Traîner n'importe où, sur le campement des sauvages, est un réel risque. Naël le sait. Ici, ils injectent un vaccin supposé venir à bout du virus zombie (en tout cas chez les personnes qui s'y essayent). Et ce vaccin, ils doivent le protéger coûte que coûte. Du coup, l'ancien guitariste, et nomade - ce qui aurait pu être son deuxième prénom -, croise pas mal - pour ne pas dire énormément - de militaires, à droite et à gauche. Heureusement pour lui, il n'a pas la gueule du type bourré de mauvaises intentions. Alors, il sourit. A tous ceux qu'il croise. Leurs regards se posent sur son visage souriant, ce dernier lui offrant un air profondément débile, puis se détournent. Sans qu'aucun sourire, de leur côté, ne vienne étirer leurs lèvres. Bah, c'est leur job. Naël serait curieux de savoir combien de temps ils pourraient résister et garder cet air froid, s'il se mettait à faire le pitre devant eux. C'est idiot, et il ne s'y risquera jamais. On pourrait le fusiller pour ça, il en est sûr. Il ne sait pas vraiment où il va, Naël. Il s'ennuie profondément, comme toujours lorsqu'il n'est pas hors du camp de fortune. Alors il marche. Quand il relève les yeux, il lui semble s'être approché d'une des tentes - qui ressemble plus à des auvents qu'on met au-dessus des têtes pour les mariages à vrai dire - qui abrite les dortoirs. Enfin, une partie des dortoirs.

Il ne sait pas pourquoi, mais ses pas le poussent jusqu'à l'intérieur de celle-ci. Hasard, envie de découverte ou sixième sens qui se déclenche ? Il suit son instinct quoi qu'il en soit, et franchit l'entrée. Quelques pas, et sa tête se tourne à droite où il lui semble entendre un bruit pour le moins étrange. C'est une des chambres - qui abrite plusieurs couchettes -. Dans celle-ci, une silhouette, presque tapie dans l'ombre. Loin de se laisser démonter par l'apparence étrange de cette personne, il fait quelques pas en avant et fronce les sourcils. « Tout va bien là-dedans ? » OK, il ferait sans doute mieux de faire demi-tour là, tout de suite, et de repartir d'où il vient. Mais au lieu de ça, il ne bronche pas. Il se contente d'attendre. Heureusement, il ne fait pas encore trop noir alors il peut garder un œil avisé sur celui qui se trouve là, dans l'ombre. Il ne sait pas bien ce qu'il se passe, mais il a comme le sentiment que ce jeune homme ne va pas bien, pas bien du tout. Et comme ce n'est pas un sans-cœur autant qu'on voudrait bien le croire, il a très envie de vérifier s'il ne peut pas faire quelque chose pour lui, à tout hasard. Ce sera sa bonne action du jour, et surtout ... ça l'occuperait pour une heure ou deux. Espérons.

OK. Ce mec fait flipper. Et c'est peu dire. Suffit de regarder le peu de sa tête que Naël voit dans l'obscurité ambiante. Flipper, vous dis-je ! Méfiant mais aussi souriant qu'à l'accoutumée, il reste à bonne distance de lui en lui demandant s'il va bien. Il a l'air vraiment malade, alors y a de quoi se poser des questions. La réponse du jeune homme lui fait froncer les sourcils. D'accord, d'accord. C'est de plus en plus inquiétant. Naël passe d'un pied sur l'autre, comme un gamin qui aurait envie de pisser. Ce n'est pas son cas, la situation le rend juste un peu plus stressé qu'il n'en a l'habitude. Sa rencontre de la dernière fois - d'un type qui ressemblait un peu à celui qui est en face de lui sur certains détails - l'a marqué au fer rouge. Il n'a pas envie de réitérer l'expérience. Prendre des risques inutiles, c'est son truc, certes, mais selon ses conditions. Ce mec là est imprévisible, contrairement aux rôdeurs lorsqu'il en croise. Impossible d'anticiper ses réactions. Impossible, même, de comprendre ce qui lui arrive. Rien de très bien, si l'on en juge par son aspect et sa façon de lui parler, voire même de le regarder. Terrifiant. « Exact, je faisais un tour du propriétaire sans songer au fait que je pouvais éventuellement rencontrer quelqu'un. » Il a eu tort de penser ainsi, puisqu'il y a bel et bien une personne dans ce coin. Et une personne vraiment bizarre qui plus est. Y a quelque chose ... D'animal chez lui. Un petit truc qui pousse Naël à rester aussi loin de lui que possible - sans avoir l'air d'un enfoiré de première parce que ça ne lui ressemble pas -. Simple mesure de sécurité. « Enchanté, Elisha. Moi c'est Naël. » Il en restera là pour les présentations : y aura pas de serrage de mains pour eux. Pas ici, pas maintenant. Hors de question, de toute façon, que Naël s'approche de lui. « Mais si ça ne te dérange pas, je préfère ici. T'as l'air de couver un truc et j'ai un bien faible système immunitaire. » Difficile de comprendre la maladie qui le tient cloué sur son lit, mais Naël préfère ne pas le savoir à vrai dire. C'est plus rassurant que d'avoir trop d'informations qui le mettraient plus mal à l'aise encore qu'il ne l'est présentement. « Tu ne veux pas que j'aille chercher quelqu'un ? Un médecin ? T'as vraiment pas l'air bien ... » Son teint est pâle, ses yeux livides. Naël ne comprend pas ce qui se passe mais une chose est sûre : il n'est pas bien. Y a un truc qui ne tourne pas rond chez ce mec et il serait franchement risqué de le laisser là à la dérive. S'il peut donner un coup de main, Naël n'hésitera pas ... si tant est que ça ne lui fait pas courir de risque, lui, personnellement.

