Je me tournais dans mon lit une nouvelle fois après l’avoir déjà fait une bonne trentaine de fois. Je ne parvenais pas à trouver le sommeil et ce lit, ce foutu lit me paraissait trop confortable. C’était le problème de ce camp, il était trop confortable pour qu’il me paraisse réellement vrai. J’étais pensif, sans doute trop mais je ne voulais pas me reposer sur mes lauriers. J’aimais cette endroit et si je le pouvais, j’aurais voulu passer le restant de mes jours ici, avec mon frère, ce grand frère que je croyais avoir perdu mais qui finalement était à présent à mes côtés. Mais comment un endroit avec si peu de défense et bien trop d’insouciance pourrait dure ? Concrètement c’était déjà un miracle que cet endroit a tenu aussi longtemps dans un monde comme celui-ci. Mais combien de temps cette petite chance durerait ? Il y aura bien un moment où les rôdeurs seront attirés par le bruit, par l’odeur et qu’ils tenteront de franchir ces grilles, ou tout simplement qu’un autre groupe malintentionné veuille tout ce petit confort. Les gens ici était sans défense, ils étaient simplement fous de s’en contenté. Plus de la moitié des habitants de l’Angel Camp ne savait même pas se servir d’une arme et saurait encore moins faire face à un rôdeur. Dans un sens on pourrait voir cela comme une chance mais d’une autre, l’ignorance est notre pire ennemi. De quoi avais-je peur ? Dans mon cas, en cas d’attaque je saurais sans doute me défendre et je pourrais quitter ces lieux sans trop de mal ou du moins toujours envie, Luke aussi. Dylan saurait protéger sa sœur sans aucun doute mais serais-je capable de l’abandonner ? Comme toute les personnes de cette maison. Rien que ça, je commençais à m’attacher à d’autre personne, j’avais l’horrible sensation que ce camp faisait resurgir l’ancien Nikolaï, celui que je n’étais maintenant plus, celui qui avait peur de faire front, qui a fui, celui qui était tout simplement un faible. C’est aussi pour cela que j’ai pris la décision de rejoindre le raid pour les excursions en dehors, de façon à ne pas perdre la main et à continuer à chercher mon père aussi. S’il avait tenté de rejoindre la zone 51 peut-être voudra t’il rejoindre un camp comme celui-ci. C’est du moins ce que j’espérais de tout mon cœur. Pourtant cette nuit cela me tracassait un peu plus, sans compter que mes pensées n’arrêtaient pas de revenir à Enzo… J’aurais tellement voulu que lui connaisse un endroit comme celui-ci et non pas que sa vie se termine dans un enfer. Mon cœur se serrait rien qu’à cette idée. Je ne devais pas penser à lui. Je me redressais finalement, je crois bien que ce n’est pas cette nuit que je parviendrais à dormir… Je quittais finalement mon lit posant mes pieds nus sur le plancher. Je rejoignais d’un pas silencieux le salon de la maison. Je devais retrouver mes chaussures pour pouvoir aller faire un petit tour, c’était le mieux à faire pour me libérer l’esprit. J’entendais cependant un bruit un peu plus loin, je tentais alors d’attraper le couteau à ma ceinture tout en me retournant en cas de défense, mais évidemment je ne le portais pas en pleine nuit et la personne qui venait de faire craqueler le plancher n’était pas un rôdeur mais Maebh, l’une de nos colocataires et une amie de Luke. « Ah c’est toi, tu m’as fait peur » Il faisait sombre dans la maison, mais je lui souriais tout de même en distinguant les traits de son visage. « Tu ne dors pas ? »

