si nous nous arrêtions ici quelques jours, il risquait d’être mal à l’aise à ne pas pouvoir s’occuper l’esprit. Je voulais arranger les choses entre nous vraiment, et non pas le rendre malheureux et l’enfermer, le forcer à me supporter alors que je le dégoutais. Parce que je ne pouvais pas le supporter.

Revenir en haut Aller en bas

Anonymous

Invité
Invité



The Road - Solveig & Philippe Empty
MessageSujet: Re: The Road - Solveig & Philippe The Road - Solveig & Philippe Icon_minitimeMer 16 Jan - 17:23

    J'essayais d'écouter les revendications de mon épouse aussi calmement que possible, et jusque là j'y parvenais plutôt bien. En effet, j'avais réussit à dominer ma colère, à la rendre sourde à toutes ces choses qui se bousculaient dans ma tête, de sorte à mieux réussir à l'écouter et à assimiler les choses qu'elle avait à me dire. Ce que je voulais préciser bien sûr, c'était que ce qu'elle pouvait dire continuer bien entendu de m'affecter. On ne pouvait pas dire qu'elle me laissait de marbre ; ça n'avait jamais été le cas. Que notre relation soit douce et calme ou tempête extrême, elle n'avait jamais été indifférente, impassible, neutre. Nous avions tous deux nos passions et nos attentes, nos besoins et nos modes de compréhension. D'un caractère emporté, nous nous étions bien trouvés à ce niveau là. Nos caractères étaient ce qui nous rapprochait le plus, mais aussi ce qui nous poussait parfois à nous rejeter aussi violemment que nous le faisions parfois. C'était un peu notre bonheur et notre malédiction entremêlés. Nous n'avions jamais été mesurés et tempérés dans notre façon de vivre. Je l'écoutais donc, en me forçant à plus d'écoute et de tempérance, à plus de modération et de patience. Cela n'avait absolument rien d'aisé, il fallait bien le reconnaître. Surtout que la façon qu'avait Solveig d'amener les choses qui devaient être dites... Elle n'avait jamais été très douée en diplomatie. Et moi non plus, s'il fallait que j'en croie cette impression tenace. Il y avait toujours cette barrière entre nous, mais j'étais décidé malgré la fatigue et le désespoir de nous laisser une chose de parler, de partager des choses, et d'aller de l'avant. Si nous ne sauvions pas ce qu'il y avait entre nous, cela ne voulait pas dire que nous étions condamnés pour autant, n'est ce pas ? Il fallait que l'on garde espoir, au moins pour nos vies... Et bien sûr, je ne pouvais pas m'empêcher d'en nourrir à d'autres niveaux, mais ça il faudrait probablement me torturer à mort pour que j'ose l'avoue à Solveig. Elle touchait un point sensible quant à la confiance que je lui accordais. En fait, les choses n'étaient pas si compliquées que cela. Je devais lui dire tout ce que j'avais sur le cœur à ce sujet, qu'elle me comprenne et qu'elle l'accepte. Je ne voulais pas la blesser pour autant, alors je pries un maximum de gants avant de lui parler, la laissant d'abord terminer sur ce qu'elle avait à me dire. J'encaissais ce qu'elle me disait, car j'avais conscience du problème que nous avions tous deux à communiquer ou à entrer en osmose à propos de notre survie.


    | Tu sais... J'ai confiance en toi. Il y a encore des choses sur lesquelles tu n'es pas prête à agir... Regardes, la semaine passée. J'ai dû buter ce gosse infecté. Ca vous a tous choqué, pourtant j'ai fait ce qui était nécessaire. Mais je sais que tu as raison, et si je le montre peut être pas assez, j'ai confiance en tes capacités. Je fais confiance à ton jugement. Pour le reste... Laissons faire le temps, d'accord ? Apprenons à faire les choses en douceur, sans se brusquer. |


    Je ne pouvais pas être plus clair à mon sens, j'étais bien conscient que ce n'était peut etre pas la réponse qu'elle attendait, peut être pas, j'en sais vraiment rien. Cependant c'était la seule que j'avais à lui offrir, une réponse franche et honnête. Je la détestais toujours pour ce qu'elle avait fait, je la considérais toujours aussi salie par son contact avec un autre. Mais j'apprenais petit à petit à l'accepter. Elle n'avait pas été la seule femme que j'eus connu dans ma vie non plus, après tout, même si les autres remontaient à avant elle.. Je baissais les yeux un moment, et même si elle ne pouvait pas me voir du fait que je me trouvais derrière elle à la masser, je savais qu'elle sentirait peut être ce léger relâchement dans mes gestes, alors que je réfléchissais, et que je me retrouvais une fois de plus hanté par tout ce que nous avions pu vivre ensemble. Immédiatement pourtant, je la sentis se détendre à mon contact, et je sentais sous mes mains les pulsations de ce cœur qui battait la chamade. Aimait elle ce léger contact, ou au contraire cela lui faisait il peur ? Je n'en savais rien, j'avais peur de le découvrir et je ne me sentais pas prêt à le faire. Alors que je retrouvais doucement le plaisir de toucher ma femme, de la soulager de toute la tension qui l'habitait dans l'espoir que je savais vain de lui faire oublier toutes les épreuves que nous avions vécues, elle lâcha une phrase qui me stoppa net. Je me figeais, le cœur froid et gourd, sans bouger ni parler. Que devais je lui répondre ? Que oui, ce qu'elle avait fait me blessait toujours autant, et que rien ne serait plus jamais comme avant entre nous ? Que j'en avais marre qu'elle doute de moi et de ce que je proposais ? J'y réfléchissais, me forçant finalement à fermer mes yeux et à l'embrasser doucement dans le cou. Ce contact m'électrisa autant qu'il me poussa à m'éloigner légèrement d'elle. J'étais trop près, et j'avais peur que cela ne nous amène qu'à nous meurtrir tous deux un peu plus.


    | Ce que je sais, c'est que j'étoufferais ici sans toi. |


    Posant mes mains de part et d'autre de sa taille je vins enfouir mon visage contre son cou, humant son odeur. Nous avions tous deux beaucoup crapahuté ; elle sentait la mort, la sueur, et la poussière. Pourtant, par dessus, je sentais un effluve plus fort encore, celui de sa propre odeur. Je restais sans bouger un moment.


    | Je suis fatigué, je suis à bout. Tu l'es aussi. Essaies de ne pas penser à tout ce qu'il y a dehors pour le moment, et pas non plus à tout ce que toi et moi nous avons pu nous faire. Restons ici un moment. Il faut qu'on mange, qu'on se repose. Et il faut que tu te détendes quand je viens sans rien te demander en retour, pour te délasser un peu. D'accord ? Laisses toi aller. Tant qu'on n'entend pas la barricade des escaliers s'écrouler, on peut vivre sans se soucier de ce qu'il y a ici à part nous. Ca te vas? |


    Venant maintenant lui murmurer à l'oreille, je l'embrassais à nouveau.


    | Laisses toi faire... |


    Je déboutonnais le haut de sa chemise, ce qui me donna l'amplitude nécessaire pour tirer le tissu en arrière de ses épaules, que je vins masser plus franchement, calant l'arrière de sa tête contre ma propre clavicule.
Revenir en haut Aller en bas

Anonymous

Invité
Invité



The Road - Solveig & Philippe Empty
MessageSujet: Re: The Road - Solveig & Philippe The Road - Solveig & Philippe Icon_minitimeVen 18 Jan - 0:20



The Road


J’avais conscience des efforts que faisait Philippe. Je savais combien parler le dérangeait et combien cela devait lui couter de me répondre. De mon côté, je me forçais également à briser ce silence qu’il y avait entre nous, et à essayer d’arranger les choses. Tous ses non-dits étaient en train de me tuer à petit feu et j’en avais assez. Le monde ne tournait déjà pas rond pour en rajouter. Et puis… Même si je faisais tout pour survivre, on ne pouvait pas savoir de quoi était fait demain. A tout moment nous risquions de mourir. Et je ne voulais pas partir sans qu’il sache ce que j’avais dans le cœur. Et inversement. Je ne voulais pas, si je devais mourir, rester sur des regrets et des non-dits justement. Atlanta était un « gros morceau » et si nous devions nous y attaquer, je voulais qu’on le fasse en sachant où nous allions chacun envers l’un et l’autre. Est-ce que cela était important pour ma survie ? D’un côté oui. Parce que cela changerait la donne quoi qu’il puisse me dire. S’il me faisait comprendre qu’il ne pourrait jamais plus me faire confiance, nos chemins se sépareront ici. S’il y avait une chance pour que je ne sois pas une corvée pour lui, alors nous continuerons un bout ensembles. Je ne pouvais pas affirmer que nous ferions tout le trajet de retour jusqu’à notre maison à deux, tout simplement parce que j’ignorais ce qui allait arriver. Les choses pouvaient changer brutalement et très rapidement. Si cela se trouve, allez savoir, Philippe baissera les bras et pas moi. Ou inversement. J’en sais rien. Tout ce que je sais, c’est que pour l’heure, nous avions besoin de parler.

