L’après-midi venait de commencer et il fallait le dire : Ryan se faisait vraiment chier. En même temps, ce n’était pas comme si le garage était blindé en ce moment et il n’y avait rien à faire de plus depuis…. Bah depuis la veille déjà en fait. Du coup, Ryan décida de mettre son temps qu’elle décida désormais libre à bon escient.

- Je file deux ou trois heures. Tu peux me couvrir au cas où ? Lança Ryan à son collègue.

Ce dernier accepta rapidement et la texane quitta le garage presque aussitôt. Maintenant, il fallait qu’elle trouve sa femme. Elle savait que Leïla dormait mal depuis qu’elles étaient arrivées ici. Et surtout depuis qu’elles dormaient dans deux caravanes séparées. Même si cela ne faisait que quelques jours, l’iranienne semblait avoir non plus des cernes mais des valises sous les yeux. Et vu comme Ryan connaissait sa femme, encore quelques jours comme ça et Leïla allait finir par imploser. Et potentiellement détruire 3-4 caravanes au passage. Bref, il fallait que sa femme dorme, et cela devenait presque une urgence.

Elle finit par repérer sa femme au niveau de la place publique et un sourire se dessina sur son visage. En quelques pas, Ryan était déjà à côté de son âme sœur, plaçant une main sur son épaule pour faire savoir sa présence.

- Hey chérie ! T’es occupée ?

Demanda-t-elle avec son éternel sourire malicieux avant de se rapprocher un peu plus de sa femme.

- Suis-moi. On va dans ta caravane, murmura-t-elle à l’oreille de Leïla sans même attendre de réponse de l’iranienne.

Et toujours sans attendre la moindre réponse, elle laissa sa main glisser de l’épaule jusqu’au poignet de Leïla pour la tirer derrière elle en direction des caravanes. Oui, tout le monde pense tout de suite en les voyant que Leïla est la plus autoritaire des deux. Et en général, c’est assez vrai. Mais quand Ryan décidait de se montrer autoritaire, il faut dire qu’elle savait parfaitement l’être. Comme elle le montrait une fois de plus à cet instant.

Là encore, il ne fallut que quelques minutes aux deux jeunes femmes avant d’arriver devant la caravane 9C. Et se comportant comme si c’était la sienne, Ryan entra aussitôt à l’intérieur, sa femme toujours derrière elles.

- C’est lequel ton lit ? continua-t-elle sur sa lancée avant de se tourner vers sa femme.

Et en voyant l’expression de sa femme, le sourire de Ryan réapparut sur son visage. Non, sérieusement, Leïla pensait vraiment à ça maintenant ? Dans son état ?

- Non chérie, on ne va pas s’envoyer en l’air pendant que tes colocs sont pas là. T’as encore une cote mal au point et t’as vraiment, vraiment besoin de dormir. Alors ton lit qu’on s’allonge et que t’arrive à t’endormir au moins pour quelques heures.

Mais bien sûr, comme si elle allait la croire. Ryan ne put s’empêcher de rouler des yeux en entendant Leïla dire qu’elle n’avait quasi plus rien. Au bout de 14 ans de relation, la texane connaissait bien sa femme et savait parfaitement que même avec elle, elle se sentait obligée de jouer à la dure à cuire dans pratiquement toutes les circonstances. Sauf que là, Ryan avait été aux premières loges des passages à tabac que l’iranienne avait subi quelques temps plus tôt. Et elle avait aussi soigné sa femme une fois à l’abri, donc elle connaissait parfaitement l’étendue des blessures de sa femme. Et il fallait bien avouer que Ryan était presque tenter d’appuyer sur les côtes blessées de sa femme pour lui rappeler à elle aussi son état.

- Si tu le dis, commença-t-elle en montrant clairement qu’elle n’en croyait pas un mot. Mais dans le doute, on va pas tenter le diable. Même si c’est plutôt tentant.

Acheva Ryan avec un sourire amusé sur le visage. 14 ans de relation et par moment, on se demandait si ce n’était pas plutôt 14 jours vu leur vie sexuelle à ces deux-là. Mais hey, ce n’est pas ça qu’on appelle l’amour, le vrai ? D’ailleurs, le regard de la texane s’attarda légèrement sur les fesses de sa femme le temps que cette dernière se dirige vers son lit pour s’asseoir dessus. Et son sourire s’étira quand elle la vit miner un suicide par balles après avoir dit d’un ton parfaitement ironique qu’elle adorait cet endroit.