C’était tellement étrange, de vouloir s’accrocher à un endroit dans lequel on ne croyait pas et ou on ne se sentait pas en sécurité. C’était le cas de l’Angel Camp, cet endroit dont le confort était presque inimaginable pour une personne ayant vécu ne serait qu’un peu à l’extérieur de ses murs. Un endroit si idyllique renfermant pourtant tant de faiblesse. Des habitants tellement naïfs que je me demandais s’ils avaient un jour fait réellement face à l’apocalypse… Un retour à la vie si brusque que le survivant en moi craignait de s’y habituer. Devenir faible, redevenir celui d’autre fois, celui qui me hante encore parfois pas ses craintes. Je ne pouvais tout simplement pas être serein, je restais constamment sur mes gardes jours et nuits pensant constamment à tout ce qu’il pouvait se passer. Comment nous en sortirions-nous, comment Luke et moi survivrions ? Et Abby ? Maebh ? Dylan et Danny ? Toutes ses personnes, j’avais appris à les connaitre et à les apprécier mais je ne devais pas m’habituer à leur présence. Seulement c’était déjà fait. Je savais que je tenais à chacune de ses personnes en sachant très bien que le destin pouvait nous mener à nous séparer. J’avais dû me séparer de papa et Enzo pour ma survie étant plus jeune. J’avais dieu merci réussi à me séparer d’Ellie mon tortionnaire et pour des raisons fraternelles, j’avais abandonné Nael, Faith et Clarke. Pour quelle raison ce groupe ferait il exception ? J’espérais juste qu’elles ne mourront pas.

J’avais donc fini par quitter mon lit, l’esprit trop préoccupé par ces pensées sombres qui subsistaient dans mon esprit me rappelant sans cesse que cet endroit était trop peu défendu, trop risqué, trop instable. Me rappelant aussi que je détestais cet endroit et tous ses habitants faibles comme des enfants. Cela m’énervait presque mais je n’avais pas conscience que la violence dictait mes conduites. C’était pour moi la seule chose qui me prouvait que j’étais encore en vie, être toujours sur mes gardes car les morts tenteraient de me manger. Ici, parfaitement à l’aise dans cette petite maison, je me sentais inutile sans but précis puisque la survie m’était offerte. Je n’avais pas à me battre pour ma vie, pire encore on me proposait de retourner à l’école. Belle connerie. Je posais doucement tour à tour mes pieds sur le plancher en tentant de faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller la maison dont la plupart avec encore des réflexes aux aguets. Cependant alors que mes pas me guidèrent jusqu’au salon pour retrouver mes chaussures, j’entendis des bruits dans la cuisine qui m’alarmèrent. Je finissais tout de même par remarqué qu’il ne s’agissait que de Maebh pour mon plus grand soulagement. Mais au fond je m’étais inquiété pour rien. Je souriais lorsqu’elle me répondait que c’était bien la première fois qu’elle parvenait à effrayer quelqu’un. « Tu es terrifiante pourtant » ajoutais-je avec humour. Maebh était bien la moins effrayante de la colocation mais n’en restait pas moins à mes yeux une survivante courageuse à ne pas sous-estimer. Du moins je le pensais, puisqu’elle avait survécu à de nombreux mauvais pas.

Je lui avais ensuite demandé si elle ne dormait pas. Question idiote, elle était en face de moi. Mais la vraie traduction était : pourquoi tu ne dors pas. Elle me répondait simplement avec une pointe d’humour que Morphée ne voulait pas d’elle. Je la comprenais, il ne voulait pas de moi non plus. Ou elle… J’sais même pas si Morphée est un mec ou une nana. On s’en fiche au pire. Je souriais de plus belle lorsqu’elle reprenait la parole, supposant que moi non plus je n’y parvenais pas à moins d’être victime d’une forme de somnambulisme. Elle m’avait ensuite secoué une bouteille de lait me demandant silencieusement si j’en voulais. « Je veux bien » Je m’approchais un peu plus d’elle avant de m’appuyer sur l’un des plans de travail. « Et non moi non plus, mais j’ai l’habitude. » Répondis-je simplement sans plus d’explication avant d’attraper le verre qu’elle venait de me servir. « Je comptais faire un petit tour après, tu m’accompagnes ? » Quitte à ne pas être seul ma foi, autant en profité. Je buvais une gorgée de la boisson lactée gardant mes yeux posés sur elle. « On pourra se raconter nos petits secrets ! »

