miles to go. (elli)
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miles to go. (elli)

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MessageSujet: miles to go. (elli) miles to go. (elli) Icon_minitimeMar 13 Mai - 0:15

the summer sun, it blows my mind, is falling down on all that I've ever known. Time will kiss the world goodbye. Falling down on all that I've ever known. Is all that I've ever known.
a dying scream makes no sound


ANTON
ELLI

La température baisse un peu plus à chaque minute qui s'écoulent. Les flocons se collent avec douceur sur le pare-brise et se font chasser par les essuies-glaces usés. La vitesse n'accède pas la trentaine de kilomètres par heure sur cette route enneigé. Pas d'âme qui vive. Juste le bruit d'un sol blanc qui craque sous la pression du véhicule. Ils roulent depuis trois heures maintenant. Les mains d'Anton se resserrent sur le volant, observant cette longue étendue de bitume qui s'étend devant eux. La forêt est sombre, le ciel est gris. Tout est tellement blanc, tout est tellement pur. Le spectacle en est presque agréable, pour lui. Pourtant, les carcasses des voitures sur le bas-côté du chemin n'en sont que plus visibles. Les corps déchiquetés, les mares de sang, ils ternissent l'innocence de la nature. C'est finis, maintenant. Le paysage n'est plus magnifique à regarder. Il est comme ça. Comme ce rôdeur, plus loin, au milieu de la chaussée. Immonde. Un soupire s'extirpe de ses lèvres gercées par le froid et le volant pivote sur la droite, alors que son pied exerce une légère pression sur la pédale de frein. Anton est un spécialiste pour éviter les choses. Il peut arrêter quelques secondes la voiture, mettre un terme aux souffrances de l'ancien être humain en état de décomposition avancé et reprendre la route. Mais non, il ne le fait pas. Il n'y arrive pas. Encore aujourd'hui, il ne peut pas tuer si facilement ces morts revenus à la vie. L'accélération reprend et l'obstacle est franchi. Le regard du compagnon de route, il l'évite aussi. Elli est assis sur sa droite, la place du copilote. Ils ont entamés une sorte de roulement pour conduire. Tous les jours, ils échangent leur place et le pilote devient le responsable de la carte. Malheureusement, les compétences d'orientation, c'est Anton qui les as, pour le moment. Ce dernier a définit l'itinéraire avant de prendre la route, à l'aube. Le Colorado n'est pas un état facile à parcourir. Surtout en Hiver. Son coude se pose sur la bordure de la fenêtre fermée et son poing se niche contre sa joue, histoire de soutenir sa tête alourdie par une fatigue constante et le poids d'une certaine culpabilité latente quant à leur situation délicate. C'est clair comme l'eau de roche ; ils sont dans la merde. L'essence disparait de plus en plus vite et la frontière qu'ils cherchent à atteindre semble toujours aussi loin. Dans ce coin paumé, il n'y a rien. Ils doivent siphonner chaque voiture qui semble suffisamment en bon état pour contenir cette ressource rare nécessaire à leur survie. Ils ne sont plus que deux. Ils étaient plus nombreux il y a trois jours de cela.

Le silence prédomine entre les deux. Ils n'en parlent pas. Ils ne parlent pas, tout simplement. Anton, de son côté, ne ressent pas le besoin de remuer les choses horribles du passé. Il ne peut pas corriger son erreur et les ramener à la vie. C'est une chose qu'il partage avec Elli, de ce qu'il pense. Il ne veut pas s’apitoyer sur les événements passés. Ils ont au moins quelque chose en commun. Sans bouger la tête, son regard glisse sur le fauteuil d'à côté. L'air sérieux qu'Elli lui offre en observant la grande carte, dépliée de façon chaotique, est fantastique. Il se tortille dans tous les sens, ce type. Sa tête est penchée sur le côté, les bras en l'air. Si Anton doit décrire avec précision ce qu'il voit à ses côtés, il peut dire sans broncher, que c'est un homme constipé qui ne contrôle pas son corps. Et cette pensée achève Anton qui ne peut s'empêcher de sourire à pleine dent en secouant la tête de gauche à droite. En réalité, il ne sait rien de lui. Il ne lui a rien demandé. C'est valable pour les autres. Il n'avait pas besoin de connaître leurs vies, ce qu'ils étaient avant. Ce qui comptait, c'était d'être capable de survivre ensemble. Et finalement, il est tombé sur un groupe de confiance. Elli, il ne sait pas qui il est. Il sait que c'est un homme étrange qui adore particulièrement se faire rire, tout seul, avec de grand moment de silence de la part des témoins. C'est un mec drôle. Étrangement drôle, en fait. Rien que le fait de vouloir faire sourire les autres - ou soi-même - alors que le monde brûle, c'est une cause perdue d'avance, non ? C'est ce qu'Anton pensait, quand il est monté dans la voiture du groupe la première fois. Ce n'est pas si désagréable, tout compte fait. Enfin, ça, il ne lui avouera jamais. Il détourne le regard. « Hé, Elli. » Ses doigts passent sur ses lèvres puis sur sa barbe naissante qu'il pense, au même moment, devoir couper. Ses yeux font de rapides aller-et-retour entre la route et le siège passager. « C'est une sorte de rituel vaudou pour qu'on se paume pas ou t'es simplement possédé ? » Faisant clairement allusion à sa façon de se tenir, il affiche un sourire moqueur mais sincère à la fois. « J'avais jamais vu personne regarder une carte comme ça. » Il en rajoute, c'est sûr. En même temps, ça le fait beaucoup rire. « Non, vraiment, c'est impressionnant. » Il ricane toujours autant. Ça fait longtemps qu'il ne l'avait pas fait. Anton, il se permet de blaguer qu'avec les personnes qui font partis de son cercle privé. Pour les autres, ce n'est qu'un type avare en expression. Ça serait con de ne pas déconner avec ce qui pourrait être, son dernier ami, dans cette foutue vie.

Son regard se recentre sur le chemin et la voiture ralentit tout doucement. Son sourire disparait. Un carrefour. Deux chemins possibles, sans panneaux, bien évidemment. Le 4x4 s'arrête définitivement mais le moteur continue de tourner. Ce n'est pas une hésitation quant au chemin à prendre qui le fait se stopper net comme ceci mais la jauge d'essence qui frôle dangereusement la zone rouge. Et la voiture à moitié enfouit dans le talus dont l'essence pourrait être siphonné, si la chance leur sourit. « Il nous faut de l'essence. » Il tapote légèrement l'indicateur de niveau d'essence pour appuyer son argument et répondre au regard très certainement interloqué d'Elli. Les environs semblent complètement déserts mais il faut toujours se méfier. La boussole vivante arrête le moteur du véhicule et attrape son arme de poing ainsi qu'une lame. « On a pas le choix, hein ? » Il sort du 4x4 et se dirige vers la voiture abandonnée, sous un rideau blanc. Les flocons de neige recouvrent rapidement son bonnet et se déposent doucement sur ses épaules. Les mains nues sont rapidement frigorifiées, la vapeur d'eau s'échappe de sa bouche en rythme avec sa respiration et le nez est rouge sous l'effet du froid. Derrière, il entend la portière s'ouvrir, son allié le suit, avec une certaine précaution. Lui aussi, il marche à pas de velours vers la taule froide. C'est vide, les portes sont à moitié arrachées. Les traces de sang sont anciennes. La neige recouvre le cadavre du conducteur. Il donne un petit coup de pied hésitant sur la portière fermée, histoire de réveiller la belle au bois dormant, si elle n'est pas morte. Aucune réaction, tant mieux. Avant de s'occuper de l'essence, il fait le tour pour se rendre du côté passager et inspecter l'intérieur à travers la vitre. Elles sont toutes brisées, c'est plus simple. Il approche doucement sa tête, en se couvrant le nez avec son pull. Même aéré, ça empeste la mort. Sans avoir l'espoir de trouver des munitions, la nourriture est toujours la bienvenue mais il n'y a rien de comestible, à première vue. « Y'a rien par ici et de ton côté ? » Il se redresse pour appuyer ses mains sur la bordure du toit en taule et observer son collège pilleur de carcasse automobile.





Dernière édition par Anton C. Crawford le Lun 4 Aoû - 19:13, édité 7 fois
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MessageSujet: Re: miles to go. (elli) miles to go. (elli) Icon_minitimeMar 13 Mai - 19:33



   

   
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Un coup à gauche, un coup à droite. Au milieu. De nouveau à gauche. Non, vraiment, Elli ne comprenait pas. Comment était-il supposé savoir où ils étaient sur ce bout de papier avec des lignes et des carrés. Ce n'était queça. Des lignes et des carrés. Les lignes droites des routes américaines qui se coupaient perpendiculairement. Savoir où aller n'était pas un souci. Essayer de repérer où ils étaient une fois sur la route était une toute autre affaire. Ils étaient en mouvement, c'était le but d'une voiture, non ? Alors comment était-il supposé faire alors que le moindre de panneau, s'il n'était pas tombé en poussière, était couvert par la neige (ce qui était un mensonge puisqu'il n'y en avait pas tant que ça). Ou alors, Elli n'avait tout simplement pas le sens de l'orientation. Pas que ce soit vraiment une révélation…
Cela faisait un moment qu'ils roulaient lentement, doucement dans la neige. En tout, Elli n'avait fermé les yeux peut-être que dix minutes, mais ça avait suffit à faire disparaître l'engourdissement fatigué de ses bras qu'il avait traîné quelques heures. Les fêlures de la peau entre ses doigts avaient arrêté de lui faire mal. Depuis trois jours, il était plus silencieux que d'habitude. Ce n'était pas par deuil, mais par légère lassitude. En vérité, il n'aimait pas du tout la neige et n'avait jamais aimé ça. Aller vers le sud était donc une perspective qui l'enchantait plutôt - même si là, sur le moment, le soleil et un terrain sec n'étaient pas trop de la partie. Le reste, comme d'habitude, il le rangeait dans un petit coin de son esprit et tassait.
Et là, il était bloqué avec cette carte et ça commençait à sérieusement l'énerver. Ce n'était même plus la peine d'essayer de se trouver des excuses - le papier jaunissant, le manque de renseignement extérieur - et se l'avouer complètement : il était nul. Point barre.

La voiture freina et Elli ne bougea pas de son étrange position, il leva simplement les bras pour regarder ce qu'il y avait au-delà du pare brise. Un rôdeur. Pas qu'il puisse vraiment y avoir autre chose d'autre de toute façon.
Anton, qui avait pris le volant au matin, tourna doucement à droite. Voir ce résidu humain ne lui faisait plus rien et il le regarda sans expression. Mais il le regarda. Depuis sa réflexion dans le rétroviseur, une fois qu'ils l'eurent dépassé, il le vit tendre les bras vers eux dans un espoir vain de les attraper. Il ne leur demandait pas de revenir, il essayait de les saisir. C'était une attaque. Elli aurait dû avoir de la peine. A la place, il rebaissa la carte devant son nez et tira légèrement sur ses extrémités pour la tendre. Evènement clôt.
« Hé, Elli. » « Hmm ? » Il ne tourna pas le regard vers lui, mais eut une seconde d'étonnement. Il était rare que ce soit Anton qui prenne la parole, ou même qu'il l'interpelle lui. Du moins… c'était ainsi avant. Maintenant, ils n'étaient plus que deux. A qui d'autre aurait-il pu parler. « C'est une sorte de rituel vaudou pour qu'on ne se paume ou t'es simplement possédé ? » … Quoi ? Elli cligna des yeux puis les tourna vers le conducteur. Mais qu'est-ce qu'il racontait ? Il plissa les paupières, c'était quoi ce sourire ? « J'avais jamais vu personne regarder une carte comme ça. » Oh. Soudaine réalisation. Les sourcils du Nebraskan se haussèrent et ses pupilles se tournèrent de nouveau vers la carte. Maintenant qu'il le disait, il avait un peu mal au cou. « Non, vraiment, c'est impressionnant. » C'était rare de voir Anton sourire, alors quelque chose qui s'approchait d'un rire était presque un exploit. Rien que pour ça, Elli décida qu'il ne lui en voulait pas alors qu'il se redressait et remettait ses épaules dans un axe normal - bon sang mais il était presque à l'envers. « C'est ça, moque toi, carte-man. » Anton continua à rire. Quel enfoiré.
Elli replia la carte et la jeta sur la plage avant en soupirant, ça ne servait à rien. Il n'était pas vexé par la plaisanterie d'Anton, bien sûr que non, mais il n'avait pas envie de choper un torticoli, et dieu sait que ses épaules étaient tendues. Son sourire, devenu absent, ne disparut pas complètement alors qu'il pensa à la suite des évènements et à ce qu'ils fabriquaient dans cette voiture. Combien de temps ça allait encore continuer ? Et s'ils tombaient en panne et qu'ils étaient obligés de continuer à pied ? Elli n'en pensait pas grand-chose, si ça devait arriver, ça arriverait et ce ne serait de la faute de personne. Et puis, il valait mieux être à deux que seul dans ces circonstances. C'était une chance qu'Anton et Elli se supportent. Ils n'étaient pas amis (qui serait assez bête pour faire complètement confiance à quelqu'un dans un tel jeu de survie ?) mais ils se serraient les coudes. C'était une idée assez rassurante.

Toute trace de ricanement de la part de l'un ou de l'autre s'était perdue dans le bourdonnement constant du véhicule. Il n'y avait que, de temps à autres, le bruit étouffé des amortisseurs qui rencontraient un petit obstacle sur le béton pas entretenu. Parfois, ils croisaient une carcasse rouillée échouée sur le bas-côté. C'était le genre de paysage auquel chacun s'était habitué.
Puis, pour la première fois depuis des kilomètres, ils arrivèrent à un carrefour. Un croisement dans une croix parfaite au milieu de nulle part. Il paraissait que c'était là qu'ils devaient tourner. C'est pour cela qu'il lança un regard interrogateur à Anton lorsque celui-ci amena l'habitacle à l'arrêt. « Il nous faut de l'essence. » Avant de dire quoique ce soit, Elli laissa sa bouche s'entrouvrir de surprise et d'agacement. « T'es sérieux, déjà ? » Il siffla entre ses dents quand l'autre tapota le cadran. Super. Non, effectivement, ils n'avaient pas le choix.

La pression qui lui donnait l'impression d'avoir la tête dans du coton s'évanouit immédiatement quand il ouvrit la porte. Personne à l'horizon. Plus loin, la carcasse d'une voiture était immobile et se transformait lentement en poussière près de le vieux grillage qui longeait la route. La couche superficielle gelée sur le bitume craqua sous ses semelles. Il ne fallait jamais avancer trop vite. Anton arriva avant lui. Heureusement, il n'y eut aucun mouvement lorsqu'il donna un coup dans la ferraille.
Elli prit la direction opposée de celle de son compagnon de route et pencha la tête par la fenêtre cassée. « Y'a rien par ici et de ton côté ? »  « Non, si ce n'est une odeur de mort. » Mais il restait une dernière chose à vérifier.

Jamais Elli n'aurait pu arrêter de faire des éloges aux pieds de biche. Non seulement c'était une arme des plus efficace, mais elle servait aussi pour toute sorte de choses. Comme maintenant, par exemple. Sans douceur, il prit appui avec son pied sur le pare-choc, envoya le bout métallique recourbé sous la porte du coffre puis faire levier et força. La portière coulissa vers le haut avec difficulté, mais Elli eut raison de la rouille en finissant de le pousser. Une fois le contenu du coffre exposé à la lumière du jour, le visage du Nebraskan s'éclaira. « Hé ! Il y a un truc, là, viens voir. » Et quel 'truc'. Il attrapa le plastique froid du bidon rouge qui trainait dans le véhicule et le tira jusqu'à lui. Dans le mouvement, il entendit le liquide clapoter contre le rebord, et Elli émit un bruit satisfait. Il attendit qu'Anton arrive à sa hauteur avant de continuer. « Il y en a au moins la moitié, c'est parfait - eh attend ! »
Impossible. Les yeux grands ouverts, il se pencha à nouveau vers le fond du coffre et attrapa une petite boite en carton qui s'était faite discrète jusque là. Il n'osa pas se faire de faux espoirs en reconnaissant le rond rouge où se trouvait l'écriture noire, capitale. Ce n'est qu'en ouvrant le paquet qu'il se laissa aller à un grand sourire. « Bordel. C'est notre jour de chance. Des Lucky Strike ! » Sur le côté du paquet se tassaient deux cigarettes entières et une autre cassée en deux. C'était déjà beaucoup mieux que rien - plus que ça, même ! - et Elli se tourna vers Anton, le carton ouvert tendu vers lui pour lui en montrer le contenu. « J'espère pour toi que tu fume, sinon il va falloir s'y mettre. »
Sans plus attendre et pour éviter tout faux mouvement malheureux, il referma le paquet avec son pouce et le rangea dans la poche de sa veste. Là. Précieuses.

