On dit souvent qu’on pleure plus la mort d’enfant ou encore d’adolescent. Il est vrai que la vie est dure et injuste. Une perte beaucoup trop tôt, c’était comme si la mort avait arraché cet être à son entourage trop tôt. La vérité, c’était que jamais personne ne pourrait s’habituer à perdre un proche. Cela laissait fortement des séquelles. Je me rappelle toujours de ce que ma mère m’avait dit un jour. Peut-être que c’est triste de perdre qui était dans la fleur de l’âge… C’était encore plus dur de perdre une personne dont on avait des souvenirs depuis l’enfance. Je trouvais la perspective horrible. Il était vrai que j’avais eu énormément de mal avec la mort de mes parents… La disparition de ma sœur… C’était encore une autre histoire. Comment pouvais-je savoir si elle était encore vivante ? Savoir pourquoi elle avait décidé de partir ? Elle n’était pas d’accord sur notre mère… Et pourtant, elle avait pris la décision de partir. J’aurais pu prendre la décision de la retrouver avec mon père, sauf que non… Nous nous étions concentrés sur notre survie. La juger morte n’était pas une solution… Et la juger vivante n’arrangeait pas la chose. Le monde était grand… Je n’étais pas sûre de pouvoir la retrouver. Nous ne pouvions plus rester dans cette maison… Nous ne pouvions pas la retrouver dans un avenir incertain. C’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Dasha avait pris sa décision. Elle nous avait abandonnées. Ce serait vous mentir, si je vous disais que je ne l’avais pas cherché à chaque coin de rue à l’affut d’un moindre signe qui pourrait me dire qu’elle était vivante. Quand je rentrais dans un nouveau groupe, j’espérais qu’elle soit avec eux. Ce n’était jamais le cas. Elle n’était tout simplement plus là. Ma propre sœur était devenue un fantôme de ma vie passée. Elle était dans l’entretemps. C’était un peu comme le chat de Schrödinger. Celui-ci était enfermé dans une boîte avec un flacon de gaz mortel et une source radioactive. Le problème en fermant la boîte, c’est qu’on ne sait pas si le chat est mort ou s’il est vivant… Il faudra ouvrir la boîte pour le savoir. Après tout, le chat aurait pu casser le flacon… Il aurait pu mourir par la source radioactive… Il pourrait bien être toujours vivant… Je ne savais pas en me rendant dans cette excursion… que j’allais ouvrir ma boîte de pandore et découvrir que ma sœur était finalement vivante dans ce monde apocalyptique de zombie. Quand elle a décidé de partir, je ne savais pas si j’allais apprendre sa mort, la rencontrer en zombie ou la revoir en un seul et unique morceau. Puis, instinctivement, je l’avais pris dans mes bras. Quand j’ai eu peur qu’elle prenne la fuite à ma proposition, j’ai été égoïste dans ce monde sans loi. Je l’ai assommé pour la trainer dans notre nouvelle maison. Je voulais la protéger de l’extérieur. On pouvait très bien s’en sortir. Si on était là l’une pour l’autre, on pouvait s’en sortir. Je ne pensais pas que ce serait si compliqué… Ma sœur n’était plus aussi docile qu’avant… J’avais l’impression d’avoir un sauvageon qui allait trouver un moyen à s’en fuir… Je pouvais vraiment saluer mon amie Angoisse depuis qu’elle s’était échappée. Cela me prouvait qu’elle n’allait pas essayer… Il fallait que je lui parle. Si elle ne croyait pas notre grand manitou… Elle me croirait moi… Enfin je l’espérais.

Il fallait maintenant trouver le moyen de la voir. Je n’avais pas forcément toute la confiance de notre leadeur et encore moins les accès pour l’atteindre. Je rêvais de pouvoir la reprendre dans mes bras pour lui dire que tout allait bien se passer. Si j’avais pu la trouver durant sa fuite, j’aurais pu avoir la possibilité de la convaincre et d’avoir une sérieuse conversation avec elle. Mon regard se posait sur sa chienne Thena. La solution apparut claire dans la roche. Sa chienne disparaissait toujours à un moment pour rejoindre sa maitresse. Comment pouvais-je le savoir ? Je gardais toujours un œil sur ce chien. Après tout, inconsciemment, je savais à quel point Dasha tenait à elle. Je savais que si par malheur quelque chose arrivait… Elle ne me le pardonnerait jamais. Je l’avais déjà assommé. Il fallait que je m’excuse de ça. Il me restait plus qu’à me rendre à sa cage dorée. Sur le chemin, je me demandais comment ces personnes pouvaient rester dedans. Comment pouvait-il en bas de la chaîne sociale de notre « colonie »… J’avais beaucoup de mal avec cette notion… J’avais réussi à monter assez haut. Peut-être que c’était à cause de mes compétences… Peut-être qui ont cerné que le problème était simplement ma peur des hommes… C’était vrai que c’était peut-être une chose plus facile à laisser passer. J’avais su gagner ma place. Comment eux ne le pouvaient-ils pas ? C’était ça sa grande question. La chienne l’avait guidé jusqu’à la clôture. Il était enfermé dans un endroit sécurisé… En cas d’attaque, il s’en sortirait. C’était une chose de sûre et certaine. Bon après, vous me direz… Enfin Dasha dirait sûrement : « Tu te rappelles dans ce film de zombies ! Tu imagines ce qu’il y aurait à traverser pour pouvoir sortir… Tu me condamnes ! ». Bien sûr, elle ne savait trop rien de ce qu’elle allait lui dire. La chienne émit un gémissement. Mon regard tomba au loin sur sa sœur qui se dirigeait instinctivement vers Thena. Puis, il me restait plus qu’à l’attendre. Une fois qu’elle fût à niveau pour m’entendre, je décidais d’ouvrir la discussion. Il fallait d’abord que je m’excuse. «  Hey. » Commençai-je nerveusement. « Je suis désolée. Je n’aurais pas dû t’assommer pour t’emmener ici… J’avais peur de te perdre une nouvelle fois… Même si cette excuse ne tient pas. Est-ce que…» Marquai-je une pause d’hésitation.  « Est-ce que tu vas bien ? » Je restais là interdite devant elle. Je ne savais pas si je pouvais m’approcher plus d’elle. Thena avait plus de chance pour le coup. Sa maitresse s’intéresserait plus à elle qu’à ma personne. Peut-être que ça aurait mieux valu que leur chemin ne se croise jamais ? Non… Ce n’était pas la solution. Je le savais au fond de moi.