S'il y a bien une chose qu'Alliyah déteste, c'est de rester enfermée. Elle ne le supporte tout simplement pas. Du coup, même quand elle reste dans le village même de Bodie, il faut qu'elle trouve quelque chose à faire. C'est le cas aujourd'hui ; elle vaque à ses occupations distraitement. Elle se fiche pas mal des gens autour d'elle, même si elle reste toujours un peu sur ses gardes. Il n'y a pas d'enfants de chœur ici, et elle le sait. Elle est interrompue en plein affûtage de la lame de sa machette par une voix qu'elle connaît désormais bien. Si elle ne l'avait pas entendue arriver, elle aurait sans doute sursauté comme une barge, mais le contact sur ses cheveux ne lui fait pas grand chose. Avec n'importe qui, elle détesterait ça. Mais avec Livia, elle a finit par s'y faire. Elle réussit même à lui offrir le sourire le plus naturel qu'elle ait en stock, c'est dire à quel point la blonde a su se faire une place de choix à ses côtés ! « Hum ... Pierce quoi. » Pourquoi n'est-elle même pas étonnée ? En fait, ça ne lui fait rien, toutes ces rumeurs. Elle se fiche pas mal de ce qu'on dit d'elle, tant qu'on ne s'imagine pas qu'elle, elle est devenue une enfant de chœur. Et puis quoi encore ? Alors, elle hausse les épaules en regardant en direction de la jeune femme. « Moi, je m'en fiche pas mal de ce qu'on dit de nous. Et en particulier quand ça vient de lui ... » Ouais, franchement, y a pas d'autre façon de voir les choses pour elle.

« Ça va très bien, et toi ? » En même temps, comment est-ce qu'elle pourrait aller mal ? C'est le Paradis ici ! « Si, quoi que je dise ou fasse, tu restes collée à mes basques autant faire quelque chose .. » Ce doit être difficile à discerner derrière le masque habituel de froideur d'Alliyah, mais Livia la connaît assez pour savoir qu'elle plaisante. A sa façon. Plutôt que de continuer à affûter sa machette qui ne pourra de toute façon pas l'être plus, Alliyah arrête tout mouvement et se lève. Elle range son "matériel" dans son sac à dos - dont elle glisse ensuite les bretelles sur ses épaules -. Finalement, elle laisse le dos de sa lame venir se poser sur son épaule. « Et de toute façon je ne faisais rien de bien intéressant alors ... Qu'est-ce que tu proposes ? » Peu importe ce dont il s'agit, de toute façon : Alliyah sait qu'elle s'amuse toujours très bien avec Livia. C'est comme ça, elle n'y changera rien si cela lui est permis. Evidemment, elle ne fait pas assez confiance à ce monde pour y croire à 100% mais elle profite de l'instant présent et ça, c'est déjà un grand pas en avant, n'est-ce pas ? Elle a hâte, en tout cas, d'entendre ce que la blonde a à lui proposer. Peut-être qu'elles vont aller faire une excursion, toutes les deux ? Même si elles traînent dans Bodie, ou pas très loin du village, elles ne vont pas s'ennuyer c'est certain.

Alliyah peut bien se l'avouer - au moins à elle-même, fuck les autres et ce qu'ils pensent - : elle apprécie Livia. Du moins, elle apprécie sa compagnie. Elle apprécie sa manière de se comporter, elle apprécie la façon qu'elle a de gérer la situation, quand des survivants entrent dans le jeu. Elle ne rigole pas mais en même temps elle est assez ... et bien, assez drôle. A sa façon. Avec elle, on ne s'ennuie pas en tout cas. De ça, au moins, Alliyah en est sûre à 200%. Et c'est rien de le dire. Le simple fait de l'entendre parler de ce qui pourrait être des hallucinations, comme ça pourrait ne pas en être, est hilarant. Pour autant, Alliyah ne rigole pas. Elle sourit intérieurement, et c'est déjà pas mal. « On peut sans problème. » Tout son matériel rangé, Alliyah se redresse pour de bon et se place aux côtés de Livia. Allez, c'est le moment d'y aller. En fin de compte, elle est plutôt contente de pouvoir aller se promener. Avec Livia, en plus, ça promet d'être fun. Espérons qu'il y ait effectivement des survivants et qu'elle les croise, cela dit. Ce sera d'autant plus passionnant d'être sortie de Bodie.