Le retour au 4x4 fut à la fois plus lourd et plus léger. Plus lourd dans le sens où Elli penché sur sa droite pour contrebalancer le poids des litres d'essence, et plus léger dans celui où il était vraiment content d'avoir trouvé du tabac. Et en plus, personne n'avait pas eu à siphonner. Tout allait pour le mieux. En plus de ça le carburant était compatible. Déverser le contenu du bidon dans le réservoir fut rapide, et une fois cela fait, il lança le contenant en plastique sur un siège arrière. Ca pouvait toujours être utile.
Arriva ensuite le moment qu'il attendait tant. Rapidement, après s'être assuré que personne ne se trainait vers eux et une boite d'allumettes en main, il revint vers Anton qui était également revenu près du véhicule. « Une petite pause clope ? »


   
   
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MessageSujet: Re: miles to go. (elli) miles to go. (elli) Icon_minitimeMar 13 Mai - 22:34

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ANTON
ELLI

C'est une sorte d'accord commun. Ils survivent ensemble sans se connaître réellement, sans être ami. Les choses se passent plutôt bien jusqu'ici. Ils ne se sont pas encore entretués, non, ils ont une façon de réfléchir et de faire à peu de choses près similaires. C'est plutôt chanceux, pour Anton, de tomber sur quelqu'un qui ne l'énerve pas, qui ne le pousse pas à bout. Il s'est même surpris à plaisanter dans la voiture, quelques minutes plus tôt. Ses doigts frôlent le toit en taule pendant que son compagnon de route observe les sièges arrières de l'automobile à travers la vitre brisée. Rien de son côté, pour la fouille improvisée. Et Elli ? « Non, si ce n'est une odeur de mort. » Ses épaules se baissent et ses paupières se ferment doucement. C'est toujours lassant de revenir bredouille. Il pose son front contre le bord de la portière glacée et soupire. Cependant, il entend le craquèlement de la neige sous les pas d'Elli et décide donc de l'observer faire. Pied de biches en main, il entreprend d'ouvrir le coffre grâce à la manière forte. Il ne lui faut que quelques secondes pour forcer la serrure et broyer la rouille. Anton se détache de la taule et s'avance doucement vers l'arrière du véhicule dont le coffre est maintenant grand ouvert. « Hé ! Il y a un truc, là, viens voir. » Il se presse, curieux et découvre avec soulagement un bidon en plastique rouge sous la main du copilote. C'est comme s'ils étaient tombés sur des lingots d'or, à ce stade là. L'angoisse de tomber en panne s'envole doucement alors que le précieux liquide à l'intérieur signale sa présence avec un léger bruit distinctif. « J'adore ce bruit, ouep, définitivement. » dit-il sans pouvoir s'empêcher de sourire, la main sur le bonnet couvrant sa tignasse. « Il y en a au moins la moitié, c'est parfait - eh attend ! » Tout en retirant le couvre-tête en laine qui lui démange sévèrement le front, il remarque que son potentiel ami est déjà à moitié à l'intérieur du coffre, espérant mettre la main sur quelque chose qui mérite autant d'effort. Il lève un peu la tête, la curiosité l'emporte toujours. De là où il est, tout ce qu'il voit c'est un homme qui se tortille dans un coffre et avouons-le, il préférerait observer les fesses de quelqu'un d'autre. Celles d'une femme, par exemple. « Bordel. C'est notre jour de chance. » C'est bête, mais au fond, Anton espère quelque chose d'incroyable, comme trouvaille. « Des Lucky Strike ! » Des... quoi ? Ah. Évidemment, des cigarettes. Il préfère afficher son visage de monsieur-je-sais-tout plutôt que de lui avouer qu'il ne savait même pas ce que c'était, des lucky strike. Hé, tout le monde n'est pas tombé dans l'enfer de la nicotine. Lui, c'est le café. Il connait toutes les marques de café du monde. L'origine du café. Les dates des premières importations des graines. Le tabac ? Ce n'est pas son registre. Quand Elli se redresse convenablement en lui montrant ce paquet avec un sourire de gosse émerveillé, Anton fait bonne figure. « Wow, on a vraiment de la chance, là. » C'est ça, c'est ça. A l'époque, l'odeur du tabac, il détestait ça. « J'espère pour toi que tu fume, sinon il va falloir s'y mettre. » Sourire gêné. Raclement de gorge. Il l'observe ranger le précieux paquet - pour Elli, en tout cas -  et remet son bonnet en place. La neige tombe doucement mais le froid lui gèle totalement les mains. « Bon, on peut retourner au 4x4, je pense. » Changement de sujet.

Une main réfugiée dans la poche avant de son pull, l'autre tenant sa machette, Anton ne sert strictement à rien alors qu'Elli s'est naturellement dévouer pour porter le bidon d'essence jusqu'à leur maison sur roues. Il se contente de tourner la tête de droite à gauche. Il n'y a absolument personne. C'est plutôt rare. Les rôdeurs sont si nombreux qu'il n'est pas rare d'en croiser au moins un, dans une zone forestière comme celle-ci. Et puis, ils ne sont pas si loin d'une petite ville. Est-ce que le froid les ralentit vraiment ? Genre, physiquement ? La question passe en éclair dans son esprit alors qu'Elli est déjà entrain de remplir le réservoir d'essence. Anton se prépare à remonter dans le véhicule, main sur la poignée de la portière mais son compagnon de route reste du côté conducteur. « Une petite pause clope ? » Il se sent stupide mais il acquiesce timidement, un frêle sourire aux lèvres. Il n'a pas vraiment envie. Mais au fond, qu'est-ce qu'il risque à s'y mettre maintenant ? Ses parents lui ont toujours formellement interdit d'y toucher. Puis sa femme. « Pourquoi pas ? » Il chope une des survivantes dans le paquet que lui présente l'utilisateur de pied de biche et va poser sa colonne vertébrale contre le capot du 4x4.

La boite d'allumettes d'Elli en main, il allume le bâton de nicotine, redoutant légèrement la première bouffée. Il va sûrement passer pour un idiot, à cracher ses poumons pour une petite inspiration. Il se lance, le mégot entre les lèvres. Avalant la fumée, un nouveau goût s'offre à lui. Très rapidement, la toux débarque, bien avant d'avoir le temps de recracher le tout. Les épaules se soulèvent mais il ne peut pas s'empêcher de sourire. « Aaah.., putain... » Tentative de respiration. « C'est vraim..ent dé..gueula...sse, ce... truc. » Ses paroles sont entrecoupées par une toux grasse assez dégoutante. Il retire la clope qu'il coince entre son majeur et son index, la contemplant de loin. Elli doit bien rire. C'est dégueulasse mais putain, ça fait du bien. C'est pour cela qu'il pousse un soupire de bienêtre en cachant sa main inutile dans la poche de son pull et en observant la neige par terre. « Me dis pas que tu faisais ça pour le plaisir, avant ? » Il tire une nouvelle bouffée, s'étouffant toujours autant.



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MessageSujet: Re: miles to go. (elli) miles to go. (elli) Icon_minitimeJeu 15 Mai - 19:48



 

 
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Le capot de la voiture était encore chaud lorsqu'Elli s'y appuya, et même s'il était habitué au froid, la chaleur du moteur était plus qu'appréciée dans son dos. Il était rare qu'ils aient des pauses comme ça. Il n'allait pas falloir trainer, mais peut-être que cinq ou dix minutes n'étaient pas trop demander. Au pire, en cas de problème, il suffisait de sauter dans la voiture et de démarrer au quart de tour. Rien d'impossible puisque maintenant, ils avaient de l'essence. Elli ne put s'empêcher de comparer ça à la paie qui tombait après un mois difficile. Repenser au passé et de comment se déroulait la vie d'avant ne le dérangeait pas, il trouva la comparaison plutôt approprié.
A côté de lui, Anton, qui avait pris un bâton de tabac et la boite d'allumettes, avait un air étrange. 'Pourquoi pas', hm ? Alors Elli l'avait regardé faire en devinant un peu la suite des évènements. Alors, Anton, tu te moquais tout à l'heure, hein ? Le moment tant attendu arriva, Anton porta la cigarette à ses lèvres et… toussa. De la fumée s'envola n'importe comment et le bruit était objectivement très désagréable. Alors comme ça, Anton le caféinomane (il ne connaissait pas grand-chose de lui, si ce n'était ça) n'avait jamais touché de tabac de sa vie ? En le voyant faire, Elli se mit à rire ouvertement de son malheur. « C'est vraim..ent dé..gueula...sse, ce... truc, » parvint-il à articuler vaguement. Le rire du Nebraskan finit par se taire, mais il était encore bien présent sur ton visage. Il commençait à avoir des rides près des yeux. « Et il paraît que ça pue. »
De son côté, la cigarette d'Elli était toujours éteinte dans sa main. Il était en train de faire coulisser la boite à allumettes quand Anton lui demanda s'il faisait ça pour le plaisir, avant. Cela le fit sourire en coin et il craqua l'allumette, l'amena jusqu'au bout de la cigarette coincée entre ses lèvres, son autre main à plat devant pour que l'air ambiant ne perturba pas la flemme. A la première bouffée, il ferma les yeux et laissa échapper un soupir appréciateur et enfumé. Bordel que ça faisait du bien. En tout cas, ça avait probablement répondu à la question d'Anton. « Ça me détendait, et visiblement c'est toujours le cas. » C'était probablement presque uniquement psychologique, d'ailleurs. Après tout ce temps, sa gorge et ses poumons n'étaient plus habitués et le piquaient un peu. Quoique, habitué ou pas, une dose de nicotine faisait toujours effet. Ça ne réchauffait pas comme une boisson chaude, mais c'était vraiment bienvenu. « Mais j'avais arrêté. Je pensais pas en retrouver une six ans plus tard dans ce merdier. » De nouveau, il tourna son regard vers son compagnon de route. « Si tu t'asphyxies pas entre temps, dis-toi que ça va nous changer de l'odeur d'ordure habituelle. »
C'était vrai. Là, sur le moment, il appréciait autant l'odeur que le goût. Ça avait une senteur de ville, de chimique, et si beaucoup de gens trouvaient cela désagréable, Elli était ravi d'accueillir dans ses narines autre chose que des miasmes cadavériques ou autres fumet de décomposition et de pourri. Le monde était putréfaction, et il accueillait cette Lucky Strike comme deux sprays de Lolita Lempika.

Il fit une légère pause dans ses gestes un instant, les yeux fixés quelques part sur le bitume. Il ne se rendait compte que maintenant que ça faisait étrange de prononcer des mots à propos de la vie d'avant. 'J'avais arrêté'. Y penser, d'accord, mais vocaliser était différent. Ce n'était pas spécialement désagréable - en vérité il n'en pensait pas grand-chose - et ce n'était pas non plus une ouverture quelconque. Il aurait fini par parler avec quelqu'un - là, c'était tombé sur Anton, mais ça aurait pu être… ah. Non. Il n'y avait personne d'autre. Stupide qu'il était. C'était une mauvaise pente à emprunter. Il reprit une taffe, leva la tête et souffla en direction du ciel.
« Ça me surprend de ta part, » fit-il pour penser à autre chose qu'une pointe de métal extendue de son bras, plantée dans le crâne d'une amie. Compagne de voyage. « T'as l'air d'un mec stressé, je t'imaginais fumer comme un pompier. Tu casses mes espoirs. » Alors comme ça, ils allaient faire la discussion ? Après trois mois sans avoir échangé plus de dix phrases par jour ? Elli ne savait pas si c'était une bonne chose ou pas.  
 
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MessageSujet: Re: miles to go. (elli) miles to go. (elli) Icon_minitimeVen 16 Mai - 23:54

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ANTON
ELLI

Il faut toujours courir dans le monde actuel. Toujours se méfier de tout. Pourtant, c'est étrangement calme, cette fois. Le pare-choc collé à l'échine, les yeux fixés sur les feuilles mortes couvertes de neiges à ses pieds et cette brise glaciale qui le fait frisonner, Anton ne s'est jamais senti aussi... serein ? Pas depuis belle lurette, en tout cas. Quand son partenaire le rejoint et l'observe faire, il a l'impression de passer sous le regard d'un juge. Ah, non. Pas encore un tribunal. Il a déjà assez donné de côté-là. C'est qu'il ne veut pas perdre la face devant un inconnu. Inconnu. C'est bête à dire pour deux personnes qui se côtoient tous les jours depuis trois mois. Les épaules ne sont qu'à quelques centimètres l'un de l'autre mais c'est comme un gouffre entre eux. Il ne reproche rien à son observateur, non. C'est aussi Anton qui ne souhaite pas s'ouvrir aux autres. Quand on s'ouvre, il faut s'attendre à s'attacher et à souffrir. Il en a assez fait les frais. De toute façon, il vient de voir sa vie défiler sous ses yeux. Les yeux sont rouges, larmoyants. Les conséquences physiques d'une toux trop prononcés et d'une fierté entachée. Parce qu'il le voit, le sourire narquois d'Elli qui se mue en un rire ouvertement moqueur. C'est ça, marre-toi. « Et il paraît que ça pue. » Alors qu'il se débat toujours pour sa survie, la remarque de son camarade lui rappelle quelque chose. Il est censé détester au possible l'odeur que dégage le tabac. En temps normal, il n'est même pas capable de rester à côté d'un fumeur. Ah, en temps normal. C'est vrai. C'est le passé tout ça. Finalement, il a évolué, dans un certain sens. L'odeur est forte et pas forcément agréable mais bordel, c'est nouveau. Il observe la fumée sortir du bout de la clope légèrement entamée alors que son voisin allume enfin la sienne, gardant un sourire au coin. « Ça me détendait, et visiblement c'est toujours le cas. » Anton lève un sourcil tout en admirant la capacité d'Elli à ne pas mourir d'étouffement, lui. « Mais j'avais arrêté. Je pensais pas en retrouver une six ans plus tard dans ce merdier. » C'est plutôt classe, un fumeur qui ne s'étouffe pas. Il se l'avoue difficilement alors qu'il regarde son propre instrument de suffocation, l'air désabusé. « Je vois pas vraiment en quoi ça détend, mais bon, si tu le dis. » Il le croit. Il y a tellement, enfin, il y avait tellement, de fumeurs dans le monde que ça doit bien être agréable au bout d'un moment. Anton, ce n'est pas non plus un débutant en matière de fumette. Dans sa jeunesse, c'était un expert en marijuana, c'est pour cela qu'il sait encore aspirer la fumée sans avoir l'air trop stupide.

Après quelques secondes d'attente entre deux bouffées, histoire de récupérer une gorge valide, il porte à nouveau la lucky strike à ses lèvres. Sa main est irritée par le froid et un frisson le parcoure. « Si tu t'asphyxies pas entre temps, dis-toi que ça va nous changer de l'odeur d'ordure habituelle. » L'odeur. Ordures. Il l'a presque oublié. Ils puent comme la mort, eux. Combien de temps depuis la dernière douche ? Il a le souvenir d'un petit ruisseau ridicule et c'était simplement pour se rincer le visage. Ils sont crades, là. La crasse s'est incrustée un peu partout. Le visage, les cheveux. Les vêtements, on en parle même pas. Il sort sa main inutilisée de sa poche et tire sur le col de son sweat-shirt, inspirant légèrement par le nez. La grimace qui s'en suit parle à sa place, il replonge sa main dans l'antre de chaleur et hausse les épaules. « J'commençais à m'y habituer, à mon odeur. Mais c'est vrai que tu pues pas mal toi. » Le coup de coude complice est presque parti mais son bras est resté collé contre ses côtes. C'est peut-être trop tôt pour deux mecs qui s’échangeaient juste les civilités d'usage, niveau communication, il y a trois jours. Il se contente simplement de ricaner bêtement. Pour appuyer sa blague, il n'oublie pas de brasser l'air, la fumée plus précisément, en direction de son voisin. Vas, odeur dégueulasse de nicotine, embrase ta destiné. Mais il faut se rendre à l'évidence, Anton a aussi besoin d'une nouvelle odeur. Outre l'hygiène corporel, c'est surtout les cadavres auxquels fait allusion Elli qui sont insupportables. Les voir, il s'y fait mais les sentir, c'est une toute autre histoire. Comme celui dans la voiture derrière eux. C'est simplement ignoble.

Les yeux vers le ciel gris, il croise les jambes tendues et roule des épaules, la clope au bec. C'est pas si mal. C'est pas très bon mais c'est mieux que rien. Il tousse moins mais sa gorge le brûle comme l'enfer. « Ça me surprend de ta part, » « Hmm ? » Sa tête pivote sur la gauche. « T'as l'air d'un mec stressé, je t'imaginais fumer comme un pompier. Tu casse mes espoirs. » La réaction d'Anton est immédiate, un petit rire, la cigarette coincée au coin des lèvres. Son tic ressurgit rapidement et les paupières clignent trois fois de suite. Il repense au passé, ça fait toujours ça quand Anton replonge dans ses souvenirs. Sa femme lui disait aussi qu'il avait l'air stressé alors peut-être que c'est le cas, finalement ? Anton ne se définit pas comme stressé... Il réagit différemment en fonction des événements. Il intériorise beaucoup et ça se manifeste physiquement. Ce qu'on pourrait confondre avec du stresse, c'est simplement diverses émotions accumulées qui s'échappent d'un seul coup, sous la forme de tic énervant.« C'est l'impression que je donne ? » dit-il, tout en retirant la clope de sa bouche. « Je suis plutôt café, moi, tu sais. Ce qui n'arrange sans doute pas mon côté stressé, j'imagine. » C'est ce qu'on lui a toujours dit, d'ailleurs. « J'ai fais beaucoup de conneries quand j'étais plus jeune, mais le tabac, j'ai jamais accroché. » Les conneries, elles sont partout sur son corps. Un tatouage dans la nuque, sur les doigts, dans le dos. Des anciennes traces de piercings aux oreilles. Des cicatrices de bagarres. Ils étaient très actif, avant. Beaucoup trop pour ses parents. « Si ça peut te rassurer, j'ai beaucoup fumé... mais c'était pas du tabac. Tu commences pareil mais tu finis différemment. » Il rit de bon cœur en se frottant l’œil droit, envahie pour la fumée. Ont-ils vraiment cette conversation en ce moment ? Anton n'en est pas vraiment sûr. « Et toi, tu sais, je t'imaginais pas fumeur, en fait. Plutôt le genre...» Il s'arrête deux secondes pour réfléchir, tournant légèrement son corps en direction d'Elli et en le pointant du doigt, il termine en une inspiration « Seul héritier d'une famille riche. Le genre à pas faire n'importe quoi avec ses poumons. » Il est enthousiaste, pour une fois.

Deux survivants de l'apocalypse qui prennent un thé au milieu de nul part.





