Une rose anéantie tout le sang [Aileen Blackhood]

Foutu état de merde. Il faisait chaud, trop chaud et sec. On avait l’impression que la pluie ne tomberait jamais. Ok, il ne fallait pas dire cela mon cher Ezeckiel pensa-t-il à l’Arizona. Là bas, c’était un état trop chaud accompagné de quelques bestioles venimeuses qui pouvaient vous gruger pendant votre sommeil. Oh ! Qui a bien pu penser aller se foutre dans un trou pareil ? Ezeckiel préférait la mer, la liberté qu’alimentait le vent du large. Un Zombie savait nager ? Étrangement, il eut un sourire à cette pensée. Il s’imaginait couler l’un de ces monstres l’empêchant de remonter à la surface. Mort pour de bon. Et toc !

Resté au campement aujourd’hui, il n’eut guère envie de bouger. On obtenait assez de vivres pour encore un bon moment. Puis, on se retrouvait au beau milieu de nulle part entouré d’un petit bois des habitations désertées non loin. Un bout de bois à la main, Ezeckiel l’envoyait valser de tous les côtés au même titre qu’une épée. Et Tchac ! Zombie : 0; Ezeckiel : 1. Le ciel était bleu foncé. Il ne s’y trouvait presque pas de nuage. Notre jeune homme y leva momentanément la tête. Peut-être pour apercevoir des hommes armés. Eh ! Cela faisait des mois et le gouvernement n’avait rien foutu. Il savait parfaitement de ne jamais faire confiance en les autorités. Ils devaient avoir tous fuis ces parfaits égoïstes laissant le peuple en pâture aux Zombies. Machinalement, il détacha quelques boutons de son col de chemise. L’idiot aussi qui portait une chemise noire dans cette chaleur. Ses pas le guidèrent vers le centre du campement où la plupart de ses compagnons se trouvaient. Ezeckiel n’avait de cesse à regarder Aileen Blackwood toutefois. Oh et puis, zut. De plus en plus, il savait parfaitement qu’elle avait raison depuis le départ. Son regard noir ne lui rapportait que des loques qui se laissaient avoir par le désespoir.

- Tss ! Réveillez-vous !

Murmura-t-il pour lui-même sur un air bougon. Oh qu’il avait cette envie de les secouer. Oh qu’il avait envie de les emmener à la chasse aux Zombies. Ah oui ! C’était certain qu’Ezeckiel ne resterait pas cloîtré dans un campement toute sa vie et encore moins pour six mois encore. Il avait envie de tuer tous les Zombies … Que les États-Unis d’Amérique redeviennent la grande puissance d’avant. Nonchalamment, il s’approchait d’Aileen. On se demandait s’il le faisait exprès ou non. Enfin, la vérité est que notre jeune homme s’assit au sol près d’elle. Dans un soupir clairement frustré, il fut incapable de tenir sa langue.

- T’avais peut-être raison Aileen. On aurait mieux fait de passer notre chemin.

Affirma-t-il sans même observer dans la direction de la jeune femme. Ses yeux se posaient sur un point d’herbe en particulier. Oh ! Il n’y avait guère de volonté de découvrir une bestiole inconnue encore à l’humain dans ce regard. Il n’y avait que la rage du désespoir de ne rien faire depuis un bon moment. Rester cacher, survivre, rester cacher, chercher des vivres … Ah ! Il allait devenir complètement fou.

- Je veux dire. Tout le monde est déprimé !

S’énerva-t-il en ajoutant sur un geste de sa branche morte l’état du campement, mais plutôt l’état des membres y vivant.

Ezeckiel L. Livingston & Aileen L. Blackhood

Ezeckiel avait finalement eu gain de cause : nous avions rejoints le groupe de survivants que l'on avait croisés. Cela ne faisait que quelques jours, et pourtant j'avais la sensation que cela faisait des semaines. Mon moral était descendu en flèche durant ce court laps de temps. Certes, il n'était déjà pas au beau fixe à la base, mais c'était à présent encore pire à présent. Nous étions peut-être plus en sécurité que si nous étions restés en petit groupe de deux, mais j'avais la désagréable sensation que quelque chose clochait avec eux. Sans doute des vestiges de mes anciennes rencontres... En tous les cas, je ne me sentais pas à l'aise avec qui que ce soit d'autre que Ezeckiel. C'est fou comme il avait réussi à gagner rapidement ma confiance. J'étais pourtant plus que méfiante avec tout le monde en ces temps obscurs. Mais il avait ce petit truc en plus qui faisait que je lui avais instinctivement confié ma confiance. La preuve, malgré mon aversion pour les trops gros groupes, j'avais cédé et accepté de le rejoindre jusqu'ici. Ce qui, en soit, n'avait peut-être pas été la meilleure idée qui soit, vu comme ils semblaient tous -ou presque- dépressifs. Si bien, que j'avais l'impression de devenir de plus en plus pessimiste, moi aussi...

Aujourd'hui était un jour parfaitement identique aux autres. Le groupe dans son intégralité restait au campement. A la base, j'avais dans l'idée d'aller dans une ville voisine pour récupérer ds vivres et me défouler en tuant quelques zombies, mais il sembleraient que mes compagnons en avaient décidé autrement : ils estimaient que nous avions tout ce qu'il nous fallait et que, par conséquent, il n'était pas nécessaire que nous risquions nos vies. A regret, j'obtempérai donc, ne voulant pas m'attirer les foudres de mes "nouveaux amis". Je m'installai donc dans un coin du campement, néanmoins situé au centre de celui-ci. De là où j'étais, tout le monde pouvait me voir, mais surtout, je pouvais tous les voir. Mon regard ne les lâchait pas une seule seconde. J'observai leurs moindres faits et gestes, dans le but de décortiquer chacun de leurs actions. S'ils faisaient quoi que ce soit de louche, j'en serai immédiatement informée. Je ne leur faisait définitivement pas confiance. Dans ce monde, nous pouvions tomber sur n'importe qui et surtout, sur des gens de la pire espèce. Je m'étais déjà faite avoir une fois, cela ne se reproduirait plus. J'entendis plus que je ne vis Ezeckiel venir s'asseoir à mes côtés, à même le sol. Son soupir ne m'échappa pas, bien que je ne dis rien, attendant plus qu'autre chose qu'il ne s'exprime. « T’avais peut-être raison Aileen. On aurait mieux fait de passer notre chemin. », lâcha-t-il finalement, m'étonnant plus que de raison. Je jetai un bref coup d'oeil dans sa direction, avant de poser de nouveau mon regard sur nos compagnons, à quelques mètres de nous.

Si nous avions rejoint ce groupe, c'était avant tout parce qu'Ezeckiel l'avait souhaité. Dans un premier temps, je n'avais été guère réceptive, craignant de tomber sur des profiteurs, ou que sais-je encore. J'avais finalement accepté, parce que je ne voulais pas me retrouver seule et quand plus, je m'étais, bien malgré moi, fortement attaché à Ez. L'idée de me séparer de lui m'avait parue tout simplement inadmissible. Et puis, seule, je savais parfaitement que je ne serais pas parvenu à grand chose sur une question de durée. Etre à plusieurs offrait plus de sécurité et j'en avais conscience. « Je veux dire. Tout le monde est déprimé ! », ajouta-t-il finalement. Certes, ce groupe paraissait sur le point de s'effondrer, mais pour cette unique raison, pouvions-nous nous permettre de les laisser tomber pour nous retrouver de nouveau à deux dans le silence et l'angoisse permanente ? « Tu penses ? Ils sont peut-être plus forts que ce qu'ils laissent paraître. », tentai-je en les fixant, dans l'unique but d'essayer de deviner si ce que je disais était vrai. L'étaient-ils réellement ? Avaient-ils d'ores et déjà lâcher prise ? Il fallait rester méfiant, qui sait de quoi ils étaient capable, dans un dernier geste de désespoir.

- Hm … Peut-être.

Répondit-il toujours dans une attitude bougonneuse. Peut-être fut-il lui qui déprimait et non les autres. En quelques sortes, à la seule pensée qu’on pourrait laissait des gens se faire tuer actuellement l’agaçait royalement. On se trouvait ensemble. On avait des vivres, des moyens de transport et des armes. Alors, on pourrait faire face à l’envahisseur et sauver des vies. Rendre les gens plus heureux, ramener leur sécurité si précaire depuis des mois maintenant. Ezeckiel avait, de plus en plus, cette envie de faire ce que le gouvernement ne produisait pas : aider la population américaine. Il refusait de penser que d’autres enfants comme Anna étaient coincés dans ce fouillis. Que d’autres pourraient mourir tout comme eux. Ou fussent-ils encore vivants ?

- Je m’ennui …

Lâcha-t-il en un gémissement très enfantin et soupirant fortement. Le jeune homme se laissa tomber sur le dos les mains derrière la tête. Son regard brun foncé scrutait le ciel. Un vent agréable vint lécher son visage. Ce serait simple si l’humain pouvait voler, traverser champs, rivières et forêts grâce à des ailes. Les Zombies ne pourraient pas venir les chercher de là où ils seraient. Mieux, on descendrait en piquer et VLAM ! BAM ! On tuerait les Zombies par la vitesse de la descente des airs. Ezeckiel ferma les yeux tâchant de trouver un souvenir agréable et oublier où il se trouvait en ce moment. Pas facile lorsque tout ce qui vous venait à l’esprit se trouvait en votre mère et votre ami tués. Finalement, ses yeux s’ouvrirent à nouveau et il capta Aileen un peu plus en hauteur pour cause de sa position couchée.

- J’aimerais bien aller tuer tous les Zombies que je pourrais rencontrer. Tu penses que les autres voudront m’aider ?

C’était un plan totalement improvisé. En fait, non il ne se trouvait aucun plan. Ezeckiel avait la nette envie de se débarrasser de ces monstres. En son corps régnait une détermination de fer et on se demandait pourquoi il ne disparut pas encore du groupe avec une arme, sa voiture, ses vivres pour chasser du Zombies. Pour purger la terre de ces infects êtres. On se demandait bien pourquoi … On se demandait aussi la raison pour laquelle il demanda à Aileen. C’était une simple question. Il était sérieux dans son ton de voix, mais léger en même temps. Non, il demandait à elle pour connaître sa position. Il n’avait aucunement envie de la laisser seule. Et si certains arrivaient jusqu’à Aileen pendant qu’il serait occupé ailleurs. Il ne voulait, tout simplement, pas y songer. Toujours au sol, une inspiration suivit d’une expiration lui fit un très grand bien. Pourquoi fallait-il toujours y avoir des dilemmes ? Zombies ou Aileen ? Non ! C’était elle en premier : pour sûr.

- Sinon, je vais le faire seul.

Termina-t-il dans un murmure qui laissa clairement paraître les émotions se battant en lui. Ces émotions puissantes envers Aileen lui interdisaient d’y aller seul. Mais … Mais il avait tant envie de venger les morts.

Ezeckiel L. Livingston & Aileen L. Blackhood

Avais-je déjà, avant d'arriver dans ce goupe, la désagréable sensation que tout était perdu d'avance ? Que l'espoir n'avait plus lieu d'être dans l'état actuel des choses ? Ou toutes ces impressions remontaient-elles à plus longtemps ? J'optai plutôt pour la seconde option. J'étais quasi persuadée que ce côté pessimiste de ma personnalité était là depuis le début, ou presque. Se retrouver seul -ou presque- du jour au lendemain n'avait rien de plaisant. Découvrir que l'humanité entière, à quelques exceptions près, avait disparu, était des plus déprimants. L'expression seule au monde n'avait jamais eu autant de sens que les premières semaines de la propagation du virus. Cela me paraissait tellement lointain, tant de choses s'étaient passées depuis... Le temps passait lentement, à mes yeux. Il devait donc forcément en être de même pour les autres. Ce groupe que nous venions tout juste de rejoindre avait forcément traversé tout un tas d'épreuves pour en arriver là. Il était donc compréhensible qu'ils soient aussi... déprimés. Néanmoins, était-ce pour autant une raison pour ne pas continuer à se battre ? Je conservai un gros doute là dessus. « Hm … Peut-être. », répliqua-t-il finalement, toujours aussi boudeur. Je continuai d'observer le groupe juste en face de nous, essayant de déceler la moindre petite trace d'optimisme, et de motivation pour la cause qui était censé tous nous tenir en éveil constant : l’éradication de ces putains de monstres. Ils avaient, certes, été des êtres humains comme nous avant de devenir ces choses, mais c'était soit les tuer, soit finir bouffé, ou transformé comme eux. Le choix était vite fait.