Nos paroles mutuelles n’étaient pas des plus agréables à entendre. Lui comme moi n’étions pas sur la même longueur d’onde. Nous ne voyons pas non plus de la même manière les choses. Et surtout… Nous en voulions à l’un et à l’autre pour des raisons différentes, des raisons qui n’avaient de solution à court terme mais à long terme. Ce n’était ni simple pour lui, ni simple pour moi de les entendre et de faire avec. Cependant nous étions au moins fixés et puis, nous échangions et c’était ça le plus important. Nous l’avions été il fut un temps, mais à présent nous ne sommes plus un couple qui peut se comprendre sans mot, et qui sait lire l’un dans l’autre. Nous avions changé lui comme moi et nous en prenions de plus en plus conscience depuis que nous étions bloqués ici, dans ce pays de « brain ». Nous nous redécouvrions, et même si nous aurions voulus que certaines choses ne changent pas chez l’autre, nous nous accommodions de ce nouveau « nous ». Je redécouvrais mon mari et finalement, il me plaisait toujours autant. Oh, sans doute cela n’aurait pas été le cas si nous n’avions pas eu un passif commun. D’ailleurs, c’était lui qui me permettait d’accepter mon époux comme l’homme qu’il était devenu. Et puis, au fond, il était toujours l’homme que j’avais épousé, que j’aimais, et que je ne cesserais pas d’aimer.

J’inclinais seulement la tête en signe affirmatif lorsqu’il me demanda de lui laissait du temps. Je ne lui disais pas qu’à mon sens, nous en manquions et que nous ne pouvions pas savoir combien il nous en restait. Cela ne servirait à rien de toute façon. Je n’étais pas du genre à parler pour ne rien dire, alors je me taisais tout simplement et enchainais sur autre chose. Lorsqu’il me proposa de rester quelques jours je lui demandais s’il n’allait pas étouffer justement en ma présence. Il avait besoin de temps, il avait besoin aussi de distance physique. Ça c’était une certitude chez moi et c’est pour ça d’ailleurs que je ne venais jamais à aller vers lui, pour, ne serait-ce qu’une étreinte. Mon contact semblait le dégouter plus qu’autre chose. Cela me faisait un mal fou, mais qui pouvais-je ? Rien. Alors j’avais appris à garder mes distances et à apprécier son contact lorsque lui venait vers moi. Je ne montrais pas lorsque j’avais besoin, ne serait-ce, qu’il me tienne par la main, juste retrouver un contact humain dans ce monde de fou.

Il se figea à ma question. Je ne le voyais pas, mais je pouvais le sentir. Il s’arrêta quelques instants, et je savais qu’il réfléchissait à une phrase qui ne me mettrait pas dans tous mes états. J’en aurais mis ma main à couper si l’on me l’avait demandé tant j’étais sur de moi. Finalement il fit quelque chose dont je ne m’attendais pas, signe évident à mes yeux – et douloureux – que nous étions devenus un peu des étrangers l’un pour l’autre. Avant, j’aurais pu deviner ces actes. A présent ce n’était plus le cas. Il m’embrassa une nouvelle fois, mais l’écarta, comme si cela était finalement douloureux pour lui, ce qui me meurtrit un peu plus. J’étais contente qu’il ne puisse pas voir mon regard en cet instant, un regard amer, douloureux et triste. Sa phrase ne me redonna pas du baume au cœur, parce que je pensais qu’il faisait avec moi par défaut, parce que j’étais la seule personne qui le rattachait à son existence d’avant. Son attitude était si étrange et j’étais complètement perdue. Il me repoussait, mais en même temps, il se rapprochait de moi. Je n’y comprenais plus rien dans ses actions, ni dans ses paroles aussi douces pouvaient-elles être. J’avais besoin d’entendre ces choses-là, vraiment besoin. Et je savais qu’elles étaient sincère… Mais après ? Après que se passerait-il ? Allait-il faire comme si rien ne s’était passé comme après cette nuit là à Savannah? Allait-il finalement regretter ses actions ? Je ne pourrais pas le supporter, non je ne pourrais pas.

J’aurais voulu me détendre dans ses bras, bercée par ses paroles et ses baisers, mais lorsqu’il me demanda de me laisser faire et déboutonna ma chemise, j’eu un frisson. Pas comme précédemment mais un frisson de peur. Parce que le dernier homme a m’avoir demandé de me laisser faire et qui avait essayé de me déshabillait avait comme intention de me violer. Et c’était encore finalement trop frais dans ma tête. Ca faisait quoi ? Un mois, un mois et demi ? C’était à la fois long et pas assez à mon goût. J’essayais de me calmer, de me dire que c’était Philippe, qu’il ne me ferait dans de mal, ou du moins physiquement mais… Je n’y arrivais pas. J’étais encore morte de trouille en fait, même si je lui cachais et n’en parlait jamais. A chaque fois que je voyais un homme, tout remonter. Pas avec Philippe. Là c’était ses paroles en fait qui me mettaient dans tous mes actes. C’était pas sa faute, il ne pouvait pas savoir, surtout que je n’avais pas montré, à aucun moment que ce soit, que cela m’avait traumatisé. Enfin si, mon attitude avec la gente masculine le laissais entendre, mais je m’étais toujours montrée distante avec eux, alors bon, c’était pas vraiment évident. J’ai vraiment essayé, essayé de me détendre, mais mon corps refusait d’écouter mon esprit. Je frissonnais et je finis par m’écarter brusquement pour me lever, en lui tournant le dos. Je plaquais mes mains sur ma bouche pour retenir une sorte de sanglot. Puis je pris une inspiration et lui dis :

∞ Je suis…désolée, J’peux pas


Je plaquais de nouveau mes mains sur ma bouche, luttant contre toute cette peur qui m’envahissait aux souvenirs de cet évènement. Mon corps frissonnait, sans que je ne puisse rien y faire. Je sortais de la pièce en courant pour me réfugier dans la salle de bain. Je poussais la porte derrière moi, et me cala contre un mur froid. Je pris mes jambes entre les mains, les serrant contre mon torse. J’enfouis ma tête dans ces dernières et pleurais en silence, tout en essayant de me calmer – ce qui ne marchait pas bien entendu - . J’étais pathétique, oui voilà ce que j’étais. Pathétique... Ce mot résonnait dans ma tête, encore et encore et encore.


Revenir en haut Aller en bas

Anonymous

Invité
Invité



The Road - Solveig & Philippe Empty
MessageSujet: Re: The Road - Solveig & Philippe The Road - Solveig & Philippe Icon_minitimeVen 18 Jan - 1:19

    Alors qu'après tout ce temps, je décidais de succomber un peu à ce besoin si pressant de proximité avec Solveig, je la sentis brusquement se tendre sous moi. Me stoppant dans mes mouvements, je restais immobile. Elle se releva d'un bond et s'en alla plus loin, le plus loin possible de moi. Je la regardais, la bouche grande ouverte, n'en croyant pas mes yeux. Je ne pouvais pas croire que ça arrivait maintenant. Je la voyais profondément bouleversée, et instantanément, je sentais un raz de marée émotionnel me bouleverser complètement. Solveig plaqua ses mains contre sa bouche comme pour s'empêcher de s'effondrer en pleurs. Je comprenais sa réaction, et cette vision que j'avais de ce qu'elle ressentait ajouta encore un peu plus au chaos sentimental que je me mis à ressentir presque immédiatement. Elle me dit qu'elle ne pouvait pas, et s'en alla comme une furie. D'apparence terrifiée et choquée, elle s'en alla à toute allure jusque la salle de bain de la maison et j'entendis la porte se refermer derrière elle. Je restais là, dans la tiédeur de ce début de nuit d'été américain. A genoux, par terre. Tout seul. Je me laissais tomber sur le côté, le flanc contre le montant du lit. Je regardais par la fenêtre, même si elle était fermée et les volets rabaissés. J'y voyais mon reflet grâce à la lumière du réchaud. Je me mis à frissonner, et je refermais le col de ma veste. Bien sûr... Solveig avait failli être violée un mois et demi plus tôt. Par des gens en qui nous aurions pu avoir confiance en d'autres circonstances. Elle s'était débattue et avait salement morflée. J'étais arrivé juste à temps, comme la cavalerie des vieux westerns. C'était de circonstance. Solveig ne supportait plus la présence des hommes à proximité d'elle. Elle ne supportait plus d'être touchée. Elle avait peur. Je me dégoûtais. Comment avais je pu penser à nous faire du bien à tous deux ? Plus jamais je ne pourrais la toucher comme avant. Ca aussi, ça nous avait été enlevé. Ca, comme tout le reste. Même en déployant des trésors de bonne volonté, il semblait que tout était finalement hors de portée du main. Même en ouvrant les bras au bonheur et à la réconciliation, toute tentative semblait malgré tout destinée à l'échec. Je n'en pouvais plus.