Dernière édition par Anton C. Crawford le Mar 20 Mai - 5:18, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: miles to go. (elli) miles to go. (elli) Icon_minitimeMar 20 Mai - 4:39



 

 
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Ils se seraient attablés autour de quelques pancakes et un café que ça aurait été la même chose. Ah, les pancakes… autrefois, c'était l'une des nombreuses (sans se vanter, c'était tout de même son métier) spécialités d'Elli. Se cantonner au beurre, à la confiture et au sirop d'érable était réducteur. Oh. C'était une mauvaise idée de penser à cela. Après tout, ce n'était pas comme si trouver de la nourriture comestible et/ou non périmée était aisé. Trouver de quoi se mettre sous la dent était de plus en plus difficile - les supermarchés et autres magasins avaient presque tous été dévalisés de tout ce qui était mangeable et dans le cas échéant, les dates étaient un peu extrêmes. Ce n'était pas très grave pour les conserves et tout ce qui était sec ou déshydraté, mais le reste… Alors oui, Elli se seraient bien fait des pancakes avec du lait et des œufs frais. Il se fichait de penser qu'il n'allait plus pouvoir suivre de série télé ou qu'il n'allait jamais connaître la fin de Game of Thrones, mais savoir qu'il ne pourrait plus jamais manger de plat en sauce l'abattait sincèrement. Chacun ses passions.
Après un bref haussement d'épaule répondant à sa remarque sur la détente - dont aucun des deux n'était convaincu - Anton lui envoya une pique. Le regard d'Elli quitta immédiatement la route pour se diriger vers son interlocuteur. « J'commençais à m'y habituer, à mon odeur. Mais c'est vrai que tu pues pas mal toi. » Le sourire que fit Elli se rapprochait de la grimace, mais évidemment il ne se sentit aucunement blessé, il savait reconnaître une plaisanterie d'une vraie insulte, surtout suivie pas un rire (d'ailleurs, il aurait pu se moquer du rire crétin d'Anton mais ne le fit pas). Et croyez-le ou non, il y avait pas mal de personnes qui n'étaient pas capables de le faire, sur les nerfs ou non. Elli en avait fait la douloureuse expérience et en avait écopé une jolie trace sur le bras et une occasion de frôler la mort. Bon, d'accord, il avait à moitié déconné en insultant Niels. Mais de là à en venir au poignard. Parce qu'il fallait dire que la réplique d'Anton, aussi railleuse était-elle, était complètement vraie, et ce n'était pas une simple clope ou un souffle de fumée - merci Anton, vraiment - qui allait changer cela. Cela faisait un an qu'il ne s'était pas douché - une vraie de vraie, avec de l'eau chaude et du savon - trois semaines qu'il ne s'était pas changé, et la dernière fois qu'il s'était débarbouillé et s'était essayé à un semblant de rasage remontait déjà à une semaine. Et puis il avait vraiment besoin de se couper les cheveux. Si ce manque d'hygiène était quelque chose qui aurait été totalement inconcevable avant, c'était maintenant quelque chose qu'il avait appris à ignorer. Cependant, y repenser ainsi le rendait soudainement conscient de son état et faisait remonter un profond malaise. Il était quasiment certain qu'il ne se serait pas reconnu devant un miroir. Depuis combien de temps n'avait-il pas vu un reflet entier de lui-même, d'ailleurs ? Correction : ce qui lui manquait le plus étaient les pancakes et une douche. Alors, au lieu de continuer à rire de la blague d'Anton qu'il ne prit pas pour lui, une grimace complètement dégoutée se forma sur tout son visage alors qu'il observait les manches de son pull effilé. « Ouais… je tuerais pour de l'après rasage. » Il était presque sincère.
Heureusement, ils changèrent de sujet. « C'est l'impression que je donne ? Je suis plutôt café, moi, tu sais. Ce qui n'arrange sans doute pas mon côté stressé, j'imagine. » Alors qu'il tapotait son index sur la Lucky Strike et regardait la cendre s’envoler, il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, prit une inspiration qu'il bloqua immédiatement pour s'empêcher de parler. Hah, je pense que je m'en suis rendu compte, avait-il voulu dire. Elli prenait rarement les gens avec des pincettes, et il aurait dit ça en faisant référence à l'état stressé qu'avait continuellement Anton. Mais ses mots auraient également pu être pris différemment. C'était un paquet de café moulu qui avait tout commencé, là bas, dans cette épicerie. Il ne blâmait pas Anton - lui-même se serait probablement baissé pour le ramasser également - mais cela aurait pu sonner tout comme. Alors il préféra ne rien dire et l'écouter. Il échappa une expiration rieuse au commentaire sur la Marie-Jeanne. « C'est mieux pour le stress que le café, effectivement. » Sérieusement, un peu plus et on aurait dit deux étudiants qui faisaient état de leur soirée du week-end dernier. Cela faisait un sacré retour en arrière. « Et toi, tu sais, je t'imaginais pas fumeur, en fait. Plutôt le genre...» Suspense. Qu'est-ce qu'il allait dire encore. « Seul héritier d'une famille riche. Le genre à pas faire n'importe quoi avec ses poumons. » Une pause. Elli écarquilla légèrement les yeux, tourné vers Anton et haussa un sourcil avant d'éclater de rire. Pas très fort, pas très haut mais assez pour qu'il plisse les yeux et esquisse un mouvement pour se pencher en avant. « Seul héritier d'une famille de riche ! Putain on me l'avait jamais faite celle là. Tu déconnes, Anton. » Sa propre blague le fit encore plus rire. Pour fêter ça, il reprit une taffe. « Je t'avais pas pris pour un type drôle au départ, c'est bien. » Il secoua la tête et vida ses poumons de la fumée toxique. « J'ai commencé tard et j'ai arrêté peu après, juste le temps de finir mes études. C'était stressant. » C'était vrai, la cuisine et l’hôtellerie de haut niveau, ce n'était pas de la rigolade. On pouvait en avoir une bonne idée en regardant Top Chef, mais ce genre d'émission avait fait tellement enrager Elli à l'époque qu'il ne pouvait pas vraiment comparer puisqu'il n'en avait pas regardé grand chose. Quant aux cigarettes, la raison de son arrêt avait été assez simple : dans le restaurant où il travaillait, personne n'aurait voulu d'un cuisinier sentant le tabac froid.
Bref, fumer n'avait pas été pour lui un stupide acte de rébellion envers les parents. Bien sûr, il était passé par ce stade et en gardait quelques vielles traces aux oreilles – dont un piercing à droite qui avait mal tourné dont il gardait encore une petite boursouflure. Quand sa mère, à ses seize ans, avait fini par découvrir un piercing à la langue, elle lui avait collé trois baffes, lui avait ordonné de retirer ça tout de suite et tout était rentré dans l'ordre. Autrefois, son père surnommait sa mère Godzilla. Ce n'était vraiment pas pour rien. « Non, j'étais assez chiant comme gamin. » Oh, oui. Il en avait fait voir de toutes les couleurs, à ses parents. Que de bons souvenirs.
Après ça, il constata que sa cigarette était presque finie. C'était dommage, mais il ne regrettait pas de l'avoir consommée comme ça. Tout sourire et sans se douter de ce qu'il allait dire, il continua, le ton léger. « Et toi alors, le tatoué ? Caféinomane, tatouage, fumeur d'herbe. Tu as fait de la prison, aussi ? » Ah, Elli et son tact légendaire.

 
 
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Dernière édition par Elli R. Hawkins le Mer 21 Mai - 19:34, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: miles to go. (elli) miles to go. (elli) Icon_minitimeMar 20 Mai - 20:36

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Trouver quelqu'un qui ne vous colle pas une balle dans la tête pour une petite pique amicale, dans le monde de maintenant, c'est assez rare. Très franchement, Anton n'a jamais autant ris avec quelqu'un depuis le début des galères. Avec les filles, ils flirtaient et rigolaient mais ce n'était jamais sincère, au fond. Il avait toujours cette boule au ventre, qui l'empêchaient de leur faire confiance. Ce n'est plus pour lui les blagues entre amis, les rires aux éclats. Il s'est privé de tout ça pour éviter de mettre un terme à une amitié avec l'aide de ses poings, comme dans son passé. Il regarde souvent ses phalanges en se remémorant l'instant où elles ont violemment heurtées la mâchoire d'un fantôme de son passé. Au fond, il a toujours peur de finir à nouveau dans un tel état ou qu'un inconnu ne soit pas particulièrement réceptif à son humour un peu décalé. Qui l'aurait crû qu'Elli lui ressemblerait autant ?

Ils sont stupides. Ils ne sont jamais autant parlé en trois mois. Elli sourit, Anton rit. La cigarette se consomme au fur et à mesure que les paroles s'enchainent. Le café, c'est sa vie. La marijuana, c'est du passé. Lucky strike coincée entre les lèvres, Anton suggère son idée quant au passé de son partenaire, ce qui déclenche une sorte de fou rire chez ce dernier. L'addicte du café hausse un sourcil, faisant une légère moue dépité, parce qu'au fond, il n'aime pas vraiment se tromper sur l'idée qu'il se fait d'une personne - et pourtant il se plante souvent, il n'a pas vraiment le nez pour ces choses-là - tout en regardant les dents désormais plus que visible de son voisin. « Seul héritier d'une famille de riche ! Putain on me l'avait jamais faite celle là. Tu déconnes, Anton. » Il chope le mégot de cigarette avec son pouce et son index avant de lui adresser un sourire désabusé, les pupilles se levant vers les cieux. Qu'il est con avec ces rimes, sérieusement. Ses pensées se lisent clairement sur son visage, parce qu'Elli rit encore plus, grâce à sa propre blague. « Je t'avais pas pris pour un type drôle au départ, c'est bien. » L'ancien professeur affiche un visage compatissant en haussant légèrement les épaules, tapotant la cigarette de son index pour que la cendre s'écrase au sol. Ça, il ne peut pas lui en vouloir, il sait très bien qu'à première vue, il a l'air d'être quelqu'un de très sérieux, voire de chiant et même un peu flippant. « J'ai commencé tard et j'ai arrêté peu après, juste le temps de finir mes études. C'était stressant. » Des études stressantes, hein. Sans vraiment le vouloir, Anton commence à en apprendre plus sur son compagnon de route. Alors c'est comme ça qu'on discute naturellement et qu'on apprend à se connaitre ? Fiou, ça fait longtemps, les échanges sociaux. Il ne commente pas, se contentant d'acquiescer bêtement, la cigarette aux lèvres, offrant de nouveau son profil à l'ancien fumeur. Il croise les bras. La toux commence à disparaitre définitivement. « Non, j'étais assez chiant comme gamin. » « Eh, moi aussi. » Sa réponse n'est pas calculée et s'échappe tout naturellement de sa bouche avec un petit nuage de fumée, un petit rictus aux lèvres. Une main toujours enfouie dans la poche de son pull, les souvenirs reviennent rapidement. Son visage se dirige vers le sol. Il revoit l'expression horrifiée de sa mère lorsqu'elle découvrit son premier tatouage sur son cou. Son père ne l'avait même pas remarqué tant il s’intéressait à son fils unique. Il préfère arrêter d'y penser, dans un battement de cils rapide.

Il décide finalement de s'écarter du capot d'un ou deux pas, roulant des épaules, la neige s'accumulant un peu trop à son goût sur sa caboche. Il secoue légèrement la tête, histoire de déneiger le tout et aspire une dernière bouffée de cancer des poumons avant de jeter le mégot à terre et de l'achever avec le talon de ses rangers noires abîmées. Il s'étire, levant ses bras le plus haut possible, soulevant légèrement le pullover jusqu'au nombril alors qu'un bout de tatouage dépasse dans le bas de son dos, suggérant que l'échine d'Anton n'est pas épargnée par l'ancre noire. « Et toi alors, le tatoué ? » Il tourne la tête, regardant par-dessus son épaule, Elli finissant sa clope. « Caféinomane, tatouage, fumeur d'herbe. Tu as fait de la prison, aussi ? » Son sourire disparait lentement, tentant tant bien que mal de prendre la remarque à la rigolade, il n'est pas du genre à casser l'ambiance assez bonne enfant qui règne entre eux. Ce n'est pourtant pas drôle pour lui mais le blagueur de service ne peut pas le savoir. Ils ne savent tellement rien sur l'autre. Il n'a pas honte d'être un ancien taulard après tout il n'a pas commis un crime ignoble, mais bon. Il ne préfère pas s'en vanter. Il racle sa gorge, se forçant à émettre à un petit rire, rien de bien convaincant. Ce n'est pas un bon acteur. Il se gratte rapidement l'arrière de son crâne, enfonçant ses ongles dans sa chevelure beaucoup trop longue et sale à son goût. Il préfère ne pas répondre, laissant un silence s'installer pendant quelques secondes. En espérant que cela soit assez clair pour Elli. « On ferait mieux de reprendre la route, si on veut arriver dans le Nevada demain avant la tombée de la nuit. » Ton sérieux, il pivote sur ses talons et retourne auprès du volant.

Lorsque le moteur rugit à nouveau, c'est un vieux réflexe qui le prend de court, alors qu'il allume la radio. Ils ont déjà essayés. Rien ne passe jamais. La vieillesse de la radio et de l'antenne ne doit certainement pas aider. Il tourne la molette dans l'espoir de l'éteindre, las de n'entendre que du parasitage audio alors qu'Elli finit par le rejoindre. Il ricane légèrement, s'amusant de ses propres réflexes stupides qu'il continue à avoir, même après autant d'échecs. « L'espoir fait vivre, hein...» Un son strident coupe Anton dans son élan de sarcasme. « Survivants. Survi...vantes. Si quel..qu'un m'en...tend. Sachez que tout... n'est pas per..» En premier lieux totalement sous le choc, il se rue sur la radio pour bouger de fréquences et tenter de mieux capter le signal. « Putain, putain. Mais marche, connerie ! » Dit-il tout en frappant brusquement le volant. « La zone... 51...dans le Ne..vada, abrite un ...camp de ...survivants. Je répète. La zone... » Le parasitage est puissant, la voix est à peine audible. « Tout n'est pas perdu. » Tout s'arrête brusquement, la radio ayant définitivement rendue l'âme. Le soupire qui s'extirpe des lèvres du conducteur est lourd. Les doigts d'Anton ne décollent pas de la radio morte, figés. « ... Putain... » Sa voix est hésitante. Le message peut dater de très longtemps. « Ça semble trop beau pour être vrai, non ? » dit-il, tout en orientant ses pupilles bleutées vers Elli. De l'essence, des clopes et maintenant un camp de survivant, et tout ça, dans la même journée ? Oui, c'est définitivement trop beau. Mais peut-être vrai.





Dernière édition par Anton C. Crawford le Lun 4 Aoû - 13:05, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: miles to go. (elli) miles to go. (elli) Icon_minitimeVen 23 Mai - 3:23



 

 
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Si, dans un dictionnaire, il y avait eu une définition précise de l'expression 'se sentir con', on aurait pu y trouver la photo du visage d'Elli à ce moment là. Anton avait ri un peu, s'était raclé la gorge. Mesdames et messieurs, Ellias River Hawkins casse encore l'ambiance à coups de barre à mine. Une spécialité dans la famille, il paraît.
Pendant quelques longues secondes, il resta bête, figé, la clope coincée entre deux doigts et les bras ballants. Hey, il avait dit ça pour rire, il ne s'était vraiment, vraiment pas attendu à ce que cela se révèle vrai, comme l'affirmait tout le langage corporel de son compagnon de voyage. Honnêtement, le fait qu'Anton puisse être un ancien taulard lui importait peu. Il se fichait bien de la raison pour laquelle il avait été enfermé… bon, peut-être pas pour les crimes les plus graves, mais le passé était dans le passé et une apocalypse zombie était une très bonne excuse pour rayer tous ses pêchés. Et puis essayer de deviner le pourquoi du comment aurait été quelque peu complexe. A la tête et au caractère d'Anton, il aurait pu se dire que ce n'était pour rien de trop grave, quoique - par les temps qui couraient à l'époque, on enfermait des gens qui téléchargeaient illégalement, donc pour rien, après tout - mais il ne pouvait pas savoir de quoi il était vraiment constitué. Leur véritable conversation avait durée dix minutes, datait de pas plus de temps, et venait de s'achever sur cette mauvaise boutade. Impossible donc de poser un jugement correct. Il ne pouvait pas nier  que cela avait éveillé en lui une morbide curiosité. Problème de drogues, vol, meurtre ? Et ses tatouages, c'était vraiment un mythe ou ça se faisait en prison ? Elli en avait remarqué sur ses mains, son cou et maintenant son dos. Ca ne devait plus courir les rues, maintenant, les tatoueurs.
Soudainement, le Nebraskan se rendit compte du froid ambiant, que sa main gauche était un peu engourdie et que son nez devait être maintenant complètement rouge - il n'avait plus aucune sensibilité. « On ferait mieux de reprendre la route, si on veut arriver dans le Nevada avant la tombée de la nuit. » « Ouais… » Après ce malaise, c'était tout ce qu'Elli était capable de répondre. Son ton était un peu dépité. Au fond, en plus de la curiosité, il se sentait désolé de lui avoir rappelé de mauvais souvenirs, possiblement. Peut-être trouverait-il un moment pour s'excuser plus tard.
Le temps qu'Anton ouvre sa portière et s'asseye, Elli termina rapidement sa cigarette et jeta le mégot sur le béton. Il n'y avait plus personne pour coller des amandes, et la couche d'ozone était le dernier de ses soucis. Adieu, dernière bouffée, je n'aurais pas pu profiter de toi. Il s'agirait probablement d'un de ses grands regrets sur son lit de mort.