- Désolée chérie mais c’était la dernière colo de libre, plaisanta Ryan avant de s’avancer vers le lit de sa femme. Et non, je n’ai repéré aucun micro dans ma caravane, enchaîna-t-elle en ayant parfaitement deviné les craintes de Leïla, avant de s’asseoir à ses pieds. Mais je t’avoue que pour le moment, c’est un peu le cadet de mes soucis ça…. Faut que tu dormes Leïla. Tu vas finir par buter quelqu’un parce qu’il t’a souri en te disant bonjour sinon. Et je doute que ça t’aide à te faire oublier du grand patron.

Bien que Ryan se doutait déjà que se faire oublier de Vance n’était pas vraiment dans les plans de Leïla. A croire qu’il allait falloir qu’elle lui explique tout l’intérêt de la manœuvre en réalité. A se demander parfois laquelle des deux avaient été militaires niveau stratégie. D’ailleurs en parlant de stratégie, Ryan changea légèrement la sienne, prenant une voix un peu plus douce et surtout plus sérieuse pour s’adresser à sa femme.

- Qu’est-ce qu'il se passe Leïla ? C’est tes côtes qui t’empêchent encore de dormir ?

Même pas une plaisanterie sur une des colocataires de l’iranienne qui pouvait ronfler comme un tracteur ou une autre connerie de ce genre. Non, même si Ryan était une grande déconneuse en règle générale, elle savait pourtant se faire sérieuse. Surtout quand cela concernait la santé de sa moitié. Bien qu’elle aurait pu plaisanter un peu sur le fait que Leïla n’arrivait plus à dormir sans elle mais elle n’osa pas. Parce qu’elle connaissait bien la fierté de sa femme. Elle se serait directement braqué si Ryan avait plaisanté là-dessus alors que cela s’avérait vrai. Même après 8 ans de mariage, l’iranienne détestait montrer la moindre de ses faiblesses à la texane. Surtout que cette dernière aurait été mal placée pour ce genre de plaisanterie, ayant du mal à s’endormir sans sentir sa femme à côté d’elle.

Non, Leïla n’est pas du genre à se confier. A qui que ce soit d’ailleurs. Et c’est peut-être une des choses qui ont séduite Ryan chez l’iranienne. Donc non, elle n’est pas du genre à pleurer parce que sa femme ne se confie pas facilement pour tout et rien à elle, même après 8 ans de mariage. Parce que justement, même après tout ce temps, obtenir une petite confession de la part de Leïla reste un trésor de confiance absolue. Et c’est bien pour ça que la texane se met à sourire quand sa moitié lui dit parle de son problème pour dormir quand elle est entourée. Pour ça et parce que Ryan le sait très bien, se rappelant non sans amusement le bordel que Leïla avait foutu quand elles étaient jeunes et que leur bande d’amis de Boston et elles s’étaient retrouvés dans une maison de location pour les vacances d’été. Leïla avait dû dormir avec Ryan et une autre fille avaient dû dormir dans la même chambre et autant dire que les deux autres jeunes femmes avaient parfaitement entendu l’iranienne se tourner et se retourner pendant bien une heure dans son lit chaque soir. Sans parler des réveils en sursaut qu’elle se tapait, réveillant les deux autres en même temps, dès qu’une mouche éternuait.

Se sentir comme un lion en cage, la devise même de Leïla dès que quelqu’un l’empêchait de faire ce qu’elle voulait. Une autre chose qui avait séduite Ryan là aussi. Le côté indépendant et surtout libre de sa femme. Même si elle n’avait pas toujours été libre sur tout mais ceci était une autre histoire. Et puis, tenter de la rassurer en lui disant qu’elle aussi avait l’impression d’être en tôle ne marcherait sans doute pas.

- Oui, comme tu as dit chérie. Il faut d’abord trouver la clé de la cage. Et on sait très bien toutes les deux que ça peut prendre du temps… Je sais que ce n’est pas ce que t’as envie d’entendre amour mais… Il va malheureusement falloir être patiente si on veut sortir de cet endroit. Être patiente et serrer les dents en attendant de trouver cette foutue clé.

Deux choses pour lesquelles Ryan était nettement plus douée que Leïla, à n’en pas douter. Mais pourtant, il allait falloir que l’iranienne arrive à prendre sur elle si elles voulaient sortir de là sans trop de risque. Mais cette idée fut vite balayée de l’esprit de la texane quand elle entendit le murmure de sa femme. Oh oui, elle l’avait parfaitement entendu et le sourire malicieux qui prit place sur son visage le prouvait bien.

- Je dois bien avouer que… commença-t-elle en se reculant un peu plus sur le lit avant de basculer vers sa femme pour s’allonger à côté d’elle. Il y a quelques trucs qui me manquent à moi aussi, acheva-t-elle d’une voix plus basse, toujours avec son sourire malicieux et en adressant à sa femme ce regard qu’elle seule recevait de la part de Ryan.

