Après sept ans de bons et loyaux services, Born ferme ses portes. Merci à tous ceux qui ont participé, d'une manière ou d'une autre, de près ou de loin, à son aventure.
Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix. ♣ Sal.
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Sujet: Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix. ♣ Sal. Lun 25 Jan - 21:16
Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix.
❝ Y’a quelque chose de mystique dans c’t’affaire, De pouvoir ramasser les mots par terre et d’les j’ter comme des pierres. ❞
Il y avait comme un goût de cendre à se réveiller tous les matins, sous la caresse d’un soleil enchanté de vous voir vous lever une fois de plus en cette belle journée. Il y avait comme un goût d’amertume, alors que Lexie glissait distraitement sur le bitume. Elle n’arrivait pas à accepter qu’elle y était. Elle était en sécurité, elle était derrière des barricades, derrière des murs que d’autres avaient maintenus avant elle, et que d’autres maintiendraient encore après son départ. Elle mit une main au-dessus de ses yeux, comme une visière fabriquée à la va-vite, essayant de se protéger des rayons meurtriers, car au Angel’s Camp, elle n’avait plus que ça à craindre ; la morsure d’un coup de soleil mordoré, celle d’une araignée un peu trop agacée, voire peut-être d’une branche qui aurait eu l’envie subite de tomber. Lexie se demandait souvent ce qui lui valait cette place, dans ce petit bout de paradis terrestre, dans ce jardin d’Eden dont elle avait vu les pommes de discorde pousser, puis tomber comme une pluie de grêlons bien glacés. Les mots, les questions, les abréviations tournaient dans sa tête, en boucle, et jamais elle ne pouvait arrêter le refrain. Tu ne mérites pas cette place, tu ne mérites pas d’être ici Lexie, tu les as tous laissés mourir dans les bras des rôdeurs, des marcheurs, des zombies, des tueurs, quoi qu’ils soient, ils sont morts, putain, ils sont morts à cause de toi. Si Sal avait été là pour lui dire, elle lui aurait dit, hein, elle ne se serait pas gênée Salome, parce qu’elle était comme ça, parce qu’elle avait toujours l’habitude de lui balancer ses quatre vérités, comme la plus proche des meilleures amies. La jeune blonde pensait souvent à Sal, Sal tombée au combat, Sal grignotée par les mort-vivants, Sal en proie aux agonies sordides. Bon dieu. Ca lui grignotait le cerveau, ça, les souvenirs, plus encore que la peur de la mort, plus encore que la peur de tout perdre. Mais elle ne pouvait pas se plaindre, hein ? Parce qu’elle était derrière les remparts les plus hauts qu’elle n’avait jamais vu, parce qu’elle était bien au chaud lorsque d’autres avaient froid, parce qu’elle avait l’audace de regarder les arbres porter leurs fruits le printemps, alors que certains ne verraient même pas la saison suivante. Elle se forçait à sourire à la vie, à goûter les fruits mûrs, à se nourrir, s’empiffrer presque, absorbant toute la chaleur dont pouvait disposer le monde, absorbant tout ce qu’on pouvait lui offrir. Elle était le réceptacle de toutes ces vies, et tant qu’elle serait en vie, leur souvenir vivrait, elles vivraient en elle, parce que si elle devait ployer les épaules à mesure qu’elle perdait des amis, alors elle n’aurait été plus bonne qu’à ramper, et ramper ne l’aurait pas maintenue en vie.
C’était hypocrite, de dire qu’ils vivaient au travers elle. C’était salaud de dire qu’ils voyaient encore au travers de ses yeux, parce que ce n’était pas du tout le cas, parce que putain, ils étaient morts, morts, morts, morts, et plus jamais ils n’ouvriraient les yeux, car on leur avait bouffé les paupières, parce qu’on leur avait bouffé le visage jusqu’à ce qu’il ne reste rien d’autre que de la chair émiettée tout juste bonne à nourrir les corbeaux. Et ils pourrissaient certainement sous un soleil de plomb, à la recherche de quelque chose à se mettre sous la dent, galopant derrière un petit écureuil qui aurait eu l’audace de couiner trop fort, de casser sa putain de noisette trop fort sur un putain d’arbre qui vieux et enorgueillis de décennies de sagesse, finirait ses beaux jours sous un soleil qui continuerait toujours de briller, parce que putain, c’est pas parce que les humains tombaient un à un comme des colombes qu’on abat, que le monde allait s’arrêter de tourner, que le soleil se mettrait en grève plus ne plus jamais briller, que la lune romprait son serment pour ne plus jamais se lever. Et les feuilles des arbres, sempiternelles et pourtant si fragiles, continueraient de joncher le seul en automne, alors que les dernières feuilles de cigarettes seraient brûlées au coin d’un feu où il ne resterait que des connards qui avaient tué, pillé, violé pour survivre. Lexie préférait sa première vision des choses. Elle préférait se dire que lorsque le soleil jouait sur ses joues quand elle s’occupait des plants, eh bien tous ceux tombés pour elle, avant elle, devant elle, après elle, le sentaient aussi, et que tout se passerait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Elle avait vu, senti, touché trop de pourriture pour qu’en plus tout ce qui reste dans son cerveau ne soit qu’un amas de cellules dégueulasses. Elle voulait profitait de chacun de ses instants comme s’il s’agissait du dernier, et si on la traitait d’hypocrite pour ça, qu’ils le fassent. L’important était que chacun devait pouvoir se regarder dans le miroir à la nuit tombée, car il ne restait alors que vos yeux pour pleurer, et que vos mains pour les larmes, sécher.
Juillet et sa chaleur enfiévrée lui offrait un magnifique terrain de travail. Elle s’occupait de bêcher quelques plants qu’elle n’avait pas mis en terre, mais c’était ainsi que ça fonctionnait, ici, à Angel’s Camp. Ils étaient tous l’ange de quelqu’un d’autre, de celui qui passerait après, et cette coalition entre tous était quelque chose que Lexie appréciait tant et tant qu’elle commençait doucement à se plaire ici. D’un autre côté, il aurait fallu être bien ingrat pour ne pas être heureux d’une telle chose. Tout destinait cette journée à être la plus normale de toutes les journées d’une existence, ce genre de journée qui côtoyait l’ennui et pourtant la quiétude calme d’une journée sans terreur et sans monstres. Lexie n’avait pas eu le temps de s’ennuyer depuis si longtemps qu’elle trouvait ce plaisir encore plus divin qu’habitude, et elle en goûtait l’exquis délice comme s’il s’agissait d’un des péchés capitaux. Mais qu’importe, il n’y avait plus personne pour la juger de toute façon ? Elle passa une main gantée dans ses cheveux devenus salés par la sueur, quand une rumeur enfla dans les rangs. La dernière mission s’était soldée par la capture de quelques pilleurs et autres vagabonds, qui deviendraient peut-être des futurs membres de leur communauté. Lexie s’en moquait bien, des nouveaux, car elle savait qu’elle ne se lierait jamais d’amitié avec eux. Elle ne voulait plus d’attaches, plus d’accroches. Il ne restait que Gabriel et elle, c’était tout. Son cœur, trop meurtri d’avoir saigné, rendant les armes, sans concession. Et pourtant, elle décida de jeter un coup d’œil, juste une saloperie de petit coup d’œil, car il y a toujours cette satané curiosité qui vous bouffe, vous savez, vous vous dites « allez, rien qu’un coup d’œil, c’est rien, ça prend une demi-seconde, qui m’en voudra ? » et concrètement je vous le dis : personne vous en voudra. Pourtant, quand les cheveux blonds de la vagabonde brillèrent au soleil, la travailleuse dû y regarder par deux fois. Elle jeta un premier regard, ce genre de petit regard inutile, et elle vit. Elle se releva, lâcha sa bêche. Elle mit une main au-dessus de ses yeux, comme une visière fabriquée à la va-vite, essayant de se protéger des rayons meurtriers, car au Angel’s Camp, elle n’avait plus que ça à craindre ; la morsure d’un coup de soleil mordoré, celle d’une araignée un peu trop agacée, voire peut-être d’une branche qui aurait eu l’envie subite de tomber. Et aussi un retour d’entre les morts. Car sa mort-vivante était là, debout devant elle, poings liés comme une vulgaire sauvageonne, et c’est ce à quoi elle ressemblait, mais bordel, on s’en foutait d’à quoi elle ressemblait, parce qu’elle était là, parce qu’elle était envie, parce que ça ne pouvait être qu’elle pour lui ressembler si férocement, pour avoir cet air bravache alors qu’elle venait de se faire choper, bordel, c’était elle, c’était elle, c’était Sal, c’était sa Salome, celle qui avait bravé les zombies, les marcheurs, les rôdeurs, celle qui avait lutté, survécu, crié, hurlé, pleuré pour elle. « Lâchez-la ! » que Lexie hurle. Un cri perçant qui déchire, qui troue, qui transperce, parce qu’elle saigne de partout, parce qu’elle sait que les larmes rouges perlent sur ses joues, parce qu’elle sait au fond d’elle, que c’est Salome, et que pourtant, elle l’a perdue ce jour-là, que ce ne sera peut-être plus jamais la sienne, qu’elle va lui en vouloir, qu’elle va lui en vouloir si terriblement que son courroux ferait pâlir de jalousie le Béhémoth et le Léviathan. Mais c’est Salome.
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Dernière édition par Lexie Littlewolf le Sam 30 Jan - 20:30, édité 1 fois
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Sujet: Re: Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix. ♣ Sal. Jeu 28 Jan - 19:40
athbone veille sur leur campement de fortune. Tout cela est provisoire. Le fusil coincé dans le creux de son bras droit, le regard allant de la lampe à gaz à la silhouette endormie à ses côtés. Sa respiration est paisible. Cela fait longtemps qu'elle n'a pas dormi aussi longtemps. Un sommeil sans rêves. Voilà tout ce à quoi ils aspirent. Les seuls images dont ils se souviennent au réveil sont ultraviolentes. Il ne reste alors qu'à prier pour oublier, pour ne pas se souvenir des fragments d'un inconscient saccagé au moment où vos paupières s'entrouvrent sur une réalité asphyxiante. Le monde des rêves n'est plus un échappatoire pour Rathbone et Salome depuis déjà un moment, alors les bras de Morphées de se font serres et déchiquettent une psyché jusqu'au jour où il ne restera plus rien. Le néant. La perte de la raison. Éclipse de la raison. Crescendo de crises d'angoisses et de démences toujours plus violentes. La folie n'est jamais bien loin. Elle vient prendre ceux qui ont perdu de vu la raison qui les poussaient à respirer, à avancer. Elle guette le désespéré. Sommeil de répit. Rathbone compte les respirations tranquilles soulevant sa poitrine pour tuer le temps. 14 541, 14 542... Au loin des voix étouffées. De quoi le sortir immédiatement de ses rêveries. Il s'approche de Salome et pose sa main sur son poignet. Leur signal pour bien se prouver que ce n'est pas une tierce personne venant les réveiller. Que ce n'est pas un piège. Des habitudes de survies - des petits tours bien a eux. Pour se prouver qu'on peut encore faire confiance à quelqu'un. Qu'à plusieurs on est toujours plus fort qu'isolé. Salome Foster ouvre ses yeux encore embrumés par la fatigue. Elle est devenue constante. Cela ne l'empêche d'être alerte les quelques minutes qui suivent. Une main sur son arme. Rat' éteint la lampe à gaz. Sal n'a pas besoin de plus d'explications. Ils ne sont pas seuls. Déglutir lentement. Ignorer la faim. Serrer les dents. Ce n'est qu'un mauvais moment à surmonter. Une épreuve de plus la séparant de son objectif. Sac sur le dos, remonter sur son nez son bandana et mettre ses lunettes de motards pour éviter d'être aveuglée par des la poussières, du sang et autres particules. Prendre une grande inspiration. Les voix se sont rapprochées. Ils ont dû les repérés plus tôt dans la soirée. Ce n'est pas possible autrement.
