Is this the end I feel ?

I've been up in the air, out of my head, stuck in a moment of emotion I destroyed. Is this the end I feel? Up in the air, fucked up on life, all of the laws I've broken, loves that I've sacrificed. Is this the end, end, end, end?

Dans la zone, la joie et les rires ont laissé place à la peur et aux cris. Sam a assisté à tout cela de loin. La camionnette qui a pénétré dans la zone sécurisée en détruisant tout sur son passage est allée s'écraser plus loin. Elle, était dans la réserve. La fin de sa grossesse a signifié de nouvelles occupations et, enfin, la possibilité d'aider et de faire quelque chose pour le bien collectif. Certes, ce n'était toujours pas grand chose - pas de sorties, notamment - mais c'était déjà cela. Récupérer quelques sachets de bonbons et une ou deux bouteilles ne lui paraissait pas être une tâche trop ardue. Si seulement elle avait su ... Au moment même où elle a entendu l'explosion, elle a jeté un coup d’œil par la porte. Le spectacle qui se jouait devant elle était ... Terrifiant. Une explosion, un court laps de temps de silence intense et puis ... La panique. Les gens se sont mis à courir, à hurler, à appeler leurs proches. Puis les rôdeurs ont débarqué, et le seul type avec Sam dans la réserve lui a ordonné de se tirer de là, de ne pas passer par un quelconque bâtiment. Elle a refusé, bien sûr. Hors de question de partir sans Gaylwen, et sans sa fille. Il ne lui a pas laissé plus de choix. Et sans qu'elle comprenne véritablement comment et pourquoi, elle est maintenant là. Dans une cage. Cela fait bien deux heures qu'elle a ouvert les yeux, et elle n'a toujours pas réussi à comprendre ce qu'elle fout là. Elle n'est pas seule, disons que c'est l'essentiel. D'autres survivants - anciens habitants de la zone pour la plupart mais aussi quelques parfaits inconnus - sont enfermés avec elle.

Ce qui ne l'empêche pas se demander ce qu'ils foutent là. C'est quoi ça, une mauvaise blague ? Malheureusement, il ne peut pas s'agir de cela ; ce serait trop simple. Loin de céder à la panique qui l'a saisit depuis son réveil, Sam cherche un moyen de sortir de là. Elle doit retrouver Gaylwen. Et leur fille. Elle ne peut pas rester là, à attendre de découvrir pour de bon les raisons qui font qu'ils sont là. Mais, bien sûr, il n'y a rien à faire. Elle n'est pas la seule à essayer de faire cela. Et son courage semble avoir d'ores et déjà pris la fuite, à l'image de son optimisme. Ils sont dans une cage, bordel, il est impossible de sortir de là. Tout est vérifié, pour sûr. Découragée, Sam retourne s'installer dans un coin. Alors qu'elle regarde autour d'elle, perdue et sur le point de craquer, ses yeux se posent sur une silhouette qui ne lui est pas inconnue. Alistair. Elle ne prend pas le temps de réfléchir : elle se dirige aussitôt vers lui, et s'assoit à ses côtés. « Alistair... » Lance-t-elle à voix basse, plus par réflexe qu'autre chose. Dans un tout autre contexte, sa première idée aurait sans doute été de le prendre dans ses bras. Mais elle ne le fait pas, pour tout un tas de raisons. Parce qu'ils sont dans une cage sans grand espoir de survie, et aussi que Alistair n'est pas tout à fait ce genre de personnes. Logique : la fin du monde a changé tout le monde, et poussé chacun à se méfier de tout et de tous. Nul doute qu'Alistair n'aurait pas apprécié de toute façon.

(c) AMIANTE

La première pensée d'Alistair était qu'il avait trop forcé sur la bouteille. Il avait regardé son verre d'un air suspicieux, puis les rôdeurs s'écrasant les uns contre les autres afin de pénétrer dans la réserve. Pour eux aussi, c'était buffet à volonté manifestement. Ce n'est qu'au bout de quelques secondes que la réalité l'avait frappé, et sans y aller de main morte. La confusion et le chaos qui avaient suivi étaient indescriptibles ; les gens couraient dans tous les sens, fuyant ou à la recherche d'une arme. Tout était trop brouillé et Alistair ne gardait pas d'images précises de ce qui s'était passé ensuite. Seuls les hurlements persistaient dans sa mémoire.