Profitant de cette proximité avec sa femme, et du fait d’être enfin un peu seules, la texane se permit de poser une main sur celle de Leïla avant d’entrecroiser leurs doigts. Elle n’avait pas forcément besoin de plus pour le coup. Juste d’un contact de plus de quelques secondes avec sa moitié, histoire d’aller un peu mieux elle aussi. Elle resta quelques secondes comme ça, sans rien dire et regardant simplement sa femme. Puis, elle finit par se tourner sur le côté, face à Leïla, et à s’accouder sur un bras avant de reprendre d’un ton bien plus plaisantin.

- Et si on profitait du fait qu’il n’y ait personne autour pour faire comme si j’étais ton doudou ? Tant que je suis là et qu’on est seule, tu devrais essayer de dormir un peu Leïla. Je te sens presque à bout là, et c’est pas spécialement bon pour toi.

Et oui, la plaisanterie n’a pas duré longtemps. Mais Ryan n’est pas du genre à plaisanter sur la santé de sa femme et ça, tout le monde le sait parfaitement.

Et bien sûr, sans la moindre surprise, la seule réponse que Ryan eut de sa femme lorsqu’elle lui dit d’être patiente fut son regard de "le monde entier m’emmerde !". Oui, on ne vous a pas dit ? En plus de son diplôme du MIT, Ryan a aussi un diplôme en "savoir décrypter les expressions de Leïla". 21 ans d’expérience dans ce domaine… Bon, avec 4 ans de pause certes mais ceci reste un détail vu la longueur non ? Mais peu importe, la texane sait décrypter sa femme là où d’autres non et c’est le principal.

Le sourire de Ryan s’étira légèrement quand elle vit l’iranienne secouer la tête suite à sa réponse, alors qu’elle était en train de s’installer à côté d’elle. Elle se doutait bien qu’une seule phrase de plus de sa part à ce sujet et sa moitié lui sauterait dessus pour une sieste tout sauf calme. Mais ce n’était clairement pas le plus prudent vu l’état de Leïla. Même si oui, elle n’était pas la seule en manque… Mais l’avouer maintenant n’aiderait absolument pas l’iranienne. Juste pouvoir s’installer quelques instants à côté d’elle, seules, suffisait pour le moment à ne pas craquer. Et visiblement, c’était aussi le cas pour Leïla. Mais quand il fut question de servir de doudou, Ryan ne put retenir un léger rire en entendant la réponse de sa femme.

- Et bien je m’excuse madame Khan-Ewans mais j’ai oublié ton vrai doudou chez mes parents, commença la texane, toujours avec son sourire aux lèvres avant de voir le regard interrogatif de Leïla. Mon maillot de hockey, précisa-t-elle. Et ne me dit pas que c’est pas vrai, je te rappelle que je t’ai vu dormir avec plusieurs fois déjà !... Et qu’il te rend définitivement beaucoup plus sexy que sur moi.

L’aguicha encore une dernière fois Ryan avant de se mettre à rire légèrement. Ah ce maillot de hockey… Elle parlait de celui de l’équipe du MIT, ayant été membre de l’équipe B de hockey sur glace féminin de l’université dès sa première année là-bas. La première fois que Leïla l’avait vu avec ce maillot, elle venait tout juste d’arriver à Boston pour une de ses permissions, quelques mois après leur première rencontre, et Ryan était déjà sur la glace pour son match à ce moment-là. Merci Billy pour avoir amené Leïla la voir jouer… Mais bref. Le match fini et Ryan venant à peine de rejoindre la bande d’amis, toujours avec son maillot sur le dos, l’iranienne n’avait pu retenir un commentaire sur le fait que c’était bizarre de la voir comme ça. Commentaire auquel la texane avait aussitôt répondu en flirtant, en proposant notamment à Leïla de le lui donner pour en faire son doudou si l’iranienne le demandait gentiment. Pas besoin de vous dire que la réponse de Leïla à cette époque avait été un grognement d’agacement avant de tourner les talons pour rejoindre les autres… Mais bon, son discours changea du tout au tout plusieurs années plus tard, quand Ryan et elles venaient de se retrouver à Houston. Elles n’étaient ensemble officiellement que depuis une semaine, ou peut-être deux, quand l’iranienne retomba sur ce maillot, que Ryan avait bien sûr conservé dans son armoire, et l’avait enfilé sans un mot pour dormir chez la texane alors que ce n’était pas prévu au départ. Et là encore, pas besoin de vous dire que la plus âgée des deux s’en était donné à cœur joie concernant les réflexions. La preuve vue qu’aujourd’hui encore elle en faisait une.