Le jour est sur le point de poindre au loin. Le soleil n'est pas encore levé mais la nuit s'est défait de son manteau de velours bleuté pour laisser place à ce ciel gris. vingt-cinquième heure de la journée. Celle entre chien et loup. Le crépuscule à quelque chose d'angoissant tandis que l'aube est porteuse d'espoir. Pour l'instant le temps est figé et les seuls sons sont ceux des échanges entre les survivants. Un petit groupe bien armé leur tombe dessus. La lutte est vaine. Salome est une teigneuse. Elle finit au sol la joue contre une pierre et la lèvre fendue. Ils disaient ne pas vouloir vous faire du mal. Quel blague. Il la défont de ses effets. Baissent son bandana et enlèvent ses lunettes pour que son visage soit visible. Elle leur jette un regard sombre. A la moindre tentative de violence elle n'hésitera pas à mordre à griffer. Car c'est un animal, une bête sauvage envers le reste de l'humanité. Celle-ci n'est plus depuis longtemps. Sal a vu ses congénères arborer de telles bassesses comme des étendards sanglants - dignes des vicissitudes les plus infâmes - à croire qu'ils sortaient tout droit de Sodome et Gomorrhe. Le monde est une Babel géante en proie à la colère de Dieu. Les êtres humains ne se comprennent plus une fois de plus. Là où les intentions de ce groupe était vraiment de venir à votre rencontre - vous y avez vu une tentative de violence. Mais quelle est la bonne réaction à avoir ? L'humain seul comme la masse est imprévisible et ce d'autant plus en des temps si tourmentés. Un bon roi se fait renverser par le progrès. Un mauvais roi se fait renverser par les clameurs d'une révolution. Il n'y a pas de juste milieu. Il n'y a que dominant et dominé. Salome courbe l'échine sous ce soleil de plomb. Des gouttes de sueurs ruissèlent de son front pâle. Elle qui se protège de la morsure du soleil la voilà à découverte. Les épaules nues. Son manteau et son sweatshirt encore dans son paquetage porté par l'un des éclaireurs. Ils parlent d'un lieu : Angels Camps. Un sourire narquois étire les lèvres de la blonde. Ce nom est mal venu. Se plaire à le faire remarquer est de mauvais goût et cela lui revient vite dans la figure sous la forme d'un coup dans les côtes. Rat' s'entête à converser avec ces salauds. Il a toujours été le plus diplomate de vous deux. Il fait le pitre. Cela fonctionne. Excuse le côté hostile de Salome. Les liens qui serrent ses mains brûle sa peau. Exacerbe les rayons de soleil meurtrier. Avoir soif est le pire des maux ici bas. Demander à boire est hors de question. Salome est trop fière pour cela. Pour le moment. D'autres supposés pillards grossissent leurs rangs, eux-mêmes accompagnés d'éclaireurs.
Ils entrent ensembles dans une Eden qui ressemble que trop bien à la zone 51. Pas d'apparence. Cela n'a rien à voir mais le temps semble de même s'être arrêté dans ce petit havre de paix. Salome n'y voit plus rien d'attirant. Elle sait que ce lieu sera bientôt des ruines et qu'il faudra repartir. Réaliser une fois de plus qu'elle ne retrouvera sûrement plus jamais son amie. Pourtant elle continuera à la chercher. Jusqu'à preuve du contraire - elle continuera à espérer qu'elle marche encore sur la même terre que ses pieds foulent douloureusement. Salome n'a aucune envie de rester ici. Tout cela flaire l'utopie et tout bon intellectuel sait qu'utopie va trop bien de pair avec son antonyme, dystopie. Avancer tête baisser, le regard su ses pieds, concentrée sur sa respiration sifflante. Un homme agrippe son épaule. Se débattre par instant et mordre la poussière une fois de plus. Sentir des mains de partout...Entendre un éclat de voix. Le temps s'arrête. Non. Ce n'est pas possible. Pas toi. Pas ici. C'est la fin ? Je suis tombée une fois de trop sur la tête je crois bien. Désolé mon petit Rat. C'est pas possible autrement. Ca peut pas être sa voix. J'ai marché si longtemps. Je dois rêver. Incertaine Salome se redresse péniblement, les mains toujours dans son dos et son regard croise le temps de quelques minutes celui d'une Lexie inchangée depuis son départ...si ce n'est même plus propre plus jolie...comme avant la... baisser les yeux Réveille toi. Tu deviens cinglée. C'est bon Sal. T'as perdue la partie. A force de trop rêver elle est devenue réalité. Mais ça peut pas pas être Lexie. Non...Peut-être ? J'y crois plus...je sais plus... Dans un état de profonde confusion baisser la tête, la voix étranglée par des sanglots muets. Une larme solitaire coule le long de sa joue. Espoir ou désespoir ? Elle ne sait plus quoi ressentir alors que le battement sourd de son coeur dans sa poitrine est la seule raison qui la pousse à croire que c'est bien son amie. Sal n'avait jamais pensé à ce qu'elle ferait le jour où elle le retrouverait et elle se sent démunie. Elle n'avait jamais penser qu'elle aurait changé à ce point qu'elle serait aussi repoussante. Salome prend conscience de l'animal qu'elle est, et recule d'un pas une fois qu'elle a trouvé la force de se lever. Le regard toujours au sol. Prendre conscience de sa joue défigurée par le parpaing de la discorde. Celui de la fin. Celui du départ. La voir ainsi, beauté inaltérée par ce monde cruel rassure Sal et aussi lui insuffle le sentiment d'être de l'autre côté du miroir. Elle est si proche et pourtant si loin. "Lexie ?" Sa voix se brise, encore incertaine. Ses yeux se voilent de nostalgie. Les mains ligotées elle ne peut rien faire. "Lexie c'est bien toi ?" Son regard retrouve celui de son amie. Ce moment elle l'a attendu depuis trop longtemps. Il fait chaud, le soleil brille bien trop fort et depuis trop longtemps au goût de Salome qui préfère les ombres rassurantes des bâtiments. Rathbone observe les deux jeunes femmes comprenant enfin. Observant son ami. Ses yeux s'embrumant un peu lui aussi. Heureux pour elle. "Dis moi que c'est vrai." Ses sourcils se froncent en voyant à quel point elle est rayonnante dans ce monde de chaos, elle a encore du mal à y croire - elle qui fait peine à voir, sa maigreur encore prononcée depuis la chute de la zone 51."Tu es trop belle pour être vraie." Cela ne sonne pas vraiment pour un reproche mais plus comme une crainte. Que tout disparaisse et qu'elle se réveille dans sa cage. Elle déglutit lentement le peu de salive qu'il lui reste, son visage encore dissimulé par ses cheveux blonds en bataille.
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Sujet: Re: Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix. ♣ Sal. Sam 30 Jan - 20:29
Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix.
❝ I was swimmin' in the Carribean, animals were hiding behind the rocks, except the little fish, but he told me East is West, And try to cry ❞
« Lexie ? » Comme des mots perdus sur le pont d’un bateau, ils ricochent doucement contre elle, contre Lexie, car c’est elle, c’est bien elle. Ce sont elles. Elles sont là, comme deux roseaux qui se ploient toujours pour ne briser jamais, insensibles à l’apocalypse, aux bombes qui se déchaînent au loin, simplement deux cœurs, qui battent à l’unisson juste avant de faire naufrage. « Lexie, c’est bien toi ? » Elle sert les dents, Lexie, elle les sert autant qu’elle peut alors qu’elle s’approche de sa camarade tombée au combat, de son amie morte – presque – sous ses yeux, de son amour qu’elle pensait avoir perdu. Salome c’était la lune, celle qui indiquait la voix à suivre, comme toutes les étoiles aident les cartomanciens. Elle avait voyagé aux côtés du soleil en attendant son retour, mais on ne pouvait vivre s’il n’y avait pas de nuit. C’était comme percer une poche à oxygène lorsque vous êtes au bord de l’asphyxie. Son cœur chavira, meurtri, alors que la triste réalité s’imposait en elle : elle avait abandonné Salome. Ou était-ce Salome qui les avait abandonnés ? Elle avait envie de l’étreindre, fort si fort, et aussi de lui foutre une gifle, deux trois coups de pied dans les côtes, lui arracher le cœur, pour qu’elle voit ce que ça faisait de perdre un être cher. Lexie reprit constante ; bien sûr que Salome savait. Salome savait toujours tout.
