Malgré la fin du monde, malgré tout cette merde de morts, de bouffeurs, de pertes, de sang, d'extinctions... La routine est toujours là ! Elle a le dos robuste celle-là ! Quoi ? Ah parce que pour toi, marcher, trouver à bouffer, se planquer, pioncer, et rebelote, ce n'est pas la routine ? Il t'en faut vraiment peu cher ami. Tu sais que ça ne va pas t'aider le Livre de la Jungle dans ta vie.
Je divague, vague, et ouais, quitte à être con, autant l'être jusqu'au bout !
Cela fait plusieurs jours que je roule sur le bitume, avec un jerrycan d'essence à l'arrière de la bécane.
J'ai encore un peu de temps avant de devoir refaire le plein, si j'y arrive un jour.
Hier, j'avais trouvé un endroit pour la nuit. Je n'avais pas envie de rester plus longtemps à l'extérieur, à chercher autre chose sans doutes en vain. Alors je m'étais installé. J'avais planqué la Harley Davidson derrière le bâtiment, histoire que si jamais quelqu'un passe par là, ne s'y attarde pas.
Je fouillais un peu l'intérieur de ce bâtiment à peine grand pour 5 personnes. C'était surement un truc construit par un type pour y vivre ou quoi, pas de quoi s'affoler. Il y avait un champ à côté, quelqu'un s'était surement établi ici durant un temps, ce qui veut dire qu'il avait préparé l'intérieur pour y vivre, et bingo. En fait, c'était une sorte de maisonnette avec un étage et un grenier surement, mais la trappe est inaccessible.

Au rez-de chaussée, il y a une salle avec une fenêtre comme en Angleterre, qui donnait sur la route et les étendues plates au loin. Le champ se trouve de l'autre côté, derrière le mur de l'escalier à côté de l'entrée.
La cuisine n'était pas rangée, il y avait du fatras un peu partout, des boîtes de conserves par-ci par-là, des paquets de chips, des bouteilles d'eau. Je vérifiais le robinet, il ne marche pas bien entendu. Cela devait sans doutes être pareil pour la salle de bain à l'étage. En parlant d'étage, il y avait juste la salle de bain et deux chambres à l'étage. L'une avait un grand lit pour deux, avec une télé et un bureau, l'autre devait sans doutes être une chambre d'ami. Il y avait un lit assez grand mais une place, quelques commodes par-ci et là, un fauteuil retourné. Pas de rôdeurs ici, surement exterminé ailleurs, car il y a une vieille trace de sang séché par terre, au niveau du fauteuil. Elle semble se diriger vers la porte, après plus rien.
Je ne compte clairement pas m'installer ici, je n'ai rien à faire pousser dans ce champ et disons que j'ai pas encore la main verte, je risque de faire plus de merdes que de bouffe.

Je posais mon sac dans la grande chambre, au pied du lit, et vérifiait un peu si il restait quelques trucs dans les commodes. J'ai trouvé une belle veste d'aviateur noir, sinon pas grand chose, des clous, du scotch, quelques autres outils pour bricoler. Je suis bon bricoleur, mais si j'ai rien à bricoler, cela m'est d'aucune utilité.
Je laissais donc tout ces outils à leur place.
Dans le salon avec la fenêtre anglaise, il y avait un cadre des gens qui habitaient ici. Un couple, dans la trentaine, avec une petite fille avec eux et un chien.
Ils semblaient heureux, vivants...
Mon attention fut attirée par des bruits de frottements au sous-sol.
Je m'y dirige, mais constate que la porte semble bloquée. Je n'avais pas envie de chercher la clé, alors j'ai forcé la porte d'un grand coup de pied.
La sous-sol est vraiment dans un état pitoyable... Il n'y a pas d'électricité, mais heureusement, il y avait plusieurs petites fenêtres au ras du plafond qui faisait passer la lumière.
Je pouvais ainsi voir le rôdeur enfermé dans une espèce de cellule de fortune, menotté à un tuyau.
Je reconnaissais vite fait les habits du rôdeur, c'est l'homme sur la photo du salon. Triste fin pour un homme si joyeux.
Je ne pouvais pas l'achever, il était trop loin de la grille pour le couteau et si je commence à tirer je risque d'attirer un tas de saloperies et j'ai pas envie de bouger.
Je devais donc le laisser là, de toute façon, il n'y a rien d'intéressant au sous-sol.
Je remonte alors et finit par me pieuter quelques heures plus tard dans la grande chambre.