Le regard plongé dans celui de sa moitié, gardant le silence, Ryan profitait simplement de l’instant. Et toujours accoudée sur un bras, se tenant la tête avec la main de ce même bras, elle observa en silence Leïla commencer à fermer les yeux une première fois, l’espace de quelques secondes. Mais de quelques secondes seulement, l’iranienne les rouvrant brusquement avant de commencer à parler de ses projets explosifs à la texane. Ce qui bien sûr eu le don de faire sourire cette dernière, amusée. Oui, décidemment, Leïla allait avoir du mal à serrer les dents ici.

- Tu sais chérie ? Je sais que tu es une bombe mais… Si on évitait de parler de ce genre de chose maintenant, hmm ? Tu es mieux placée que moi pour savoir que t’as besoin d’être en pleine forme pour ce genre de plan. Et donc que t’as besoin de dormir avant.

Répondit simplement Ryan, d’une voix assez basse et calme, alors qu’elle prenait déjà la liberté d’entremêler une de ses jambes à celle de Leïla. Histoire de renforcer un peu plus le contact entre elles, comme si elle cherchait à calmer sa moitié grâce à ça, à la faire se détendre pour qu’elle puisse dormir. Est-ce que c’était ça ou le fait d’avoir parlé de ses plans détonnants qui faisait sourire Leïla ? Aucune idée, mais le principal était que la jeune femme ferme de nouveau les yeux. Un léger sourire se dessina sur le visage de Ryan en remarquant que l’iranienne gardait les yeux fermés plus longtemps que la dernière fois. Même si encore une fois, elle finit par les rouvrir, son regard se fixant presque immédiatement dans celui de la texane.

- Dors Leïla, reprit-elle d’une voix toujours aussi calme et basse. Je suis là, je bouge pas. Et je serais toujours là à ton réveil.

Et comme pour celer cette promesse dite à demi-mot, Ryan bougea légèrement pour aller poser un simple baiser sur le front de Leïla avant de se réinstaller comme quelques secondes avant.

C’est sans surprise que Ryan voit Leïla soupirer lorsqu’il est question de son maillot de hockey. Elle aime charrier sa femme avec ça, c’est vrai. Mais aussi et surtout parce qu’elle sait parfaitement que cette dernière va réagir à ce genre de réflexion. Mais il faut avouer que la réponse de l’iranienne la fait encore un peu plus sourire.

- Je vous trouve bien prétentieuse Madame Khan-Ewans, plaisanta à son tour la texane. Quoi qu’il faut avouer qu’en uniforme…

Non, il fallait vraiment qu’elle arrête d’essayer de chauffer Leïla alors qu’elle voulait que cette dernière dorme. Même si au final, faire un peu de sport de chambre pourrait aider l’iranienne à rejoindre le pays des songes non ? Non Ryan ! Tu vois bien qu’elle s’endort enfin nom de dieu ! Chose qui lui fut confirmer par la petite voix qu’avait Leïla, malgré leur discussion. Cette petite voix qu’elle avait toujours avant de s’endormir.

Et effectivement, quelques secondes plus tard, Leïla était bel et bien endormie. En constatant ça, un sourire se dessina rapidement sur le visage de Ryan. Elle dût d’ailleurs s’empêcher de rire quand sa femme grogna dans son sommeil avant de lâcher sa main. A croire qu’elle ne savait s’exprimer qu’en grognant. Enfin, pour quelqu’un d’extérieur en réalité. A moins que ce ne soit les 14 ans auprès d’elle qui permettait à Ryan de décrypter les grognements de sa femme. Elle fut quand même légèrement surprise de voir cette même main qui venait de quitter la sienne saisir soudainement son haut et l’attirer vers elle. Il en fallut de peu que Ryan ne s’écrase pas sur Leïla après ça. Chose qui rendit encore plus difficile le fait de ne pas exploser de rire pour la texane une fois de nouveau "stable".

La plus âgée des deux profita d’ailleurs du sommeil de l’autre pour simplement l’observer en silence. L’observer et penser aussi. Beaucoup trop penser même sans doute se dit-elle en replaçant presque machinalement une mèche de Leïla derrière son oreille. Ne pas se voir de la journée, elles avaient l’habitude. Chacune au boulot, chacune occupée à faire son truc dans son coin. Mais ne pas se retrouver le soir, ne plus avoir de contact de plus de quelques minutes, ne plus dormir ensemble… Même si Ryan ne disant trop rien ou alors en plaisantant de la situation, elle aussi avait du mal avec ça. Mais elle semblait le gérer un peu mieux que Leïla visiblement. Sans doute à cause des 3 ans de frustration qu’elle avait connu lorsqu’elle courait après sa moitié. En tout cas, il fallait vraiment qu’elles trouvent une solution à tout ce ramassis de connerie où l’une des deux allaient finir par péter un plomb. Et si Leïla était une spécialiste des explosifs, il ne fallait pas sous-estimer Ryan pour autant. Quoi que si en fait, continuez de la sous-estimer. C’est ce qui fait sa plus grande force après tout. "Trouver la clé" comme disait Leïla, c’était sur ça qu’elles devaient se concentrer.