Lexie attrapa son couteau, dont les gars du camp prirent un instant peur en voyant l’air déterminée qu’affichait Lexie. Elle trancha sèchement les liens qui tenaient son amie en cage, malgré les protestations de ses comparses. S’ils voulaient la surveiller, qu’ils le fassent, mais elle ne supportait pas de voir Sal traitée comme une vulgaire prisonnière, attachée comme un chien qu’on aurait trop battu. « Dis-moi que c’est vrai. » Elle entendit les propos d’un gars à ses côtés, certainement son compagnon d’infortune. Lexie ne savait pas si elle devait lui détacher les mains, elle ne le connaissait pas. Elle pourrait parier sa vie sur Salome, mais pas sur un inconnu. Ce qui la bouleversait le plus, c’était de ne pas voir Flynn aux côtés de la blonde. L’heure n’était pas aux questions idiotes qui se terminaient souvent par des réponses idiotes. Certainement mort et enterré quelque part, chevauchant des licornes dans un paradis qui recevait chaque soir ses premières, afin d’exister. « Tu es trop belle pour être vraie. » Elle rangea son couteau et observa un instant Sal, qu’elle avait rencontré des décennies plus tôt, à cause de son enfoiré de chat – qui s’était d’ailleurs tiré à la première difficulté, c’t’enfoiré. Jamais Lexie n’aurait pu parier sur un futur pareil, sur une vie si tragique. « Comment… comment est-ce que tu as fait pour t’en tirer ? » qu’elle lui murmura ; elle savait déjà la réponse, mais elle voulait encore entendre la voix chanter, lui dire que tout irait bien, qu’elles étaient invincibles. « Je la connais c’est bon, » ajouta-t-elle à l’intention des gardes. « Je vais lui faire faire le tour du proprio. » L’un des gars insista pour nous accompagner, et je haussai les épaules ; s’ils avaient envie de faire du mal, qu’il soit là ou pas n’y changerait rien. Mais je comprenais et partageais totalement sa méfiance : c’était en laissant entrer n’importe qui que l’on risquait de voir s’effondrer ce campement idyllique. « Y’a une cellule, on va vous y mettre le temps que vous vous reposiez, que vous mangiez un peu et… qu’on vous montre comment ça fonctionne, ici. Il va falloir passer par la case infirmerie aussi. » Lexie aussi, était passée par là. C’était pas désagréable, quand on y repensait ; heureusement, la porte n’était pas fermée lorsque de nouveaux arrivants pointaient le bout de leur nez. Ils restaient dans cette cellule pour bien vérifier qu’ils n’étaient pas contaminés, aussi. La pièce était constamment gardée quand elle était occupée. Ce n’était pas du luxe, mais quand je voyais la tête qu’ils faisaient, c’était peut-être mieux que tout ce qu’ils avaient expérimenté depuis quelques temps. Lexie ne pouvait pas les juger, son état était encore plus épouvantable quand elle était arrivée dans ce petit bout de paradis béni. Ses cheveux n’étaient même plus blonds à cause de la saleté, et si long qu’il devenait dangereux de les porter ainsi – les morceaux d’un zombie pouvaient s’y coincer trop facilement, les hommes pouvaient les tirer, aussi. Elle était passée par-là aussi, mais avec tellement moins de sang sur les mains, avec tellement moins de boulets à traîner qu’elle se demandait si Sal était toujours la même, si on pouvait être toujours la même après trois ans d’apocalypse ? Lexie regarda ses ongles, ses ongles si blancs qui n’avaient que la terre pour être salis ; pas de sang, pas de goutte de sang, depuis si longtemps, grâce à qui ? Grâce à Gabriel, et aussi grâce à Salome. « Ils t’ont refusé en enfer pour que tu sois encore en vie ? » Ca voulait aussi dire en leur langage : bordel de merde, t’es un démon pour avoir survécu à tout ça ou comment ça se passe ? Elle ne sait plus quoi dire Lexie, quoi faire, elle est juste trop perdue. Le fantôme de son amie marchait à ses côtés, et elle ne savait pas quoi faire, quoi dire. Elle voulait la prendre dans ses bras, lui dire que tout allait bien se passer ; mais leur relation s'était toujours distinguée de celle des autres, elle n'avait jamais été dans les codes sociaux. Alors voilà, Lexie ne savait plus qui elle était, ni même qui était Sal. Elle ne savait plus si elle pouvait être elle-même ou si elle devrait rester cette blonde un peu trop gauche, mal à l'aise de voir quelqu'un qui s'est sacrifié pour vous. Elle ne sait pas quoi dire, alors elle dit la seule chose qui a tourné en boucle dans son esprit quand Sal a fait ce qu'elle a fait. « Merci. »
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Sujet: Re: Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix. ♣ Sal. Dim 31 Jan - 14:34
’éclat d’une lame émoussée aveugle un instant la survivante. La paupière de son oeil blessé se ferme instinctivement désormais incapable de s’accommoder à cette fulgurante lumière. Les éclaireurs observent avec appréhension la suite des événements. Un mince sourire se dessine sur des lèvres recouvertes d’une mince pellicule de sang coagulé, tachant son menton, son cou, sa clavicule, sa gorge…la plaie s’ouvre une fois de plus mais rien au monde ne peut distraire Salome de ce moment. Son coeur bat à tout rompre. Le soleil approche de son zénith. Tout ceci n’était bien qu’une farce. Je suis bel et bien au purgatoire et je recevrais de la main de celle qui m’a perdu sur les routes une mort rapide. Cela n’a duré que trop longtemps. Attendre le repos des héros. Apercevoir au delà de l’horizon se dessiner les vertes prairies de l’oublie et encore un peu plus loin les blés dorés des champs de la victoire. Le repos du guerrier. Enfin. Pardon Lexie. C’est la fin. Mais tu le sais. Tu le sais que même des enfers je continuerais à te chercher. Je boirais l’épais Léthé et reviendrais. Un jour nous nous reverrons. Je n’abandonne pas. Le cour de ses pensées est arrêtée par les protestations s’élevant autour d’elle. La clameur cesse, elle sent les liens brûlant sa chair se défaire et la délicate fragrance de son amie infiltrer son atmosphère. Tout ceci est bien vrai. Elle perd l’équilibre. Mains et genoux percutent le sol dans un bruit sourd. Elle aperçoit ses frêles poignets rougeâtres et ses extrémités tailladées de toutes petites coupures. Jeter une fois de plus un regard en direction de Rathbone. Il a toujours les mains attachés. Cela ne semble pas l’effrayer. Son coeur se serre dans sa poitrine en le voyant ainsi alors qu’elle a sa propre liberté. Savoir qu’elle ne la mérite pas, contrairement à son ami. Esquisser un geste dans sa direction. Essuyer d’un regard méprisant la menace se lisant sur les traits des éclaireurs. Comme une enfant elle aurait aimé que Rathbone l’aide à se relever mais elle est seule. Sa gorge se serre. Affronter perpétuellement les obstacles seule. Sans personne pour lui tendre une main salutaire. Dans un sublime effort, après tout ce qu’elle a enduré elle se relève dans le silence du campement. Qu’attendent-ils d’eux ? Qu’ils se transforment en bêtes sauvages et massacres leurs tranquillité si difficilement atteinte ? Ses yeux s’embrument en repensant à Desmond. Un monde en paix est si précaire si fragile - le chaos et la folie guette. Il faut perpétuellement rester sur ses gardes. Le repos ne vient qu’avec la mort. Avant, c’est le combat. La lutte. Essayer de dissimuler une respiration sifflante. Se demander combien de temps encore elle pourra rester debout. Ses doigts refusent d’effleurer ses poignets tandis qu’elle les remues circulairement, ils sont encore un peu engourdis. Sentir le regard de son amie de longue date posé sur elle. Envie de la toucher. D’effleurer sa peau de ses chairs abimées pour s’assurer qu’elle est bien réelle. Se retenir par peur de l’effrayer ou de lui faire mal. Salome a honte de se présenter ainsi devant elle. Pourtant elle sait au fond d’elle que jamais Lexie ne l’observera avec dégoût. Elle l’a toujours vraiment vue. Au delà de ses allures d’enfant clown, d’adolescente rebelle et de jeune femme solitaire…Ses premières paroles sortent Salome de ses pensées. En simple réponse elle lui offre un regard confus. Que veux-tu savoir Lexie ? Je ne suis pas le héros que tu vois en moi. J’ai eu de la chance. Eviter de la dévisager. Incapable de lui cacher quoique ce soit Salome préfère le silence et fuir son regard. Ce genre de question ne se pose pas. Pas après ce chemin de croix. Déglutir. Plus de salive. Toussoter pathétiquement.
Les mots qui ne sont pas pour elle Salome ne les entends pas. A part quand l’un des gardes insiste pour les accompagner. Incapable de s’empêcher de lui jeter un sourire goguenard. Disparaissant vite quand elle entend le mot cellule. Elle jette un regard paniqué à son amie. Un regard qu’elle ne maitrise plus depuis sa captivité. Se souvenant à quel point elle s’est esquinté le peau, les ongles contre ses barreaux, à quel point elle a gueulé à s’en déchirer les cordes vocales…Ses poings se serrent et elle prend sur elle, hochant la tête un éclat douloureux brillant dans ses yeux clairs. Raisonner logiquement devient parfois difficile. Salome comprend pourquoi ils font cela. Pour se protéger. Mais le vécu est parfois douloureux et depuis cette expérience la demoiselle apprécie peu les espaces clos ayant très rapidement l’impression d’asphyxier et des flashs de cette nuit interminable…Elle jette un regard à Rathbone et partage le poids de cette épreuve en fois de plus. Ils comprennent l’humiliation, la torture, la douleur, les cries qui n’avaient plus rien d’humain…Salome sous le regard inquisiteur du gardien se dirige en direction de l’évier et prends une serviette qu’elle humidifie. L’eau courante…inespérée. Elle humidifie le tissu et nettoie et rafraichit le visage de son ami, puis le sien. Tout ceci dans un silence morose. Elle boit offre à boire, puis boit allègrement. L’eau est pure et désaltère une soif devenue douloureuse. Elle sent encore la morsure du soleil sur sa peau tannée. Reposer la serviette puis observer son reflet dans le miroir. Croiser celui de Lexie au travers de son reflet. Ses paroles s’insinuent en elle comme un venin et les jointures de ses extrémités se blanchissent. Que lui répondre ? Choisir le détachement…pour éviter de montrer ses blessures autant physiques que psychiques. « L’enfer c’est les autres… » Simple. Efficace. Peut-être cruel. Elle ne discerne plus bien. Cela fait sourire Rathbone. Réalisant qu’elle aurait bien pu mourir mais qu’elle avait décidé de subir tous ces tourments pour revoir Lexie. « …cela expliquerait à bien des égards mon âme damnée » Elle passe sur ses lèvres la serviettes et essuie le sang. Il ne part jamais vraiment, imprégnant l’aura d’un corps. Rongeant chaque parcelle d’un être. Laissant toujours cet infâme goût métallique sur le bout de la langue. Elle se retourne pour faire face à Lexie. Elle veut la prendre dans ses bras. La serrer contre elle. Car son coeur meurtri ressent un sentiment étranger. De douce chaleur. De la joie de revoir ce qu’elle pensait hors de portée. Glisser ses mains dans ses cheveux et lui promettre que tout ira bien maintenant. Pourtant elle n’ose pas. Et si Lexie la rejette ? Que fera-t-elle alors ? Peur de l’inconnu. Des trois années qui les sépare. Elles ont changé. Pourtant pourquoi Salome ressent-elle cette même sensation indescriptible quand le regard de Lexie est posé sur elle. « Tu sais les exams ça n’a jamais vraiment été mon truc - j’ai du foirer celui de ma mort aussi. » La légèreté cela fait du bien. Elle sent un truc béant dans sa poitrine. Se demandant si c’est la délicieuse sensation d’un coeur allégeant sa peine ou bien réaliser qu’il n’est plus possible de ressentir autre chose que la peine.Tenter d’échapper au passé n’est pas possible. Lexie la connait trop bien.
Son merci brise le climat de légèreté qui s’était instauré. La blonde détourne son regard de son amie. Sa mâchoire se contracte de manière involontaire. « Merci … ? Pourquoi Lexie ? De vous avoir précipité dans un bâtiment sans avoir fait le tour avant. C’est ma faute. Je nous ai mis en danger. Ma… » Fermer les yeux un instant, garder le mot, atteindre que la bile monte avec et brûle sa trachée au passage. « …mort était d’un accord commun le juste marché pour que vous tous puissiez vivre. Je ne te dois rien. Tu ne me dois rien Lexie. » Menteuse… c’est faux, tu lui as promis de toujours être la pour elle, de toujours la protéger…Ensemble ou pas du tout…Pourquoi tu fais ça Sal, crie une voix au creux de son esprit. « Même pas un merci. » Elle connait Lexie trop bien pour savoir qu’elle ne sait pas sur quel pied danser. Qu’elle est aussi perdu qu’elle. Un sanglot meurt et elle passe une main sur son visage avant de secouer la tête incrédule. « Ça ne te ressemble pas Lexie. Tu crois que j’ai oublié ton regard ? Tu crois que je n’ai pas vu la… quand… » les mots n’ont plus de sens car elle comprend. Lexie sait très bien de quoi elle parle. De la haine, celle qui aveugle. Celle qui vaut tous les sacrifices. Celle qui vous dit, non putain je préfère qu’on crève tous plutôt que de te condamner toi. Ce lien qui les rendait unique. Réalisant ce qu’elle était sur le point de sortir Salome prend peur. Jamais elles n’avaient parlé de ce qui était sous-entendu. Les retrouvailles exposent leur petit univers car les années ont passé. Car le monde n’est plus le même et que la subtilité n’a plus sa place quand la minute suivante peut être meurtrière. Salome s’exprime. Passive Passion agressive. Animal blessé. Sa peur de la prendre dans ses bras. Sa peur d’être rejetée. Quel magnifique désastre que ces retrouvailles.
