[Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done.
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Après sept ans de bons et loyaux services, Born ferme ses portes. Merci à tous ceux qui ont participé, d'une manière ou d'une autre, de près ou de loin, à son aventure. coeurrose
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[Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done.

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MessageSujet: [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. Icon_minitimeDim 28 Déc - 2:55

Il aurait aimé se persuader d’avoir raison. Se persuader qu’il n’y avait plus de recours possible autre que la folie qu’il s’apprêtait à commettre.
Il aurait aimé qu’une main lourde et puissante s’abatte sur son épaule. Qu’un coup de poing dénué de compassion le ramène à la raison.
Mais il aurait aussi aimé ne plus rester éveillé chaque nuit, hanté par le visage de celle qu’il avait perdu depuis plusieurs semaines maintenant. Il avait beau avoir perdu la notion des jours qui passent, il ne pouvait faire fi de la douleur qui grandissait au fur et à mesure que le temps s’écoulait. Bloqués dans la pire position qui soit, séparés les uns des autres, les habitants de la zone s’étaient, pour la plupart, peut-être résolus à accepter cette énième fatalité. Des familles avaient été séparées. Des amis. Parfois, des couples. Et lui, qu’avait-il perdu ? Aucun mot n’était capable de qualifier Aileen. Même le terme « amis » lui semblait incorrect. Leur ère n’était pas seulement celle du désenchantement et de la fin des hommes, mais également celle de la destruction du langage. Les concepts, les idées disparaissaient, s’évanouissaient au fur et à mesure que leurs porteurs tombaient en poussière. La civilisation se mourait, l’ensauvagement gagnait du terrain en permanence. L’implosion de la zone n’était qu’une évidence de plus, qui les avait tous frappés, repoussés dans leurs retranchements. Il avait déjà pu constater de ses yeux ceux qui se laissaient grignoter par le dépit le plus total, abandonnant leur foi en l’humanité malgré leur présence dans tel ou tel groupe. Il s’était satisfait longtemps de ne pas céder au découragement. Malheureusement, les choses avaient bien changé depuis. Sans nouvelles de la jeune femme, sans nouvelles de celle qui le connaissait au-delà de ce que pouvaient effleurer les autres, même à son propre détriment, la donne prenait un ton plus sombre, plus… final. Les discours réconfortants de ses pairs n’y faisaient rien. Ni la douceur, ni la dureté, ni la pitié ni l’indifférence ne l’effleurait. Une obsession, seule, perdurait. Elle dormait au creux de ses prunelles depuis que leur trêve s’était éteinte dans les flammes et les cris. Alerte, Ezeckiel savait qu’il devait tirer les conclusions de cette décision qu’il ne s’avouait pas encore.

Sans elle, il ne pouvait pas. Il ne voulait pas.
Il en avait fini de se morfondre en regrets, de ne pas avoir pu dire au revoir à temps à ceux qui avaient compté dans son existence. Il ne retraverserait pas cette épreuve la concernant. Même si elle le détestait. Même si elle s’était mise en tête de créer une distance glaciale et incompréhensible pour lui. Même si elle l’avait blessée. Il lui avait offert ce qu’il détenait de plus précieux. Ni biens, ni nourriture, ni argent inutilisable ne pourraient en effet remplacer les instants d’intimité, de complicité qu’ils avaient partagé ensemble. Il ne se souvenait que trop bien de leurs conversations singulières. Il parlait beaucoup, du moins quand il comparait leurs échanges à ceux des autres. Pas pour ne rien dire, mais pour qu’elle ne se sente pas obligée de combler le vide en se confiant de force, lui autorisant ce bouclier qu’elle brandissait toujours pour se protéger. Elle parlait peu, distillant une à une les gouttes de sa personnalité, de ses ressentis. Pudique. Prudente. Détruite. Il ne voulait pas l’abandonner derrière lui pour autant, se découvrant des trésors de patience, juste parce qu’elle représentait le brin de mystère qui donnait encore toute sa beauté à leur quotidien, leur routine d’un cruel réalisme. Il ne savait pas ce qu’elle était, non. Ils ne se connaissaient pas assez pour qualifier cette relation que seule l’apocalypse avait pu créer. Néanmoins, il savait aujourd’hui ce qu’elle représentait. Le même moteur que celui qui l’avait fait avancer autrefois. Et si elle se trouvait dehors, seule et sans défense à nouveau, si elle devait rencontrer le danger comme le jour où ses pas avaient croisé les siens, ce serait lui qui, à nouveau, viendrait à elle.

Tu n’es pas seule.
Ne fais pas comme si tu l’étais.

Avec la sensation de trahir les autres, il était parti. Sans un bruit. Rassemblant ses affaires, ignorant s’il pourrait revenir sur ses pas. Ignorant jusqu’à sa réaction, s’il butait sur les restes de son cadavre. S’il ne retombait jamais sur ses traces. Y penser, c’était le suicide assuré.
Le manche de son couteau à portée de phalanges, les doigts de sa main droite rivés à la crosse de son flingue chargé de ses dernières munitions, il attendit que la nuit soit complète pour fausser compagnie aux survivants de la zone. Sans un regard en arrière. Quitte à risquer sa peau, autant y aller franchement. Comme d’habitude. Il aurait pu sourire, s’il ne se savait pas au bord du précipice, dansant sur une corde raide tandis qu’il s’éloignait déjà, courant en silence une fois ses yeux habitués au noir. Si les flammes des incendies allumés pendant la catastrophe n’existaient plus, des foyers de braise avaient perduré ici et là, quasiment tous éteints. Ils luisaient dans l’obscurité, balises discrètes et bienvenues pour l’humain qui ne tarda pas à croiser la première créature. Il la frôla, enfonçant sa lame dans son crâne d’un geste aussi décidé que rompu par l’habitude. Trois autres périrent de cette façon. La chance lui souriait. Pour le moment. Néanmoins, au moindre attroupement trop conséquent, il ne lui resterait plus que ses jambes pour foncer en quête d’une échappatoire qu’il ne serait pas sûr de débusquer. Qu’importe. Le jeu en valait la chandelle. Son cœur, lui, battait la chamade à une vitesse folle. Il était dingue. Dingue de tout miser sur la pulsion qui le portait vers elle. Mais une voix continuait de lui murmurer qu’il avait pris la bonne décision.
Il était des hommes faits pour rester assis, isolés dans une pièce sans fenêtre et sans lumière.
Il en était d’autres qui préféraient s’en aller pour la recueillir par eux-mêmes.

Lui qui n’était pas croyant, qui s’était targué toute sa vie d’échapper aux convictions religieuses naïves de sa mère, il voulut croire en une porte ouverte que tous les désespérés ont côtoyé au moins une fois. Il voulut croire que le destin ne lui avait pas donné ce nom par hasard. Assumant la faiblesse de ce moment, revendiquant le symbole de son identité, la tête lui tournant d'espoirs et d'une hardiesse qu'il payerait peut-être cher.  Ezeckiel stoppa auprès du dernier abri qui lui permettait de demeurer encore un peu à couvert. Immobile, accroupi, ombre parmi les ombres, il constata la quasi-absence de brise. Pourtant, prudent, il s’assura de la direction empruntée par celle-ci afin de demeurer indétectable aussi longuement qu’il le lui serait possible. De là où il se trouvait, il pouvait observer les silhouettes ballotées par le Néant de leur cerveau vide de toute pensée. Nombreuses. Très nombreuses. Un frisson se répandit le long de sa colonne vertébrale. Il se prépara, rassemblant chaque miette de courage en se focalisant sur le visage d’Aileen une dernière fois. Il n’y aurait pas de seconde chance.

Courir ou mourir.


Dernière édition par Ezeckiel L. Livingston le Lun 27 Avr - 21:35, édité 1 fois
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Aileen L. Blackhood

Aileen L. Blackhood
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× Âge du perso : : 34 ans.

× Caravane + colocataires : : Ellia, caravane 3C (avec Ambroisie et Alicia).

× Poste assigné : : Serveuse au bar.

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MessageSujet: Re: [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. Icon_minitimeLun 29 Déc - 1:36



i wish i was mad, fucked up and done
Ne vous demandez pas pourquoi les gens deviennent fous. Demandez-vous pourquoi ils ne le deviennent pas. Devant tout ce qu’on peut perdre en un jour, en un instant... Demandez-vous ce qui fait qu’on tienne le coup...
Pas le temps de réfléchir. Quand elle se retrouve hors de la zone pour une raison ou pour une autre, Aileen se met un point d'honneur à ne pas transgresser cette règle, qu'elle s'est elle-même fixée. Cela l'empêche d'être déconcentrée, ou prise par surprise. Les rôdeurs n'ont aucune pitié ; les survivants ne sont rien d'autre que de la bouffe. Si elle évite donc de laisser ses pensées vagabonder à droite et à gauche lorsqu'elle est de sortie, Aileen se le permet néanmoins sur le chemin du retour. Elle fait attention à ne jamais s'aventurer trop loin toute seule. Parce que c'est ce qu'elle préfère : les expéditions en solitaire. Et pas celles organisées par les fondateurs de la zone, où ils sont cinq minimum. Elle est trop méfiante pour cela, trop étriquée. Le silence que lui offrent ces sorties veut de l'or, et elle ne s'en passerait pour rien au monde. Même si cela signifie risquer sa vie sans arrêt. Même si cela signifie laisser Ezeckiel derrière. De toute façon, ils ne se voient que rarement, Aileen s'acharnant à mettre le plus de distance possible entre eux. C'est ridicule en plus d'être irrespectueux, et elle le sait. Mais elle ne pense pas pouvoir faire autrement, c'est trop ... Compliqué. Elle sait pourtant qu'il ne lui fera jamais de mal, qu'il n'est pas un pauvre type comme on en croise souvent ces derniers emps. Mais le garder à distance lui permet de rendre les choses beaucoup plus simples. Un peu trop, peut-être. Il lui manque, c'est une certitude. Mais elle se persuade que c'est mieux ainsi, pour elle mais aussi pour lui. Enfin, Aileen aperçoit les remparts qui entourent la zone lui permettant de laisser derrière elle toute pensée néfaste ... pour l'instant. Elle ne peut pas dire qu'elle a foncièrement hâte de rentrer là-dedans. Mais cela fait bien deux jours qu'elle est là, dehors, et donc qu'elle n'a pas dormi. En somme, elle est exténuée. Mais rien ne se passe comme prévu ; elle remarque vite qu'un bâtiment de la zone est en feu, et qu'une partie du grillage est littéralement arrachée. Aileen gare la voiture dans un dérapage pas tout à fait contrôlé et n'en sort que pour constater l'atroce vérité : la zone n'est plus. Les rôdeurs y sont, nombreux et affamés. La plupart d'entre eux, d'ailleurs, entourent le seul bâtiment qui lui semble intact ; celui où se trouvent dortoirs, réfectoire et douches. Cela signifie-t-il que des survivants sont là-dedans ? Elle n'en sait rien. Mais une chose est sûre : elle ne pourra jamais atteindre le-dit bâtiment. Pas dans cet état de fatigue, et pas sans arme à feu. Elle n'a plus de balles, seul lui reste son couteau à la lame élimée. Sa décision est vite prise : elle doit faire demi-tour. Elle ne servirait à rien dans cet état, ne pourrait que se faire tuer par les trop nombreux rôdeurs qui ont envahi l'ancien espace sécurisé. Encore une fois, c'est la fuite qu'Aileen choisit.

****
Des semaines à errer. Des semaines à se détester un peu plus chaque jour. Quand a-t-elle perdu tout son courage ? Quand a-t-elle décidé de faire une croix sur Ezeckiel, le seul à avoir su lui faire sortir la tête de l'eau au moment où elle en avait le plus besoin ? Au final, peu importe le quand. Seul compte le comment. Mais là encore, elle sèche. Des semaines à errer et elle n'a pas encore su trouver de réponse claire. Tout ce qu'elle sait, c'est qu'elle n'a pas tenté le tout pour le tout, qu'elle a baissé les bras. Le matin même, pourtant, elle a décidé de bouger de l'église dans laquelle elle avait posé ses bagages pour retourner vers la zone. Elle ne sait pas si elle a encore de l'espoir. Elle ne sait pas si elle aura, un jour, la chance de retrouver ceux avec qui elle a vécu pendant des mois. Si elle aura la chance de revoir Ezeckiel en particulier. Mais sa conscience l'a poussée à retourner là-bas, à vérifier une nouvelle fois que tout cela est vrai, qu'elle n'a pas rêvé la catastrophe. Il a suffit d'un regard pour qu'elle comprenne que c'est loin d'être le cas ; le bâtiment est toujours aussi détruit, à l'image du grillage, et les rôdeurs sont bel et bien partout, à l'affût. Rester là sans prendre un minimum de précautions aurait été suicidaire. Aileen a donc pris un certain nombre de précautions, d'abord en traînant trois cadavres -anciens rôdeurs- autour de la voiture de sorte à masquer son odeur. Et aussi en garant cette dite-voiture parmi toutes les autres, dans le parking de la zone. Elle passe plus inaperçue de cette façon. L'utilité de la chose n'est pas tout à fait certaine, les morts-vivants étant de toute façon trop occupés à rôder autour du pré-fabriqué quasi-intact. Mais elle ne doit rien laisser au hasard, elle le sait. Ce qui, d'ailleurs la pousse à penser qu'il y a bel et bien des survivants, là-dedans. Pour autant, il est hors de question qu'elle y pénètre sans bien visualiser les choses. Et sans se préparer à l'avance, bien sûr. Elle a un peu peur de ce qu'elle découvrira - si tant est qu'elle parvienne jusque là-bas bien sûr -, mais elle n'a plus le choix. Elle ne peut pas continuer sa "petite vie" sans avoir au moins essayer.

Après avoir passé quelques heures à observer les lieux de loin, couteau en main, Aileen décide de prendre les choses en main. Elle ne peut pas rester là, à attendre que le temps passe. D'abord, elle trouve dans le coffre d'une caisse pas très loin de la sienne une pince coupante. Puis à l'aide de celle-ci, elle ouvre la porte principale de la zone. Ce n'est pas comme si elle servait à grand chose, de toute façon ; les rôdeurs peuvent y entrer comme ils le souhaitent. Aussi silencieusement que possible, Aileen se faufile ensuite jusqu'au petit pré-fabriqué qui servait autrefois d'armurerie. C'est avec soulagement qu'elle y trouve un fusil à pompe, un couteau beaucoup plus large et affûté, et une arme à feu plus petite qu'elle glisse sans hésiter entre son jean et sa ceinture. Elle ressort bien vite de là, consciente de ne pas y être en sécurité le moins du monde. D'ailleurs, un rôdeur l'attend dehors. Il ne fait pas long feu, la lame du tout nouveau couteau d'Aileen ayant tôt fait de lui ôter toute capacité cérébrale - si tant est que l'on puisse estimer qu'il en est -. Une fois son travail achevé, elle se résigne à passer une nuit dans sa voiture, tant pis pour le froid. Au moins, elle est maintenant armée. Il ne lui restera plus que, le lendemain, à forcer le passage coûte que coûte. Avec ou sans voiture, elle avisera en temps voulu. Ce ne sont que quelques heures, pourtant, qu'elle passe sur le siège avant inconfortable de la petite voiture. A un moment, elle croit distinguer une silhouette dans l'obscurité. Pas une comme celle des rôdeurs. Non, celle-là a des gestes plus ... vifs et réfléchis. Sans réfléchir, elle se penche vers la banquette arrière pour récupérer une lampe torche et se précipite en direction du grillage à l'entrée de la zone. Elle a sommairement refermé la porte principale, simple question de principe, mais la rouvre rapidement. Si c'est bel et bien un survivant, qu'elle vient d'apercevoir au loin, il ne tardera pas à apercevoir la lueur de sa lampe torche. Et s'il s'agit bien d'un survivant, Aileen détient là, peut-être, sa seule chance de rédemption. Ses phalanges ont blanchi à force de serrer étroitement la lampe torche, mais elle ne se soucie pas de cela. Tout comme elle ne fait pas attention à la buée qui s'échappe de sa bouche au rythme de sa respiration erratique. Tout ce qui compte, c'est le mince espoir qui vient de s'emparer d'elle. Et le haut taux d'adrénaline qui la maintient droite comme un I, aussi. Parce qu'elle ne sait pas sur qui elle va tomber, elle ne sait même pas si elle n'est pas en train d'avoir une hallucination. N'est-ce pas là le lot de toute personne sur le point de perdre pied ? Parce que c'est le cas, elle sait que la solitude ne lui sied pas tant que cela, finalement. Elle est en train de perdre pied, même si elle ne se l'avouera jamais réellement.
(c) AMIANTE


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MessageSujet: Re: [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. Icon_minitimeMar 30 Déc - 1:17

Il balaya une énième fois la scène. Passé un certain point, il ne distinguait plus que la lande, les obstacles sur lesquels il devrait à tout prix éviter de buter. Ne pas trébucher. Surtout, ne pas trébucher. Frissonnant de peur, les membres à moitié tétanisés de l’énième angoisse qu’il s’apprêtait à vivre, il inspira et expira profondément à plusieurs reprises. Il devait s’efforcer de rester calme, de ne pas céder à la panique. Seule la maîtrise de lui-même lui permettrait de rester conscient à chaque seconde de sa course, s’évitant des erreurs grossières qu’un survivant de son espèce ne commettait plus depuis longtemps. Loin de sentir sa résolution faiblir au fur et à mesure qu’il attendait de se sentir parfaitement en phase avec son envie d’en découdre, il se répéta son habituel mantra. Il n’y avait pas d’autre voie. Il avait pris le parti de sortir de la zone, et il avait bien l’intention d’aller jusqu’au bout, s’étant donné suffisamment de jours pour y réfléchir sans craindre de regretter sa décision. Raffermissant sa prise sur son arme, il pria pour ne pas avoir à tirer dans le tas trop souvent, se devant d’économiser des munitions. Sa situation de départ n’était déjà pas brillante, étant donné qu’il n’avait pu récupérer que ses biens personnels, refusant de s’accaparer des vivres qu’il se savait capable de trouver au-dehors, alors il n’était pas question de se montrer trop généreux en matière de dézinguage de rôdeurs.
Déjà, sa silhouette se redressa. Ses yeux s'envolèrent en direction des voitures dont il discernait les phares morts. Un bon point de repère. Il pouvait envisager de passer par là, la barrière créée par les véhicules lui permettant ainsi de filtrer la masse de zombies qui ne tarderait pas à se mettre à sa poursuite. Oui… Il y avait une poignée de bonnes idées à travers cette mission suicide. Viser le parking. Ne penser à rien d’autre qu’à ça.
Ezeckiel s’apprêtait enfin à se lancer, lorsqu’un éclat de lumière déchira la nuit. Un éclat qui ne provenait pas de derrière, mais bien de devant. Aussitôt, une lueur d’espoir s’empara de lui. L’avantage de voir le monde mourir, c’est que ses grains d’agonie n’en sont que plus flamboyants. Et si une forme de vie quelconque de sa connaissance et capable de l’aider se trouvait de l’autre côté de la marée de créatures… Fronçant les sourcils, le jeune homme tentait de distinguer l’origine et la nature de cette luminosité qui avait tout d’un mouvement humain. Et la lumière bougea pour s’avancer dans sa direction. Au point qu’il crut être directement visé par ce qui ressemblait au faisceau d’une lampe torche braquée sur lui cahin-caha, au fil des déplacements de son destinataire. Aucun doute : il était repéré. Il ne s’interrogea pas sur les intentions agressives d’un possible inconnu. La priorité était de sortir de ce guêpier, de cet entre-deux qui devenait de plus en plus dangereux tandis qu’il s’y attardait. Il attendit. Il attendit que la lumière cesse de se mouvoir. Compta dix secondes. Puis s’élança.