Un silence tout ce qu'il y a de plus apaisant s'installa, mon regard vagabondant à droite et à gauche, à la recherche d'un éventuel mouvement suspect. Je me méfiai de tout et de tous. Je préférais agir de la sorte plutôt que de me faire avoir une seconde fois. Ez était la rare exception, et pour rien au monde je ne changerai cela, même si je savais parfaitement à quel point il était risqué de s'attacher autant à quelqu'un ces temps-ci. « Je m’ennuie … », reprit-t-il finalement, ce qui détourna mon attention du reste. Je posai mon regard sur lui, un léger sourire flottant sur mes lèvres. Il paraissait encore tellement insouciant, agissant presque comme si rien de tout cela n'était réel. Du Ezeckiel tout craché. C'était sans doute cela, en parti, qui me faisait autant tenir à lui. D'autant plus que je savais parfaitement que s'il paraissait aussi enfantin, il n'en était rien. Il savait se défendre et faisait tout, absolument tout pour survivre. « J’aimerais bien aller tuer tous les Zombies que je pourrais rencontrer. Tu penses que les autres voudront m’aider ? », demanda-t-il peu après. Un bref coup d'oeil en direction des visages dépités plus tard, je concentrai de nouveau toute mon attention sur Ezeckiel, allongé à mes côtés.

« Sinon, je vais le faire seul. », ajouta-t-il avant que je n'ai pu dire quoi que ce soit, quasiment dans un murmure. Les sourcils froncés, je le détaillai du regard, constatant sans problème qu'il était plus que sérieux. Bizarrement, je parvenais aisément à comprendre cette brusque envie de tuer des zombies. J'étais un peu dans le même cas que lui, en fait. Je voulais à tout prix venger tous les morts causés par ce putain de virus et il semblerait qu'Ez était exactement dans le même cas que moi. Il en avait traversé des épreuves, comme à peu près tous les survivants, et je ne pouvais que lui accorder le droit de vouloir s'en prendre à la source même du virus, pour venger toutes les personnes mortes, bouffées par l'une de ces choses, ou plusieurs d'ailleurs. Un léger soupir franchit mes lèvres alors que je plissai les yeux en le regardant. Comme s'il ne savait pas que, non seulement je ne voulais pas reste seule ici alors que je ne faisais confiance à aucun de nos nouveaux compagnons de route, et qu'en plus, et surtout, je ne pouvais pas me faire à l'idée de le laisser y aller seule. Et puis quoi encore ? « Eux, je ne sais pas. Moi, en revanche, je t'accompagne. », lançai-je brusquement avant de me lever pour lui tendre la main. « Et bien, on y va ? Peut-être que si on agit, ça finira par les faire agir eux aussi... », repris-je rapidement, sans bouger, attendant qu'il n'accepte ma main tendue et se lève. Nous n'avions plus que quelques heures - bon... L'après-midi, en fait - avant que le jour se lève.

Encore pour quelques instants, le silence s’installa au niveau du campement. Quelques murmures et bavardages de ci de là, mais rien de bien tangible. Ces bruits avaient la caractéristique d’être euphorisants à souhait. Il se sentait détendu et aller à la somnolence avec ceux-ci. Oh ! Cela lui rappelait sa maison. Plusieurs soirs par semaine, durant son enfance, Ezeckiel s’endormait aux discussions entraînantes et – plus les minutes passaient – saoules des invités de sa mère. Les voix basses des gens lui rappelaient un ruisseau qui coulait lentement dans son lit au beau milieu d’une forêt. C’était apaisant et, heureusement pour nous actuellement, permettait à notre jeune homme de penser et oublier son ennui … Qui reviendrait très vite, ne vous en déplaise.

Aileen ne semblai pas croire en sa bonne idée d’aller chasser des Zombies. Il le ressentit dans le soupir qu’elle rejeta. Dans un geste brusque du cou, Ezeckiel détourna la tête et ferma les yeux deux, trois secondes. Il les ouvrit à nouveau. Voilà, Aileen doit se l’imaginer totalement fou. La déprime de ces lieux le rendit fou et, dorénavant, tout son esprit était occupé de Zombies. Ceux-là même tuant des êtres proches et durent être aussi un facteur dans sa folie. Parfait, je suis fou. Et maintenant, quoi songea-t-il marqué et outré par la gestuelle de la jeune femme. Il n’y eut aucune parole, mais oh ! La communication se faisait largement par cette gestuelle et non les mots. Enfin, évitons de philosopher et sachons une chose : Ezeckiel pensait être vu comme un parfait imbécile par Aileen Blackwood jusqu’à ce que …

- Quoi ? Euh, non …

Sa voix laissa passer la surprise. Aussitôt, il se releva sur les coudes et prêt à rétorquer envers l’illogisme – selon lui – dont faisait part Aileen. La main de cette dernière tendue dans sa direction, Ezeckiel la bouche encore béante et les yeux presque aussi grands ne savait quoi répondre. En fait, il ne voulait pas se séparer de la jeune femme … Mais il désirait la protéger en même temps … Ce n’était pas en allant chasser le zombie ensemble qu’il réussirait cette deuxième volonté : la plus importante. Vif, toutefois, notre homme prit la main tendue et se fit aider pour retourner en station debout. Les mains sur les hanches, il était alors pris d’une nervosité. Aileen semblait vraiment désirer venir avec lui, mais c’était non ! Il se rappelait leur première rencontre.

- Je ne veux pas que tu te fasses blesser Aileen ou pire. Et puis … Je disais juste cela comme ça sans vraiment le penser ! Je ne veux pas être responsable de t …

Le dernier mot ne réussit pas à sortir bien malgré l’intensité des précédents. Il était « mort ». Baissant le regard en direction du sol, Ezeckiel se mit à faire des formes machinalement dans le sable terreux. Son esprit ne pouvait même pas s’imaginer perdre Aileen. C’était comme si leur rencontre fut un an auparavant. Il s’était passé tant de choses depuis. Ezeckiel ressentait une vive terreur à ne plus se trouver près de la jeune femme. Il aimait son sourire. Il aimait l’entendre parler … Il aimait aussi ce petit air déterminé sur son visage. Cet air qu’elle avait actuellement.

- Tu … Tu as de la difficulté à te battre contre ses choses. Rappelles-toi notre première rencontre.

Ajouta-t-il ces faits. Malgré tout, on se demandait si ces derniers n’allaient pas le couler. Enfin, Ezeckiel luttait contre deux feux soit celui d’être avec la jeune femme et celui de la voir saine et sauve. Argh ! Pourquoi n’avait-il jamais ressentit cela avant chez une femme ! Il toqua durement sa chaussure contre le sol en signe de frustration évidente.

Ezeckiel L. Livingston & Aileen L. Blackhood

Si je ne le montrais pas spécialement, partir en excursion pour aller tuer des zombies me paraissait être une merveilleuse idée. Meilleur défouloir que cela, je ne voyais pas, même dans le monde pré-invasion. Oh, cela ne voulait pas pour autant dire que j'aimais ce nouveau monde. Ma vie d'avant, mes amis, ma famille, tout me manquait, jusqu'à mes pires ennemis. Je me demandais comment auraient pu se passer les choses si j'avais rencontré Ezeckiel lorsque j'était encore mon ancienne "moi", à l'époque où tout allait bien. J'aurais aimé, les choses auraient été totalement différentes, meilleures même. Mais ce n'était pas le cas, et je devais faire avec. Avait-il toujours été aussi déterminé, voir même têtu ? Était-il, à l'époque, déjà si impulsif et prêt à partir au combat à tout moment ? Peut-être, un jour, trouverai-je des réponses à toutes ces questions à son sujet qui se bousculaient dans mon esprit... Mais pour l'heure, je me devais de le soutenir dans son tout nouveau plan : partir à la chasse aux zombies. J'étais même plutôt pour, cela serait un bon exutoire pour lui, comme pour moi. Se défouler, voilà qui était un bon plan pour supporter le monde extérieur. Je ne tardai pas à apprendre à Ezeckiel que j'avais l'intention de l'accompagner. Parce qu'il était hors de question que l'on se sépare, pour de très nombreuses raisons sur lesquelles je ne préférais même pas m'arrêter une seule minute. Ce serait trop effrayant pour la Aileen que j'étais devenue. « Quoi ? Euh, non … », répondit-il instinctivement, peu de temps après. J'ignorai sa remarque, et tendit la main dans sa direction pour l'aider à se redresser. S'il croyait que j'allais le laisser aller risquer sa vie seul, il se mettait le doigt dans l'oeil. L'expression sur son visage aurait pu être amusante en d'autres circonstances, tant il paraissait surpris, voir même choquée. Serait-il de trop de dire qu'en l'occurrence, elle me vexait plu qu'autre chose ? Pourquoi refusait-il que je l'y accompagne ?

Il accepta finalement ma main tendue et se redressa pour me faire face, poings sur les hanches. Je le fixai, sans dire quoi que ce soit, attendant qu'il développe sa première idée. Pourquoi, donc, refusait-il que je m'y rende avec lui ? Je croisai les bras sur ma poitrine, m'empêchant à grand peine de ne pas me mettre à taper le sol avec mon pied. Je n'avais plus huit ans pour réagir de la sorte ! La tête légèrement levée étant donné la légère différence de taille entre nous deux, je ne la lâchai pas une seule seconde du regard. « Je ne veux pas que tu te fasses blesser Aileen ou pire. Et puis … Je disais juste cela comme ça sans vraiment le penser ! Je ne veux pas être responsable de t … », s'interrompit-il en cours de route. Cela ne m'empêcha pas pour autant de comprendre parfaitement ce qu'il avait commencé à dire. Lui, responsable de moi, hein ? Paraissais-je donc à ce point être un boulet ? N'avais-je pas déjà prouvé que j'étais totalement capable de me défendre seule ? Trop vexée et quelque peu énervée, je ne bougeai pas un seul instant, fronçant tout juste les sourcils, dans l'attente qu'il ne reprenne sa précédente phrase. J'attendais avec impatience qu'il argumente ce qu'il s'apprêtait à dire...

Je voyais bien qu'il était en plein duel intérieur, cherchant ce qu'il pouvait dire, et comment le formuler. Je le laissai donc approfondir sa pensée. Peut-être qu'ainsi, il irait au fond des choses, à ce sujet tout du moins. J'avais, pour ma part, franchement hâte de me battre contre des zombies. Éclater des cerveaux, et courir, avec une bonne dose d'adrénaline dans le sang, me paraissait soudain très intéressant. J'avais un trop plein d'émotions desquelles je souhaitais me séparer au plus vite. « Tu … Tu as de la difficulté à te battre contre ses choses. Rappelles-toi notre première rencontre. »[, lâcha-t-il finalement, pendant que le sol devenait victime de ce dilemme qui semblait faire rage en lui. Je claquai ma langue sur mon palet, m'efforçant de ne pas laisser s'échapper un rire sarcastique. Pourquoi remettait-il ce sujet sur le tapis ? Et pourquoi maintenant alors que je n'avais qu'une envie : évacuer toute ma frustration, ma colère et ma rage ? « Lors de notre première rencontre, je n'avais pas mangé depuis des jours Ezeckiel. Ne t'ai-je pas, depuis, prouvé que j'étais parfaitement capable de m'en sortir seule ? », argumentai-je sans plus attendre. Un soupir s'échappa de mes lèvres. La libération de tous ces sentiments qui se battaient en moi ne paraissait pas encore prête d'arriver, surtout si Ez n'admettait pas une bonne fois pour toute que je m'en sortais plutôt bien avec les zombies.

Oh zut ! Maintenant, elle était en colère. Le grand Ezeckiel n’ayant ordinairement peur de rien s’intimidait devant la jeune femme. Les bras croisés, Aileen l’observait sur un air de reproche extrême. Aussitôt, notre homme baissa son propre regard pour recommencer à faire des cercles, ou peu importe quoi, dans la terre au sol. Les lèvres serrées il tâchait de ne pas trop élever la voix. Pour lui, il était important qu’Aileen reste à couvert. Qu’elle ne prenne pas trop de risque. Lui … ? Eh bien, c’était bien différent. Il irait buter quelques Zombies pour le bien de l’humanité. Son cœur avait peur … Il avait peur pour elle. Il désirait la protéger et ne pas la perdre. Pas comme son ancien groupe.