    Je me relevais, et frappais violemment contre une pendule accrochée au mur. Celle ci tomba dans un grand fracas. Frappé d'horreur, j'eus peur que mon grabuge n'attire les marcheurs. Ouvrant la fenêtre et entrouvant les volets après avoir diminué au minimum la flamme du réchaud, je regardais vers l'extérieur. Pas de panique. Les geeks étaient trois et ne faisaient pas attention à nous. Refermant doucement cet accès sur l'extérieur, je décidais de prendre les choses en main. J'étais un homme, j'étais un soldat. J'étais passé par l'horreur et le feu pour en arriver jusqu'ici. Et je ne comptais pas abandonner. Jamais je ne me rendrais. Ni à l'ennemi, ni à ma propre femme. Je toquais avant d'entrer dans la salle de bain. La voyant assise par terre, je me mis à genoux devant elle, prenant ses mains délicatement dans les miennes, accrochant son regard plein de larmes. Le mien n'exprimait rien, il était d'un noir d'encre. Je refoulais la déception et le désespoir d'avoir encore été repoussé. Je faisais mon devoir, et je le faisais parce que je voulais le faire.



    | Ils ont eu ce qu'ils méritaient, et bien plus encore. |


    Je soutenais froidement et impassiblement son regard, comme il y avait des mois de ça quand je lui racontais les conflits auxquels j'avais participé.


    | Celui qui a eu la plus jeune d'entre vous... Il l'avait tabassée et cognée presque jusqu'à ce qu'elle en crève, avant de la prendre. Elle était plus capable de se défendre. On l'a eu lentement. Andy, le grand balaise marié à Hannah, l'autre femme, l'a cogné. Encore et encore. Il lui a brisé la mâchoire, le nez, il l'a réduit en bouillie. Il a arrêté quand le type a arrêté de trembler et de convulser. |


    Je déglutissais, lui laissant voir la part d'abîmes qui m'habitait, et vers laquelle je manquais sans cesse de tomber.


    | Andy m'a demandé de l'aide pour celui qui avait violé sa femme. On a plus pris notre temps. Sa femme avait dit à Andy que l'homme l'avait léchée. Alors, je lui ai coupé la langue. Elle lui avait dit qu'il l'avait d'abord forcée avec ses doigts. On les lui a coupés un par un, et on lui en a fait un collier. Elle lui avait dit qu'il l'avait reluquée longtemps avant de commencer. On a essayé de lui arracher les yeux, mais sans lumière c'était trop dur. On les lui a arrachés. Pendant tout ce temps là, le dernier, celui qui avait essayé de s'en prendre à toi, pleurais et geignais en entendant les hurlements de son copain. Andy l'a étranglé lentement, et plusieurs fois jusqu'à presque le tuer. Finalement, il l'a étouffé en lui fourrant tous les morceaux qu'on lui avait enlevé dans la bouche, et en la lui fermant ensuite. Moi, je le tenais, et l'empêchais de respirer par le nez. |


    J'inspirais profondément, alors que je me mis à trembler au souvenir de la colère immonde que j'avais ressentie ce soir là, de la rage et de la haine si pures que j'en avais fait les pires horreurs de mon existence.


    | Le dernier était pour moi. Andy a regardé tout le long et m'a assisté. Je lui ai fait avouer tout ce qu'il avait essayé de te faire, et tout ce qu'il avait pensé te faire subir. Lui, j'ai pris mon temps. Je lui ai fait tout ce que j'avais appris à faire en Afghanistan, dans l'ordre. Les lacérations sur le torse, sur les bras. Je lui ai lentement épluché le dos. Je lui ai arraché les ongles avec la pince d'Andy, puis les dents. Ce connard a essayé de me mordre à la troisième. On l'a attaché, et je lui ai coupé les paupières pour qu'il regarde jusqu'au bout. Quand j'en avais terminé avec lui deux heures plus tard, j'avais réussit à lui arracher ses si profonds regrets... Je l'ai attaché à l'arrière du bus, inconscient, quand nous sommes partis. Je l'ai laissé aux monstres. |


    Je lâchais les mains de Solveig, la fixant toujours du regard.


    | Tu as peur de moi, tu as peur de mon contact. Je ne t'en veux pas. Ce que ces connards t'ont pris, ce dont ils nous ont privé... Toi, Hannah, et la petite, vous vous en souviendrez toute votre vie. J'ai fait ce qui était nécessaire, avec Andy. Et plus encore. Je ne laisserais plus personne te faire le moindre mal. A commencer par moi. Si tu ne veux plus qu'on fasse l'amour, je respecterais ça. Si tu ne veux plus que je te touche ou que je te masse, je ne le ferais pas. |


    Je la pris dans mes bras.


    | Je suis tellement désolé... |
Revenir en haut Aller en bas

Anonymous

Invité
Invité



The Road - Solveig & Philippe Empty
MessageSujet: Re: The Road - Solveig & Philippe The Road - Solveig & Philippe Icon_minitimeVen 18 Jan - 2:27



The Road


J’entendis un grand fracas, mais je ne pouvais pas bouger. Je ne savais pas vraiment d’où cela venait, si c’était Philippe, ou si c’était des rodeurs dans les escaliers. Je restais là, par terre à essayer de me calmer. Si vraiment il y avait un danger, mon militaire nous tirerait de là. Si c’était lui alors… Je ne pouvais rien faire, ni rien dire. J’imaginais qu’il le prenait contre lui, ou du moins qu’il le prendrait contre lui avant de comprendre le vrai pourquoi du comment. J’avais besoin d’un peu de temps pour m’en remettre. J’avais besoin de temps pour que cela ne me fasse plus rien. J’avais besoin de temps pour oublier. J’avais eu de la chance dans mon malheur car ils ne m’avaient finalement que touché très peu. Je devais cela à ma combativité et au fait que je leur avais donné du fils à retordre. C’est pour ça d’ailleurs qu’ils m’avaient répété plusieurs fois que je devais me laisser faire, et que j’aimerais ça. Enfin… Jusqu’à ce que j’en mordre l’un des deux, et que son discours change et qu’il me m’affirme qu’il me ferait souffrir comme jamais et que je n’en prendrais aucun plaisir…

Je secouais la tête. Non il ne fallait pas que je pense à ça. Il fallait que je me souvienne de bons moments, comme par exemple, tous ceux passaient avec mon fils. Oui, voilà. Ca ça m’aidera à aller mieux. Je devais m’en sortir pour Jean, si je ne le faisais pas pour moi. Je lui avais promis de rentrer. Je suis sa mère et il a besoin de moi… Et je l’ai abandonné en venant ici…

Mauvaise idée en fait. Penser à mon fils était plus douloureux qu’heureux et cela se mêlait à mon état pathétique. J’aurais voulu sortir toutes ses idées et ses images de ma tête. Je le souhaitais tellement et pourtant, je n’y arrivais pas. Je n’y arrivais pas. Je ne suis qu’une femme faible. Peut-être devrais-je mettre fin à mon calvaire une bonne fois pour toute ? Peut-être que continuer à avancer ne menait à rien ?

Ses pensées s’envolèrent quand Philippe prit mes mains dans les siennes. Je relevais la tête, retenant mes larmes de couler. J’étais si stupide, oui si stupide et lâche. Lui faisait tout pour qu’on s’en sorte et moi, je me laissais abattre comme une petite fille à qui on a confisqué son doudou. Je refoulais cette piteuse image de moi, et écouta ce qu’il voulait me dire. Je ne cillais pas une seule fois à ses paroles. Je ne me mis pas à le regarder comme s’il était un monstre. Ce qu’il me disait, j’avais besoin de l’entendre. J’avais besoin, inconsciemment de savoir comment avait fini ses monstres, et qu’ils étaient bels et biens mort. Car il ne m’avait pas laissé y aller. Il ne m’avait rien dit à ce sujet et je n’avais pas vu les corps. Oh, je me doutais bien qu’ils n’étaient plus vivants, mais ce n’était pas la même chose l’entendre dire et s’en douter. Savoir qu’ils avaient soufferts, qu’ils avaient eu un retour de leur pièce… J’en avais besoin. Parce qu’ils m’avaient fait plus de mal qu’on aurait pu le penser. Parce que je n’avais pas pu moi-même me venger et expier tout ce qu’ils m’avaient fait. Philippe l’avait fait, sans doute pour me préserver, pour ne pas que je me salisse les mains. Peut-être avait-il eu peur que je perde une part de mon humanité ? Allez savoir.