Loin du sprint, il veillait à courir à l’aide de foulées bien proportionnées, ménageant ses forces. Sa tête ne cessait de se tourner vers le troupeau informe, surveillant les premiers individus qui, déjà l’avaient repéré à l’odeur. Saloperies. Comment des cadavres ambulants pouvaient-ils avoir un odorat aussi développé ? Parfois Ezeckiel ne pouvait s’empêcher de se le demander dans le feu de l’action. Pourtant, loin de maudire la loi de Murphy à l’heure actuelle, il étouffa un grognement quand il sentit sa cheville se dérober légèrement sous une fissure du terrain plane mais traître.

« Merde ! »

Il bouscula un rôdeur d’un coup de poing qui fit craquer ses cervicales, contourna un autre en évitant la collision de justesse, pour mieux repartir de plus belle dans une pirouette, conscient de les savoir se rapprocher davantage de seconde en seconde. En voulant éviter deux d’entre eux, il fut contraint de s’acculer quelque peu. Pas assez pour le mettre en danger, mais déjà trop pour sa sérénité, si tant est qu’il puisse en ressentir une once en cet instant. Abandonnant ses velléités, il obéit à l’instinct et tira dans la tête d’un rôdeur, puis d’un second. Les détonations résonnèrent dans l’atmosphère, jusqu’alors tellement silencieuse. Tant pis pour les autres réfugiés dans le bâtiment qu’il avait abandonné, probablement alarmés à moins qu’ils n’aient déjà remarqué son absence. Enjambant les corps retombés lourdement, Ezeckiel sollicita cette fois-ci ses muscles comme jamais, s’efforçant de ne pas faiblir et d’anticiper les assauts des créatures. Le tout sans perdre de vue sa précieuse lumière, son guide.
Il pria intérieurement pour trouver un allié. Quelqu’un d’armé, si possible. Cela faisait beaucoup de prières en peu de temps, mais il n’était plus à ça près. À plusieurs reprises, il dut se frayer de force un chemin dans cette armée des morts. Malheureusement, il sous-estima leur appétit.
Quelques-uns provenant sans doute d’un point plus éloigné et hors de son champ de vision menaçaient de lui couper la route, tandis que le reste de la masse était encore sur ses talons. De mémoire, il lui restait trois balles.  Trois balles qu’il ne devait pas gaspiller, sous peine de voir le jeu s’arrêter là. Encouragé par son instinct, il ne ralentit pas, au contraire. Son épaule buta douloureusement contre une autre à la chair en décomposition. De la main gauche, il trancha des phalanges destinées à l’entraîner dans cette vague putride. En cet instant de grâce ou même la terreur le mettait hors de portée de ce cauchemar quotidien, il devina que ce ne serait pas la fin cette nuit. Les trois balles ne furent pas dépensées en vain, salvatrices. Sa respiration devenait sifflante, affectée par le fond de l'air frais malgré le cuir de sa veste, mais ses jambes tenaient bon.

Bientôt, il serait capable de voir son visage.
Homme ou femme.
Vingt foulées.
Dix.
Cinq.
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Aileen L. Blackhood

Aileen L. Blackhood
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MessageSujet: Re: [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. Icon_minitimeMar 30 Déc - 16:02



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Ne vous demandez pas pourquoi les gens deviennent fous. Demandez-vous pourquoi ils ne le deviennent pas. Devant tout ce qu’on peut perdre en un jour, en un instant... Demandez-vous ce qui fait qu’on tienne le coup...
Pendant quelques minutes, plus aucune trace de la silhouette. Aileen plisse les yeux, balaye le spectacle désolant qui s'offre à elle de sa lampe torche. Mais rien. Pas le moindre mouvement lui indiquant qu'il y a bien un survivant par là-bas. Seuls les ombres des rôdeurs lui répondent, et lui confirment par la même occasion qu'elle aura du mal à se frayer un chemin jusque-là. Soudain, Aileen croit entendre du bruit. Des pas ... Rapides. Quelqu'un qui court. De nouveau, elle braque le faisceau de lumière droit devant elle. Elle s'efforce de l'immobiliser et est bien vite rassurée ; il y a bien quelqu'un là-bas. Peut-être bien qu'elle ne sera pas venue pour rien, finalement. Elle ne peut pas s'empêcher, pourtant, de ressentir une pointe d'appréhension. Elle ne sait pas qui approche. Et si c'était un fou furieux ? Parce que des fous furieux, il y en a dans la zone. De même, il pourrait très bien s'agir de celui - ou celle - qui a causé ce désastre. Impossible de faire marche arrière maintenant. La silhouette vient dans sa direction. Elle le guide, lui offre peut-être un semblant d'espoir. Mâchoire crispée, Aileen observe son ascension fulgurante mais hésitante. Entravée par les cadavres qui essaient de s'emparer de lui, qui essaient d'en faire leur repas. Il parvient à se défendre, et à poursuivre sa lancée. Il ne s'arrêtera pas en si bon chemin, mais Aileen appréhende. a la fois son arrivée ici, et tout ce qui pourrait se passer entre temps. D'où vient-il ? Comment a-t-il fait pour réaliser cet effort surhumain ? Sa silhouette s'approche de plus en plus, mais Aileen n'a pas le temps de s'attarder sur les détails pour essayer de voir de qui il s'agit : les rôdeurs sont nombreux. Et s'il continue sur cette voie-là, il pourrait bien se faire bouffer avant de parvenir à destination. C'est sur la fin qu'elle se décide enfin à sortir son petit flingue. C'est le moment ou jamais de lui donner un coup de main. Elle vise plutôt bien de manière générale, mais elle a peur, trop fébrile, de rater sa cible. Il ne manquerait plus que cela ...

Malgré elle, Aileen se voit contrainte de refréner ses envies de soutien. Elle pourra le faire mais ... après. Là, elle doit d'abord le laisser se débrouiller seul. Ce qu'il réussit à faire, avec une détermination insoupçonnée. Putain, il sera bientôt là. Cinq secondes ... Quatre ... Trois ... Deux ... Les yeux d'Aileen s'écarquillent, cette fois. Face à elle, Ezeckiel. Elle n'a pas trop de mal à le reconnaître, malgré l'obscurité ambiante. « Ez ... Ezeckiel. » Bafouille-t-elle, le cœur battant à tout rompre. Il est en vie. Quelques secondes de flottement s'emparent d'elle, comme si le monde autour d'elle n'était pas dangereux. Comme si elle n'était pas entourée par les rôdeurs. Et comme si elle n'avait jamais été la pire des garces avec lui. Mais elle a tôt fait de se reprendre ; elle n'a pas le choix. Ezeckiel vient de réussir un exploit surhumain, mais les rôdeurs ne vont pas pour autant s'arrêter en si bon chemin. D'ailleurs, ils sont nombreux à être à sa poursuite. Elle s'écarte de quelques pas pour le laisser passer derrière la grille, qu'elle referme aussitôt. Mais c'est sans compter sur les dits-rôdeurs, qui sont d'ores et déjà à leur hauteur. Ils sont deux à passer leurs doigts dans l'ouverture qu'Aileen n'a pas eu le temps de boucher. Cette fois, elle n'a pas la moindre once d'hésitation ; elle serre ses doigts autour du petit flingue et le lève. Elle tire deux balles. Leurs deux cadavres putrides s'écroulent sur le sol, permettant ainsi à la blonde de fermer pour de bon la grille. Mais elle en a cassé le verrou, quelques heures plus tôt. Et la masse de rôdeurs qui se précipitent vers eux ne leur laissera pas la moindre chance d'en sortir vivant.

A moins qu'ils ne prennent la fuite avant. Quelque peu affolée, Aileen tourne la tête en direction d'Ezeckiel. Ezeckiel, putain. « Faut partir. Maintenant. » Ce n'est une grande nouvelle pour personne. Mais elle a besoin de le dire à voix haute, pour se rassurer peut-être. Trouveront-ils le temps de se sortir de là avant que les rôdeurs ne parviennent à la grille ? Il convient de se poser la question. Surtout que d'autres peuvent survenir de tous les côtés à tout moment. Elle regrette que leurs retrouvailles se passent dans de telles circonstances, mais c'est mieux que rien, hein ? Elle doit déjà s'estimer chanceuse de ne pas avoir aperçu son visage parmi ceux des rôdeurs. Il est en vie, c'est tout ce qui compte. « Tu n'es pas blessé ?! » Demande-t-elle avec précipitation. Ils n'ont pas de temps à perdre mais si Ez a été mordu, elle a besoin de le savoir. Sur le champ. Postée face à lui, un peu plus tendue qu'à l'accoutumée, elle prend le temps de l'observer, de s'assurer que tout va bien pour lui. Mais elle ne se fie pas uniquement à ce qu'elle voit, elle a besoin d'avoir sa confirmation. Ce qui lui permettra de se détendre un peu ... Rien qu'un peu. Ce serait déjà pas mal, compte tenu de leur situation. Elle voudrait pouvoir lui dire qu'elle est désolée de son comportement, et qu'elle est plus qu'heureuse de le savoir en vie, mais on ne lui en laisse pas le temps. Un rôdeur, grognant et affamé semble-t-il vient s'écraser contre la grille qui semble d'ores et déjà sur le point de céder. Dans un léger sursaut, Aileen tourne la tête - et la lampe torche en même temps - dans cette direction : il n'est pas seul, une horde de rôdeurs traîne derrière lui. Ils n'ont vraiment pas de temps à perdre. La blonde, d'ailleurs, agrippe le coude d'Ez, dans le but de l'entraîner en direction de la voiture dont elle possède les clés. Hors de question de le lâcher maintenant.
(c) AMIANTE


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MessageSujet: Re: [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. Icon_minitimeMar 30 Déc - 23:44

La lampe braquée sur lui a aveuglé son regard, et c’est la poitrine broyée par le sprint qu’il lève un bras par réflexe, afin de se protéger autant que possible de la luminosité trop agressive pour ses rétines habituées à l’obscurité. Il ne l’a pas vue tout de suite, non. En revanche, il l’a entendue. Il aurait pu croire à un délire sorti tout droit de son imagination, ce dans le but de s’accrocher encore un peu plus à cette vie ingrate. Quel plus beau cadeau que de tomber sur elle ici et maintenant, à l’issue de cette fuite spontanée vers l’avant ? Mais il n’y a qu’elle pour prononcer son nom ainsi. Elle. Juste elle. La torche se décale, et après quelques battements de paupières, les pépites multicolores qui entachent sa vision se dissipent, dessinant calmement le visage de la jeune femme. Aileen. Dans ce face à face irréel que rien n’aurait laissé prévoir, dans cette bulle de bonheur qui tardait à éclore, alourdie par la tension de la scène et la présence du danger à seulement quelques pas, il ne sut pas comment réagir. Hébété, le cœur et la tête affolés, les membres paralysés. Il tituba, sans mot dire. Chaque seconde la rendait plus réelle, plus vivante. Il n’y en eut que quelques-unes, pourtant. Bien assez. Pas de quoi réfléchir, pas de quoi sombrer immédiatement dans la rancœur, dans le besoin de la toucher ou dans la joie sauvage. Il a reçu de plein fouet cette chance inespérée. Et il veillera à ne pas oublier pas ce cadeau, pour sûr.
Elle s’écarte.
Il passe.
Ils connaissent désormais les règles de la survie mieux que quiconque. Ensemble, ils ne craignent plus ni les rôdeurs ni les dégénérés toujours humains. Ils font ce qu’ils savent faire de mieux : perdurer, et rebondir. Dans son dos, des coups de feu tout proches, tirés par Aileen. Elle s’est armée, ce qui est le mieux pour eux deux. Rapidement, il glisse son propre flingue contre sa ceinture, libérant ses deux mains pour mieux faire passer sa lame dans la paume droite. Évidemment qu’il faut partir. D’un hochement de tête, ses yeux croisent brièvement les siens, approuvent. Il voudrait juste se tirer de là, sans perdre de temps supplémentaire. C’est donc presque contrarié qu’il répond rugueusement :

« Non, j’vais bien. »

Il n’a pas vérifié. Mais il n’a rien senti. Même lorsqu’il se faufilait entre les silhouettes des morts, sa célérité l’a empêché de succomber à leurs morsures. Aucune douleur ne pulse, néanmoins il sait qu’il devra checker la moindre entaille dès lors qu’ils se seront échappés de ce guêpier. Les monstres s’impatientent, et ils n’ont fort heureusement pas à poursuivre sur cette voie. Entraîné par la jeune femme, il a la présence d’esprit d’ordonner sans réplique :

« File les clefs. »

C’est en courant qu’il les lui prend des mains, tout en la laissant le guider jusqu’à la voiture. Une fois le véhicule en vue, il la dépassa, attendit qu’elle soit assise côté passager pour se glisser à son tour derrière le volant, claquant la porte et démarrant le break furieusement.

« Okay… C’est bon… »

Il commença à se détendre, enfin. Sa plus grande peur était toujours de constater qu’un moteur refusait de tourner. Néanmoins, celui-ci ne leur ferait pas défaut, et un vrai sourire de satisfaction se percha sur ses lèvres. Ils s’en sortiraient. Ezeckiel opéra une marche arrière et braqua vers la gauche afin de les sortir du rang et ainsi reprendre la direction de la sortie. Jamais il n’aurait cru se sentir un jour aussi heureux de retrouver le no man’s land qu’ils avaient quitté en pensant rejoindre l’abri que représentait la zone. Et puis il aimait conduire. Conduire était normal. Conduire représentait un bout de cet autrefois auquel il rêvait encore. En revanche, le jour où la dernière goutte d’essence aurait été puisée sur le territoire… la déprime pointerait le bout de son nez. Détail futile pour beaucoup, mais pas pour lui. Il aurait pu rire de ce trait d’esprit insignifiant compte tenu de l’extraordinaire prouesse de leur survie. Enfin, il était persuadé que d’ici à ce que ces réserves s’assèchent totalement, ils auraient rejoints dans la tombe tous ceux qui les avaient abandonné avant aujourd’hui.
Il venait de retrouver Aileen que, déjà, poussé par le besoin de rester concentré sur leur éloignement immédiat, il évitait de songer aux griefs, aux non-dits accumulés depuis des semaines et des semaines.

« Putain… »

Au-delà du pare-brise et de la lumière qu’un seul phare dispensait, il aperçut un groupe de rôdeurs. Il aurait pu tenter de ralentir pour manœuvrer et tenter de se glisser entre eux. Certains avaient toujours peur qu’un choc entre voiture et créatures ne soit préjudiciable pour les passagers. Pas lui. Il fit confiance à la mécanique et enfonça brutalement l’accélérateur. Il ne La regarda pas.

« Tiens-toi. »

Les sons produits par la rencontre en chair et carrosserie furent plus violents que ce rentre-dedans en lui-même. Il aperçut des membres voler, déchiquetés, dont un bras qui retomba contre un essuie-glace. Agacé mais la voie libre, il donna un coup de violant brutal pour les en débarrasser.
La plaine devant eux.
Libres.
Il ne ralentit pas pour autant, traçant leur chemin dans la nuit à toute vitesse. Ce qui était dangereux, compte tenu de la luminosité restreinte. Tant pis. Une colère sourde, indomptable, coulait dans ses veines aux côtés d’un sang rendu bouillonnant par la réalité simple et sans appel : ils étaient vivants.

«  ET ALLEZ BIEN VOUS FAIRE FOUTRE ! »

Son majeur se leva, conquérant à l’intention du troupeau qui ne pourrait jamais les suivre à cette vitesse.
Le retour à la case départ n’avait jamais été aussi délectable.
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Aileen L. Blackhood

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× Âge du perso : : 34 ans.

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MessageSujet: Re: [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. Icon_minitimeMer 31 Déc - 19:07



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Ne vous demandez pas pourquoi les gens deviennent fous. Demandez-vous pourquoi ils ne le deviennent pas. Devant tout ce qu’on peut perdre en un jour, en un instant... Demandez-vous ce qui fait qu’on tienne le coup...
Ezeckiel. Quelles étaient les chances pour que ce soit face à lui qu'elle tombe ? Elles étaient moindres, à n'en pas douter. C'est donc avec une surprise non dissimulée qu'elle se retrouve, hébétée, devant Ezeckiel. Mais ce n'est pas le moment de profiter de ces retrouvailles, pas le moment de s'attarder sur les détails ; ils doivent partir de là au plus vite. Le jeune homme est de son avis, bien sûr. Soupir de soulagement : il va bien. Elle avait besoin de s'en assurer, avant de prendre la fuite. L'idée de le perdre ici, maintenant, dans ces circonstances aurait été assommante, et elle ne sait pas comment elle aurait réagit. Mais il n'y a pas à chercher à s'interroger plus que nécessaire à ce propos ; il n'a rien. Elle ne rechigne pas quand il lui ordonne - plus qu'il ne lui demande - les clés de la voiture. Elle n'a pas le temps de lui faire comprendre qu'elle a assez de sang froid pour s'emparer du volant ; ce n'est pas le moment de lancer une discussion houleuse. Elle extirpe - non sans quelques difficultés, compte tenu du froid ambiant - les clés de sa poche, et s'apprête à lui les lancer. Mais il est plus rapide qu'elle, et s'en empare avant de se mettre à courir. Elle le suit, le rattrape même sa course précédente l'ayant déjà affaibli, et s'arrête rapidement à côté de la voiture qu'elle avait quitté, quelques instants plus tôt. Tout se passe vraiment très bien, la chance semble avoir tourné en leur faveur. Mais pour combien de temps ? Aileen n'a jamais été d'un naturel pessimisme, mais le monde l'a forcé à devenir réaliste et à envisager le pire plutôt que le meilleur. Cela peut lui sauver la vie, ainsi que celle de ses proches. Ezeckiel en tête de liste. A bout de forces, elle s'installe côté passager. Sans un regard en direction de celui qu'elle vient tout juste de retrouver, elle pose sur la banquette arrière son fusil à pompe qui ne lui aura pas été d'une grande utilité.

