23/12/12

Chérie ? Tu as vu mon portable ?
Non mon cœur
Kak! J'arrive pas à le retrouver...

Je fais encore le tour de notre chambre d'hôtel mais rien n'y fait. Je l'ai peut être oublié dans le coffre du dernier motel dans lequel nous avons dormis. Manquait plus que ça. Aujourd'hui, nous quittons le Montana pour l'Idaho et enfin l'état de Washington. C'est curieux, mais je suis tombé sous le charme de cette région. La patrie des chasseurs selon les locaux. Titre qu'ils disputent avec le Nebraska, le Maine, l'Arkansas et tout un autre tas d'états.
À mes cotés, Eliisa fait sa valise et semble également un peu soucieuse. Je l'embrasse par surprise dans le cou mais cela ne semble pas l'amuser.

Je retrouve pas le mien non plus Will.

24/12/12

Il fait un temps radieux aujourd'hui, même s'il fait un froid de chien. Le Nord de l'Idaho est tout aussi charmant que le Montana. Malgré ça, je suis un peu tendu. Mon portable contenait pas mal de numéros précieux. Bien sûr, je l'ai fait bloqué à distance mais il n'empêche que cela m’agace. Alors que nous étions occupés, quelqu'un a visiblement volé tous nos appareils électroniques.
L'idiot responsable de cela n'a fait une très bonne affaire. Mes vestes valent toutes plus chers que tous ces gadgets réunis. Faut dire que j'achète que rarement les produits à la mode. Je préfère le robuste et le pratique. Mais bon, maintenant faudra que je rajoute à nouveau tous mes contacts et j'ai perdu une tonne de photos précieuses. Bon, vu que le réseau est pas terrible ici, je ferai toutes les manipulations une fois à Seattle. On y sera dans quelques jours.

27/12/12

Charmant cet homme.
Oui, très sympathique. Même si visiblement, il est pas très professionnel.
Tu l'as entendu, ça semblait être une affaire de famille.
Ouais. Bon...

Notre guide s'éloigne d'un pas rapide. À cause de son accent local bien tassé, je n'ai pas trop compris pourquoi il était presque en état de choc. Je repasse à la bretelle ma carabine et Eliisa m’imite. La partie de chasse d'aujourd'hui semble tomber à l'eau. Bien que ce "Joe" nous ait donné un mot et un numéro pour le joindre, je doute que les forces de l'ordre se montrent très enthousiastes en tombant sur deux étrangers armés avec du matériel ne leur appartenant pas.

...

Le soir, lorsque nous arrivons enfin à la lisière de la forêt près de le chalet que nous louons à Joe, je remarque que sa voiture n'est pas là. Visiblement, il n'est pas encore rentré. Eliisa, tout comme moi, semble soucieuse. Joe est un homme sérieux qui nous a été recommencé par des amis de mon beau père. S'il n'est pas là, c'est que le problème qu'il a rencontré doit être grave.

Une fois dans le chalet, j'accroche les carabines qu'il nous a prêté à leur place dans l'entrée et range dans un tiroir les cartouches que j'ai emporté ce matin. Ma femme m'appelle alors que je suis en train de me changer. Elle a allumé la télé. Je m'approche d'elle, elle me fait signe de prêter attention à ce que la présentatrice du JT dit.

Une vague de violence inexplicable semble s'abattre sur les USA.

28/12/12

Joe n'est toujours pas revenu. Nous nous en plaignons pas. Au moins, le cadre est idyllique et personne ne vient nous déranger. On a loué les lieux pour la semaine alors nous enchaînons les promenades et randonnées. Le seul vrai nuage à l'horizon, c'est le journal télévisé. La vague de criminalité qui s'est abattue sur la région semble empirer. Ma femme a cherché à joindre le consulat finlandais en ville pour avoir plus de nouvelles à plusieurs reprises. Chaque fois, elle est tombée sur le répondeur. La télévision dans la soirée à recommencé à tous les locaux de se barricader chez eux.