J’étais tellement toujours sur mes gardes, toujours sur que les morts regorgeaient de ressources pour venir nous dévorer, toujours inquiet qu’un habitant meurt soudainement et n’en dévore d’autre que je n’arrivais plus à être serein. Etait-ce encore possible ? Ils y croyaient mais je n’étais pas dupe. Le bonheur n’est qu’éphémère et il finirait par arriver quelque chose. Que l’on me coupe la main si ce n’est pas vrai, si ce n’est pas le cas ! C’est pourquoi je ne sortais quand même pas sans mon couteau, que je continuais à avoir des armes sur moi. D’autres endroit comme l’Angel Camp pensait persister pensant qu’aucune menace ne les vaincrait et pourtant ils n’étaient plus rien. La zone 51 en était la plus grande preuve, je n’avais même pas eu le temps de la rejoindre et fort heureusement. J’aurais peut-être retrouvé Luke plus tôt ainsi que mon père, et fait la connaissance de Maebh plus tôt mais j’aurais fini tué ou enfermé par ces cannibales. Je ne serais pas resté longtemps vivant. J’essayais au moins de dissimuler mon inquiétude et de paraitre heureux, je devais au moins ça à Luke qui se démenait depuis nos retrouvailles pour que nous soyons heureux le plus possible malgré les conditions de vie déplorables que nous offrait le monde. J’étais à présent avec Maebh dans cette cuisine en pleine nuit. Elle m’avait effrayé mais je devais sans doute être trop paranoïaque, c’est pour cela. Nous en avions finalement plaisanté tout deux. « C’est un compliment, je crois. On dira ça oui ! » Je lui souriais.  J’appréciais vraiment cette jeune femme, elle était fort sympathique et ne se prenait jamais la tête. Du moins elle le montrait. Nous ne nous connaissions en revanche pas énormément mais elle était une amie de confiance de Luke. Je lui avais donc laissé le bénéfice du doute et encore aujourd’hui j’apprenais à la connaitre. J’apprenais qu’elle aussi avait des difficultés à dormir et que c’était la raison de sa présence ici. C’était pareil pour moi-même si je ne rentrais pas dans les détails. Je ne savais pas ce qu’elle pensait de l’Angel Camp mais je ne voulais pas briser ses espoirs en lui disant que je ne croyais pas en la durabilité de ces lieux, de notre habitat de notre maison, elle qui l’avait déjà vécu. Finalement, je lui proposais de m’accompagner faire un petit tour avec moi. Même si je comptais partir en secret à la base un peu de compagnie ne faisait pas de mal. « Oh, la curiosité est un vilain défaut tu sais ? » Je la taquinais évidemment, en apprendre un peu plus l’un sur l’autre ne nous fera pas de mal. J’attrapais un gilet à moi trainant par ici que j’enfilais histoire de ne pas sortir à moitié nu puis je mettais mes chaussures toujours silencieusement. « J’ai aussi hâte d’apprendre les tiens, on devrait prendre le temps de parler ragot plus souvent. » Je le prenais à la rigolade, faire des rumeurs sur telle élève, mettre une réputation sur d’autres, ce n’était que le cadet de nos soucis de nos jours. Ce n’est plus maintenant que l’on va entendre parler de magazine people ou de star. Qui sait certaine on peut-être survécu. Autant un jour, nous verrons Shakira façon survivante débarqué à l’Angel Camp. « J’viens de penser à un truc idiot, tu imagines si certaine stars ont survécu, autant on en a déjà croiser sans s’en rendre compte » J’pensais à des trucs cons parfois.

J’avais souvent tendance à lancer des taquineries et des petites blagues à tout vas. J’étais resté quelqu’un d’assez vivant, faisant rire assez facilement mon entourage même dans les situations les plus difficiles. J’essayais d’agir comme une aide pour avancer et j’usais même de cette technique sur moi. Je savais que Maebh n’était une femme très susceptible, je ne la connaissais pas à cent pourcent mais ça ne ressemblait pas à son tempérament plutôt positif. Et puis, quand on vit avec deux Harrison, il faut être prête à tout affronter. J’étais au final assez content d’être tomber sur elle en pleine nuit, au moins je ne tournerais pas seul en rond dans les ruelles de l’Angel Camp mais en bonne compagnie. Cela aurait le mérite de nous permettre d’apprendre un peu plus à se connaitre. Quitte à vivre ensemble c’est toujours mieux que de rester de parfait inconnus… Je pense. Je la taquinais en lui disant que la curiosité était un vilain défaut, ce qui était un peu l’hôpital qui se moque de la charité quand on sait que j’avais commencé en parlant de se raconter nos petits secrets. « Moi ? Jm’en rappelle pas » rétorquais-je sur un ton faussement étonné avant de siffloter. Cramé. La vérité était qu’on avait tous notre part de secret, on aime tous connaitre les petits secrets des autres, les bons plans et le passé de chacun. Seulement d’autres savent simplement la dissimuler au fond d’eux même. Nous non, on l’avouait presque ouvertement. Enfin pas moi, après tout je ne l’étais pas…