Elle se réinstalle correctement, ne prend pas la peine d'attacher sa ceinture de sécurité. En comparaison de tout ce qui pourrait leur arriver là, dehors, un accident de voiture ne serait rien. Presque une trop facile manière de mourir, aussi. A peine Aileen a-t-elle eu le temps d'écouter le conseil d'Ezeckiel, en agrippant, donc le premier truc qui lui tombe sous la main. « T'es sûr que ... » C'est une bonne idée ? La fin de sa phrase se perd quelque part entre sa gorge et sa bouche. De toute façon, il est trop tard : Ezeckiel a d'ores et déjà appuyé sur l'accélérateur, précipitant la voiture vers l'avant. En direction de la horde de rôdeurs qui marche dans leur direction. Le résultat est stupéfiant : des morceaux de cadavres putrides volent sur le pare-brise mais ne causent aucun dommage. La seconde main d'Aileen se pose sur la boîte à gant. Elle n'a pas en horreur la vitesse, mais préfère tout de même quand c'est ... Un peu plus mesuré. Cela n'a plus grande importance, pourtant, quand elle comprend que les rôdeurs sont loin derrière eux. Ils ne les rattraperont plus, ils ont réussi. Un profond soupir de soulagement s'échappe des lèvres d'Aileen. Elle a retrouvé Ezeckiel, et tout va pour le mieux pour chacun d'eux. Sa tête tombe en arrière et elle profite de ce bref instant de répit, yeux fermés, pour permettre à son cœur de se remettre de ses émotions. Elle savait, en venant ici, que ce ne serait pas simple de retrouver Ezeckiel, et c'est tout l'inverse qui s'est produit. Cela a presque été trop facile. Mais elle ne va pas s'en plaindre, tout de même. Elle aurait pu le perdre pour de bon et ça, c'est inacceptable.

Une fois à peu près remise de ses émotions, Aileen rouvre les yeux, et redresse sa tête. Elle n'ose toujours par regarder en direction d'Ezeckiel, il a toutes les raisons de lui en vouloir. Toutes les raisons d'être énervé contre elle. Plutôt que de s'expliquer sur le comportement qu'elle a pu adopter ces derniers mois, elle s'empare de la conversation et la tourne en sa faveur. Quoi de mieux que parler de tout ce qu'il vient de se passer pour ne pas le laisser s'aventurer sur des terrains dangereux ? « Explique-moi ... Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » Elle aurait dû être à l'intérieur avec les autres, elle aurait dû se retrouver au même endroit qu'Ezeckiel. Mais non, encore une fois, elle était à l'extérieur, à chercher des vivres. Maintenant qu'elle a retrouvé Ezeckiel, elle va peut-être pouvoir avoir de plus amples explications. Que s'est-il passé dans la zone pour que tout déraille comme ça ? Elle ne peut pas dire qu'elle a toujours fait preuve d'une excitation folle concernant leur vie dans la zone sécurisée, mais c'est toujours déplaisant d'arriver pour constater sa chute. Malgré ses fréquentes absences, Aileen avait réussi à créer des liens avec certaines rares personnes. Et Conrad ... elle venait juste de le retrouver. « Il y a ... Beaucoup de survivants ? » Se risque-t-elle à demander. Elle a un peu peur de la réponse qu'elle obtiendra mais c'est nécessaire : elle a besoin de savoir. Et sans doute un peu aussi, besoin de combler le silence. Le soulagement de l'avoir retrouvé n'élimine pas pour autant tous les sentiments et événements qui ont poussé Aileen à se tenir à distance de lui. Après quelques secondes de silence, la blonde réalise pour de bon qu'ils sont en sécurité, et s'autorise un petit sourire. Juste après, elle tourne la tête pour regarder Ezeckiel. Elle n'était pas certaine d'avoir fait le bon choix en venant jusqu'à la zone dans l'espoir de le retrouver mais elle a bien fait finalement ; que serait-il advenu de lui sinon ? Il n'aurait peut-être pas eu la chance de trouver une voiture à temps ...
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MessageSujet: Re: [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. Icon_minitimeVen 2 Jan - 20:17

Ignorant la main de la jeune femme, Ezeckiel continuait de rouler à une vitesse déconseillée, les roues s’adaptant tant bien que mal aux cahots du chemin. Ils tressautèrent, bringuebalant encore un moment avant que le break ne retrouve enfin le contact du bitume. Stabilisés, son conducteur put expirer longuement, relâchant toute la pression accumulée jusqu’alors pour se contenter de relâcher un peu la prise sur le volant. De même, sa semelle diminua le poids porté sur la pédale de l’accélérateur, et ils retrouvèrent une allure plus modérée et sécurisante pour sa passagère à laquelle il n’avait toujours pas adressé une parole. Ni un regard. Concentré sur la route, le cœur au bord des lèvres, il serrait les mâchoires de toutes ses forces pour ne pas perdre en concentration. Si des rôdeurs traînaient sur le chemin, il préférait encore éviter un choc frontal répété comme celui qu’ils venaient de vivre. Le silence reprit ses droits, comme lors de la période qui les avait vus voyager ensemble, après le massacre de leur groupe et bien avant leur installation dans la zone. Tout avait commencé lors de cette foutue nuit. Avant cela, il avait encore l’espoir de la voir s’intégrer, et surtout : de continuer à la voir baisser un peu sa garde, comme elle avait accepté de le faire petit à petit. Et puis tout s’était fini dans le sang et les hurlements, comme d’habitude. Il se sentait fatigué. Et pas uniquement en raison du manque de sommeil ou du stress qui ne manquerait pas de réclamer en contrepartie quelques bonnes heures pour récupérer dignement.
Quand il entendit la voix de la jeune femme résonner dans l’habitacle, il ne réagit pas immédiatement. C’était comme si elle venait de très loin, qu’elle n’était pas vraiment réelle. Un vertige le saisit, faisant papillonner ses paupières.

Il sut que continuer de conduire avec le malaise qui le tenaillait n’était pas sûr. Et il n’était pas assez frappa dingue pour persévérer stupidement. Il freina, ne prenant pas la peine de se déporter sur le bas-côté, jusqu’à l’arrêt total de leur voiture. À peine le moteur s’était-il éteint qu’Ezeckiel poussa la portière et sortit, se prenant les pieds dans la lanière de son sac tombé au bas du siège pour finir sa course à genoux sur le goudron humide et puant. Un gémissement de douleur retentit, quand ses rotules meurtries se mirent à protester. Il claquait des dents, saisi par le contrecoup. Vague de froid, vague de chaud, toutes déferlaient sur son organisme sans distinction, sans pitié. Une nausée, voisine de ses autres symptômes, l’obligea à se pencher vers l’avant. Le jeune homme toussa à plusieurs reprises. Mais son estomac vide n’avait rien à vomir. Ne parvenant qu'à peine à avaler quelque chose ces derniers temps, il en payait le prix maintenant. C’est à peine s’il réussit à cracher un peu de bile, rageant de ne pouvoir soulager ce mal qui venait de l’intérieur. À moins qu’elle ait quelque chose à manger, il serait condamné à le supporter jusqu’à pouvoir enfin se rassasier. Il se refusa de demander de l’aide à Aileen, pétri d’une fierté mal placée et dangereuse dans ces conditions. Tant pis. Libéré du carcan que représentait la zone, il tourna la tête vers là d’où ils venaient. Rien ne se distinguait plus dans la nuit. Ils étaient trop loin, désormais. Il songea alors à tous ceux qui étaient restés prisonniers de ces murs désormais détruits, et ne put s’empêcher de se demander qui survivrait, et qui périrait. Toujours ces sempiternelles questions, cruelles mais automatiques.

« V-vingtaine… On était une vingtaine… »

La nuque courbée, se refusant à poser ses prunelles sur Aileen, il les gardait obstinément fermées, ses poings crispés sur son jean délavé, comme pour tenter de retenir un peu les griffes de la faim.

« Qu’est-ce que ça peut te foutre… de toute manière…  hein… ? »

Il devait se relever. Ne serait-ce que pour se sentir mieux et parvenir à respirer convenablement. Son corps refusa de répondre à ses sollicitations.

« C’est fini… C’est tout ce que tu dois savoir… »

Le deuxième essai fut le bon. Il se remit debout tant bien que mal, reculant précipitamment pour pouvoir s’adosser au break et reprendre un peu d’aplomb. Alors, enfin, il rouvrit les yeux et la regarda, dans la pénombre seulement traversée par l’éclat des phares qui dispensaient une vague lueur de leur côté. Elle. Elle qui l’avait abandonné. Il l’en savait capable. Ignorant comment il avait déjà accompli l’exploit de la convaincre de le suivre jusqu’à présent, il se mentirait s’il affirmait n’avoir jamais ressenti la crainte de ne pas la voir rentrer un jour. Et plus les jours passaient dans la zone, plus cette crainte devenait palpable, boule de lave en fusion qu’il craignait de voir jaillir au moment le plus inopportun. Parce qu’Aileen était sa faiblesse, la preuve éclatante qu’il n’était pas capable de survivre sans, dans son entourage, une présence fixe et familière, au-delà des groupes qu’il avait pu fréquenter pour sa survie.

« Tu crois pas que c’était un peu trop tard pour revenir… ? »

L’amertume perçait dans chaque mot. Chaque syllabe.

« Qu’est-ce que tu foutais là… ? »
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Aileen L. Blackhood

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MessageSujet: Re: [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. Icon_minitimeLun 5 Jan - 3:12



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Ne vous demandez pas pourquoi les gens deviennent fous. Demandez-vous pourquoi ils ne le deviennent pas. Devant tout ce qu’on peut perdre en un jour, en un instant... Demandez-vous ce qui fait qu’on tienne le coup...
Ezeckiel roule vite. Beaucoup trop vite. Pas un mot n'est prononcé, pas un mot n'est échangé. Ezeckiel semble concentré sur la route, et Aileen est encore trop sous le choc pour dire quoi que ce soit. De toute façon, elle ne voit pas vraiment ce qu'elle pourrait lancer. Nul doute qu'Ez lui en veut. Nul doute que ce serait se tirer elle-même une balle dans le pied que de dire quoi que ce soit. Aussi, elle préfère conserver le silence, le regard planté devant elle. Elle ne voit pas grand chose pourtant ; l'obscurité est saisissante. Soudain, Ezeckiel arrête la voiture. C'est encore une fois dans la surprise que se déroule tout cela pour Aileen. Il faudrait peut-être qu'elle cesse de se laisser emporter dans ses pensées pour se concentrer un peu plus sur ce qui se passe autour d'elle. A l'instant même où le bruit de la portière à côté d'elle se fait entendre, Aileen tourne la tête dans cette direction. Ezeckiel n'est plus dans la voiture alors qu'il fait nuit noir dehors. Il est devenu suicidaire, ou quoi ? Elle ne prend pas le temps de réfléchir avant de sortir de la voiture à son tour, et de la contourner pour se planter face à Ez. Il est là, agenouillé sur le sol. Il a l'air tendu, en mauvais état aussi. Peut-être qu'il est bien blessé finalement ? Ou malade ? Plutôt que de lui reposer toutes ces questions auxquelles il risquerait bien de refuser de répondre, elle lui parle de la zone, cherche des explications. Elle a besoin de savoir. Mais Ezeckiel, prostré sur le sol, ne semble pas décidé à parler. A moins qu'il n'ait réellement du mal à mettre ses pensées en mots, et à former des phrases compréhensibles.

Une vingtaine ... Cela signifie beaucoup de morts à déplorer encore une fois. Mais ce n'est pas le bon moment pour s'apitoyer sur son sort, n'est-ce pas ? De toute façon, il n'est plus nécessaire de faire ça. Aussi triste à dire cela soit-il, c'est devenu une habitude de perdre des personnes. Auxquelles on tient, auxquelles on est habitué. Aileen pince les lèvres, s'empêche de faire une quelconque remarque quand les paroles acides d'Ezeckeil traversent l'obscurité et la fraîcheur des lieux. Pleines de remords. Pleines de ressentiment. Il lui en veut. Ce n'est en rien étonnant pour Aileen. Ce qui ne l'empêche pas pour autant d'être blessée par ses mots. C'est tout ce qu'elle doit savoir ? Tout ce qu'elle a le droit de savoir ? Elle ouvre la bouche, comme pour dire quelque chose mais la referme aussitôt ; Ezeckiel l'a coupée dans son élan. Il s'est relevé, et lui fait maintenant face. C'est suffisant pour lui faire perdre tous ses moyens, et lui faire oublier tout ce qu'elle voudrait lui dire là, maintenant, tout de suite. Il ne s'arrête pas en si bon chemin, des reproches il en a à lui faire. Ce n'est pas surprenant qu'il profite de ce moment pour lui balancer, c'est bien la première fois depuis quelques mois qu'ils sont seuls tous les deux. Et, accessoirement, c'est aussi la première fois depuis très longtemps qu'Aileen ne prend pas la fuite face à lui. En même temps, elle est incapable de survivre seule. Et encore plus incapable de s'éloigner de lui trop longtemps. Ne lui voit-il pas ? Apparemment, la réponse est non.

Aileen cligne plusieurs fois des yeux, pour s'efforcer de ne pas se laisser submerger par les émotions, ou le remord. Elle a agit comme elle pensait qu'il fallait qu'elle le fasse ; aucun regret n'est acceptable. De toute façon, elle ne peut pas retourner en arrière. Et même si elle le faisait, elle agirait probablement exactement de la même façon. Encore sous le coup des reproches qui viennent de pleuvoir sur elle, Aileen réussit tout de même à trouver le courage de se reprendre et d'avancer de quelques pas pour se poster face à Ezeckiel. « Je suis toujours revenue. » C'est tout ce qu'elle a à dire pour sa défense, quelle tristesse. « Je voulais être sûre que ... que tu allais bien. » Ajoute-t-elle finalement. Mais elle s'aventure en terrain glissant, c'est pourquoi elle a tôt fait de détourner le regard. « Passe de l'autre côté, j'prends le volant. Tu n'as pas l'air d'être en état de conduire et je sais exactement où il faut qu'on aille. » La maison qu'elle a investie ces derniers jours pourra au moins les abriter pour la nuit. Elle a un sac avec un peu de bouffe là-bas, sans doute y en aura-t-il assez pour contenter Ezeckiel et lui redonner un peu de forces. En attendant, il ne faut pas traîner là : il fait nuit, qui sait sur quoi - ou qui - ils pourraient tomber ? Mieux vaut ne pas chercher à le savoir. Aileen attend qu'Ezeckiel monte à son tour dans la voiture avant de démarrer le moteur. Elle se l'avoue à elle-même sans trop de mal : l'excuse "allons chercher un abri" est avant tout valable pour lui permettre de fuir la conversation qu'ils s'apprêtaient à avoir. « Tu n'as pas mangé depuis quand ? » Demande-t-elle sobrement, le regard de nouveau planté face à elle. Il n'y a qu'en abordant des sujets comme celui-ci qu'elle réussira à fuir une discussion qui pourrait s'avérer dangereuse et définitivement trop stressante pour elle.
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MessageSujet: Re: [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. Icon_minitimeMar 13 Jan - 0:08

Comment passer à autre chose ? Comment pardonner, lorsque le fer brûlant a marqué la chair jusqu’à la faire grésiller, l’esprit jusqu’à le ramener au néant, le cœur jusqu’à le réduire en poussières ? Ezeckiel était fatigué, oui. Très fatigué. Il avait envie de hurler, de frapper quelque chose, de détruire, quitte à se briser les phalanges contre une surface dure et trop puissante pour sa simple chair d’être humain. Il avait envie de l’enlacer, envie de la gifler, envie de reprendre la voiture ou, au contraire, de récupérer son sac et de se remettre à marcher, loin. Très loin de cette zone qui ne leur avait, à son tour, offert que promesses et mince réconfort avant de tout leur reprendre une fois de plus. Il y avait de quoi se désespérer, franchement. De quoi abandonner prudence et sécurité pour se jeter dans les bras d’une folie douce, comme il venait justement de le faire, par le biais de cette évasion à la fois préparée et impulsive. Sa silhouette vacillait, en proie aux doutes, à la faiblesse physique et psychique. Ses yeux peinaient à rester ouverts sur elle et uniquement sur elle. Sur ces mèches blondes devenues si familières, ce petit corps à la fois endurant et féminin, ces prunelles qui le cherchaient pour l’atteindre, pour arriver à toucher ce qu’il commençait à considérer comme une sévère faiblesse. Pour la première fois depuis qu’elle avait croisé sa route, il se demandait en effet si voyager en sa compagnie ne l’obligeait pas à naviguer sur une voie dangereuse pour sa santé mentale. On ne pouvait survivre qu’aux côtés d’individus qui ne venaient pas impliquer des sentiments confus, brouillons, une impression d’attachement profond qui les rendait plus qu’indispensables pour l'avenir. Ezeckiel savait tout cela. Il n’avait simplement pas la force de s’appliquer ce mantra. Parce qu’il tenait à elle. Peut-être aussi parce qu’il était trop faible pour ce monde devenu impitoyable.
La gorge sèche, assoiffé, d’eau mais aussi de ses réponses qui s’étaient fait attendre si longtemps, il frissonna lorsqu’elle s'y employa enfin. Oui. Elle était toujours revenue. Il ne pouvait prétendre le contraire, et pourtant, était-ce si facile ? Pouvait-il se contenter de cette affirmation au vu de ces dernières semaines ? Il la haïssait pour la colère qu’elle arrivait à tuer dans l’œuf. C’était cela, pour lui, la grande force des femmes. Cette capacité à éteindre le feu grandissant d’une rage sourde qui ne verrait jamais le jour. D’une parole, d’une caresse, elles pouvaient amadouer la brute la plus impatiente. Il ne répondit pas. Il n’y avait rien à répondre.