Il était incapable de se rappeler ce qu'il avait fait après l'explosion. Probablement avait-il tenté de se replier avec les autres, même s'il n'en gardait aucun souvenir. Impossible également de se remémorer comment il avait atterri dans cette cage. Il avait beau se concentrer, rien ne lui revenait. Le terrible mal de crâne qui l'accablait alors qu'il était allongé sur le sol glacé, terrifié et en proie à la plus totale confusion, y était peut-être pour quelque chose. Il réussit à bouger et effleura l'arrière de sa tête. Un liquide poisseux et chaud collait ses cheveux à cet endroit. Il retira sa main et la laissa retomber.

Toujours allongé sur le côté, il parcourut des yeux la cage, essayant de fournir une explication cohérente à sa présence ici. Il faisait sombre mais pas assez pour qu'il ne remarque pas la présence d'autres personnes enfermées avec lui. Il voyait trouble et était pour le moment incapable de reconnaître le moindre visage. Au prix d'un immense effort, il se redressa et s'assit, s'appuyant sur ses mains, la tête lourde et saisit de vertiges. La douleur était à la limite du supportable, l'empêchant de réfléchir correctement. Alors qu'il était à deux doigts de se laisser retomber à terre, une voix familière le fit se figer. Interloqué, il tourna la tête vers Sam, qui venait s’asseoir à ses côtés, apparemment aussi terrifiée et déboussolée que lui. De façon aussi naturelle qu'égoïste, Alistair se sentit horriblement soulagé de ne plus être seul dans cet incompréhensible pétrin. Sa première réaction fut d'attraper la main de Sam et de s'y raccrocher comme à une bouée, essayant par ce lien physique de s'assurer de la réalité de sa présence, et qu'il n'était pas victime de quelques hallucinations.

- Sam...

Sa propre voix, éraillée et faible, lui semblait presque étrangère.

- Tu es blessée ?

Is this the end I feel ?

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Trouver un visage connu dans cette masse est rassurant. Sam n'a pas à y réfléchir deux fois : elle s'approche aussitôt d'Alistair et s'installe à ses côtés. Dans d'autres circonstances elle aurait sans doute été étonnée de son brusque élan qui le pousse à attraper la main de la jeune femme, mais pas là. Là, elle n'a même pas la force, ni l'envie d'esquisser le moindre sourire. Elle est soulagée de le voir, certes, mais cela ne les tire en rien de la situation dans laquelle ils se trouvent. La voix d'Alistair paraît aussi tendue que la sienne, tout comme son visage reflète l'horreur et la peur. Qu'est-ce qu'ils foutent là ? Il n'en sait pas plus que Sam, laquelle secoue négativement la tête pour toute réponse à sa question. Elle se reprend vite ; ce n'est pas le moment de tomber dans le mutisme. « Enfin, je ... j'crois pas. » Rajoute-t-elle de sa voix tendue. Elle n'ose pas parler trop fort, de peur de rameuter des rôdeurs, et quiconque les garde dans cette cage. Elle tourne la tête en direction d'Alistair. « Et toi ? Pas blessé ? » Elle était à deux doigts de lui demander si tout allait bien pour lui, mais ce serait franchement cruel de sortir un truc dans le genre. Il est enfermé dans une cage pour on ne sait trop quelle raison ; bien sûr que rien ne va.

Sam passe sa main libre sur son visage, lasse. Elle est vraiment contente d'avoir trouver une personne connue, c'est toujours une force de plus pour supporter toute cette situation. Et puis, deux cerveaux valent mieux qu'un, n'est-ce pas ? Avec un peu de chance, ils finiront par trouver une solution durable. « Est-ce que tu ... tu te rappelles de quelque chose ? De comment on a pu en arriver là, s'entend. » Pour sûr, il ne peut que se rappeler de l'implosion de la zone, et du chaos qui a suivi. La camionnette n'a pas été franchement discrète ; elle a foncé tout droit dans l'infirmerie. Si c'est très clair dans l'esprit de Sam - du moins, la vision de la camionnette enfoncée dans l'ancien bâtiment -, le reste l'est moins. Elle se rappelle parfaitement du type qu'elle a été obligée de tuer, mais rien ne lui vient ensuite. Est-ce qu'on l'a assommée puis emmenée là ? Droguée, peut-être ? Impossible de s'en rappeler. Et cela la fout en rogne. Avec un peu de chance, Alistair se rappellera de plus de choses, mais elle a de sérieux doutes : il suffit de regarder autour d'elle pour comprendre qu'ils sont tous dans le même état de confusion trop prononcé. En toute vraisemblance, ils sont tous dans le même état d'incompréhension et de questionnements.

