Ces caravanes… Matthew ne savait pas vraiment s’il appréciait ce système, ou non. C’est vrai quoi, nous étions de retour comme des années en arrière, les plus riches, ou les plus appréciés pouvaient prétendre à de beaux quartiers, pour le reste, c’est l’austérité la plus totale, et on vous empile. Ouais, tout compte fait, ce système ne lui plaisait absolument pas. Assis sur son lit, il soupire, il ne se sentait pas vraiment à sa place ici, et en plus dans son malheur, Vance et ses équipes ont confisqués toutes les armes du Sanders. C’était comme se sentir nu pour lui, ne pas pouvoir se défendre face à autrui, surtout dans un monde comme celui-ci, c’était inconcevable à ses yeux. Il passe sa main dans sa chevelure, gratouille sa barbe et tout en grommelant et pestant, il se lève du lit, saisissant sa canne, il se dresse difficilement sur ses jambes, sa récente altercation a Détroit le suit toujours fort heureusement, sa jambe se remet plutôt bien pour le moment. Prochaine étape : trouver Ezekiel, théoriquement, il possède la caravane en face de lui. La montagne sort enfin de sa demeure de fortune, emboitant le pas vers sa prochaine destination.

Il tambourine de sa main gauche contre la porte d’Ezekiel, frappant de plus en plus fort à chaque coup. « Bordel, j’espère que t’es la… » Il se demandait vraiment pourquoi les gens ne s’étaient pas rebellés depuis tout ce temps ? Comment tout cela pouvait convenir alors que derrière ces portes un immense monde plein d’opportunités se dressait devant eux ? Pourquoi retourner à ce système de civilisation…  Le monde était tellement vaste, pourquoi se cautionner à un seul campement ? Il y avait tellement de questions qui resterait sûrement sans réponses pour Matthew. Mais du moment que sa famille est en sécurité, il jouerait profil bas pour ne pas tout gâcher. Car même s’il n’était pas fan de l’endroit, il fallait bien reconnaître que au moins sa fille était en sécurité dans l’enceinte d’Ellia.

Peu importe la ou son regard venait à se poser, il ne se sentait absolument pas en confiance, il avait cette impression que tout était contrôlé et manipulé au poil de fion depuis la tour d’ivoire de Mr Vance. S’il devait bien reconnaître une chose pour le coup, c’est que le travail réalisé pour rassembler autant de personnes sous la même bannière, c’était un travail colossal qui a surement dû demander beaucoup de préparation et de sacrifices. Pour le coup, le Sanders aurait adoré savoir tout cela, la manière dont tout ça a été acheminé. Il retape encore quelques minutes sur la porte jusqu’à finalement se rendre compte que, potentiellement, son ami n’était pas présent dans sa caravane.  

Plus il attend à la porte, plus il sent que tout cela est en train de l’énerver. Pas parce que son collègue ne répond pas mais parce que face à lui se trouve des rangées de caravanes ou sont ‘’stockés’’ des gens qui visiblement ne se rebellent pas face à ça. Il trouve tout cela étonnant que personne ne se révolte contre les conditions de vie. La porte s’ouvre enfin, et heureusement pour lui, c’est Ezekiel qui ouvre. Imaginez un peu la grosse honte d’avoir tambouriné comme un sourd contre la porte pour se rendre compte que ce n’était pas la bonne caravane ! Il rentre alors dans la demeure de son ami, observant la décoration, il ne peut s’empêcher une petite blague. « Hé bah. On voit qui a du piston dans cette ville de merde. J’aime tout particulièrement cette déco sur le placard, c’est quoi ? Poing de l’artiste ? Le fist ? » Il émet un petit rire nerveux, laissant parler son ami. De tout ce qu’il disait, Matt était entièrement d’accord avec lui. Sur absolument tous les points ils ne pouvaient pas tous être séparés comme ça, pas après tout ce qu’ils avaient vécus ensemble depuis toutes ces années.

« Je suis du même avis que toi, tout cela c’est du vent. Et puis l’apocalypse a emporté toutes les distinctions sociales alors pourquoi vouloir replacer les gens dans des cages en fonction de critères plus stupides les uns que les autres ? Il marque une pause. Ouais, merci de demander, l’état de ma jambe s’améliore doucement mais sûrement, j’ai bien hâte de quitter cette canne, bien que du coup ce soit potentiellement ma seule arme à bord du camp. » Il lui demande alors ce qu’est son plan. Matthew le suivra partout. Même aux enfers. Ils étaient devenus une véritables famille tous ensemble et ce n’était sûrement pas un camp de fortune qui allait mettre un coup aux survivants. Des camps, ils en avaient déjà fait explosés un petit nombre, et que ce soit Ezekiel ou Matthew, c’était une évidence, pour protéger tout le monde, ils pourraient réduire tout ce monde en cendre.

Il s’assoit sur le lit de son collègue, observant discrètement à travers la fenêtre. « Ils m’ont assigné au garage, Je suis sûr qu’en fouillant un petit peu je dois pouvoir fabriquer des trucs sympas. T’es dans quel coin toi ? » Il sait qu’il risque très gros en essayant de fabriquer et du coup, d’introduire des armes dans le camp. Il n’était pas encore sur à cent pourcents de son idée, mais elle était tout de même dans un coin de sa tête, on sait jamais ce qu’il peut arriver, et se retrouver à l’isolement ce n’était pas le meilleur plan de l’année. Ils ne pouvaient pas être séparés dans deux camps distincts ou la par contre, ce serait un bordel sans nom pour planifier quelque chose. Et surtout, il ne peut pas se permettre de se retrouver loin de sa fille à nouveau. Pas déjà.