You're not a typical animal

Amethyst & Aiden

Maybe some women aren't meant to be tamed.
Maybe they just need to run free until they find someone
just as wild to run with them ▽ Carrie Bradshaw

Depuis qu’Aiden Carpenter était arrivé à la zone 51, lieu sûr et peut-être bien l’un des derniers bastions de l’humanité, son humeur variait en fonction des journées, des nouvelles rencontres, des gens et de ce qu’il pouvait faire pour être utile. Jour avec, jour sans, jour qui commençaient avec et qui finissaient sans, et inversement… Le monde semblait avoir repris vie dans cette petite parcelle fortifiée, surveillée et surtout habitée par des êtres humains bel et bien vivants. Pas comme ces morts qui marchaient, sans relâche, au dehors. Lui qui avait passé deux ans sur les routes et qui avait finalement atterri ici, avait encore du mal à soumettre un avis complet sur cet endroit. Etait-ce un paradis ? Une prison ? Un mouroir ?... Dans tous les cas, voir ces enfants courir lui redonnait le sourire. Intérieurement. Si l’on pouvait s’y méprendre face à son visage dénué d’émotion, une lueur dans son regard d’habitude vide ne pouvait mentir. Revoir la vie réveillait l’espoir. L’espoir que le soldat en lui combattait encore pour quelque chose.

La journée d’aujourd’hui avait bien commencé. Il avait aidé l’un des gardiens de la zone à graisser et nettoyer certaines des armes soigneusement gardées mais finalement pas assez entretenues. La tâche terminée peu après midi, il se mit en tête de partir en quête de nourriture, d’eau et d’un peu de mouvement, car rester immobile, assis sur un vieux casier, à manipuler des bouts de ferraille sans bouger pendant toute une demi-journée, avait rendu sa jambe raide et peu coopérative. Cela ne l’empêcha pas d’atteindre la cantine sans mal. Vu l’heure, l’endroit était bondé de survivants cherchant à se sustenter. Fier de sa carrure légère, il n’eut pas de mal à se faufiler jusqu’à se retrouver en possession d’une bouteille d’eau et d’une boite de conserve aux origines et au contenu inconnu. C’était, cela dit, toujours mieux que rien et il fila à nouveau vers la sortie. Si d’autres aimaient cette ambiance étouffante de vie et de bruit, il préférait encore manger tranquille, comme à son habitude, juste au dehors du bâtiment principal, contre le mur nord, à l’ombre du soleil brûlant du Nevada tout en goûtant à l’air frais et au calme.

Il n’était clairement pas le seul à préférer le calme de l’extérieur pour savourer son maigre repas. Il avait pris l’exemple sur d’autres à son arrivée ici. Mais là où ses prédécesseurs s’en allaient s’asseoir en petits groupes rassemblés autour de tables de fortune, Aiden s’installait directement à même le sol, contre le mur chaud du bâtiment, à l’écart. Comportement somme toute asocial, pour un type asocial, qui n’hésitait pas néanmoins à partager son repas avec quelqu’un d’autre si on l’y invitait. Aujourd’hui, il n’y avait encore personne pour l’y inviter. Les tables pique-nique de fortune étaient encore vides. Leurs occupants devaient être encore occupés à leurs tâches respectives. Oui, observer la vie de la zone était devenu un de ses passe-temps favori… Et il ne s’en cachait pas.

Il sortit son couteau pour ouvrir la boite de conserve mystère lorsqu’il entendit quelqu’un s’approcher. Il n’eut besoin que d’un coup d’œil pour reconnaître la silhouette qui longeait le mur dans sa direction. Il l’avait déjà vue, souvent, alors qu’il se baladait dans la zone, qu’il s’entraînait à la salle de sport ou qu’il mangeait, comme aujourd’hui. Si au début il avait paru curieux face à cet étrange comportement, il avait vite compris que s’intéresser à elle la faisait disparaître. Alors il avait commencé à prendre parti de l’ignorer, de la laisser approcher, entraînant sa patience et faisant taire sa curiosité. L’épidémie avait changé les gens. Elle avait également changé la nature des relations sociales qui liaient les survivants. L’état de stress permanent, la proximité de la mort, le danger à chaque coin de rue, derrière chaque porte… On accostait plus les gens de la même façon qu’à l’époque. Pourtant, ça ne le gênait pas. Il avait un peu l’impression de revenir dans les rues de Los Angeles, avec tous ces chiens perdus qui ne savaient plus à qui faire confiance et qui semblaient toujours partagés entre la fuite et la conversation.

Il arriva enfin à bout de l'ouverture de la conserve et soupira. Salade de fruit. L’épidémie avait changé ça aussi…

Fiche by devnerdgirl