Toujours plongée dans ses propres pensées, le regard posé sur le visage de sa femme, Ryan revint pourtant un peu sur terre quand elle vit Leïla commencer à s’agiter un peu dans son sommeil. Et avant qu’elle ne puisse faire quoi que ce soit, elle entendit sa femme dire son prénom entre ses dents et finir par se réveiller en sursaut.

- Ca va ?

En guise de réponse, elle eut le droit à un tapotement sur l’épaule accompagné d’un commentaire sans doute en lien avec le rêve que venait de faire l’iranienne. Même si cette réponse eut le don de la faire de nouveau sourire. Oui, Ryan sourit très facilement quand il est question de sa femme, et alors ? Un problème ? Bande de jaloux, va. Si Leïla était partie longtemps ? En voilà une bonne question. La texane se contenta alors de hausser les épaules.

- Aucune idée. Peut-être une heure. Une heure et demi max sans doute… Ca t’as fait du bien au moins ?

Ryan nota facilement l’hésitation de Leïla au moment de répondre. Logique après tout vu que cette hésitation était assez marquée. La texane en déduit facilement que même si ça allait un peu mieux, ce n’était pas encore ce que l’iranienne attendait. Sans doute à cause de la situation plus que du sommeil en lui-même. Mais cela n’empêcha pas Ryan de lui sourire légèrement.

- Tant mieux dans ce cas.

Même si elle savait très bien que cela ne suffirait sans doute pas pour que Leïla tienne longtemps. Encore une fois, la texane se dit qu’il fallait vraiment qu’elles trouvent une solution rapidement si elles ne voulaient pas que la situation empire avec l’une d’entre elles en isolement. Voir peut-être même les deux en fait. Mais l’ancienne mécatronicienne oublia bien vite ça en entendant le nouveau commentaire de sa femme. Elle se mit même à rire en l’entendant dire que c’était flippant. Oui, on vous avait prévenu que leur relation était un peu… particulière dirons-nous. Là où une autre aurait sans doute été vexée par les paroles de Leïla ou l’aurait très mal pris, parce qu’au premier degré, cela faisait rire Ryan. Vous n’avez toujours pas compris que ce genre de commentaire était une façon pour l’iranienne de dire que c’était mignon ? Alors habituez-vous y vite parce que sinon, vous n’allez jamais comprendre le mariage de ces deux femmes.

- J’avoue que je me suis aussi dit pendant tout ce temps que le spectacle aurait été plus agréable si tu avais été nue, plaisanta-t-elle non sans un haussement de sourcil bien significatif, avant de se faire un peu plus sérieuse. Tu me connais non ? J’en ai surtout profité pour réfléchir un peu à tout et n’importe quoi.

A croire que ce nouveau flirt de la part de la texane suffit à provoquer un déclic chez Leïla. Parce que voilà qu’elle commence à se redresser assez soudainement en disant qu’il fallait qu’elle bouge. Se retrouvant légèrement en-dessous de sa femme, Ryan ne put s’empêcher de lui adresser un regard et un sourire qui étaient, l’un comme l’autre, réservés à Leïla. Ce regard qui veut tout dire entre elles. Parce que là, clairement, dans cette position, il est plus que difficile pour la texane de ne pas se faire des idées absolument pas catholiques. Ce que semble vite comprendre l’iranienne vu son geste. Ah parce qu’elle croit vraiment que Ryan va la laisser faire comme ça ?

Ni une ni deux, la texane se saisit tout aussi énergiquement du poignet de sa femme, le tordant juste ce qu’il faut pour qu’elle lâche prise et la force à se rallonger, se redressant à son tour pour inverser les positions des deux. Oui, Ryan a plus de force qu’on ne peut le penser, encore un point sur lequel les gens ont tendance à la sous-estimer. Mais demandez à Leïla ce qu’elle en pense et elle vous dira elle aussi que la texane n’est pas juste une brindille qui a besoin d’elle pour soulever un carton. Mais bref, pour en revenir à la situation, et profitant d’avoir encore l’avantage, Ryan, tenant toujours le poignet de sa femme, fit en sorte de le bloquer contre le matelas, un peu dessus de la tête de Leïla.