Il finit par me dire qu’il ne laisserait plus personne s’en prendre à moi, plus personne, même pas lui. Je me sentis si mal à ce instant, mal de lui faire penser que j’imaginais qu’il pouvait me faire du mal justement. Dans ses paroles oui, il le pouvait et il le faisait parfois. Mais dans ses gestes jamais, oh non, au grand jamais. J’avais confiance en lui, vraiment. Je savais qu’il ne me nuirait pas. C’était juste… Les mots qu’il avait employé qui avait tout faire ressurgir. Pas ses gestes, ses mots et il fallait qu’il le sache. Il n’était pas question qu’il vienne à penser que son contact pouvait me rebuter. Bien au contraire. Et qu’il me dise que si moi, je ne voulais plus que nous fassions l’amour me mit un peu de baume au cœur. Cela voulait dire qu’il y avait pensé, et qu’il l’avait voulu. Cela voulait dire que notre mariage avait encore une chance de fonctionner. Il me prit dans ses bras, et s’excusa. Je posai ma tête contre son épaule et pleura encore plusieurs minutes silencieusement. Puis, finissant par me clamer, je séchais mes dernières larmes d’un revers de main. Je posais mon front contre le sien, et je fis quelque chose que je n’avais plus fait depuis Savannah. Je vins poser mes lèvres sur les siennes quelques instant puis, j’enfouis de nouveau ma tête dans son cou. Je lui dis alors

∞ Juste… Ne redit plus ses mots s’il te plait… Et en effet, je ne veux plus que tu me touches où qu’on fasse l’amour si cela fini par créer une gêne entre nous. Je ne veux plus que tu me masses si tu le fais par obligation. Je ne veux plus que tu viennes me réconforter si tu n’en as pas envie. Je ne veux plus que tu te forces de la moindre façon avec moi. Voilà tout ce que je ne veux plus. Et je rajouterais que je ne veux pas que tu t’empêches de faire la moindre chose, le moindre geste encore moi, si ce dernier ne part pas de mauvaise intention.


Je m’embrouillais un peu moi-même dans mes phrases et n’en fit pas des très claires, mais au moins, il en comprendrait le sens général. Je passais mes mains dans son dos, et rester là, enlacée contre lui, fermant les yeux, respirant son odeur et me laissant bercer par son rythme cardiaque et la chaleur qu’il dégageait. J’en oubliais le danger qui nous guettait dehors.

Revenir en haut Aller en bas

Anonymous

Invité
Invité



The Road - Solveig & Philippe Empty
MessageSujet: Re: The Road - Solveig & Philippe The Road - Solveig & Philippe Icon_minitimeVen 18 Jan - 15:34

    Quel genre d'homme étais je devenu avec le temps ? Ma femme me regardait comme si ce que j'avais fait était normal, comme si ce que ces hommes avaient fait avait nécessité autant de violence et de cruauté de ma part. Elle était la victime, je n'avais pas à la juger. Je ne m'en voulais pas pour autant de ce que je leur avais fait subir. J'en venais simplement à me demander à quel moment j'avais perdu cette humanité qui semblait tant me faire défaut aujourd'hui. Désormais, il semblait que je sois capable de tuer sans scrupule, et pire encore, de provoquer l'indicible sans que cela ne m'empêche de dormir. J'imagine que c'était nécessaire lorsqu'on voulait survivre à ce genre d'épisode dramatique, quand on voulait sauvegarder sa propre raison. Je n'avais pas le droit de me laisser abattre ou de rester en arrière, la survie de ma femme ne tenait en grande partie qu'à moi seul. Je ne pouvais pas me permettre de ne pas être purement concentré sur elle, ou sur moi. Je devais penser à nous avant tout le reste. Et si cela impliquait de massacrer des types qui s'en prenaient à nous, je signais tout de suite. Alors que le monde partait en lambeaux, il fallait faire un choix. J'avais fait le mien, qui signifiait que je serais prêt à tout pour nous protéger. Torturer à mort des gens qui avaient voulu nous faire du mal entrait dans le cadre de cette décision. Laisser libre cours à la vengeance était parfois important pour ne pas perdre pied. Je n'avais pas fait ce qui avait été purement et objectivement nécessaire. J'avais fait ce que j'étais sensé faire, et ce pourquoi j'étais fait. Mais ce qui me faisait parfois douter, c'était ce regard attentif que me portait Solveig. Comme si ce que je faisais était normal, rationnel, alors que ça ne l'était pas. Je n'avais jamais imaginé dans ce cauchemar, que même en préservant un maximum ma femme des atrocités de notre nouvelle existence, elle perdrait tout de même très rapidement toute innocence à propos de la mort d'autrui. Je la laissais venir contre moi pleurer contre mon épaule quelques minutes encore, alors que j'étais présent pour elle, présent pour la consoler. Je la laissais reprendre son souffle, alors que j'étais de mon côté assaillit des visions et des sensations nées de ce fameux soir, quand j'avais laissé place à l'horreur dans mon cœur. Solveig parvint à se calmer d'elle même et sécha ses larmes d'un revers de la main. Ma femme posa son front contre le mien, synonyme d'une certaine proximité que nous retrouvions, et m'embrassa doucement. Je ne la repoussais pas, et je partageais ce fugace baiser avec elle.


    Alors, elle me répéta ce qu'elle avait déjà dit à demi mots à plusieurs reprises. Elle voulait que je ne me sente pas forcé d'être près d'elle ; elle ne voulait pas que je me sente bloqué par une retenue qui m'empêcherait de la rejoindre. Elle voulait que tout ce qu'il se passe entre nous soit sincère et ne soit aucunement entravé par quoi que ce soit. En bref, Solveig voulait que ce qu'il se passe entre nous à l'avenir soir librement consenti et que cela ne nous fasse pas nous sentir coupable par la suite. Je ne pouvais qu'être d'accord avec cette proposition. Je souris alors qu'elle se perdait elle même dans ses propres mots. Je pris sa tête entre mes mains et la forçais à venir lire dans mon regard.



    | Je ne me sens pas obligé, pour rien de tout ça. Tu es ma femme. Je t'aime toujours et je te désire encore, peu importe ce qu'il s'est passé. Je ne peux pas garantir que j'accepte tout de suite ce qui a pu se passer, que je puisse l'oublier. J'essaie juste de faire avec, et de me consoler de la chance que je t'ai toujours toi. En vérité, je n'étais pas convaincu de cette chance avant que tout ne vire au cauchemar. Maintenant, je sais avec certitude que je n'ai confiance qu'en toi. Peut être que les choses ne seront plus comme avant entre toi et moi. Mais je ne me sens prisonnier de rien quand mes mains détendent tes épaules. Et je ne me sens pas non plus empli de dégoût quand je fais ça. |


    Je l'embrassais, doucement d'abord, plus profondément ensuite. Je maîtrisais la fièvre passionnelle que je nourrissais pour ma femme, empêchant ce baiser d'aller trop loin, mais mes mains vinrent se positionner de part et d'autres de son flanc. J'arrêtais au bout de quelques longs instants que je savourais.


    | On n'est pas tirés d'affaire à tous points de vue. On est ici, on a du mal à avancer de concert, et on est cernés par des monstres. On n'a presque plus de vivres, et les munitions vont en se raréfiant. Mais quand je suis là avec toi, même si ce n'est que pour cinq minutes, je suis bien. |


    L'étreignant de nouveau pour l'attirer vers moi, je réfléchissais. Déjà parce qu'il fallait qu'on fasse le point sur notre situation, mais aussi parce que cela m'empechait de réfléchir au corps de ma femme, que j'avais plus approché en quelques instants qu'en deux mois de temps.


    | Tu sais... Je me demande si on devrait pas vraiment essayer de retrouver d'autres survivants à Atlanta. Après tout, ceux qui ont survécu jusque maintenant sont capables de continuer, et on survivra peut être suffisamment longtemps pour pousser un peu plus tard plus au sud. |
Revenir en haut Aller en bas