La première, Alliyah se met en marche, persuadée, de toute façon, que la blonde la suivra. Après tout, c'est elle qui est venue jusqu'à elle, elle qui l'a invitée pour cette petite excursion. Ça ne devrait pas leur prendre trop de temps ... A moins qu'elles ne croisent des gens. Ce qui, pour Alliyah, représenterait le meilleur des scénarios. On ne crache pas sur un peu de baston, surtout lorsque l'on vient de Bodie. Les deux filles passent devant les types qui montent la garde, et se retrouvent bientôt hors du campement, des vieilles maisons. Bientôt, ces maisons abandonnées - enfin, plus maintenant - ne représenteront plus que des petits points. Parce que, pour l'instant, elles sont en train de grimper sur la légère colline - heureusement marcher est suffisant tant ce n'est pas trop pentu - voisine du village. « A partir de là je vais te laisser nous guider. » Après tout, c'est elle qui sait, elle qui a vu. Donc ... elle ne peut que suivre ses directives. Tout en se montrant ultra prudente et observatrice bien sûr. On ne sait jamais. « Tu te souviens combien ils étaient ? Nombreux ? »

Par avance, Alliyah sait qu'elles vont bien s'éclater toutes les deux. Surtout si Livia a vu des survivants dans le coin et qu'elles vont, en duo, les retrouver. La plupart du temps, Alliyah est une personne réfléchie, qui prend son temps avant d'attaquer plutôt que de foncer tête baissée. Mais avec Livia, c'est assez différent. Son côté complètement fou ressort, et elle se met elle aussi à faire des trucs insensés. Elle ne sait pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose, mais elle préfère ne pas y penser pour ne pas avoir à changer quoi que ce soit à ça. Alors que la brune essaye d'en apprendre plus sur ce que Livia a vu, ou pas vu, elle comprend vite que ça ne sert à rien. Elle n'en saura pas beaucoup plus. « Alors j'imagine qu'il va falloir qu'on découvre ça tout de suite. » Peu à peu, Alliyah sent l'euphorie la gagner. Elle adore être dans un tel état, et d'autant plus quand elle sait ce que ça signifie, ce que ça rappelle de la situation à venir. Elles vont se battre, elles vont défendre Bodie.

Hors de question qu'elles laissent ces survivants, qui qu'ils soient, vagabonder autour de la ville fantôme. Ils doivent en payer le prix. « On essaye de voir un peu combien ils sont et ensuite on attaque ? » Pour une fois, Alliyah n'a pas envie de trop prévoir. Elle ne veut pas les prendre un par un par surprise. Non, elle veut les attaquer de front. Elle veut voir sur leurs visages la peur. C'est Livia qui cause ça chez elle, elle en est sûre. C'est son brin de folie - si tant est que l'on puisse appeler ça un "brin" - qui déteint sur elle. « Je sens qu'on va bien s'éclater. » Comme d'habitude, Alliyah ne parle que très peu. Mais son sourire mi-amusé, mi-figé est le reflet parfait de ce qu'elle ressent, et pense de tout ça. Elle a hâte. Vraiment. Et de plus en plus à mesure que les secondes s'écoulent, et que leur destination se rapproche au fil de leurs pas. Ne reste plus qu'à espérer qu'ils ne soient pas déjà partis, ou que ce ne soit pas une pure hallucination de Livia. Ça pourrait, non ? Mais Alliyah préfère rester optimiste. Tant pis si elle est déçue par la suite.

