Londres, Mars 2007 - "Aelysia, tiens-toi droite, s'il te plaît ! Nous avons de la compagnie." La voix de Madame Holmes résonna dans le grand salon et fit sortir l'adolescente de sa torpeur. Elle daigna relever la tête de son livre et observa sa mère, qui était accompagnée d'une pure inconnue. Une autre connaissance de son milieu huppé, sans aucun doute. L'air pincé de la nouvelle arrivante, sa jupe plissée et son chemisier bien repassé étaient les preuves indéniables qu'elle aussi faisait partie de la mondanité. Un monde duquel Aelysia glissait, s'évadait. Elle, elle n'était pas comme ses parents. Elle ne voulait pas vivre avec le regard des autres, sans cesse posé sur elle, à scruter ses moindres faits et gestes, en attendant le moindre scandale. Elle ne voulait pas être la "fille de", mais être jugée sur ses compétences, sur ce qu'elle était réellement. Jusqu'à présent, Aelysia avait toujours supporté l'héritage familial et les conséquences qui en découlaient. Elle était la fille d'un grand directeur londonien. Son père détenait un empire de l'immobilier. Il côtoyait les plus grandes fortunes du pays et l'imposait évidemment à sa famille. Depuis sa plus tendre enfance, la route d'Aelysia était donc toute tracée, au point d'en faire un être formaté : elle devait être brillante à l'école, apprendre à se taire quand il le fallait, être irréprochable, côtoyer les bonnes personnes. Fort heureusement pour les Holmes, Aelysia avait le caractère qui allait avec les objectifs de ses parents. Réservée, studieuse, intelligente, belle, elle avait toutes les cartes en main pour devenir la digne représentante de la famille Holmes. Un statut qu'elle allait subir, sans aucun doute. La jeune adolescente referma son livre, se redressa et regarda sa mère, en répliquant : "Toutes mes excuses..." Mais cette fois, elle afficha un sourire en coin un poil provocateur, alors qu'elle quitta la pièce, décidée à ne pas endurer toutes ces hypocrisies que l'on appelait la bienséance.

Stanford, Septembre 2007 - Un large sourire sur les lèvres, Aelysia profitait du soleil californien, les yeux fermés. C'était le début d'une nouvelle vie, bien loin de son Angleterre pluvieuse et maussade. La jeune femme avait obtenu une bourse universitaire et avait été acceptée à l'école de médecine de Stanford. Pour une fois, son nom de famille n'avait pas pesé dans la balance. C'était à elle que l'on devait sa réussite. Bien sûr, ses parents avaient rechigné à l'idée de laisser partir leur protégée loin d'eux, mais Aelysia leur avait promis que tout se passerait bien. Elle était ici pour étudier, travailler ardemment pour devenir un médecin brillant. La vie de débauche n'était donc pas pour elle et ses années universitaires n'entachèrent pas cette philosophie de vie. On l'invita pourtant à de nombreuses fêtes étudiantes, les regards des garçons se posaient sur elle, mais à chaque fois, ils se confrontaient à un mur. La jeune femme n'eut qu'une seule histoire sérieuse, avec un camarade de classe, mais il dut mettre un terme, à l'aube de leur première année. L'un comme l'autre savaient très bien que leurs emplois du temps respectifs allaient nuire aux sentiments qui se renforçaient, pourtant, de jour en jour. La rupture fut difficile pour la jeune femme et Aelysia voua alors corps et âme à ses études, devenant même hermétique à toutes les avances de la gente masculine. Cela profita à sa réussite scolaire, puisqu'elle parvint à décrocher, en septembre 2012, un stage dans l'hôpital le plus réputé de New York. Ainsi, elle partit avec son meilleur ami, Ethan,trouvant un petit appartement cosy où ils pourraient débuter un nouveau chapitre de leur vie.