Anonymous

Invité
Invité



The Road - Solveig & Philippe Empty
MessageSujet: Re: The Road - Solveig & Philippe The Road - Solveig & Philippe Icon_minitimeDim 20 Jan - 0:07



The Road


Cette journée n’était peut-être pas si mauvaise que ça… Enfin, je devais plutôt dire que la fatigue n’était peut-être pas une si mauvaise chose ce soir. Parce qu’enfin, on arrivait à communiquer et à se parler sans que cela tourne court. Nous étions à l’abri – pour l’instant en tout cas – et nous faisons attention l’un à l’autre. Nous acceptions ce que l’autre avait à dire, même si cela pouvait être difficile à encaisser. J’en avais besoin, et lui aussi d’ailleurs. Nous aurions dû mettre les choses aux claires bien avant, cela nous aurait évité bien des tracas. Mais bon, comme on le dit, il vaut mieux tard que jamais. Au moins là, nous étions prêt à accepter et à écouter et c’était le plus important. Nous recommencions à nous comprendre un peu, petit à petit. C’était un long travail que nous allions devoir faire dans ce sens là, et il ne serait pas facile tous les jours. Cependant nous pouvions le faire, j’en étais à présent certaine. J’allais de mon côté essayer de me montrer moins radicale, plus compréhensive et plus, comment dire avenante. Et il en ferait de même. Le tout sans que l’un et l’autre ne se sentent obligés par quoi que soit. Qui sait, peut-être que nous finirions par nous pardonner mutuellement ou à défaut, d’avancer ensemble et d’entrevoir quelque chose ensembles. Car pour l’instant nous ne faisions que nous trainer notre passif, heureux, comme malheureux. Il fallait que l’on tourne la page, et que nous passions à autre chose pour enfin nous reconstruire nous même et surtout ensembles. J’étais prête à le faire, et je savais, même s’il ne me l’avait pas dit directement, que lui aussi était prêt à franchir ce cap.

Le voir sourire alors que je m’embrouillais dans mes paroles ne déclencha pas en moi une colère comme cela aurait pu être le cas. S’il souriait ce n’était pas pour se moquer de moi, mais parce que, je le touchais quelque part, je l’attendrissais en m’emmêlant les pinceaux. Je réagissais pareil lorsque cela arrivait à Jean. Je fus soulagée par ses paroles. Parce que j’avais besoin de les entendre et que je savais qu’elles étaient pensées. Philippe ne me mentirait pas de cette manière là, c’était une certitude chez moi. D’ailleurs le baiser qu’il me donna en était la preuve. Je me laissais entrainer dans cette étreinte, savourant chaque moment trop court à mon gout. J’aimais qu’il se montre proche de moi, qu’il pose ses mains sur moi et qu’il en éprouve lui aussi du plaisir. Dans ces moments là, je ne pensais à rien d’autre que de continuer encore et encore. J’aurais voulu qu’il ne s’arrête jamais, mais malheureusement toutes les bonnes choses ont eu fin, qu’on le veuille ou non. Je fus déçu qu’il change de sujet d’ailleurs, bien qu’il me glissa un compliment et vint m’étreindre. Il me demanda alors mon avis sur le fait de rejoindre d’autres survivants et je ne pus m’empêcher de me mordre la lèvre

∞ Je sais pas trop…


Je posais ma tête sur son épaule, lui caressant légèrement le dos avec une de mes mains. Je réfléchissais ainsi au pour et au contre de cette proposition. Je devais bien reconnaitre que la liste des pour était plus grande que la liste des contre. Je savais également que si j’acceptais, il me faudrait côtoyer des hommes, et que cela ne serait pas facile tous les jours. Je me rendais aussi compte que je serais sans doute de nouveau mise de côté et rattacher à faire la nourriture, laver la vaisselle et faire la lessive en compagnie des autres femmes, ce qui n’était pas vraiment mon truc. M’occuper des affaires de Philippe oui, d’accord, mais celles des autres ?! Ils ont des bras comme moi, ils ont pas manchots. Sur mon front c’est pas écrire « bobonne de service ». C’était vraiment une étiquette dont j’avais une sainte horreur. Poussant un soupir, je finis par lui répondre

∞ Ça s’est pas très bien passé la dernière fois mais maintenant nous sommes préparés à toutes les éventualités. Si on reste sur nos gardes, on pourra limiter les casses. Être en groupe, c’est sûr que cela rend les choses plus faciles et la survie moins dure. Cependant…


Je m’écartais légèrement pour pouvoir le regarder droit dans les yeux. Je voulais qu’il comprenne combien la suite de mes propos était importante pour moi. C’était quelque part mes conditions pour accepter de continuer avec d’autres survivants et je ne voulais pas qu’il passe outre ces dernières

∞ Je ne veux pas de la place de la femme qui attend et s’occupe du quotidien. Si on rejoint un groupe, je veux le même rôle que celui que j’ai comme nous sommes deux : celui de coéquipière. Si tu continues à m’entrainer bien sûr. Et je veux pouvoir garder mes armes. Alors, dans ce cas-là, je veux bien que nous rejoignons un groupe. Je peux pas te garantir d’être aimable avec eux, encore moins avec Eux, mais j’essayerais car nous aurions plus de chance à plusieurs. Ah et je ne veux pas que cela change des choses entre nous, je veux dire dans le mauvais sens. Il va falloir que tu me fasses confiance, entièrement je veux dire vis-à-vis des hommes. Parce que Philippe, il n’y a que toi dans ma vie, et même si j’ai eu un moment de faiblesse, il n’y a que toi que j’aime. Tu es le père de mon enfant, mais plus que ça, tu es mon époux. N’en doute jamais, plus jamais.


Je posais mes mains autour de son visage et je vins l’embrasser une nouvelle fois. J’en avais eu souvent envie, et maintenant que les choses étaient claires entre nous, je savais que je pouvais me permettre de prendre quelques fois des initiatives envers lui. Et je peux vous jurer que cela m’avait manqué, parce que j’avais très souvent pris les devants avec lui, à commencer par le jour où nous nous étions mis en couple, pour finalement plus nous quitter. Cela me faisait penser… Je me détachais délicatement de ses lèvres pour lui dire :

∞ Dans deux jours, on sera le 21 juin…


Et puis me rappelant qu’il avait très souvent oublié cette date, ainsi que celle de notre mariage, et de mon anniversaire, j’ajoutais rapidement

∞ Enfin, tu vas me dire, ça n’a pas vraiment d’importance le jour que l’on est et lequel sera dans deux jours… On ferait mieux d’aller se coucher


Je faisais légèrement chemin arrière pour ne pas le mettre mal à l’aise et finir mal cette soirée. Parce qu’il avait oublié si souvent ces dernières années des dates clefs de notre existence, il ne se rappellerait surement pas le jour où nous nous étions fiancés. Je lui fis un sourire et me releva, puis il tendit ma main pour qu’il la prenne et l’aider à en faire de même.


Revenir en haut Aller en bas

Anonymous

Invité
Invité



The Road - Solveig & Philippe Empty
MessageSujet: Re: The Road - Solveig & Philippe The Road - Solveig & Philippe Icon_minitimeDim 20 Jan - 22:08

    J'avais raison. Je ne pouvais pas dire le contraire ; je sentais dans mes tripes que j'étais sur la bonne voie avec mon épouse, et que j'avais bien fait de faire cette démarche compréhensive, avenante, pleine d'ouverture en tous cas. Ce qui me semblait le plus logique, c'était que j'aurais dû faire ça depuis bien longtemps, que je devais faire cet effort en amont. C'était quelque chose d'assez viscéral ; je le sentais dans mes tripes. Comme si j'avais fait quelque chose de particulièrement bien, et que j'attendais sans le savoir depuis bien longtemps. Le plus étonnant, c'était que j'avais cru déceler quelque chose dans le regard de Solveig, et que j'avais aussi senti son corps s'emballer à mon contact. J'avais senti quelque chose, mais quoi ? Elle m'avait repoussé quelques minutes plus tôt seulement. Solveig n'avait pas voulu que je continue de poser mes mains sur elle, que je la déshabille même sans avoir le sexe à l'esprit. Pourtant, quand je l'avais embrassée et que j'avais posé mes mains sur elle, c'était comme si cela avait déclenché quelque chose... Je me retrouvais finalement assez perturbé au milieu de toutes ces considérations, ne sachant pas trop à quoi m'en tenir... Parce que si je voulais être purement honnête, il fallait bien avouer que l'on avait déclenché bien plus qu'une réaction chez elle durant ce baissr échangé. Ca avait aussi éveillé des choses chez moi. J'aimais ma femme et je la désirais, mais pas au point de ce que nous connaissions à nos tous débuts... En tous cas, pas jusqu'à maintenant. Peut être parce que ni elle ni moi n'étions contraints. J'étais las et fatigué, mais je n'aspirais qu'à trouver un peu de réconfort dans ses bras, et pas la dispute et la colère. J'avais envie de Solveig maintenant, mais j'avais choisit de changer de sujet. Après tout, elle m'avait dit qu'elle ne se sentait pas prête à ce genre de choses, et je ne voulais en aucun cas la brusquer. Même si j'en avais très envie... Et cette idée germait en moi presque comme un cancer et gangrénait chacune de mes pensées. Nous n'avions plus eu de vrai moment à nous. Je ne parlais pas forcément de sexe ou de pulsions charnelles, mais simplement de moment d'intimités qui nous permettaient de nous retrouver. Je désirais cette proximité autant que je la désirais elle. La peur de la mort, l'angoisse que je ressentais, la fatigue et tout le reste, me donnaient encore plus envie de céder à cette pulsion, pour oublier un peu l'univers dans lequel nous vivions même si cela ne devait durer qu'un court instant.