Putain, c'est flippant. C'est sa période, à Naël, ou quoi ? Non parce qu'il n'arrête pas de tomber sur des gens bizarres. La dernière fois, c'était un type ... En train de bouffer un rôdeur. DE BOUFFER UN PUTAIN DE RÔDEUR, OUI. Vous imaginez, un peu ? C'est logique qu'il soit encore plus méfiant qu'à l'accoutumée, du coup. Il reste à distance, et il l'observe. Il essaye de le conseiller, de l'emmener voir un médecin, ou de le convaincre de le laisser amener un médecin à lui. Mais visiblement, il ne le souhaite pas. Il répète son prénom dans un souffle à glacer le sang, et Naël s'efforce de ne pas broncher. Il sait ce que ça a donné la dernière fois qu'il a montré du dégoût face à un type pour le moins étrange, hein ... Il s'est fait courser, puis frapper, et il aurait presque pu ne pas s'en tirer. Autant dire qu'il en a tiré une leçon, et qu'il n'a pas envie de réitérer l'expérience. De nouveau, l'ancien baroudeur lui propose d'aller chercher quelqu'un, un médecin, une infirmière, un scientifique, n'importe qui pourvu que ça le fasse partir de là. Il est sur les crocs, Naël, parce qu'il ne sait pas à quoi il a à faire. Il ne manque pas de bravoure, il manque juste de volonté à accorder sa confiance au premier venu. Et ce mec ne donne pas envie de lui faire confiance, vous en conviendrez.

D'autant que choper un virus par les temps qui courent, ce n'est pas un risque que Naël est prêt à prendre. Même en étant ici, chez les "sauveurs". Bon. Il lui demande de l'aide pour se rasseoir. Il ne va quand même pas l'envoyer chier, hein ? Ce n'est pas un mauvais gars, Naël. Il se méfie, mais ce n'est pas un mauvais gars pour autant. Alors après quelques secondes d'hésitation supplémentaires, il hoche vivement la tête. Il va l'aider, et ensuite il ira voir Aelysia pour qu'elle le vaccine ou un truc du genre, qu'elle le protège contre les potentiels microbes auxquels il aura été confronté. Il se lavera trois, voire quatre, fois les mains aussi et le tour sera joué. « Mais je reste persuadé que tu devrais aller voir quelqu'un, tu restes pâle comme je ne sais pas quoi et visiblement sur le point de vomir tripes et boyaux. » Lâche-t-il en faisant quelques pas dans sa direction. Brrr, tripes et boyaux ça le ramène à la scène du "repas" du type qui avait quelques caractéristiques en commun avec ce jeune, juste là. Naël chasse cette idée de sa tête, et pose sa main sur l'épaule d'Elisha. « Et un peu d'eau, ça te dirait ? C'est quelque chose qui est dans mes cordes, ça. » Il ne peut pas faire grand chose de plus, là. Et Naël ne veut pas non plus s'éterniser. Plus vite il sera parti, mieux il se portera. Mais il ne va pas le laisser comme ça ... Quand même pas. Tous ses sens sont en alerte, de toute façon, alors si quelque chose devait mal tourner ... Il sera prêt. En théorie.