New York, décembre 2012 - Aelysia sortit en courant de la chambre d'hôpital, affolée. Elle croisa Ethan qui la réceptionna dans ses bras. La jeune femme se blottit contre lui, toute tremblante. "Que se passe-t-il ?" lui demanda-t-il, un sourcil arqué. Il fallut quelques secondes à la brunette pour qu'elle reprenne ses esprits. Etait-elle en train de devenir folle ? Avait-elle rêvé ? Elle venait de vivre l'impensable. C'était si fou qu'elle risquait d'en perdre sa crédibilité. Pourtant, elle releva ses yeux noisettes vers lui et répondit, d'une voix rauque : "Le patient de la chambre 212. Il... il a été déclaré mort, il y a vingt minutes. J'étais en train de remplir la déclaration de décès quand... quand il s'est remis à bouger. Je ne suis pas en train de devenir folle, Ethan, il était bien mort." Elle se sentait obligée d'ajouter cette dernière phrase, comme si elle avait besoin de se rassurer.  "Il y a un problème avec ce virus." ajouta-t-elle enfin. Elle eut à peine le temps de finir sa phrase qu'un cri résonna dans le couloir. Une aide-soignante venait d'entrer dans la chambre 212 et venait de se faire attaquer par le patient. Une morsure sanguinolente trônait désormais sur son bras. Un capharnaüm s'ensuivit alors. Une ribambelle de médecins aguerris et d'infirmières s'approcha du patient pour le raisonner, mais ce fut un coup de feu d'un policier qui conclut la situation. Le patient avait dû être abattu, avant qu'il ne fasse de nouvelles victimes. Cet événement fut le premier d'une longue liste. La situation devint vite ingérable. C'était l'apocalypse, à proprement parler. Les médias ébruitèrent l'affaire, affirmant que les morts revenaient à la vie. Le gouvernement promit de régler la situation rapidement, mais cela ne fut que de belles promesses. L'hôpital fut évacué. A bord de son véhicule, Aelysia tenta de rejoindre l'aéroport, afin de retourner en Angleterre. Ethan l'accompagnait, puisque rien ne le rattachait aux Etats-Unis. Mais l'avion ne décolla jamais. Puis ce fut au tour des médias de disparaître. C'était la fin du monde qu'ils connaissaient si bien. Et à présent, ils étaient livrés à eux-mêmes.

Son premier rôdeur, Aelysia le tua en mars 2013, alors qu'elle marchait depuis un long moment avec Ethan. Ils étaient tous les deux épuisés. Le jeune homme ne vit pas le rôdeur qui fonçait sur lui. Ce fut Aelysia qui sauta sur la créature, guidé par son cerveau reptilien. Sans réfléchir, elle planta la lame de son poignard dans la cervelle du rôdeur. Ce dernier s'écroula, dans un dernier grognement. Essoufflée, la jeune femme retira la lame, qu'elle jeta à terre. Elle frotta ses mains ensanglantées contre son jean usé, dans l'espoir de faire disparaître le liquide rougeâtre. Les larmes commencèrent à couler le long de ses joues. La main d'Ethan vint attraper la sienne, qui était rougie à cause du frottement contre le tissu rugueux. Il l'attira tout contre lui, dans un geste de réconfort. Elle agrippa son t-shirt, secouée par les sanglots, alors qu'elle murmura : "Nous sommes devenus des monstres, Ethan." Sur ses mots, elle repoussa le jeune homme et tourna les talons, se dirigeant vers le petit ruisseau où elle pourrait enfin se nettoyer les mains.

Denver, Mars 2015 - "Un jour, tu vas vraiment finir par te blesser." murmura Aelysia, à l'attention d'Ethan. Elle était en train de désinfecter la plaie qu'elle venait de suturer. L'un des hommes, chez qui ils avaient trouvé refuge, se tourna vers elle, après avoir attentivement observé la suture qu'elle venait de pratiquer. "Vous faites partie du milieu médical ?" Aelysia releva ses yeux noisettes vers lui et approuva d'un signe de la tête. "Oui, j'étais en cinquième année de médecine. Ethan, quant à lui, est infirmier." Un étrange sourire se dessina sur les lèvres de l'inconnu, répliquant simplement : "Intéressant." La brune arqua un sourcil, mais préféra ne pas poser davantage de questions. Les réponses qu'elle attendait vinrent plus rapidement que prévu. Le groupe, chez qui ils s'étaient installés, étaient en grande partie composé de professionnels de la santé. Ils avaient l'ambition de mettre en place un vaccin qui arrêterait la propagation du virus. Les recherches avaient bien avancé, dans leur grand laboratoire new-yorkais. Mais ils étaient sans cesse à la recherche de nouveaux membres pour agrandir les rangs, pour permettre d'assurer, au mieux, la future campagne de vaccination. Ce fut donc tout naturellement que ces Sauveurs, comme ils se faisaient appeler, proposèrent une place à Aelysia et Ethan. Et après mûre réflexion, les deux jeunes gens acceptèrent. Intégrer un groupe, dans une situation comme celle-ci était sûrement la meilleure des solutions. C'était s'assurer un soutien indéniable, une protection qu'Aelysia croyait infaillible.