Je finissais alors mon verre de lait avant de me préparer à sortir. Il n’allait pas faire bien froid et j’avais connu pire avec mon nombre incalculable de nuit à la belle étoile mais autant avoir un peu chaud. Si le confort s’offrait à nous pourquoi ne pas en profiter, surtout que depuis le début de l’épidémie, il se faisait de plus en plus rare. J’attendais alors qu’elle soit prêt la suivant du regard l’écoutant me dire qu’elle n’avait pas de gros secret à partager. Je pense surtout qu’elle doit avoir comme chacun, une multitude de mauvais souvenirs qu’elle ne souhaitait pas raconter. J’en avais aussi plein et j’allais bien me passer de les crier à droite à gauche. J’étais plutôt d’accord pour se raconter de petites anecdotes sympathiques. C’était plus drôle. « Voyons Maebh, tu peux tout partager avec moi ! » râlais-je faussement. Tout ? Cela dépendait jusqu’où se tout allait. Au moins j’étais presque sûr qu’elle ne m’annoncerait pas avoir tuer beaucoup de gens. Il parait qu’elle avait un tempérament pacifique. Je me demandais bien tout de même quel genre de situation elle a pu connaitre. Je suis sûr que nous allions beaucoup rire de nos anecdotes. Maebh ouvrait la porte pendant que je lui racontais des trucs idiots sur des stars survivantes. C’était tout à fait possible en y repensant.  Maebh trouvait cela vachement cool. Pourquoi pas, je pense honnêtement que je ne les reconnaitrais même pas personnellement. Elle me parlait de Daniel Radcliffe mais me dire ça à moi c’est comme me parler d’une Pauline croisé au coin d’un autre camp. Ce nom me disait quelque chose mais c’était vieux tout ça. Je riais lorsqu’elle parlait de mourir directe et de devenir zombie. Pour le transformer juste après et être s’ensemble pour toujours. « Euh… Pourquoi pas oui. C’est une idée à laquelle je n’avais pas pensé. Mais si ça te plait! Daniel Rad-truc, c’était pas celui qui jouait dans Harry Potter » me semblait bien qu’un de mes frères étaient fan et que j’ai regardé avec. Ce nom me disait quelque chose. Je mis à réfléchir lorsqu’elle me parla de star je rêvais d’avoir comme compagnon de route. Je levais les yeux au ciel quelle idée. « J’sais pas trop, je ne m’y connais pas vraiment en star… C’est plutôt leur personnage que j’voudrais… Un super héros à la captain America ou un vampire comme dans cette série de vampire là… Par contre un Hulk zombie ça le ferait moyen… Ouais on va éviter » Je levais les yeux au ciel, c’est vrai que des héros morts, ça craint du boudin et j’voudrais pas tomber sur eux. « J’pourrais déjà avoir tué des stars ou même croisé que j’en reconnaitrais pas. » Nous avancions maintenant légèrement dans les rues ensommeillé de l’Angel Camp.

Notre conversation était partie et restait sur le ton de l’humour ce qui faisait vraiment du bien. Oui cela faisait du bien d’avoir une conversation légère et sans réel intérêt autre que de parler pour le plaisir. Pas de mise en garde, de plan d’attaque, pas de vrai tracas. Je riais en recevant son léger coup de coude suite aux paroles que j’ai nié avoir dite. D’autant plus que ce que je niais avoir dit avait été prononcé quelques minutes plus tôt. Mais on s’en fichait. Au moins, cette conversation aussi banale soit-elle, restera dans nos souvenirs et c’était clairement l’essentiel. Un bon souvenir sur une chose autrefois aussi banale que parler. Et puis sans arrière-pensées négatives, j’allais pouvoir en apprendre plus sur la jeune femme que je connaissais assez peu. « J’assume ce que je dis et je ne me plaints jamais moi madame ! » Je lui tirais là lange et toc ! La maturité était au plus bas mais bon sang que c’était cool. Tellement cool d’avoir un sourire étirée sur nos lèvres sans se dire que d’ici peu tout serait gâché. Je ne croyais pas à l’Angel Camp mais je savais qu’on ne risquerait rien dans la minute.

