Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix. ♣ Sal.
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Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix. ♣ Sal.

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MessageSujet: Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix. ♣ Sal. Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix. ♣ Sal. Icon_minitimeLun 25 Jan - 21:16

Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix.
Y’a quelque chose de mystique dans c’t’affaire,
De pouvoir ramasser les mots par terre et d’les j’ter comme des pierres.

Il y avait comme un goût de cendre à se réveiller tous les matins, sous la caresse d’un soleil enchanté de vous voir vous lever une fois de plus en cette belle journée. Il y avait comme un goût d’amertume, alors que Lexie glissait distraitement sur le bitume. Elle n’arrivait pas à accepter qu’elle y était. Elle était en sécurité, elle était derrière des barricades, derrière des murs que d’autres avaient maintenus avant elle, et que d’autres maintiendraient encore après son départ. Elle mit une main au-dessus de ses yeux, comme une visière fabriquée à la va-vite, essayant de se protéger des rayons meurtriers, car au Angel’s Camp, elle n’avait plus que ça à craindre ; la morsure d’un coup de soleil mordoré, celle d’une araignée un peu trop agacée, voire peut-être d’une branche qui aurait eu l’envie subite de tomber. Lexie se demandait souvent ce qui lui valait cette place, dans ce petit bout de paradis terrestre, dans ce jardin d’Eden dont elle avait vu les pommes de discorde pousser, puis tomber comme une pluie de grêlons bien glacés. Les mots, les questions, les abréviations tournaient dans sa tête, en boucle, et jamais elle ne pouvait arrêter le refrain. Tu ne mérites pas cette place, tu ne mérites pas d’être ici Lexie, tu les as tous laissés mourir dans les bras des rôdeurs, des marcheurs, des zombies, des tueurs, quoi qu’ils soient, ils sont morts, putain, ils sont morts à cause de toi. Si Sal avait été là pour lui dire, elle lui aurait dit, hein, elle ne se serait pas gênée Salome, parce qu’elle était comme ça, parce qu’elle avait toujours l’habitude de lui balancer ses quatre vérités, comme la plus proche des meilleures amies. La jeune blonde pensait souvent à Sal, Sal tombée au combat, Sal grignotée par les mort-vivants, Sal en proie aux agonies sordides. Bon dieu. Ca lui grignotait le cerveau, ça, les souvenirs, plus encore que la peur de la mort, plus encore que la peur de tout perdre. Mais elle ne pouvait pas se plaindre, hein ? Parce qu’elle était derrière les remparts les plus hauts qu’elle n’avait jamais vu, parce qu’elle était bien au chaud lorsque d’autres avaient froid, parce qu’elle avait l’audace de regarder les arbres porter leurs fruits le printemps, alors que certains ne verraient même pas la saison suivante. Elle se forçait à sourire à la vie, à goûter les fruits mûrs, à se nourrir, s’empiffrer presque, absorbant toute la chaleur dont pouvait disposer le monde, absorbant tout ce qu’on pouvait lui offrir. Elle était le réceptacle de toutes ces vies, et tant qu’elle serait en vie, leur souvenir vivrait, elles vivraient en elle, parce que si elle devait ployer les épaules à mesure qu’elle perdait des amis, alors elle n’aurait été plus bonne qu’à ramper, et ramper ne l’aurait pas maintenue en vie.

C’était hypocrite, de dire qu’ils vivaient au travers elle. C’était salaud de dire qu’ils voyaient encore au travers de ses yeux, parce que ce n’était pas du tout le cas, parce que putain, ils étaient morts, morts, morts, morts, et plus jamais ils n’ouvriraient les yeux, car on leur avait bouffé les paupières, parce qu’on leur avait bouffé le visage jusqu’à ce qu’il ne reste rien d’autre que de la chair émiettée tout juste bonne à nourrir les corbeaux. Et ils pourrissaient certainement sous un soleil de plomb, à la recherche de quelque chose à se mettre sous la dent, galopant derrière un petit écureuil qui aurait eu l’audace de couiner trop fort, de casser sa putain de noisette trop fort sur un putain d’arbre qui vieux et enorgueillis de décennies de sagesse, finirait ses beaux jours sous un soleil qui continuerait toujours de briller, parce que putain, c’est pas parce que les humains tombaient un à un comme des colombes qu’on abat, que le monde allait s’arrêter de tourner, que le soleil se mettrait en grève plus ne plus jamais briller, que la lune romprait son serment pour ne plus jamais se lever. Et les feuilles des arbres, sempiternelles et pourtant si fragiles, continueraient de joncher le seul en automne, alors que les dernières feuilles de cigarettes seraient brûlées au coin d’un feu où il ne resterait que des connards qui avaient tué, pillé, violé pour survivre.
Lexie préférait sa première vision des choses. Elle préférait se dire que lorsque le soleil jouait sur ses joues quand elle s’occupait des plants, eh bien tous ceux tombés pour elle, avant elle, devant elle, après elle, le sentaient aussi, et que tout se passerait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Elle avait vu, senti, touché trop de pourriture pour qu’en plus tout ce qui reste dans son cerveau ne soit qu’un amas de cellules dégueulasses. Elle voulait profitait de chacun de ses instants comme s’il s’agissait du dernier, et si on la traitait d’hypocrite pour ça, qu’ils le fassent. L’important était que chacun devait pouvoir se regarder dans le miroir à la nuit tombée, car il ne restait alors que vos yeux pour pleurer, et que vos mains pour les larmes, sécher.