29/12/12

Joe est enfin revenu. Et avec lui, ses deux filles et son petit fils se sont invités. Le vieil homme était livide. Eliisa a tenté de le calmer alors que je j'apportais les premiers soins à l'une de ses gamines. Visiblement, elles s'étaient faite agressées près de chez elle. Il avait tenté de retrouver le type qui avait fait peur à sa fille mais avait fini au poste. D'après lui, quelque chose ne tournait pas rond. Il connaissait presque tous les flics locaux par leur prénom, et personne n'avait pourtant voulu lui expliquer ce qu'il se passait. Un type avait même tiré sur leur voiture avec un fusil de chasse alors que ses filles le reconduisaient chez lui.

Ce soir là, on  a organisé un tour de garde avec Eliisa et la plus âgée des deux femmes, Marianne. Le journal télévisé et la radio passent désormais en boucle des annonces comme quoi il faut pas sortir de sa maison et laisser les forces de l'ordre bosser.

30/12/12

L'état de la plus jeune fille de Joe m'inquiète. Elle a pris du plomb dans le bras et ça cicatrise bizarrement. Joe est allé cherché des outils dans la remise est s'est mis à barricader les portes et les fenêtres du rez-de-chaussée. On arrive à joindre personne au téléphone. C'est vraiment la merde. On a entendu plusieurs coup de feu en ville lorsqu'on est parti cherché moi et Marianne de quoi remplir la pharmacie. On est presque tombé sur un barrage militaire. Par réflexe, je les ai évité. Sans doute à cause des leçons de mon vieux. J'ai eu un mauvais pressentiment.

31/12/12

La plus jeune fille de Joe, Beth est morte aujourd'hui. Je ne comprends pas pourquoi. Ça a tout l'air d'être le fruit d'une infection. Pourtant j'ai nettoyé la blessure. Je ne sais pas quoi penser de tout ça. Le monde semble sombrer dans la folie. Joe accuse très mal le coup.
Marianne elle tente comme elle peut de consoler le fils de Beth. Il n'y a plus de réseau autour du chalet et sans ligne de terre, pas moyen de contacter qui que ce soit. L'amour de ma vie semble tendue, je fais ce que je peux pour la rassurer et assurer la sécurité des lieux.

Au loin, j'entends quelques coups de feu. Il n'en faut pas plus pour que je me saisisse définitivement d'une des carabines de chasse que le proprio a laissé à notre disposition. J'arme l'engin par réflexe et écarte un rideau pour pouvoir observer l'extérieur. À travers la lunette, j'inspecte la route qui conduit à notre abris. Mon doigt se pose immédiatement sur la détente lorsqu'une silhouette se présente sur le chemin de terre battue.

Il n'est pas seul. Ils sont armés. Ils sont sales et ont l'air terrorisés. Mon instinct hurle que quelque chose cloche. Je préviens qu'une bande armée approche de la maison. Je n'aurai pas dû. Le vieux Joe se lève d'un bon et sort en courant. Il est suivi par sa fille. Ils n'ont pas le temps de faire dix mètres en dehors de la maison qu'une rafale provenant d'une arme automatique les couche tous les deux.

J'appuie sur la détente. Une fois. Deux fois. Méthodiquement, comme me l'ont enseigné les amis de papa, j’aligne la mire avec un de ces étrangers avant de l'envoyer Ad Patres. Mon chargeur est vide, je le change. Personne ne tire plus dans notre direction. J'entends des gémissements et des râles. La poussée d'adrénaline semble donner à mes sens une acuité nouvelle. Malgré l'obscurité, je vois. Malgré les détonations, mes oreilles ne bourdonnent pas. Je comprends enfin pourquoi les combats manquent parfois aux vétérans. Cette sensation est... grisante.

Derrière moi, ma femme a plaqué au sol le gamin de Beth durant toute la fusillade. Tout en la gardant près d'elle et en évitant de se montrer aux fenêtres, elle attrape l'autre arme de chasse qui trône dans le placard dans l'entrée de la résidence. Elle a bien du mal à retenir l'enfant qui tente d'échapper à son emprise. Maintenant que tout semble calme, il s'agite et hurle comme un dément.
Il y a sans doute de quoi. Nous attendons l'aube pour enfin sortir. Nos hôtes sont morts. Les intrus ont laissé huit des leurs sur la propriété. Curieusement, je ne ressens rien.