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Sujet: Re: Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix. ♣ Sal. Lun 1 Fév - 12:24
Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix.
❝ I was swimmin' in the Carribean, animals were hiding behind the rocks, except the little fish, but he told me East is West, And try to cry ❞
Ils viennent juste d’arriver dans ce qu’ils appellent ‘cellule’, mais qui pourrait presque passer pour un palace pour quelqu’un qui dort dehors depuis quatre ans. Il n’y a pas de véritables barreaux, ce n’est pas une vraie cage, c’est juste un nom, une idée, une illusion. Les gens s’enfermaient si vite dans les appellations… C’était une sorte de petite chambre, avec un garde toujours à l’entrée. Il y était passée, elle aussi, avec Gabriel, allongés côte à côté sur la paillasse au sol, qui semblait encore plus agréable que tous les lits de pins qu’ils avaient croisé jusque-là. Le garde devant la porte ne l’avait pas inquiétée, il l’avait rassurée, l’avait bercée. Elle ne cessait de se répéter qu’elle était en sécurité, là, que rien ne passerait cette porte, que les fichus zombies ne savaient même pas les ouvrir de toute façon, qu’il fallait profiter de cette nuit bénie pour se reposer, pour reprendre un peu de poil de la bête, de dormir, dormir comme avant, comme si rien ne s’était passé, comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes. Ils avaient dormi en chien de faïence, avec Gabriel, parce qu’ils ne connaissaient plus que ça, parce qu’ils n’avaient aimé que ça depuis des mois, des années. Pendant la nuit, elle s’était retournée, enroulant ses bras contre les flancs de son ami, qui avait sursauté non sans honte. Traqués comme des chiens, ils s’aimaient comme des bêtes, et ça leur allait bien comme ça. C’était sa première nuit sans rêve depuis si longtemps… Elle souhaitait la même nuit à Salome. Elle s’approcha de l’évier, prit une serviette douce, si douce, qui pendait mollement sur le côté, goûta l’eau pure, l’eau courante, laissant derrière elle le goût âpre de l’eau croupie au fond d’une bouteille. « L’enfer, c’est les autres… » Lexie ne peut s’empêcher de rire, car rire est devenue sa façon de ne plus pleurer, car citer Sartre au beau milieu de l’enfer terrestre symbolisait toute l’ironie de la situation, toute l’ironie de Sal. Lexie n’avait jamais vraiment adhéré à ce postulat, jusqu’à ce que la fin du monde leur tombe sur le coin du nez, jusqu’à ce que la réelle nature des hommes s’impose à elle. Elle avait toujours eu cette vision biaisée des choses, un peu naïve, ce jugement un peu hautain qu’ont les occidents parce qu’ils en ont le pouvoir et le temps – la mort est loin encore, si loin. Elle se pensait cultivée, une tête bien-pensante qui aurait révolutionné le monde – dans un autre univers, dans une autre vie. Elle voulait guérir le cancer avec l’homéopathie, guérir les maux avec les mots, tromper la mort avec des idéaux. Peut-être que ça avait fonctionné finalement ; elle était là, toujours là, en vie, respirant, bien-pensante. Mais tout le monde s’était écroulé autour d’elle. Les gens n’avaient plus le temps de mourir du cancer, maintenant. Et de toute façon, ils se relevaient après. « Cela expliquerait à bien des égards mon âme damnée. » Sal avait toujours eu un goût prononcé pour le dramatique, comme si les choses étaient toujours monstrueuses, désabusée. En contrepartie, Lexie n’avait rien vécu, rien vue de la part sombre de ces hommes qu’elle avait tout fait pour éviter, petit poisson multicolore passant entre les mailles du filet, abandonnant ses plus gros amis derrière elle, car le petit poisson ne pouvait rien contre les grands pêcheurs. Sal était-elle ? Etait-elle vraiment perdue au fond du gouffre ? Non, certainement pas. Il y avait encore cette lueur, cette lueur moqueuse, celle qu’elle avait à douze ans, quand elle était monté dans l’arbre, quand elle s’était pavanée devant sa bande d’amis avec quelques griffures écopées du sale caractère de Mikado. Sal semblait être immortelle, par biens des aspects. Elle avait toujours été là pour sauver Lexie du danger, que ce soit dans cette vie ou celle d’avant – des hommes, déjà, elle écartait les mains. Une question un peu trop surnaturelle hantait Lexie ; est-ce que Sal était revenue pour la protéger encore, à nouveau, comme elle l’avait toujours fait ? Elle ne pourrait pas supporter de la perdre une fois de plus Son cœur bat lentement, proche de l’apoplexie, ne comprenant pas. Son cerveau ne traitait pas correctement l’info ; les fantômes se mettaient à marcher. « Tu sais que les exams ça n’a jamais vraiment été mon truc – j’ai dû foirer celui de ma mort aussi. » Les études avaient toujours été importantes pour Lexie, mais elle brûlait d’envie de la féliciter de cet échec-ci. Pourtant, leur rencontre était irréelle, trop étrange pour être vrai, comme si entre elle planait le fantôme d’une Sal égarée, qui ne les retrouverait jamais. Elles avaient tant à se dire, et en disaient si peu. Comme un rempart les séparant. « Merci ? Pourquoi Lexie ? De vous avoir précipité dans un bâtiment sans avoir fait le tour avant ? C’est ma faute. Je nous ai mis en danger. Ma… » « Arrête de faire l’enfant. Merci d’être qui tu es, ce que tu es, d’avoir été avec moi, de nous avoir protégé, car même si c’était ma faute, plus d’un se serait tiré la queue entre les jambes. Merci d’avoir eu le courage, non seulement de risquer ta vie pour nous, mais aussi d’être restée en vie. » « Je ne te dois rien, tu ne me dois rien, Lexie. » « Je n’ai jamais dit que je te devais quelque chose. Je te remerciais, simplement. Arrête de faire ta tête de mule, et accepte. » Lexie s’approcha de sa petite blonde, de celle qui était plus petite en âge et en taille et qui pourtant les protégeait toutes les deux depuis des lustres, et elle la prend dans les bras. Son étreinte se fait douce, caressante, ses bras entourent lentement les épaules de Salome, car elle sait, elle sait que le contact physique peut être devenu un peu étrange après tout ce qui s’est passé. Elle sait que d’autres mains sont peut-être passées par là, sans l’accord de Salome, ou avec cet accord fantôme qui ne tient plus après l’acte. Elle attend de sentir les mains de Salome avant d’appuyer plus fort, de la serrer férocement. « Putain, je crois que c’est le plus beau jour de l’apocalypse. »
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Dernière édition par Lexie Littlewolf le Mar 9 Fév - 21:21, édité 1 fois
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Sujet: Re: Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix. ♣ Sal. Ven 5 Fév - 13:51
exie rit et la violence en Salome est balayée. C’est brutal. Des larmes manquent de se perler au creux de ses yeux. Cet éclat, elle l’a entendu tant de fois et comme le chant des sirènes elle a cru l’entendre dans les rues vides de villes morts, dans le bar miteux de Scott de la Zone 51, dans ses rêves les plus hallucinés. Salome a tant rêvé ce carillon qu’il en a perdu sa réalité. Qu’il a muté en cris distendus. Ceux-là mêmes qu’elle entendit à l’instant crucial qui due sceller leur destin. Nées sous des étoiles contraires - tout aurait été plus simple si jamais Salome n’était pas montée à la cime de cet arbre pour venir en aide à ce pauvre animal. Seulement ses yeux sommèrent l’enfant et pour ce feu dévorant ses prunelles pâles toutes les brûlures sont injures minimes confronté au brasier qu’elle provoque en ce simple échange. Se souvenir au son de ce rire qu’elle est prête à tout pour l’entendre une fois de plus et le provoquer à la moindre occasion. Car si tu es heureuse je le suis, qu’importe est ton bonheur - tu es mon amie et je t’accepterais toujours comme telle. Qu’importe le crime. Se demander si ce sentiment est toujours aussi fort pour son autre moitié. Opposées et pourtant complémentaires. Elles seront amenées à se déchirer c’est inévitable. Un lien d’une telle force. Salome sait qu’elle sera coupable à toujours vouloir la repousser pour son bien car elle a bien trop conscience de son caractère prompt à la faute. Elle recommence perpétuellement - toujours rongée par une haine viscérale d’elle-même. Et pourtant…Et pourtant Salome sait qu’elle ne quitterait jamais Lexie d’elle-même. Infâme noeud gordien qui ne pourrait être défait que par la délicate main de son amie.
Salome dans cette errance a beaucoup questionné le monde et ses concepts. Car il ne reste plus que cela quand le monde a ce sourire pâle sur les lèvres, comme celui d’une mère sans nouvelles de ses enfants s’efforçant de les sauver par sa confiance millénaire. Marcher seule sur des kilomètres, sans transports - sans autres avant d’arriver à la Zone elle a divagué, elle est tombée sur ses genoux usés par des chutes déjà répétés comme un numéro du music-hall joué chaque soir et ce depuis trop longtemps. Au sol alors que la nappe étoilée recouvre le ciel et que la lune barbouillée de poussière offre un voile sanguinolent. A la fin du monde que peuvent bien signifier nos préceptes de vie ? La conscience - quand l’humain est une bête sauvage ? L’espoir - quand le monde est un gouffre sans fond - Geryon en cette pandémie dévorant les peuples de la Terre ? Il y a toujours des réponses même quand les mots manquent. Elles se trouvent au creux du coeur de l’homme. Le tien a vite trouver son moteur. L’essence de celui-ci l’espoir de retrouver le sens même de cette existence. Pas de racines. Le seul souvenir d’un horrible matou pour mettre un pied devant l’autre et continuer à marcher…même dans la nuit profonde - au crépuscule des morts. Car cette amitié pour Salome est bien le seul amour qui comptât. Un amour se fait et se défait pour jamais ne durer. Tout se termine bien trop vite et l’on s’aime pour oublier que l’on est un être à part entière. L’amitié elle prend en compte la différence et vient à l’accepter. Le véritable ami ne juge pas. Il révèle à son alter-ego tout le sens de son existence. Il reconnait le besoin de celle-ci et de surcroit est légitimement en droit d’exiger cette amitié. Ce n’est pas appartenir à quelqu’un mais vouloir lui appartenir, servitude volontaire qu’il n’est pas nécessaire de questionner car les réponses se recoupent toutes. Parce que c’est toi. Et que je le ferais pour toi car cela me donne un sens - car même en cette apocalypse j’ai une raison d’être là. Alors pourquoi cette colère ? Ce souffle ardent sur cette pièce si propre - improbable. La demoiselle craint encore que tout ceci soit une mascarade.
L’eau passée sur son visage ne l’a pas réveillé et son corps pourtant douloureux ne parvient pas à lui indiquer qu’elle est en vie. Non. La douleur est quotidienne. Les courbatures et les cloques de vieilles compagnes de routes. Les coups s’abattant sur ce corps ne font plus mal depuis longtemps et cette lèvre déchirée ne l’empêche guère d’ouvrir sa bouche pour proférer ces paroles profanes. Sentir qu’elle perd son amie la terrifie et anime son être d’une volonté de rejet. Reculer devant l’obstacle. Non plus. Ce n’est pas sa manière de procéder. Plutôt foncer tête baissée et rentrer de plein fouet dans l’obstacle sous risque de ravager au passage tout ce dont elle s’est battue…oui, cela lui ressemble nettement plus et la récidive est fréquente et s’applique au présent comme par le passé et bien entendu l’avenir n’y sera guère exempt.