(c) AMIANTE

Alistair esquissa un faible sourire, si forcé qu'il devait ressembler à une grimace, quand Sam lui assura qu'elle allait bien. C'était déjà ça. Malgré leur brutalité, leurs ravisseurs, quels qu'ils soient, avaient veillé à ne pas trop les abîmer. Cette pensée ouvrait des perspectives terrifiantes quant à ce qu'ils comptaient faire d'eux, mais Alistair se refusait d'y penser pour le moment. Comme Sam lui retournait sa question, il secoua lui aussi la tête.

- Ca va.

Minus la plaie à la tête, mais il s'efforçait de se convaincre que ce n'était pas grand-chose. La douleur lui enserrait le crâne comme un étau et lui brouillait la vue, mais il faisait de son mieux pour l'ignorer. Sam avait l'air à bout de forces, ce qui se comprenait facilement, bien qu'elle essayât de faire bonne figure. Alistair faillit lui dire qu'elle avait parfaitement le droit de se mettre à hurler, à pleurer ; lui-même en avait envie. Mais il faisait tout comme elle des efforts pour paraître relativement calme. Peut-être que cela les aidait à se raccrocher à ce qui leur restait d'équilibre mentale et à ne pas sombrer dans la panique.

Alistair secoua de nouveau la tête à la question de Sam, retenant une grimace de douleur alors que sa blessure envoyait un pic douloureux plus violent que les autres.

- J'ai pris un coup sur la tête… Je me souviens pas de grand-chose.

Il se massa l'arrière du crâne, frémissant quand ses doigts rencontrèrent ses cheveux poisseux de sang. Il essaya de rassembler ses souvenirs à nouveau, sans succès. Les images floues se succédaient mais sans vraiment donner un ensemble cohérent. Il adressa un regard d'excuse à Sam. Au vue de son expression, elle semblait aussi confuse que lui.

Il se rendit soudain compte qu'il était toujours agrippé à sa main. Il relâcha légèrement sa pression mais garda ses doigts serrés autour des siens, de façon à ce qu'elle puisse se dégager facilement si elle le voulait. Mais ce simple contact physique l'aidait à garder son calme, lui rappelant qu'il n'était pas seul dans cette galère et qu'il avait quelqu'un à qui se raccrocher, littéralement.

- J'imagine que tu n'as pas vu qui nous a… capturé ?

Is this the end I feel ?

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Trouver un allié, au beau milieu de ce chaos est foutrement rassurant. Sam ne sait pas ce qu'ils font là, ni comment ils vont réussir à s'en tirer indemnes, mais elle sait au moins qu'elle n'est pas seule. C'est assez égoïste à dire - à penser, en l'occurrence - mais c'est comme ça, c'est la nature humaine qui veut ça. Entendre une voix familière, et pouvoir tenir la main de quelqu'un, ça n'a pas de prix. Surtout dans une situation pareille. Aussi, Sam ne compte pas le laisser partir, et encore moins s'éloigner de lui. Ils n'ont jamais été très, très proches - c'est là le lot de tous les rescapés de l'apocalypse - mais elle tient sincèrement à lui. Une pointe d'inquiétude se fait donc sentir quand il lui avoue avoir pris un coup sur la tête. Certes, il lui a dit que tout allait bien pour lui, mais ce n'est pas mineur. Dans ces conditions, on ne sait pas ce qu'il peut se passer. « T'es sûr que ça va ? Tu veux pas que je jette un coup d’œil ? » Elle n'a pas de réelles connaissances en médecine, mais ce serait déjà un bon point de départ de s'assurer que ce n'est ni trop profond, ni trop grave. Si tant est qu'elle puisse réussir à voir cela.