Ses yeux posèrent sur la jeune femme de par le bas. Elle laissa entendre que leur rencontre était loin derrière maintenant. Qu’elle savait se défendre. Son soupir d’exaspération alimenta la même émotion chez Ezeckiel. Il soupira, tout autant qu’elle, de frustration. Les bras derrière la tête, il se força à fermer les yeux très forts. Non ! Il devait se calmer. Il ne crierait pas sur son amie. Il s’en sentirait nettement coupable par la suite. Les paumes de mains recelaient tant de puissance qu’il ne put pas supporter encore longtemps. Finalement, le jeune homme ouvrit les yeux et ramena ses bras le long de son corps. Ses poings se serrèrent alors qu’il marchait au hasard, mais jamais bien loin. Ok ! Il se calmait … Pourquoi était-il énervé aussi ? Il refusait maintenant que cette jeune femme vienne chasser le Zombie avec lui ? Normalement, il était bien moins conscient de la sécurité des autres. Non mais ! Mais … Mais avec Aileen c’était différent.

- Je sais que tu peux te défendre ! Enfin …

Dans un haussement de ton qu’il, à son grand dam ne put pas supprimer, son corps en entier refit face à Aileen Blackwood. Tout son corps tremblait de rage, de peur, d’amour … ? Ce petit air déterminé, fonceur qu’elle avait sur son visage. Il aimait tellement cela. C’était ce genre de regard qui ramenait très souvent son optimisme disparaissant parfois ces derniers jours. Farouchement, peut-être même brusquement, il enlaça Aileen. Comme un enfant avec son ours en peluche préféré, il l’approcha de son cœur. Pourquoi maintenant ce dernier battait comme un demeuré ? Plus son regard se penchait dans celui de la jeune femme et moins il avait envie de la lâcher. Ezeckiel resserra sa prise même pour ressentir avec plus de ferveur, plus de chaleur. La chaleur d’Aileen, sa force.

- J’ai peur pour toi … Je ne veux pas que tu t’éloignes de moi.

Affirma-t-il sur un ton de voix si sérieux que cela ne lui ressemblait pas. Sa voix était plus grave, mais en même temps plus basse. Après tout, ils furent assez proches l’un de l’autre pour éviter de crier. Quoi ! Ezeckiel n’avait pas du tout l’intention de crier à Aileen. Absolument pas. Ses paroles ne voulaient rien dire toutefois. On tournait en rond en quelque sorte. Elle pensait certainement pouvoir l’accompagner tandis que lui …

Mais alors, ses lèvres se furent dangereusement rapprochées et … et elles touchèrent celles d’Aileen Blackwood à nouveau. Tendrement à l’inverse du baiser volé d’il y avait plusieurs semaines. Il ferma les yeux et laissa ses lèvres effleurer, toucher, jouer avec celles d’Aileen. Une énorme excitation au ventre monta en lui … Mais c’était aussi un grand bien.

Ezeckiel L. Livingston & Aileen L. Blackhood

Indéniablement, j'étais fâchée. Ezeckiel osait lui reparler de notre toute première rencontre pour sous-entendre que je ne savais pas me défendre seule. Alors oui, je ne le prenais pas spécialement bien. Pas vraiment pour les paroles en question, mais surtout parce qu'il essayait de me mettre hors course. Hors, je désirais ardemment aller me balader dans une ville voisine pour exterminer quelques zombies. De tous les sports qui avaient auparavant existé, je n'en avais jamais aimé aucun, si ce n'est la natation qui nous procurait une sensation de légèreté incomparable. A présent, il semblerait que j'avais trouvé ma véritable vocation dans ce domaine là : le dégommage de zombies. Bien sûr, cela ne comptait pas réellement comme un sport, mais presque, dans le fond. Il fallait de la force physique et dieu seul savait à quel point j'avais développé la mienne en plusieurs mois de temps. Alors oui, je voulais m'aventurer sur des terrains risqués pour me défouler, pour extérioriser tout ce qui avait besoin de sortir en moi. Et Ezeckiel, qui me faisait désormais face, ne semblait pas du même avis que moi. Il passa par plusieurs émotions contradictoires, commençant par se sentir gêné face au ton sans appel et plein de reproches dont j'usais. Finalement, après plusieurs minutes de silence, il se mit à faire les cent pas, tout proche de l'endroit où je me trouvais toujours, bras croisés, sourcils froncés. Il semblait même énervé maintenant, à mon image. Pourtant, il essayait de se contrôler avec des difficultés, ce qui opposait totalement nos réactions. Pour ma part, j'étais plutôt du genre à me tenir en retrait, quoi qu'il arrive. « Je sais que tu peux te défendre ! Enfin … », commença-t-il d'une voix beaucoup plus forte que la mienne. Si j'étais plus qu'impulsif, je devais me rendre à l'évidence : j'avais trouvé pire que moi.

Il se posta face à moi, peinant à contrôler les diverses émotions qui traversaient son visage en même temps. Sans rien dire de plus, je ne cessais de le fixer. Parce qu'il n'y avait rien à dire, aucun de nous deux ne changerait d'avis, nous étaions aussi têtus l'un que l'autre. Je voulais à tout prix partir à la quête de rôdeurs à exterminer, et Eze voulait m'en empêcher. Fin de la discussion ? Certainement pas, non. Nous n'avions trouvé aucun terrain d'entente, et maintenant qu'une telle proposition s'était présentée à moi, je ne voulais pas la laisser passer. Et pourtant, je devrais savoir qu'Ezeckiel n'était pas prêt de laisser tomber, lui non plus. Ses réactions étaient aussi imprévues, et faites sur le tas, sans qu'aucune réflexion de les ait précédées. Sans que je m'y attende, il se rapproche de moi et me prit dans ses bras. En temps normal, je me serais sans doute dégagée pour fuir aussi vite que possible tout marque de tendresse dans le genre, mais pas là. Parce que là, tout était différent. Il avait haussé le ton, nous nous étions énervés. Nous n'étions pas d'accord sur un sujet plus qu'important et nous ne pouvions pas continuer à agir de la sorte. Nous ne pouvions pas juste nous emportés et nous en prendre l'un à l'autre. Aussi étrange que cela puisse paraître venant de moi, nous avions besoin de l'autre... « J’ai peur pour toi … Je ne veux pas que tu t’éloignes de moi. », ajouta-t-il sur un ton très sérieux.

Quand Ezeckiel disait des trucs dans ce goût là, il était, la plupart du temps, franc et sérieux. Je savais que c'était mal, qu'il ne devait pas penser de la sorte. Dans ce monde, tenir à quelqu'un et avoir peur pour lui en toute circonstance était une grande faiblesse. La vie ne tenait plus qu'à un fil, un rien pouvait la faire basculer et disparaître à tout jamais. Et si nous voulions survivre, nous ne pouvions pas nous permettre ce genre de faiblesse. Et pourtant, je savais pertinemment que, dans notre cas, il était déjà trop tard. Je tenais déjà beaucoup trop à lui, bien plus que ce que je n'osais l'imaginer. Et c'était mauvais, très, très mauvais. C'est sans doute pour cela que je décidai de ne pas revenir sur sa première phrase. J'ai peur pour toi... Pour ma part, à cet instant précis, c'était surtout cette découverte qui me faisait peur, et ces sentiments naissants que je sentais grandir un un peu plus chaque jour en moi. « Si tu ne veux pas que je m'éloigne, alors, il... », commençai-je avant d'être interrompu par son visage qui se rapprochait du mien alors qu'il me tenait toujours dans ses bras, me serrant tout contre lui. Tendrement, ses lèvres se posèrent sur les miennes. Tétanisée, je ne bougeais pas une seule seconde. Ma raison me hurlait de le repousser et de partir avant qu'il ne soit trop tard - ce qui, dans le fond, était déjà le cas - alors que le reste de mon corps répondait favorablement à son baiser. Mes mains se posèrent délicatement à la base de sa nuque, alors que je mouvais mes lèvres contre les siennes, appréciant à sa juste valeur un baiser qui me ramenait à des moments plus sereins, plus... normaux. Mais la raison finit toujours par l'emporter sur le reste, si bien que je m'extirpai rapidement de notre bulle à nous, aussi bien que de son étreinte. Je reculai de quelques pas, retrouvant un visage impassible, mais néanmoins trahi par mes balbutiements et mon regard fuyant. « Je ne... On ne... On ne devrait pas. », lançai-je à la dérobée, dans un ultime espoir de conserver encore un peu ce qui faisait de moi une guerrière, supposément distante, froide et réservée. Ezeckiel faisait peu à peu tomber toutes mes barrières et je ne parvenais pas encore à savoir si c'était une bonne... Ou une mauvaise chose.

I do not want to be lonely anymore - Rob Thomas

Il ne sut probablement jamais ce qu’Aileen Blackhood souhaita lui dire. Il ne le saura probablement jamais. Et ce fut tant mieux. Un frisson parcourut l’entièreté de son corps à la manière d’un courant électrique. Ce ne fut pas une électricité douloureuse. C’était quelque chose de surprenant, mais de doux à la fois. Quelque chose dont Ezeckiel aimerait ressentir à nouveau. Probablement la raison pour laquelle il se laissa aller un peu plus au baiser. Que les autres les observaient, il n’en avait cure. Peut-être allaient-ils réagir et sortir de leur torpeur. Aller pauvres larves ! Réveillez-vous ! Mais Ezeckiel n’avait plus envie de donner des ordres à ces stupides gens. Il n’avait qu’une seule envie : rester avec Aileen.

Leurs deux corps chauds faisaient en sorte que la température monta drastiquement étant déjà haute. Une brise douce eut tôt fait de rétablir le tout. Ce vent était bénéfique donnant des frissons partout dans le dos, sur les bras du jeune homme. Les yeux fermés, il se sentait au paradis. Plus de Zombies, plus d’obligation de survivre. Il vivait à nouveau dans son San Francisco natal. Quoique dans cette ville, il ne rencontra jamais Aileen Blackhood. Pas grave, car il pouvait l’intégrer par ses propres pensées. Le moment présent pour lui … Mais

Elle cessa de caresser ses lèvres, elle cessa de l’embrasser et il se sentit poussé sur ses arrières. Ouvrant alors les yeux, Ezeckiel dut s’adapter à l’éclat du soleil. Cet éclat qui faisait paraître avec plus de brillance la jeune femme sur ses devants. Laissant tomber ses bras sur les côtés de son corps, le jeune homme joua un peu avec ses lèvres. Il ne comprenait pas ce que voulait dire Aileen par « on ne devrait pas ». Son regard ne fuyait pas, mais finit par le faire. Il scruta l’horizon toujours dans une position debout semblant être remplie de désespoir. Si précédemment, Ezeckiel ne le fut pas maintenant c’était gagné. Il se passa une main sur le visage replaçant sa chevelure. Un geste machinal sans désigner la réelle fonction. Elle venait de le rejeter. Il commençait à comprendre petit à petit. Elle le rejeta. Il n’avait pas envie de se mettre en colère ni l’envie de parler. Juste de ne plus voir personne pour un bon moment …

Il se sentait stupide et honteux maintenant. Qu’il était bête ! Déglutissant, Ezeckiel leva les bras pour les redescendre assez férocement. Il passa à côté d’Aileen sans la voir apparemment. Marchant vite, le jeune homme arriva à hauteur de ses armes. Il était hors de question de prendre son arme à feu. On devait conserver les munitions. Il attrapa l’un des quatre poignards en sa possession et la barre de fer. Cette dernière, il la donnerait à Aileen. Un soupir s’ensuivit et il retourna sur ses pas.

- Tiens !

Fit-il plus fort que son esprit l’avait prévu malheureusement tout en donnant l’arme à Aileen. Ezeckiel ne désirait pas intimider la jeune femme, mais c’était évidemment plus fort que lui. Surtout dans cette condition assez étrange. Têtu et boudeur, il s’empressa de ne pas la regarder plus longtemps. Bien au contraire, il se mit à chercher où ces atrocités de Zombies pouvaient se cacher. Penser aux Zombies avait du bon : il en oubliait cette position étrange vis-à-vis de son amie.