C'est vrai que c'est assez difficile de suivre Livia. Oui, même pour Alliyah. Pourtant, elle se sent inhabituellement surexcitée, montée sur piles même. Elle se sent prête à dégommer des têtes ! De personnes bel et bien vivantes, de préférence. Elle trouve toujours ça moins drôle quand il s'agit de se "battre" avec des rôdeurs. Parce que les rôdeurs, ça ne se défend pas. Ça se contente de grogner et d'essayer de vous bouffer. Autant dire qu'on se fait bien chier, en particulier quand ils ne sont que deux ou trois. Alors que deux ou trois survivants, c'est largement suffisant pour vous occuper quelques longues minutes durant ... si on s'y prend bien et qu'on ne crève pas avant, bien sûr. La brune n'a pas le temps de répondre à tout ce que Livia lui a dit. Celle-ci a déjà vu sa concentration filer à mille lieux d'ici ... ou presque. Elle regarde un point un peu plus loin, et Alliyah tourne son regard dans cette direction elle aussi. Elle plisse les yeux et ... « Ouais ... ouais, je le vois. » Elle est bien concentrée, tout à coup. Elle ne proteste pas quand Livia décrète qu'elle ira la première ... et la laisse même y aller seule. Ce n'est pas qu'elle ne s'inquiète pas de la voir prise dans un piège - enfin presque -. C'est surtout qu'il faut bien qu'il en reste une derrière ... au cas où. Elles seraient bien mal si elles se retrouvaient toutes les deux coincées les quatre fers en l'air. Quoi qu'il en soit, Livia revient déjà et rien n'a visiblement entravé sa route. Comme d'habitude, la blonde est survoltée. Elle dit des trucs qu'Alliyah ne comprend même pas ... et celle-ci se concentre plutôt que le papier qu'elle a ramené avec elle. Elle l'attrape, et le regarde longuement. Enfin, ce n'est l'affaire que de quelques secondes. Puis elle relève la tête, regarde avec insistance l'endroit où elle l'a trouvé puis, de nouveau, le papier. C'est quoi cette connerie encore ?

Elle a beau le lire et le relire, encore et encore, y a rien à faire, elle ne comprend toujours pas. Enfin ... bien sûr qu'elle comprend la signification des quelques mots étalés là. Mais elle n'envisage pas toute leur portée, et elle ne parvient pas à y croire. « Ça sent l'attrape-con à plein nez, qu'est-ce que t'en penses ? » Pas sûr que demander ça à Livia soit la meilleure des idées ... Pas qu'elle est bête ou quoi que ce soit de ce genre-là, mais on ne sait vraiment jamais à quoi s'attendre avec elle. Elle peut passer d'une humeur à l'autre en une seconde à peine, sans qu'on ne comprenne comment, quand et pourquoi. Enfin, il vaut quand même mieux qu'elles cogitent à deux sur ça. « Tu penses que c'est lié ? » Ça paraît évident, en fait. La feuille est en assez bon état, et comme par hasard Livia a vu des gens traîner dans le coin y a pas très longtemps ... Alliyah retourne la feuille, mais le verso est vierge. Ben merde. Elle soupire, passablement agacée. Tout ce qu'elle voulait, elle, c'était s'éclater avec sa copine. C'est trop demander ? Faut croire que oui. « J'imagine que plus personne ne viendra du coup ... Ils doivent être loin à l'heure où on parle. » Ben ouais, ils ne sont pas cons. Du moins, c'est ce qu'Alliyah se dit à la lecture de cette fiche. Mais elle n'a pas assez d'indices pour en décider de manière définitive. Il se peut qu'elle soit complètement à côté de la plaque ... sinon, elle ne serait vraiment plus elle-même.

Demandez à Livia de penser, et elle vous regardera pendant de longues et interminables secondes l'air hagard. Heureusement, c'est Alliyah qui expérimente cela, et elle fait preuve d'une patience d'or. Pour elle, rien d'anormal là-dedans. Elle y est même ... habituée, en fait. C'est Livia ... elle ne s'attend pas à ce qu'elle se montre plus normale qu'à l'accoutumée.
"Normal", ce mot, Alliyah le déteste ... mais avec Livia, elle ne trouve jamais rien de plus approprié. La blonde est vraiment cinglée, qu'on l'accepte ou non. Mais c'est comme ça qu'elle l'apprécie, son amie. Alors qu'elle ne change rien à ça.

En tout cas, elle finit par réaliser toute seule qu'elle doit dire quelque chose à voix haute si elle veut qu'Alliyah comprenne et entende ce qu'elle en pense, de tout ça. La brune n'a pas besoin de dire quoi que ce soit.