Pas décidé à lutter contre elle, il obéit quand elle lui proposa de reprendre le volant. Aileen avait raison. Ils ne gagneraient rien à se mettre en danger s’il n’était pas capable de rouler droit ni de voir à plus de cinq mètres devant lui. Contournant lentement le véhicule, le jeune homme revint alors dans l’habitacle, se penchant pour récupérer son sac qu’il déposa à ses pieds, contre son mollet. Sa tête s’appuya sur la vitre froide. Il ferma ses paupières, tâchant de réprimer la vague d’épuisement qui continuait de le faire trembler. Les bras croisés, les jambes serrées, sa mâchoire restait crispée, dans le but de prévenir aux claquements intempestifs. L’idée d’avoir un endroit, un but, un point de chute où atterrir venait de lui ôter un grand poids des épaules, mais il ne l’aurait avoué à son amie pour rien au monde. Du moins, pas maintenant.

« Je sais pas… J’en sais rien… Un moment. »

Si on pouvait appeler ça « manger ». Ezeckiel se connaissait par cœur. Il avait maigri. Pas de beaucoup, mais suffisamment pour prendre conscience du problème. Il ne pouvait pas se permettre de s’affaiblir encore. Il lui faudrait faire fi des nausées, reconstituer ses forces, tâches qui lui apparaissaient comme bien plus accessibles que la veille encore. Il laissa un silence s’installer. Lourd. Uniquement troublé par le moteur qui rugissait. La route n’était pas trop abîmée, leur permettant d’éviter secousses intempestives et autres cahots.

« Si on doit voyager encore ensemble… »

Son regard avait retrouvé l’obscurité brutale qui s’était abattue sur le paysage environnant, brouillé par la vitesse.

« Si on… continue, toi et moi… »

Sa poitrine, brutalement obstruée.

« J’aimerais qu’on… évite de se retrouver dans une situation pareille, à nouveau. »

Et dieu savait qu’il détestait les ultimatums de ce genre. Pourtant, il voyait celui-ci comme absolument nécessaire. Il ne supporterait pas un épisode du même acabit. Baissant les yeux sur ses cuisses, la jambe droite agitée d’un tic nerveux, il reprit après avoir humecté ses lèvres :

« Je sais pas si tu te rends compte. On aurait pu ne jamais se retrouver. Jamais savoir si on avait survécu. C’est pas anodin. Et je compte pas me baser sur la chance ad vitam si tu vois ce que je veux dire. »
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MessageSujet: Re: [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. Icon_minitimeDim 18 Jan - 21:07



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Soulagement. Ezeckiel n'insiste pas plus longtemps, il se contente de suivre Aileen dans la voiture sans broncher. Sans ajouter quoi que ce soit. Cela laisse le temps à la jeune femme de se remettre un tant soit peu de ses émotions, avant de démarrer la voiture. Elle a enfin le sentiment de reprendre le contrôle de la situation et de leur discussion, ce qui était loin d'être le cas jusque-là. Ses questions ne sont pas anodines, mais sont là avant tout pour grappiller quelques secondes de réflexion supplémentaire ; ce qui lui permet de remettre ses pensées en place pour de bon. Mais c'est sans compter sur la ténacité d'Ez qui, bien qu'en état de fatigue plus qu'apparent, n'oublie pas ce qui l'intéresse réellement. A savoir leur quasi-séparation définitive. Comment aurait-elle fait si elle n'avait pas retrouvé Ezeckiel ? Pire, si elle avait été attaquée par un Ez' tout à fait différent ? La seule idée de le voir transformé en l'une de ces choses lui file un frisson. Bien sûr que non, elle n'y survivrait pas. Sa gêne a tôt fait de revenir, à croire qu'elle ne la quitte jamais véritablement, se contentant plutôt de rester dans un coin prête à surgir à tout moment, sournoise qu'elle est. Ses mains sont agitées par de légers tremblements, dont elle ne saurait clairement identifier la provenance. Sentiment de malaise grandissant ou la faim qui la gagne ? Difficile de trancher. Mais cela ne change rien à toutes les émotions qui affluent dans son esprit, virulentes et contradictoires. Aileen jette un regard furtif en direction d'Ezeckiel, lequel a la tête tournée dans une autre direction. Elle se concentre de nouveau sur la route, espérant que cela lui permette de ne pas se laisser submerger par les vagues d'adrénaline, encore bien présente dans son organisme, et celles de gêne. Cela ne fonctionne que partiellement ; piètre consolation. Elle hoche d'abord la tête, regard planté droit devant elle, sur la route qu'éclairent ses phares, avant de se souvenir qu'il n'a pas les yeux tournés dans sa direction. « Bien sûr. » C'est tout ce que sa langue lui permet de dire, mais c'est sans aucun doute assez suffisant pour Ezeckiel. Il la croira, n'est-ce pas ? Elle a beau être ce qu'elle est, elle ne lui a jamais vraiment fait faux-bond. Ce qui ne veut pas pour autant dire qu'elle a eu un comportement exemplaire, ces derniers mois.

Le silence s'installe l'espace de quelques secondes, et c'est ce moment que là que choisit Aileen pour lâcher un rire ironique. Ce n'est pas le moment, et elle va sans doute passer pour une folle mais qu'importe ; elle n'est plus à cela près. « J'ai peut-être fini par faire trop confiance à la zone, finalement. » Jusque-là, elle était persuadée de pouvoir en sortir, et en entrer comme bon lui semblait. Elle était persuadée de la retrouver toujours intacte en revenant de ses trop nombreuses excursions. Il s'est avéré que son jugement était totalement faussé mais que peut-elle y faire à présent ? La confiance n'est pas une donnée qu'elle prend à la légère, il aura suffit d'une fois ... Ezeckiel mis à part, bien sûr. La preuve en est ; il était parti à sa recherche, lui aussi. A moins qu'il ne soit sorti pour tout autre chose ? Elle en doute fortement. Dans l'espoir d'évacuer un peu la tension de tout ce qui vient de leur arriver, Aileen fait craquer son cou. Cela ne l'avance en rien, si ce n'est que cela lui cause une vive mais brève douleur au niveau de sa nuque. Elle est toujours aussi pleine d'émotions contradictoires et fortes. Simple question d'habitude, on finit par s'y faire. Il faut vivre avec la peur, c'est le moteur d'Aileen. Sans compter Ezeckiel. « Est-ce que ... tu voudras tenter d'y retourner demain ? » Lui demande-t-elle brusquement. Elle ne devrait peut-être pas lui poser une telle question alors que c'est là l'un de leur principal sujet de discorde, mais c'est plus fort qu'elle. Elle a besoin de savoir ce qu'il en pense concrètement, et besoin de savoir où ils vont. Voyager seule avec lui ne la dérange pas outre-mesure - n'est-ce pas là ce qu'elle a toujours désiré, en vérité ? - mais ils laissent derrière eux des survivants. De toute évidence coincés dans le dernier bâtiment intact. Pour s'en sortir, il faut faire preuve d'égoïsme. Mais cela veut-il pour autant dire qu'il faut en oublier toutes ses valeurs ? Aileen ne parvient pas à imaginer Ezeckiel agir de la sorte, lui qui n'a pas hésité à se jeter sur des rôdeurs pour la sauver, lors de leur toute première rencontre. Est-il seulement prêt à tirer définitivement un trait sur la zone et tout ce qu'elle leur a apporté ?
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MessageSujet: Re: [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. Icon_minitimeLun 26 Jan - 21:06

La situation est difficile. Ils ont beau s’en être sortis indemnes, si son corps peut enfin trouver un soutien efficace en la personne de la voiture qui roule à bonne allure, son esprit fonctionne à plein régime, accentuant sa sensation de fatigue et, surtout, créant un début de migraine dont il se serait bien passé. En grognant, le jeune homme porta deux doigts contre sa tempe qu’il s’employa à masser avec autant de lenteur que de précaution. Il regrettait amèrement cette époque fabuleuse durant laquelle il suffisait de prendre un cachet, une pastille pas plus grande qu'une phalange, pour ainsi faire disparaître ce genre de maux en quelques minutes. Désormais, il fallait se débrouiller à la dure, supporter toutes les douleurs, jusqu’à ce que la nature accepte enfin de les faire disparaître. Il garda dès lors les yeux fermés : la simple luminosité des phrases le blessait au point qu’il en conçut un agacement plus grand encore que ses ressentis sur le comportement d’Aileen. Il sut à sa façon de jurer implicitement qu’il n’y aurait plus de situation similaire, et surtout qu’il ne servirait à rien de s’appesantir sur le sujet maintenant. Il se contraignit alors à ne pas relancer le débat, malgré la colère qui vivait encore en lui. Ils auraient de toute manière bien l’occasion d’y revenir, surtout lorsqu’il aurait pu lever le pied et dormir une poignée d’heures.
Par ailleurs, voilà qu’elle soulevait un point aussi inattendu que primordial. Devaient-ils retourner ensemble du côté de la zone pour porter secours aux survivants ? Un véritable dilemme se posa face à lui quasi-immédiatement. Deux éventualités aux conséquences radicalement différentes, qui le terrifièrent. Et le poussèrent à rouvrir les paupières péniblement.

« Allons bon… »

Il ricana, sans joie.

« Après avoir snobé les habitants de la Zone, tu veux risquer ta peau pour eux ? »

Il regretta cette réplique acide, à peine eût elle franchi la barrière de ses lèvres. Et pourtant. À se sentir dans son état actuel, faible et incapable de rester assis à peu près droit au fond du siège à moitié défoncé, l’idée de revenir là-bas affronter zombies et autres péripéties lui donnait envie de vomir d’avance.

« Je sais pas. »

Il était honnête. Il ne se sentait pas capable de prendre une décision ferme et mesurée maintenant. Ezeckiel avait beau se jeter à fond dans la manœuvre une fois sa décision prise, il préférait toujours prendre un bon moment pour se poser, envisager toutes les solutions d’un problème. Un temps pour tout. Pas de regret après la délibération, c’était sa seule règle. Et elle prévalait plus que jamais dans ce monde impitoyable où leur survie était tout l’enjeu de la chose.

« Tu vois… Pour une fois, de nous deux c’est peut-être moi qui commence à être fatigué. »

Ses propos, pas vraiment pensés. Prononcés par excès d'épreuves, par lassitude et pour la faire réagir. Lui faire toucher du doigt ce qu’il avait lui-même vécu à force de la voir s’isoler, se refuser aux règles de la communauté dans ce qu’elle avait de chaleur, de cohésion sociale. Ouais. Et si c’était lui, au bout du compte, qui perdait la foi totale dans ce qui restait de leur humanité éteinte ? S’il décidait de jeter l’éponge, après des mois passés à se convaincre que faire ressortir ce qu’il y avait de meilleur en lui était le seul moyen pour tenter de préserver l’équilibre fragile de ce monde de survivants ? Mais le fléau gagne toujours, c’est ce que racontent de nombreux mythes. Le fléau ronge le cœur des plus croyants, des plus solides.

« Alors je sais pas. »

Oui. Il y avait quelque chose d’agréable à se sentir libéré de tout poids, de toute responsabilité. À se décharger du sac de briques pour se contenter de vivre avec sa conscience et de partir vers l’avant, seul. Avec elle. Après tout, c’était pas chacun pour soi la plupart du temps, depuis la catastrophe ? Pour une fois qu’il acceptait de plier. De réaliser qu’on ne peut pas sauver tout le monde.
Mais ce n’était pas lui. Le gros problème, dans tout ça. Un souci majeur qu’il ne pourrait pas éluder après avoir mis ses pensées au clair grâce au sommeil et à un repas à peu près consistant.

« T’as un plan ? Une idée ? Un moyen de communiquer entre la limite et eux ? J’t’écoute, hein. Je sens que ça va être drôle. Non parce qu’à moins qu’on réitère le cirque une bonne dizaine de fois pour arriver à sortir tout le monde au fur et à mesure… et je doute un peu de la méthode, pour tout te dire. »

Il ne s’était pas rendu compte qu’il se rongeait l’ongle du pouce douloureusement. Celui-ci avait un goût de béton et de poussière.

« Elle est encore loin, ta planque ? »
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Aileen L. Blackhood

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MessageSujet: Re: [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. Icon_minitimeMer 28 Jan - 0:40



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Ne vous demandez pas pourquoi les gens deviennent fous. Demandez-vous pourquoi ils ne le deviennent pas. Devant tout ce qu’on peut perdre en un jour, en un instant... Demandez-vous ce qui fait qu’on tienne le coup...
Bon. Elle n'aurait peut-être pas dû lui poser cette question. Aucun moyen de faire marche arrière à présent, seuls les regrets peuvent prendre une place plus ou moins importance dans son esprit encore brumeux. Comme par une évidence affligeante, la réponse d'Ezeckiel se fait acide. Douloureuse. Elle fait son chemin, cause des dégâts sur son passage. Elle, snobe ? Elle, refuser de risquer sa peau pour autrui ? Agacée par Ezeckiel, par les événements de ces derniers jours, par leur situation actuelle et par elle-même aussi, Aileen a à peine conscience du fait que son pied se fait plus lourd sur la pédale tout à coup. C'est bien le cas pourtant : la voiture fait un bond en avant continué ; hors de question qu'elle ralentisse. Plus vite ils seront arrivés, et mieux ce sera. Pour elle, comme pour Ezeckiel. Il ne peut pas être aussi mesquin par pur plaisir, n'est-ce pas ? La faim, la fatigue, la peur et l'adrénaline peuvent le pousser à agir de la sorte. Aileen veut le croire, en tout cas. Elle ne répond pas. Qu'aurait-elle pu trouver à dire à cela, de toute façon ? Elle n'a rien à ajouter pour sa défense, Ezeckiel est trop énervé pour céder à sa version, à elle. Et puis, elle n'a aucune envie de s'expliquer sur ses agissements. Pas ici, pas maintenant. Jamais, peut-être. « Dis comme ça, tu aurais peut-être mieux fait de rester là-bas. » Lâche-t-elle entre ses dents, mâchoire contractée. Elle le regrette aussitôt, mais le pense aussi. Ce n'est pas de sa volonté, bien sûr qu'elle est soulagée de le savoir à ses côtés. Et contente également. Mais s'il est fatigué de tout cela, pourquoi avoir pris la peine d'affronter le danger ? Parce que c'était bien pour la retrouver, qu'il a fait tout cela, non ? La tension dans l'habitacle de la voiture se fait palpable ; tous deux sont campés sur leur position. Peut-être que quelques heures de sommeil leur seront bénéfiques mais pour l'instant, il semblerait que la presque-franchise soit de mise. Pour l'un, comme pour l'autre. D'un geste à peine conscient, Aileen penche la tête sur le côté pour faire craquer sa nuque douloureuse. Elle a presque le sentiment d'être un peu plus détendu, tout à coup. Éphémère illusion, Ezeckiel n'a pas dit son dernier mot. Et ses paroles sont toujours aussi ... Ironiques.

« On devrait en reparler demain, une fois que tu auras mangé et que tu te seras reposé. » De nouveau impassible et calme, du Aileen tout craché. Elle ne veut pas être brusque alors qu'il vient de traverser l'enfer pour sortir de là-bas. Plutôt que de répondre à ses semi-attaques, elle préfère continuer à faire mine de rien. A le snober. C'est sans doute mieux comme ça. « On y sera d'ici cinq minutes. » Malgré la tension toujours omni-présente, Aileen ne peut pas s'empêcher de comparer Ezeckiel à un enfant, impatient d'arriver à destination et obligé, pour supporter l'attente, d'interroger sans arrêt ses parents. Dans d'autres circonstances, Aileen aurait sans doute trouver ironique de songer à un truc pareil, mais pas là. L'atmosphère est trop ... Orageuse pour cela. La jeune femme refuse de tourner la tête pour regarder Ezeckiel, ce serait du suicide. Il n'a pas l'air de très bonne humeur - logique -, alors elle veut limiter la casse comme elle peut. Comme prévu, les phares de la voiture éclairent bientôt un petit village, désert et délaissé. Des caisses sont abandonnées au milieu de la route et en cherchant bien, il est même possible de voir un ou deux cadavres sur le bas-côté. Paysage typiquement apocalyptique. L'habitude l'ayant rendue presque insensible face à ce genre de spectacle, Aileen se contente de garer la voiture à quelques mètres de là, à côté d'une église. « C'est là. Je vais vérifier que tout est OK. » Elle ne lui laisse pas vraiment le temps de répliquer, et se glisse hors de la voiture une fois sa lampe torche récupérée. A travers la fenêtre principale des lieux, elle s'assure que rien n'a bougé, à l'intérieur. C'est le cas. Elle retourne donc près de la voiture et, se tournant finalement vers Ezeckiel - un miracle -, elle déclare : « Tu te sens capable de porter quelques armes ? J'aime autant ne rien laisser dans la voiture. » Heureusement, elle n'en a pas énormément. Ce sera vite fait, et c'est tant mieux : elle a hâte de se retrouver seule pour songer et, probablement, s'auto-flageller. Le soulagement de revoir Ezeckiel en vie a laissé place à un sentiment d'abattement sans limites ; il semble vraiment très remonté contre elle ce qui est tout à fait compréhensible.
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MessageSujet: Re: [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. Icon_minitimeJeu 5 Fév - 0:00

C’est à elle d’accélérer, à présent. Ezeckiel ne s’en plaindra pas, au contraire. Qu’elle roule. Qu’ils puissent trouver abri, repos et un peu de calme au moins pour quelques heures. Il ne lui demandera pas de ralentir, son hypocrisie ne va pas jusque-là. Incapable de faire montre d’introspection, sa main passe néanmoins mettre un peu plus le fouillis au creux de ses cheveux bruns, signe de gêne. Leur situation est lamentable. Les voilà seuls, tous les deux, incapables de se comprendre, de raisonner dans le même sens. Ça fait mal. Et cela va à l’encontre de ses lois les plus élémentaires de survie en groupe. La mésentente ne s’éternisera pas, il le pressent. Du moins, l’espère. Mais combien de non-dits, alors, refuseront encore de franchir la barrière de leurs lèvres à chacun ? Combien de tensions à venir, de disputes, de reproches, à demi-mots ou au contraire clairement assumés ? Et malgré l’hostilité clairement affichée, il ne s’attendait pas à recevoir l’équivalent d’un boulet de canon, de la part d’Aileen. Il tourna la tête vers elle, choqué. La dévisageant comme s’il la voyait pour la première fois. Son corps entier se mit à décompenser. D’abord la sensation de flottement, le vide plein et entier qui accapara ses membres. Puis la difficulté à respirer correctement. La colère. Vite étouffée par la peine, quelques brins de ressentiment fluets qui ne tiennent pas la route. Oui. C’est surtout la peine qui l’emporte.
Soudainement, l’idée de n’être plus qu’à cinq minutes de la fameuse planque l’emmerde profondément. Il aurait préféré s’en trouver plus éloigné. Qu’elle arrête le véhicule. Le laisse descendre. On n’en aurait plus parlé. Ils se seraient séparés comme deux gamins impulsifs, qui disposeraient bien assez du reste de leur temps à vivre pour regretter amèrement cette décision. Point final. Elle ne le regarde pas. Très bien.