C’est ainsi qu’un sujet qui n’avait ni queue ni tête se lança sur des stars devenant rôdeur ou survivante. Elle m’amusait bien surtout en parlant de son amour pour Daniel Radcliffe. Une love story version rôdeur c’était possible ça ? C’est alors qu’elle émettait l’hypothèse que nous ayons des baguettes. C’est vrai que ça serait quand même plus simple, un sort de pétrification et plus un zombie ne bougerait. Je fus tout de même étonné qu’elle m’avoue connaitre toutes les formules alors que moi si je m’en rappelais de quatre, c’était le bout du monde. « Sérieusement ? J’aurais aimé te voir en p’tite sorcière » Je riais légèrement. « Moi j’étais plutôt classique genre vampire, zombie ou de trucs du genre. Ça fait plus peur ! Un comble en soi.» J’avais donc à mon tour livré mon secret d’Halloween. « Par contre je me rappelle avoir fait des cauchemars sur la chambre des secrets. Le serpent m’a traumatisé quand j’étais gosse. » Bon faut dire que je devais avoir six ans à tout cassé à l’époque. « Mais vous en avez un de super héros ! Je suis là moi ! Même Hulk zombie j’le pète à deux doigts ! » Je riais, clairement Hulk me démonterait d’une pichenette sur le front. Mais je voulais garder la face. Mais clairement des rôdeurs mutant ça serait là fin. Enfin on ne tiendra pas deux minutes. Je remarquais cependant que mes dernières paroles l’avaient un peu refroidie et je m’en voulais un peu. C’est pour ça que j’avais joué sur l’humour mais finalement elle me répondait un peu sur la même longueur. « La preuve, je suis une star et tu ne m’as pas reconnu ! » Je voulais à nouveau la voir sourire et retrouver une discussion plus calme et posé. « Assez souvent oui, j’ai dû mal à dormir en ce moment. Et toi ? »

Je levais les yeux au ciel en entendant son ton peu convaincu mais cela me faisait sourire, je lui tirais même la langue comme un véritable enfant. Ça faisait du bien de retourner des années en arrière en s’envoyant des tacles et de taquineries vraiment gamine. Ca changeait un peu et j’avais presque oublié ce qu’était une ambiance légère et sans prise de tête, loin de toute idée de survie. Ça me changeait vraiment de mes nuits en solitaire sans pouvoir fermer l’œil plus d’une heure consécutive. Notre conversation était tellement naturelle qu’un sujet en entrainait un autre, puis un autre et que nous en étions venus à parler de célébrité, de déguisement d’halloween. Dire qu’à l’époque, j’adorais me faire de super déguisement de zombies, si j’avais su que mes déguisements deviendraient réalité, j’aurais autant mieux dû me déguiser en petit poney. « Ouais, un peu trop collant et réaliste à mon gout » Au moins, elle le prenait avec humour mais j’aurais vraiment aimé que les rôdeurs soient juste des gens déguisés un peu comme les événements dans les parcs d’attraction pendant les périodes automnales. J’avais alors écouté son idée plutôt original. Je devais avouer qu’elle avait eu le mérite de me faire sourire. Refaire Halloween, j’aimais bien l’idée et autant dire que je devenais enthousiasme. « Honnêtement, j’approuve ton idée ! En plus il y a un magasin de déguisement dans la ville aux alentours du camp, je peux très bien aller en chercher ! Ça ferait quelque chose de cool pour changer les idées de tout le monde ! Je suis avec toi ! » Il en fallait peu pour m’emballer dans un projet même idiot. Nous avions par la suite parler d’Harry Potter et je lui avais avoué avoir fait des cauchemars sur la scène du serpent, avant de dire que j’étais un super-héros. Je fus alors étonné de me faire traiter de super-siphoneur car je prenais toute l’eau chaude. C’était vrai, je passais facilement une bonne demi-heure sous la douche à trainer sous l’eau chaude. « Bon j’avoue, je plaide coupable, j’adorais prendre mon temps le matin mais je suis sûr que tu étais pareil ! » Je me demandais bien qui m’avait balancé, Luke ou Abby. Dans tous les cas, je m’en fichais un peu après tout Luke notamment m’avait raconté certaines anecdotes rien de bien alléchant. La conversation continuait mais je restais moi-même et j’avais toujours été bagarreur avec les vivants et encore plus avec les morts et cela semblait avoir refroidi Maebh qui a tout de même su rebondir avec mon aide. « A un mannequin, ça se voit non ? J’suis beau gosse. » Je riais, je n’étais pas tant prétentieux dans la réalité et je me fichais un peu de mon apparence d’autant plus que j’avais douze ans au début de l’apocalypse. Mais je voulais rire, quoi que si Maebh disait le contraire, j’allais surement prendre une claque dans mon égo mais je savais que c’était de la plaisanterie de A à Z. « Je te signerais un autographe si tu veux ! » A la suite de cela elle m’avait questionné sur mon sommeil et mes balades nocturnes et je lui avais retourné la question. « Je suis sûr que t’es juste gourmande » Je la taquinais, je savais que les insomnies étaient quelque chose de très pénible. « Au moins maintenant t’as un compagnon d’insomnie ! »