Je me réveille le lendemain, je ne sais pas quelle heure il était. Je laissais le plus gros de mon bardas dans la chambre et sortait en reconnaissance dans les environs, pour voir si il y avait pas un lapin ou un écureuil à bouffer.
Au bout d'un certain moment, je finis par revenir sur mes pas et je vis au loin quelqu'un s'approcher de la porte.
Il donne un coup dedans, cherchant probablement à entrer.
Il va pour entrer, mais au même moment, je pointe mon Colt sur sa nuque, et je provoque un bruit de mon arme, pour lui faire comprendre qu'au moindre faux pas, il serait mort.
Je sens presque le gloussement de sa gorge. Je m'étais faufilé très discrètement derrière lui. Je commence alors à lui poser des questions :
"Qui t'es ? Que crois-tu trouver à l'intérieur ?"
Disais-je, re-provoquant un bruit avec mon arme. J'attendais une réponse claire, rapide, et si il n'était pas capable d'être coopératif, il savait qu'il allait devoir en découdre, et qu'il prendrait cher.
J'ai déjà laissé le choix au hasard, et je me suis retrouvé dans un sacré paquet de merdes. Aujourd'hui, je ne tiens pas à reproduire les mêmes erreurs.
Tuer quelqu'un de sang-froid ne m'effraie plus dorénavant. Il y a encore 3 ans, j'avais des réticences... Mais depuis, j'ai vite compris que seul la loi du plus fort prime aujourd'hui. Personne ne veut coopérer, tous le monde veut se buter. Sauf que moi, je ne me laisserai pas faire, tu ressortiras pas indemne d'un combat avec moi, si jamais par miracle tu survis...
Durant le laps de temps où il répondit à mes questions, j'examinais vite fait son équipement. Il a une arme à feu dans un holster, il est donc bien équipé et doit savoir se débrouiller. Aujourd'hui, un pilleur sans scrupules fait partie des gens équipés et débrouillards... Est-il un de ces salopards, ou a-t-il plus de valeur que ça ?

J'essaye de cerner le type que j'ai en face de moi. A peu près, ma taille. Il mets un peu de temps à répondre, pour finalement dire :
"Simplement un abri."
Pas réellement convaincu, je refais un bruit avec mon pistolet, pressant légèrement sur la nuque du type.
Il reprends alors :
"Ecoute, je vais lâcher mon couteau histoire de te prouver ma bonne foi."
Ce qu'il fait. Je continue de pointer sa tête, juste au cas où. Au moindre coup fourré, de là où je suis, il n'a aucune chance d'en réchapper. Je ne sais pas si il saisissait la situation, mais il avait fait preuve de bonne foi.
"Là, c'est fait. Je n'ai pas d'autre arme hormis ce couteau et celle que tu as dû voir dans mon holster "
Il levait les mains en signe de reddition, malgré ma méfiance, je ne pouvais pas nier qu'il jouait le jeu.
Je mis quelques secondes avant de finalement lui répondre :
"Reprends ton matériel, et rentres."
Dis-je en baissant mon arme et la rengainant dans mon holster.
Une fois à l'intérieur, je referme la porte en ne quittant d'aucun instant ce type des yeux.
"Assis-toi dans le salon, quitte à passer la nuit sous le même toit, autant apprendre à se connaître... Autour d'une bonne bouteille."
Je lui fais signe de déposer ses armes sur une table, et en gage de bonne foi je passe devant lui pour rejoindre la cuisine, et pose mon flingue sur le comptoir.
Je sors d'un placard une bouteille de whisky que j'avais vu hier en farfouillant vite fait.
Je n'avais toujours pas relâché mon ton sombre et distant. Cela fait bien des semaines que je n'ai parlé à personne.
Je pose alors la bouteille sur la table basse et m'assieds dans le canapé devant la fenêtre anglaise.
"C'est quoi ton nom ? Tu viens d'où ?"
Lui dis-je après m'être assis et m'être servit un verre.
On va passer la nuit dans cette bicoque qui n'est plus habité depuis surement quelques temps.
J'espère juste ne pas avoir commis une énième erreur. Si c'est le cas, je n'aurais que mon couteau pour en finir avant qu'il ne choppe son arme.
Dans ma tête, je priais pour ne pas avoir à me battre.
Bon sang, je viens seulement de remarquer que j'ai une trop grosse barbe, elle dépasse de ma mâchoire. J'espère tomber sur un rasoir quelque part, si je ne meurs pas ce soir.