- Est-ce que j’ai l’air d’avoir envie de te voir bouger ?

Demanda la texane d’un ton assez autoritaire, mais qui contrastait complètement avec le sourire amusé et même légèrement aguicheur qu’elle affichait sur son visage.

Avant même que Leïla ne dise le moindre mot pour répondre à sa question, Ryan vit la petite étincelle dans les yeux de sa femme qui s’allumait dans ce genre de situation. Celle qui faisait un peu plus s’élargir le sourire de la texane alors que l’iranienne était bel et bien en train de confirmer la tournure qu’allait prendre cette petite sieste improvisée. De vraies ados en pleine pubertés ces deux-là par moment. Mais bon, vous en connaissez beaucoup des couples qui se comportent toujours comme s’ils étaient ensemble depuis un ou deux mois alors qu’is sont ensemble depuis 14 ans ? Bah maintenant, oui.

Ryan commença à ouvrir la bouche, sur le point de balancer une nouvelle réplique faussement autoritaire, quand elle sentit Leïla l’éjecter du lit. Décidemment, l’iranienne avait vraiment un truc avec le fait de virer la texane des lits… Quoi qu’il en soit, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, Ryan se retrouva le dos plaqué contre la porte de mini salle d’eau de la caravane. La bouche toujours ouverte, elle laissa à peine échapper un petit gémissement, de surprise au choc plus que de douleur. Elle en avait vu d’autres avec Leïla après tout. Et puis soyons honnêtes : sa femme aurait été en pleine forme, la porte serait sans doute déjà pétée, d’une façon ou d’une autre. Reprenant sa respiration, Ryan sentit pourtant la main de sa femme remonter sur son cou alors que son visage n’était plus qu’à quelques centimètres du sien. Mais son sourire réapparut pourtant en entendant Leïla lui dire qu’elle était foutue, une lueur différente dans le regard de la texane faisant également son apparition.

- Ah oui ?

Et imitant sa femme quelques instants auparavant, Ryan ne lui laissa pas le temps de répondre. A peine sa question finit, elle appuya avec deux doigts sur les côtes encore blessées de Leïla. Oui, c’est pute, elle avoue. Mais hey, c’est comme ça qu’elles s’aiment non ? Ryan en profita pour forcer l’iranienne à se reculer, ses doigts appuyant toujours contre les côtes de sa femme, jusqu’à ce que les reins de cette dernière ne heurtent le mini plan de travail juste en face de la porte de la mini-salle d’eau. Et toujours grâce à cette pression, elle obligea presque Leïla à finir par s’asseoir sur ce plan de travail, lui faisant voiler les stores en lamelle de la petite fenêtre juste derrière elle.

- Et là ? Qui est foutue, Khan ?

Balança Ryan, toujours sur le même ton et avec le même sourire en retirant enfin ses doigts des côtes de Leïla. Mais à peine le contact avec sa femme rompue, elle en initia un nouveau, s’immisçant entre les cuisses de Leïla et attrapant le t-shirt de l’iranienne pour la forcer, assez violemment il est vrai, à le retirer. A peine le bout de tissu passé au-dessus de la tête de Leïla, Ryan l’envoya voler d’un geste de la main quelque part dans la caravane, ne regardant pas vraiment où elle le balançait. Son visage plus qu’à quelques centimètres de celui de l’iranienne, ses mains au niveau des hanches de cette dernière, Ryan gardait encore ce sourire qu’elle n’avait qu’avec et pour la femme de sa vie.

- On voit bien que t’es clairement pas au top de ta forme mon cœur, reprit la texane d’un air assez narquois, cherchant elle aussi à faire enrager sa femme. T’es sûre que tu vas pouvoir suivre le rythme ?

Comme pour répondre à l’ancienne mécatronicienne, l’iranienne tenta une nouvelle attaque mais que Ryan anticipa et surtout, esquiva sans le moindre souci. Ce qui ne fit qu’élargir encore un peu plus le sourire qu’elle adressait à sa femme.

- On dirait bien que non. Moi qui espérais trouvé une tigresse, je vais devoir me contenter d’un petit chaton,

La nargua une dernière fois Ryan avant de plaquer violemment ses lèvres sur celles de Leïla. Oui, dès leur rencontre, 21 ans plus tôt, la texane avait commencé à comparer Leïla à un tigre à cause de son nom de famille. Mais si ! Khan, Shere Khan…. Le livre de la jungle ? Non, ça ne vous dit rien ? Pfff, bande d’incultes. En tout cas, le surnom et surtout la comparaison étaient restés et pas que dans ce genre de situation. Même si c’était sans doute dans ce genre de moment ou quand Ryan draguait lourdement sa femme qu’ils ressortaient le plus souvent, il faut bien l’avouer.