Ezeckiel L. Livingston & Aileen L. Blackhood

Pendant un instant, le reste du monde avait totalement disparu de mes pensées. Il n'y a plus qu'Ezeckiel et moi, plus que ses lèvres scellées aux miennes. A une autre époque, ce baiser m'aurait remplie de joie, et sans doute n'aurais-je rien mis en oeuvre pour l'arrêter. Mais en même temps que le monde changeait pour laisser sa place à un autre, j'avais changé également. Peut-être un peu trop. La Aileen souriante, bienveillante, et avec une bonne humeur à toute épreuve, avait été remplacée par une personne froide, distante, méfiante, et avant tout solitaire. Parce qu'avec l'invasion, je n'estimais pas avoir le droit à une quelconque relation avec qui que ce soit. Le pessimisme qui me caractérisait désormais si bien m'empêchait d'agir de manière humaine, ou plus simplement de manière normale. Ainsi, ce baiser échangé avec Ezeckiel m'avait semblé magique, m'avait transportée dans le passé, à une époque où tout allait bien, dans un monde où nous n'étions plus que tous les deux. J'avais presque eu l'impression d'avoir peut-être une chance de pouvoir retrouver le bonheur, ne serait-ce qu'un peu. Le seul problème était que j'avais fini par redescendre sur terre. Le retour à la surface était plus que douloureux, et même déprimant. Mais il le fallait. Pour mon propre bien. Je n'étais pas certaine de pouvoir me permettre de trop s'attacher à quelqu'un. Pour le coup, il était déjà un peu tard concernant Ezeckiel, mais je préférais fermer les yeux, pour ne pas trop y penser et m'inquiéter pour ma santé mentale... En tous les cas, je m'étais finalement reculée, le repoussant, et disant que nous ne pouvions pas faire cela. Il était difficile de supporter cette idée, mais je ne voyais pas d'autre possibilité. Et si quelque chose venait à lui arriver ? Comment serais-je censée survivre à une telle catastrophe.

La réaction d'Ezeckiel me laissa pantelante, alors que je reculais de quelques pas, et tentai de retrouver une respiration normale, et une contenance par la même occasion. Il passa par nombre d'émotions différentes, que je ne réussis pas toute à identifier. Tout ce que je pouvais dire avec certitude, c'était qu'il était énervé. Voir même très énervé, en fait. Je restais parfaitement immobile, et ne cherchais pas non plus à savoir précisément où il allait quand il passa juste à côté de moi. Ok, clairement il m'en voulait. Je comprenais, d'ailleurs, mais pourquoi n'essayait-il pas d'en faire de même de son côté ? J'avais mes propres raisons pour... « Tiens ! », cria-t-il à moitié en me tendant brusquement - presque violemment en réalité- une barre de fer. Avait-il finalement changé d'avis par rapport à notre conversation précédente ? Je maintins l'arme qu'il m'avait donnée dans ma main, puis l'observai. Voilà que maintenant, il évitait mon regard. Je me rapprochai de lui, alors qu'il me tournait le dos, et frôlai presque timidement sa main avec la mienne toujours libre, avant de reculer, comme si son contact m'avait brûlée. Certes, c'était réellement le cas. C'état d'ailleurs toujours comme ça, avec lui. « Ez'... je... je suis désolée... », murmurai-je, avant de détourner le regard et de m'éloigner de quelque pas. Quoi de mieux qu'une bonne bataille contre les zombies pour détendre l'atmosphère et surtout, pour détourner nos pensées ? Personnellement, je n'en voyais guère de plus... intéressante, ou même utile. Si nous nous décidions véritablement à aller en ville, nous pourrions non seulement nous défouler comme il se doit, mais aussi apporter du ravitaillement dans ce groupe, qui en avait décidément de plus en plus besoin... Un peu de nourriture, et pourquoi pas quelques fantaisies, leur redonneraient peut-être enfin l'envie de se battre, et aussi la motivation nécessaire pour le faire. Peut-être.

Le regard porté vers l’horizon, il tâchait d’oublier son geste et la peine de ce rejet. Il n’allait certainement pas devenir pessimiste pour cet unique baiser repousser. Non ! Ezeckiel n’en avait pas envie. Ce n’était même pas le moment d’être sentimental. On devait vaincre les Zombies. Un petit sourire en coin sincère même s’ensuivit aux lèvres de notre jeune homme. La pensée qu’il embrassait Aileen … Tous les États-Unis furent plongés dans le chaos, les Zombies vous chargeaient à vue voir à l’odeur. Il n’en était pas encore certain. Il ne comprenait pas encore parfaitement le comportement de ces êtres immondes. Le poignard tournoyait dans sa main. La lame passait du bas vers le haut et revenait vers le bas. L’esprit ailleurs, sur un champ de bataille, Ezeckiel semblait oublier sa colère, sa peine. Réfléchir sur la manière de détruire ces êtres infects était routinier, normal. Maintenant, c’était si normal … Avant ?

Il frissonna un peu. Il avait aimé le contact soudain avec la jeune femme. Le jeune homme ne se retourna pas de suite. Lentement, mais assez brusquement par la suite, Ezeckiel laissa l’horizon pour tourner la tête et la baisser en direction d’Aileen. Il tâcha sans vraiment le vouloir pertinemment – comme un réflexe s’emparant de son corps – de reprendre doucement, tendrement la main de la jeune femme. Cette douce sensation qu’il n’avait pas voulu voir se terminer. Elle avait peur de lui ? Pourquoi ? Il lui faisait peur, c’était clair. Après tout, Ezeckiel intimida bien des gens durant sa vie dont les plus grosses brutes pouvant exister sur cette Terre. Un murmure … Un désolé …

- N’en parlons plus d’accord.

Rétorqua-t-il sur un ton franc et sans détour. Sur un pas dur et rapide, Ezeckiel dépassa à nouveau Aileen. Une brise fraîche s’engouffra en l’intérieur de sa chemise ouverte. Le jeune homme pouvait ressembler à un véritable cow-boy un poignard à la main, rebelle et faisant sa propre loi. Oui, Ezeckiel faisait montre de l’homme libre sans peur, mais à quelque part pouvant être un véritable héro. Un héro, car il aimait sauver les gens. Mais il s’en fichait bien aussi d’être traité de tel nom ou d’un autre. Tout ce qu’il souhaitait c’était donner une bonne leçon à ces foutus Zombies ! Enfin, il désire bien aider autrui … Avant Aileen, Ezeckiel arriva au bout du campement. Posté entre deux arbres, il observa la route et les maisons non loin. Plus personne ne vivait dans celles-ci depuis longtemps. Il le savait. Il avait, avec l’aide des autres, fouillé parfaitement tous les recoins.

- Viens ! On va prendre la voiture pour aller dans la ville. Ici, il n’y a plus rien !

Certifia-t-il à Aileen. Son bras, muni du poignard, fit un mouvement rapide et brusque vers les maisons désertées. Un regard vers la jeune femme et Ezeckiel le retourna sur ses devants. Il devait s’assurer que la voie était libre. Pas de Zombies à l’horizon en quelque sorte. Quoiqu’il aimerait en trouver 1 ou 2. Juste pour l’amuser. Juste pour faire cesser le malaise qui attaquait son ventre depuis un moment … Depuis qu’Aileen le repoussa. Finalement, il s’avança et ouvrit la portière de la Lexus berline côté conducteur.

- La voie est libre ! Viens …

Lança-t-il de sa voix forte comme si tout allait parfaitement bien. Mais Ezeckiel ne passa, une fois de plus, guère plus d’une seconde sur Aileen. Bien vite, il détourna le regard.

Ezeckiel L. Livingston & Aileen L. Blackhood

Le monde n'avait plus rien à voir avec celui que nous avions connu. Plus rien n'avait de sens, ni même d'importance. Bien sûr, nous survivions, parce que l'humain était ainsi fait, nous n'allions pas juste nous laisser mourir. Peut-être qu'il y avait encore quelque chose à trouver, quelque part. Je n'y croyais plus depuis un moment, mais mon instinct de survie me pousser à continuer à me battre, à ne surtout pas baisser les bras. Néanmoins, la valeur de chaque chose autour de moi avait changé, tout comme ma vision de ce qui, autrefois, aurait fait mon bonheur. L'amour, entre autre chose, en faisait partie. Je ne pouvais pas me laisser aller à ce genre de sentiment trop humain. Ce serait comme lancer ma propre perte. Pourtant, mes pensées à ce propos s'embrouillaient un peu plus à chaque instant que je passais aux côtés d'Ezeckiel. N'était-il pas déjà trop tard pour seulement penser à cela ? Si ma détermination à ce sujet faiblissait un peu plus chaque jour, cela ne m'empêchait pas de rester le plus distante possible vis à vis du jeune homme. Le baiser échangé m'avait encore plus fait reculer par rapport à ce que je pensais, heureusement, j'avais réussi à contrôler mes sens. J'avais reculé, je m'étais éloignée de lui. Mais je n'avais pas pu m'empêcher de m'excuser. Pour m'être un peu trop laissée aller, pour ne pas avoir su l'en empêcher avant, et surtout, pour l'avoir peinée et énervée. Je lui souris légèrement lorsqu'il se retourna vers moi, me regardant enfin, apparemment calmée. Il s'empara de nouveau la main, et je baissais la tête pour les regarder avant de le fixer de nouveau. « N’en parlons plus d’accord. », lança-t-il sèchement, avant de s'éloigner. Une nouvelle fois. Je restais figée un instant, avant de passer une main dans mes cheveux, en soupirant. C'était sans doute mieux ainsi : ne plus en parler, faire comme si rien ne s'était passé. Comme pour notre premier baiser.

Sans plus attendre, je tournai donc les talons et rejoignis Ezeckiel qui, rapidement, s'arrêta au bout du campement. Je me postais à quelques pas de lui, observant de la même façon le village voisin. Il n'y avait aucune trace de vie, ou de non-vie devrais-je plutôt dire, et c'était normal puisque nous l'avions fouillée de fond en comble. Il n'y avait plus rien ici, pas de zombies, plus de vivres, strictement rien. « Viens ! On va prendre la voiture pour aller dans la ville. Ici, il n’y a plus rien ! », reprit-il après un court silence, en montrant les maisons d'un geste de la main avec laquelle il tenait toujours le tête. Je me contentai de hocher la tête, pas bien sûre qu'il m'ait vue, mais peu importe. Immédiatement, nous nous mîmes de nouveau en marche, avant de nous arrêter devant la voiture qui nous avait accompagné pendant tant de temps. « La voie est libre ! Viens … », dit-il en montant dans la voiture. J'en fis de même, puis détournai la tête dans sa direction. « Est-ce que tu sais par où on peut aller ? », demandai-je en tournant la tête pour regarder en face de moi. Je scrutai le paysage, m'assurant qu'il n'y avait aucun rôdeur. Tout était désert. Dommage, j'avais une folle envie de me défouler. A cette idée, ma main se serra un peu plus contre la barre de fer que je tenais. Ce n'était pas sûr qu'avec cela, je parviendrai à tuer des zombies, à moins d'y mettre toutes mes forces restantes, mais j'avais aussi un petit couteau sur moi, qui ne me quittait jamais. Tant que je pouvais me défouler, c'était l'essentiel.

- Je ne sais pas. Probablement au premier signe de civilisation qu’on puisse trouver.

Renchérit-il sans même quitter des yeux la route. Au volant de la lexus berline, Ezeckiel pouvait un peu apaiser ses émotions et la souffrance ayant court actuellement dans son cœur. Ce dilemme qui l’enrageait s’il y pensait un peu trop. C’était stupide. Le pays tout entier vécut l’apocalypse et notre idiot pensait uniquement à Aileen Blackhood. Est-ce que c’était cela un héros ? Une personne égoïste décidée à sauver une personne et uniquement celle-là ? Bien sûr que non ! Ok, il ne pensait pas uniquement à elle. Peu pourraient déceler les tourments d’Ezeckiel Livingston. Seule une personne le connaissant parfaitement bien, comme sa mère, aurait pu comprendre le pourquoi de la colère et de la volonté d’adrénaline du jeune homme. Il roulait vite voir même très vite sur la route encore asphaltée. Apparemment, les Zombies n’aimaient pas avaler de bitume. Ils préféraient encore la chaire humaine.