Elle balaye d’un revers de mains toutes ces imperfections et n’écoutent pas ce venin. Lexie comprend. Cela a pour effet de taire immédiatement l’ingrate et de la faire un peu reculer. Pourtant leader naturelle, elle se sent toujours en position de faiblesse face à Lexie puisqu’elle est bien la seule dont les paroles comptes réellement et vu ce qu’elle vient de cracher elle craint un courroux mérité. Ses dernières phrases sonnent comme un ordre, elle entrouvre les lèvres légèrement outrée pour exprimer son désaccord mais son amie la connait trop bien pour lui laisser cette occasion. Accepte. Son regard se baisse comme un enfant boudeur, coupée dans son élan. Ne ressentir qu’un nimbe de chaleur entourer son corps. Salome ne l’a guère vu venir. Elle ne pensait jamais ressentir ce qu’elle avait tant de fois espéré dans la nuit froide. Se sentir comme une gosse en manque d’affection et étouffer quelque sanglot. Tout ceci est bien réel. L’aboutissement d’une lutte. Cette étreinte met fin à ces années d’errances. Inespéré. Cela fait combien de temps qu’elle la cherche ? Une éternité ou deux. Réaliser toute la douleur qu’a pu provoquer en son amie en son trépas. Soubresaut d’incompréhension son bras retient celui de Lexie l’empêchant de complètement l’inclure dans cette étreinte. Son regard la questionnant une dernière fois…Tu es sûre de me pardonner ? Je ne veux pas que tu le regrettes par la suite.
Ses doutes se dissolvent au moment où sa poigne perd de sa force et elle se retrouve contre Lexie bien vivante. Le poids des épreuves passées s’évaporent et le temps s’arrête. Le visage reposant contre son cou la cadette laisse échapper un soupir de soulagement avant d’esquisser un sourire amusé à la remarque de son ainée. Elle ne dit rien pour le moment, ses bras immobiles s’animent de leur propre chef. Enlacent sa taille avec beaucoup de précautions avant de sentir le tissu glisser sous ses doigts. Le serrer pour s’assurer que c’est bien Lexie que c’est bien son amie. Ses ongles irritant l’épiderme protégé par le vêtement. Ne pas parvenir à retenir une larme solitaire finissant sa course contre la clavicule de Lexie. Leur étreinte est farouche, protectrice. Elles seront ensembles et personnes n’oseraient plus jamais les séparer. C’est ensemble qu’elles finiront cette histoire. Cela n’est plus envisageable autrement. Salome apprécie un peu trop celle-ci, sentir ses doigts appuyées sur ses épaules meurtris et refuser que plus jamais on ne la fasse souffrir. Elle aimerait la rassurer. Lui dire qu’elle est son unique bourreau ici-bas. Seule maitre de son destin. « Wow Catgirl, moi aussi ça me fait plaisir de te revoir » Elle se détache un peu d’elle pour lui offrir son premier sourire sincère, ses yeux brillants d’un éclat de malice depuis longtemps éteint mais que son amie a su créer d’une simple étreinte. D’un souffle elle l’a ramène sur Terre. « Tu pensais pouvoir te débarrasser de moi comme ça ? Ensemble ou pas du tout c’est ça hein ? » Elle efface de son pousse un peu de terre sur la joue de son amie, c’est un aveu silencieux qu’elle vient de lui faire. Lui rappeler leur promesse de toujours être là l’une pour l’autre. Lui dire indirectement que depuis leur séparation elle n’a jamais arrêté de la chercher partout où elle allait. Elle s’en moquait d’être comprise. Elle savait dans son coeur que ce contact valait tous les sacrifices et la nuit du monde pouvait bien être terrifiante elle s’en moquait bien tant qu’elle avait son amie à ses côtés. Salome ne fait pas attention aux témoins. Rathbone l’observe les yeux écarquillés ne comprenant pas bien ce qu’il vient de se passer, Salome sur le point de démarrer une dispute et désormais dans les bras de son ami. Il préfère laisser échapper un rire, amusé de cette situation et heureux de voir un peu de lumière dans ce monde de ténèbres.
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Sujet: Re: Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix. ♣ Sal. Mar 9 Fév - 21:21
Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix.
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Les bras de Sal l’entourent avec prudence, comme une petite poupée de son, qu’elle aurait peur de laisser échapper. Un instant, elle pense sentir les ongles acérés de Sal se planter dans sa peau, mais qui sait, peut-être qu’il ne s’agit que de la douleur de l’avoir perdue, puis retrouver ? Et peut-être un peu d’anticipation de la reperdre à nouveau, car il ne faut pas se leurrer. Sal n’a rien à faire au Angel’s Camp. Lexie aurait-elle le courage de suivre son amie ailleurs, quelque part dans ce vaste monde où un danger les guettait à chaque coin de rue. Lexie avait envie de stabilité ; laisser Salome entrer de nouveau dans son monde, dans son cœur, c’était accepter de la perdre encore une fois, une fois de plus. Lexie ne savait plus vraiment si elle étreignait un fantôme, une amie, une alliée, une future déception. « Wow Catgirl, moi aussi ça me fait plaisir de te revoir. » « Et même après ta mort, tu continues de m’appeler comme ça ? C’est plutôt toi, Catwoman aux sept vies… » Lexie aime bien ce surnom, au fond. Ca lui rappelle qui elle était, quand elle avait encore l’embarras de pouvoir porter son gros tas de chat, ce Mikado qui n’avait jamais eu de respect pour personne si ce n’était lui-même et sa gamelle de croquettes. Ca lui rappelle qu’il y avait eu un avant, et qu’il y aurait certainement un après, aussi. Ca lui mettait du baume au cœur. Elle s’était aussi résignée à se faire charrier par la plupart de ses amis, comme si elle portait sur son front la mention « frappez-moi et je ronronne », ce qui l’avait d’ailleurs toujours étonné. Avec ses larges épaules, ses joues remplies et sa carrure, elle aurait pensé être un peu comme la fille d’un bûcheron – on pouvait en rire, mais jamais devant elle. La fin du monde l’avait rendue maigre, sale, malodorante et elle avait perdu de sa splendeur, de son superbe, laissant ses cheveux gras devenir ce qu’ils étaient devenus, délavés de leur couleur synthétique ; mais qu’était-ce, de perdre une belle coupe de cheveux, quand on avait perdu tous ses amis ?Jamais, même dans ses rêves les plus fous, elle n’avait imaginé retrouvé Salome. C’était un rêve qu’elle s’était interdit, et qu’elle avait interdit à Flynn, aussi… oh mon dieu, Flynn… Comment pouvait-elle dire à Sal qu’elle l’avait laissé partir ? Comment pouvait-elle lui avouer la monstruosité de l’altercation qu’ils avaient eu. Flynn n’avait pas accepté. Flynn avait eu raison, et pourtant, Flynn n’était plus là pour en témoigner, car Lex n’avait pas eu la poigne, la hargne de souffler sur le petit fétu de paille qui constituait encore son espoir, son avenir, son bonheur. Salome dégingandée retira un peu de poussière que Lex avait sur le coin de la joue, et elle eut envie de pleurer ; Sal qui réitérait sa promesse, qui lui disait implicitement, toi et moi pour toujours, quoi qu’il arrive, quoi qu’il en coûte. Un petit geste qui venait de briser son cœur, car elle avait trop de secret, trop de souvenirs désagréables… Mais qui n’en avait pas ? Salome avait toujours été la plus apte des deux à survivre à cette déferlante de zombie – et sa présence le justifiait d’autant plus. Elle avait dû traverser plus, tellement plus, et Lexie pensait encore qu’elle était la moins bien lotie… Les gens ne changeaient donc jamais ? « Ecoute, Sal. J’ai besoin de te le dire, j’ai besoin de t’en parler. Tu voudras peut-être repartir de là où tu es venue après ça, mais je m’en fiche. On s’est dit à jamais et pour toujours, et je ne pourrais pas rester une éternité avec toi en te mentant. J’ai laissé ton frère. Je l’ai abandonné… Il… Il ne voulait pas croire en ta mort, j’ai voulu le protéger, je lui ai dit de rester avec nous mais… Enfin tu connais ton frère et… il est parti te recherché mais on n’a pas attendu avec Gabriel, on a continué, on est parti sans lui… Je suis désolée. » Elle se tortilla les doigts, comme quand elle avait six ans, parce que Sal est comme une grande sœur, comme une protectrice, et qu’elle a fait un truc très moche, un truc dont elle n’est pas fière, mais qu’il fallait que ça sorte, car sinon ça risquait d’empoisonner tout leur futur… Si toutefois futur entre elles il y avait. Elle lança un petit regard au compagnon de Sal, qui ne semblait pas bien comprendre pourquoi son amie se comportait ainsi. Lexie avait souvent remarqué l’effet qu’elle faisait sur son amie ; elle l’adoucissait un peu, enfin, elle le croyait, elle l’espérait. Elle aurait aimé avoir cet effet apaisant sur son amie… mais lui apprendre qu’elle avait abandonné son frère… ? Ca n’allait pas l’adoucir. Ca n’allait pas l’apaiser. Comment cela se pourrait ?
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Sujet: Re: Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix. ♣ Sal. Ven 12 Fév - 0:53
e plus faire attention autour d’elle. Comme si le centre de son univers se trouvait là sous deux iris bleutée. Combien avant Rathbone ont remarqué l’effet immédiat qu’a ton amie sur tes inclinaisons : plus mesurée, plus douce et attentive à elle. Personne d’autres n’a jamais mérité autant d’intérêt. Chaque jour et ce depuis que la mort a pris la main de celle que Salome appelait autrefois maman dans le sienne pour la guider vers le meilleur des mondes, elle s’est réveillé la bouche pâteuse et les yeux encore rougis de cette injustice. Le monde est une farce et la vie un piège cruel. Il faut battre cette trainée - brûler pour ne plus être qu’un petit tas de cendre, une poussière dans l’histoire du monde. Elle n’a pas grand chose à t’offrir vu comme elle est mal partie. Tout ce que Salome a obtenu elle du se battre bec et ongle pour l’obtenir. C’est à causes de ces gens comme elle qu’il est si dure pour la mort de mener à bien son métier. Car ils sont en guerre contre la vie. Ils ne lâcheront rien avant de l’avoir mis à terre et de s’approprier son feu ardent - en jouir plus qu’elle ne leur promettait. Ajouter à cette lutte, l’once d’un espoir et la voilà increvable la gosse. Car à vingt-et-un même pas Sal a vécu bien plus qu’elle ne le devrait - a vu tant d’horreurs et pourtant elle est là. Lexie Littlewolf. Un simple regard. Se sentir exister au travers de celui-ci. Décider de mourir sur le champs le jour où ses paupières se fermeraient définitivement. Espérer ne jamais être témoin de cet instant…mais qui sait ? Le monde est pervers, cruel. Suite à leur première altercation - le nez encore recouvert d’un sparadrap Salome a fait un drôle de rêve. Elle dors dans l’arbre, Mikado sur le ventre. Entends la voie de la jeune femme appeler son chat avant de sourire le voyant ainsi. Ses yeux ne sont plus rougis au réveil, ce rêve a chassé l’angoisse des nuits de solitude. Oui depuis sa rencontre avec Lexie : Salome n’est plus seule. Quoiqu’il en coute, malgré la distance, le temps et les épreuves, Lexie est là. Toujours. Même quand elle la croit morte - elle est là.