Le moteur vrombit et peu à peu, l'habitacle se réchauffa à nouveau. Elli gardait un regard absent sur la route gelée, jetant un rapide regard à la carcasse salvatrice de la voiture sur le bas côté lorsqu'ils la dépassèrent, puis laissa ses pensées suivre leur court. C'était fou ce que les trajets en voiture pouvaient l'endormir.
Anton avait essayé de lancer la radio avant de démarrer, et Elli en avait sourit légèrement. Ça ne servait pas à grand-chose, si ce n'était se gratter les nerfs avec le grésillement frustrant et agaçant. Plus de musique, plus d'infos, plus de reportage. Rien qu'un éternel crépitement qui donnait envie à Elli de casser quelque chose. « Mouais. » L'espoir fait vivre, c'est ça. Il avait arrêté de cacher son scepticisme. Et pourtant.
« Survivants. Survi...vantes. Si quel..qu'un m'en...tend. Sachez que tout... n'est pas per… » Il fit un bond sur son siège, complètement choqué parce qu'il entendait. L'information avait du mal à faire son chemin dans sa tête. Après tout ce temps… « Putain, putain. Mais marche, connerie ! » « Mais qu'est-ce que tu fous bordel, tourne la foutue molette ! » La stupeur avait laissé place à une sorte de panique et, les yeux exorbités, il s'était penché à son tour vers la radio. Il savait bien que c'était l'appareil qui marchait mal, mais son reflexe avait été de blâmer Anton. Il paraissait que par le passé, c'était l'une des raisons pour laquelle quelques personnes le détestaient. Ce n'était pas le plus important ! « La zone... 51...dans le Ne..vada, abrite un... camp de... survivants. Je répète. La zone... Tout n'est pas perdu. » Son cœur battait à toute vitesse. Un camps de survivant ? De combien de temps datait ce message ! Il peinait à y croire. A la fin du discours, même partiel, il n'avait pas pensé à se redresser et glissa sa main sur sa bouche en essayant de mettre de l'ordre dans les évènements dans sa tête. Tout ça était bien plus qu'un bidon d'essence, des rations abandonnées, un pack d'eau minérale ou quoique ce soit. C'était un camp de survivants. D'autres personnes en vie, une communauté. Une sécurité. « ... Putain... » Le soupire d'Anton exprimait exactement tout ce que pouvait penser Elli à ce moment. Putain. C'était le mot. Il releva les yeux vers son partenaire, et ils se fixèrent avec la même incrédulité, probablement dans le même état d'esprit. « Ça semble trop beau pour être vrai, non ? » « Oui, mais-  putain ! » Son exclamation coupa court à tout. Une silhouette était soudainement apparue dans son champ de vision et il sursauta violemment. La route ! Ils étaient toujours en train de rouler. Le rôdeur était apparut comme de nulle part au milieu du bitume. Ils en étaient beaucoup trop près.
Sans réfléchir, le message oublié, Elli se jeta sur le volant, envoyant sans le vouloir son coude dans le ventre d'Anton en le poussant de la radio. Il n'eut aucune idée de s'il le cogna plus que ça, il ne s'en rendit pas compte alors que le 4x4 faisait une grande virée à gauche, laissant à Anton la tâche d'appuyer sur la pédale de frein. Malgré tout, le côté droit du capot rencontra le rôdeur, du sang éclaboussa une petite partie du pare-brise et de la fenêtre, et la voiture termina sa course sur le bas côté - sans fossé heureusement - en en ralentissant brutalement.

Cette petite cascade les avait secoués. Les mains agrippées au volant, Elli avait fini à moitié affalé sur Anton et ce dernier l'écrasait contre la plage avant qui s'enfonçait dans ses côtés. Il ne s'empêcha pas de manifester son inconfort dans un grognement. Une fois à l'arrêt et le sens du haut et du bas retrouvés, il le poussa sans trop le ménager. C'est lui qui avait servi d'airbag après tout. Il pouvait s'estimer chanceux s'il n'avait pas de côté fêlée. En se redressant quelques instants après, son côté droit le lança. Bordel de merde, c'était bien sa veine. Ce n'était probablement pas grave, et la douleur lui tapa plus sur le système qu'autre chose. Il se laissa tomber sur son siège non sans échapper une plainte et s'accorda quelques secondes pour retrouver ses esprits. C'était bien le moment d'avoir un accident. « Putain de merde, » résuma-t-il finalement en s'emparant de la machette dans la portière. Il la regarda un instant avant de la plaquer devant lui, sur la surface plastique, trop vivement pour paraître calme. « Ça va, rien de cassé ? » fit-il en direction d'Anton en levant les yeux vers lui comme pour l'inspecter. Se blesser juste après avoir trouver un but, ce serait bête, non ? Et tous les deux en même temps, ce serait un comble.
Dans le rétroviseur de la portière, au travers des gouttelettes rouges, il pouvait voir un reste de personne sur le bitume se mouvoir lentement vers eux. Ils lui avaient probablement brisé les jambes en le percutant. Ça faisait presque de la peine à voir. Elli en aurait eu s'il n'était pas autant sur les nerfs. Mais cela voulait aussi dire qu'il y en avait très probablement d'autres plus dans le coin. Par contre, ils ne pouvaient pas laisser celui-ci sur la route. Si d'autres passaient, si d'autres captaient le message… peut-être ne seraient-ils pas assez bêtes pour foncer dans un mort-vivant. Ou peut-être seraient-ils comme eux, des crétins finis. « Il faut virer cette merde de là. » Il avait laissé retomber sa tête en arrière contre le dossier en soulevant la machette par le manche. Cela lui faisait définitivement mal quand il inspirait. Bordel. « Tiens, c'est toi qui t'y colles. Je conduis après. » Il mâchoire serrée, il tendit le manche à Anton en le regardant droit dans les yeux comme pour le convaincre et pour essayer de partager son desarroi. Cette zone 51 tombait plutôt à pic, mais ce n'était pas le moment de relâcher sa vigilance.
 
 
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MessageSujet: Re: miles to go. (elli) miles to go. (elli) Icon_minitimeVen 23 Mai - 19:27

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ANTON
ELLI

Quand la voix est soudainement sortie de la radio, tout semble avoir changé pour l'ancien taulard. Est-ce que cela existe encore, un camp de survivants ? Un endroit où une communauté vit dans la sécurité et construit quelque chose de chaleureux ? Anton ne réalise pas. Anton n'y croit pas. Ils ont tous cherchés un endroit comme ça. Le veilleur de nuit n'est jamais tombé sur une communauté forte et soudée. Il n'y avait que des groupes désorganisés, sauvages. Des situations bancales qui se sont toutes écroulées les unes après les autres. Il ne veut plus être témoin de ça. Ses phalanges serrent avec une certaine pression le cuir du volant, alors que son regard est concentré sur la radio qui vient à peine de cesser d'émettre le signal. Il ne s'inquiète pas de la route qui défile, sachant qu'ils se trouvent sur une longue ligne droite, pendant encore un ou deux kilomètres. Ils n'aiment pas particulièrement les virages, dans le coin. Alors que les pneus frottent, à une vitesse convenable, le bitume, les pupilles céruléennes du professeur se posent sur son copilote, aussi choqué que lui. Le soupire qu'il pousse, l'injure qui l'accompagne, expriment certainement le ressenti général quant à cette situation étrange. Le Nevada, c'est de toute manière leur destination depuis le départ - sans trop de raisons à cela, ils ont juste besoin de fuir la neige incessante du Colorado et l'état d'Argent leur est tout deux plutôt familier - Il dépose doucement sa caboche contre le repose-tête de son siège, le visage toujours tourné vers son ami. C'est donc bien la voie de l'amitié qui semble se dessiner entre eux ? Il n'en est toujours pas sûr. Après tout, ils n'ont communiqués qu'une dizaine de minutes et ça s'est fini plutôt brusquement. La faute à Anton, certes, mais le tact d'Elli n'est pas défendable non plus. Ils ont considérablement réduit le fossé entre eux mais il n'est toujours pas clos. Il lui fait quand même par de ses doutes quant à l'enregistrement. Son regard passe quelques secondes sur la ligne jaune de la route. Les paupières sont lourdes. Anton ne se rend jamais compte quand il est réellement épuisé puisqu'il vit avec une fatigue constante dont il est juste habitué. Il pense l'être, à ce moment précis. La dernière fois qu'il a plongé dans son célèbre état semi-comtaux, c'était il y a environ deux jours. Et il le ressent, jusque dans les muscles qui se contractent au moindre de ses mouvements. Elli prend la parole, alors que le barbu se décide finalement à éteindre la radio qui ne cesse d'émettre des parasites depuis deux bonne minutes. Il n'entend qu'une début de phrase, immédiatement coupé par un putain, craché par son voisin et sent une pression contre ses côtes.

Tout se passe très rapidement. Anton se retrouve écrasé contre la portière, s'étant violemment fait écarté par Elli. Il reporte son attention sur la route et comprend alors le geste de son compagnon de route qui tourne de toutes ses forces le volant vers la gauche. Le véhicule change brusquement de direction. Le rôdeur est venu de nulle part. Pourtant, c'est Elli qui a le bon réflexe. L'impact avec le côté droit du 4x4 est violent. Le sang gicle sur le pare-brise et la fenêtre d'Elli, complètement affalé sur Anton. « Putain de m...! » Ce dernier écrase la pédale de frein avec toute la puissance qui reste dans sa jambe droite. Un crissement net se fait entendre, les pneus laissent une trace noire sur la route enneigée et finalement, la voiture est à l'arrêt, provoquant un fort sursaut et une tension aux cervicales dont il se serait bien passé. Le coup du lapin ? Non, merci.

Les épaules sont baissées, la cage thoracique fait des va-et-vient rapides et les yeux sont écarquillés. Les quatre bras sont entremêlés devant le volant, c'est plutôt le chaos, sur le siège du conducteur. Elli, dans le feu de l'action, ne s'est pas retenu lorsqu'il s'est jeté sur le volant, il se retrouve maintenant le côté gauche entièrement posé sur les cuisses du conducteur, désabusé. Sans le vouloir, le partenaire lui épargne un - très - douloureux contact entre le thorax d'Anton et la dureté du volant ainsi que de la plage-avant. Les airbags ne fonctionnent plus depuis longtemps dans cette carcasse roulante. Ils ont évités le pire. Cette pensée rassure immédiatement. Le 4x4 s'est arrêté sur le côté, sans fossé. Le professeur est sonné. La main sur son front, il essaye de concentrer son esprit sur les priorités qui s'offrent à eux maintenant. L'arrière de son crâne se heurte au siège et Elli décide de se redresser et se repositionner sur son siège. Le poids en moins de son compagnon le soulage mais il ne peut pas s'empêcher de le suivre du regard, inquiet. Après tout, il pousse un grognement de douleur qui ne rassure pas Anton. Être blessé dans cet environnement ? C'est la pire chose qui puisse arriver. Il sait ce que c'est, sa cheville en ayant déjà fait les frais. « Putain de merde, »  s'exclame Elli en attrapant la machette et en la balançant sans retenu sur la plage devant lui, sous le pare-brise sanguinolent. Le verre est couvert de morceaux de chairs arrachés mais il est plus que probable que le rôdeur soit toujours vivant. Anton ne perd pas Elli des yeux. Les blessures internes sont les pires. « Ça va, rien de cassé ? »  Le taulard s'ausculte rapidement des yeux, tapotant son torse de ses mains. Il ressent une légère brûlure au-dessus de l’œil gauche, rien d'insurmontable. « Ça va... Je crois ? Plus de peur que de mal. »  Il secoue très légèrement la tête comme pour se remettre les idées en place. Sa caboche tourne mais il attribue ça à un choc émotionnel ne se rendant pas compte du sang qui s'écoule en petite quantité sur son profil gauche. C'est qu'il a heurté la vitre plutôt violemment, en fait. Une blessure à ce niveau-là, même si c'est superficiel, c'est toujours impressionnant, tant par la quantité de sang qui s'en échappe rapidement. « Et toi, t'es entier ? »  Il s'inquiète rapidement Anton. Il ne veut pas perdre le dernier compagnon de route qu'il lui reste.

C'est tellement stupide qu'il est capable d'en rire. Bon, là, il n'y arrive pas. Les côtes vont bien, non. C'est autre chose. Il se rend compte de sa propre blessure quand la première goutte de sang lui rentre dans l’œil gauche, entrainant une grimace qu'il dissimule à son coéquipier. C'est comme un grain de sable dans la rétine, c'est une horrible sensation. « Il faut virer cette merde de là. »  Anton jette un coup d’œil dans le rétroviseur. Effectivement, ce n'est pas beau à voir. Son regard retourne sur le pare-brise et il lâche le volant des mains tout en évitant de montrer son mauvais profil et générer de nouvelles inquiétudes. « Ça fait vraiment chier. »  dit-il alors tout en détachant sa ceinture. L'état de son voisin l'inquiète un peu plus alors qu'il l'observe faire une grimace à la moindre inspiration trop prononcée. « T'es sûr que ... »  Ça va ? « Tiens, c'est toi qui t'y colles. Je conduis après. »  Sa question est balayée par les priorités qui doivent être accomplies. Achever le rôdeur, par exemple. Il saisit la machette sans rien ajouter d'autres.

La portière s'ouvre doucement et Anton pose les pieds à terre, sans se lever. Il préfère essuyer le torrent sanguinolent qui s'écoule sur son profil gauche rapidement d'un coup de manche. Il arrive finalement vers le massacre. Le rôdeur est coupé en deux morceaux distincts. Le haut du buste dont les bras et la tête sont encore attachés et le reste gisant à côté. L'odeur étant insupportable, même en plein air, il recouvre ses narines de son pull noir et s'empresse de fendre le crâne du rôdeur à l'aide de la machette. Le premier coup de ne suffit pas et l'immondice souhaite toujours lui gober un morceau de chair. « Tu vas crever, saloperie ! »  dit-il tout en assénant un deuxième coup, qui s'avère fatal. Et légèrement salissant, les éclaboussures s'ajoutant à la crasse générale du corps d'Anton. Ne sachant pas quoi faire avec l’égratignure à son arcade sourcilière, qui forme rapidement un ruissellement de sang dévalant sa joue, il attrape son bonnet et exerce une pression sur la plaie. La compresse de fortune vire rapidement au rouge. Le froid de la neige couvrant le bonnet soulage la brûlure de l'irritation, tout de même - ce n'est pas une SI mauvaise idée - Il récupère la machette et soupire. Lorsqu'il retourne s'asseoir dans la voiture, c'est du côté passager et il n'est plus en mesure de dissimuler sa petite mésaventure faciale. Il dépose lourdement la machette sur la plage avant et écrase sa tête contre le siège. « Journée de merde, finalement. »  Ça commence bien, ça finit mal. L'histoire de toute une vie pour Anton.



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MessageSujet: Re: miles to go. (elli) miles to go. (elli) Icon_minitimeSam 24 Mai - 4:31



 

 
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La machette quitta sa main et Elli laissa retomber son bras contre son corps. Il n'avait pas pu remarquer l'état de la tempe de son camarade, tourné comme il était. Lui-même avait du mal à garder les yeux fixes, encore un peu secoué par leur cascade. De son côté, Anton ouvrit la portière et ce n'est que quand il vit sa silhouette disparaître après l'ouverture de la portière qu'il aligna sa tête et lâcha un long soupir. Pendant quelques instants, il se retrouva seul. Maintenant qu'il y pensait, cela faisait quelques mois que ce n'était pas arrivé. Il n'était pas sûr d'aimer ça.
Il observa dans la glace les épaules d'Anton rouler alors qu'il marchait vers le reste d'être humain coupé en deux sur la chaussée à l'abandon. La vitre était sale, sanguinolente et le rétroviseur rétrécissait la scène, l'empêchant de voir les détails. Tant mieux. De ce qu'il voyait là, ce n'était rien de charmant. Rien qu'il n'avait pas déjà vu, remarque. Il le savait sans même avoir besoin d'y être ; l'avoir sous les yeux ne lui aurait fait ni chaud ni froid. Un zombie restait un zombie. C'était les hommes qui étaient capables d'imaginer les pires choses.
Et voilà. Il était seul et ses pensées commençaient déjà à érrer sur un terrain glissant. Un nouveau soupir, énervé celui-ci, filtra entre ses dents et il ouvrit brusquement la portière. A peine les semelles au sol, il grimaça. L'enchaînement d'actions avait entraîné un lancement électrifiant sur tout son côté droit. Il n'avait pas besoin de ça, vraiment.

Il fallait qu'il se calme. Il se sentait agacé, il avait mal, froid, et il n'aurait rien dit contre une barre de céréales pour reprendre un peu d'énergie. Rapidement, alors qu'il entendait Anton jurer derrière lui en achevant le rôdeur, il fit le tour de la voiture pour s'assoir du côté conducteur. En refermant la porte, ses yeux se fixèrent automatiquement sur un détail inhabituel. Quelques gouttes carmines avaient doucement glissé sur la vitre, à l'intérieur. Elles étaient peu nombreuses. Que faisaient-elles là ? La réponse ne tarda pas à lui arriver.
Il entendit les pas d'Anton se rapprocher de la voiture et sentit son poids affaisser légèrement le véhicule lorsqu'il s'assit. Ses yeux restèrent un moment fixés sur le volant que ses mains agrippaient plus fermement que nécessaire. « Journée de merde, finalement. » Elli entendit à peine la réplique alors qu'il se mordillait la lèvre, perdu dans ses réflexions. La zone 51… d'accord, ils allaient au Nevada de toute façon. Mais il n'était pas sûr de ce que cela représentait. Et si le message datait de plusieurs mois et qu'ils tombaient sur un camp rempli de rôdeurs affamés une fois sur place ? Et si c'était un piège pour attirer les imbéciles - comme eux - et voler tout ce qu'ils avaient ? Mais, et si c'était vrai ? Est-ce que ça valait la peine de risquer de tout perdre et de croire ce message radio ? Et comment pouvait-il réaliser ? Des dernières phalanges de ses pouces devinrent blanches sous la pression. Est-ce qu'ils pouvaient leur offrir la sécurité dont ils manquaient cruellement ? Etait-il seulement possible de la retrouver ? Après près d'un an à errer et à mettre sa survie en priorité numéro un, il peinait à imaginer ce que pouvait être une vie calme. Il peinait à se voir faire confiance à une communauté entière, pas après ce qu'il s'était passé avec le premier groupe, pas après ce qui s'était passé avec le deuxième. Ses dents s'enfoncèrent un peu plus dans sa peau. Il n'arrivait pas à se projeter serein. La sérénité était une partie de lui qu'il savait bloquée définitivement.
Et puis merde, c'était quoi son problème ? Ils venaient d'apprendre qu'il y avait peut-être un refuge dans l'état d'à côté, et il arrivait à ne pas vouloir y aller et à douter ? Qu'est-ce qui avait cassé dans sa tête pour qu'il arrive à penser ça ? Rester positif, toujours voir le bon côté des choses, c'est ce qu'il s'était promis de faire pour ne pas perdre la tête. Ce n'était pas un accident, une côte fêlée et des cernes trop creusées qui allaient changer ça maintenant.