Phoenix, Décembre 2015 - Aelysia s'éveilla en sursaut, alors qu'on l'appelait en hurlant. Un groupe venait de revenir d'expédition, et en vue du brouhaha grandissant, il y avait des blessés. Le sang de la jeune femme ne fit qu'un tour quand elle comprit qu'il s'agissait du groupe d'Ethan. Elle accourut jusqu'à la tente qui servait d'infirmerie. Le jeune infirmier était allongé sur un lit, inconscient. Le groupe s'était fait attaquer par une horde de rôdeurs, bien trop nombreux pour eux. Certains avaient laissé leurs peaux, d'autres avaient pu se sauver à temps. Et puis, il y avait celui qui avait ramené Ethan, dans l'espoir de rattraper son erreur. "C'est... c'est un accident. Pardonnez-moi... Je vous en prie, pardonnez-moi. Je ne le voulais pas..." implora le jeune adolescent. Ethan avait été touché par une balle perdue, une balle qui ne lui était pas destinée mais qui avait fini sa course dans la chair du jeune homme. Aelysia porta ses mains sur la blessure, dans l'espoir d'arrêter l'hémorragie. C'était l'étudiante en médecine qui prenait place et non pas l'amie. Il y avait de l'agitation autour d'elle, des cliquetis d'outils médicaux et une odeur d'alcool qui vous prenait le nez. Ethan se mit à convulser violemment, alors que du sang coulait de sa bouche. Puis un dernier souffle et la mort. La jeune femme se jeta sur le corps de son ami, en criant, alors que ses mains entamèrent un massage cardiaque, dans un geste désespéré. Elle ne sut combien de temps elle resta ainsi, mais après de longues minutes qui lui semblèrent interminables, on attrapa Aelysia pour l'écarter d'Ethan. "C'est fini, Aely... Il n'y a plus rien à faire." Les larmes montèrent aux yeux de la demoiselle. Le temps s'était suspendu. Elle n'entendait plus rien, ne voyait plus rien. Le choc annihilait toute forme de vie autour d'elle. C'était comme si son monde s'écroulait. On venait de lui retirer l'être qu'elle avait le plus cher au monde, comment rester debout face à cela ? Pourtant, la brunette sortit brusquement de sa torpeur quand l'un des médecins s'approcha d'Ethan, poignard en main. Elle savait ce qu'il allait faire et il était hors de question qu'il le fasse. Elle se jeta sur lui et lui arracha le poignard, le regard noir. "Aelysia, tu sais très bien qu'il faut qu'on le fasse. On ne peut pas prendre le risque de le voir rev..." "Je le sais." le coupa-t-elle. "Mais c'est moi qui dois le faire. On se l'était promis. Alors laissez-moi, s'il vous plaît" On lui accorda cette dernière volonté. La tente se vida peu à peu, laissant Aelysia seule avec Ethan. Les larmes coulaient encore sur ses joues, alors qu'elle s'excusa de ne pas avoir pu faire quoique ce soit. Puis sur un je t'aime lourd de sens, elle planta la lame du couteau. Ce fut la dernière fois qu'elle se servit d'une arme. Elle sortit de la tente, droite comme un piquet, le regard rougi, presque assassin. Le jeune adolescent daigna l'appeler, mais la jeune femme ne lui adressa même pas un regard. "Ne me parle pas..." furent ces dernières paroles avant qu'elle ne disparaisse dans la nuit.