Si Salome n’a jamais cru en Dieu, elle croit en la force de l’esprit et de sa volonté à croire qu’il est capable de toujours plus quand il a trouvé sa voie. La sienne est de protéger ceux qu’elle aime : à commencer par son amie. Sa voix s’étrangle à cause de l’émotion alors qu’elle veut répondre, elle déglutit lentement. « Six vies Catgirl - oublie pas que le compteur tourne ! Et je peux pas être Catwoman - où est mon costume en latex noir moulant ? » Lui offrir un clin d’œil complice avant de remarquer immédiatement celui de son amie s’assombrir. Son cœur palpite, inquiet. Une panique s’immisce lentement en elle car ce regard, elle le connait trop bien. Elle l’a vu la première fois dans le regard de l’infirmière venue lui annoncer le trépas de sa génitrice. De la distance se crée inconsciemment entre elle. Pourquoi Lexie fait-elle cela ? Souffrir en silence et serrer les dents en attendant avec anticipation ce que son amie va lui dire. Détourner le regard de Lexie en entendant le début de ses paroles, lui tourner le dos pour être prête à faire face à un rejet de plus ? Son coeur se brise à l’annonce de ne plus rester ensemble car elle croit que c’est son amie qui veut rompre le leur lien. Autant dire à Salome d’aller se foutre la tête entre les canines de l’un de ses monstres…cela ferait le même effet. Réaliser dans la douleur la plus absolue que Lexie ne fait que lui dire une vérité qu’elle connait déjà. Expier sa douleur. Honnête Lexie. Tu aurais pu me parler de cela bien plus tard mais je vois que cela te pèse. Laisse moi te libérer de ce fardeau. Se retourner pour, du bout de ces doigts égratignés soulever le menton de son amie pourtant plus grande…mais son regard était plus bas que terre.
« Lexie, ce n’est pas ta faute. Un soir alors que tu dormais déjà je lui ai fait promettre de rester à tes côtés si jamais il m’arrivait quelque chose…je voulais que vous vous protégiez. Mais Flynn…tu le connais. Il est mon sang, mon frère - presque mon fils. Il a promis. Pourtant il savait que je n’étais pas morte. Il m’a retrouvé peu de temps après mon réveil et nous avons fait un bout de chemin ensemble avant que j’apprenne…avant que je décide de faire cavalier seul et de le laisser en sûreté avec des survivants. Je n’ai plus de nouvelles de lui depuis mais je sais qu’il est en vie - qu’il va bien. Vous n’êtes responsable de rien - c’est à moi de veiller sur lui. Je veux que tu m’entendes haut et clair Lexie : tu n’y es pour rien. »
Elle détache bien ses derniers mots tandis qu’un feu brûle dans le bleu de ses yeux. Elle n’aime pas voir son amie ainsi, autant s’en vouloir. Car elle voit en elle tellement plus. Un vrai héros. Une âme que la fin du monde n’aura pas brisée. Elle perçoit de la lumière et celle-ci a le don de soigner cet esprit tourmenté. Lexie a ce don de donner aux gens l’envie de croire en elle, de mourir pour elle et le plus beau…elle ne se rend pas compte elle même. Un nom résonne étrangement dans ses oreilles tandis que son regard se perds dans le vague et sa main glisse de la peau délicate de son amie, laissant un picotement subtil à ses extrémités. Omettre volontairement dans sa phrase la raison de leur séparation, ne pas encore être prête à dire à voix haute qu'elle a abandonné son groupe de survivants et son petit frère pour partir à la recherche de Lexie... « Gabriel est là aussi ? » Rien n’est déchiffrable dans cette réponse, le ton est neutre et il n’y a ni réjouissance ni dépit. C’est factuel .
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Sujet: Re: Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix. ♣ Sal. Dim 21 Fév - 11:29
Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix.
❝ I was swimmin' in the Carribean, animals were hiding behind the rocks, except the little fish, but he told me East is West, And try to cry ❞
« Six vies Catgirl - oublie pas que le compteur tourne ! Et je peux pas être Catwoman - où est mon costume en latex noir moulant ? » Avoir l’opportunité de voir Sal dans un costume en latex noir moulant vaudrait dix morts entre les doigts crochus des zombies. Mais Lexie n’a pas le cœur à rire, pour le moment. Elle vient de se libérer de son fardeau, plus lourd que le monde lui-même, celui qui est devenu sac-à-dos pour elle en comprenant que Flynn était certainement mort, retournée aux côtés de sa sœur là où vont les gens, les âmes, quand elles décèdent. Lexie n’est pas bien sûre de croire en Dieu, de croire au paradis, et à toutes ces conneries, elle ne sait plus bien où elle en est depuis l’apocalypse – et qu’est-ce que ça change de toute façon, qu’elle se demande ? Si Dieu existe, qu’elle y croit ou non ne changera en rien cet état de fait. Mais elle attend, curieuse de voir ce qui l’attend après la mort, si toutefois quelque chose l’attend. Ce n’est pas la mort en elle-même qui lui fait peur, c’est la douleur, la douleur puis le néant, le rien après l’existence. Quand on était mort, il n’y avait même plus de place pour regretter de l’être, mort. Nous n’étions tout simplement plus. A moins qu’elle se trompait ? C’était fort possible, et elle avait presque hâte qu’on la contredise. Le voilà ton paradis, Lexie, et on lui prendrait la main pour s’asseoir sous un arbre d’un verger éternel. Pourtant, quand elle croise le regard de Sal, quand elle sait qu’elles sont toutes les deux-là, avec un toit sur la tête, sans zombies à fuir, elle sait quelque part, c’est son petit bout de paradis à elle. Elle y est arrivée, voilà, au salut, au salut que tout le monde cherchait.
Elle dépose son fardeau aux pieds de Sal, lui laissant la maîtrise de la suite des évènements. Jamais Sal ne l’avait rejetée. Jamais elle ne l’avait envoyée paître, jamais jamais jamais. Mais il fallait bien un début à tout, n’est-ce pas ? Peut-être que c’était l’énième embûche que leur amitié, si forte et si fragile à la fois, aurait à surmonter. « Lexie, ce n’est pas ta faute. » Moi je le sais, Sal, mais mon cœur n’en fait qu’à sa tête, comme s’il se croyait digne de gouverner ma tête. Et alors, délivrance divine, Lexie comprend, elle comprend que Flynn n’est peut-être pas mort non plus ; ils ont fait un bout de chemin ensemble, ils ont continué à dormir ensemble, à se tenir la main, comme ils le faisaient quand ils étaient plus jeunes. «… mais je sais qu’il est en vie, qu’il va bien. Vous n’êtes responsables de rien – c’est à moi de veiller sur lui. Je veux que tu m’entendes haute et clair Lexie : tu n’y es pour rien. » La blonde attrapa la main de Sal, la broya presque entre ses doigts pourtant si délicats – autrefois. « Pourquoi n’êtes-vous plus ensemble, Sal ? En tout cas, tu ne peux pas savoir quel soulagement c’est pour moi, de savoir qu’il est en vie, qu’il va bien, que tu l’as revu. » C’était comme un petit ange qui s’envolait finalement de sur ses épaules. Flynn n’était pas mort par sa faute, par son manque de caractère. « Gabriel a proposé de l’attacher à nous, mais dans notre monde… Les gens qui ne veulent pas être sauvés, les gens qui veulent fuir, nous mettent constamment en danger. J’ai préféré le laisser aller de son côté. Et s’il est en vie aujourd’hui… mon dieu… » Elle passa une main sur son visage, fatiguée de toute cette peine, de toute cette peur, de toute cette souffrance. Peut-être que quelque part, derrière ce monde pourri, quelque chose de beau leur était destiné, quelque chose qui brillerait de mille feux, comme une ville de lumières, brillant sous les afflux du vent, toujours dressée pour panser les plaies des derniers survivants, de ceux qui y croyaient encore. « Gabriel est là, aussi ? – Oui, au moins aussi increvable que toi. Il sera si content de te revoir… Enfin quelqu’un qui n’est pas mort, enfin, pas pour de vrai. » Elle regarda autour d’elle, et se rendit compte qu’elles n’étaient pas seules, qu’il y avait tout un monde qui continuait de tourner tout autour d’elle, qu’elles avaient tant de choses à faire, à se montrer, à se dire… Toutes les cicatrices indéchiffrables apposées sur leur corps. « Dépose tes affaires ici, on va vous faire faire un tour à l’infirmerie, pour être sûrs que vous n’êtes pas mordus et aussi pour voir si on peut soigner certaines de vos plaies, et ensuite je vous ferai faire un tour du propriétaire. On était partis pour ça à la base, n’est-ce pas ? » Lexie se tourne finalement vers le compagnon de route de Sal, qu’elle ne connait pas. « Je tiens à te remercier pour ce que tu as fait pour Sal. C’est comme si tu avais protégé ma sœur, tu sais. » Et pourtant le terme est tellement loin de ce qu’elle ressent réellement, du violent sentiment qu’elle éprouve pour Sal. « Je m’appelle Lexie, enchantée. On va vite te retirer tes liens, mais il faut passer par la case obligatoire d’abord. C’est comme ça. »
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Sujet: Re: Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix. ♣ Sal. Ven 26 Fév - 16:45
es doigts sur la peau écorchée du poignet de Salome. Les lèvres entrouvertes, elle laisse échapper un gémissement de surprise à peine audible. Un inconnu ayant l’audace d’imiter le geste de son amie serait déjà par terre car Sal on ne la touche plus. Bête sauvage dont les muscles roulent sous une chape de plomb. Et même attachées, battue aux portes du divin Enfer elle serre les dents et n’offre pas le plaisir au bourreau de lire la souffrance sur son visage. Et pourtant Lexie est là, anime ses transports, allume dans son regard l’inquiétude et fait chavirer son monde si bien que son coeur a le mal de mer. Déglutir lentement. L’intensité du moment, la force dans sa poigne secouant ce corps d’électrochocs rappelle à Sal qu’elle n’est pas qu’un fantôme ou pire une carcasse en devenir. Non, sa vie est entre ses doigts - sur le bout des ongles. Tout le reste est perdition, une vie monochromatique. Debout la morte. C’est pour ce simple contact, ce paroxysme sensoriel qu’elle a marché sur les mains et les genoux. Et sur des milliers de kilomètres. Qu’elle a quitté son propre frère, ne lui offrant que ce qu’elle avait toujours souhaité lui éviter : l’abandon. Les chiens ne font pas des chats et les orphelins ne trouvent la catharsis que par la mimesis ou la distanciation. Sal se complet dans le paradoxe le plus total car la vie à avancé son fou lui laissant deux choix - sacrifier l’un de ses cavalier ou bien sa reine. Au nom de leur promesse, elle a choisit Lexie au lieu de Flynn, au lieu de sa propre chaire. C’est contre-nature mais le coeur a ses raisons que la raison même n’explique pas. D’un mouvement sec mais calculé, défaire le contact car Salome ne saurait mentir à sa soeur d’arme sous son regard perçant. Le picotement dû à son contact s’estompe et Salome peut à nouveau respirer normalement. « Quelqu’un. Resté derrière. Je lui avais promis de revenir le chercher. Les survivants voulaient continuer à avancer. Il voulait venir avec moi. Je me suis faites comprendre et il est resté à leur côté. » Tout ce qui fut dit dans ce discours monosyllabique ne contenait aucun mensonge. Cela reste vague mais elle n’a pas besoin d’en savoir plus pour le moment. Lexie sait qu’il ne faut pas trop forcer la main à Sal car elle fait partie de ces gens qui se braquent facilement et peuvent se murer des heures durant dans le mutisme.