Le jeune homme savait qu’Aileen ne l’observait pas. Du coin de l’œil, il la vit serrer la barre de fer durement entre ses mains. Ouvrant la bouche, il allait ajouter une blague, une connerie qui sortait toujours dans les moments les moins opportuns. Heureusement pour vous tous et surtout concernant Aileen, il fut attiré par quelques mouvements rapides. Il plissa les yeux pour remarquer un homme et son chien – un magnifique labrador noir – semblant en pleine action. Depuis un moment, les champs se furent transformés en rangées de maisons unifamiliales. Le quartier dut avoir été très beau auparavant … C’était bien avant. Maintenant des déchets jonchaient sur le bord de la chaussée.

- Il y en a là !

S’exclama-t-il surpris de trouver des Zombies aussi rapidement. L’homme et le chien se faisaient attaqués par deux Zombies. Deux … Rien qui ne faisait peur à notre cher Ezeckiel. Mieux, il ressentait un stress favorable à tout : l’adrénaline. Aussitôt, il donna un coup de volant pour stationner la voiture en travers de la rue. Tout aussi rapidement, il arrêta le moteur et prit les clés pour les fourrer dans la poche de son jeans. – On ne savait jamais qui pourrait venir voler la voiture pendant qu’ils avaient le dos tournés.

- Hé ! Venez par ici vous deux !

Beugla-t-il dans ce qui pourrait ressembler à un cri de guerre. Près de la voiture, Ezeckiel sortit son poignard et l’agrippa dans sa main droite. Sans même savoir ce que ferait Aileen, il s’élança en un bond vers les Zombies qui – l’ayant entendu – accouraient tous les deux en sa direction à lui. Un sourire en coin apparut chez notre jeune homme. Ce qu’il n’avait pas prédis toutefois était le labrador. Le chien aboya et courut vers les Zombies et vers lui par le fait même. À quelque part, Ezeckiel appréciait cette aide. Évitant un coup griffe de la part de la stupide créature quant à lui, il fit un grand mouvement vers l’extérieur de son bras muni du poignard et l’appuya dans le cou de ce dernier férocement.

Tout ce fut passé très vite. Il n’eut pas le temps de reculer que le chien mordait la jambe du deuxième Zombie. Perdant momentanément son attention, Ezeckiel ressentit un coup de griffe minable sur sa joue droite. Minable, mais assez pour le faire saigner.

Ezeckiel L. Livingston & Aileen L. Blackhood

L'atmosphère qui s'était installé dans la voiture n'avait plus rien de léger ou d'amical. Il était même tendu. Chacun de notre côté, nous laissions nos pensées vagabonder à leur guise. Pour ma part, je tentai de me convaincre que j'avais fait ce que j'avais à faire en le repoussant. Je ne pouvais pourtant pas empêcher une partie de moi d'éprouver des regrets. Cette part de mon esprit était de plus en plus présent, au fil du temps et des journées que je passais avec Ezeckiel. Comment étais-je censée réagir face à lui et tout ce que je pouvais ressentir ? La Aileen que j'avais un jour été aurait sauté au plafond après un baiser échangé avec un homme tel qu'Ezeckiel. Mais tout était désormais différent, à commence par ma façon d'envisager les choses et de voir le monde. Aux alentours de New-York, après que j'ai confirmé la mort de ma famille, j'avais vécu le pire. Le simple fait d'y penser suffisait à me renfermer encore un peu plus sur moi-même. Longtemps, alors que je me dirigeais vers le Sud sans but précis, je m'étais jurée de ne plus faire confiance à qui que ce soit, un survivant en groupe, ou en solitaire, peu m'importait. Le fait était qu'à part sur moi-même, je ne pouvais guère me lier à quelqu'un, et encore moins lui faire confiance aveuglement. Et puis, Ezeckiel était arrivé. Avec lui aussi, j'étais restée distante au début. Mais j'avais besoin d'aide et il était là, à me faire parler et rire tout naturellement. Au final, avant que je n'ai réellement pu en prendre conscience, il avait gagné ma confiance. Depuis, il réussissait inconsciemment à me faire peu à peu changer d'avis. Peut-être que, finalement, voyager seule n'était pas une très bonne idée... Si mes résolutions faiblissaient un peu plus chaque jour, je ne parvenais toujours pas à dire si c'était une bonne... Ou une mauvaise chose.

Et à cause de mon foutu caractère, Ezeckiel était maintenant énervé. Ce que, en soit, je comprenais. Se faire rejeter de la sorte n'était jamais plaisant. Habituellement, c'était toujours lui qui détendait l'atmosphère quand quelque chose clochait. Il avait une blague - pourrie, il fallait bien le dire - à lancer pour faire rire ses spectateurs. Or, là, je ne devais sans doute pas compter sur cela. Je fis une tentative de prise de parole, légèrement mal à l'aise face au silence gêné qui s'était mis en place. En fait, je voulais aussi, et surtout, lui faire oublier que je n'étais, dans le fond, qu'une faible pas capable d'assumer ses sentiments. Enfin, pas dans ce monde là, en tout cas. « Je ne sais. Probablement au premier signe de civilisation qu’on puisse trouver. », répondit-il sur un ton qui ne prêtait guère à la rigolade. Un léger soupir franchit mes lèvres, mais je ne commentai pas, me contentant de hocher la tête avant de regarder la route qui défilait par la fenêtre. Tout comme Ezeckiel à mes côtés, je distinguai du mouvement sur la route. J'observai la scène un instant, notant sans mal qu'il s'agissait d'un homme bel et bien vivant, accompagné d'un chien, qui se faisaient attaquer par deux zombies. « Il y en a là ! » J'agrippai encore un peu plus fermement la barre de fer et sortis de la voiture en même temps qu'Ezeckiel, une fois qu'il l'eut stoppée. Je ne fus sans doute pas assez rapide, puisque le jeune homme avait déjà tué l'un des zombies. Néanmoins, je m'approchai d'eux, légèrement inquiète comme souvent lorsque je sortais en sa compagnie. Tout se passa ensuite très vite. Il perdait le contrôle. Et le zombie se rapprochait de lui, alors que du sang apparaissait sur son visage. Je franchis rapidement les quelques pas qui me séparaient encore d'eux et poussai Ezeckiel, à côté duquel la mâchoire du rôdeur claqua. Il s'en était fallu de peu. La barre de fer fendit l'air et s'écrasa sur le zombie, qui recula, me laissant le temps d'extirper un couteau de ma ceinture. Je l'enfonçai dans le crâne du mort-vivant et me tournai, légèrement effrayée vers Ezeckiel. « Tu vas bien ? », demandai-je d'un ton anxieux en levant la main pour effleurer sa blessure. « Ce n'est pas grand chose... », affirmai-je alors en lui accordant un léger sourire, l'esprit trop accaparé par sa santé pour repenser à l'autre homme et son chien.

Déstabilisé, Ezeckiel se laissa pousser. Il ne comprit pas de suite d’où – mais surtout de qui – provenait le geste. Justement, il avait fermé les yeux au même instant tâchant de faire taire la douleur à sa joue droite. Ces monstres avaient des griffes terribles. Un coup et vous ressentiez 10 chats à l’exact même moment. À moins que c’était la même sensation qu’un chien … Oh oui ! Notre pauvre jeune homme avait déjà vécu ce mélodrame lors d’un vol tournant mal dans sa ville natale de San Francisco. Donc, déstabilisé, le jeune homme perdit le contact avec le poignard qui alla claquer son filigrane de métal au sol noir, bouillant sous ce chaud soleil d’été. Le cœur en bataille, pensant à Aileen, il ne regarda même pas sur ses arrières pour reprendre le poignard. Sur quelques pas reculés, il était prêt pour attaquer à nouveau mais …

- Wow !

Resta-t-il bouche bé devant la jeune femme qui enfonçait prodigieusement un couteau dans le crâne du Zombie. Si sa situation n’avait pas été aussi effrayante, Ezeckiel aurait éclaté de rire. Quoique, en même temps, Aileen paraissait une véritable combattante. Oui, comme Katniss dans Hunger Games : une jeune femme n’ayant pas froid aux yeux et déterminée à aider les gens dans le besoin. Enfin, seul un minuscule sourire en coin tâtant maladroitement de sourire bêtement apparut. Mais Aileen avait une autre idée en tête. Elle s’attarda à sa blessure. Sa joue saignait après tout. Sur ces mots, Ezeckiel l’a frotta de sa main droite – et doit-on dire sale même. – Reportant le regard dans sa paume, du sang y avait été badigeonné. Un soupir laissant paraître son « je me fiche totalement de cette stupide égratignure – sortit d’entres ses lèvres. Un petit sourire en coin totalement niais et très stupide apparut sur son visage. Une énième blague totalement nulle venait d’apparaître dans son esprit. Oui, mais c’était une blague réelle cachant des remercîments et surtout une vision parfaite d’Aileen Blackhood.

- Grâce à toi, je vais bien Katniss Everdeen.

- Vous devriez désinfecter cette plaie je … J … Je connais ce à quoi ressemble une véritable morsure de ces horribles créatures. Laissez-moi faire.

L’homme avait approché d’un bon pas nos deux jeunes gens. Il semblait avoir 45 ans voir 50 ans tout au plus. Ses propos semblaient déterminés et sincères ce qui rendit Ezeckiel en confiance. Puis, le chien était très calme de surcroît en sa compagnie. Il s’était même assis sur son train arrière. Fait anecdotique : l’homme boitait. Il s’était fait mordre ? Non, ce ne pouvait pas être possible. Bientôt … Il ne serait plus des leurs. Peut-être fut-il tombé ? Néanmoins, Ezeckiel ne tarda pas sur ces détails pour réagir plutôt aux dires.

- Mais ce ne sont pas uniquement les morsures qui peuvent être fatales ?

- Oui, mais on ne sait jamais où ces monstres passent leurs griffes. Allez, montrez-moi votre joue.

Baissant la tête, penaud Ezeckiel devait avouer que les explications de l’homme étaient logiques. Le poignard pendait toujours vers le sol bien coincé dans sa main droite. Ezeckiel laissa l’homme approcher et tâter sa blessure qui … Qui ne faisait absolument pas mal. Son regard continuait de se targuer vers sa jambe néanmoins. Est-ce que cet homme avait reçu un coup de griffe aussi terrible pour boiter à ce point ? Depuis quand se promenait-il comme cela ? Ils devaient le ramener au campement, car on ne pouvait pas rester blessé dans ce monde hostile. Toutefois, rien ne lui fit prendre conscience du pourquoi cet homme connaissait aussi bien l’aspect des morsures fatales cependant. Grosse erreur.

Ezeckiel L. Livingston & Aileen L. Blackhood

L'adrénaline me poussa instinctivement à agir. Le zombie pouvait à tout moment sauter sur Ezeckiel qui, encore déstabilisé par la griffure que lui avait prodigué le rôdeur ne se rendait compte de rien et surtout, n'était pas en état pour répliquer. Une bouffée de peur, à la simple idée que je pouvais le perdre à ce moment précis, me poussa en avant pour faire reculer Ez' puis enfoncer mon couteau dans le crâne du mort-vivant. Plus aucune pitié pour ces anciens êtres humains qui, aujourd'hui, aurait pu m'ôter la dernière personne qui me maintenait encore la tête hors de l'eau. Et j'avais besoin d'un moment aussi stressant que celui-là pour m'en rendre compte. Dire que quelques jours plus tôt, j'étais prête à le laisser partir de son côté avec le groupe pendant que je me retrouverais seule avec moi. Non, ce n'était plus possible, Ezeckiel m'était devenue essentiel en l'espace de plusieurs semaines. Ne voulant pas me laisser emporter par mes pensées, je retournai auprès du jeune homme, voulant m'assurer qu'il allait bien , et que sa griffure n'était rien de plus. « Grâce à toi, je vais bien Katniss Everdeen. », m'assura-t-il. Je levai les yeux au ciel, exaspérée qu'il trouve le moyen de blaguer dans un moment pareil, mais un sourire vint trahir mon amusement... et mon soulagement. La voix de l'homme, qui se rapprochait derrière moi me tira de mes songes, et je me tournai dans sa direction pour le regarder et aussi l'écouter, puisqu'il semblait s'y connaître. Toujours aussi inquiète concernant l'état de santé d'Ezeckiel -les griffures n'étaient-elles pas risquées, elles aussi ?- je ne prêtai pas un seul instant attention à sa jambe apparemment en mauvais état. Envolées toutes mes résolutions de dure à cuir et de méfiante, il n'y en avait plus que pour la blessure de mon compagnon de voyage.