Si le jeune homme refuse de se l’admettre ouvertement, il est dévasté, désorienté par cet échange d’une rare violence. Ses paupières papillonnent. De fatigue. Il croit. Ses doigts viennent péniblement les frotter pour leur donner une seconde jeunesse avant de leur accorder le repos. Le froid est revenu. Le goût de la bile également. Les secondes lui paraissent interminables. Il voit à peine le décor macabre qui compose le village déserté autour d’eux. Il ne fait plus attention à ces détails morbides qui, autrefois, pouvaient l’hypnotiser de longues minutes, jusqu’à ce qu’il prenne enfin conscience de la réalité sordide, sans moyen de l’atténuer. Aileen s’évada la première, en éclaireur. Lui ne la suivit pas du regard, demeurant sans bouger, fixant un point du pare-brise où traînent quelques résidus noirâtres, reste de sang séché de zombie qu’éclaire la lune dans son infinie mansuétude. Comme s’il n’avait pas suffisamment la gerbe. Dans le silence retrouvé, le moteur éteint, il écouta la mécanique se refroidir, lentement. Les sons familiers. Rassurants. Les derniers résidus de repères. Dérisoire. Son pied partit frapper le fond, devant lui. Violemment, dans un bruit sourd qui résonna à l’égal de la douleur qui flamba brièvement, se répercutant de sa semelle à sa cheville. Il accordait ainsi libre cours à sa colère. En silence. Pudiquement. Loin d’Elle. Sa manière à lui de faire un break pour quelques secondes, histoire de mobiliser un faciès d’une neutralité implacable lorsqu’elle reviendrait. Ce qu’elle ne tarda pas à faire. Pour toute réponse à sa question presque vexante, il hocha sèchement la tête et poussa la portière du break, récupérant son sac qu’il passa en bandoulière.
Refermant le battant aussi discrètement que possible, jetant un coup d’œil autour d’eux par réflexe, il fit un signe de ses doigts à la jeune femme, attendant qu’elle lui passe les armes en question.

Tandis qu’il s’équipait pour les porter de la manière la plus confortable et efficace possible, il continuait de réfléchir, les pensées bourdonnantes malgré l’épuisement général. Fallait-il revenir, alors ? Oui. Évidemment que oui, putain. Mais le problème restait le même. Comment franchir la Zone et en évacuer les survivants en toute sécurité ? Ils en perdraient d’autres… Ils seraient peut-être incapables de communiquer pour tenter d’échafauder un plan constructif. Ils échoueraient possiblement. Seraient encore séparés ? L’éventualité était trop glaçante pour ne pas y songer un tant soit peu. Seulement, un précepte entiché à sa personnalité résonnait continuellement dans son crâne.

S’entraider.
Se battre.
La seule clef pour la survie de l’homme dans ce qu’il avait pu être dans ses moments de bonté. Si leur race était vouée à disparaître, autant ne pas sombrer dans une décrépitude plus sombre encore. Cet antagonisme, entre instinct de survie chevillé au corps et convictions que l’apocalypse n’avait pas su éradiquer mais, au contraire, qu’elle avait ranimé en lui, le rendait prisonnier d’un dilemme qu’il ne pouvait être le seul à porter.

« Si tu veux y retourner, je te suivrai. »

Les mots le surprirent lui-même, franchissant la barrière de ses lèvres sans qu’il n’y prit garde. Alourdi par les armes, et par le poids de ce qu’il venait de dire, il décida d’aller jusqu’au bout, tout en évitant sciemment de rencontrer les prunelles de son amie.

« Mais on n’aura qu’une seule chance, je suppose. Et j'vois pas beaucoup d’opportunités, au départ. »

Une fois qu’il fut sûr d’avoir tout ce qu’il leur fallait, il pivota et suivit le chemin qu’elle avait emprunté, pas fâché de pouvoir enfin faire le point loin d’un abri infesté de zombies juste derrière ses murs.

« Alors si tu as des idées à suggérer, j’étais sérieux. »

Il ralentit au bout de quelques mètres pour faire une pause, comme mû par le soudain besoin d'exprimer  :

« Oh, et Aileen... »

Il se retourna, l'oeil plus sombre.

« Ne me redis jamais plus un truc pareil. »

Sur ce, laissant planer un instant, il se retourna et reprit son chemin, sans l'attendre.


Dernière édition par Ezeckiel L. Livingston le Jeu 26 Fév - 3:31, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. Icon_minitimeDim 8 Fév - 16:17



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Bien qu'éloignée de la voiture et de l'ambiance fort désagréable qui y traîne depuis le départ, Aileen se sent toujours sous le coup des événements. Des mots durs crachés l'un sur l'autre. De l'atmosphère pesante qui règne entre eux, constituée de non-dits et de rancœur à peine masquée. Ses propres mots résonnent dans sa tête, vicieux et regrettables. Elle n'aurait pas dû dire un truc pareil et si elle a tout bonnement refusé de regarder en direction d'Ezeckiel et de rester sur ces paroles, elle se doute que ce n'est pas passé dans l'oreille d'un sourd. Elle ne sait pas quel impact ils ont eu, si impact il y a eu. C'est peut-être mieux ainsi, en fait ... Le pire, c'est sans doute d'affronter le silence obstiné d'Ezeckiel. Et de supporter son regard fuyant. Quand et comment en sont-ils arrivés là, déjà ? Aileen ne regrette pas d'avoir tenté d'aller le chercher, elle regrette de ne pas avoir fait un pas dans sa direction plus tôt. Mais elle sait qu'elle en aurait été incapable. Dans le silence quasi religieux imposé par leur conversation houleuse, elle se saisit de quelques armes qu'elle tend au jeune homme, évitant elle aussi son regard. Ils finiront bien par trouver quelque chose à dire pour briser la glace, hein ? Peut-être, peut-être pas. En attendant, Aileen va devoir se contenter de cela. Affligée, elle récupère dans le coffre un sac abritant ses derniers effets personnels. C'est ce moment que choisit Ezeckiel pour briser le silence, lui faisant connaître son avis sur la suite des événements. Ils y retourneront, donc. Aileen ne s'imagine pas rester dans sa bulle de 'confort' alors que d'autres sont coincés dans le dernier bâtiment intact de la zone. Tant pis s'ils y laissent leur peau, tant pis si le monde est contre eux, elle ne survivrait pas en gardant son sentiment de culpabilité en tête. Bref hochement de tête qu'il ne voit sans doute pas - ses yeux l'évitant toujours -, puis elle referme toutes les portes de la suite.

A petits pas rapides, elle marche à la suite d'Ezeckiel, bien en avance sur elle. Qui a tôt fait de se retourner pour reprendre la parole. Ses mots la clouent sur place tant et si bien qu'elle ne trouve rien à redire sur le coup. Il n'y a donc pas que dans sa tête que ses mots planaient encore. Elle ouvre la bouche, prête à répliquer mais il la devance et s'engouffre dans l'église sans qu'elle ait pu se défendre. Elle pince les lèvres par automatisme. Quelques secondes s'écoulent sans qu'elle ne fasse quoi que ce soit, mais elle trouve rapidement la motivation suffisante pour entrer à son tour dans l'église froide et on ne peut plus impersonnelle. « Tu sais très bien que je ne le pensais pas. » Lâche-t-elle, si tôt à l'intérieur et à portée de voix d'Ezeckiel. Elle refuse de rester sur une note telle que celle-là. Bien sûr, elle ne s'excusera pas pour quelque chose qu'elle a dit sur le coup de la colère et qui, de toute façon, n'implique pas qu'elle-même ait voulu qu'il retourne d'où il venait. Jamais elle ne pourrait lui dire un truc pareil. « Dans ce cas, ne me traite plus jamais d'égoïste. Ou de snobinarde. » Encore une fois, c'est la colère, et tout un tas d'autres sentiments qui la font parler. Mais elle ne regrettera rien de tout cela. Elle ne peut pas se permettre de jouer les gamines, mais il ne doit pas céder à toute la rage qu'il nourrit à son égard. Ils ne sont que tous les deux et s'ils veulent réussir à accéder à la zone, ils auront besoin de se serrer les coudes. Pas de se lancer des piques à tout va.

Bien décidée à ne pas se lancer maintenant dans une plaidoirie pour défendre sa cause, la jeune femme s'occupe plutôt de sécuriser leur abri de fortune. Elle ferme la porte principale, glisse une planche en bois récupérée peu après son arrivée dans le coin, quelques jours plus tard, sur les poignées. Ce n'est pas grand chose, mais cela devrait faire l'affaire. Au moins pour la nuit. « Y a quelques boîtes de conserve sur l'autel, sers-toi. » Deux tout au plus, à vrai dire. Elle n'a pas passé assez de temps ici pour en récupérer plus. Et, de toute façon, les environs ont déjà dû être fouillés de fond en comble ; il n'y a malheureusement plus grand chose à récupérer. C'est au tour d'Aileen d'éviter le regard de l'autre personne présente dans le même espace qu'elle, quoi que se doutant bien qu'il en va toujours de même de son côté. Peut-être que la nuit leur portera conseil, et leur permettra d'apaiser la tension ambiante. Elle a de sérieux doutes concernant ce point, mais l'espoir fait vivre, hein ? Ironique, compte tenu de la situation. « Pour dormir, y a une pièce un peu plus chaude à l'arrière. Je monterai la garde. » Son ton est sans appel, ne prête à aucune réplique de sa part. L'idée de se reposer quelques heures est fort tentante, mais elle verra demain. Elle n'est pas sûre de vouloir courir le risque de s'endormir en même temps qu'Ezeckiel ; la chance qui semble être de leur côté pourrait bien tourner en leur défaveur après tout. Ceci étant dit, Aileen rassemble toutes les armes en leur possession au sol et pose à côté du tas formé son sac à dos. Puis elle sort de ce dernier une barre de céréales qu'elle grignotera. Elle s'en contentera. De toute façon, elle n'a pas très faim ; elle préfère garder ce qu'il leur reste pour les jours à venir. Ce serait con d'être totalement à court de bouffe.
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MessageSujet: Re: [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. Icon_minitimeJeu 26 Fév - 3:58

Il n’entendit d’abord que le silence, qu’il ne chercherait pas à briser de nouveau. Ce serait à elle. Chacun son tour. Ils étaient dans une situation tellement pénible et tendue, tant pour les survivants qu’ils étaient devenus que pour les égos humains qui faisaient partie intégrante d’eux, qu’il y avait des limites à ce que ses efforts pouvaient endurer. Il leva les yeux vers les hauts murs de l’église. Jamais il ne se serait senti autant en sécurité dans un bâtiment religieux, pour sûr. Même s’il y faisait froid, Ezeckiel avait appris à relativiser et à considérer tout ce qui comportait des parois solides comme un hôtel cinq étoiles. Il ne se plaindrait donc guère sur l’aspect on ne peut plus rudimentaire des lieux, ainsi que sur le confort quasiment inexistant. Il était dans un tel état de délabrement physique et moral qu’il aurait tout aussi bien pu s’endormir dans une ancienne benne à ordures.
Elle brisa la glace finalement. Elle aussi. Cela le soulagea, de même qu’il savait pertinemment qu’elle ne mentait pas là-dessus. Il se tourna pour enfin poser les yeux sur elle et cesser ainsi ce jeu de dupes à grand renfort de regards en coin. Il soupira et finalement hocha la tête à son tour.

« Okay. »

Sobre. Efficace. Le jeune homme n’aimait pas particulièrement s’étaler dans les sentiments, quels qu’ils soient. Pudique de ce côté-là. C’était l’une des rares choses qu’il n’avait pas emprunté à sa génération. Les « je t’aime » à tout va, les promesses qui ne tiennent pas, les plans faits sur la comète, la tromperie sur la marchandise et les beaux discours pour parer à un sentiment de perdition généralisé. En somme, il avait autrefois choisi le mode de vie qui lui paraissait le plus cohérent avec ce qu’il était. Il n’aurait pu supporter de se mentir à lui-même au quotidien. Trop absurde. Tandis qu’il déposait avec précaution leur matériel, il l’observa sécuriser leur abri. Et comme toujours, la vision de cette planche calant la porte – que ce soit efficace ou non face à une horde – lui procura un sentiment diffus et agréable, une chaleur avoisinant les endorphines et diffusant une certaine sensation d’apaisement. Il se redressa et s’en alla chercher une boîte de conserves sans même regarder ce qu’elle pouvait contenir. C’était de la nourriture. Le reste importait peu. Et visiblement, il y avait de la viande dedans : c’était plus qu’il ne lui en fallait. Ragaillardi par l’éventualité de se remplir le ventre, il nota tout de même qu’en dépit de leur « mise à plat », Aileen continuait de fuir ses prunelles. Ce qui le décontenança. Il n’était pas particulièrement rancunier, pour certaines personnes. Et sa patience ne l’avait que rarement trahi avec elle, en dépit de tout. Il cherchait en général à comprendre avant d’en venir au rapport de force. Il s’assit près d’elle, gardant la boîte à la main sans l’ouvrir. S’ils ne réglaient pas ça maintenant, il savait d’ores et déjà que le repas passerait mal et que les nausées ne lui accorderaient aucune trêve. Qu’importe les supplications de son organisme.

« Aileen… »

Il s’aperçut qu’il souffrait. Il souffrait de ne pouvoir l’éteindre comme il en avait rêvé. Connement, en fait. Les retrouvailles en mode film. Les retrouvailles incohérentes au possible. Eux, ils avaient eu droit aux rôdeurs, à une bagnole trop étroite pour leurs tensions et à cette putain d’église au cœur d’une nuit glaciale. C’était trop demander, des retrouvailles façon Hollywood ? Jusqu’au dernier détail il fallait que le destin les emmerde ? Quoique. Superstitieux depuis l’Apocalypse, Ezeckiel se dit qu’il vaudrait mieux pour lui ne pas se montrer trop ingrat. Après tout, il avait retrouvé la jeune femme. Cela aurait pu être pire. Bien pire.

«  Ça fait longtemps que tu es là ? »

Dans le coin. Dans les parages. Ici. Non, non… Il ne veut pas rentrer dans son jeu, à savoir s’amuser à se rabattre uniquement sur les questions qui ne comptent pas. L’immédiat, le pragmatique.

« … Regarde-moi. S’il te plaît. »

Plus qu’un ordre, un souhait. Il posa la conserve près de lui, à côté de sa jambe. Il se sentait mal.

« J’avais pas prévu que ça se passerait comme ça… c’est con, hein… ? »

Il se mit à rire, nerveusement. En silence. Seules ses épaules se secouaient comme des spasmes qui contractaient un peu plus son ventre rendu rigide par la faim.

« Je… »

Le blocage. L’envie de lui dire un millier de choses qui ne sortiraient jamais. Il se sentit stupide, débile au possible. De vouloir lui dire ces choses. De ne pas y arriver. De sentir son corps se relâcher en comprenant qu’ils étaient temporairement en sécurité. Ses lèvres refusèrent de s’ouvrir, ses dents ne voulurent pas se desserrer. Il tendit alors la main vers elle. Une main qu’il savait forte, mais qui, pour le moment, laissait apparaître des doigts rendus gourds, fébriles et tremblants.
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Aileen L. Blackhood

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MessageSujet: Re: [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. Icon_minitimeMar 3 Mar - 0:21



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Ne vous demandez pas pourquoi les gens deviennent fous. Demandez-vous pourquoi ils ne le deviennent pas. Devant tout ce qu’on peut perdre en un jour, en un instant... Demandez-vous ce qui fait qu’on tienne le coup...
La porte close, Aileen s'autorise enfin à souffler. Elle reste une bonne minute face à ce rempart, qui leur offrira pour la nuit un tant soit peu de sécurité. Elle vérifie une dernière fois que la planche est solide. Ces maigres moyens ne sont pas suffisants et elle le sait mais c'est tout ce qu'ils ont à leur portée ; il leur faudra donc s'en contenter. Enfin, elle prend une profonde inspiration et se décide à retourner auprès d'Ezeckiel. Elle n'est pas rancunière en soit, mais les paroles échangées, et la rancœur qu'elle a senti dans la voix d'Ez tournent encore dans sa tête. Sans compter qu'elle est assaillie par les remords. Et si, en voulant la rejoindre, il y avait laissé sa peau ? Elle n'ose imaginer telle possibilité. Elle n'ose imaginer la réaction qu'elle aurait pu avoir, en découvrant son cadavre - qui n'en aurait pas vraiment été un dans ce cas précis -, déambulant parmi les vagues de rôdeurs tournant autour de leur ancien abri. Bien sûr qu'elle ne veut pas le perdre. Mais leurs échanges houleux rendent leur situation compliquée. Tout est flou dans son esprit. La fatigue, la faim, l'adrénaline et la peur ne les aident pas, c'est certain. Chez Aileen, en tout cas, tout cela a des effets on ne peut plus néfastes. Elle ne peut pas y voir plus clair. Elle ne peut pas faire de place à des sentiments moins confus. Elle ne peut pas faire face à ses propres émotions. Elle se laisse ... submerger. Complètement. Ce n'est pas forcément pour le mieux mais elle s'en contentera. Une fois Ezeckiel endormi, elle pourra peut-être se détendre et arrêter de ressasser ses erreurs passées. Du moins, elle l'espère. Aileen n'a pas besoin de tourner la tête dans sa direction pour savoir que le jeune homme vient de s'installer à côté d'elle. Son premier réflexe est de se tendre, comme elle le fait si - et trop - souvent. Mais elle ne met que peu de temps avant de relâcher un peu la pression. Ce n'est qu'Ezeckiel, elle lui fait confiance. Pour toute réponse à sa question, elle secoue la tête en signe de négation. Elle ne peut pas se contenter de ça, elle le sait. Il est hors de question qu'elle laisse la situation dégénérer une nouvelle fois. Elle ouvre donc la bouche, décidée à lui donner quelques précisions mais il prend la parole le premier, la coupant dans son élan. Ce qui est peut-être préférable, en fin de compte.