La proposition de Gabriel fait s’arquer un sourcil de la cadette et un rictus moqueur étire ses lèvres fendues. Ignorer la douleur, au fond c’est vrai ce qu’on dit à l’armée : tout est dans la tête. « Gabriel…attacher mon frère ? J’aurais bien aimé voir cela. Il a toujours sous-estimé notre capacité à nous montrer déraisonnable » Et le mot est faible trouve la demoiselle pour d’écrire les têtes de mules qu’ils peuvent êtres de temps à autres quand ils ont une idée bien en tête, il est rare qu’on parvienne à l’y déraciner. Donc Gabriel était encore en vie. Il a protégé Lexie tout ce temps. Son meilleur ami - le vieux complice de Sal. Un trio infernal. Au fond d’elle la survit de son vieux compère la laisse mitigée. Un part d’elle se réjouit qu’il n’est pas été un festin pour les zombies. Toutefois elle ne peut s’empêcher de ressentir une pointe d’amertume à se dire qu’il a été au côté de Lexie pendant tout ce temps alors qu’elle, elle a affronté toutes ces épreuves seules. Sans personne pour lui tendre la main. Cela a toujours été ainsi. Elle a l’habitude au fond. Si elle devait se construire un avenir ici-bas elle devra le faire à contre-courant et par la sueur de son propre front. La vie a décidé de lui faire front - qu’à cela ne tienne Salome est la pire teigne que le monde ai enfanté. Enfant terrible. En guerre avec le monde et bien décidé à inverser la courbe et planter la fatalité.
Voir Lexie hésiter sur le mots dévoile à Salome quelque chose qu’elle n’a pas encore bien intégré. Avant aujourd’hui Lexie la pensait morte et enterrée. Elle n’a pas cru un instant qu’elle avait survécu comme Salome y avait cru…Et pourtant elle a continué à survivre…avec Gabriel. Se perdre dans de sombres élucubrations dont elle n’a aucune preuve et pourtant même si ça la blesse elle est quand même heureuse. Si c’est ce qui fait son bonheur qui est Salome pour se mettre en travers de celui-là. Qu’il en soit ainsi. Alea jacta est. Elle se détourne de son amie pour recopier son action, retrouver emprise sur le réel.Ils sont dans cette pièce close. Déglutir et prendre sur elle. Chasser ses angoisses, essayer de les divertir. La voix de Lexie résonne dans l’air - faisant la liste de ce qu’il leur restait à faire pour aujourd’hui. Ne plus avoir la notion de jour et de nuit à force d’être toujours aux aguets. Cela fait drôle à Sal, elle se contente de grimacer à la mention du passage à l’infirmerie. Ses plaies elles les pensent toute seule. Elle déteste qu’un inconnu la touche. Mécontente de la tournure que prenne les choses, la petite blonde n’offre qu’un hochement de tête en réponse aux explications de Lexie. Se perdre dans ses rêveries en détaillant son amie - toujours aussi jolie. Une rose poussant parmi les orties. Se tourner vers Rathbone pour le remercié. Avant de répondre à Lexie il jette un regard amusé à Sal. Humour noir. Si seulement Lexie savait. Ils ont fini par s’accepter bonnant malant, n’ayant pas manquer d’essayer de s’entretuer respectivement à plusieurs reprises - la captivité ça vous monte à la tête ça fait de vous des bêtes sauvages - ils se sont apprivoisés au fil du temps mais ne se sont jamais rien promis. Alors oui, Rat’ l’a protégé et Sal aussi mais si un jour l’un doit coller une balle entre les deux yeux de l’autres y aurait-il vraiment une hésitation avant d’appuyer sur la détente ? En bon camarade il hoche la tête. « Merci Lexie, je te serrerais bien la main mais vois-tu c’est un peu compromis… » Il lui offre son habituel sourire mutin et Sal esquisse un sourire. Salome ne veut pas penser à l’appellation que lui a donné Lexie, cela la déplaisant car elle-même ne met pas Flynn sur le même pied d’égalité que Lexie. Cela la blesse un peu plus mais il est toujours plus facile de remuer le couteau dans la plaie une fois qu’il est déjà planté.
Un garde vient enfin libérer Rathbone et Salome laisse tomber son sac à dos au sol. Elle défait lentement son bandana autour de son cou mais garde tout de même son blouson trop grand. Même avec cette chaleur. Ils se dirigent en silence vers l’infirmerie. Une fois devant le “médecin“ après quelques réticences Salome laisse tomber son blouson, puis son sweat-shirt et enfin son débardeur. Son jean usé rejoint bien vite le sol. Se sentir à nue ne la dérange pas vraiment mais il fait un peu trop frais dans le local à son gout. Elle ne veut pas montrer un corps aussi abîmé à son amie, elle ne veut pas qu’elle voit à quel point ils l’ont fracassé dehors. Pourtant, aussi improbable que cela puisse l’être elle est encore vivante. Il y a des des plaies récentes sur les parties de son corps les plus exposés surtout sur ses mains - son cou, son visage. Le médecin regarde en premier la longue balafre et s’émerveille sur le fait que Sal ne soit pas encore borgne. Elle soigne sa lèvre et les autres plaies superficielles - observent les quelques brûlures circulaires sur ses avants-bras récoltés lors de leur séjour ses les cannibales. Rathbone est abimé si ce n’est plus qu’elle. Le silence règne lors de l’examen complet. Personne n’a envie de parler du pourquoi du comment. Tout le monde sait que le chemin qui les a mené ici fut un chemin de croix - pénible et douloureux. Une fois que tout est bon, ils se rhabillent. « Alors madame la guide, tu nous montres ton bled ? » Lance la jeune femme pour détendre un peu cette atmosphère oppressante.
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Sujet: Re: Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix. ♣ Sal. Lun 18 Avr - 22:34
Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix.
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« Quelqu’un. Resté derrière. Je lui avais promis de revenir le chercher. Les survivants voulaient continuer à avancer. Il voulait venir avec moi. Je me suis faites comprendre et il est resté à leur côté. » Je me demande si elle dit la vérité : mais Sal ne me ment pas, pourquoi le ferait-elle ? Je n’ai jamais douté de sa sincérité, et je ne peux pas commencer aujourd’hui. Flynn va bien, c’est tout ce qui compte. Mais maintenant qu’on est ensemble, maintenant qu’on s’est retrouvées, qu’est-ce qu’on va faire ? On va repartir, chercher son frère ? Ici c’est un endroit bien, un endroit safe. Qui finira peut-être brûlé par les monstruosités des humains, pour le moment c’est le meilleur « chez moi » que j’ai depuis longtemps. Je ne veux pas abandonner cette sécurité. Mais si Sal me demandait de marcher en enfer, j’irais. Maintenant qu’elle était là… elle était là… Fermer les yeux, se laisser emporter par les doigts rongés par la vie, plus rien n’avait d’importance, parce qu’elle était là. Pourtant, il fallait déjà se reprendre, cligner des yeux et marcher, un pas après l’autre. « Gabriel…attacher mon frère ? J’aurais bien aimé voir cela. Il a toujours sous-estimé notre capacité à nous montrer déraisonnable. » Je ne peux m’empêcher de sourire. Je me souviens de comment ils sont, ces deux-là. Une vague de tristesse m’envahit cependant, je ne savais pas vraiment pourquoi – peut-être que les choses devaient être comme ça. Nous avions grandi, évolué l’une sans l’autre pour finalement se retrouver, aujourd’hui. Rat’, le compagnon de Sal me remercia, et fit une pointe d’humour. Je ne pus m’empêcher de sourire, avec ce sourire de louve que Sal m’avait envié à un moment – elle avait celui du dragon, et elle savait cracher du feu, je ne comprenais pas ce qu’il lui fallait de plus. « - On va arranger ça. Je ne savais pas que Salome avait retrouvé son sens de l’humour entre temps. » Petite boutade, comme j’aimais parfois en faire… avant… C’était étrange de retrouver si rapidement ses marques avec une personne qui vous avait serré le cœur si longtemps. Dans mes rêves, parfois, je me moquais gentiment de Salome, ne pouvant pas le faire ouvertement – eh Sal, je me moque de toi alors que t’es morte et que moi je suis encore bien vivante. Maintenant, tout était, serait différent. Un garde arrive et libère finalement le compagnon de son amie. La blonde laisse tomber son sac au sol, comme son cœur qu’elle abandonnerait à mes pieds. Elle défait son bandana, et j’ai presque l’impression de la surprendre dans un moment intime, comme si quelque chose de nouveau se révélait à moi. Je détourne pudiquement le regard, ne sachant plus quoi dire, quoi faire. Est-ce que moi aussi, je pourrai la faire rire comme avant ? On se dirige vers l’infirmerie et je me plonge dans la contemplation du dehors, par la fenêtre, car je ne veux pas rendre Salome plus mal à l’aise qu’elle ne l’est déjà à déposer sa carapace à terre, face à un médecin ; toutefois elle sait que c’est pour son bien et elle s’active, comme d’habitude. Elle a une certaine capacité à toujours faire les choses qui doivent être faites, que je lui envie, car j’en suis totalement dépourvue. « Alors madame la guide, tu nous montres ton bled ? » lance Sal, toujours grinçante : quelque part, elle essaye aussi de détendre l’atmosphère, à sa façon. Je hochai la tête. On sort sous le cagnard, et ma tête tourne ; je ne sais pas par où commencer, ni comment exprimer la reconnaissance que j’ai envers ce petit bout de paradis qui est tombé sous mon nez. « Je ne sais pas trop ce que vous avez prévu pour la suite. Si vous avez un autre endroit où aller, si tu veux retrouver ton frère… Eh bien, c’est sûr que j’aimerais rester ici, il y fait bon vivre. Mais sinon, je vous suivrai. » J’avais envie que les choses soient dites, claires et posées. Nous n’avions plus le temps pour les non-dits, pour les longs silences dignes des meilleurs films western. Aujourd’hui les choses devaient être dites avant que vous n’ayez plus de bouche pour les dire. « Tu te sentiras peut-être un peu comme en cage au début, mais après tu vas voir… Avoir un toit sur la tête, une douche qui fonctionne, des champs dans lesquels travailler… Oh, les cauchemars ne partent pas, je vais pas vous vendre du rêve non plus. Mais je pense qu’on peut cicatriser. Un peu. Au moins physiquement. Et reprendre un peu de poil de la bête, parce que Sal, t’as l’air vraiment d’un rôdeur comme ça. » Elle était toute maigre et toute pâle : comment lui en vouloir ? J’avais envie de lui proposer de venir dormir avec moi, ce soir, de déroger à mon envie de filer dans les draps de Gabriel pour me serrer contre le corps de Sal, dont toute la chaleur s’était certainement évaporée tellement elle semblait évanescente. « Vous avez peut-être faim ? Venez, je vais vous montrer la cuisine. Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? Je travaillerai plus tôt demain matin pour compenser ça. Peut-être même que tu serais capable de devenir une vraie petite fermière, qui sait ? » Oui, qui sait… « Je parle trop, nan ? Je parle trop quand je suis stressée. »
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Sujet: Re: Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix. ♣ Sal. Mar 3 Mai - 0:30
avaler sa salive. Faire le vide au moment de sentir des doigts étrangers effleurer ces aspérités sur cette peau blafarde. En contraste radicale avec ce visage tané, ces mains usées, ces yeux fatigués. La fraicheur d’une brise légère – courant d’air divertissant la blonde du verdict médical. Inspirer. Expirer. S’exécuter docilement. Ce supplice a une fin. On propose des affaires propres. Décliner poliment. Ces vêtements sont comme une seconde peau, une armure, entretenue – même quelque fois lavé. Ils sont à l’image du périple parcouru pour arriver à Lexie. Elle est là. Juste à quelques mètres. Le regard au loin…Suffisament pour ne pas voir celui de Salome s’assombrir à cette attitude. A-t-elle donc honte à ce point de la carcasse de son amie pour ne pas avoir le courage de la voir…pour refuser d’affronter la réalité ? Rath dirait que la blonde se pose trop de question et il a sûrement raison. Ne pas remettre son blouson qui pends mollement autour de sa taille – perdre une couche pour éviter de suffoquer à l’extérieure. Ce sweatshirt miteux est amplement suffisant. Incapable de dévoiler plus une peau d’asphalte – sans crème solaire, la jeune femme finira en cloque humaine. Nouer au moment de sortir dehors son bandana pour se protéger du soleil cuisant. Ses yeux s’accommodent lentement à la luminosité. Ne pas perdre du regard son amie, qu’elle a tant cru apercevoir dans une foule de non-êtres, celle dont le nom a fait écho dans tant de lieu, dans tant de bouches…Lexie Littlewolf – la légende urbaine. Une petite blonde cherche une grande blonde. C’est sa sœur ? Non. C’est sa meilleure amie d’enfance ? Ca se peut. Elle la cherche depuis combien de temps ? Jsais pas mec, elle est juste encore là le regard vide, perdu dans les flammes – tu la feras pas changer d’avis mon gars si tu veux mon avis…elle a oublié même le putain de sens de sa quête… Encore un flashback. Surgit comme ça à l’improviste. Le soleil, ce traitre, joue des tours et ses rayons sont aussi vifs que les peaux écaillés des reptiles mortels. Ils usent la peau lentement. Si c’est pas les morts-vivant qui auront raison d’eux c’est bien ce batard qui va finir par les crever...Mère nature n’est plus bien digne de confiance ces-jours-ci, suivant l’exemple de son collègue l’astre du jour. La lune, on peut bien lui demander des choses, elle reste visage figé dans l’horreur, sa lumière pâle vicieuse – dissimulant des mouvements fourbes en son sein obscure. Mouvements pour la plupart léthal.
