L’humidité, l’obscurité, cette sensation constante d’être oppressée. Alexie ne peut rester ici plus longtemps, enfermée comme un animal pour ne pas correspondre à ce nouveau moule social que ce type qu’elle ne connait de nulle part, à instaurer. Qui était-il pour les enlever Erin et elle ? Qui était-il pour juger si elle avait le « droit » de rester, de se promener librement dans ce village qu’elle ne demande qu’à quitter ?
Personne. Il n’était personne. Et elle préfère crever que de rester cloitrer dans cette cellule moisie à être tester constamment pour voir si elle était toujours jugée dangereuse pour eux tous. Si certains veulent rester ici, dans un nouveau train train factice, grand bien leur face. Mais elle refuse à ce qu’on lui impose leur rythme de vie, leur façon de vivre tout court. Elle veut sa liberté, peu importe de quelle manière elle la récupèrera.

C’est ce qui l’amène ce soir à fuir en trompant la vigilance d’un garde un peu trop endormi, un peu trop à côté de la plaque. Alexie songe un instant à récupérer ses affaires mais force est de constater qu’elle ne connait RIEN de cet endroit, n’en connait pas les lieux, les quartiers et surtout ne sait rien du lieu où sont stockés les affaires de tous ceux qui, comme elle, se sont retrouvé enfermés. Derrière un mur, la nuit comme accompagnatrice, Alexie réfléchit un instant. Pèse le pour et le contre.
Il serait risqué de s’aventurer pour autre chose que sa fuite. Tout comme il serait risqué de sortir sans son arme. Elle repense au contenu de son sac, à tout ce qu’elle laisse derrière elle de vitale … notamment ses médicaments contre la narcolepsie. Depuis combien de temps n’a-t-elle pas eu accès à son traitement ? Suffisamment pour commencer à lui donner des somnolences à des moments inopportuns. Et son arc dans tout ça ? Son couteau ?
Elle laisse bien trop derrière elle mais si ça doit être le prix pour retrouver sa liberté ?

Son regard se ballade aux alentours, se demandant si elle ne ferait pas mieux d’essayer de voler quelques choses dans une de ces roulottes qu’elle a vu un peu plus loin. Ou tout simplement assommer, voir tuer un garde pour récupérer de quoi se défendre, voler le manteau ou la veste et ainsi fuir le plus vite possible et le plus loin surtout.
Alexie n’a aucun scrupule de laisser Erin derrière elle. Si cette conne ne l’avait pas suivi et ne l’avait pas entrainé à l’opposer de sa route en lui volant ses médocs, elle n’en serait pas là ce soir. Elle aurait dû la tuer dès qu’elle en a eu l’occasion.
Cœur palpitant et mains moites, Alexie se faufilent entre les ombres, décide de trouver un ou une idiote qu’elle pourra détrousser de quelques vivres, vêtements ou tout autre chose qui lui seront utiles. La jeune femme n’a plus vraiment de remord à ce genre de chose, pas lorsque ce monde à la con lui a prit tout ce qu’il y a de plus cher. Elle ne fait que s’adapter à son milieu, son environnement. Chacun sa façon de survivre. Elle est une battante, une guerrière et ça n’allait pas être cet illuminé de Vance et cette saloperie de village qui allait lui passer le collier au cou et la soumettre.

Un bruit la fait sursauter et accélérer le pas. Dents serrés, boule au ventre, l’adrénaline fait parfaitement le job pour la maintenir alerte. Mais pas suffisamment pour éviter le choc qu’elle se prend en pleine gueule et de plein fouet. Elle et son petit gabarit se sentent projeter vers l’arrière pour soudainement être retenu par une poigne ferme. Poigne dont Alexie se dégage aussitôt qu’elle retrouve son assurance et son équilibre bien plantée sur ses deux pieds.

- Est-ce que ça va ?
- Ouais.

Le choc la sonne un peu mais Alexie se redresse rapidement. Elle dégage rapidement ses mèches de cheveux qui lui bloquent la vue et rentrent dans sa bouche et fait face à un visage qu’elle ne connait pas. Comme les 99% des habitants de ce lieu. Le visage d’Alexie se ferme aussitôt, ravalant la panique qui cogne entre ses côtes. Elle hésite une fraction de seconde à lui sauter sur la gorge tout de suite, avant qu’il ne se méfie pour lui éclater le crâne contre les pierres au sol ou tout simplement l’assommer et lui faire les poches. Elle ne sait pas quel genre de punition ils réservent à ceux qui tentent de s’échapper et elle ne tient pas à le savoir.
Bien campée sur ses deux jambes, prête à réagir, Jonhson observe ce type rapidement, le scrute, s’attend au coup bas.

- La rue est pas assez grande pour nous deux on dirait.
- Ou tu n’sais juste pas regarder où tu vas.

La réplique cinglante et amer fuse aussitôt, sans qu’elle ne la retienne. Apprendre à fermer sa gueule, voilà bien une chose qu’elle ne sait pas faire.
Alexie réfléchit, vite et finalement, prend la venue de ce type pour un cadeau du siècle. Elle cherchait un crétin à détrousser et peut-être qu’il se trouvait tout simplement devant elle. Cet idiot ne semble pas savoir qu’elle fait partie de ceux que l’on enferme. C’est peut-être le moment de jouer l’illusion avec des méthodes un peu plus douces pour pouvoir réussir à s’échapper de ce cauchemar.

- Désolée, je suis un peu sur les nerfs et un peu crevée.

S’excuser lui arracherait la gueule si ça n’était pas pour looser celui qui se tient face à elle. Cette fois Alexie lui sort un sourire simple, naturel, pas surjouée. Elle a tout intérêt à jouer la comédie et de façon correcte si elle veut se tirer d’ici sans qu’on ne lui brise la nuque. Le brun face à elle la regarde avec ce sourire qu’elle trouve presque étrange, perdu dans le vague.
La jeune femme regarde autour d’elle, se glissant une main dans ses cheveux blonds pour les ramener en arrière.

- Et je crois que je me suis complètement perdue. Elle affiche un pseudo-stress de celle qui est paumée, qui ne sait plus très bien où elle se trouve. Je suis nouvelle et j’ai encore du mal à me repérer ici. Encore plus le soir.

Elle tente, essaie, voir si ce mensonge dit avec naturel passe ou non. L’instinct de survie lui dicte ses mots, ses gestes, son comportement sans presque de difficulté malgré le stress qui tambourine au creux de son ventre.

- On est où exactement ?