« C'est vrai qu'on peut voir les choses comme ça ... un peu comme avec la zone à l'époque, tu te rappelles ? » En fait, elle ne sait même pas où était la blonde à l'époque. Dedans ? Dans les alentours ? Difficile à dire. Alliyah, elle, est restée à distance de ce coin sécurisé comme s'ils avaient la peste, là-dedans. Et elle a bien fait, regardez un peu comme tout ça a finit. Nul doute qu'il y avait quelque chose de louche là-dedans. Livia doit avoir raison.

A la question de la blonde, Alliyah prend le temps d'y réfléchir un peu. Elle regarde de nouveau le papier, puis relève les yeux pour les poser sur elle. « Je propose qu'on garde ça pour nous si ça te va. On pourrait peut-être aller y jeter un œil ? On peut même emmener une personne ou deux de Bodie sans leur dire ce dont il s'agit exactement ... » Une bonne méthode pour prendre des risques sans non plus trop en prendre. Non seulement elles auront des boucliers humains en cas de nécessité, mais elles auront aussi toujours le bon en leur possession et l'exclusivité sur celui-ci. Alliyah ne sait pas franchement où tout ça va les mener mais elle est curieuse d'en savoir plus.

« On en reparle plus tard si tu veux bien ? En attendant, j'aimerais bien qu'on aille chercher quelques rôdeurs à défaut d'avoir trouvé des survivants comme je l'espérais ... » Une vraie sadique, celle-là. Mais elle a besoin de se défouler, maintenant. Elle déteste être frustrée comme ça, comme si elle touchait un rêve du bout des doigts sans pouvoir y avoir réellement accès. Y a rien de plus agaçant, pour elle.

C'est vrai que Livia semble souvent ... hum, comment dire ... dérangée ? Oui, ce doit être ça. Mais franchement, Alliyah est très mal placée pour parler d'elle - penser à elle, en l'occurrence - de cette façon. Elle n'est pas beaucoup mieux. C'est juste ... différent. Livia est l'excentricité même là où Alliyah représente la femme tout ce qu'il y a de plus introvertie. Avec elle, tout se passe dedans, rien ne sort. C'est justement ça son problème d'ailleurs : rien ne sort. Rien ne se voit, rien ne se lit. Elle est inaccessible, lointaine. Il n'y a qu'avec Livia qu'elle parvient à l'être un peu plus, excentrique. C'est une sacrée avancée pour elle, croyez-le bien. En fait, elles ont trop traîné ensemble c'est pour ça. Pour une personnalité aussi développée et visible que celle de Livia, il n'est pas difficile -même de manière tout à fait fortuite- de déteindre sur quelqu'un comme Alliyah. Elle est effacée, comme vide de l'intérieur. D'une certaine façon, elle se nourrit de ce que Livia lui apporte et lui montre. N'allez pas lui dire ça, on ne sait jamais comment elle pourrait réagir. Livia, bien sûr. En tout cas, elles ont effectivement passé beaucoup de temps ensemble. Peut-être même trop, parce qu'Alliyah n'est plus étonnée le moins du monde quand la blonde fait des trucs bizarres ; un peu comme maintenant, alors qu'elle lance sa batte en l'air, dans l'espoir sans doute de la rattraper ... alors que la seule personne qu'elle pourrait blesser dans ce cas précis, c'est elle-même. Et peut-être aussi Alliyah si elle ne s'était pas écartée à temps.

Bref, elle n'est pas étonnée donc. Elle réussit même à lui sourire un peu -un rictus plus qu'autre chose-. Faut dire que c'est drôle, de l'entendre dire qu'elle ne s'attendait pas à ça ... alors qu'elle en est à l'origine. « Hum ... tu aurais pu t'assommer. » Le truc le plus dingue, dans cette histoire, c'est sans doute que Livia n'est pas agacée de n'avoir que rarement à faire à la Alliyah survoltée et prête à casser des têtes. Parce qu'elle change d'humeur comme de chemise -façon de parler persistante malgré les temps qui courent-. De toute façon, tout à coup, Alliyah a retrouvé son entrain. Puisqu'elles n'ont pas rencontré de survivants à démolir, autant partir à la recherche de rôdeurs avec lesquels elles pourront s'amuser un peu ... La première, Alliyah s'élance en avant, très vite suivie par Livia. Elles ont de la chance, elles tombent sur quelques zombies assez rapidement. Cette fois, le sourire d'Alliyah se fait plus large, plus conquérant. Elle s'élance en avant pour de bon, sa machette en l'air. Avec énergie et enthousiasme, elle fracasse deux ou trois crânes. Pour dire la vérité, elle ne tourne pas vraiment la tête en direction de Livia pour s'assurer qu'elle l'a bien suivie et qu'elle a eu le temps d'en attraper un ou deux avant qu'elle ne s'occupe de chacun d'eux par elle-même. Parce que, très vite, il n'y a plus aucun rôdeur debout ... ils sont tous à terre, le cerveau très, ou partiellement, atteints. Elle n'a quand même pas fait tout ça toute seule dans un élan de rage ? Ça ne l'étonnerait pas si tel était le cas, mais elle imagine que Livia n'est pas en reste, dans cette histoire. Dépitée de voir que c'en est déjà fini pour cette aventure/distraction, Alliyah se tourne enfin en direction de Livia. « Bon ... on rentre ? » Franchement, cette sortie est gâchée.