Il semblerait que Maebh ait un esprit aussi simple que le mien. J’avais beau avoir appris à devenir un survivant, j’avais gardé au fond de moi une part d’humanité qui ressortait dans mes moments naturels comme celui-ci. Mais ça faisait du bien cette joie et ces envies de ne pas rester dans l’ambiance sombre de l’apocalypse, comme une éclipse à ma vie de survivant dans laquelle j’étais moi-même, un adolescent de quinze ans tout à fait normal. Mais je devais avouer que son enthousiasme à elle me faisait sourire, elle était tellement joyeuse que j’approuve qu’elle libérât toute la joie possible qu’un être humain normal pouvait avoir et même plus. Bon sang, cela faisait des lustres que je n’avais pas vu un tel concentré de bonne humeur. Moi qui était un peu à côté de mes pompes en me levant, j’avais le sourire aux lèvres, le sien devait sans doute être contagieux. Elle disait qu’elle m’aimait, je savais bien dans quel sens mais ça faisait plaisir, autant que l’idée de voir Maebh en petite sorcière même si elle me disait que ça devait être sans danger.  J’avoue que je n’avais même pas eu le temps de réagir qu’elle avait enchainé un grand nombre de phrase et j’étais toujours là stoïque et étonné quand elle me prit dans ses bras et déposa un bisou sur ma joue. Souriant, je serrais mes bras autour d’elle avant de la libérer de cette étreinte. « Mais non, je devrais survivre à un petit aller-retour. Puis je donnerais n’importe quoi pour te voir en petite sorcière ! » Lui faisant un clin d’œil.

Puis d’un sujet à l’autre j’étais venu à parler de l’eau chaude en lui disant qu’elle ne devait pas me juger car j’étais sûr qu’elle faisait pareil. « Taratata ! Pas d’excuse ! » disais-je en fermant les yeux et en agitant mon index de gauche à droite. « Et ne me tire pas la langue ! » rouspétais-je en lui tirant à mon tour la langue comme un enfant de cinq ans qui se défendait à l’aide du célèbre celui qui dit qui est. Avant de lui avouer que j’étais un mannequin. J’étais beau gosse et je le savais. Bon pas tant que ça mais ça fait du bien de s’envoyer des fleurs parfois. « Merci de le reconnaitre. » Elle l’avait fait avec humour mais je n’avais retenu que ça dans ma phrase. Si j’avais pu l’enregistrer je l’aurais fait. Maebh a dit que j’étais beau. Cependant je ne m’attendais pas à me faire pincer les joues, décidément Maebh était pleine de surprise, elle était violente ! Bon j’exagérais sans doute un peu mais personne ne le savait. C’est pour cela que je lui proposais un autographe, elle acceptait mais seulement sur une feuille sinon elle risquerait de ne plus se laver. Ça ne me dérange pas que tu te laves plus moi. » disais-je comme si c’était évident qu’elle devait faire ça. Avoir Nikolaï sur le bras, ça n’avait pas de prix.