Son cœur rate un battement, ses mots la laissent pantoise et démunie. Quelques secondes, pourtant, suffisent pour qu'elle se décide à tourner la tête dans sa direction. Elle plante son regard dans le sien. Déterminée, inébranlable. Alors que c'est toujours la troisième guerre mondiale dans sa tête. Si Ezeckiel est pris d'un rire nerveux Aileen, elle, se contente d'un sourire. Un peu crispé, mais un sourire quand même. Difficile de relâcher la pression alors qu'Ezeckiel a frôlé la mort quelques dizaines de minutes plus tôt. Difficile de relâcher la pression alors qu'il y a tant de non-dits et, du coup, de tension entre eux. L'atmosphère est pesante mais s'allège un peu à ce moment-là. Un poids semble s'ôter des épaules de la survivante. Elle sait que le plus dur est derrière eux, qu'Ezeckiel ne lui en veut pas plus que nécessaire pour ses incessantes fuites. Il n'y a pas à dire : elle préfère largement lorsque les choses se passent ainsi. Tout n'est pas encore réglé entre eux, mais c'est un bon point de départ ! Le jeune homme, face à elle, essaie d'aller plus loin, de dire autre chose. Il en semble pourtant incapable et le silence s'instaure de nouveau. Du coin de l’œil, Aileen voit la main qu'il lui tend. Il n'a pas besoin de dire quoi que ce soit, elle comprend. Ils sont sur la bonne voie, et il suffirait qu'elle arrête de jouer les têtes de mule pour que ce soit toujours ainsi. En attendant d'en être capable, elle peut toujours faire des efforts pour que le reste soit oublié ; elle glisse donc ses doigts tremblants dans la main rêche et froide d'Ez. « Tout va bien maintenant. » Dit-elle, à la fois rassurée et plus détendue. Ils ont un abri pour la nuit, et ils sont tous les deux. Que demander de plus ? « Mais tu devrais vraiment manger avant de faire un malaise. » Elle le gratifie d'un sourire, loin d'être forcé cette fois. Et puis ... s'ils veulent parvenir à trouver une solution à leur problème demain, ils ont plutôt intérêt à ne pas trop traîner et à tâcher de dormir chacun un temps raisonnable. Ce qui risque de ne pas être chose aisée dans cet endroit froid et humide. A deux, ils sont plus forts. Et ça, Aileen a finit par le comprendre et l'admettre.
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MessageSujet: Re: [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. Icon_minitimeJeu 5 Mar - 21:10

Leurs doigts se touchèrent. Sa main à elle n’était qu’à peine plus tiède que la sienne. Il ignorait comment ils allaient faire pour passer une nuit à peu près sereine ici. Si le fait de dormir dans une église ne le dérangeait pas, le froid  représentait un autre problème. La voix de l’altruisme lui murmura néanmoins que son épuisement était tel que ce ne serait l’affaire que de quelques secondes. Du moins l’espérait-il. Il serra doucement ses doigts, hochant la tête. Ouais. Du moment qu’ils étaient ensemble, le jeune homme se sentait capable de surmonter tout ce qu’il ne manquerait pas de leur tomber sur la figure tôt ou tard. Une part de lui, malgré le stress et l’adrénaline de sa fuite, se sentait enfin à sa place, apaisée. Il l’avait retrouvée, il l’avait de nouveau sous les yeux. C’était tout ce qui comptait. Le reste était secondaire. Il ne comprenait pas ce qui le poussait à réagir ainsi vis-à-vis d’elle. Il ne se considérait pas comme son garde du corps, son protecteur. Simplement… Il aimait toujours savoir où elle se trouvait. Comme un parent chaperonnerait un gosse dont la principale lubie est de fuguer à droite et à gauche. Mais les enjeux, maintenant, étaient tellement cruciaux qu’il n’était pas d’humeur à sourire de cette manie qu’il avait prise de se poser sans cesse les questions : où es-tu ? Qu’est-ce que tu fais ? Évites-tu les emmerdements ?
S’il n’ignorait pas les recommandations d’Aileen, cela ne l’empêcha pas de la tirer doucement à lui, la poussant à s’asseoir à ses côtés. Sans gestes brusques, mais avec une fermeté qui ne laissait pas de doute sur sa volonté. Il savait que dans quelques minutes, le sommeil le priverait de sa présence d’une certaine façon. Alors il comptait bien en profiter pendant ce court laps de temps. Tandis qu’il percevait sa jambe chaude frôler la sienne, il consentit enfin à relâcher ses phalanges pour retirer son couteau de sa ceinture.

« La flemme de faire un feu… Sauf si tu veux t’en charger, mais bon. J’mangerai ça froid, j’m’en fous. »

Il se battit avec la languette de la conserve, la retournant pour commencer à tirer avec autant de précautions que sa faim le lui permettait. Il parvint à entrouvrir le métal de quelques centimètres avant que l’accroche ne cède dans un infime tintement, détestable. Il la balança loin devant lui dans un soupir.

« Fuck… »

D’une main rendue experte par l’habitude, il se servit alors de son arme pour achever de dégager l’opercule et ainsi accéder à la nourriture. Une odeur de viande froide se dégageait de la boîte, qui aurait pu le rendre à moitié fou s’il n’avait pas commencé à en vider le contenu avec un appétit qui ne lui avait malheureusement jamais fait défaut. Il devait se forcer à respirer entre deux bouchées au risque de s’étouffer à moitié.

« Quand est-ce qu’on tente d’y retourner ? Demain ? À moins que tu ne préfères qu’on ait un jour de battement ? »

Il en doutait. La connaissant, elle était plutôt du genre à ne pas traîner dans ce genre de situation. Cela devait faire un moment en effet qu’elle tournait autour de la Zone, se demandant si cela valait le coup de franchir son enceinte, compte tenu du danger. Ezeckiel fixa la porte de l’église barricadée, songeur. Il était des soirs comme celui-ci où il se demandait comment le cours de leurs vies avait pu changer à ce point. Passer d’une vie de sédentaire à une vie nomade, toujours aux aguets, en perpétuelle quête de survie. Un peu las, il fixa le contenu de la conserve. Il restait encore un tiers de ce qui avait été autrefois du boeuf. Son estomac était loin d’être rempli, et pourtant il la tendit à sa compagne.

« Tiens. Toi aussi, mange. Demain, quoi qu’on décide, on essaiera de trouver quelque chose d’autre… C’est pas pour autant que tu dois te laisser mourir de faim. Surtout si tu es de garde. »

Il aurait espéré pouvoir se réveiller plus tard dans la nuit, afin d’offrir à Aileen quelques heures de repos à son tour. Néanmoins, il ne se faisait pas d’illusions : sa fatigue culminait au point qu’il ne répondait de rien le concernant.

« Raconte-moi ce qui t’est arrivé depuis… depuis que tout a foutu le camp. Après, j’irai dormir. »
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MessageSujet: Re: [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. Icon_minitimeMar 10 Mar - 0:21



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Leurs doigts s'emmêlent et Aileen oublie les derniers mois qui viennent de s'écouler. Elle oublie tous les efforts qu'elle avait mis en place pour maintenir Ezeckiel à distance. Elle oublie qu'ils sont dans une église et que, malgré la porte normalement bien fermée, le danger rôde. Ils pourraient se faire attaquer à tout moment, mais elle ne s'en soucie pas. Pas pour l'instant, en tout cas. Trop soulagée qu'elle est de le retrouver, le reste du monde semble ne plus avoir d'importance. Il la tire vers elle, et elle se laisse faire. Quelques semaines auparavant, elle aurait sans doute reculer et fait mine de rien, mais pas là. Peut-être aussi parce qu'elle a été quelque peu affaiblie par leur dispute, uniquement constituée de reproches trop longtemps laissés pour compte. Forcément, elle est soulagée que l'atmosphère s'allège un peu plus encore. « C'est très bon, froid. » Et c'est surtout qu'Aileen aussi, a la flemme de faire un feu. Par-dessus le marché, elle préfère éviter de créer une trop forte lueur qui pourrait les faire repérer. Et si des survivants passaient dans le coin ? Brr, mieux vaut éviter de trop y penser. Sourcils froncés, elle observe Ez' se battre avec la boîte de conserve, apparemment décidée à rester close. Ce sont sans doute ses doigts tremblants qui l'empêchent d'user avec plus de dextérité l'ouverture facile. Enfin, qu'importe : il finit par parvenir à son but. C'est un petit sourire aux lèvres qu'Aileen observe Ezeckiel manger - bien que le terme "dévorer" soit sans doute plus adapté - le contenu de la boîte. Ils devaient - doivent - crever la dalle dans la zone, elle a eu probablement plus de chance à ce niveau-là. Raison de plus pour ne pas les laisser moisir plus longtemps dans leur coin. Sans compter que, oui elle l'admet, ils ont plus de chance de s'en sortir vivants au sein d'un plus gros groupe plutôt qu'à deux. « Demain ? » Propose-t-elle, hésitante. Elle n'a aucune envie de lancer un nouveau débat houleux, et elle n'a aucune envie de s'attirer les foudres d'Ezeckiel.

Qui, plutôt que de terminer le contenu de la boîte de conserve et donc de reprendre des forces, lui tend ce qu'il en reste. Aileen plisse les lèvres, reste silencieuse quelques secondes. En scrutant le regard déterminé d'Ez, elle comprend qu'il n'y a rien qu'elle pourra dire ou faire pour le convaincre de garder cette foutue boîte pour lui. « Merci. » Marmonne-t-elle, vaincue. Il est parfaitement inutile d'argumenter, elle le sait. Et puis, comme il le dit si bien : ils pourront chercher autre chose demain. En attendant, ils doivent faire avec les moyens du bord. Et Aileen ne pourrait pas tenir toute la nuit sans un minimum de nourriture dans l'estomac. Elle attrape donc la fourchette et, lentement, prend une première bouchée. Puis une deuxième. La jeune femme ne s'en était pas rendue compte jusque-là, mais c'est vrai qu'elle avait faim. C'est devenu quelque chose de tellement ... secondaire. La bouffe manque, mais leur sécurité est plus difficile à conserver que la nourriture à trouver. Bon nombre de choses ont changé, à commencer par les priorités de chacun. Aileen prend le temps d'avaler sa bouchée - de réfléchir, surtout - avant de se lancer dans un bref récit pour répondre à la requête d'Ez. « Quand j'suis arrivée, c'était déjà ... enfin, la zone était inaccessible. J'ai traîné quelques heures autour avant de me casser. J'suis tombée sur une ancienne de la zone, Grace si tu la connais. On est restées ensemble quelques jours. Avant que je décide de revenir ... pour toi. » Elle bute un peu sur ces derniers mots mais se reprend vite, de toute façon concentrée sur la boîte qu'elle tient. « Elle ne voulait pas revenir donc on est parties chacune de notre côté. » Aileen hausse les épaules, presque désintéressée. Qui n'est pas habitué à vivre des situations dans le genre ? C'est fréquent, à présent. « Tu me raconteras ... comment ça s'est passé là-bas ? » Sans doute le lendemain, Ez doit vraiment avoir besoin de se reposer. Mais la jeune femme veut comprendre comment la zone a pu imploser ; c'était pour le moins inattendu. Elle commençait réellement à penser que les lieux pourraient tenir un moment. Utopie.
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MessageSujet: Re: [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. Icon_minitimeMar 17 Mar - 0:36

Il posa un regard à la fois légèrement surpris et résigné sur elle. Demain. Il hocha la tête, pas décidé pour un sou à discuter sur le délai. Ils ne pouvaient se permettre de lambiner. Rester seuls, dehors, sans objectif particulier et en tardant à venir apporter leur soutien aux autres était aussi criminel qu’on pouvait l’être. Il soupira. Combien de fois encore devrait-il ainsi repousser aux confins de sa conscience ces élans d’égoïsme que seuls les vrais survivants pouvaient connaître ? Combien de fois, au nom de leur sacro-sainte humanité dépouillée, massacrée ? Le poids de leur simple présence devenait lourd à porter. Comme si la mort s’apparentait de plus en plus à un véritable repos, à ses yeux. Pas la mort sous l’aspect des créatures qui venaient hanter leurs cauchemars, non. La mort. La vraie. La digne. Si tant est qu’il puisse y avoir une quelconque once de dignité dans la fin de toute chose. Lui y croyait, en tout cas. Il se protégeait de sa peur bien naturelle de l’après. Mais il fallait continuer. Encore. Au nom de tous ceux qu’ils avaient côtoyé et qui étaient tombés à leurs pieds. Et pendant que les raclements de l’ustensile contre la boîte de conserve que vidait Aileen constituaient le seul élément sonore de ce décor de cauchemar, sa réponse tomba, comme un couperet :

« Okay… Demain. »

Il espérait ne pas la trahir par des forces manquantes. Cela aussi, c’était pesant. La crainte de ne pas être assez en forme. De vaciller, de chanceler au pire moment. Son bras ne pouvait pas se permettre de faillir. Il fallait frapper, courir, ruser, esquiver. Ne jamais s’arrêter. Le mouvement, est la vie. Surtout lorsqu’ils se trouvaient aussi démunis, ne pouvant compter que l’un sur l’autre. Il la regarda manger avec un certain plaisir. Un sourire se mit même à traîner au coin de ses lèvres, sans même qu’il ne le lui ait autorisé. Tant pis. C’était la nuit des passe-droits, la nuit où il se contentait de profiter des retrouvailles avec son amie. Sa seule amie. Il l’écouta avec attention. Des frissons de fatigue hérissaient les poils de ses bras et ceux, plus fins, de sa nuque. Il se sentait perclus, pourtant il ne broncha pas le temps que la jeune femme parlât. Il fronça les sourcils.

« Grace… Ça me dit effectivement quelque chose, mais je pense que je ne la connaissais pas personnellement. »

Il ne se rendait même pas compte qu’il parlait au passé. Une triste habitude qu’il avait prise, dès lors qu’il était séparé d’un visage croisé depuis la catastrophe. Prendre sa disparition pour acquise. Ne pas se faire d’illusions. Ne pas s’accrocher à un fantôme. À des souvenirs. Il n’y avait que pour Aileen qu’il s’était autorisé à espérer. Pour ne pas devenir fou et perdre ainsi sa dernière raison de s’accrocher à la vie comme un damné. Et puis il s’en fichait bien. Elle était revenue pour lui. Une boule de chaleur, lave en fusion, se nicha au creux de son estomac, abolissant les derniers restes de faim. Ses traits se détendirent dans une expression de soulagement intense. Il la croyait. Il croyait qu’elle avait pris cette décision en son âme et conscience, et pourtant sa mémoire l’empêchait d’oublier l’état de tension extrême qui les avait séparés avant que la Zone ne signe sa Chute à son tour.

« Alors… tu ne me détestais pas, malgré tout ? Avant… ? »

Il avait presque murmuré. Dis-le-moi. Dis-le-moi et tu m’ôteras le dernier sac de briques qui faisait craquer mon dos. J’oublierai tout ce qui n’est pas nous, tout ce qui n’est pas maintenant, ici. Demain.  Je continuerai d’avancer, un pas après l’autre, sans me préoccuper d’autre chose. Ezeckiel retint un soupir, et cette déferlante l’obligea à s’allonger. Plutôt que de partir au fond de l’église, il glissa pour s’allonger près d’elle, calant son sac sous sa joue. Il tâcha de donner quelques coups précis, afin que les vêtements qui logeaient à l’intérieur forment un simulacre d’oreiller, presque confortable. Ses prunelles bleutées ne la lâchaient pas, refusaient de se fermer encore. Il fixa la cuisse d’Aileen, toujours assise pour l’heure. Remontant parfois vers son visage, dans cette pénombre qui leur allait bien. Trop de lumière aurait été néfaste.
Il aurait pu attendre. Attendre pour lui raconter. Mais voilà qu’ils étaient tous les deux lancés dans une conversation nécessaire. Il profitait de chaque mot qu’il lui adressait. S’émerveillant sans cesse de respirer le même oxygène qu’elle, de pouvoir la toucher, ce qu’il fit. À peine. Ses doigts tracèrent du bout des ongles quelques circonvolutions hasardeuses contre son pantalon sali de poussière.

« On… On a fait la fête. C’est con, hein… Mais pour une fois justement, on se disait que ce serait peut-être bien de lâcher un peu du lest. Alors on s’est lâchés. Ça aurait pu être sympa… fin perso j’avais pas trop la tête à ça, m’enfin. Plein de gens ont apprécié. Puis d’un coup, sans prévenir, on a entendu des espèces de détonation, tu vois ? On n’a pas compris d’où ça venait. Avant même qu’on réalise, le grillage était déchiré. Pas qu’un peu. Les rôdeurs sont entrés. »

Il revoyait encore cette scène de cauchemar. La sidération, puis la panique. La fuite, désespérée pour les uns, salutaire pour les autres.

« J’ai réussi à rejoindre les dortoirs. On a été quelques-uns comme ça à pouvoir se calfeutrer… On a eu beaucoup de chance. C’est qu’au bout d’un moment qu’on a compris qu’on avait perdu la plupart des bâtiments. Et beaucoup de monde, aussi. »

Il se mordilla l’espace d’un instant l’intérieur de la joue. Pensif. Ses ongles se firent à peine plus insistants, dans un crissement désagréable contre le tissu.

« Je t’ai vue morte. Pendant un instant… Je t’ai vue morte. »
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MessageSujet: Re: [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. Icon_minitimeVen 20 Mar - 23:17



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Le rendez-vous est pris. Demain, ils tenteront de retourner dans la zone. Pour sauver ce qui peut, ou plutôt ceux qui peuvent, encore l'être. Mais pour cela, Aileen doit elle aussi reprendre des forces. Au moins un peu. Elle accepte donc de terminer la boîte de conserve, de toute façon consciente qu'Ezeckiel ne la laisserait pas faire un autre choix. Entre deux bouchées, elle réussit à lui raconter ses péripéties de ces derniers jours. Elle ne peut pas passer à côté de ça, Ezeckiel veut savoir. Il parle de Grace au passé, comme si elle était morte et cela perturbe Aileen plus qu'elle ne veut bien le montrer. Elle met généralement tout ce qu'il faut en oeuvre pour ne pas s'attacher à qui que ce soit. S'encombrer de relations dont on ne peut pas connaître l'issue n'est pas une très bonne idée compte tenu de la situation. Ezeckiel est le premier à avoir réussi à passer outre ses barrières ; d'autres y sont parvenus ensuite. Grace fait partie de ceux-là. Et la savoir dans la nature, peut-être morte, peut-être en danger, peut-être complètement seule lui déplaît fortement. Pourtant, elle réussit à mettre cela dans un coin de sa tête. Et elle se contente de hausser les épaules avant de continuer son repas. Il n'y a rien à ajouter. Ezeckiel, lui, semble avoir buté sur une phrase en particulier ... et pas n'importe laquelle. Sa question laisse Aileen sans voix l'espace de quelques minutes. Elle tourne la tête pour le regarder, lui qui vient de s'allonger à ses côtés. Pensait-il réellement qu'elle le détestait ? Aileen le sonde du regard, essaye d'obtenir des réponses à chacune de ses questions. Bien sûr, elle n'y parvient pas. Sur bien des plans, Ezeckiel reste un mystère complet. « Bien sûr que non. » Murmure-t-elle. Elle le regarde quelques secondes supplémentaires, puis se décide à se retourner pour continuer et terminer son repas.

