Terry & Théodore

Le capuchon sur la tête et le harpon en bâton de marche, je débouche finalement sur une rue, sortant de la forêt tel un animal sur ces gardes. Depuis quelque mois, j’étais toujours aux aguets, au moindre bruit, je bondissais et prenait mes jambes à mon cou. Je ne m’étais pas totalement remis de ces mois de captivité, et je ne pense pas pouvoir m’en remettre un jour. Je ne m’étais jamais senti aussi mal de toute ma vie, et Dieu sait que j’avais eu mon lot de problème dans la vie. Ce monde m’effrayait et je ne savais même pas pourquoi je m’obstinais tant à vouloir y survivre le plus longtemps possible, même avant tout ça, je ne l’aimais pas, ce monde, et c’est bien grâce à quelques petites choses que je m’efforçais d’y vivre harmonieusement, comme le miel et mes études. J’avais ma petite routine, avant, et elle me manque cruellement aujourd'hui. La plupart du temps, je m’ennuie à mourir, si je n’ai pas ces bêtes au cul bien entendu, et je sens ma matière grise fondre dans ma caboche. J’avais relu et relu mes dossiers des centaines de fois, et parfois je passais plutôt la main contre mon roman, et pourtant cela ne me comblait pas. Je ne me sentais pas bien, pas bien du tout. Alors pourquoi je m’embêtais à fuir toujours plus loin? C’était surement instinctif, il faut dire que ces choses me foutaient les jetons, et c’était peu dire. Je n’avais même pas le temps de penser que mes jambes s’activaient, comme automatiquement, et chez moi c’était plutôt rare. J’oubliais même parfois d’agir, puisque je pensais trop, mais j’imagine qu’il était impossible d’être soi-même dans un tel environnement, personne n’est vraiment ce qu’il était avant. Les bons sont forcés de faire des choses qu’ils n’auraient peut-être jamais faites en temps normal pour survivre, et les mauvais... bah, ils se donnent à cœur joie, apparemment. J’en avais fait l’expérience et c’était loin d’être amusant. Tout au long de ma vie, j’avais reçu des attaques psychologiques, personne ne m’avait jamais agressé physiquement, et c’était tant mieux, puisque ma force à moi, c’était penser, c’était réfléchir. Maintenant, ça ne valait plus rien, je ne valais plus rien, pas qu’avant j’étais vraiment très important, mais dans mon domaine j’étais un pur génie et on me respectait lorsque je me promenais dans les couloirs des labos, personne n’osait me regarder de haut. Aujourd'hui c’est différent, si tu n’as pas de gros bras, tu es destiné à finir six pieds sous terre, ce que j’ai entre les deux oreilles ne m’aidait pas vraiment à me défendre, enfin, presque, j’avais quand même réussit à m’en sortir jusqu'ici, mais certain diront que c’est de la chance, j’imagine.

Peu importe, ce n’était pas le moment de me perdre dans mes pensées, n’importe qui, ou n’importe quoi, pouvait me tombé dessus à n’importe quel moment, je devais donc rester attentif. J’aurais préféré resté parmi les arbres, c’était plus facile de se dissimuler, plus discret de s’y promener, mais il n’y avait pas grand-chose à manger et mon estomac demandait à être nourrit au plus vite. C’était donc, impossible de passer à côté de cette opportunité, il y avait bien un petit quelque chose quelque part par ici, suffisait de fouiller. Je m’avance alors que mon cœur palpite, je détestais me dévoiler autant à la vue de tous, c’est pourquoi je finis rapidement à longer les magasins. J’entre dans quelques-uns, finit les mains vides ou maigrement remplis, mais si je rassemblais tout ce que j’avais amassé, j’aurais bien un petit repas. Heureusement je n’étais pas très capricieux et je n’en demandais pas beaucoup, même avant. Alors que je passe prêt d’un magasin, un bruit sourd me fait sursauter, reculant de quelques pas de la vitrine. Mes doigts s’étaient instinctivement serrés contre mon arme, brandit légèrement devant moi. Le pire, c’est que quand je me retrouvais dans de telles situations, je n’arrivais plus à penser, je paniquais, et la panique n’aidait pas du tout à ce que l’information se déplace de façon fluide dans les vaisseaux de mon cerveau, voilà que je perdais le meilleur atout que je possédais ; mon génie, et ça n’annonçait jamais rien de bon. Une décision s’imposait maintenant, sois je rentrais, sois je prenais mes jambes à mon cou, risquant par la même occasion qu’on m’attaque par derrière, certain visait plutôt bien, et même si je n’avais pas grand-chose d’utile à ma disposition, certain me tirerait dans le dos sans hésitation pour les maigres ressources dont je dispose, mais si c’était une attrape? Si c’est en rentrant qu’on m’attaquait? Je secoue finalement la tête, pas la peine de tomber dans la paranoïa. Tout le monde n’était pas mauvais, je me rappelais notamment de Sam. Une douce jeune fille, nos routes s’étaient beaucoup trop tôt séparées. Maintenant un peu calmé, je décide finalement de m’y aventurer, l’arme droite devant moi. C’était peut-être qu’une de ses bêtes, et avec un peu de chance elle ou il était seul, et je pourrais m’en débarrasser facilement. Je détestais être forcé le faire, mais voyageant sans groupe, personne ne pouvais le faire pour moi, et je manquais cruellement de pratique. Je devais l’accepter, tuer ferrais maintenant partit de mon quotidien. Il était temps, d’ailleurs, que je l’accepte, depuis presque deux ans ils se promenaient un peu partout, tous les états dans lesquelles je m’étais aventurer en était infesté en tout cas, et depuis tout ce temps, je n’espérais plus de l’aide de personne. Finalement, je me rends compte que je m’étais emballé, puisque je ne retrouve qu’un pauvre type, coincé entre les planches fracassé d’un vieil escalier. Je ne baisse pourtant pas ma garde, le piège était toujours une option qui me trottait dans la caboche, mais je ne peux cacher la satisfaction que cela me fait de tomber sur quelqu'un de bel et bien vivant. « Rien de cassé? » Un petit sourire étire alors mes lèvres, je ne me moquais pas, non, c’était plutôt du soulagement, bien que cela puisse paraître comme de l’amusement. « Hola » lis-je ensuite à voix haute. J’hausse un sourcil, seul sa casquette me fait douter de sa malveillance, je me détends légèrement alors que mon regard se perd ailleurs, trop de questions, trop de calculs et trop de possibilités en sont la cause.

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