« Arrête, je donnerais tout pour manger un bon gros big mac. » Je tenais mon ventre à ce moment-là. Bon sang, ce que les fast-foods me manquaient. Et dire que je n’en mangerais plus jamais me déprimait d’avance. Mais elle n’avait pas tort. Au moins à défaut de manger un bon burger, nous nous étions trouvé en pote d’insomnie. Elle me proposait alors une idée, de prendre le salon comme point de ralliement et de prendre des noms de code. « Oh oui c’est trop bien, comme des agents secrets et tout ! Moi je vais être… Hm… Aigle noir, ah ouais ça pète trop ! Et toi tu prends quoi comme nom de code. Et il nous faut aussi un mot de passe, pas qu’on raconte tous nos secrets à d’autre gens de la villa ou du camps. » J’avais l’impression d’être un gamin qui crée son groupe secret à l’école élémentaire mais c’était super excitant, là Maebh m’avait perdu dans ma folie.

C’était ce que j’aimais vraiment avec Maebh, elle rentrait dans mon jeu, au contraire elle l’entretenait et je dirais même que c’est elle qui le lançait et moi qui rentrait dedans. Bref, je m’amusais et mieux encore nous organisions même des événements pour nous rappeler un semblant de nos vies passées. Il suffisait maintenant d’en parler aux membres de l’Angel Camp mais je me disais que tous le monde serait d’accord à cette idée qui pourrait nous changer les idées. Certes maintenant ce qui pouvait nous faire peur, le faisait sans doute moins quand on a croisé des rôdeurs. Il n’empêche que son idée m’avait vraiment emballé et redonner le sourire, c’était rare maintenant que j’avais souvent des idées noires qui prennent le dessus. Mais pour l’heure actuelle notre désaccord ne consistait plus dans la création de la fête d’Halloween mais concernait un autographe. Maebh était persuadé que la colocation n’apprécierait pas qu’elle ne se lave pas la main. Tout était une question de point de vue mais après tout si elle ne voulait pas, je ne pouvais pas la forcer, enfin pas encore. C’était peut-être un plan à prévoir à l’avenir. « Comme tu veux mais tu ne sais pas ce que tu rate, va pour la feuille ! » Je ne m’avouais pas pour autant vaincu, jamais. Maebh aura mon prénom sur sa main que ce soit de gré ou de force. J’ai le pas léger la nuit et le feutre rapide ! Enfin non, j’ai même pas de feutres mais ça aussi ça peut s’arranger. En attendant le sujet dérivait sur la nourriture, et bon dieu que je rêvais d’un bon fast-food. « C’est vrai que les rôdeurs ont de la chance ils ne mangent qu’une seule chose, ce qu’ils aiment le plus ! » Enfin chance, c’était selon le point de vue parce que je ne dirais plus ça le jour où je me ferais à nouveau poursuivre par des rôdeurs. De toute façon nous savions pertinemment que ce que nous disions était uniquement sur l’ordre de l’humour. Je ne me permettrais pas de dire une telle chose en situation normale. Nous en étions venu à nous trouver des idées, vu que nous allions officiellement devenir pote d’insomnie. Déjà il nous fallait des noms de code, j’avais trouvé le mien. J’allais devenir Aigle Noir, ça plaisait bien à Maebh, qui elle optait plus pour Koala Intrépide. « Oh c’est trop stylé Koala Intrépide aussi ! J’adore » En revanche là où nous n’allions pas être d’accord c’était à propos du mot de passe. « Jamais je ne prononcerais le mot chou-fleur, c’est l’une des rares choses qui ne me manquent pas d’avant ! Erk, pourquoi pas, tomate farcie ? » Je n’étais pas sur que ça lui conviendrait mais j’vois pas qui pourrait dire ça de nos jours où notre alimentation consiste essentiellement en conserve. Dire que ma mère se refusait de nous en préparer à l’époque, si elle avait su… « Notre secret ne devra jamais être divulgué à quiconque ! » Je souriais, je me prenais vraiment dans le jeu. Ca me rappelait quand nous étions petit et que nous y jouions avec mes frères. L’une des rares fois où nous tombions d’accord et encore des fois ça finissait en bagarre entre deux et finalement c’était les quatre qui se battaient ensemble. Les joies de la fratrie Harrison. Finalement à force d’avancer dans les rues, nous arrivions à l’entrée du camp. Finalement, je ressentais enfin cette envie de rester, je ne croyais pas plus en ce camp mais j’y étais bien. Je posais mon regard sur Maebh avant de reprendre la parole. « Koala Intrépide, ça te dit de retourner à la maison ? » Le froid s’installait un peu plus et ça devait faire un moment que nous marchions dans la rue. Je n’étais pas fatigué mais je crois qu’il allait quand même falloir nous forcer à avoir un minimum de sommeil.