C'est avec des gestes lents qu'Aileen pose la boîte à côté d'elle, la pousse un peu plus loin. Elle ne se tourne pas pour autant vers Ezeckiel ; peut-être parce qu'elle aurait trop peur de gâcher ce moment unique, de le réduire à néant. Et aussi parce qu'elle a très envie d'écouter son récit de A à Z et de ne surtout pas en perdre une seule miette. Elle est quelque peu déconcentrée par le frôlement de ses doigts sur son jean mais par un miracle qu'elle ne s'explique pas elle-même, elle réussit à écouter tout son discours. Et même à imaginer ce que cela a pu donner pour eux. Bien sûr, elle ne peut pas prétendre savoir ce par quoi ils sont passés. Mais les explications d'Ezeckiel combinées à ce qu'elle a vu après son retour devant la zone lui permettent de visualiser la scène. A peu près. Et c'est suffisant pour être terrifiant. Comment tout cela a ainsi pu exploser ? Il semblerait que ça ait été soudain. Inattendu. Brutal. « Alors ... ils devraient encore être là-bas. » En théorie, espérons que la pratique suive tout ça. Aileen ne peut s'empêcher, dès maintenant, d'imaginer comment ils pourront réussir à se faufiler entre les rôdeurs. Elle ne peut pas s'empêcher de se demander comment ils pourront bien s'en sortir indemnes et espérer entrer dans le bâtiment encore debout. La jeune femme n'a pas à y songer beaucoup plus longtemps ; Ezeckiel réussit, encore une fois, à tout lui faire oublier. Cette fois, elle pivote complètement pour se mettre face à lui et baisser les yeux pour les poser sur ceux d'Ezeckiel. Ce soir est le leur. Elle ne veut pas penser à tout ce qui s'est passé entre eux jusque-là. Elle veut oublier les horreurs qui se sont produites dans la zone dernièrement. Et surtout, surtout, elle ne veut pas garder en tête l'idée que les rôdeurs sont toujours là, quelque part.

Alors, sans prendre la peine d'y réfléchir, elle attrape la main d'Ezeckiel. A la fois pour arrêter les crissements et pour rassurer le jeune homme. Non, elle n'est pas morte. Et lui non plus. Ils ont miraculeusement tous les deux survécu et ils sont ensemble. Même s'il ne faut pas oublier tous ceux qui n'ont pas eu cette chance, et ceux qui sont toujours coincés dans la zone, c'est le plus important. Parce que, au départ, ce n'était qu'eux d'eux, n'est-ce pas ? « Mais je ne le suis pas. Et toi non plus. » Un sourire étire ses lèvres, un peu faible et pas très convaincant peut-être. Mais il est sincère ; elle est réellement heureuse de pouvoir être là à ses côtés. Elle l'est de le savoir vivant. « Quand je suis revenue, je l'ai cru aussi ... que tu étais ... mort. » Aileen baisse les yeux pour regarder les doigts d'Ez, avec lesquels elle se met à jouer. Presque inconsciemment. Elle n'est pas - ou plus - habituée à cela mais elle se sent à l'aise avec lui. Vraiment. Et peut-être un peu trop d'ailleurs. Mais ce n'est pas ce soir qu'elle doit penser à tout ça. « Tu devrais peut-être ... dormir un peu. » C'est sans entrain, aucun, qu'Aileen jette ces quelques mots. Elle n'est pas sûre de vouloir mettre à mal le semblant de quiétude qui s'est installé entre eux. Elle n'est pas sûre de vouloir prendre le risque de retomber dans ses vieux démons. Et à l'instant même où elle se retrouvera seule, dans le noir, elle sait que ça arrivera. C'est toujours le cas.
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MessageSujet: Re: [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. Icon_minitimeJeu 2 Avr - 2:37

Quand elle se tourna vers lui, un frisson qui ne devait rien au froid ambiant le fit trembler brièvement. Il ne détacha pas son regard d’elle, se gorgeant de sa vue, de chaque détail qui la rendait entière. Il la dévisageait comme s’ils allaient mourir demain. Comme si ce n’était qu’un rêve, qui le laisserait hurlant et pantelant au réveil, enfermé dans ce qu’il restait de la zone aux côtés des autres survivants du massacre. Elle s’empara de sa main, et aussitôt ses doigts répondirent par une forte pression, bien que les traits de son visage ne changent pas d’un chouilla. Non. Ils n’étaient pas morts. Ils ne se trouvaient pas non plus dans un songe. Ils étaient là, bien vivants. Ezeckiel finit par accepter l’évidence en hochant la tête avec un peu plus de conviction. Son estomac, convaincu pour un temps d’être rassasié, habitué aux portions rationnées de nourriture qu’il ingérait, le laissait en paix. Son corps savourait la position allongée, et son esprit se contentait uniquement d’Aileen. Tout le reste pouvait bien aller se faire voir. Elle ne le détestait pas. Elle venait de le lui dire. Elle ne l’avait pas détesté, pris en grippe comme il l’avait craint pendant des nuits et des nuits à se demander ce qu’elle pouvait bien fuir ainsi. Elle lui sourit, à peine. Il aurait aimé la voir sourire plus souvent, mais ç’aurait été une folie que de lui demander pareille chose au vu des temps qui étaient les leurs.
Il expira profondément. Il ne se serait jamais laissé mourir sans avoir la certitude qu’elle avait bien péri, d’une manière ou d’une autre. C’était stupide. Mais il se sentait presque responsable d’elle, parfois. Depuis qu’il lui avait tendu la main pour la première fois, depuis qu’il l’avait harcelée chaque fois qu’il s’agissait de se mêler à une communauté, aussi modeste soit-elle. Il sentait qu’il lui était redevable, reconnaissant pour avoir à peine baissé les armes devant lui. Reconnaissant pour ne pas lui avoir officiellement déclaré la guerre depuis ce jour où il avait cru que leur fin était annoncée. C’était totalement stupide. Mais sa raison semblait parfois se faire la malle lorsque la jeune femme était là. Et même lorsqu’elle n’était pas là, d’ailleurs. Cette pensée lui tira un sourire à son tour.

« T’es pas encore débarrassée de moi, ‘Leen. »

Il ne l’abandonnerait pas dans ce monde qui ne ressemblait plus vraiment au leur. Il préférait encore la voir périr mais avoir tenté jusqu’au bout de la protéger et de lui être fidèle, plutôt que de disparaître sans savoir ce qu’il adviendrait de la jeune femme. Question de principe. Il n’avait plus rien d’autre qu’elle. Malgré son naturel sociable, il se sentait de moins en moins l’envie de se lier réellement à quelqu’un. Trop de souffrances, trop de larmes. Il commençait à bétonner son cœur, parcelle après parcelle. Pas assez pour se montrer aussi détaché que sa compagne de route à ses heures, mais suffisamment pour ne pas perdre la boule.

Elle jouait avec ses doigts, et il répondait par des jeux similaires, discrets mais nécessaires.

« Dors avec moi. »

Plus qu’un ordre, une demande. Il étira un peu ses membres endoloris, lançant un rapide regard vers la porte qu’elle avait barricadée.

« Si quoi que ce soit essaye de franchir ça on l’entendra forcément. Je doute qu’on ait perdu l’habitude… »

Une mine sarcastique accrochée aux lèvres, il porta la main d’Aileen à ses lèvres, en découvrant la paume pour venir y poser un long baiser. Un baiser qui ressemblait à une promesse dont il ignorait les termes et les conditions.

« Dors avec moi. S’il te plaît. Toi aussi tu as besoin de récupérer. On mérite bien de souffler un peu. »

Et l’un comme l’autre risquaient de ne pas pouvoir réellement se reposer et supporter le froid s’ils ne se tenaient pas mutuellement chauds. Ezeckiel lâcha la main de son amie à regret pour se redresser, fouillant dans son sac pour en sortir un pull. Il retira sa veste, l’enfila, et la remit par-dessus, histoire de bénéficier d’une couche supplémentaire pour la nuit. Puis il se rallongea, retrouvant sa position initiale, mais tendant désormais le bras à la blondinette qui lui servait de raison de vivre.

« Si on dort pas ensemble, tu sais qu’on va discuter jusqu’au matin, en plus… Et alors là on sera aussi inutiles et inefficaces l’un que l’autre demain… »
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Aileen L. Blackhood

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MessageSujet: Re: [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. Icon_minitimeMar 7 Avr - 23:52



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Ne vous demandez pas pourquoi les gens deviennent fous. Demandez-vous pourquoi ils ne le deviennent pas. Devant tout ce qu’on peut perdre en un jour, en un instant... Demandez-vous ce qui fait qu’on tienne le coup...
Comme si elle voulait être débarrassée de lui. La seule idée de le perdre lui est insupportable ... Elle ne relève pas. De toute façon, que peut-elle répondre à cela ? Elle n'est pas prête à trop se livrer, elle ne veut donc pas prendre le risque d'ouvrir la bouche pour dire quoi que ce soit. A tous les coups, il n'en sortirait rien de bon. Elle ne peut, et ne veut, pas prendre un tel risque. Perdue dans ses pensées, Aileen joue distraitement avec les doigts du jeune homme. A-t-elle seulement conscience de ce qu'elle fait ? Non, probablement pas. Elle a toujours été le genre de personne à agir à l'instinct, au flair. Sans penser aux conséquences, sans songer trop longuement à ce qui pourrait survenir par la suite. Cette aspect de sa personnalité avait disparu avec toute son innocence et son "humanité". Avec Ezeckiel, elle a l'impression de retrouver une parcelle de cela. Pas sûr que ce soit une bonne chose, mais elle ne peut pas être complètement pourrie non plus, n'est-ce pas ? Du moment qu'ils ne sont pas séparés, tout ne peut qu'aller bien. C'est stupide mais elle en arrive presque à regretter toute la distance qu'elle a imposé entre eux, dans la zone. Tout aurait pu bien mieux se passer et elle, elle a laissé leur relation se dégrader sans tenter quoi que ce soit pour la retenir au top de sa forme. C'est comme ça, elle ne peut pas retourner en arrière. De toute façon, il y a de grandes chances que rien ne change dans son comportement.

Avec tout ça, elle en a totalement perdu le contact avec la réalité. Trois mots suffisent à la ramener sur Terre. Pas seulement parce qu'ils viennent d'Ezeckiel, mais surtout pour leur signification. Il ne lui demande pas vraiment son avis et, de toute façon, il serait difficile de refuser une telle proposition ; il a totalement raison. Le regard d'Aileen, un peu paumé, se perd sur la porte "barricadée". Rien qu'une planche de bois. Ce n'est pas grand chose, pour ne pas dire rien du tout. Mais c'est amplement suffisant ... au moins pour la nuit. Et elle a vraiment besoin de dormir, elle aussi. Elle ne peut pas dire non. « Je ... » Sa voix se perd, quelque part entre sa gorge et l'extérieur. Elle devrait être terrifiée à l'idée d'une telle proximité entre eux, et pas frissonner comme elle vient de le faire. C'est ridicule. Et elle est plus que soulagée qu'il rompe tout contact entre eux, cela lui évite de se rendre plus pathétique qu'elle ne l'est déjà. Pour autant, elle met un bout de temps avant de se reconnecter à la réalité. N'a-t-elle pas encore compris que c'est le meilleur moyen de se faire buter ? Elle laisse retomber sa main sur sa cuisse, alors qu'Ezeckiel vient de terminer d'enfiler un pull supplémentaire, et de se rallonger à l'endroit qu'il venait tout juste de quitter. Ne peut-elle pas faire preuve de plus de concentration, sérieusement ?

Sans doute est-ce là une raison supplémentaire d'écouter Ezeckiel, et de se laisser capturer par les bras de Morphée. En même temps que lui. Ils auront fort à faire demain, ils ne peuvent pas se permettre que l'un d'entre eux soit éreinté. « Bon ... d'accord. » Cède-t-elle. Comme si elle avait pu dire non de toute façon ! Elle pourrait lister tout un tas de preuves comme quoi ceci est une bien mauvaise idée mais elle n'en a ni la foi, ni l'envie. Très bien, passons à autre chose. Elle se laisse glisser sur le sol pour mieux s'allonger, après avoir attrapé son sac qui fera office d'oreiller. Pas franchement confortable, d'ailleurs, mais il faut faire avec les moyens du bord. Et, en l'occurrence, ils n'ont pas grand chose. Elle lui lance un sourire un peu crispé avant de poser sa tête sur le cas, le bras d'Ezeckiel derrière sa nuque. Depuis combien de temps n'a-t-elle pas eu l'occasion d'avoir à faire confiance à une personne autre qu'elle-même ? Cela fait bien une éternité. Au moins. Et elle retrouve cette saveur particulière avec délectation, uniquement parce qu'il s'agit d'Ezeckiel bien sûr. « Dors bien. » Aileen part à la recherche de la seconde main du jeune homme, qu'elle enserre entre ses doigts froids. Quitte à faire tomber quelques barrières, autant le faire jusqu'au bout. Ses yeux se ferment sans grande conviction ; ce n'est pas dit qu'elle réussira à s'endormir facilement. Quoi qu'elle est peut-être un peu trop pessimiste sur ce coup-là ...
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MessageSujet: Re: [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. Icon_minitimeMer 8 Avr - 1:40

Plutôt confiant, Ezeckiel était sûr qu’Aileen finirait par répondre aux sirènes du sommeil. Elle semblait dans un état d’épuisement similaire au sien. Il avait pu l’avoir sur la nourriture, il l’aurait pour dormir un peu. Ses arguments étaient imparables, soigneusement affûtés au cas où elle s’aviserait de résister, conséquence de nombre de nuits passées ensemble à survivre dans cet univers froid, hostile et qui mettait leurs nerfs à rude épreuve. Pas question qu’il s’endorme comme une masse pendant qu’elle vacillait là, toute seule, à fixer indéfiniment les contours sombres d’une porte jusqu’à ce que sa vision en devienne floue. La jeune femme hésita, mais il ne la lâcherait pas. Il se contenta de dissimuler un sourire, ou plutôt une ébauche de sourire, tandis que ses sourcils s’arquaient dans une courbe largement dubitative, comme s’il la mettait au défi d’oser rétorquer là-dessus. Enfin, comme il s’y attendait – et l’espérait franchement –, Aileen céda. Il ne manifesta rien. Pas d’expression, pas un bruit pour exprimer sa victoire là-dessus. Il se contenta d’attendre. D’attendre qu’elle s’installe, qu’elle prenne pleinement conscience de ces quelques heures qui leur seraient accordées. Il se demanda, pour la millième fois depuis qu’il la connaissait, à quoi elle pouvait penser en cet instant. Aileen restait une énigme, et il était loin de penser qu’il pouvait représenter la même chose à ses yeux. Un étrange mur, qui ressemblait d’ailleurs bien plus à un voile, opaque, continuait de se dresser entre eux. Loin de prêter le flanc à des pensées sociologiques ou psychologiques de bazar, il ne mettait pas forcément cela sur le compte de leur genre. Qu’elle soit une femme. Qu’il soit un homme. Dans ce monde-là. Non. Des femmes et des hommes, en dépit de la catastrophe, il en avait croisé des dizaines.

Aileen interrompit momentanément le cours de sa réflexion en s’allongeant tout près de lui, et il ne retira pas son bras, lui offrant cependant une étreinte qu’il souhaitait chaude et agréable pour la nuit. Il savait qu’il ne bouderait pas lui-même la proximité du corps de sa compagne de route, idéal pour lutter contre les températures en chute libre. Il la regarda, aperçut son sourire adolescent. Il y répondit de manière plus assurée, et ce fut peut-être un peu du Ezeckiel d’autrefois qui tenta de lui témoigner ce dernier acte de gentillesse et de réconfort malicieux avant que la nuit ne  s’étende définitivement sur eux. Presque d’autorité, il la ramena légèrement contre lui, remuant quelques secondes pour trouver sa place à ses côtés, puis s’immobilisa. Là. Tout contre son nez, les fameuses mèches blondes qui lui avaient tant manqué. Le monde tournait dans son axe. Tout était à sa place.

« Toi aussi, blondie. »

Le silence retomba. Pas ses paupières. Ses prunelles se perdirent vers un point d’obscurité, quelque part derrière elle. Il ne s’imaginait pas dormir ici seul, et il était on ne peut plus heureux de l’avoir avec lui ici et maintenant. C’est alors qu’une chaleur sourde se diffusa dans ses membres, lentement. Insidieusement. Une chaleur qui n’avait rien à voir avec les règles élémentaires de physique. Il comprit avec une certaine pointe d’appréhension que ni la fatigue, ni la faim, ni la peur n’étaient capables d’étouffer quelque chose qu’il avait espéré voir disparaître en même temps que leurs relations s’étaient étiolées. Pinçant les lèvres à s’en faire mal, il resserra son emprise sur elle, le souffle un peu plus court qu’il n’aurait dû l’être en temps normal. Le jeune homme pensa à sa vie d’avant, comme tous les soirs. Mais cette fois, il ne pensa pas à ses parents ni à ses amis perdus avec l’apocalypse. Il pensait aux femmes. À toutes ces femmes qu’il avait rencontré, aimé, et qui avaient toutes fini dans la tombe. Certaines devaient probablement marcher aux côtés des morts. D’autres avaient succombé. Ou avaient survécu, par miracle. Curieusement, cette dernière hypothèse ne parvenait pas à le convaincre lui-même. L’image de Marilyn plana un instant. Chaque fois que son visage se redessinait dans son esprit  (de plus en plus imprécis, de plus en plus vague), il regrettait de ne jamais avoir eu une photo d’elle. Il regrettait sa mort, aussi stupide qu’elle fût, aussi injuste. Il avait dépassé le cap de la culpabilité. Il n’était pas médecin, n’aurait pas pu deviner la gravité de sa blessure, si ridicule, si dérisoire comparé aux conséquences.