Je reculai de quelques pas, laissant libre accès à l'autre homme d'inspecter le visage d'Ezeckiel. Mon regard dévia en direction de son chien, tranquillement assis à quelques mètres de là, avant de me poser sur la jambe de l'apprenti médecin. Il boitait. Mon esprit ne resta néanmoins pas longtemps focalisé dessus, puisque les mots des deux hommes me parvinrent jusqu'aux oreilles. Je levai la tête, les regardant tous deux, comme électrocutée. Etait-il possible que cette blessure ne soit pas aussi anodine qu'elle semblait l'être ? « Alors ? Que donnent les recherches ? », décidai-je finalement de me renseigner auprès de l'inconnu. Je devais savoir et le plus vite possible, l'inquiétude était déjà bien trop présente pour que cela continue ainsi. « Il semblerait que ce soit ok, mais on ne peut jamais être sûr de rien dans ce monde. », expliqua-t-il brièvement avant de passer une main sur son front, luisant de transpiration. Je fronçai les sourcils, toujours aux côtés d'Ezeckiel mais sans lâcher du regard cet homme. Estimant que c'était la moindre des choses, je me rapprochai de lui, histoire de vérifier son état de santé. « Est-ce que vous, vous allez bien ? », lui demandai-je, sincèrement inquiète. Après tout, il venait de me rassurer à propos de la blessure d'Ezeckiel, rien que pour cela, nous lui devions une fière chandelle. Il bafouilla, rougit, hocha la tête puis tourna les talons pour aller voir son chien. « Je ... », commençai-je avant de me poster face à Ezeckiel. « Tu crois qu'on devrait aller voir ce qu'il a ? », lui demandai-je en jetant un rapide coup d'oeil par-dessus mon épaule pour voir l'homme jouer avec son chien, assis par terre. Puis je regardai Ezeckiel, levant légèrement la tête pour cela, sourcils toujours froncés. Il y avait quelque chose qui clochait, là.

Pendant que cet homme altruiste – rare en ce monde et encore plus rare en ces temps incertains – examinait sa blessure, Ezeckiel lui ressentait des regards plus ou moins énervés d’Aileen sur sa personne. Il s’agaçait de ce traitement qu’on lui donnait. Il en avait bien vu d’autres. Des morsures de chien, quelquefois de chat. Parfois, il sautait d’un toit et tombait mal. Voilà, une foulure pour 3 jours. On n’était jamais sûr de rien. Personne n’avait jamais vraiment fait attention à lui. C’était lui qui prenait soin de sa mère et non l’inverse. Lui allait toujours bien. Toujours … Fier, arrogant Ezeckiel restait alors de marbre ne dévoilant aucune faiblesse.

- Sûr de rien … Euh, en êtes-vous certains ?

Posa-t-il la question intrigué suites aux paroles de l’homme. Ce dernier semblait hocher la tête. Il le fit de manière si faible, dans cette chaleur qui le mettait même mal à l’aise qu’Ezeckiel eut de la difficulté à comprendre. Aileen alla vers leur sauveur qu’ils sauvèrent précédemment. Après tout, c’était donnant-donnant. Quoique notre cher jeune homme n’aurait nullement voulut être sauvé. Voyons, on venait de vous faire part de sa fierté à être un véritable chevalier. Levant son regard observant machinalement le ciel, il dut ramener ses yeux à la hauteur de ceux d’Aileen. C’était vrai que cet homme semblait dans un pire état encore. Sans même attendre le feu vert d’Aileen, Ezeckiel avança vers l’homme. Il voulut le forcer à s’asseoir, mais ce dernier résista fortement utilisant même son bras pour repousser le droit du jeune homme.

- Vous savez parfaitement ce que j’ai. Utilisez votre tête voyons ! Comment pourrais-je reconnaître une blessure infestée sans cela ? Il ne me reste que quelques jours à vivre. J’aimerais passer les derniers jours de ma vie très fier de moi. Fier d’avoir combattu et aidé des jeunes gens comme vous à survivre à ces monstres !

Cela surpris nettement Ezeckiel d’entendre l’homme engager la conversation de cette manière. Quoique la surprise passée, il l’écouta avec respect. Notre jeune homme respectait cet homme. Il allait mourir … Devenir l’une de ces créatures s’appelait mourir après tout. Ezeckiel se sentait même un peu triste pour lui. Un homme si fier et puissant aurait été d’une grande aide. Le sérieux du jeune homme pouvait surprendre. Il n’arrivait que rarement, mais on savait – son sourire sincère alimentant cette impression – qu’Ezeckiel voulait laisser à cet homme le sentiment d’en être encore un. Lui-même voudrait qu’on respecte sa force bien malgré la maladie. Pire ce serait dans son cas. Arrogant comme on vous l’annonça précédemment, il refuserait être traîné comme un malade. Plutôt mourir aussitôt.

- D’accord, je comprends.

- Je vous ferai même cadeau de mon chien. Il est très intelligent vous savez. Vous aurez là un allier voir même un ami de taille. Et … Enfin, sinon il mourra sans moi …

Termina-t-il portant un regard vers Ezeckiel, Aileen et vers le labrador qui sembla comprendre le malaise de son maître. Il se leva pour se frotter tout contre la jambe de l’homme. Ezeckiel n’avait jamais eu de chien. Ces bêtes coûtaient trop chères au magasin. Il en avait vu et côtoyé bon nombre cependant grâce à ses amis. Ses yeux se baissèrent et, subitement, captèrent ceux du labrador noir. Ils étaient calmes et en paix. Le poignard encore dans la main, Ezeckiel réfléchissait cependant. Aurait-il assez de nourriture pour le labrador … Ou ce dernier pouvait se nourrir seul ? Quoique, au fond de son cœur, une tendresse naissait. Il ne voulait pas le laisser mourir. Ok, cette petite faiblesse ne se voit absolument pas. Oh que non !

Ezeckiel L. Livingston & Aileen L. Blackhood

La situation n'était pas des plus faciles. Nous venions peut-être de sauver cet homme et chien, mais mon intuition me soufflait que quelque chose clochait, peut-être dans sa manière d'agir, ou peut-être était-ce le fait qu'il boitait qui aurait pu me mettre sur une éventuelle piste. Mais non, si mon subconscient réfléchissait à tout cela, mes pensées, étaient, elles, entièrement focalisées sur Ez', et sa blessure, somme toute pas si terrible que cela, mais qui suffisait à réveiller plein de choses en moi. C'était maintenant seulement que je me rendais compte de la réelle ampleur de mon affection pour le jeune homme, et cela suffisait à m'effrayer, à me donner, à la fois encore plus envie de m'éloigner de lui pour m'éviter tout lien, et en même temps de m'assurer que la griffure n'était rien de plus qu'une griffure. Finalement, l'inconnu nous assura que, si le rôdeur n'avait pas été planté ses ongles hideux dans n'importe quoi avant ce saure cette blessure sur le beau visage d'Ez', ce dernier ne risquait rien. Je retins difficilement un soupir de soulagement et puis, repris une contenance. Ce n'était pas parce que je réalisais que je tenais beaucoup au jeune homme, trop même, que je devais le montrer. Si je ne trouverais sans doute jamais la force de m'éloigner définitivement de lui, il fallait au moins que je garde bonne figure, pour qu'il ne voit rien. Je m'inquiétais donc au sujet de l'étranger, qui ne semblait pas aller vraiment bien et qui avait presque un air ... tragique sur le visage. Mais Ezeckiel me devança, et s'empressa d'aller proposer son aide à l'homme. Je le suivis lentement, m'arrêtant à quelques pas d'eux, me contentant de regarder le magnifique chien qui semblait être la seule compagnie de l'inconnu ... Peut-être depuis un moment. Je passai une main dans mes cheveux, gênée du tournant que prit la conversation. L'histoire de cet homme m'émouvait bien plus que je ne le montrerai jamais. Je restai donc quelque peu en retrait, droite comme un I, mes mains soudainement occupées par ma ceinture et le couteau qui s'y cachait.

Mon regard se posa alors sur le chien, et il me rappela instantanément celui que j'avais, étant plus jeune, et qui était malheureusement mort alors que j'étais encore petite. Malgré ma jeunesse à l'époque, ce chien m'avait marquée et j'avais toujours refusée en bloc qu'on en prenne un autre. Cela m'avait semblé tout simplement inconcevable que l'on puisse le remplacer et pourtant ce chien me paraissait comme une opportunité d'avoir cela de nouveau. Parce que même si je ne voulais pas m'attacher à qui que ce soit... Comment pourrais-je seulement résister ? Et puis... Comment pourrais-je vivre avec, sur la conscience, le fait que j'avais laissé ce chien à son triste sort ? Impossible. J'ouvris la bouche pour dire quelque chose, la refermai et, finalement, me rapprochai de nouveau de Ez'. « On ne peut pas le laisser seul Ez'. On devrait ... Le prendre avec nous. », décidai-je d'une voix basse, incapable de me détacher du chien qui se frottait à la jambe de mon compagnon de route. Je repris le contrôle de mes esprits, et calai mes mains dans mon dos. « Et puis, il pourrait nous être très utile, quand on y pense. », conclus-je d'un ton calme, posé, évitant à tout prix de regarder en direction de l'homme. Vous savez, regarder une personne qui, ont le sait déjà, va devenir l'un de ces monstres, il va donc mourir, était loin d'être une chose agréable... Surtout qu'il semblait être la bonté même et qu'il me faisait atrocement penser à mon père. Parce que j'avais beau faire comme si j'étais devenue une femme forte, presque sans coeur, il suffisait d'un rien pour que de vieux souvenirs douloureux refassent surface. C'était même devenu inévitable, à croire que nous ne pouvions fuir, ni les zombies, ni les souvenirs de ce qu'ils nous avaient arraché.

Il avait ressenti un mouvement près de lui. Tout de suite, Ezeckiel sorti de ses pensées plutôt rationnelles pour porter le regard par derrière. Aileen se fut avancée plutôt timidement il fallait l’avouer. Elle lui proposa de prendre le pauvre labrador avec eux. Qu’on ne pouvait pas le laisser mourir. Soupirant de lassitude, notre jeune homme savait parfaitement ce fait. Le problème était que tous deux – et les autres membres de leur groupe – se trouvaient être en cavale. Il y avait de moins en moins de nourriture. Les gens désespéraient de plus en plus. Un chien pourrait être utile pour les dégriser … Peut-être. Le labrador vint subitement renifler ses chaussures puis, il se frotta tout contre son jean. Comme s’il souhaitait faire partie du lot. Comme s’il était courageux et les obstacles ne lui faisant pas peur. Un peu comme lui en quelque sorte. Comme notre jeune homme.

- Prenez-le … C’était la chienne de mon voisin. Je n’ai jamais su comment elle s’appelait, mais elle est très loyale. Elle vous aime déjà je crois.

Affirma l’homme de manière forte, sans détour, déterminée. Il forçait Ezeckiel à garder le chien. Il se fut même avancé vers ce dernier malgré la « maladie » les séparant tous les deux. On savait parfaitement que cet homme obtenait une confiance aveugle en Ezeckiel. Il voyait là – en fait depuis qu’il lui fut venu en aide – un jeune homme courageux et brillant soit tout ce qu’il avait voulu pour son fils. Son fils mort aux griffes de ces affreux zombies. L’homme ne pleurait pas. Il n’avait que ce regard pénétrant qui en intimida même Ezeckiel. Ce dernier finit par descendre la tête pour machinalement observer le sol, regarder le chien. La jeune femelle s’assit sur son train arrière calme et disciplinée.

- En effet, il pourrait nous être utile. Je vais le garder monsieur. Vous en avez ma parole et lorsque je donne ma parole à quelqu’un, je ne l’a retire pas de sitôt !