Finalement Maebh et moi étions parti vraiment loin dans nos idées farfelues à tel point que nous avions transformé nos insomnies en réunion entre espion totalement top secrètes, que personne ne devait découvrir. Le seul petit détail à régler était le mot de passe, parce que même dans ce genre de cas il était hors de question que je propose les mots chou-fleur. Je détestais cela et rien que de l’imaginer, j’en avais l’estomac retourné. Après toutes ces années d’apocalypse, je n’avais toujours pas oublié le gout horrible que ça avait et le nombre de fois où j’avais ravalé ma bile quand maman me forçait à en manger. Définitivement cela ne me manquait pas. Je préférais encore tomate farcie comme mot de passe. D’autant plus que cela convenait à Maebh alors tous le monde était content au final. « Je me mettrais à manger de l’herbe, ou de la terre je crois. » Et par chance il n’y avait plus que ça sur Terre. Peu de gens pour continuer à cultiver et le peu le faisant se concentrait sur des aliments plus banales. Je pouvais même affirmer que le chou-fleur devait presque avoir disparu de la surface de la terre entière pour mon plus grand plaisir. Enfin cela ne devait être qu’un détail et une question de gout, mais même en étant moins difficile que par le passé, je ne serais pas enchanté à l’idée de devoir en remanger. Toujours est-il que Maebh semblait d’accord pour garder notre secret rien que pour nous deux et ne jamais être divulgué, c’est ce que je comprenais en la voyant mimer une fermeture éclair sur sa bouche. Tant mieux, je sentais vraiment que nos petits délires nous créait tout doucement une complicité. Après tout jusqu’à peu, je ne savais rien de la jeune femme. Mais je ne m’étais pas rendu compte avec toutes ces discutions que nous avions tant avancé jusqu’au camp jusqu’à atteindre l’entrée. Nous avions tout de même fait une sacrée trotte lancer dans nos discutions. Et pour la première fois j’étais réellement content d’être ici. Bien-sûr, rien ne me ferait changer d’avis quant à la fiabilité de ces murs, ils ne nous protégeraient pas indéfiniment et ne représentait pas forcément des barrières imprenable. Mais au moins, l’espace d’un court instant, cela allait m’offrir une petite pause dans ma vie de survivant et bon sang, ça me faisait du bien. Nous décidions alors de rentrer, et comme elle disait, il fallait éviter de tomber malade. Il y avait peu de chance en soi, nos organismes et surtout le mien s’habituait au vent, au froid et à être à l’extérieur, c’était un retour à la vie sauvage. Je dirais même que c’est ce retour soudain dans un appartement plus ou moins au chaud qui représentait un risque de maladie. « C’est pas faux » avais-je confirmé en souriant. Nous nous décidions alors de prendre le chemin du retour, j’étais satisfait d’avoir rencontré plus réellement Maebh qui avait eu l’effet d’une bonne bouffée d’oxygène pour moi. Je n’allais pas dire que j’étais fatigué mais j’espérais que cette promenade me permettrait de trouver le sommeil car demain j’avais prévu de partir en expédition. J’étais plutôt habitué à ne pas avoir de nuit complète de sommeil mais si je ne le trouvais pas rapidement, il allait être inutile que je dorme quelques heures. Un comble d’avoir un lit et de ne pas être capable d’y dormir. Nous avions donc effectué le chemin du retour, plus calmement bien que toujours en riant jusqu’à avoir atteint notre maison commune. « Bon je crois qu’il va être temps de nous séparer, nos lits appellent nos sommeil, en espérant qu’ils ne leur mettent pas de râteau. » Je souriais, lui déposais une légère tape sur l’épaule sans vraiment de force, plus pour signer la fin de notre conversation une fois que celle-ci m’avait répondu et je rejoignais ma chambre, bien que je ne sente toujours pas la fatigue me gagner.

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