Il ne pouvait plus voir les femmes, le sexe, la mort de la même manière. Pas après tout ça. Vivre dans la Zone en retrouvant une certaine proximité avec d’autres personnes avait été aussi agréable qu’éprouvant. Parce qu’il y avait Aileen. Parce qu’il ne parvenait pas à se défaire de l’idée qu’il avait envie d’elle, depuis longtemps. Une part de l’homme qu’il était encore rêvait de franchir cette stupide barrière appelée respect, de sauter par-dessus pour briser toute convenance et prendre sur lui de tenter à nouveau ce qui leur avait coûté si cher la première fois. Ils étaient en vie, putain. Ils avaient cette chance incroyable d’être en vie. De s’entendre, bon gré mal gré. Mais il ne sentait rien. Rien de son côté à elle. Et ce constat le blessait atrocement. Pas dans son ego – l’égo existait-il encore seulement dans le cœur des survivants ? –, mais… plus profondément. Il se posait l’éternelle question : « Pourquoi ? ». Jamais il ne l’avait vue flirter avec un autre. Jamais. Il ne pouvait nier l’avoir observée, se surprenant lui-même à guetter sur son visage un signe lorsqu’elle s’adressait aux autres mâles. Mais rien non plus. Comme si elle avait volontairement enterrée une partie d’elle-même.

Lui refusait.  Mais il n’y avait rien à faire. Il n’était pas de ceux qui estimaient pouvoir prendre ce qui apparaissait pour eux leur revenir de droit. Il ne la toucherait pas. Ne la forcerait pas. Il vivrait avec ça aussi longtemps que possible, jusqu’à ce que ce désir s’étiole à son tour. L’essentiel était de ne pas la perdre. De la garder là, tout près. De veiller à ce qu’elle dorme, à ce qu’elle mange. À ce qu’elle parvienne à sourire aussi, de temps en temps. Ezeckiel fut effaré de l’état de parfait éveil dans lequel se trouvait son cerveau, visiblement peu décidé à le laisser dormir. Tellement effaré qu’il coupa brutalement le courant de ce kaléidoscope en forçant ses yeux à se fermer, à se laisser engloutir dans le noir ambiant. Malgré leurs vêtements, il la sentait bien. Elle. Sa silhouette. Pourtant, pas une fois ses mains ne tentèrent de quitter ses épaules ou la sienne. Leurs phalanges nouées lui apparaissaient comme une sorte de serment, une promesse muette de fidélité et surtout de loyauté qu’il ne se voyait pas briser. Il ne souhaitait pas la décevoir.

Il se sentit las, terriblement las et triste lorsque ses lèvres embrassèrent chastement sa tempe pour la dernière fois.
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Aileen L. Blackhood

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MessageSujet: Re: [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. Icon_minitimeSam 11 Avr - 0:00



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Ne vous demandez pas pourquoi les gens deviennent fous. Demandez-vous pourquoi ils ne le deviennent pas. Devant tout ce qu’on peut perdre en un jour, en un instant... Demandez-vous ce qui fait qu’on tienne le coup...
Aileen ne peut que céder. Elle est crevée et elle sait qu'elle aura besoin d'être en forme pour la journée du lendemain. Avant de pouvoir prendre la direction de la zone, ils vont devoir chercher des vivres, des armes peut-être. Et ce ne sera pas chose aisée. Elle s'installe donc à ses côtés, à une distance qu'elle estime raisonnable. Elle sait qu'il fait froid et que c'est stupide de ne pas profiter du fait qu'ils soient deux pour se réchauffer, mais c'est Aileen ; elle n'a plus l'habitude d'être trop proche de qui que ce soit. Ezeckiel est une exception et c'est bien pour ça qu'elle ne bronche pas alors qu'il resserre sa prise autour d'elle pour la rapprocher de lui. Non, elle ne bronche pas, mais elle se doute qu'il lui faudra un peu de temps pour s'habituer à cette nouvelle proximité. Le silence s'installe, laissant Aileen dans un état des plus lamentables. Elle réussit à réguler sa respiration, à ne pas paraître trop paniquée ce qui s'avère être un miracle sans nom. Ce n'est pas tant un problème de confiance, Ezeckiel a toute la sienne. Seulement, son cerveau ne daigne pas assimiler cette information élémentaire : Ez' ne lui fera rien. Il a toujours été correct avec elle et elle sent que ça ne changera pas. Peu à peu, elle apprend donc à se détendre, et elle ne tarde pas à fermer les yeux. Avec un peu de chance, le sommeil ne sera pas trop long à la happer. Elle ne compte pas trop sur ça, cela dit : elle a beau être extrêmement fatiguée, sa tête bourdonne de pensées en tout genre, l'empêchant de lâcher prise pour la nuit.

Sans qu'Ezeckiel ait besoin de dire quoi que ce soit, Aileen sent qu'il est à peu près dans le même état d'esprit qu'elle. Dire qu'il disait, quelques minutes plus tôt, qu'ils risquaient fort de parler jusqu'au matin si Aileen n'acceptait pas de se poser à ses côtés ... Les voilà tous les deux comme des cons à chercher le sommeil en vain. La jeune femme, en tout cas, a le sentiment que cela n'arrivera pas tout de suite. Peut-être parce que ses craintes habituelles peuvent refaire surface à tout moment et l'empêchent de songer avec sérénité aux heures de sommeil qu'elle a devant elle. A moins qu'elle n'ait juste trop de choses en tête à cet instant précis. La discussion qu'ils viennent d'avoir, la peur assourdissante qu'elle a eue de le perdre pour de bon, la journée du lendemain qui s'annonce mouvementée. Bref, elle a l'esprit encombré. Trop pour réussir à mettre toutes ces pensées de côté. Ça n'a jamais été simple pour elle de réussir tel exploit et cela n'a fait qu'empirer avec l'apocalypse et toutes les merdes qu'elle a emmenées avec elle. Maintenant, ça ne veut pas pour autant dire qu'elle ne veut pas essayer. Son souhait le plus cher serait qu'en fermant les yeux, elle tombe aussitôt dans les bras de Morphée. Malheureusement, rien n'est jamais aussi simple et elle en a confirmation ce soir. Sans compter que l'idée d'avoir un Ezeckiel perturbé à ses côtés s'ajoute à tout le reste. Finalement, elle s'en serait peut-être mieux sortie si elle avait refusé de dormir elle aussi ... Ez' serait peut-être déjà en train de dormir et elle, de songer à un plan pour leur excursion du lendemain.

Ils n'en sont plus là depuis longtemps. Des excursions, ils en ont fait tout un tas ensemble. Ils sont habitués l'un à l'autre depuis longtemps, et ils n'ont pas besoin de construire quoi que ce soit avant de partir en vadrouille. Lorsqu'ils sont ensemble, c'est instinctif. Cela peut sembler dangereux aux yeux de certaines personnes mais pas à ceux d'Aileen. Elle est habituée à Ezeckiel et elle lui fait une confiance aveugle. Elle serait prête à lui confier sa propre vie si cela s'avérait nécessaire. « J'ai l'impression d'entendre les rouages de ton cerveau tourner à toute vitesse. » Elle ne s'embarrasse pas d'un murmure, de toute façon elle sait, elle sent qu'Ezeckiel est au moins aussi réveillé qu'elle. Peut-être même plus ... c'est dire ! Elle s'autorise à poser sa main libre sur les cheveux du jeune homme, à l'arrière de son crâne. Comme si elle pouvait réellement entendre son cerveau tourner à plein régime. Même si cela s'avérait possible, elle n'a guère besoin de cela. A présent, elle connaît Ezeckiel mieux qu'elle ne se connait elle-même et elle est capable de deviner qu'il n'est pas prêt de s'endormir, parce que hanté par une chose ou une autre. Est-ce la fin de la zone, le sort des survivants s'y trouvant encore ou bien leur sortie du lendemain qui le perturbent à ce point ? Quelle que soit la réponse à cette question, Aileen veut essayer de l'aider à se détendre. Parce que s'il ne le fait pas, ni l'un ni l'autre ne réussira à dormir et cela pourrait s'avérer catastrophique pour leur excursion.

La fatigue est un point indéniablement dangereux lorsqu'ils sont dehors. Cela amoindrit leurs réflexes et dieu seul sait à quel point c'est primordial à l'extérieur, là où les rôdeurs sont en surnombre et maîtres des lieux. Alors, si Aileen n'est pas la personne la plus sympathique qui soit depuis le début de toute cette merde, elle fut, autrefois, une oreille très attentive. Les clients du bar où elle travaillait n'hésitait pas à se confier à elle qui, de son côté, n'hésitait pas à leur donner des conseils. Et à essayer d'apaiser leurs craintes lorsqu'ils en avaient. Avec un peu de réflexion, elle devrait bien parvenir à quelque chose avec Ezeckiel, n'est-ce pas ? Et puis, elle doit bien l'admettre, elle ne se sent pas sur le point de s'endormir. Peut-être qu'en parlant avec lui, elle y arrivera plus vite ... Rien n'est moins sûr cela dit. « Qu'est-ce qui te tracasse à ce point ? » Espérons qu'elle ne se trompe pas sur toute la ligne ... Ce serait vraiment ridicule. Mais au moins, elle aura essayé, et ne sera pas restée dans le flou. Elle aura tenté sa chance. Ezeckiel pourrait aussi n'avoir aucune envie de se confier à elle. Après tout, elle est bien celle qui a tenté de s'éloigner de lui, n'est-ce pas ? S'il est décidé à lui en vouloir, elle ne pourra s'en prendre qu'à elle-même, un point c'est tout.
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MessageSujet: Re: [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. [Terminé] I wish I was mad, Fucked up and done. Icon_minitimeSam 11 Avr - 2:03

Il n’a pas fait attention. Pas fait attention au rythme de sa respiration à elle, obsédé par ce qui continuait de lui tourner en tête, malgré tous ses efforts pour réduire ses pensées au silence. Impossible. Plus il tentait de les étouffer, plus elles surgissaient, puissantes. Il n’a pas réalisé qu’Aileen était loin de s’endormir, qu’elle était bien loin de trouver un proche réconfort dans les bras du sommeil. Elle était comme lui : songeuse, en silence, mais l’esprit bien alerte, malheureusement pour leur corps fatigué. Il retint un soupir douloureux, craignant de la réveiller ou de provoquer ses interrogations. Il était bien loin de s’imaginer que la jeune femme n’était pas dupe pour un sou. C’était ça le hic, entre eux deux. Ils se connaissaient remarquablement bien et remarquablement mal tout à la fois. Vivre et cohabiter ensemble ? Une évidence. Courir ? Souffrir la faim, la peur et la mort au quotidien ? Une bagatelle. En revanche, pour ce qui était de l’intérieur… les choses peinaient à sortir, à franchir la barrière de leurs lèvres. Le pire, c’est qu’il aurait pu parler. Malgré toutes les blessures, toute l’appréhension que sous-entendait le fait de se confier à quelqu’un dans un tel contexte, il aurait réussi à partager ses doutes, ses secrets. Cependant, il ne s’y autorisait pas, et ne s’y autoriserait plus. Il le savait. Son attitude à elle l’en avait découragé depuis un bon moment. Et par respect pour la pudeur qu’elle lui témoignait, par l’ombre qui recouvrait une bonne partie de ce qu’elle pensait vraiment, il s’était drapé dans une part de noir similaire. Pour ne pas la laisser seule. Pour lui faire comprendre qu’il n’y avait pas de mal à ça. Certains jours étaient plus durs que d’autres, oui. Certains jours l’avaient vu en colère, comme il l’avait été ce soir. Comme il l’avait été avant que la Zone n’implose. Et puis il suffisait qu’elle le regarde d’une certaine manière. Un regard dans lequel il lisait parfois des excuses qu’elle ne prononcerait jamais. Et parfois, un élan de reconnaissance, une satisfaction muette de se trouver à ses côtés, satisfaction qu’il lui semblait éprouver chaque minute de chaque jour. Il avait eu de la chance. Beaucoup de chance de rencontrer Aileen. Sans elle, il serait mort, tué avec le reste de son groupe. Sans elle… peut-être se serait-il abandonné à la part la plus sombre que l’humanité survivante voyait resurgir. On ne savait pas. On ne pouvait pas savoir. C’était d’ailleurs probablement ça, le pire. Aileen lui avait offert une rédemption, une raison de garder la tête froide, de continuer de réfléchir et de ne pas baisser les bras au moindre obstacle. Il n’était plus seul. Et si la réserve de sa compagne était le prix à payer, alors il endurerait ce prêté pour un rendu sans geindre une seule fois.

Il sursauta quand la voix d’Aileen résonna, comme si leur conversation ne s’était pas achevée. Avec l’impression d’être pris en faute, son cœur s’embarqua dans une cavalcade plus folle encore. Il poussa un grognement qu’on aurait été bien en peine de traduire par quelque chose d’intelligible. Le pire, c’est qu’elle ne s’arrêta pas là. Une main vint effleurer la base de sa nuque, le faisant frémir tandis qu’une caresse totalement inattendue le fit soupirer. Le contact humain. Il réprima un spasme, la gorge brutalement nouée. Plus que la chair, c’était ça qui manquait. Le contact humain. La raison pour laquelle il ne s’embarrassait jamais de la serrer dans ses bras, de caresser gentiment son bras, de jouer avec ses mains et même de gratter son pantalon comme il l’avait stupidement fait tout à l’heure pour s’occuper. Le contact. La sensation. Toucher et être touché.
Il tâcha de rendre sa voix légère, et y réussit à peu près :

« Tu m’énerves à avoir souvent raison, tu le sais ça ? »

Mais un léger tremblement dans les dernières syllabes le trahirent, à son grand désarroi. Que répondre ? Il n’y avait rien à avouer. Il n’y avait rien à dire. Il aurait mille fois préféré ne pas l’avoir interpellée, conservant pour lui comme à son habitude ses questionnements éternels, enfermés dans un écrin soigneusement verrouillé. Jusqu’à les voir pourrir. Un jour. Peut-être. Sans grand espoir.

« Ouais… Ouais, je pense. Trop. Comme d’hab. »

Vite, les sujets bateau.

« Comme d’hab, quoi. Tu sais. La Zone. Avant. Tout ça. »

C’était à pleurer. D’ailleurs, il avait un peu envie de pleurer, à bien y penser. Cette main. C’était la faute de cette main. Il lui semblait qu’elle exposait ses fragilités les plus abyssales, créant une plaie qui servirait d’ouverture pour en extirper enfin le vrai, derrière la comédie des apparences. Il avait le choix, maintenant. Continuer de se taire. Continuer de prétendre que tout allait bien. Que tout irait bien.

« Je voulais pas t’empêcher de dormir. Désolé. »

Cette fois, il ne s’empêcha pas de soupirer, de vider sa cage thoracique de cet air trop encombrant, qui l’oppressait. Des picotements, telles des fourmis, se répandaient en partant de sa moelle épinière. Ce n’était ni agréable, ni désagréable. Simplement troublant. Ses terminaisons nerveuses semblaient un peu revivre de ce qu’elles considéraient probablement comme un rayon de soleil au bout d’années-lumière de nuits polaires et plongées dans l’obscurité froide du vide.
Ezeckiel se mordit durement l’intérieur de la joue. Son nez plongea plus avant entre les mèches blondes d’Aileen. Il y noya un peu de son chagrin de tous les jours, déposant discrètement le sac de briques qui heurtait et écorchait la chair de ses épaules davantage chaque matin, au moment de le reprendre. Parce qu’on n’avait pas vraiment le choix, n’est-ce pas ? S’adapter, changer ou mourir. Et se déplacer. Le mouvement, c’est la vie. C’était ce qui les attendait, une fois qu’ils auraient réussi à rejoindre leurs camarades de la Zone. Il faudrait quitter les lieux, désormais maudits et hantés pour des lustres par ceux qui avaient cru y trouver un abri, comme eux.

Trop. C’était trop. Trop pour une nuit.
Sa fuite. Les rôdeurs. La bagnole. La faim. Leur dispute.
Et Ça.
La Bestiole qui rongeait son ventre, qui tendait en permanence les muscles de ses abdominaux.

Il aurait voulu se détacher d’elle, se lever. Partir dormir dans la voiture. Ou bien marcher. Marcher très loin, jusqu’à ce que ses pieds en sang lui hurlent de s’arrêter, de se laisser tomber sur un sol ni meuble, ni dur. D’attendre. Ça cognait dur. Ça cognait très dur. Ezeckiel comprit avec horreur qu’il n’était pas aussi solide qu’il le pensait, ni même qu’il l’avait espéré. Il avait tenu bon, pour Aileen. Même dans les pires moments, même alors que la route se faisait pénible, la nourriture rare, les abris infimes. Même lorsque la situation s’était avérée critique, il avait pensé à son père, à son grand-père. Sois un homme. Pour toi et pour les autres. Infliger aux autres ses propres tortures est d’un égoïsme criminel. Mais la nuit a le don de réveiller les pires fêlures. Elle les accroît, s’y engouffre avec un plaisir largement affiché, clairement assumé. Son échine plia, et il s’abandonna davantage à la paume féminine.

« Pardon. »

Non. T’as pas le droit de t’en tenir à ça. T’as pas le droit de planter ce putain de mot entre vous deux, comme ça. Pour mieux esquiver par derrière. Il faut parler, maintenant. Parler pour deux, comme tu l’as toujours fait. Ce n’est pas un sacrifice. C’est devenu normal.

« Pardon. Pour tout. Pour… pour tout à l’heure. »

Ils n’avaient pas été foutus de se retrouver sereinement. Pas foutus de se sourire. Même pas foutus de se regarder. C’était laid. Atrocement laid. Ezeckiel se redressa et relâcha son emprise sur elle pour mieux rouler sur le dos et contrôler ses glandes lacrymales. Il ne voulait même pas sentir ses prunelles s’embuer. C’était tout bonnement hors de question. Il fixa sans la voir la grande voûte au-dessus de leur tête, qui mettrait probablement des siècles à s’effondrer. La maison de Dieu, hein.

« Pour la Zone. C’est moi qui ai voulu qu’on aille dans la Zone. »

Et s’ils avaient eu moins de chance ? Si être dehors l’avait sauvée ? Si c’était lui, le grain de sable qui compromettait leur survie ? Sa voix était posée. Calme. Trop calme. Plus profonde qu’à l’accoutumée, venant des tripes. Plus qu’un amendement, c’était une confession. Maison de Dieu on a dit.

« Je sais pas… J’ai cru… J’ai cru qu’on y serait tranquilles pour plus longtemps que ça. J’le pensais vraiment. »

Il ne l’enlaçait plus, mais sa main vint reprendre la sienne, écrasant presque ses doigts, secoué par ce besoin vital de la tenir soudainement.

« Et pardon pour avant… avant… »

Au moment où les choses avaient commencé à déraper. Au moment où il s’était pris pour un héros sur le point de mourir. T’es pas un héros, Eze. Tu n’es qu’un pauvre type paumé, le bide à peine rempli, les muscles fatigués et l’esprit en lambeaux. Un type obsédé par une fille bien plus réaliste et accrochée que toi, au fond. C’était peut-être elle qui avait le plus de courage. Pour eux deux.

« Pour… Tu sais. »

Bien sûr, qu’elle sait.
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