Elle est tellement déçue, la Alliyah. Elle n'avait pas prévu de sortir aujourd'hui, à la base. Mais le fait de se voir proposer une petite expédition avec Livia dans le but de retrouver un groupe lui a donné de l'espoir. Elle crevait d'envie de tuer deux-trois survivants idiots. Au final, elle se retrouve juste à défoncer le crâne de quelques rôdeurs. C'est déjà ça, mais ce n'est pas assez à son goût. Enfin, qu'y peut-elle ? Plus rien à ce niveau-là ! Dépitée, elle garde les yeux fixés sur les cadavres à ses pieds l'espace de quelques minutes. C'est dingue, mais elle ne ressent pas l'excitation habituelle. Elle a pris goût au fait de faire couler le sang, et le sang de personnes bel et bien vivantes, pas celui de ces ... Choses. Ce n'est pas comme si leur sang circulait de la même façon qu'eux, et ils ont aussi moins de résistance ; niveau amusement, on repassera. Elle finit par lever le regard, décidant de passer à autre chose. Elles n'ont plus qu'à rentrer, au moins ce sera fait. Alliyah va aller voir à Bodie si elle ne trouve pas quelque chose de plus intéressant à faire. Décidément, son intérêt pour le bon étrange qu'elles ont trouvé aura été de courte durée. Livia n'a pas l'air de saisir tout de suite ce qu'elle vient de lui proposer. Pas besoin de se répéter cela dit, une fois sortie de sa transe la blonde reprend pied avec la réalité. Enfin, autant qu'elle puisse le faire, elle. C'est pas gagné, quoi. Comme d'habitude, il ne lui faut quelques secondes pour retrouver son entrain habituel. Ça va dans un sens comme dans l'autre : elle perd vite pied, mais elle redevient naturelle très vite aussi.

« Alors allons-y. » Au point où elle en est, Alliyah pourrait presque soupirer et faire la gueule comme une gamine. Tout ce qu'elle voulait, elle, c'était s'éclater. Et au final, elles repartent bredouilles. Sans avoir croisé personne hormis les quelques rôdeurs d'il y a quelques minutes, et elles ont trouvé un bon trop bizarre duquel elles ne savent même pas ce qu'elles vont faire. Franchement, c'est nul. Très très nul. « C'était quand même super chiant, j'suis dégoûtée. » C'est rare qu'elle raconte ce genre de choses. Dans le fond, ce n'est pas grand chose ; mais pour Alliyah c'est énorme. Un miracle. « Demain on ressort ? Avec un peu de chance on finira peut-être par trouver des gens ... » Elle a vraiment besoin de se défouler. Ce n'était pas le cas au départ. Mais l'idée de partir à la recherche de quelques survivants lui a refilé cette excitation qui la gagne chaque fois qu'elle se lance dans une nouvelle mission de ce type. Là, sa déception est trop importante. Mais n'a pas pour autant fait disparaître l'envie de faire couler du sang ... alors, si Livia est d'accord, elles pourront, dès le lendemain, partir à la recherche de gens sur qui se défouler. Si elles ne trouvent personne, Alliyah est même prête à aller plus loin seule ! Elle ne peut pas accepter de garder cette rage au fond d'elle sans tenter quoi que ce soit.