Bien sûr qu’il ne fallut pas longtemps à Leïla pour répliquer à la dernière attaque de Ryan. La texane ne sentit que trop bien les dents de sa femme mordre violemment sa lèvre. Et sans qu’elle ne puisse se contrôler, voilà qu’elle avait déjà un mouvement réflexe de recul. Autant vous dire qu’avant même que ça n’arrive, la plus âgée des deux femmes savaient déjà que l’iranienne allait en profiter pour reprendre l’avantage. Et effectivement, ça ne loupa pas.

Ryan sentit la moitié droite de son dos heurter la table de la caravane avant qu’elle ne s’écroule sur la banquette juste à côté. Leïla déjà au-dessus d’elle, à dire qu’elle parlait trop, la texane ne put camoufler un léger sourire amusé à cette réflexion. Bien sûr qu’elle parlait trop, elle le savait parfaitement. Tout comme elle savait parfaitement à quel point cela agaçait sa femme et donc l’amusait, elle. Elle n’eut même pas le temps de faire la moindre petite blague là-dessus que Leïla l’embrassait de nouveau. Et commençant tant bien que mal à essayer de la déshabiller. Mais bien moins violemment que d’habitude, ce qui fit comprendre à Ryan qu’elle avait toujours bel et bien mal à ses côtes. Ok, peut-être qu’elle aurait dû éviter d’appuyer dessus avec ses doigts pour le coup si sa femme souffrait toujours autant de sa blessure. Eviter les côtes, c’est noté. Malgré cette note mentale pour elle-même, elle profita de la galère de Leïla pour se redresser légèrement et même se détacher des lèvres de sa femme, arborant déjà ce petit sourire en coin qu’elle n’adressait qu’à elle.

- Bah alors mon cœur ? On a besoin d’aide ?

Oui, ne pas appuyer sur les côtes de Leïla ne voulait pas dire arrêter de la narguer. Hey, vous croyez avoir à faire à qui là exactement ? Histoire de se faire un poil coopérative, Ryan retira d’un mouvement rapide son haut avant de joindre de nouveau ses lèvres à celles de Leïla. Elle accepta même de se rallonger sans lutter sur la banquette. Mais ses mains se retrouvèrent presque aussi vite sur les attaches du soutien-gorge. Bah quoi ? C’est pas comme si elle venait de l’ouvrir… Ah si ! ….Oh, on s’en fout, elles sont mariées, elles font ce qu’elles veulent. Enfin, même si cela sembla surprendre Leïla qui se redressait déjà à moitié.

- Quoi ? Tu t’attendais vraiment à ce que je reste sage ?

Balança Ryan à sa femme, toujours avec son sourire amusé en coin, et en se redressant déjà. Mais pas pour embrasser de nouveau sa femme cette fois-ci. Plutôt pour planter ses dents dans la jointure entre l’épaule et le cou de Leïla en fait. Dans le même temps, et d’un geste qui montrait à la fois la dextérité et l’expérience, Ryan déboutonna à son tour le pantalon de l’iranienne et ne perdit pas de temps avant de plonger sa main dedans. Et elle ne fut pas étonnée le moins de monde de sentir sa femme déjà trempée. Quand on vous disait que c’était leurs préliminaires ce genre de violence entre elles

Et voilà ! Elle ne pouvait même plus mordre sa femme sans que cette dernière ne la repousse violemment. Bon, d’accord, elle avait un peu serré. Mais en tant normal, Leïla ne s’en plaignait pas plus que ça…



Pas besoin de vous faire un dessin de la suite je pense. Quoi qu’il en soit, cela faisait du bien de pouvoir relâcher un peu la pression après les deux kidnappings coup sur coup. Et encore plus de le faire avec sa femme et de cette façon, soyons honnêtes. Le calme étant revenu entre elles, Ryan se permit de plaisanter de nouveau, bien que reprenant toujours sa respiration en même temps.

- En effet, on dirait que dormir un peu t’as fait du bien.

Ça, l’iranienne venait de bien le montrer. Même si d’un autre côté, ces deux couillonnes venaient sans doute de lui vider le peu de force qu’elle avait repris avec sa petite sieste. Réflexion qui fit d’ailleurs pousser un soupir à la texane. Décidemment, il fallait vraiment qu’elles trouvent un moyen de se calmer un peu là-dessus. On pourrait croire que 14 ans de vie commune aurait suffit pour ça mais non ! Bien sûr que non, sinon, ce n’était pas drôle.