    J'avais plongé Solveig dans l'embarras. Bien sûr que rejoindre un groupe serait délicat pour elle, après ce qui nous était arrivé dans le dernier auquel nous avions fait partie. Je savais bien que pour elle, de son point de vue, cette décision ne pouvait qu'impliquer de nouveaux dangers, et de multiples problèmes à venir. Sans parler du traumatisme toujours bien présent... Le contact de ma femme m'électrisa à nouveau, alors qu'elle passait ses mains dans mon dos et qu'elle posait sa tête contre mon épaule. Je la sentais quelque peu apaisée, comme si ma présence la rassurait et lui permettait de réfléchir de façon claire et posée. De façon très pragmatique, ma femme me rappela les évènements de la dernière fois, mais semblait assez bien discerner les avantages. Quand elle me chercha du regard, j'accrochais le sien, comprenant qu'elle voulait me dire quelque chose d'important. Le fait qu'elle me rassure aussi vis à vis des autres hommes compta pour beaucoup dans le léger sourire plein de franchise et d'amour que je lui faisais. A ce stade, je ne savais toujours pas si je pourrais la pardonner un jour, si je pourrais aller de l'avant avec elle. Pour l'instant nous étions en vie, et c'était tout ce qui m'importait.



    | Oui je pense pareil. De toute manière, je t'ai fait une promesse que je compte tenir. Si tu es menacée, j'agirais en conséquence. Même si cela doit nous utiliser nos précieuses munitions. Je t'en fais le serment, Solveig. Je ne te demanderais pas de faire le linge ou ce genre de conneries. Sauf la bouffe, quand tu le voudras bien. Ce que je fais est infect. Pour le reste... Je ne peux pas te mentir. C'était allé très loin, et ça m'a beaucoup affecté. Je ne contre pas tes raisons, il faudra simplement que tu comprennes si je garde parfois mes distances avec eux, moi aussi. Et autre chose. Je te crois, quand tu me dis que ce n'était qu'une erreur. Maintenant, j'attends de voir avec le temps comment tu comptes la réparer, cette erreur... | dis je en souriant pour la taquiner


    Au fond de moi, j'étais toujours profondément blessé de son geste. Rien que d'en parler, je me sentais encore plus las et fatigué. Désespéré aussi, et ça me piquait les yeux tous ces sentiments si intenses mais si douloureux. La belle m'embrassa et je répondais doucement à son doux baiser. Quand elle interrompit le contact, c'était pour me rappeler la date. Je réfléchissais un instant, alors qu'elle commençait à s'éloigner. Je la rattrapais par la taille, l'attirant contre moi. Nous étions collés de manière très serrée, très intime. Et pas sans connotation intime... Je l'embrassais dans le cou, avant de reprendre.


    | On peut le faire ici alors. Je pourrais sortir chercher à manger, et toi tu garderais notre fort alamo en sécurité. Je pourrais essayer de te cuisiner quelque chose, et de nous dégotter une bouteille. |


    L'avoir ainsi près de moi, collée contre moi... Je baissais la tête et fermais les yeux un instant, incapable de me concentrer. Je l'embrassais à nouveau sur l'épaule.


    | Excuses moi, je sais que c'est pas le moment, que c'est pas le moment mais... J'ai très envie de toi. Depuis qu'on s'embrasse. J'avais oublié à quel point ça pouvait me manquer. Mais maintenant qu'on peut se poser deux trois nuits, j'ai envie de profiter de toi. On n'a eu que de trop rares moments pour nous. Je sais que t'es pas prête. Mais quand t'en auras envie aussi... J'aimerais beaucoup qu'on refasse l'amour. |


    La formulation était maladroite, presque naïve et imbécile. Mais il fallait dire que nous avions promis d'être honnetes l'un envers l'autre. Et après tout, nous venions de traverser six mois d'enfer sur terre, sans parler d'un divorce à l'état préliminaire avant ça. Je ne pouvais pas juste lui sauter dessus.
Revenir en haut Aller en bas

Anonymous

Invité
Invité



The Road - Solveig & Philippe Empty
MessageSujet: Re: The Road - Solveig & Philippe The Road - Solveig & Philippe Icon_minitimeMer 23 Jan - 0:07



The Road


J’étais rassurée que Philippe soit d’accord avec mes conditions si nous devions rejoindre un groupe. Il était mon allié, mon compagnon et il était important à mes yeux qu’il approuve et qu’il soit d’accord avec ce que je voulais. S’il y accédait lui, il ne laisserait personne m’obliger au contraire. C’était pour cela que j’avais insisté. Il avait la carrure et assez de charisme pour ne pas laisser d’autres nous dicter quoi faire. Je lui faisais confiance, complètement je veux dire. J’avais foi en ses paroles si bien que cela comptait beaucoup pour moi qu’il ne s’attente pas à ce que je suis juste une « bobonne ». Il me rappela qu’il avait fait la promesse qu’il ne laisserait plus personne s’en prendre à moi. C’était vrai que je l’avais un peu zappé vu que lorsqu’il me l’avait dit, j’étais sous le choc, tremblante de peur, et consciente de m’être bien sortie au vu de la situation. Je rigolais lorsqu’il affirma que ce qu’il cuisinait était infect, parce que… Ce n’était pas faux. Je me souvenais, au tout lorsque nous venions tout juste d’aménager, il avait essayé de faire un gratin dauphinois, mais je ne sais pas ce qui s’était passé, il avait débordé, puis brûlé, si bien qu’il était allé nous chercher un McDo finalement. J’avais beaucoup rie, lui si perfectionniste qui était tout penaud. Les fois d’après, nous avions cuisiné à deux, lui élève assidu qui se lassait très vite pourtant et trouvait toujours un moyen pour se me déconcentrer et s’amuser. Ces moments de rigolades et de complicité me manquaient, et cela depuis qu’il était parti à l’armée en fait. Il n’avait plus le temps pour ses enfantillages. Il n’avait plus le temps pour rien du tout d’ailleurs. Mon sourire s’estompa à cette pensée douloureuse. Je lui fis un signe affirmatif de la tête quand il me dit qu’il faudra que je comprenne qu’il se tienne loin d’eux. C’était finalement ce que j’attendais aussi de lui, qu’il ne se lie pas trop vite avec des inconnus. Je restais assez marquée, et j’avais vraiment peur. J’anticipais le fait de me retrouver avec d’autres survivants, me rassurant en me disant que j’étais avec Philippe, et que je n’avais pas à affronter ça toute seule. Il finit par quelque chose qui me fit sourire tristement, et à laquelle je ne répondais pas. Parce que je n’avais pas de solution, pas de réponse à lui donner. A un moment donné, j’avais pensé à le pousser vers une autre, que l’on soit sur le même pied d’égalité mais je savais qu’il n’aura pas du tout aimé que j’énonce ça…