Il redressa soudainement la tête et détendit ses sourcils qu'il ne s'était pas senti avoir froncés. Il avait dû rester coincé dans cette position pendant de longues secondes dans le silence. Surpris de sa propre attitude, il libéra sa lèvre pour prendre une inspiration et dire quelque chose et se tourna brusquement vers Anton - grimace - mais quoi qu’eurent pu être les mots qui s'étaient formés dans son esprit, sa voix mourut dans sa gorge après la première syllabe.
Il y avait du sang partout sur le visage d'Anton et son bonnet prenait petit à petit une teinte foncée. Les yeux exorbités d'Elli restèrent fixés sur la trace rouge et fraiche qui coulait sur sa tempe et sa joue depuis son arcade, rougissant le blanc de son œil gauche au passage. Il ne savait pas ce laquelle était la plus forte, la surprise ou l'inquiétude. Quand s'était-il fait ça ? Pendant l'accident, ou dehors… Une sueur froide descendit le long de son dos et l'inquiétude prit définitivement le pas sur son visage. C'était impressionnant à voir sur un vivant. Il avait assisté à pire pire, sur lui y compris, mais c'était probablement quelque chose à laquelle il ne s'habituerait pas tout de suite. Il paraissait que les blessures à la tête faisaient plus peur que mal. Néanmoins, un os fêlé était une chose, mais une plaie ouverte en présence d'un rôdeur en était une autre bien plus grave quelque soit la gravité de la plaie en elle-même. Et c'était lui qui l'y avait envoyé. « M-merde, Anton, ça sort d'où ça ? » Il avait amorcé un geste vers lui, et s'était arrêté à mi-chemin, la main tendue vers la plaie, sans savoir quoi faire sur le moment.
Est-ce que cette blessure était l'origine de la trace de sang sur la vitre ? Très probablement. Bon sang, il s'en voulait de ne pas l'avoir vu plus tôt, il ne lui aurait jamais demandé d'aller achever le cadavre ambulant autrement. Et s'il avait reçu du sang sur le visage en l'achevant ? Il ne voulait pas être seul à nouveau. Il n'avait pas envie de perdre une personne qui passait petit à petit du stade de compagnon de route à ami éventuel. Voilà pourquoi il étant dangereux de commencer à partager ainsi. Mais c'était aussi de la faute d'Elli. Tisser des liens amicaux après dix minutes de discussion… ça avait son petit côté pathétique.
Et cette putain de prétendue zone 51 qui était dans l'état d'à côté.

Son cerveau repéra avant même s'il ne s'en rende vraiment compte les deux infectés qui s'approchaient à leur droite. C'était devenu un véritable automatisme, maintenant. Il était temps de partir. Elli fit une marche arrière avant d'écraser la pédale d'accélération, la mâchoire contractée à l'extrême tout comme ses épaules, les yeux fixés sur la route givrée. « Me dis pas que t'as reçu un truc sur le visage en l'achevant. » Comment rester positif ou voire le bon côté des choses alors que se profilait devant lui l'idée d'avoir à encore achever quelqu'un. « Bordel de merde, mais pourquoi tu m'as rien dit ! J'y serais allé ! » Au fond, le calme d'Anton le rassurait et répondait à la plupart de ses questions. Mais il ne pouvait être sûr de rien.
Après un ou deux kilomètres, il freina. Cela faisait un moment qu'il ne s'était pas senti sur le point de craquer comme ça. « Ecoute, quoiqu'il arrive, tu pisses le sang. On peut pas te laisser comme ça. Je crois qu'on a un kit premier secours ou j'sais pas quoi. » Il se tourna - doucement - vers les sièges arrières, où le fameux kit était censé être. Par reflexe, il se pencha et tendit le bras vers le sac qui le contenait. Il étouffa une plainte en serrant les lèvres au maximum et se crispa, ce qui n'arrangea rien. Il avait très, très envie de frapper quelque chose. A la place, il ne dit rien et descendit de nouveau de la voiture pour atteindre le siège voulu par la portière arrière, saisit le sac et revint à sa place. Alors qu'il ouvrait la fermeture éclair et fouillait quelque chose qui ressemblait à du désinfectant et des compresses, il reprit la parole beaucoup plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu. « Enlève ton bonnet. »
 
 
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MessageSujet: Re: miles to go. (elli) miles to go. (elli) Icon_minitimeSam 24 Mai - 23:27

the summer sun, it blows my mind, is falling down on all that I've ever known. Time will kiss the world goodbye. Falling down on all that I've ever known. Is all that I've ever known.
a dying scream makes no sound


ANTON
ELLI

Ce n'est pas une bonne chose d'avoir un léger trou à l'arcade sourcilière. C'est sa première fois - il en faut bien une pour tout, non ? - et ça confirme toutes les choses qu'on lui a dit sur ce sujet. Ça ne fait pas réellement mal. Il sent quelques picotements sur son profil gauche mais rien de comparable à l'apparente souffrance que semble ressentir le nouveau conducteur, plongé dans une sorte de réflexion intense à laquelle Anton ne souhaite pas prendre part. C'est qu'il observe du coin de l’œil, actuellement. Soulevant légèrement la compresse - qui n'est vraiment pas stérile - il réussit à l'apercevoir entre deux gouttes sanguines, le regard sérieux, les lèvres malmenées. C'est définitif, il ne veut pas le tracasser avec d'autres problèmes. Et Anton est sérieux alors qu'il essaye de faire comme si de rien n'était. Ce n'est pas grave, ne fais pas attention. Il y a tellement de choses qui viennent de s'accumuler, il se demande encore pourquoi son esprit n'a pas flanché, d'ailleurs ? C'est peut-être la présence de celui, qui au même moment semble découvrir la mésaventure d'Anton, lui permet de ne pas initialiser une sorte de redémarrage interne ? C'est ce qu'il a l'habitude de faire, généralement. Tout va mal ? L'anomalie qui provoque les doutes, les peurs et les souffrances dans son système interne est supprimée. Cela entraine un comportement impulsif, des réactions disproportionnées. Il aurait tellement pu arrêter d'essayer. Un message d'espoir à la radio ? Plutôt un couteau qui vient s'enfoncer dans les côtes, tournant tout doucement, ravivant la blessure. Parce que c'est ça, la réalité. On ne peut croire en rien maintenant. Pas à un appel d'urgence, pas à un rêve de sécurité, pas à une petite flamme d'espoir de trouver d'autre survivants assez stable psychologiquement pour former une communauté. C'est sûrement égoïste quand il y pense, maintenant. Quand il regarde Elli aux yeux écarquillés. Quand il se dit que, peut-être, ça serait mieux de rester un duo, pour le moment. Les grandes communauté ne lui ont jamais réussis. Et Anton ne peut pas accorder sa confiance à autant de gens. Pour son compagnon de route actuel, ça commence à peine. Cette chose qu'il a apprit à détester au fil du temps qui passe. La confiance. L'amitié. Et toutes les émotions négatives ou positives qui peuvent accompagner cet état.

Là, il culpabilise. Chose qu'il évite de ressentir depuis le début de la fin. Il préfère détourner le regard rapidement à l'instant même où sa pupille croise celles du chauffeur. Il exerce toujours une pression sur la plaie, le bras levé depuis deux minutes et le coude dirigé vers Elli. « M-merde, Anton, ça sort d'où ça ? » « T'inquiètes, ça va. » dit-il dans la foulée. Il est légèrement sec. Il ne sait même pas pourquoi il emploi ce ton agacé. Il n'aime pas qu'on s'inquiète pour lui mais il préfère quand ses amis l'épaulent dans les moments difficiles. Vous voyez la contradiction qui bataille à pleine vitesse dans son esprit fatigué ? Bordel. Une ligne de sang coule jusqu'à sa mâchoire et plonge depuis le bord de son cou jusqu'à finir écrasée sur la cuisse. Il passe un coup de bonnet rapidement sur sa joue - décidément, en plus d'être reconvertit comme compresse, voilà qu'il entame une carrière d'essuie-tout - étalant le sang séché qui s'est écoulé deux minutes avant. Accident de peinture rouge mis à part, ce n'est pas beau à voir mais le flux sanguin semble enfin diminuer. Boucher le trou, ce n'était pas une mauvaise idée. Et dieu sait qu'il n'y connait rien en premier soin.

Le moteur rugit d'un seul coup, avant même qu'Anton n'ait le temps de mettre sa ceinture. Elli accélère rapidement et le professeur comprend que ce n'est pas le moment de se faire prendre par surprise par deux rôdeurs. Surtout qu'il ne voit presque plus de l’œil gauche, avec toute cette accumulation de sang sur son profil. « Me dis pas que t'as reçu un truc sur le visage en l'achevant. » Il l'entend souvent, Elli. Mais rarement aussi énervé. Ou est-ce autre chose ? Le taulard ne peut pas vraiment le dire puisqu'il n'est pas doué pour évaluer le comportement des personnes. « Non, non... je te dis que c'est ... »  « Bordel de merde, mais pourquoi tu m'as rien dit ! J'y serais allé ! » Il a l'impression d'être un élève qui se fait réprimander par un adulte. C'est vrai que ce n'était pas spécialement intelligent d'ignorer une fente sur son front et d'aller à la bagarre avec un infecté. Une petite goutte de sang qui atterrit au mauvais endroit et inquiéter inutilement son ami devenait le dernier de ses soucis. Il préfère se murer dans un silence gênant pendant quelques secondes, en observant le paysage enneigé qui défile sous ses yeux. C'est comme un enfant grondé, cependant il ose un petit « t'es sûrement plus blessé que moi. » craché dans sa barbe, offrant l'arrière de son crâne comme seul point de vision pour Elli. Il maintient toujours le bonnet sur la plaie, son bras s'engourdissant petit à petit.

Finalement, la voiture s'arrête. « Écoute, quoiqu'il arrive, tu pisses le sang. » Il tourne sa tête vers Elli, pivotant son buste pour pouvoir le regarder de son œil droit, c'est plus pratique. « On peut pas te laisser comme ça. Je crois qu'on a un kit premier secours ou j'sais pas quoi. » Il suit le périple d'Elli d'un seul œil. Le pauvre se glisse entre les sièges avant pour espérer atteindre le sac reposant tranquillement à l'arrière. Il n'y arrive pas et reste quelques secondes sans bouger. Il peut le voir, Anton. Il a peut-être une tête de débile à l'heure actuelle mais il ne l'est pas et constate le corps crispé et tremblotant de son camarade. « Et tu voulais aller achever le rôdeur toi-même, hein ? » C'est un ton sarcastique qu'il emploie et un frêle rictus qui apparait sur ses lèvres gercées. C'est évident, qu'Elli souffre beaucoup plus. Ce dernier ne dit pas un mot. Il étouffe même un gémissement de douleur qu'Anton ne perçoit donc pas. Il le regarde sortir de la voiture pour se rendre à l'arrière. Alors qu'il farfouille dans le sac, Anton se repositionne droit sur son siège, s'assurant tout de même de la sécurité de l'endroit. Ils sont toujours sur la route. Toujours entourés d'arbres morts et de neiges. Est-ce que ce fichu état à une fin ? Même lui commence à en douter. Il remarque la carte par terre, à ses pieds. Ça sera l'occasion de mettre ses talents à l'épreuve. Elli revient au volant alors qu'Anton essaye de se saisir du morceau de papier, le dos courbé, le seul bras valide tentant désespéramment de faire son job. C'est qu'avec une seule orbite ouverte, l'appréciation des distances est quelque peu... différente ?

« Enlève ton bonnet. » Il se stoppe net dans son parcours du combattant et se redresse, interloqué par le ton froid d'Elli. Cette journée est vraiment bizarre. Et Anton ne sait pas comment réagir face à un Elli sous les nerfs - c'est assez visible même pour le professeur - alors il soulève doucement le bonnet, comme demandé. La plaie est boursouflé et l'épiderme accuse encore le coup du traumatisme. Ce qui serait le plus choquant, c'est la quantité de sang qui s'est écoulé sur sa joue. De l'arcade, en passant par la paupière, puis la joue, le coin des lèvres et la mâchoire, le sang s'est logé un peu partout, de façon inégale selon les endroits. Ça va être difficile à nettoyer. « Alors, verdict, je suis toujours le plus beau des deux ? » Sarcasme complet. Car en plus de ressembler à un homme des cavernes - et de ne pas être le genre à s'attarder sur son physique ou celui des autres - il sait pertinemment à quoi il peut ressembler, puisqu'il a son bonnet sous ses yeux et la tâche de sang lui en dit long sur l'état de son côté gauche. Il regarde le désinfectant. « Hmm... » Puis le visage fermé d'Elli. « Je peux le faire tout seul, si tu veux. » C'est qu'il n'aime pas réellement ce genre de choses. Les produits qui piquent. « T'es blessé, je le vois bien. Repose-toi trente secondes, au moins, la route est longue. » Il lui tend la main en espérant recevoir les compresses et le produit. C'est le genre de réflexe stupide mais humain. Si on le fait soi-même, ça fait moins mal. C'est faux, mais bon. Il a sûrement perdu trop de sang pour espérer quelque chose de logique de sa part.




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MessageSujet: Re: miles to go. (elli) miles to go. (elli) Icon_minitimeLun 26 Mai - 15:48



 

 
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Et Anton qui ne faisait rien pour adoucir ses nerfs. « Et tu voulais aller achever le rôdeur toi-même, hein ? » Il aurait mérité d'être secoué comme un prunier. Elli aurait pu le prendre comme une provocation ou une moquerie. C'était peut-être ça, qui sait. Mais il était n'avait plus l'âge pour jouer au plus fier des deux et était surtout trop fatigué pour relever complètement ou répliquer quelque chose. A la place, il lui envoya un regard qui trahissait bien comme il le fallait le fond de sa pensée. Ta gueule, Anton.
Il avait après ça fait fonctionner ses jambes et était revenu côté conducteur pour tomber sur un Anton plié en deux vers ses pieds. Un sourcil se haussa. Pourquoi pas, hein. Il ne comprit que quand il se redressa qu'il avait cherché à attraper la carte. Il aurait mérité de se cogner la tête en se relevant, tiens, et Elli se serait moqué de lui. Quelle désir de vengeance vicieux. A la place, Anton fit comme demandé en son bonnet-éponge se souleva pour dévoiler son crâne. A la vue de l'entaille, le Nebraskan grimaça. Il ne s'était vraiment pas loupé, et pourtant ça n'avait été qu'une vitre - s'il avait souffert ainsi cette fois, il n'osait pas imaginer ce qu'il se serait passé si son crâne avait rencontré le pare-brise. Il en serait probablement mort sur le coup.
De l'hémoglobine avait coulé partout et s'échappait encore doucement de la plaie, en petite quantité heureusement. Elli eut un pincement au ventre en voyant son état, cette drôle de sensation de douleur par procuration. Bon sang, ça s'était écoulé jusque sur ses vêtements. Une blessure à l'arcade était vraiment impressionnante et l'ancien cuisiner resta un instant à la regarder, un peu déstabilisé. Il n'aimait vraiment pas ça. Plus vite ce serait soigné et plus vite ce serait caché derrière un pansement, mieux ils se porteraient. Mais avant, il fallait nettoyer et surtout, désinfecter. Et ça, Elli était bien décidé à son occuper. En fait, il ne faisait pas ça simplement pour Anton mais aussi pour lui-même. Sa main gauche se serra, plus il détendit ses doigts sporadiquement. Mh. C'était à prévoir.
Il baissa son regard quelques secondes avec un sachet de compresse, un bouteille d'eau et un flacon d'alcool à 70°. Il y a un an, il aurait été heureux d'avoir tout ça. « Alors, verdict, je suis toujours le plus beau des deux ? » Elli redressa la tête et à la suite de cette réplique ô combien intelligente, quelque chose d'étrange se passa sur son visage. En plus de l'agacement s'ajouta l'amusement, qui, finalement annula le tout et le laissa sans aucune expression. Ce fut d'une voix monotone qu'il répondit donc « je sais pas mais t'as l'air d'un ours qui se serait pris une décharge de fusil dans la face. » Et pourtant il riait intérieurement. Pour le côté ours, il n'avait pas tort cela dit. Ils étaient tous les deux dans le même état de saleté avancé, les cheveux trop longs et la barbe mal entretenue, mais comme Anton était brun, c'était plus notable chez lui. Mais sérieusement, avec tout ça, à part ses yeux, il était difficile de distinguer le moindre trait. Cela dit Elli se fichait bien de quoi il pouvait avoir l'air, il avait d'autres priorités. « Hmm... Je peux le faire tout seul, si tu veux. » Le 'plop' de l'ouverture de la bouteille d'eau fut la seule réponse qu'Elli eut à lui apporter. Malgré tout, Anton insista. « T'es blessé, je le vois bien. Repose-toi trente secondes, au moins, la route est longue. » Cette fois, Elli soupira et imbiba d'eau une compresse sortie de son sachet. « Tu arrives même pas à attraper une carte à tes pieds et tu veux me faire croire que tu arriveras à t'occuper d'une plaie que tu voies même pas ? T'es drôle. » Il posa la bouteille sur la plage avant à côté d'Anton pour pouvoir y accéder plus facilement après. « Et je suis pas au bord de la mort, c'est bon, je saigne pas. Je me reposerai quand j'aurai fini ça. » En même temps qu'il prononçait le dernier mot, il appuya fermement sur le haut du crâne d'Anton pour qu'il soit en face de l'entaille, sans vraiment lui laisser le choix. Maintenant qu'il la voyait de plus près, il grimaça de nouveau. « Putain c'est moche, tu t'es pas loupé. » Il n'était pas un expert en blessures, pas du tout même, mais il n'avait pas l'air d'avoir besoin de points de suture. Ce qui tombait bien puisqu'il en était incapable. Maintenir une dinde, ficeler un rôti, ça il savait faire. Mais généralement, ça allait au four après. Et il n'était pas sûr qu'Anton rentrerait dans un four. Mais à quoi il pensait, là ? Ce n'était pas le moment d'être distrait.
A moitié assit entre les deux sièges, la jambe droite jetée comme il le pouvait entre les deux sièges et la gauche repliée, il tenait bizarrement en équilibre en appuyant son coude sur le siège d'Anton et en se surélevant pour atteindre l'entaille. Il constata au passage que lever le bras droit comme il le faisait était très inconfortable, ce qui manqua de le faire tomber deux fois. Il n'était pas gymnaste, bordel.