La vie et la mort de ces redneks m’indiffèrent. Je suis juste fatigué. Après m'être assuré qu'Eliisa soit indemne, je m'occupe des corps. Je les aligne dehors et pose une bâche par dessus. Je n'ai plus la force de les mettre en terre. Je ne pense même pas à contacter les autorités comme me le fait remarquer ma moitié. Curieusement, j'ai l'impression de me trouver en plein dans cette guerre civile que craignait mon vieux. Pourtant, je ne suis pas sur ce maudit continent.

Que se passe t'il pour l'amour du Ciel ?!

01/01/13

… Je délire. Je viens de voir Beth attaquer son fils. Elle... a commencé... elle... elle mange le gamin devant la maison. Se sont ses cris qui m'ont réveillé tout comme Eliisa. La scène qui nous fait face est tout simplement terrifiante. Je quitte un instant cette scène des yeux et voit des larmes couler sur le visage de celle que j'aime plus que tout. Je la serre contre ma poitrine pour l'éloigner de ce mauvais rêve.

Je l'assoie sur l'un des fauteuils avant de me précipiter dehors. La carabine qui ne m'a pas quitté depuis hier en mains, je demande d'une voix enrouée à Beth d'arrêter ce qu'elle fait. Elle ne réagit pas. Je tire un coup de feu en l'air. Son attention se porte vers moi.

J'ai déjà vu des corps. J'ai visité beaucoup de pays merdiques et je sais à quoi ressemble un macchabée. J'en connais l'odeur. Je suis même capable de dire depuis combien de temps la personne est morte en un coup d’œil. Beth est bien morte. Elle qui était déjà pâle est maintenant presque translucide. Ses yeux sont vides. Pour la première fois depuis des mois, j'ai peur. Mes réflexes prennent le dessus et je tire. La balle traverse sa cible en formant un trou gros comme mon poing dans sa poitrine. Elle se relève. Je tire sur le levier d'armement de mon fusil et éjecte l'étui vide. Un nouveau projectile est introduit dans l'arme lorsque je repousse le levier. Le temps semble accélérer autour de moi alors que mes gestes semblent engourdis par la terreur que je ressens.

Le second tir a plus d'effet et fracasse sa colonne vertébrale. Elle qui s'était relevée s'effondre. Je fais deux pas en arrière lorsqu'elle lève les bras pour essayer de m'atteindre. Je n'en crois pas mes yeux. Je prie pour que tout ceci soit un cauchemar. Mes mains sont crispées sur mon arme et je ne parviens même plus à les bouger.

Une détonation résonne. La tête de Beth explose. Elle cesse enfin de bouger. Je me retourne pour voir Eliise sous le porche, un carabine entre les mains. C'est à mon tour d'avoir une crise de panique. Elle est bien plus forte que moi, je ne suis pas en état de faire quoi que ce soit durant plusieurs heures.

Que vient il de se passer ?

??/06/2013

J'ai cessé de compter les jours. Depuis Beth et les rôdeurs qui ont tué nos hôtes, nous évitons vivants et morts. Je ne savais pas qu'apprendre à chasser me serait si utile. Merci papa. On a pillé les autres résidences autour de la notre. On a un stock de conserves appréciables. Et la neige que j'ai entassé dans la cave sert de frigo naturel pour la viande qu'on apporte de temps en temps de nos sorties.

Néanmoins, je suis fatigué de tout ce bordel. Les habitations proches étant vides, on a essayé de se rapprocher de la ville mais les boutiques ont déjà était pillées. Il ne reste pas grand chose. On a de quoi tenir, mais il faudra rationner et surtout avoir de la chance. J'ai flingué deux vivants hier. Leurs ressources nous serons utiles. Du moment que je peux protéger Eliise, peu m'importe d'avoir du sang sur les mains.

De toute façon, personne ne pleurera sur ces rednecks.  Encore moins après ce que je les ai vu faire à cette femme. Je n'imaginais pas que l'Homme puisse tomber si bas si vite. Pays de cons.

??/11 ?/2013

L’hiver est difficile. Ça va faire un an que l'on vit dans le coin. Je ne tiens que pour Eliise. Le reste n'a aucune importance. Elle commence à préparer notre départ pour Seattle. Elle avait des amis travaillant au consulat là bas. Elle espère y trouver de l'équipement et surtout un moyen de contacter le monde extérieur. C'est sûr que c'est pas dans l'Idaho qu'on trouvera quoi que ce soit. La neige commence aussi à me taper sur les nerfs.