Salome vient de ce monde où chaque nuit au moment de s’endormir on ne prévoit pas la journée du lendemain – vaut mieux pas prendre l’avance. La mort est une amante cupide, farouche. Sa voix a toujours ce don bien particuliers de la sortir de ses divagations absurdes. Ecouter cette confession en silence. Prendre le temps d’examiner une fois de plus la ville, se retourner sur elle une fois ou deux tout en l’observant. Cet endroit c’est un putain de Disneyland. Ou plutôt Dismaland…Du carton pate…ça va bien finir par s’effondrer et il faudra reprendre la route. Ils ne sont pas plus sages que les Lotophages. Demeurer ici – c’est renoncer à la fureur de vivre de dehors. Pourtant. Ce n’est pas Calypso. Ce n’est pas Nausicaa. Pénélope est là et aussi loin d’Ithaque ce lui puisse sembler, il faut courber l’échine. Lexie a toujours su apaiser ses troubles d’un simple effleurement, calmer le doute dans son esprit avec sa voix, ses paroles qui font sens dans son nonsens. Salome protestera sûrement un autre jour. Pour le moment, elle sent ses jambes supporter péniblement son poids et ses paupières trembler de fatigue. Ne pas avoir la hargne suffisante pour rejeter l’idée de rester ici – tant que cela dure. Toucher en plein cœur par ses dernières paroles. Déglutir lentement pour trouver ses mots, lorsque sa main effleure celle de son amie pour la rassurer. « J’ai besoin d’un peu de temps… ne parlons pas de départ quand la seule envie que j’ai est de m’asseoir et de rattraper ce temps que nous avons perdu… » Eluder la question de son frère quand elle sait que Lexie a déjà la réponse. Salome connaît suffisament bien sa chaire pour savoir qu’il la retrouvera même à l’autre bout de la terre, même aux confins des oceans, il retrouverai sa très chère sœur. L’aveu de Salome est d’une étrange honnêteté qui lui donne lentement une impression de vertige et une torsion au creux du ventre inconnue d’elle…ou bien oubliée.
La description que lui fait Lexie est presque paradisiaque…blague à part…Se crisper en pensant que c’est bien possible que la jeune femme parle de son propre vécu. Ne rêver que de chasser ces tristes cauchemars comme elle le peut…ceux-là concernent peut-être la mort de Salome…Ses pensées s’assombrissent mais bien vite elle doit réagir quand Lexie ose la comparer à un rôdeur. Son expression passe par différents stades, de l’incertitude à une mine boudeuse. « Merci Lexie, moi aussi je suis heureuse de voir que ton travaille de fermière t’a suffisamment ramolli le cerveau pour me confondre avec l’un des leurs…je saurais donc faire attention quand je me promène seule dans les champs à ne pas me faire tirer à vue. » Son sourire réapparait au fil de ses mots avant d’offrir un clin d’œil complice à sa vieille amie. Se perdre dans le flot de ses paroles pour juste savourer sa voix, bien réelle. Douce, sirupeuse – perdue depuis trop longtemps et à peine retrouvé. Même si ce qu’elle disait ne signifie rien elle écoute ce charabia comme la plus belle des louanges.
A l’évocation de nourriture, sentir cet estomac se tordre d’une toute autre manière et leur regard se croise immédiatement avec Rath. Même si Salome, elle, n’a plus vraiment faim – de rien. Elle a perdu le gout depuis bien longtemps…même avant les mangeurs de chair humaine…le manque ça remplit au bout d’un moment et remanger correctement devient plus difficile qu’avant…pas encore anorexique mais si la blonde ne met du sien à manger c’est bien ce qui la menace… « Mangeons alors. Je pense que Rath ne dirait pas non à un petit casse-croute – j’entends son estomac d’ici. » Entendre une protestation venant de derrière et offrir un demi-sourire à Lexie avant de poser une main sur sa joue. Réelle. « Mange avec nous Lexie. Puis retourne travailler. Autant que je désire ne plus jamais te quitter d’une semelle – je…suis fatiguée. Demain promis je serais toujours là. Je ne bouge plus. » Souffler cette promesse juste pour elle, presque inaudible avant de se diriger vers ce qu’elle lui a indiqué auparavant être le réfectoire. Le sort cruel ne laisse pas de seconde chance habituellement. Autant la saisir et s’y accrocher…et ne plus lâcher. Rien.
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Sujet: Re: Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix. ♣ Sal. Lun 30 Mai - 13:40
Parfois j'ai l'impression d'entendre le son de ta voix.
❝ I was swimmin' in the Carribean, animals were hiding behind the rocks, except the little fish, but he told me East is West, And try to cry ❞
« J’ai besoin d’un peu de temps… ne parlons pas de départ quand la seule envie que j’ai est de m’asseoir et de rattraper ce temps que nous avons perdu… » Je hochai lentement la tête. C’était compréhensible. Mes pensées tournoyaient dans tous les sens, comme si rien n’avait plus d’importance. J’avais simplement envie d’entendre le son de sa voix, même si cela signifiait de dire des bêtises, de dire des choses superflues. Juste pour être sûre qu’elle était là, tangible, et qu’elle ne partirait pas tout de suite. Qu’on restait ensemble. Pour toujours. Enfin, toujours avait pris une certaine définition écourtée par les temps qui courraient. Mais au moins était-elle là pour me dire que je m’emballais trop, que je pouvais me taire et juste profiter du moment. Ma comparaison avec un rôdeur semble atteindre Salome, mais elle ne sait pas comment se comporter en face de moi. Est-ce que je le sais moi-même ? Sa façon d’être, sauvage, a toujours eu quelque chose d’incroyablement fascinant, comme si elle ne savait jamais sur quel pied danser. Et mon côté volubile n’aide vraiment pas. Se souvient-on seulement de ce que l’on était avant ? De ce que l’on avait l’habitude de faire, de dire, notre façon d’être quand nous étions ensemble ? Peut-être avions nous évolué de manières différentes, et que nos chemins s’éloignaient lentement. Ou alors tout était parfait. Tout serait parfait. Comme ce petit coin de paradis que j’avais trouvé après des pérégrinations désagréables. « Merci Lexie, moi aussi je suis heureuse de voir que ton travaille de fermière t’a suffisamment ramolli le cerveau pour me confondre avec l’un des leurs…je saurais donc faire attention quand je me promène seule dans les champs à ne pas me faire tirer à vue. » Je ne savais pas quoi répondre à cette réplique mordante, mais qui ressemble tellement à Salome. Elle pourrait m’insulter que je trouverais certainement ça agréable. Comme le chien battu par son maître mais qui revient, inlassablement, la queue entre les pattes. Mais il y a le sourire, le sourire de Salome pour illuminer les mots, les propos, les paroles, le sens et je sais qu’elle s’amuse. Qu’elle ne sait pas non plus comment réagir. Que nous sommes juste deux âmes perdues et cisaillées qui se rencontrent à nouveau, au détour d’un chemin, de manière inattendue. Salome accepta le repas et souligna que son compagnon semblait être un gros mangeur. Très bien, il y aurait de quoi les nourrir, ici. J’étais contente d’au moins leur offrir ça, à défaut de retrouvailles mémorables, à défaut d’autre chose, d’un cadeau, je ne savais pas, de bienvenue peut-être… Mais comment aurais-je pu devenir qu’elle était encore en vie. L’incohérence de toute cette situation tournait encore dans ma tête alors que nous étions ensemble depuis de longues minutes déjà. J’avais envie de me pincer, voulant être certaine qu’il ne s’agissait pas d’un vilain cauchemar dont on se réveille au matin, un sourire aux lèvres et la peine au cœur.
« Mange avec nous Lexie. Puis retourne travailler. Autant que je désire ne plus jamais te quitter d’une semelle – je…suis fatiguée. Demain promis je serais toujours là. Je ne bouge plus. » Je hochai à nouveau la tête ; je dirais amen à tout ce qu’elle dirait. Mais elle a raison, quelque part : elle sera reposée, en sécurité. Elles auraient tout le temps du monde pour discuter demain. Et après demain. Et peut-être même toute la semaine entière. Je n’étais pas certaine d’avoir assez à lui raconter pour peupler les longues journées que nous passerions ensemble, mais juste rester en silence près d’elle suffirait. Tout me suffirait. Peut-être même que demain matin, le monde lui paraîtrait plus beau, et qu’elle pourrait dépeindre un meilleur portrait encore de ce qu’était sa vie au Angel’s Camp. Car la prochaine étape consistait à persuader Salome de rester ici, avec elle. Je me rends compte alors que je n'ai pas pipé mot depuis lors. Je suis plongée dans mes pensées, incapable de croire en ce que mes yeux me montrent. Mais ce n'est pas grave. Ce n'est pas grave. Ma langue se déliera demain.