Rapidement, sans qu'il ne touche vraiment à la plaie, il nettoya les parcelles de peau à côté. Ses mains étaient un peu hésitantes, probablement froides et il n'était pas exactement doux - manque d'habitude probablement. Mais Anton n'était pas en sucre, il allait survivre. Et puis le 'pire' était à venir. Avec un petit « ok, c'est bon, » il revint lentement en arrière en faisant attention de ne pas faire de faux mouvements, attrapa une nouvelle compresse et se saisit de la bouteille d'alcool. Dès l'instant où il en versa sur la panse, l'odeur caractéristique d'antiseptique emplit la voiture. Elli renifla. Il n'avait plus l'habitude d'une odeur âcre aussi forte. Enfin, il s'approcha de nouveau et remplaça le classique ça va piquer un peu par un « ça va t'arracher la gueule. » Sans plus de cérémonie, il plaqua la compresse sur son front.
Oh, ça devait piquer mais ça ne devait pas être si terrible, Elli le savait. Mais ce n'était jamais agréable. Et puis il était vraiment consciencieux. Un peu trop, même. Il était hors de question qu'il arrive à Anton ce qu'il lui était arrivé, alors il y alla un peu fort sur l'alcool à désinfecter. Il nettoya une fois, une deuxième fois avec le dos de la compresse. Puis il en imbiba une autre et en refit de même. Tant pis si Anton protestait, Elli maintenait son visage avec sa main libre pour pas qu'il bouge de toute façon. Le Nebraskan ne fut satisfait qu'une fois le dos de la deuxième compresse utilisée ainsi qu'après une inspection dans les règles de l'art. Ensuite il attrapa rapidement - ouch - des pansements qu'il disposa du mieux possible sur l'arcade de son camarade. Il se recula ensuite, les yeux plissés, et déclara un « voilà » plutôt satisfait.
Il n'avait pas nettoyé tout le visage d'Anton et lui posa la bouteille d'eau dans la main. « Tu peux finir de nettoyer tout ça si tu veux mais là ça devrait être bon. C'est toi qui décide si tu veux rester comme ça. » Il fallait dire qu'il avait l'air un peu bizarre. Elli n'était pas un as de collage de pansement, alors ce dernier était un peu de travers - mais bon, tant qu'il faisait son boulot, c'était bon, n'est-ce pas ? Le sang avait à moitié séché sur sa joue et sa mâchoire, on aurait dit une croûte géante. Cela fit sourire Elli en coin. Maintenant que son potentiel ami était soigné, il était bien moins sur les nerfs et un peu plus calme. Il n'était pas infecté - le temps avait l'air écoulé et Anton avait un air plutôt normal - et il était désinfecté. En sachant ça, le Nebraskan se sentait beaucoup mieux. « T'as un petit air de zombie, comme ça. »
Elli reprit ensuite une place plus convenable sur le siège conducteur et repensa aux mots d'Anton de tout à l'heure. Trente secondes, hein. Honnêtement, il aurait bien pris quelques heures de sommeil. Son regard fut attiré par le mouvement de balancier du porte-clefs de la voiture donc ladite clef était enclenchée près du volant. « Cette zone 51… » Il n'était même pas sûr de ce qu'il voulait dire, et se mordilla rapidement la lèvre - mauvais tic - en réfléchissant. « T'en pense quoi ? » Il fallait qu'il pose la question. Il releva la tête vers Anton pour croiser son regard. « Est-ce qu'on tente le voyage là bas ou c'est trop risqué ? » Sans nul doute, son compagnon de route savait ce qu'il sous-entendait par cette question. Il avait besoin de connaître son avis, pour se fixer, pour s'influencer peut-être. Et puis étaient tous les deux, une équipe et il fallait qu'ils se mettent d'accord sur quoi faire, où aller. En mordant maintenant l'intérieur de sa joue, il continua. « Je veux dire, ça nous donne une destination, mais je sais pas. Je sais pas si c'est une bonne idée. »

 
 
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MessageSujet: Re: miles to go. (elli) miles to go. (elli) Icon_minitimeJeu 29 Mai - 21:19

the summer sun, it blows my mind, is falling down on all that I've ever known. Time will kiss the world goodbye. Falling down on all that I've ever known. Is all that I've ever known.
a dying scream makes no sound


ANTON
ELLI

Lorsque la compresse imbibée d'eau se colle à la peau d'Anton, un frisson lui parcoure l'échine. Le contact humide est surprenant mais ce n'est pas douloureux. Elli se contente, pour le moment, de nettoyer le contour de la plaie, avec précaution. Quelques secondes plus tôt, le professeur veut éviter à son ami en devenir de forcer sur sa blessure en lui proposant de prendre les choses en mains pour se soigner lui-même. Mais Elli marque un point. « Tu arrives même pas à attraper une carte à tes pieds et tu veux me faire croire que tu arriveras à t'occuper d'une plaie que tu voies même pas ? T'es drôle. » Ce point-là, précisément. C'est qu'il ne peut pas répondre à ça, son œil gauche étant complètement hors-service à cet instant. Du coup, Anton ne l'ouvre pas. Il est simplement assis sur son siège, les yeux - ou plutôt l’œil - parcourant le visage de son infirmier en formation. « Et je suis pas au bord de la mort, c'est bon, je saigne pas. Je me reposerai quand j'aurai fini ça. » L'ours - comme l'avait surnommé Elli quelques instants auparavant - se plie aux mouvements de l'autre qui ne le ménage pas, appuyant sur son crâne pour qu'il soit correctement face à la plaie ouverte. Donc, l’œil du natif de Portland se plait à parcourir ce qui lui arrive sous la pupille, le volant, par exemple. La radio, aussi. Il se crispe quelques fois, lorsque l'eau ruisselle par-dessus la plaie. « Putain c'est moche, tu t'es pas loupé. » « J'suis sûr que t'exagères. » Il essaye de se rassurer, en réalité. Anton, c'est une petite nature dans le fond. Il est plus du genre à paniquer quand il voit une entaille sur quelqu'un plutôt que de garder son sang-froid et d'agir rapidement pour soigner la chose. Heureusement pour Elli, donc, que ce ne soit pas lui qui s'est cogné la tête, hein ? La nuque d'Anton est cassée en deux, au bon vouloir du soigneur en chef, le coude posé sur la plage-avant, son genoux se heurtant au frein à main. C'est qu'ils n'étaient pas dans une position très plaisante, l'un comme l'autre. Le nettoyage de la plaie ne dure guère longtemps, mais Anton admire le sérieux de son partenaire, pour le coup. C'est le premier à faire des blagues stupides mais on peut toujours compter sur lui lorsqu'il le faut, c'est une chose qu'il a remarqué assez rapidement chez Elli.

C'est lorsqu'il sent l’antiseptique que le cœur d'Anton commence à accélérer très rapidement. Une expression illustrant le oh merde apparait sur sa face inquiète alors que sa paupière gauche est toujours fermée, couverte de sang séché. Le professeur n'est pas prêt, vraiment pas. Le bourreau s'approche avec sa compresse trempée de souffrance et de regrets. C'est pas vraiment une chochotte, Anton. C'est qu'un être humain, après tout. Il va pas s'en cacher. Désinfecter une plaie ouverte, ça fait sacrément mal. Il n'écoute qu'à moitié Elli, fermant son seul œil valide, préparant même une grimace de circonstance, redoutant le moment où l'antiseptique pénétrera l'endroit fatidique pour empêcher une infection fatale. Il ne préfère pas savoir quand la foudre va abattre. Quand le bourreau va exécuter la sentence. Quand ... « ça va t'arracher la gueule. » « BORDEL DE M.. » La suite s'étouffe dans sa gorge au moment même où Elli écrase la maudite compresse sur le front du professeur Grizzli. Il en vient même à frapper du poing un endroit aléatoire, juste au dessus de la défunte radio. Parce qu'il ne sait pas vraiment où son poing s'est écrasé sous le coup de la douleur, ses paupières étant closes. Il se mord la lèvre inférieure, s'empêchant d'insulter les divinités ou même son compagnon de route, la proie la plus facile étant le responsable direct de l’atroce souffrance qu'il subit actuellement. Putain, putain, putain. C'est ça, l'état actuel d'Anton. Pourtant, la douleur diminue légèrement au bout de quelques secondes durant lesquelles l'autre ne fait qu'appuyer sur la plaie, consciencieusement. Pour essayer de penser à autre chose que - Aie, bordel - les aller-et-retour des compresses antiseptiques sur sa blessure il visualise les kilomètres qu'ils restent à parcourir pour arriver au Nevada. Il marmonne dans sa barbe, ne bougeant pratiquement que ses lèvres sans émettre de son. « Dans trente kilomètres - Ça fait mal, putain - prendre à droite puis continuer sur la route 54.. » Sa petite distraction fonctionne et il endure.

Finalement, il ouvre ses yeux - grande avancée, la paupière gauche fonctionne - et observe Elli finir les premiers soins en déposant le pansement de manière plutôt brusque sur la plaie nettoyée. Le « voilà » soulage immédiatement le blessé qui recule instantanément pour remettre sa colonne vertébrale droite sur le siège. Un grand soupire s'extirpe de ses lèvres. « Tu peux finir de nettoyer tout ça si tu veux mais là ça devrait être bon. C'est toi qui décide si tu veux rester comme ça. » C'est qu'il a toujours une sale tête; là. Il se regarde dans le rétroviseur, derrière la vitre fermée. Il sourit légèrement en remarquant la position très bancale du pansement sur son arcade. C'est sûr qu'il n'est pas un spécialiste du bandage, son nouveau pote. Enfin, Anton ne ferait certainement pas mieux. Il apprécie le mal que s'est donné son voisin pour désinfecter la blessure rapidement. Mine de rien, ce n'est pas quelque chose que ferait n'importe quel inconnu. Ils viennent de dépasser enfin ce stade non ? Au fond, le professeur l'espère maintenant. C'est peut-être naïf de sa part, après une brève discussion. « T'as un petit air de zombie, comme ça. » Son rire est légèrement étouffé par les picotements qu'il ressent encore sur le front. C'est que ça travaille toujours, là-dessous. « C'est un sacré camouflage, en fait. » Il finit par agripper une compresse et la bouteille d'eau posée sur la plage avant et essaye de nettoyer le mieux possible sa joue et sa paupière. Ce n'est pas facile alors il insiste, quitte à irriter l'épiderme. Pendant qu'il se fait un brin de toilette, il jette à un œil vers Elli. « Cette zone 51…  T'en pense quoi ? » Anton arrête de frotter la compresse contre sa peau et tourne son visage vers son voisin, sans un mot. « Est-ce qu'on tente le voyage là bas ou c'est trop risqué ? Je veux dire, ça nous donne une destination, mais je sais pas. Je sais pas si c'est une bonne idée. »

Les paroles d'Elli mettent un terme à la tentative d'Anton - à moitié vaine - de paraître moins sanglant. Il froisse la compresse et pose l'eau à ses pieds. Sa main parcoure ses lèvres puis la barbe peuplant son cou. Il réussit à mettre la main sur cette fichue carte après cette terrible tentative de l’œil droit et la pose sur ses cuisses, la dépliant suffisamment pour y voir clair. « Je sais pas, Elli. » Il en profite pour remettre son bonnet - éponge couverte de sang - sur sa tignasse brune. « On... » Une boule dans la gorge. Il essaye de l'avaler tant bien que mal. « On est plus que deux, maintenant. » C'est dangereux, la pente est glissante. « Je sais pas si on peut continuer comme ça. » Ça ne fait que trois jours qu'ils survivent à deux et les voilà déjà blessés. « Si un de nous deux est gravement blessé, on perd tout. » Ses yeux dérivent dangereusement vers le torse puis les côtes de son voisin. « On a eu de la chance là, mais ça aurait pu être pire... » Les pupilles reviennent rapidement sur la carte, dans un rapide mouvement de tête. « Si cet endroit existe, existe encore je veux dire, si il y a une communauté, de la bouffe... » Son doigt glisse doucement sur la carte, suivant le trait rouge indiquant la route à suivre. « ... On pourrait être en sécurité. Plus que maintenant, en tout cas. » Ses arguments sont tous valides. Mais Anton n'est pas vraiment rassuré par tout ça. « On sait pas sur qui ou sur quoi on va tomber, c'est ça le problème. » La confiance, c'est le plus gros problème pour les survivants. Ses yeux clignent rapidement et son index vient caresser le pansement qui couvre une petite parcelle de son front. Par exemple, il fait confiance à Elli, ça, il s'en est rendu compte lorsqu'ils fumaient une cigarette, quelques minutes avant. Laisser plus de personne entrer dans son cercle de confiance, c'est risquer de les perdre et ça, Anton ne veut plus que ça se reproduise.




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MessageSujet: Re: miles to go. (elli) miles to go. (elli) Icon_minitimeSam 7 Juin - 15:03




we still got miles to go

Le soulagement de savoir Anton en bonne santé et en sécurité pour le moment laissa place à une lourdeur dans son dos et un silence épaissi par le doute. Ça, et l'étrange sensation que laissait un tel échange, comme un arrière goût dans la bouche, ou comme si la composition de l'air avait changé très légèrement. Même dans la vie d'avant, Elli avait toujours été quelqu'un de plutôt réticent à partager ses circonspections ou ses incertitudes - inconnu ou non, proche ou non, qui que ce soit. Il avait des difficultés avec le tact en lui-même, mais enterrer les faits pour les faire resurgir au bon moment, même après longtemps, lui était supportable. Certes, là, leurs vies étaient en jeu et Anton avait mille fois raison : ils étaient blessés, il fallait jouer la carte de la prudence et bien réfléchir avant d'agir. Cela n'empêchait pas cette drôle d'impression. Ce n'était pas désagréable. Simplement bizarre.
La respiration lente et les oreilles grandes ouvertes pour écouter attentivement ce que disait Anton, Elli regardait devant lui d'un air absent. Lentement, un par un, quelques flocons de neige venaient s'écraser sur le pare-brise sale et criblé d'imperceptibles impacts de grains de sable et se transformaient immédiatement en goutte d'eau. Ils étaient minuscules, légers comme l'air, moins consistants qu'une poussière. La route n'avait pas de fin, mais maintenant qu'il y faisait attention, la neige était plus fine, plus éparse et petite. Ils avaient fini par progresser sans s'en rendre compte. Finalement, les choses changeaient.
Il voyait bien qu'Anton n'en menait pas plus large que lui. Quoique, un tout petit peu plus, peut-être. Assez pour être censé. Mais son hésitation n'était pas passée inaperçue - c'était normal. Ils étaient en train de se poser des questions au milieu de nulle part, qui aurait la capacité d'être serein ? Du coin de l'œil, Elli l'avait vu gesticuler, se passer la main sur le visage  pour mettre de l'ordre dans ses idées. Dans la limite de son champ de vision, Anton était flou. Tout ce qu'il voyait de lui était une grosse tâche noire, un peu de beige, du rouge foncé et un flash blanc sur le front. Le fait qu'il ait remis son bonnet par-dessus l'avait un peu teinté d'écarlate. Ils étaient vraiment en sale état, tous les deux.
« On… on est plus que deux maintenant. » Les lèvres d'Elli se pincèrent jusqu'à devenir une ligne grossière. A partir de maintenant, c'était quitte ou double. Soient ils étaient sauvé par une zone saine, soient ils crevaient la bouche ouverte dans les jours qui suivaient. Ils faisaient une bonne équipe, Anton et Elli, mais ils étaient aussi tous les deux assez malchanceux. Ou plutôt, disons qu'elle tournait vite. « Je sais pas si on peut continuer comme ça. Si l'une de nous deux est gravement blessé, on perd tout. » « Mmh. » Elli aurait mis sa main à couper que cet hypothétique déroulement d'évènements le concernait. Si quelqu'un devait se prendre un couteau, c'était lui. Si quelqu'un devait tomber dans un trou, c'était lui. Bon sang, si un météore de la taille d'un crâne humain viendrait à tomber sur l'Amérique, c'est sur lui qu'il viendrait s'écraser. Une chance pour Anton. « Si cet endroit existe, existe encore je veux dire, si il y a une communauté, de la bouffe... On pourrait être en sécurité. Plus que maintenant, en tout cas. » Son compagnon de route devait savoir lui-même à quel point il avait raison. Les paroles d'Anton éclaircissaient pensées d'Elli et les aidaient à trouver un chemin qui ne s'éparpillait pas. « On sait pas sur qui ou sur quoi on va tomber, c'est ça le problème. » En fait, ils n'avaient tout simplement pas le choix. Elli pencha lentement le crâne en arrière jusqu'à ce qu'il touche le repose-tête. « Ouais… »  Son regard se fixa quelque part sur le plafond bas du 4x4. Il était gris foncé, poussiéreux. Il aurait pu le toucher en levant le bras, mais il avorta rapidement toute esquisse de geste. Ça le lançait. « Mais tu as raison, on va pas durer très longtemps si on reste comme ça. Et puis c'est tout près, raison de plus pour tenter le coup. » Il marqua une légère pause et ferma les yeux en grimaçant. Il ne pouvait pas dire ça sans être répugné par l'idée qu'il allait formuler. « Si on y va pas, on crève. Si on y va et qu'il y a personne ou que c'est un piège, on crève aussi. Si le message de la radio est d'actualité, on survit. Autant tenter. » Il n'avait fait que résumer ce qu'avait dit son potentiel ami. Au moins, maintenant, ils étaient d'accord et la situation était claire. Sans changer d'inclinaison, il tourna la tête vers Anton et lui adressa un sourire crispé en le remerciant mentalement. « C'est mieux que rien, et au moins au sait où aller… approximativement. » Et c'était déjà ça. Après tout ce temps où il n'avait fait qu'errer sur les routes à essayer de passer chaque nuit et à n'avoir en tête que l'optique de pouvoir se nourrir, dormir en sécurité, pouvoir se défendre… les choses allaient enfin changer, quelque soit la finalité. Ce n'était vraiment pas rien que de se dire ça.
Mais en attendant, il allait quand même falloir qu'ils y arrivent, à cette fichue zone.

