One, two, three, Walkers !

La chasse aux emmerdes. Voilà ce que c’est. Depuis qu’ils se sont fait éjectés de la zone, Noah n’arrête pas de grincer des dents et de soupirer dans son coin. Le nouveau caractère ronchon et distant de ce dernier est loin d’être habituel, mais les autres devront s’y faire tant que la situation ne s’améliorera pas. Le pourrait-elle ? Ils avaient le meilleur des abris et maintenant, ils n’ont plus rien. Retour case départ. Le blond s’énerve sur son pic de bois depuis une demi-heure alors que les autres s’occupent tous de leurs tâches respectives. Un nouveau camp à surveiller, de nouvelles vies à perdre. C’est comme ça pratiquement tout le temps, maintenant. Epuisé, l’ancien commandant à qui on ne laisse visiblement pas de répit agrippe sa bouteille d’eau fraîche. C’est son tour de patrouille. De ses prunelles opales, il cherche son meilleur ami. Ce dernier est certainement dans les parages, reste juste à lui mettre la main dessus. Peter aussi passe son temps à grogner dans son coin. Cette merde est en train de pourrir leur essence même. Ils en ont vues, des crasses. Mais ça … Le survivant replie son canif d’un coup de pouce agile, range son matériel dans son sac qu’il ne quitte pratiquement plus et s’avance vers le groupe. Lucy et Fred sont encore en train de chahuter à propos d’un compresseur machin truc, et Auregan, sûrement en train de soigner un énième maladroit. Il a encore moins de temps avec elle que dans cette fichue zone. Dire qu’il y a quelques temps, il pensait que c’aurait été l’inverse.

« - Fred, t’as croisé Pet’ ? demande finalement le blond en s’approchant de son groupe, sourcils froncés.

Le nain répond par la négative, et Noah le dépasse en ébouriffant les cheveux de Lucy. Le concert de jurons qui lui explose aux oreilles ne parvient même pas à lui arracher ce sourire que seul la rousse parvient à obtenir de lui habituellement. Noah replace la lanière de son sac, dépassant les survivants  pour s’aventurer plus loin. Il sait où il est. Ce couillon a encore pris la très mauvaise initiative de se replier seul et loin de tous. Et pour ça, il faut qu’il traverse la lisière des bois.

- … Tu fais chier, qu’il ronchonne en calant la seconde lanière sur son épaule droite.

Malgré ses épaisses bottes, c’est à peine si l’homme émet le moindre son. Heureusement pour lui et sa très mauvaise humeur, il ne croise qu’un seul rôdeur en parcourant la petite forêt. Noah parvient au centre de cette dernière en à peine dix minutes. Ses opales claires avisent le courant d’eau qui traverse lentement l’espace boisé. Dame nature doit certainement mieux se porter sans une civilisation humaine bien organisée et destructrice. Au moins une qui en a pour son compte. Par réflexe, Noah pince deux doigts entre ses lèvres, sifflant assez fort pour se faire entendre dans périmètre de 20 mètres. Il est quasiment sûr que Peter est dans le coin. S’il ne l’est pas, eh bien … Ils ont un nouveau problème. Le jeune homme prend son Talkie-walkie derrière sa poche, appuie sur le bouton au centre et marmonne d’une voix basse :

- Allô le camp, ici Noah. Je surveille le périmètre dans la zone la plus boisée. Terminé.
Une voix souillée de crachotements lui répond presque instantanément.
- Ici Fred, bien reçu. Trouve cet enfoiré, on va bientôt devoir lever le camp. Terminé. »

Noah range l’appareil, posant son sac à ses pieds et dégainant son flingue.
Bientôt devoir lever le camp ? Ils n’y sont que depuis quelques heures.
Ca aussi, ça sent mauvais.