Juillet et sa chaleur enfiévrée lui offrait un magnifique terrain de travail. Elle s’occupait de bêcher quelques plants qu’elle n’avait pas mis en terre, mais c’était ainsi que ça fonctionnait, ici, à Angel’s Camp. Ils étaient tous l’ange de quelqu’un d’autre, de celui qui passerait après, et cette coalition entre tous était quelque chose que Lexie appréciait tant et tant qu’elle commençait doucement à se plaire ici. D’un autre côté, il aurait fallu être bien ingrat pour ne pas être heureux d’une telle chose.
Tout destinait cette journée à être la plus normale de toutes les journées d’une existence, ce genre de journée qui côtoyait l’ennui et pourtant la quiétude calme d’une journée sans terreur et sans monstres. Lexie n’avait pas eu le temps de s’ennuyer depuis si longtemps qu’elle trouvait ce plaisir encore plus divin qu’habitude, et elle en goûtait l’exquis délice comme s’il s’agissait d’un des péchés capitaux. Mais qu’importe, il n’y avait plus personne pour la juger de toute façon ? Elle passa une main gantée dans ses cheveux devenus salés par la sueur, quand une rumeur enfla dans les rangs. La dernière mission s’était soldée par la capture de quelques pilleurs et autres vagabonds, qui deviendraient peut-être des futurs membres de leur communauté. Lexie s’en moquait bien, des nouveaux, car elle savait qu’elle ne se lierait jamais d’amitié avec eux. Elle ne voulait plus d’attaches, plus d’accroches. Il ne restait que Gabriel et elle, c’était tout. Son cœur, trop meurtri d’avoir saigné, rendant les armes, sans concession. Et pourtant, elle décida de jeter un coup d’œil, juste une saloperie de petit coup d’œil, car il y a toujours cette satané curiosité qui vous bouffe, vous savez, vous vous dites « allez, rien qu’un coup d’œil, c’est rien, ça prend une demi-seconde, qui m’en voudra ? » et concrètement je vous le dis : personne vous en voudra.
Pourtant, quand les cheveux blonds de la vagabonde brillèrent au soleil, la travailleuse dû y regarder par deux fois. Elle jeta un premier regard, ce genre de petit regard inutile, et elle vit.
Elle se releva, lâcha sa bêche.
Elle mit une main au-dessus de ses yeux, comme une visière fabriquée à la va-vite, essayant de se protéger des rayons meurtriers, car au Angel’s Camp, elle n’avait plus que ça à craindre ; la morsure d’un coup de soleil mordoré, celle d’une araignée un peu trop agacée, voire peut-être d’une branche qui aurait eu l’envie subite de tomber.
Et aussi un retour d’entre les morts. Car sa mort-vivante était là, debout devant elle, poings liés comme une vulgaire sauvageonne, et c’est ce à quoi elle ressemblait, mais bordel, on s’en foutait d’à quoi elle ressemblait, parce qu’elle était là, parce qu’elle était envie, parce que ça ne pouvait être qu’elle pour lui ressembler si férocement, pour avoir cet air bravache alors qu’elle venait de se faire choper, bordel, c’était elle, c’était elle, c’était Sal, c’était sa Salome, celle qui avait bravé les zombies, les marcheurs, les rôdeurs, celle qui avait lutté, survécu, crié, hurlé, pleuré pour elle. « Lâchez-la ! » que Lexie hurle. Un cri perçant qui déchire, qui troue, qui transperce, parce qu’elle saigne de partout, parce qu’elle sait que les larmes rouges perlent sur ses joues, parce qu’elle sait au fond d’elle, que c’est Salome, et que pourtant, elle l’a perdue ce jour-là, que ce ne sera peut-être plus jamais la sienne, qu’elle va lui en vouloir, qu’elle va lui en vouloir si terriblement que son courroux ferait pâlir de jalousie le Béhémoth et le Léviathan.
Mais c’est Salome.

(c) sweet.lips


Dernière édition par Lexie Littlewolf le Sam 30 Jan - 20:30, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix. ♣ Sal. Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix. ♣ Sal. Icon_minitimeJeu 28 Jan - 19:40


Angels Camp  ◈ Lexie Littlewolf & Salome Foster
Parfois j'ai l'impression
d'entendre le son de ta voix