Termina-il en rigolant dans une de ces foutues blagues qui n’en finissait pas de sortir au mauvais moment. Sur ce, il descendit pour se mettre au niveau de la chienne. Comme il se doit, Ezeckiel tendit la main droite vers l’animal … Ce dernier se mit à la renifler puis, cela ne prit guère de temps avant qu’il la lécha. Un sourire presque enfantin s’il ne l’était pas totalement surgit des lèvres de notre jeune homme pendant que l’autre homme se recula comme pour … Comme s’il savait que la chienne allait être en sécurité. Il pourrait maintenant partir en solitaire et mourir sans culpabilité.

- Eh Aileen ! J’aimerais l’appeler Katniss. Aussi loyale et forte que Katniss Everdeen et Aileen Blackhood alias l’archère !

Lâcha-t-il à nouveau tout en tournant automatiquement le regard vers la jeune femme dans un sourire des plus optimistes, des plus innocents parant ses grands yeux de celui-ci. Subitement, Katniss se mit à aboyer et – prit de cour – Ezeckiel perdit l’équilibre et tomba sur les fesses. Aussitôt, la chienne vint à lui les pattes antérieures vraiment près du corps encore surpris d’Ezeckiel qui … Qui se fit lécher le visage un peu partout. Fermant les yeux il tâcha plissa le nez de recevoir la langue de Katniss en plein dans le visage.

- Ne riez pas vous !!!

Sachait-il parfaitement qu’Aileen et l’homme riraient de sa peur d’un chien aboyant subitement. Oui, un grand chevalier chasseur de Zombies se surprenant d’un chien. Il n’y avait pas de quoi rire. Non mais ! Au fait, l’homme avait disparut.

Ezeckiel L. Livingston & Aileen L. Blackhood

Le moment était solennel. Pourtant, comme à l'accoutumée, Ezeckiel ne se fit pas prier pour détendre l'atmosphère, du mieux qu'il le pouvait. Cet homme nous donnait la responsabilité de son chien, et rien qu'à le regarder, si attendrissant et obéissant, je ne pouvais pas, même moi, la personne la plus froide qui soit, ne pas craquer et le laisser là, abandonné à son sort. Nous devions l'emmener avec nous, il n'y avait pas à discuter. Certes, ce serait difficile, au moins au début, parce que les autres personnes du groupe devraient s'habituer à sa présence, et qu'en plus nous étions en manque de vivres, mais il semblait intelligent. Au moins assez pour se priver de nourriture de temps à autre et même pour subvenir à ses besoins par lui-même. De toute façon, nous n'avions rien à perdre pour le coup. « Eh Aileen ! J’aimerais l’appeler Katniss. Aussi loyale et forte que Katniss Everdeen et Aileen Blackhood alias l’archère ! », s'exclama le jeune homme en riant légèrement. C'était du Ezeckiel tout craché, ça. Je lui souris, restant quelque peu en retrait. Même si, oui, dans le fond, j'étais heureuse que l'on récupère un nouveau compagnon, ce n'était plus moi. Autrefois, j'aurais fait comme Ez', je serais allée vers eux et j'aurais, moi aussi, joué avec le chien, nouvellement surnommé Katniss. Mais je n'étais plus cette personne. A présent, je me contentais de rester à quelques mètres d'eux, à les regarder s'amuser. Je n'étais plus capable de tout cela, c'était tout ce qui me venait en tête. Même sourire était devenu quelque chose de douloureux. C'était plus fort que moi. Là, debout face à Ezeckiel qui semblait redevenir un enfant, un sourire optimiste planté sur les lèvres, je restais stoïque, masquant à peine le léger sourire qui s'était incrusté sur mon visage.

Même le voir sous le chien, qui lui léchait avec joie le visage, ne me fit pas éclater de rire comme on pourrait l'imaginer. Non, je me contentais de rester immobile, mon arme de fortune toujours bien en mains, un sourire malgré tout attendri sur le visage. Dans le fond, j'étais admirative d'Ezeckiel. Comment faisait-il pour faire preuve d'autant de courage ? Nous avions tout perdu à cause de ces foutus zombies, et il réussissait toujours à être plus ou moins "lui-même", même si je ne le connaissais pas d'avant. Tout semblait tellement simple pour lui, et pourtant je savais pertinemment que cela ne l'était pas. Cela ne pouvait pas l'être. Je l'admirais. Vraiment. « Ne riez pas vous !!! », hurla-t-il à moitié, alors que je retenais difficilement le rire qui voulait s'échapper de mes lèvres. Rire qui fit une brève apparition, pour disparaître aussitôt lorsque je tournais la tête en direction de l'homme, voué à une mort certaine. Il n'était plus là. Mon sourire s'évanouit par la même occasion. Quel délicat moyen pour me ramener à la réalité... Je me rapprochais d'Ezeckiel, qui s'amusait toujours, apparemment inconscient du départ de notre cher ami. « Ezeckiel, ce n'est pas sûr ici, il faut qu'on y aille. », allais-je le prévenir. Je sifflai pour que le chien se recule, ce qu'il fit immédiatement. Et bien, nous n'aurions pas de problème à ce niveau là, au moins. Je regardai le jeune homme, et lui tendis ma main pour l'aider à se relever. Nous n'avions plus de temps à perdre ici. Et puis, nous avions des réserves à trouver au plus vite, surtout que nous avions le chien en plus maintenant. J'en étais désormais convaincue : c'était une bonne chose qu'il se joigne à nous. Il nous apporterait pas mal de choses, et puis, il avait au moins eu le mérite de faire oublier à mon compagnon de route notre baiser précédemment échangé...

Parfois, Ezeckiel avait remarqué quelques sourires de la part d’Aileen. Il aimait faire sourire voir mieux rire la jeune femme. Elle était si belle et charmante avec son beau sourire qui embellissait sa couronne de cheveux blonds comme les blés. C’était dur toutefois. Notre jeune homme avait toujours fait le pitre et rigoler bêtement des autres, sortir des blagues à n’en plus finir était une chose aisée. Sensible envers les gens lui étant proche, il détestait les voir malheureux toutefois. Il devait certainement tenter de les dégriser un peu. Aileen plus que tout au monde. Il voulait la voir sourire, la voir rire et la rendre heureuse … Le refus du second baiser brisa son cœur. Il voulait se sentir bien, se sentir parfait et fort, grand. Depuis longtemps, Ezeckiel ne se sentit jamais aussi parfait qu’avec Aileen Blackhood. Il n’y a pas à dire les filles de San Francisco ne lui allaient même pas à la cheville. Elles n’avaient que le physique leur cerveau restait mou comme un pain n’ayant pas assez cuit. Enfin, la comparaison était nulle. Il ne voulait pas comparer pendant trois heures durant quand même ! On en resterait avec le pain pas cuit.

Lorsqu’il avait entendu Aileen s’esclaffer un peu au travers ses propres paroles d’abruti – bien malgré qu’il ne les voyait pas telles; hrmf passons – son sourire s’agrandit et il s’engagea aussi dans un rire le regard plongé vers le haut, vers celui de la jeune femme. Il en avait même oublié l’homme. Il ne parlait pas donc c’était facile de l’oublier celui-là. Au fait, pourquoi il ne parlait pas ? Sursautant au sifflement d’Aileen Blackhood, Ezeckiel retrouva finalement la réalité de leur situation. Il se laissa tirer par la jeune femme, mais évidemment en bon chevalier il y mit du sien aussi. Pour tout dire, ses yeux scrutaient plus les alentours à la recherche de l’homme. Et zut ! Il était passé où celui-là pensa-il mécontent. Il était parti … Il les avait abandonnés. Ezeckiel ne répondit pas de suite à Aileen retrouvant Katniss au sol qui l’observait inlassablement. Le jeune homme passa la main dans ses cheveux le cœur un peu lourd bien malgré que cela ne se montre nullement. C’était triste non ? Fier cet homme en tout cas.

- Ok. On y va. J’aimerais savoir avant si Katniss pourrait trouver des vivres. Il y en a peut-être encore …

Avança Ezeckiel sur un ton plus sérieux et déterminé retrouvant le regard du chien. Il fit un, deux pas pour intimer Katniss à en faire autant. La chienne se remit debout et reniflait de temps à autres le sol pendant que son nouveau maître observait inlassablement Aileen. Il aimerait tant la voir sourire. Il pourrait tenter de faire le pitre, mais … Soupirant, il prit subitement les épaules d’Aileen à l’intérieur de son bras droit. Il l’a serra tout contre lui comme si elle avait été un jouet très important. Il ne voulait pas s’en séparer et en agissant, ainsi, elle n’irait pas plus loin. Son cœur cognait dur dans sa poitrine. Il se mordillait la lèvre inférieure tâchant de laisser sortir les mots présents en ce dernier actuellement.

- Je ne crois t’avoir jamais raconté que ma vie avant les Zombies était misérable et très difficile. Je crois que j’avais déjà une force en moi alors. Je devais prendre soin de ma mère qui était prostituée. On était très pauvre, mais je doute avoir vraiment souffert de tout cela. Nah … Je n’ai jamais souffert de cela. J’aime ma liberté. Je crois qu’avoir vécu dans une famille riche et disciplinée m’aurait tellement déplu que je me serais enfui.

Termina-t-il dans un grand rire à tendance arrogant soit de manière plus optimiste qu’au début de sa tirade. Peut-être tâchait-il de faire rire Aileen. Ezeckiel n’avait pas peur de raconter cette vie à quiconque et encore moins à la jeune fille qu’il tenait fortement - voir trop - par les épaules. Il aviserait plus tard si elle se moquerait de lui. Se changer les idées ? Aussi. Peut-être souhaitait-il, inconsciemment, qu’elle le connaisse plus. Ainsi, aurait-elle plus confiance en lui ?

Ezeckiel L. Livingston & Aileen L. Blackhood

Tout cette situation était tellement compliquée. Hormis les zombies qu'il fallait tuer et, dans la limite du possible, éviter, il y avait les changements qui s'opéraient en nous, de manière inévitable. Je ne pouvais pas nier l'évidence, je n'étais plus la même. Absolument pas. Le pire, dans ces changements, concernaient principalement mes relations avec les autres. J'en avais peur, je les fuyais comme la peste. La preuve en était avec Ezeckiel, qui était l'exemple type de la personne avec laquelle je voulais à tout prix rester à distance. A une époque, j'aurais sans doute été ravie que quelqu'un comme lui s'intéresse à moi, qu'il m'embrasse, mais là, ce n'était pas le cas. Je savais pertinemment que c'était trop tard pour me convaincre moi-même de ne pas m'attacher à lui, puisque c'était déjà fait. Sans doute trop. Mais c'était surtout un moyen de me protéger, de me cacher derrière ces barrières qui, je l'espérais, me tenaient à distance de toute perte. Si je n'étais plus attachée à qui que ce soit, je ne craignais plus rien de ce côté-là, non ? Même à moi, cette argumentation sonnait totalement faux. J'étais juste incroyablement lâche, et s'il venait à arriver quelque chose à Ezeckiel, seuls les regrets pourraient me tenir compagnie. Parce qu'il était trop tard pour rester loin de lui. Mais comment étais-je censée réussir à lui faire confiance ? C'était plus fort que moi. Je ne semblais pas capable de mettre de côté tout ce qui avait pu m'arriver depuis le début de l'invasion. Lâche. C'était tout ce que j'étais et, étrangement, je me complaisais bien là-dedans. « Ok. On y va. J’aimerais savoir avant si Katniss pourrait trouver des vivres. Il y en a peut-être encore … », dit-il, brusquement beaucoup plus sérieux. Le départ de l'homme, et donc sa future mort, devait l'avoir quelque peu affecté. J’acquiesçai simplement de la tête, me concentrant sur le chien - alias Katniss - qui reniflait le sol. Etait-il possible qu'elle devienne un véritable allié ? C'était fort possible.