Californie, février 2017 - Plus d'un an s'était écoulé depuis la mort d'Ethan. Depuis cette fameuse nuit, Aelysia ne parla plus du jeune homme, mais quand, par erreur, le prénom d'Ethan venait à apparaître dans la conversation, on pouvait voir les yeux noisettes de la jeune femme se voilaient de tristesse. Le fantôme d'Ethan était encore bien trop présent. Malgré cette perte considérable, Aelysia s'impliqua davantage dans la vie du camp. Le vaccin avait été mis au point et les survivants se succédaient, dans l'espoir de détenir un bon de vaccination. Mais contre toute attente, la brune ne participa pas à cette campagne. A vrai dire, elle ne se fit même pas vaccinée. Ses doutes concernant ce remède miracle étaient fortement présents. Les retombées n'étaient pas encore claires et il était donc hors de question qu'elle mette sa vie, et ceux des autres, en danger. Alors, elle se perdit au beau milieu des livres, à la recherche du moindre indice qui pourrait conforter - ou non - ses doutes. Cela était devenue une véritable obsession, au point de ne plus sortir du camp. Pourtant, ce matin-là, alors qu'on lui proposa de partir en expédition, sans grande conviction, Aelysia surprit tout le groupe, en acceptant l'offre. Le petit groupe partit du camp qu'ils avaient installé sur l'une des grandes plages californiennes. Ils marchèrent de longues heures, à la recherche du moindre survivant. Mais alors qu'ils pensaient faire chou blanc, ils finirent par trouver un homme, seul. Quand le regard d'Aelysia se posa sur lui, ce fut une mine dubitative qui s'afficha sur le visage de la jeune femme. L'inconnu avait un large sourire sur les lèvres, comme si tout allait bien dans son monde. La jeune Holmes n'avait pas vu une telle expression depuis bien longtemps. Ils parvinrent à convaincre l'inconnu de les suivre. Aelysia marcha devant lui, sans lui adresser le moindre mot. Ce ne fut qu'une fois arrivée au camp qu'elle se dirigea vers la grande tente, dans laquelle le dernier arrivant avait été installé. Un médecin sortit à cet instant-là. "Comment va-t-il ?" demanda Aelysia. "Il va bien. Très bien. Trop bien, même. Ce mec doit être complétement timbré..." Et il s'éloigna de la demoiselle, qui entra alors dans la tente. Le jeune homme avait toujours ce large sourire aux lèvres. Un sourire communicateur, puisque les lèvres d'Aelysia s'étirèrent en un sourire timide. "J'ai apporté de quoi manger. Faites comme chez vous." Elle posa le plateau sur la table de chevet et s'apprêta à ressortir. Mais à l'entrée, elle s'arrêta et se tourna de nouveau vers lui. "Au fait, je m'appelle Aelysia." La voix grave du jeune homme résonna, alors qu'il se présenta à son tour : "Naël..." La demoiselle hocha la tête, toujours ce sourire aux lèvres, et sortit de la tente, afin de le laisser se reposer. Quelques heures plus tard, Naël la retrouva au beau milieu de ses livres et une longue conversation s'ensuivit entre les deux jeunes gens. La première d'une longue liste, puisqu'ils devinrent rapidement inséparables. Aujourd'hui encore, il n'est pas rare de voir l'un sans l'autre, même si leur duo détonne toujours autant. Naël a d'ailleurs le mérite d'avoir une bonne influence sur Aelysia. Petit à petit, il parvient à faire sortir la jeune femme de la routine qu'elle s'est imposée. Il l'amène avec lui en expédition et a même réussi l'impensable : il est parvenu à remettre une arme dans les mains de la jeune femme. Ce qui semble incroyable quand on connaît le passé d'Aelysia. En contrepartie - et ayant toute confiance en lui (pour ne pas dire attirance...) - elle lui a fait part de ses doutes, quant au vaccin. Naël a décidé de la suivre, pour le moment, en refusant toute vaccination. Combien de temps pourront-ils tenir sans éveiller les soupçons ? Seul l'avenir le leur dira.

Naël S. Warrens a l'immense plaisir de te valider !
Félicitations, tu rejoins le groupe des sauveurs
L'apparition de Naël est tellement épique Avec son petit sourire et les gens qui le traînent de taré ... Non amis on aura tout entendu
En tout cas, j'adore vraiment ta fiche J'en avais déjà lu une bonne partie mais là tu confirmes vraiment ce que je pensais : j'adore ta plume et j'ai vraiment hâte de pouvoir RP avec toi
Sûr qu'on va bien s'amuser !


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