- Amour ? reprit Ryan, un peu plus sérieuse et d’une voix un peu plus basse. Si t’as l’intention de t’endormir de nouveau là, sur moi, on pourrait bouger avant s’te plait ? Non pas que j’suis contre l’idée que tu t’endorme mais là, j’suis juste super mal installée.

Acheva-t-elle avec un léger sourire, même si c’était vrai. Elle commençait déjà à avoir mal au dos, allongée qu’en partie sur cette minuscule banquette de caravane. Après tout, elle était plus grande que Leïla – de 15 centimètres mais chut, ne vexez pas l’iranienne – et si cette dernière aurait peut-être pu dormir là, c’était plus compliqué pour Ryan et son mètre 75.

Le dos à moitié sur cette banquette pourrie et l’autre dans le vide, les fesses à peine posés sur le rebord et les jambes commençant à fatiguer de servir de maintient plus que précaire à l’équilibre de Ryan, oui, cette dernière se permet de demander à changer d’endroit pour s’installer. Non parce que là, ce n’est plus qu’une question de minutes avant qu’elle ne tienne plus, bascule d’un côté ou de l’autre de la banquette et se fasse mal dans l’action. Sans parler du fait qu’elle allait embarquer Leïla dans sa chute. Alors déjà qu’elle a des côtes encore fragiles – chose qu’elles n’ont sans doute pas arranger d’ailleurs – donc autant éviter d’empirer encore un peu plus la situation non ? Mais bien sûr, l’iranienne ne peut pas s’empêcher de faire un commentaire sur le fait que Ryan râle toujours.

- Et c’est elle qui dit ça…

Lui répond-elle, avec un sourire amusé et en adressant un clin d’œil complice à sa femme, qui commence déjà à lui tendre la main pour l’aider à se relever. Non parce que honnêtement, la plus râleuse des deux reste quand même Leïla, la texane étant plutôt du genre à pratiquement toujours trouver un point positif dans n’importe quelle situation… Quoi qu’il en soit, en quelques secondes Leïla les entraîne sur son lit. Et il ne faut pas longtemps pour que les deux femmes se lancent dans un deuxième round. Un peu moins agressif celui-ci mais peu importe.

Profitant du calme une fois ce round fini, l’une contre l’autre, Leïla commence à parler d’imposer ce genre de pause. Ce qui ne manque pas de faire rire Ryan.

- Pas sûr que Monseigneur Balai-dans-le-cul soit d’accord avec ce genre de pause.

Explique la texane pour justifier son rire. Bon, d’accord, il était de notoriété publique que Vance se tapait un autre mec, le responsable de la sécurité ou un truc comme ça. Mais il fallait bien avouer que par moment, Ryan se demandait s’il avait vraiment une vie sexuelle avec ce mec ou si c’était juste une couverture pour qu’on lui foute la paix. Parce que pour être aussi... Coincé ? Ouais, allez, coincé, il fallait quand même une raison non ?

- De toute façon, il va falloir que j’y aille. J’avais dit à Fred que je partais que 15 minutes.

Finit-elle par lâcher en revenant à la réalité et en se relevant aussi. Non sans arracher un grognement à Leïla mais bon, elle vient de le dire, il faut qu’elle s’active là. Parce qu’autant faire en sorte de continuer à bien s’entendre avec son collègue non ? Donc même si elle aussi aurait bien envie de rester là pendant des heures, il faut pourtant qu’elle se rhabille pour retourner bosser. Enfin, qu’elle retrouve tous ses vêtements déjà.

- Mais oui, il faudra qu’on s’organise d’autres pauses de ce genre.

Lâche-t-elle quand même avec son petit sourire en coin réservé à Leïla en se tournant vers elle tout en enfilant sa deuxième chaussure. Oui, finalement, l’avantage de ce genre de caravane c’est qu’elles sont assez petites. Donc on retrouve plus facilement ses vêtements. C’est plus rapide du coup pour se rhabiller.

- Allez, je file,finit-elle enfin par dire, revenant vers Leïla pour l’embrasser rapidement une dernière fois. Et toi, essaye de trouver un moyen de dormir sans doudou. T’as passé l’âge maintenant, tu crois pas ?

Un dernier clin d’œil à sa femme et Ryan est déjà sortie de la caravane. Une fois seule, et déjà en train de marcher en direction du garage, elle s’autorise à pousser un soupir. Il faut clairement qu’elles trouvent un moyen d’améliorer leur situation voir de s’enfuir d’ici si les habitants d’Ellia ne veulent pas qu’elles finissent par foutre le feu…