Et puis, de manière totalement inattendue, Ezeckiel me rattrapa et passa son bras sur mes épaules. Pour préserver encore un peu les apparences, et pour me voiler un peu plus la face aussi sans doute, j'aurais sans doute dû me décaler, mais je n'en trouvai pas la force. Au moins quelque instants, je voulais souffler un peu, arrêter de suivre un peu mes principes ridicules, pour me laisser aller. Cesser d'agir avec ma tête et suivre mon coeur, ne serait-ce que pour un bref moment. J'aurais tout le temps de remettre tout cela en question le lendemain, ou encore le sur-lendemain. Là, je ne voulais pas penser à tout cela. « Je ne crois t’avoir jamais raconté que ma vie avant les Zombies était misérable et très difficile. Je crois que j’avais déjà une force en moi alors. Je devais prendre soin de ma mère qui était prostituée. On était très pauvre, mais je doute avoir vraiment souffert de tout cela. Nah … Je n’ai jamais souffert de cela. J’aime ma liberté. Je crois qu’avoir vécu dans une famille riche et disciplinée m’aurait tellement déplu que je me serais enfui. », me raconta-t-il soudain, venant me troubler plus que de raison. Je me concentrai pour ne pas me laisser une fois de plus emporter par mes idées qui gâchaient pas mal de choses ces derniers temps, et baissai rapidement la tête, le regard dans le vague. Au moins pour les quelques minutes à venir, je ne devais pas me braquer ou me refermer. Surtout pas. « Tu veux dire que tu étais seul à t'occuper d'elle ? Pas de frère ou de soeur ? », demandai-je, sincèrement intéressée. Même si cela me semblait être un moyen de causer de nouvelles faiblesses en moi, je voulais qu'il m'en raconte plus sur lui. Pour autant, je n'avais pas besoin de cela pour lui faire totalement confiance, c'était déjà le cas, pour mon plus grand désespoir.

Imprévisible, mais surtout opportuniste, Ezeckiel ne ratait jamais une occasion pour faire parler de lui. Pour lui, sa vie fut totalement normale et très « cool » même. Aucune règle ne fut instaurée par les parents, la possibilité d’aller où il le désirait en San Francisco voir même au-delà. Sa mère lui faisait que rarement la morale. Le plus souvent, elle était complètement saoule … C’étaient durant ces moments qu’Ezeckiel en apprit beaucoup étrangement. La colère, la tristesse de sa mère ressortait en ces moments d’ivresses et donc elle se mettait à réfléchir, à philosopher sur sa vie pourrie pour apercevoir une vie meilleure … Peut-être. Néanmoins, tout ceci le faisait bien rire. Jamais il n’aurait pu vivre dans une famille dite « normale » voir stéréotypée : la parfaite petite famille américaine les parents, trois enfants, un chien et un chat. Oh !

- Je connais bien donc la vie à la dure.

Avait-il renchérit rapidement toujours sur un petit air d’arrogance palpable. Le jeune homme lâcha – enfin – Aileen pour avoir la possibilité de suivre Katniss à la trace. Oui, ce n’était pas parce qu’il était pauvre que les films ne lui étaient pas familiers : Hunger Games par exemple. Machinalement, il attrapa un bout de branche du sol et le brandit donnant des coups dans le vide comme il le faisait avec la barre de fer normalement, ce qu’il donna à Aileen précédemment.

Alors que son regard ne quitta nullement sa nouvelle compagne des yeux, il soupira d’entendre les paroles douces, un peu trop tristounettes à son goût. On parlait de lui là ! Pas questions de pleurer sur son sort ! Non ! Son regard pénétrant se tourna vers la jeune femme au même moment où Katniss disparaissait derrière le mur de côté d’une maison unifamiliale. Intimidant à souhait, il se prit d’une légère colère agacé par le ton, l’émotion prise par Aileen. Non ! Je veux te voir sourire aurait-il pur avancer !

- Je ne veux pas que tu pleures sur mon sort. Ce n’était pas nulle comme vie, mais bien tout le contraire. J’avais ma liberté et je pouvais faire ce que je voulais. Oui, je prenais soin de ma mère et je n’avais pas de frère et de sœurs en effet … C’était cool quand même. À l’école, je martyrisais les gros idiots qui faisaient du mal aux plus faibles.

Termina-t-il sur un ton plus léger et avec un sourire bien malgré que le début de sa tirade était rapide, brusque, colérique même. Il avait déclaré purement et simplement de ne pas s’en faire pour lui. Il était plus fort que sa misérable – comme songerait autrui – vie le laissait penser. Entendant un aboiement de Katniss, Ezeckiel se retourna vite fait sur ses devants non sans avancer quelques mots envers Aileen encore.

- J’aime te voir sourire. Tu as un beau sourire tu sais. Je voulais juste te faire rire Aileen.

Lança-t-il de manière toute aussi opportuniste que l’histoire de sa propre vie. Oui, ce n’était peut-être pas les bonnes paroles pour faire rire, mais c’était d’Ezeckiel qu’on parlait là. Un petit sourire avait trôné sur le coin droit de ses lèvres. Il se les mordit légèrement un poing étrange à son ventre. Comme si cela le gênait de … De lancer ce compliment. Il était sortit tout seul. Maintenant, il fallait faire avec ce dernier. Donc, ayant un peu trop chaud – et on ne parlait pas de la chaleur ambiante – Ezeckiel s’élança de l’autre côté du mur pour … Pour sembler un peu fier devant la trouvaille de Katniss : un barbecue. Peut-être y avait-il encore du propane dans la bombonne. Où était le steak maintenant ? Enfin, première trouvaille de la journée.

Ezeckiel L. Livingston & Aileen L. Blackhood

La situation était plus qu'étrange. Ce n'était vraiment pas habituel d'entendre Ezeckiel me raconter ainsi quelques bribes de souvenirs de sa vie passée. Pour autant, cela était loin de me déranger, au contraire même, j'aimais en apprendre plus sur lui. Apparemment, je n'avais pas dit ce qu'il voulait entendre, puisque je vis son ton presque nostalgique laisser place à un air agacé non masqué. « Je ne veux pas que tu pleures sur mon sort. Ce n’était pas nulle comme vie, mais bien tout le contraire. J’avais ma liberté et je pouvais faire ce que je voulais. Oui, je prenais soin de ma mère et je n’avais pas de frère et de sœurs en effet … C’était cool quand même. À l’école, je martyrisais les gros idiots qui faisaient du mal aux plus faibles. », expliqua-t-il d'un ton énervé, plus calme au fil de ses paroles. Je ne détournai pas le regard non plus, essayant en vain de comprendre ce que j'avais dit qui ait pu à ce point le bousculer. « Désolée... », répondis-je simplement, dans un murmure, ne voyant pas ce que je pouvais dire de plus. Mon but n'était pas du tout de lui donner l'impression que je me moquais de lui, ni même que j'avais pitié de lui. Ce n'était pas du tout le cas, à l'inverse. Je voulais juste en apprendre plus sur lui, sur sa vie passée, de laquelle il était désormais le dernier témoin. « J’aime te voir sourire. Tu as un beau sourire tu sais. Je voulais juste te faire rire Aileen. », ajouta-t-il peu de temps après, dans une confession tout ce qu'il y avait des plus inattendues. Je restai figée une longue minute, pendant laquelle Ezeckiel en profita pour rejoindre Katniss. Aurais-je dû répondre quelque chose ? Mais quoi ? Il suffisait qu'il me dise des trucs dans le genre, pour que je perde tous mes moyens, pour que je ne sache plus quoi dire.

Une minute supplémentaire s'écoula, avant que je ne me décide à me mettre en mouvement à mon tour. Je passai une main lasse dans mes cheveux, épuisée de ne pas pouvoir être totalement maître de moi-même. Plus le temps passait, et plus j'avais l'atroce sensation de devenir de plus en plus faible. Ezeckiel ne pouvait-il pas se rendre compte de cela ? Ne pouvait-il pas cesser de me relater des faits qui me faisaient tenir à chaque fois un peu plus à lui ? Les barricades que je m'étais peu à peu forgées, m'empêchaient d'agir comme bon me semblait. Je m'élançai à mon tour de l'autre côté du mur, après avoir laissé s'échapper un léger soupir. Je vins jusqu'à la hauteur de Ez et Katniss, ne pouvant empêcher un faible sourire de se dessiner sur mes lèvres, face au spectacle qu'ils donnaient. Ils s'étaient tous les deux stoppés face à un barbecue, sans doute l'un des derniers vestiges de toute trace de vie humaine, en extérieur tout du moins. « Tu crois qu'on peut encore le faire marcher ? », demandai-je à Ezeckiel, dévoilant ainsi ma présence à ses - à leurs - côtés. J'effleurai du bout des doigts la ferraille qui semblait tout de même en bon état. « En tout cas, je ne suis pas sûre que l'on puisse trouver de la viande dans le coin ... », ajoutai-je rapidement, légèrement pessimiste. Mais en même temps, c'était aussi très réaliste. J'imaginai mal un animal continuer à vivre tranquillement dans le coin ... S'il y en avait encore, ils devaient plutôt être réfugiés dans des lieux plus sûrs pour eux : forêts, montagnes, ou que sais-je encore. Mais bon après tout ... je ne pouvais pas être totalement sûre de ce que j'avançai. Peut-être y avait-il de animaux à trouver dans le coin. Je n'avais, après tout, absolument aucune expérience en matière de chasse, et de tout ce qui allait avec.

Cela prit un moment avant qu’il entende enfin les pas d’Aileen approcher. Malgré que Katniss fût sensiblement plus occupée par l’objet de métal noir le reniflant de tous les côtés, Ezeckiel l’effleurait uniquement de sa main droite … De son index et de son majeur pour tout avouer. Il se sentait encore malaisé d’avoir sorti ce foutu compliment. Il lui prenait quoi d’avancer ce genre de choses complètement niaise ? Jamais notre jeune homme ne fut tombé aussi bas. Aucune femme n’entendit ces mots sortir de la bouche d’Ezeckiel à leur encontre. Bien au contraire, le jeune homme ne se limitait jamais à ce genre de sentiments. Il sautait toujours aux conclusions avec une belle blonde plantureuse, aux hanches biens formées … Machinalement, il faisait le tour du barbecue caressant alors la tête de Katniss affectueusement rendu de l’autre côté de l’objet. Ce fut à cet exact moment qu’Aileen trouva pour arriver à leurs côtés. Un aboiement joyeux de Katniss quant à SA trouvaille – non, ce n’était pas celle d’Ezeckiel loin de là – pour la démontrer à la jeune femme.

- Euh … Je ne sais pas.

Il sourie timidement ce qui ne lui arrivait, pour ainsi dire, jamais. Apparemment, elle ne répondra rien quant à son compliment. Ceci fit croire fichtrement plus que ses paroles furent niaises et stupides. Il venait de se rendre ridicule aux yeux d’Aileen une femme bien plus intelligente que ses petites phrases puériles. Il lança subitement son bout de branche qui s’envola pour tomber … Et Katniss partit à sa poursuite. Aussitôt, Ezeckiel siffla entre ses dents largement agacé ce qui eut tôt fait d’arrêter le chien. Au moins, ce petit intermède eut l’avantage de changer les idées à notre jeune homme. Il pouvait maintenant plus songer à leur mission. Aileen, elle, restait raisonnable tout du moins.

- Et pourquoi s’en servirait-on pour manger ?

Fit-il dans un ton malicieux n’amenant certainement rien de bon ou, plutôt, une idée provenant de lui … Qui n’amenait rien de bon généralement. Il s’accroupit pour appuyer un genou au sol. Ce qu’il désirait était la bombonne de gaz et rien d’autre : on ne pourrait rien faire avec le barbecue trop gros même pour la voiture. Peu importe combien de gaz il restait, il lui en fallait qu’un peu. Notre jeune homme était déterminé dans sa tâche autant pour en oublier Aileen. La main droite au fond et la gauche au sol pour se donner un appui, il détacha lentement, mais sûrement la bombonne du barbecue.

- Je veux dire … On pourrait s’en servir comme piège à Zombies. Avec une allumette et du feu, on pourra les faire sauter.

Expliqua-t-il mi-concentré sur sa tâche. Il avait levé le regard une fois vers la jeune femme. Ce regard paraissait plus sérieux, neutre laissant passer quelques inspirations quant à l’effort fourni tout au long de sa tirade. Mais ce foutu truc ne semblait pas désirer se détacher. Subitement, l’idée de couper tout simplement à l’aide de son poignard lui vint en tête. Dans un petit rire bête, il ajouta toutefois envers Aileen :

- À moins que tu veuilles aller voir s’il reste des trucs à manger dans le réfrigérateur de la maison.

Avait-il pointé machinalement derrière son épaule soit où se trouvait la maison pendant que son regard fut intéressé par le barbecue et le réalisme de couper le fil de caoutchouc.

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