Ses mains s'agrippèrent au volant et il tira son corps en avant pour se redresser sans mal - sans succès. Heh, un peu plus et il passait au stade de petit vieux. « Bon. » Son regard se baissa sur la carte posée sur les genoux du passager. « J'ai cru comprendre que tu avais déjà commencé à repérer la route. » Il faisait allusion à la distraction qu'il s'était trouvé tout à l'heure alors qu'Elli essorait littéralement l'alcool désinfectant sur l'entaille. Cela le fit sourire doucement avant que le coin de ses lèvres ne s'affaisse légèrement. « J'ai un service à te demander du coup. » Les bras le long du corps, c'était beaucoup mieux. « Je suis désolé de passer mon tour de conduite mais je crois que je vais devoir suivre ton conseil de tout à l'heure et m'allonger un peu. » Le fait était que plus le temps passait, plus ça le chauffait au côté droit, et plus il avait mal en inspirant. Lever les bras pour diriger le volant ne le dérangeait pas (encore) mais si c'était une côté fêlée ou cassée, cela n'allait pas tarder, et son futur proche ne se profilait pas des plus agréables. Forcer maintenant n'aurait pas été des plus judicieux : ils n'avaient vraiment pas besoin qu'il aggrave la situation. Il valait largement mieux pour lui d'avouer maintenant le problème. Il était doué pour garder les choses pour lui, d'accord, mais le faire maintenant aurait été un jeu dangereux et stupide. Faire le gros dur aurait été à la fois exaspérant et complètement crétin.
Il n'empêchait que faire face à cette situation ne l'enchantait pas et réduisait drastiquement leurs chances de s'en sortir en vie à tous les deux. « Je crois que j'ai une côte qui a morflé tout à l'heure. » Raison de plus pour filer vers la zone 51.

Il leva un avant bras sans bouger son épaule et vint se gratter un peu nerveusement le front. Rapidement, cela se transforma en tapotement sporadique. « J'ai pas très envie d'imaginer le scénario où on se fait coincer par des rôdeurs et où je pourrai moins me défendre qu'avant, mais… enfin voilà. Mmh bref. » Ooh, non, cela ne le réjouissait pas, mais finalement, ça ne changeait pas trop de d'habitude. Cela faisait bien longtemps qu'Elli s'était fait à l'idée qu'à n'importe quel moment, des cadavres ambulants pouvaient leur tomber dessus. Cela dit, juste après avoir finalement commencé à apprécier quelqu'un au milieu de cette catastrophe qu'était l'Amérique en ce moment, c'était frustrant. C'était vraiment dommage de mourir maintenant.
Tout d'un coup, son visage se ferma. Depuis quand était-il certain de mourir bientôt ? Depuis quand avait-il commencé à réfléchir ainsi ? Depuis quand avait-il émis l'hypothèse de devoir rester derrière à perdre sa peau pour que quelqu'un d'autre puisse s'enfuir ? Le regard anxieux qu'il lança à Anton fut bref. C'était pour ça qu'il ne fallait pas s'attacher. Une petite discussion, une cigarette, une petite joie et le voilà qui s'était jeté en entier sur un volant alors qu'il aurait pu simplement tendre le bras pour le tourner. Il avait été prévenu, pourtant. Triste vie.
Un peu accablé par lui-même, il soupira, ouvrit la portière et posa un pied au sol. « Je passe derrière. Dis-moi quand tu seras trop fatigué pour continuer. » Au pire, il pouvait toujours blâmer les rôdeurs et la météo apocalyptique.
Heureusement que la banquette arrière était confortable.
 
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MessageSujet: Re: miles to go. (elli) miles to go. (elli) Icon_minitimeDim 15 Juin - 22:30

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ANTON
ELLI

Oui, c'est la bonne chose à faire. Ils n'ont pas le choix. Cette vérité lui éclate en pleine figure au fil des paroles de son partenaire, face au volant. Au moins, ils sont sur la même longueur d'onde. Les yeux fixent un point invisible sur le pare-brise et la main vient remettre en place le bonnet bancale qui joue l'équilibriste sur son front. La laine se frotte contre le pansement dans un léger bruit équivoque. La carte trône sur les cuisses du professeur, le chemin se dessine clairement dans son esprit. Ils ne sont plus si loin, en réalité. Il sent le regard d'Elli sur son profil gauche alors il pivote légèrement la caboche pour que ses pupilles atteignent la cible. Un sourire. Un sourire forcé. Avoir une destination, c'est avoir de l'espoir. L'angoisse disparait. Anton est presque soulagé alors qu'il observe son compagnon de route tenter une approche sur le volant. Peine perdue. « Bon. J'ai cru comprendre que tu avais déjà commencé à repérer la route. » Oh que oui. C'est le seul don d'Anton, c'est sa seule vraie utilité dans un groupe, sa capacité à se repérer n'importe où. Il hoche la tête, non sans une dose de fierté à peine dissimulée. Le presque-sourire qui ne s'affiche qu'à moitié. Les bras de l'autre n'essayent plus d'atteindre une position parfaite pour la conduite et retournent contre les côtes, apparemment plus endommagées qu'Anton ne l'aurait imaginé. « J'ai un service à te demander. Je suis désolé de passer mon tour de conduite mais je crois que je vais devoir suivre ton conseil de tout à l'heure et m'allonger un peu. » Immédiatement, les sourcils se haussent d'inquiétude et ses lèvres s'ouvrent très légèrement, laissant passer une petite inspiration de surprise. Au fond, il le savait. Servir d'airbag, ce n'est pas sans conséquence, surtout entre une paroi dur et un homme adulte. Les blessures internes sont les plus contraignantes, à ses yeux. Son écorchure à l'arcade sourcilière ? Un coup d'antiseptique, de pansements et ça repart. Certes, c'est très visuel et plutôt handicapant avec le sang qui s'en échappe, Anton était presque borgne dix minutes avant mais il a Elli à ses côtés. Il l'observe grimacer à chaque mouvement qui implique son côté droit. Il se sent inutile, c'est sûr. Il ne peut rien faire. « Je crois que j'ai une côte qui a morflé tout à l'heure. » Les yeux se baissent naturellement, la culpabilité quant à elle grimpant à vive allure. « Quelle idée de servir d'airbag humain aussi. » Il lâche sa réplique dans un murmure grognon, en colère contre lui-même plus qu'autre chose. « J'ai pas très envie d'imaginer le scénario où on se fait coincer par des rôdeurs et où je pourrai moins me défendre qu'avant, mais… enfin voilà. Mmh bref. » Les doigts viennent se frotter frénétiquement contre les cuisses, comme un échauffement. Il en oublie presque la température glaciale de l'extérieur, la chaleur de la voiture est trompeuse. Mais ses extrémités le rappelle à ordre au moment où Elli ouvre la porte et que le courant d'air particulièrement froid s'écrase contre son visage. Les yeux se plissent par réflexe, il pousse même un hiiiis qui illustre le frisson qui lui parcoure les veines. « Je passe derrière. Dis-moi quand tu seras trop fatigué pour continuer. » Le professeur se contente de hocher la tête pour le dos de son partenaire qui sort du véhicule. Le moteur tourne toujours et après une brève vérification des alentours à travers le rétroviseur et la vitre à sa droite, il ouvre la portière à son tour. Il fait rapidement le tour, la neige chutant beaucoup plus intensément qu'auparavant. Ils ne vont tout de même pas devoir se battre contre une tempête, en plus de tous les cadavres dégueulasses qui se mettent entre eux et la fameuse destination remplie d'espoir ? Lorsqu'il rejoint le siège du conducteur, Elli est déjà sur la banquette arrière. Il ne peut pas s'empêcher de penser que son compagnon est très largement saouler par cette situation. Voire anxieux, quant il pense au visage fermé de blagueur, rongé par la blessure mais très certainement aussi par des pensées négatives liées à leur mésaventure. Alors il se retourne, appuyant une main contre le repose-tête du siège passager qui ne compte qu'une carte, désormais. « Je t'ai déjà dit que j'étais insomniaque ? Dormir, je connais pas. Laisse moi gérer et repose-toi. On sera arrivé à cette zone 51 en un clin d’œil. » Il sourit tout en reprenant position face au pare-brise. Et son sourire s'estompe dès qu'il passe hors champ de vision de son ami potentiel.

L'insomnie qui le ronge, ce n'est pas aussi simple. Il doit dormir. C'est un être humain. Parfois, il dort pendant une heure sans réellement sans rendre compte à son réveil. Une petite sieste pour la plupart des personnes mais pour Anton, c'est la nuit dont il a besoin. Il a besoin de tellement plus, en réalité. Là, quand ses mains agrippent fermement la volant, que le frein à main s'abaisse sous la pression de ses doigts, que ses yeux fatigués se tracent un chemin à travers le pare-brise soudainement couvert de neige, il a besoin de repos. Il enclenche les essuies-glaces qui grincent contre le verre et accélère prudemment. Même si les flocons s'abattent avec vigueur sur le sol, la route est encore assez praticable et Anton roule à une vitesse moyenne. L'heure qu'il est ? Aucune idée. Le coude se pose contre le bas de la vitre fermée, une main sur le volant et la joue qui s'enfonce sur son poing. Ses paupières s'ouvrent puis se referment frénétiquement. Son tic nerveux s'intensifie lorsqu'il est stressé ou fatigué. Il est actuellement stressé et fatigué, donc ça ne l'étonne même pas de cligner autant des yeux.

Les minutes s'écoulent. Les virages s'enchainent. Le silence est maitre dans la voiture. Pourtant, il n'est pas rare qu'Anton change de position pour se sentir plus à l'aise. Affaissé sur le volant, le dos plié. Confortablement assis au fond du siège, la tête contre le dossier et les bras tendus. A chaque fois qu'il entreprend un changement, il n'hésite pas une seule seconde à lever la caboche vers le rétroviseur et observer l'arrière. Il se voit, également. L'ombre de l'homme qu'il était. Une barbe impressionnante qu'il n'a plus taillé depuis trois semaines. Des cernes qui en disent long sur son rythme de sommeil. Des cheveux mi-longs qui ont - au moins - le mérite de lui tenir chaud pendant cet hiver contraignant. Les pupilles finissent par glisser sur l'arrière-plan. Elli ne montre que son dos, allongé sur le côté qui ne le fait certainement pas souffrir. C'est la sixième fois - environ - qu'Anton vérifie l'état de son compagnon en une demie-heure. Ça ne s'invente pas, l'inquiétude démesuré du professeur. C'est une pensée égoïste, en même temps. Il a peur de se retrouver seul, encore. Il ne veut plus de ça. Le volant se tourne sur la gauche, les pieds dansent sur les pédales à pas de velours et le moteur rugit au rythme des vitesses passées. « Hé, Elli. » Finalement, le silence est trop pour lui. Il se sent misérablement seul sous cette neige. « Tu dors ? » Question stupide à laquelle il n'attend pas vraiment de réponse, d'ailleurs. - S'il dort, c'est certain qu'il n'en aura pas - Les yeux font des aller-et-retour entre la route et le reflet de son compagnon de route dans le rétroviseur. « J'imagine que oui. » Sherlock Holmes, le retour.

Les épaules se roulent et un soupire s'extirpent des lèvres - il en profite pour mordiller la lèvre inférieure dans un élan d'ennui - Soudain, il pouffe de rire. C'est qu'il pense à sa femme qui s'endormait plus vite que n'importe qui. Une main s'éloigne du volant noir et se dépose doucement dans sa nuque, survolant le tatouage en forme de rose des vents pour masser les cervicales qui réclament un repos immédiat. « T'es comme ma femme, tu t'endors facilement, n'importe où, on dirait. » Il sourit. Comparer un homme à l'amour de sa vie, il n'est plus à ça près. Il en est arrivé à un stade où la moindre ressemblance à un élément de son passé le plonge dans une nostalgie déprimante. « Je me demande... Demandais... comment elle faisait. Moi j'arrivais pas à fermer les yeux plus d'une heure par nuit. » Fermer les yeux, ce n'est pas vraiment exact. Anton, il dort comment déjà ? Ah oui. Les paupières grandes ouvertes. « Je me suis même mis aux tricots, sous ses conseils. Pour passer le temps, tu sais. » Il se met à rire puis se rend compte qu'il n'est pas vraiment discret alors qu'un homme dort potentiellement à trois mètres de lui, il se racle la gorge, les lèvres toujours étirées. « T'aurai vu les choses horribles que je faisais... C'était vraiment moche. » Les deux mains sur le volant. « Plein de trous. Les pull tenaient pas deux jours avant de partir en lambeaux. » La tête se baisse. « Mais. » Le sourire s'efface. La gorge est nouée. Le ton est doux mais mélancolique. « Clara, elle se débrouillait toujours pour les mettre au moins une fois. » Elle était ridicule dans les œuvres ratées de son mari. Le rire s'éteint. Les yeux suivent tant bien que mal les lignes jaunes d'une route qui se couvre peu à peu d'un voile blanc. « Ça lui allait pas - en même temps, ça n'allait à personne - mais je la trouvais juste... parfaite. » Il se demande encore pourquoi cette femme qui semblait vraiment l'aimer l'a trahie ainsi. Il en pleurerait presque. Les bruits strident des essuies-glaces couvrent un reniflement triste qu'on peut attribuer à la température largement dans les négatifs ou à ces souvenirs qui le submergent. C'est un poids tellement lourd pour lui. Il aimerait bien qu'on lui arrache les images qui envahissent son esprit. Les jours heureux. Les jours malheureux. Le sang. Les pleures. Les rires. Les amours. Il aimerait bien tout oublier. « Enfin, c'est du passé. Je sais même pas pourquoi je te dis tout ça, tu dors. » Évidence qui saute à ses yeux céruléens alors qu'il admire la silhouette présumée endormie de son partenaire d'infortune dans le rétroviseur, encore une fois. Le 4x4 ralentit, le temps qu'Anton repère la suite de la route sur la carte posée sur le siège conducteur. « T'es vraiment con, Anton. » Il doute que même éveillé, ça intéresse quelqu'un, cette histoire de tricots. Et puis, ce type, il le connait - comme ami en devenir et pas simple silhouette dont il sait vaguement le nom - que depuis une heure, deux heures à tout casser. Il ne raconte jamais sa vie à personne. Et là, il s'emballe. Il retire son bonnet qu'il balance vers la carte avant de gratter l'endroit de son front qu'il ne faut certainement pas toucher - Outch - Oui, c'est encore sensible, sous le pansement. Vraiment, les interactions sociales, il ne sait plus comment cela marche. Muet pendant plusieurs semaines, bavard après un simple échange sur un capot, entre deux suffocations de nicotine.





Dernière édition par Anton C. Crawford le Lun 4 Aoû - 13:20, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: miles to go. (elli) miles to go. (elli) Icon_minitimeDim 27 Juil - 0:14



   

   
we still got miles to go

   
Précautionneusement, Elli s’était couché sur sa bonne épaule. Il avait placé un sac à dos usé et plié en deux sous sa tête, maintenant sa nuque dans un angle plus ou moins à l’aise. Il dégageait une odeur entre le napalm et les chips. Un mélange détonnant, mais c’était mieux que rien.
L’arrière de la voiture était un vrai champ de bataille. Lui qui, dans sa vie d’avant, avait toujours débecté le désordre et la saleté – il n’était même pas sûr qu’il s’agisse d’une déformation professionnelle – n’eut ni la force, ni l’envie de s’en formaliser et se contenta de pousser tout ce qu'il y avait sur la banquette avec ses pieds, acculant divers sacs, boites de conserves et autres breloques contre la portière opposée. Maintenant qu’il avait devant lui le fait établi qu’il disposait d'au moins une heure pour fermer l’œil, ses paupières avaient arrêtées malgré lui de lutter.
Alors qu’Anton avait rejoint le siège conducteur et pivoté sur lui-même pour regarder dans sa direction, Elli avait tenté comme il le pouvait d’attraper quelque chose pour se couvrir. Avec l’immobilité, le froid ne faisait pas de cadeaux. Il termina avec un blouson doublé dont il n’avait aucune idée du propriétaire. Ça ferait l’affaire.
Anton, tout le long de sa tirade, avait gardé le sourire aux lèvres. Comme quoi il avait l’habitude de ne pas dormir. Comme quoi il n’avait qu’à se reposer. Comme quoi ils allaient arriver jusqu’à la Zone en un rien de temps. Elli ne répondit que par un sourire crispé, sans parvenir à oublier que malgré le panneau indiquant le Nevada, ils avaient encore l’Utah entier à traverser avant d’atteindre la frontière de l’état désertique. Ça, sa fichue côte et le mensonge latent dans les mots du conducteur. Le Nebraskan n’avait jamais été insomniaque lui-même (le régime au café pendant la fac ne comptaient pas) mais il se permettait de douter quant au fonctionnement de ce genre de trouble. Anton devait être aussi épuisé et au bout du rouleau que lui, sans doute arrivait-il à mieux le cacher qu’Elli. Au fond, ça avait vraiment été une demande égoïste. Mais il n’aurait vraiment pas tenu plus longtemps au volant et ils n'avaient vraiment pas besoin d'un second accident.
Une fois définitivement allongé sur le côté face au revêtement sale de la banquette arrière, Elli s’efforça de ne pas immédiatement fermer les yeux. Il y arriva cinq secondes où il parvint à prendre une lente inspiration et à expirer au premier picotement. Il eut le temps d’entendre le moteur reprendre vie et de remarquer le nombre grandissant de flocons qui s’écrasaient sur la vitre dessus de lui. Il n’eut pas le temps d’en penser quoique ce soit ou d’envisager répondre à Anton avant que ses paupières ne se collent entre elles et que son cerveau ne subisse l’un des plus grands black-out de toute sa vie. Heureusement, il ne rêva de rien.