J’orientais notre conversation vers une autre chose, plus plaisante… Enfin avant que je me rappelle que c’était peut-être une gaffe que je faisais. Je me rattrapais vaguement, me relevant en lui disant que nous avions besoin de sommeil. Il se leva à ma suite, mais vint me plaquer contre lui, et me proposer qu’on fasse ce « petit anniversaire » dans cette baraque que nous nous étions trouvés. J’étais contre l’idée qu’il s’en aille tout seul chercher à manger, mais j’étais touchée par sa proposition. Je n’eus pas le temps de lui répondre qu’il m’embrassa sur l’épaule, très tendrement. Je ne pus m’empêcher de le regarder un peu niaisement, parce que… C’était plus fort que moi. Je l’écoutais parler et cela me fit autant plaisir que… Peur. Oui c’est le mot. Parce qu’au fond de moi, je pensais vraiment avoir besoin d’un peu de temps. Cependant d’un autre côté… Je veux dire, il venait de me toucher, et ce pas vers moi, je ne pouvais pas le repousser. Je ne pu m’empêcher de me dire « si seulement il me l’avait dit plus tôt ». Ne voulant pas lui mentir, je lui dis alors

∞ Moi aussi je veux profiter de ce moment avec toi, surtout si on doit se retrouver avec d’autres… Mais… Je sais pas Phillip, c’est si compliqué en fait. Parce que je t’aime, parce que j’ai envie de toi, vraiment, et ça depuis longtemps déjà… J’ai envie de retrouver notre proximité. Et je m’en veux tellement, tellement d’avoir pour l’instant une image si négative de cet acte. Je les revois la nuit, Eux et Elles. Et quelque fois tu n’arrives pas, et je me retrouve livrée à eux et…

Je m’arrêtais pour reprendre mon souffle et pas me remettre à pleurer. C’était dur d’exprimer tout haut ce que je gardais si enfoui en moi, tant cela me meurtrissait.

∞ Et je suis là, impuissante... Je le ressens poser leurs lèvres sur moi, me toucher comme si j’étais un vulgaire morceau de viande…



Revenir en haut Aller en bas

Anonymous

Invité
Invité



The Road - Solveig & Philippe Empty
MessageSujet: Re: The Road - Solveig & Philippe The Road - Solveig & Philippe Icon_minitimeMer 23 Jan - 14:33

    Je ne pris pas ombrage de comment pu réagir Solveig à mes paroles. Il me semblait clair qu'elle était tout ce qu'il y avait de plus sincère et ça me faisait du bien de la voir rire. Et puis bon, on ne pouvait décemment pas être la personne la plus douée en plus de choses qu'il n'en était prévues à l'origine. Moi, je n'étais jamais bon que dans des choses qui incluaient la souffrance et la mort. C'était triste comme constatation, ce n'était pas la chose la plus joyeuse qu'il m'ait été donné de faire. Mais si je devais être honnête avec ma femme, je me devais aussi de l'être avec moi même. Je n'avais pas le droit de jeter la pierre à Solveig. Je l'enviais beaucoup. Elle était douée dans de nombreux domaines qui n'impliquaient pas la mort ou la souffrance des autres, et même si elle pouvait voir ça à l'occasion comme un défaut, ce n'était absolument pas le cas au final. C'était sa première qualité même. Il convenait bien d'indiquer que je l'enviais beaucoup là dessus. Parfois, j'aimerais moi aussi etre capable de faire d'autres choses... Mais je n'y arrivais pas. Il avait fallu que je le déduise un bon moment avant ; je n'avais aucun talent pour la paix. C'était bête et stupide comme constatation, mais qu'y pouvais je ? L'avantage, c'était que c'était mes talents qui nous avaient en partie permis de survivre jusqu'ici. Savoir reconnaître un terrain, évaluer les menaces, les voies d'accès ou de fuite, la temporalité des nombreux trajets effectués... le tout était plutôt important, sans parler du reste. Adresse au tir, endurance, préparation des avancées... Tout était si important. Mais je ne négligeais pas pour autant les compétences de mon épouse. Savoir bien faire cuire la viande, arranger des plats qui permettaient de tenir la route avec presque trois fois rien, sans parler de l'attention qu'elle portait à notre hygiène de survie... C'était aussi primordial que tout ce que je pouvais nous apporter en règle générale. Je ne savais pas à quoi pensa Solveig juste après, mais rien de plaisant de toute évidence, puisque son sourire se ternit bien vite. Ma petite plaisanterie semblait bien avoir fait long feu. Mon sourire s'écorna à son tour, alors que je me rendais compte que je pouvais toujours aussi facilement blesser mon épouse. J'écoutais alors ce qu'elle avait à me dire, alors que presque immédiatement, je la sentis se tendre.


    Cela me tendit à mon tour et me crispa ; j'avais bien peur de comprendre déjà où elle voulait en venir. Envie de moi, de l'amour pour moi. Mais. Parce qu'il y aurait toujours un mais entre nous. Cela me mit en rogne. Pas contre Solveig, mais contre nous même. Nous étions le couple le plus emblématique de tous les rendez vous manqués possible dans une histoire sentimentale. Toujours ce putain de mais qui foutait tout par terre. Comprendre ma femme n'y changeait rien, je ne lui en voulais pas, mais je ne pouvais pas non plus accepter que mon premier pas soit ainsi repoussé, ou ne tarde pas à l'être en tous cas. Je l'écoutais. Je soupirais doucement, le visage marqué d'un sourire triste.



    | Ces connards nous ont vraiment tout pris. Je m'en veux vraiment de ne pas être arrivé plus tôt. Je m'en veux aussi de ne pas savoir suffisamment te rassurer. Je ne t'en veux pas. Je sais ce que tu as subit, je ne l'ai jamais fait ou subit mais partout où j'ai dû me rendre quand j'étais en service actif, j'ai pu voir chez plein de femmes, voire d'enfants, ce que ça cause chez les victimes. Je n'insisterais pas. Je ne veux pas te forcer la main, que tu te sentes obligée, et que cela ne nous ferme définitivement l'un à l'autre. J'attendrais. On verra bien de toute manière de quoi demain sera fait, inutile de faire des plans sur la comète. |


    Je la quittais pour l'attirer dans la chambre par la main. Lachant sa main, je pris son écuelle et la vidais sur le petit plat sur le réchaud, le rallumant.


    | Il faut qu'on mange un peu, sinon on va continuer de s'affaiblir. Et c'est pas parce qu'on ne fera rien ensemble que ma proposition d'anniversaire tombe à l'eau. Si on perd tout ce qui nous définit, on va vite devenir fous. Manges un peu, Solveig. Ensuite on pourra aller se coucher et profiter d'un vrai lit, ça nous changera de nos nuits précédentes dans ces bagnoles abandonnées. |
Revenir en haut Aller en bas

Anonymous

Invité
Invité



The Road - Solveig & Philippe Empty
MessageSujet: Re: The Road - Solveig & Philippe The Road - Solveig & Philippe Icon_minitimeDim 3 Fév - 1:36



The Road


Philippe se trompait, mais je n'eus pas le temps de lui en faire part. Il m'entrainait déjà dans la chambre ou nous avions installé notre "cuisine". Il me pressa de nouveau de manger, et bien que je n'en avais aucune envie, je fis ce qu'il me dit. Je savais qu'il avait raison, et même si chaque bouchée était douloureuse – comme si mon corps n'était plus habitué à manger autant – je finis la gamelle qu'il m'avait servi, tout comme lui d'ailleurs. Nous avions gardé le silence, moi trop occupée à me concentrer pour ne pas recracher tout mon repas et lui, sans doute pour réfléchir ou pour se culpabiliser. Pour ça, on pouvait dire qu'il était assez doué dans le domaine... Tout comme moi d'ailleurs. Dès que j'eu fini mon "assiette", je bus plusieurs gorgée d'eau d'une des bouteilles que j'avais trouvé dans la maison. J'appréciais de pouvoir me désaltérer à ma soif, et ne pas me rationner comme nous le faisions ces derniers temps. Nous avions là plusieurs packs de bouteille et je voulais en profiter un peu pour être plus en forme. Ces quelques jours de repos qu'il nous accordait étaient les bienvenues. Nous étions, lui comme moi épuisés et à bout de force

∞ Je prends le premier tour de garde, et ce n'est pas négociable. Reposes toi quelques heures, tu en as besoin et ensuite tu prendras mon relai. Ah et s'il te plait, arrête de toujours tout te mettre sur le dos et prendre la responsabilité de tout ce qui arrive. Ce n'est pas toi qui étais mon bourreau. Tu ne l'as jamais été et tu ne le seras jamais. Et si, ta présence me suffit à me rassurer. Seulement, n'oublie pas que lorsque je dors, tu n'es pas à mes côtés, veillant à notre sécurité. C'est lorsque tu n'es plus là que cela revient et pas lorsque tu es là… Intégrer un groupe est d'ailleurs une bonne idée. Car ainsi, nous pourrons être ensemble plus souvent et nous reposer ensembles plus souvent. Tout en prenant garde à ne pas pour autant dépendre des autres et leur faire confiance.