??/03/2014

Seattle, c'est l'enfer. Une partie de la ville a brûlée. On a trouvé le consulat. Bien sûr, y avait plus grand chose dedans. Du moins en apparence. Je suis heureux d'avoir épousé une flic de choc. Eliise avait les codes pour la panic room du consul. On a bien trouvé de quoi s'équiper chez lui au final ainsi que son corps. Les USA ont beau être le pays des armes à feu, c'est curieusement assez difficile de trouver du bon matos une fois l'apocalypse arrivé...

J'ai plaisanté sur le fait qu'on pourrait utiliser le navire datant de la deuxième guerre mondiale dans le port pour rentrer en Europe. C'était une blague, mais mon cœur a trouvé l'idée amusante. On va loger dans ce tas de ferraille quelques temps. C'est une vrai forteresse flottante et la ville offre pas mal de ressources. Suffit juste d'éviter morts et vivants. Comme toujours. J'ai arrêté de compter combien de types j'ai flingué.

??/ ??/2015

Seattle, c'est finit. J'y fouterai plus les pieds de toute ma vie ! Ça sonnait mieux avec Capri... Trinquons néanmoins au soleil. Prochain arrêt : la Californie et surtout, San Francisco. Je me demande si le Golden Gate est toujours debout. Les constructions commencent à prendre cher en l'absence d’entretien.

Faut dire que morts et vivants ne s'occupent plus de la neige ou des mauvaises herbes. J'ai abandonné l'idée de revoir qui que ce soit d'amical. On a encore tenté de nous tuer cet été. Je m'en souviendrai de ce voyage de noces. Feront la tronche quand ils verront ma note sur TripAdvisor. Quoi ? Faut bien rire de temps en temps ?

Ah, j'ai trouvé un polaroid en état de fonctionnement dans un appartement ainsi que de la pellicule. Il paraît que je suis insupportable avec. Je m'occupe comme je peux. Et malheureusement pour elle, j'ai assez de piles pour les dix années à venir et assez de pellicule pour tenir des mois, même au rythme ou j'utilise l'engin.

Même les conserves se font rares. Nous vivons maintenant dans un 4x4 qu'elle a remis en état. Si la nourriture est difficile à trouver, le pays de l'automobile est encore bien fourni niveau fuel. Au moins, on aura pas à marcher.

??/ ??/2015

Notre bref séjour à San Francisco a été mouvementé. Pour faire rapide : cannibales & faux militaires. Malheureusement pour eux, je suis très bon tireur. J'ai plus de mal avec les zombies. Faut dire que tirer dans la poitrine est bien plus simple que de viser une tête. Je ne sais pourquoi, je peux plaindre les morts, mais pas les vivants.

On continue vers L.A

Au passage, on a changé de voiture. On a troqué notre camion de hipster pour un engin appartenant à la police du comté. L'engin est blindé et n'avait pas une rayure. Il était en révision avant que tout ne parte en vrille. Personne ne l'ayant réclamé, nous nous sommes servis. Quand j'étais môme, c'était dans ma checklist de faire mumuse avec la sirène. Je peux retirer ça de la liste.

??/ ??/2017 ?

Je ne suis pas antivax, mais on attendra notre retour à Anvers pour aller voir un docteur. Je doute que les conditions d'hygiène soient respectées dans ce pays de sauvages... J'aurai pas dû blaguer sur le fait qu'on ferait vacciner nos mômes une fois à la maison. Maintenant, Eliise me regarde bizarrement...

Nous continuons notre route vers le Sud. Peut être irons nous voir Vegas. Ou le Mexique. Les sirènes qui ont réveillé tous les morts de la région nous ont donné l'envie de changer d'air.

J'imagine que nous continuerons de ne faire confiance qu'à nous même. Ce pays pue. Ses habitants puent. Pourquoi ne sommes nous pas partis plutôt au Japon ou en Italie ? J'ai vraiment mauvais goût en matière de voyages... Mourir dans un coin exotique ou au moins avoir la possibilité de revenir auprès des nôtres auraient des choix meilleurs. Je ne pense qu'à ça en ce moment. J'espère que ma moitié ne m'en veut pas trop.