C’est un son lointain qui le sortit du néant. Il était habitué ainsi, à présent. Sa conscience était celle de n’importe quel survivant : même lorsqu’il dormait, ses sens étaient en alerte et réagissaient à toutes sortes de signaux. L’appel de son prénom en faisait partie. Mais il n’y avait pas d’urgence dans ce qu’il entendit, alors cela resta lointain dans son esprit. Ce n’était pas assez pour l’éveiller totalement. « Hé, Elli. » Il avait l’impression d’être dans un état totalement second. Malgré tout, maintenant qu’il avait commencé a s’éveiller, les règles du jeu voulaient qu’il ne sombre pas de nouveau. Alors quand il entendit un « tu dors ? » déjà plus proche de lui, il répondit. « Non. » Le son était si faible qu’il ne franchit même pas ses lèvres et mourut dans sa gorge. Il lui fallait encore cinq minutes au moins avant qu'il puisse songer à sortir de sa torpeur. « J'imagine que oui. » Non bordel, laisse-moi me réveiller.
C'était en soi une impression vraiment désagréable. Ses yeux étaient ouverts mais il voyait un peu flou (ou était-il trop près du revêtement du siège ?), il était conscient - à peu près - mais incapable de faire le moindre mouvement et il entendait tout de très loin. Ça faisait un moment que ça ne lui était pas arrivé, pas après la pandémie en tout cas, et il ne savait pas ce qu'il devait en penser. Peut-être se sentait-il plus en sécurité que d'habitude dans un véhicule en mouvement, avec une présence éveillée à même pas un mètre ? C'était idiot. Un rôdeur pouvait à tout moment jaillir au milieu de la route et faire perdre le contrôle de la voiture au conducteur. C'était un terrain glissant dans tous les sens du terme.
« T'es comme ma femme, tu t'endors facilement, n'importe où, on dirait. » Il eut du mal à comprendre les mots d'Anton. Il dut les tourner deux ou trois fois dans sa tête pour les remettre dans l'ordre et en saisir le sens basique. Il avait tort. Elli n'avait jamais eu de soucis pour dormir à proprement parler, mais le stress avait été une toute autre histoire, autrefois. Et maintenant, il y avait la vigilance constante ainsi que les cauchemars qui arrivaient de temps en temps. Cette fois avait été exceptionnelle.
Puis, Anton continua. En tout honnêteté, Elli ne comprit pas tout et émergea au milieu de la deuxième phrase. Quelque chose à propos de tricot qui le fit beaucoup rire intérieurement. Le rire d'Anton, un peu plus fort que ses mots, le fit à peine sursauter. Ses doigts eurent des spasmes, et il eut de nouveau le contrôle de son corps. C'est à ce moment là qu'il se rendit compte de ce qu'il était en train de se passer.
Parler de tabac et de premières impressions autour d'une cigarette était une chose. Confier des souvenirs très personnels, évoquer des unions chères et des êtres absents en était une autre. Elli n'était pas censé entendre ces phrases. Là, tout de suite, il avait envie de se lever et de le faire taire. Je suis réveillé, tais-toi. Mais il ne le fit pas. Il resta allongé dos à Anton, le regard dirigé vers cette fichue banquette.
« Mais. Clara, elle se débrouillait toujours pour les mettre au moins une fois. » Le rire avait disparu. Elli pressa fort ses lèvres entre elles quand il reconnut le ton bas et éteint d'une gorge nouée. Il n'avait pas envie d'entendre ça. Il n'était pas supposé en apprendre autant sur son compagnon de route en une seule journée. Il n'était pas censé savoir qu'il avait fait de la prison, qu'il avait eu une épouse et qu'il utilisait les temps du passé pour en parler. « Ça lui allait pas - en même temps, ça n'allait à personne - mais je la trouvais juste... parfaite. » Merde. Putain. Il avait réussi à lui nouer sa gorge à lui aussi. Sur tous les points, cette situation était minable. Anton croyant Elli endormi et lui confiant des souvenirs intimes. Elli étant en réalité éveillé et qui était trop dégonflé pour le lui dire. Les mots du conducteur qui lui rappelaient que lui aussi avait perdu des personnes dans tout ce merdier. Et enfin le merdier en lui-même. Le fait qu'ils étaient comme des fugitifs dans une voiture dégueulasse et qu'il avait une côté cassée, qu'ils se faisaient poursuivre par des zombies cannibales et qu'ils se dirigeaient vers un lieu incertain.
Voilà pourquoi Elli préférait faire des blagues et des rimes à deux balles, se concentrer sur sa survie, fracasser des rôdeurs, chercher de quoi manger. Ça lui évitait de penser à tout ce foutoir. Il se mordit les lèvres et serra le poing au reniflement à moitié dissimulé d'Anton. Ce n'était pas bon, ça ne tournait pas rond. Elli ne s'était pas interdit de compatir, surtout pas. Mais il s'éteint interdit d'être triste. Quand on était triste pour quelqu'un, c'était mauvais, surtout avec l'énervement en plus. « Enfin, c'est du passé. Je sais même pas pourquoi je te dis tout ça, tu dors. » Il aurait pu l'insulter et le secouer comme un prunier s'il en avait eu la force et si ça n'aurait pas été un peu soudain et hors contexte.

Après cela, Anton ne dit plus rien, à part un « t'es vraiment con, Anton » dans sa barbe. Se passèrent quelques minutes dans un long silence. Cinq, dix, quinze peut-être ? En tout cas, il faisait de plus en plus noir dehors et Elli n'arrêtait pas de se retourner malgré lui les mots de son compagnon de galère dans sa tête. C'est un lancement au côté droit qui le sortit de ce nouvel état second et qui le fit sursauter une deuxième fois. Il était peut-être temps qu'il se redresse.
Ce n'est que lorsqu'il amorça un mouvement qu'il se rendit compte qu'il ne s'était pas du tout reposé, ou du moins qu'ils n'en avait pas du tout l'impression. Il avait l'impression d'être cent fois plus lourd qu'il y a deux heures, et il étouffa une plainte mélangée à un grognement alors qu'il s'asseyait face à la fenêtre. C'était comme si du magma se diffusait lentement dans sa cage thoracique, et il avait le sentiment que ça n'allait faire qu'empirer. Son visage se crispa alors qu'il testa sa respiration. Quelle idée de servir d'air-bag humain, tu l'as dit.
Le mieux à faire était encore de faire comme si la douleur n'était pas là et de tenter de l'oublier. Doucement, il se tourna, s'assit correctement et se passa une main sur son visage poussiéreux. Il aurait donné beaucoup pour de l'eau fraîche et du savon. « Hey, » salua-t-il d'une voix rauque et peu mélodieuse. Il épargna à Anton un j'ai dormi combien de temps ? pour faire comme si de rien était. Il préférait le mensonge par omission plutôt que le direct. « Purée les sièges sont durs. On est où ? » Via le rétroviseur, il chercha le regard du conducteur. « Tu fatigues pas trop, tu veux que je prenne le relais ? » Il aurait vraiment voulu ne pas le voir différemment, ne pas remarquer ses rides ou ses cernes violacées. Mais ce n'était pas le cas. Il en aurait levé les yeux au ciel, tant il était stupide. C'était évident que se lier d'amitié avec quelqu'un était une mauvaise idée. C'était vraiment une perspective qui n'enchantait pas du tout Elli. Et le pire, c'était qu'il n'y pouvait rien.
   
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MessageSujet: Re: miles to go. (elli) miles to go. (elli) Icon_minitimeLun 4 Aoû - 19:08

the summer sun, it blows my mind, is falling down on all that I've ever known. Time will kiss the world goodbye. Falling down on all that I've ever known. Is all that I've ever known.
a dying scream makes no sound


ANTON
ELLI

Stupide, stupide, stupide.

Chagrin nostalgique, serrement de cœur, ça ne pardonne pas pour quelqu'un comme le professeur. Larme facile pour un homme fatigué de se battre tous les jours. Pourtant, il a tenu ces derniers mois. Il encaisse. Il accumule. La tristesse, la colère, l'amour. C'est un aimant à émotions, l'ours aux cernes noires. Les paupières se ferment puis s'ouvrent à nouveau sur la route enneigée. L'eau salée s'est accrochée à ces cils ridiculement long. La goutte s'écrase sur sa cuisse. La tâche humide assombri en un petit cercle son pantalon usé, dépassé, à son image. Ce qu'il est fatigué. Le crépuscule est certainement déjà maître des horizons pour les nuages de l'hiver s'offrent en boucliers, tout ce que le survivant remarque, c'est l'obscurité dans l'air. Les phares s'allument, les flocons se déposent bien plus doucement qu'au début de son petit voyage en solitaire. Il profite d'une ligne droite - bon sang, les routes américaines sont définitivement rectiligne, il n'arrive même pas à comprendre comment les gens font pour se perdre - pour passer le dos de sa main droite sur la joue barbue marquée par l’humidité d'une pensée triste. Anton, tu te connais, n'est-ce pas ? C'est pour cela qu'il sourit bêtement alors qu'une petit dizaine de secondes après la première manifestation physique de sa nostalgie, il n'est pas surpris d'être pris d'assaut par une boule dans la gorge qui l'étrangle. Un sanglot le noie. Plusieurs minuscules rivières d'eau salée se frayent un chemin dans la barbe brune de l'homme, s'écoulant de ses yeux fatiguées. Il s'étouffe. Il s'empêche de pleurer comme un enfant. Main sur les lèvres, qu'il est stupide. Mais il continue de conduire, ralentissant par précautions. La vision est troublée. Le silence est respectée, même si le conducteur a beaucoup de mal à étouffer son chagrin. Ça ne dure pas longtemps. C'est juste l'évacuation. Tout ça, c'est son trouble de l'humeur. Il faut bien un responsable. C'est ce qu'il se dit. Il devait bien péter une durite. Un jour ou l'autre. Ça ne fonctionne pas qu'avec la colère, la violence. C'est bien plus terrible que ça. Il n'a pas pleuré quand Eddy, Anna, et Nora se sont fait massacrés. Il n'a pas pleuré après avoir vu tellement d'horreurs ces douze derniers moi - autant de temps ? Il ne compte même plus les jours passés. Ses nerfs, qui ont l'habitude de craquer facilement, ont tenus bon. C'est complètement idiot. C'est dans un moment de calme, de - presque - sécurité que son cœur estime bon de lâcher prise. Ce n'est pas que le fantôme de sa femme ou de sa vie passée, c'est tout jusqu'à aujourd'hui. Jusqu'à la clope de l'amitié avec l'inconnu de derrière. Jusqu'à se rendre compte qu'enfin, il n'est réellement plus seul. Il a douté en arrivant dans le groupe. Plusieurs faux espoirs vécus les mois d'avant. Toujours abandonné. C'est bon, maintenant ? Tu peux pleurer pour te soulager. Ses doigts quittent les lèvres tremblantes et se reposent doucement sur le volant. Anton n'est pas un être intelligent, c'est qu'un être humain. Et bon dieu, que c'est dérangé, cette espèce. Il n'est même pas seul. Ce n'est pas un moment intime. II y a quelqu'un qui peut être témoin dans son tourment. Il sait qu'il ne doit pas afficher ses faiblesses mais merde, il en a trop pour un monde comme ça. De toute manière, l'autre n'est pas conscient. Tout du moins, pas du point de vue de l'ours.

Le calme revient dans son esprit et sur son visage. Les vannes sont closes après deux bonnes minutes de soulagement lacrymale. Il ne se sent pas du tout mieux, non. Les yeux déjà atteint par la fatigue générale de son corps sont maintenant brûlées par les sanglots d'un trentenaire barbu. Il se regarde très rapidement dans le rétroviseur, constatant que cette petite séance de décompression sentimentale n'a pas aidé à l'amélioration de l'apparence désastreuse de sa tête. Il revient face à la route alors que l'air-bag humain semble se réveiller, non sans mal. La voiture ralentit doucement, le bruit des essuies-glaces qui se frottent contre un pare-brise mouillée - de neige et de sang, pour le coup - berce gentiment Elli pour l’accueillir à nouveau parmi le monde des vivants. Anton jette des rapides coup d’œil dans le rétroviseur pour observer son compagnon complètement ailleurs, assis sur la banquette. Il renifle grassement - dernier vestige de sa nostalgie révolue - et sourit.  « Hey, » Sa voix est rauque, Anton essaye de lui répondre immédiatement mais sa gorge est encore légèrement nouée, il essaye de dégager la voie avec une petite toux, dénouée de classe. « De retour parmi les vivants, alors ? » Ce n'est pas drôle, Anton. Il le sait mais il sourit quand même, croisant le regard avec celui à l'arrière, dans le rétroviseur. Il s'en détourne rapidement, constatant en une petite seconde que ses yeux sont rouges. « Purée les sièges sont durs. On est où ? » Les lèvres s'étirent et il décélère tout doucement, tournant le volant vers la droite pour s'engager dans un petit chemin boueux, agressé par la neige et achevé par la remontée de température qui met un terme à la petite tempête hivernale. « On a passé la frontière de l'Utah, y'a un peu près un kilomètre d'ça, maintenant. » Le 4x4 s'arrête doucement, Anton pointe du doigt vers l'Est, derrière eux. Il attrape la carte et la suspend dans le vide, entre les deux repose-tête des sièges avant pour essayer d'éclaire un peu plus son compagnon de route. « Regardes. On est là. A peu de choses près. » Ça ne le dérange pas d'être imprécis puisqu'il sait au fond exactement où ils sont et où ils vont. Il pose son index sur l'une des seules routes principales de l'endroit, la route 50. Il sent que son vis-à-vis semble plutôt perdu alors il abrège, ayant déjà pu constater qu'il n'était pas à l'aise avec les directions, à l'époque où ils étaient encore cinq dans ce 4x4. Il remarque d'ailleurs que la veste, tombée à côté d'Elli maintenant, qui lui servait de couverture, c'était celle d'Eddy. Il y a vraiment des choses bizarres à l'arrière du véhicule. Les vêtements d'un mort, par exemple. « On a qu'à continuer vers l'ouest sur la même route et aller vers Price. Tant qu'on évite les grandes villes... » Le doigt suit le chemin indiqué par ses paroles et se finit sur cette petite ville. Il y aura plusieurs choix de chemins possibles, Anton décidera plus tard du plus approprié. Il repose la carte vers le siège du passager et s'affale sur le volant. Le dos est courbé, les épaules surélevés et le front posé non loin du klaxonne. Il connait Price. Une aventure coincé sur un toit avec un bricoleur de génie qui s'est tristement finie. Comme d'habitude. Il était encore seul, au final.

« Tu fatigues pas trop, tu veux que je prenne le relais ? » Il soulève mécaniquement les clavicules, offrant un simple profil barbu à son camarade à l'arrière. Dire qu'il fatigue serait un euphémisme. Tous les survivants sur la route ont cet épuisement latent qui ne les quitte jamais. Anton, il vit avec depuis tellement d'années. Il sourit, en se redressant. « J'pense qu'on devrait s'arrêter ici pour la nuit, en tout cas. » N'ayant pas d'objections de la part de son interlocuteur, Anton prends les devants - une première, encore. « Je vais sécurisé l'endroit, restes ici. » Enfin c'est qu'il se rend compte qu'Elli n'est tout bonnement pas en état alors les responsabilités lui arrivent naturellement. La culpabilité aussi, c'est un puissant moteur. Il aimerait bien que son nouvel ami ne tarde pas à se remettre. Anton et le leadership, c'est pas le meilleur duo. Sauf quand il est question d'orientation. Il met fin au bourdonnement du 4x4, laissant simplement les phares allumés, puisque la nuit s'est très largement invitée. Il attrape la machette fermement, enfile son bonnet en survolant sa blessure sourcilière et finit par sortir, tapotant légèrement le repose-tête du siège passager pour se donner courage et signaler à Elli qu'il gère la situation.

Une fois dehors, la température hivernale le rappelle immédiatement à l'ordre. Cependant, il fait nettement moins froid qu'il y a deux heures et c'est plutôt appréciable, pas qu'il se baladerait nu comme un vers mais il profite de cette sensation agréable de léger réchauffement. La buée s'extirpe toujours de ses lèvres, gercées et encore rougies par quelques gouttes de sang séché - son propre sang, heureusement - et une fois vers le coffre, il s'empresse de l'ouvrir pour mettre la main sur le dispositif anti-rôdeur du baroudeur aguerrie. Ce n'est pas grand chose, vraiment. C'était une fabrication d'un des deux femmes du groupe. Des morceaux de bois bricolés et cloués comme petit pilier, des fils de barbelés trouvés vers une ferme abandonnée et des canettes vides, destinées à pendre dans le vide pour faire le plus de bruit possible. Un détecteur d'intrus haute-gamme; n'est-ce pas ? Anton sourit. La technologie, ce n'est plus ce que c'était. Le dispositif fonctionne, c'est certain. Il n'y a qu'à écouter le boucan que le professeur provoque en installant cette sécurité nécessaire tout autour de la voiture. Il le positionne à une cinquantaine de pas de leur maison ambulante, laissant largement le temps de réagir si un rôdeur se colle aux barbelés et alerte les deux vagabonds.

Une fois les dernières vérifications en place, testant la solidité de la chose en remuant le fil avec panache, faisant s'entrechoquer les canettes vides dans une symphonie énervante, Anton regagne la place du conducteur. Oh, il ne s'attend pas à dormir particulièrement bien. Un survivant dans la nature peut-il s'offrir le luxe de dormir sur ses deux oreilles ? Absolument pas. Il recule simplement le dossier du siège grâce à la molette sur le côté, s'allonge à moitié sur son échine éreintée et croise les bras. Il garde le bonnet, la nuit, c'est plutôt difficile de résister au froid, surtout sans bouger. Il lève très légèrement la tête pour observer Elli, de nouveau allongé. Il ne semble pas dormir, mais il fait bien trop sombre pour qu'il en soit certain. Puis le toit du 4x4 se place naturellement sous ses pupilles. Il va certainement s'endormir. Une heure, avec de la chance. Dans un dernier effort, il tend le bras pour éteindre les phares et se laisser bercer par la lumière lunaire.

Dans le silence brisé par les grognements agacé à peine audible d'Elli et bientôt le claquement des dents d'Anton rattrapé par le froid nocturne, ils ne se souhaitent pas une belle nuit mutuelle.

Ça serait des mensonges, il ne rêve plus depuis longtemps, Anton.
Ils ne peuvent pas se permettre de rêver alors qu'ils ont un couteau sous la gorge, à chaque instant.

Bonne nuit ?



MILES TO GO | END






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Aileen L. Blackhood

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MessageSujet: Re: miles to go. (elli) miles to go. (elli) Icon_minitimeSam 25 Oct - 16:00

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