Je me levais, et déposais un baiser sur son front et lui tendis la main pour qu'il se relève

∞ Défais les draps. Il y en a de la literie propre plein les placards, et ensuite tu devrais te débarbouiller un peu. Ca te fera du bien


Je le laissais faire ce que je venais de demander, et m'occupa de trouver du linge de lit propre.
Je sortais une serviette de bain, et un gant que je lançais à mon époux, pour qu'il puisse faire un brin de toilette. Je pris également, dans d'autres tiroirs des vêtements propres. Ce sera un poil trop grand pour lui, mais au moins, il n'aura plus besoin de porter des habits poisseux. Je lui donnais également, puis m'occupa de refaire rapidement le lit. Pour une fois que nous pouvions dormir dans un bon lit, autant se faire plaisir jusqu'au bout. Il revenu au moment où je finissais de border ce dernier. Je lui fis un sourire et lui dis

∞ Reposes toi quelques heures. Je vais monter la garde. J'ai d'ailleurs de quoi me tenir éveiller ! Regardes ce que j'ai trouvé !


Je me déplaçais jusqu'à la table de chevet, et sorti un livre s'appelant "The Zombie Survival Guide" écrit par Max Brooks

∞ Je crois que l'on ne peut pas faire mieux comme lecture instructive. Allez dépêches toi de te mettre au lit


Je vins jusqu'à lui et déposa un baiser tendre sur ses lèvres avant de me blottir contre lui. Puis je lui souhaitais une bonne nuit, pris une chaise que je posais sur le palier, puis une seconde sur laquelle je posais deux bougie. Juste assez pour m'éclairer, mais pas assez pour attirer des zombis. Je poussais légèrement la porte derrière moi, et gardant une arme à portée de main, j'entamais la lecture du bouquin que j'avais trouvé, faisant plus attention aux bruits aux alentours qu'à la lecture en elle-même d'ailleurs. Je guettais le moindre signe anormal, complètement sur le qui-vive…


Revenir en haut Aller en bas

Anonymous

Invité
Invité



The Road - Solveig & Philippe Empty
MessageSujet: Re: The Road - Solveig & Philippe The Road - Solveig & Philippe Icon_minitimeDim 3 Fév - 20:43

    Je savais bien que les choses étaient compliquées et dures à vivre pour tous les deux. Il n'y avait en aucune façon le moyen d'échapper aux démons qui nous pourchassaient depuis longtemps maintenant ; nous n'étions jamais très éloignés de notre point de rupture, et nous devions également faire très attention au moindre geste et à la plus petite parole. Il me semblait que j'avais réussit à gagner un peu en confiance vis à vis de ma relation avec Solveig. Certes, ce soir encore nous avions plusieurs fois frôlé la catastrophe. Plusieurs fois, nous en avions été réduits à nous disputer, à être à deux doigts de craquer. Mais j'avais enfin réussit à me montrer plus fort que d'ordinaire, et j'avais aussi réussit à prendre sur moi pour éviter que cette succession de petites crises ne dégénère tout à fait. J'avais vu mes avances repoussées ; je ressentais le besoin pressant, la pulsion irrésistible, de faire l'amour à ma femme. J'avais envie d'elle, et ce désir traduisait toute la tension que je ressentais, toute l'horreur que nous avions vécue, et le paradis que je n'avais su atteindre pour m'éloigner de l'horrible réalité quotidienne. Tant pis. L'important, c'était que malgré tout nous avions pu sauvegarder cette nouvelle cohésion dans notre couple, cet élan salvateur qui nous avait rapprochés ce soir. Au diable le désir charnel ; cela faisait bien longtemps de toute manière que je n'avais plus l'habitude de la proximité du corps d'une femme, et pas plus de celui de la mienne. Je gardais le silence et le regard perdu dans les petites flammes du réchaud alors que Solveig mangeait difficilement le contenu de son écuelle. Au moins reprenait elle des forces... J'écoutais ses paroles. Entendre ma femme dire qu'elle prenait le premier tour de garde était très étrange. Cette femme assez menue, très belle et toujours assez soignée malgré les circonstances, qui savait pertinemment ce qui l'attendait ; devoir veiller, la peur au ventre, et peut être tuer des horreurs qui en auraient après nous. Ca avait un côté déroutant, terrifiant, mais aussi terriblement sensuel. J'aimais cette « nouvelle » femme, plus fragile et plus forte, cette guerrière et cette survivante de première. J'hochais la tête à ses paroles, formulant silencieusement mon acquiescement, savourant son baiser et prenant sa main pour me relever.


    Je la laissais seule un instant pour changer les draps du lit, tandis que j'allais dans la salle de bain. Tournant le robinet, je constatais qu'il n'y avait plus d'eau. Ce n'était pas une surprise ; il n'y avait plus d'électricité, donc les pompes ne devaient plus fonctionner non plus. Logique. Et personne dans cette maison n'avait pu laisser couler l'eau dans la baignoire au début de la crise, pour en conserver un maximum. Débouchant une bouteille d'eau que nous avions trouvée, j'économisais son contenu, me lavant intégralement au gant de toilettes. Dans la faible lumière de la pièce, je constatais le tribut de notre périple sur mon corps. J'étais contusionné et griffé à un grand nombre d'endroits, sale à d'autres. Je me lavais, passant le gant humide sur chaque parcelle de ma peau. Cela me prit un petit moment, et lorsque j'eus terminé, je me rhabillais avec les nouveaux vêtements. Avoir un caleçon propre faisait du bien, sans parler de chaussettes sèches. Le pantalon que j'enfilais était en tissu épais, pratique pour marcher, et j'enfilais un T-shirt et un pull noir par dessus. J'allais me coucher, mais tout habillé. Je n'avais juste pas gardé mes effets « militaires » de prise ; la veste camouflée et les cartouchières prises sur un mort. Quand je revenais, Solveig me sourit et je répondais à son chaste baiser et à son étreinte.



    | Je compte sur toi pour m'en faire un résumé. Merci, beauté, je vais essayer de dormir un peu, et après ce sera ton tour. |


    L'embrassant une dernière fois, j'allais me mettre sous la couette dans le lit. Je n'étais pas en sécurité, désarmé et pas totalement habillé, et mettant en jeu la sécurité de ma propre femme. Pourtant, la fatigue eut vite raison de moi... Et ne me réveillais quelques heures plus tard, peu avant l'aube qu'on voyait déjà pointer à l'horizon. Grommelant dans ma barbe et me maudissant moi même, je me redressais immédiatement, plus serein, détendu et dispo que jamais en au moins deux mois. Je me levais et allais voir Solveig. Poussant doucement la porte de la chambre pour ne pas l'effrayer, je vins vers elle et la prit dans mes bras, la massant délicatement pour ne pas réveiller chez elle ses peurs de contacts physiques, pour finir par l'embrasser sur le cuir chevelu


    | Je suis tombé comme une masse, t'aurais dû me réveiller ! Tu dois être morte de fatigue. Tu vas aller te coucher, et tout de suite. Je vais prendre le relais, et si les choses sont suffisamment calmes dans la rue, je pourrais partir en reconnaissance à ton réveil. Viens par là toi, je vais pas te laisser le choix. |


    Je l'attirais contre moi, pour la prendre par surprise et la porter dans mes bras. Enfouissant ma tête dans le creux de son cou, je la chatouillais doucement avec ma barbe, la couvrant de baisers avant de la déposer dans le lit. Là, je restais immobile un instant, la belle toujours dans mes bras mais allongée.


    | Je t'aime, chérie. |
Revenir en haut Aller en bas

Anonymous

Invité
Invité



The Road - Solveig & Philippe Empty
MessageSujet: Re: The Road - Solveig & Philippe The Road - Solveig & Philippe Icon_minitimeMer 8 Mai - 17:34

Sujets inactifs, déplacés dans la corbeille.
Vous pouvez toujours me contacter, je supprimerais mon message et replacerais le sujet où il étais. bril
Revenir en haut Aller en bas


Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé



The Road - Solveig & Philippe Empty
MessageSujet: Re: The Road - Solveig & Philippe The Road - Solveig & Philippe Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas

The Road - Solveig & Philippe

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Sujets similaires

-
» On the road -- Faith
» Last road to hell
» [Flashback] A little way down the road - Jimmy & Naël
» On that open road (PV Riley) - [hot]
» DowN thE roAd lOst ...(flashback)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
BORN TO BE A WALKER :: ARE YOU ALIVE ? :: CEMETERY :: ARCHIVES DES RPS :: RPS NON FINIS-