A la remarque de Livia, Alliyah se contente de hocher la tête. Ouais, elles iront plus loin la prochaine fois. C'est sans doute leur meilleure option si elles veulent vraiment rencontrer des gens et les faire souffrir dans la joie et la bonne humeur. La brune ne dit rien de plus là-dessus, elle non plus n'aime guère prévoir. Elle a toujours été du genre à vivre au jour le jour, à ne rien décider dans le futur. Et cela ne s'est de toute évidence pas arrangé avec l'épidémie ... Bien au contraire. Bon, pour le coup, elles ressortiront peut-être bel et bien le lendemain. Alliyah s'arrangera pour que cela se passe bel et bien .. C'est toujours mieux que de sortir seule, c'est prendre moins de risques d'y aller avec quelqu'un.
Ce que lui dit Livia ensuite, ne la glace pas sur place. Elle ne prend pas un air choqué, ne semble pas étonnée outre-mesure par ce qu'elle propose l'air de rien.

Alliyah n'a peut-être pas ce genre d'idée tant qu'on ne lui a pas proposé, mais on ne peut pas non plus dire d'elle qu'elle est saine d'esprit. Alors qui est-elle pour juger la blonde et ses idées loufoques ? En fait, elle imagine bien la scène et ce n'est pas franchement déplaisant.
« Hum ... non, je dois avouer que je n'ai jamais songé à ça. »

Elle va peut-être casser l'ambiance et l'air surexcité de Livia mais tant pis.
Elle préfère lui dire la vérité.

Enfin, ça ne l'étonne pas de Livia. Elle commence à la connaître, la petite. Elle sait qu'elle serait tout à fait capable de mettre à exécution ce genre de ... Plan diabolique. Appelons un chat un chat. « Mais j'ose à peine imaginer à quel point ce serait marrant. Seulement, je ne suis pas sûre que cela puisse être aussi facile que l'on peut l'espérer. Il y a beaucoup trop de données variées à prendre compte. Imagine que l'un d'eux se réveille et donne l'alerte ? » Enfin, ce n'est pas comme si Livia voulait vraiment faire ça ... n'est-ce pas ?

Les idées loufoques, voire même complètement folles, de Livia n'étonnent plus Alliyah outre-mesure. Elle s'y est presque ... Habituée, avec le temps. Maintenant, elle trouve même quoi lui répondre en gardant son air naturel, c'est dire. En même temps, elle n'est pas tout à fait saine d'esprit elle non plus, ce serait mentir que de prétendre le contraire. Elle ne s'y essaye pas, vaut mieux pas.
« Et bien ... tu n'as qu'à essayer un jour, et tu me diras comment c'était. Tu verras bien ça passe ou non, si quelqu'un s'en inquiète ou pas. » Non, elle ne la freine pas. Elle l'incite même presque à mettre ses menaces à exécution. Dingue, hein ?

Faut dire que la brune se fiche bien de voir une ou deux personnes de Bodie crever. Encore plus dans leur sommeil : ça ne fait pas de bruit. Et ça fait un peu de mouvement sur le camp, pour le lendemain. Enfin, elle espère quand même que ça ne lui tombera pas dessus, elle. Mais quelque chose lui dit que ce n'est pas à elle que Livia pourrait s'en prendre. Enfin, en théorie ...

« Evidemment. Y en a, ça serait même nous rendre service que de s'en débarrasser. » Comme dans tout groupe, il y a des points faibles. Des personnes qui prennent de la place inutilement, et qui posent problème par conséquent. Logique.

Enfin, leurs pas les mènent jusqu'à Bodie, où elles vont pouvoir reprendre leur petit train-train habituel. Alliyah se doute que les paroles de Livia n'ont pas de réelle portée. Quoi que, elle pourrait bien décider de se mettre à exécution un jour. Mais ce n'est pas pour tout de suite ... Ou alors ce sera une agréable surprise qu'elle découvrira en se levant. Allez savoir ce qui se passe dans cette jolie tête blonde un brin dérangée. « Bon ... C'est quand tu veux qu'on va se promener plus loin. Sur ton quad, pourquoi pas. Avec un peu de chance, la prochaine fois, on trouvera des survivants. » Sur lesquels se défouler. Pas la peine de le dire : Livia le devinera.