En attendant, Alistair l'interroge à son tour sur le kidnapping présumé. Car, après tout, ils ne se rappellent de rien, et c'est justement ça le véritable problème. Enfin, non, c'est loin d'être le seul. Parce qu'au final, à cet instant précis, seul compte le présent n'est-ce pas ? Et la véritable est de savoir comment ils vont pouvoir sortir de là vivants ... « Non j'me rappelle de rien du tout ... » Pas de quoi que ce soit concernant son départ de la zone et son arrivée ici, en tout cas. Peut-être ont-ils fait en sorte de l'assommer elle aussi ? En tout cas, qui qu'ils soient, ils sont très forts, et avaient tout prévus. Peut-être que ce sont eux les responsables de l'implosion de la zone ? Ce ne serait pas très étonnant. « Comment on va sortir de là ? » Demande-t-elle, la voix faible. Elle est sur le point de craquer, elle le sait. Mais ce n'est pas le moment, en faisant cela, elle n'améliorerait en rien leur situation. Tout en sachant parfaitement qu'Alistair ne peut pas y faire grand chose non plus. Aussi, sa question est plus ou moins rhétorique, c'est sans doute par pur besoin de soulager ses pensées qu'elle demande cela. Pas sûr que cela soit franchement efficace : leur situation est critique.

(c) AMIANTE

L'inquiétude voila un instant le regard de Sam lorsqu'Alistair mentionna sa blessure à la tête. Elle lui proposa de regarder, ce qui le fit hésiter. Il essayait au maximum de ne pas paraître faible ou effrayé et se sentait moralement obligé de la rassurer, de ne pas laisser filtrer son angoisse et lui répéter que tout allait bien. D'un autre côté, il avait sacrément mal et le sang qui tâchait ses doigts lui fichait la frousse. Après une brève hésitation, il se résolut à afficher un sourire aussi rassurant que possible et à secouer presque imperceptiblement la tête.

- Ne t'inquiète pas, j'ai juste mal au crâne.

Et une amnésie, mais passons. De toute façon, Sam ne pourrait sans doute pas voir grand-chose dans la pénombre de la cage ; de plus, il n'y avait rien à faire pour soigner la blessure. Alistair préféra l'ignorer, à défaut d'autre chose, espérant que son attitude rassurante ait été ne serait-ce qu'un peu convaincante.

Sam lui avoua ne se souvenir de rien non plus. Alistair fronça les sourcils, surpris. Pour lui, sa confusion était compréhensible, mais pour elle ?

- Ils t'ont frappée aussi?

Droguée peut-être. Difficile à dire. Il avait abandonné tout espoir de se rappeler de quelque chose d'utile. Ce que le traumatisme crânien n'avait pas oblitéré, son cerveau s'était probablement chargé de l'effacer des archives, ne serait-ce que pour se préserver un minimum.

Sam est à bout de nerfs et cela se sent dans sa voix légèrement fêlée. Alistair aurait rêvé d'être en mesure de lui fournir une réponse.

- Je ne sais pas, laissa-t-il échapper, le regrettant aussitôt.

La peur de Sam était communicative, mais il ne devait pas céder à la panique. Il savait instinctivement que s'il y plongeait, il entraînait la jeune fille avec lui. Curieusement, sa présence l'incitait encore plus à garder son calme et afficher un certain optimiste – qu'il était par ailleurs loin de posséder. S'il avait été seul, il se serait beaucoup plus facilement allé au désespoir. Mais il ne pouvait pas faillir à Sam, il fallait qu'il encaisse, autant pour elle que pour lui. Il fallait qu'elle puisse s'appuyer sur lui, il le lui devait. Rassemblant tout ce qui lui restait de sang-froid dans un immense effort, il reprit la parole de la voix la plus calme possible.

- Mais on va trouver. Essayons de repérer où est la cage si on peut, comment elle est faite.

A défaut d'être vraiment utile, cela les occuperait. C'était toujours infinimment mieux que de rester assis à attendre leur destin – probablement funeste.

Is this the end I feel ?

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De l'inquiète, Sam en ressent en masse. Mais elle est aussi persuadée qu'elle n'est pas la seule ; chaque personne dans cette cage ne peut que se faire pour du soucis. Certains pour leurs proches restés dans la zone, d'autres pour leur emprisonnement ici. Ou même pour les deux, en fait. En plus de tout le reste, Sam ne peut que s'inquiéter à propos de son ami Alistair, désormais assis à ses côtés. Il est blessé, et elle aimerait pouvoir s'assurer que cela n'a rien de grave ; ce qui n'est pas nécessaire selon lui. Un simple mal de crâne ? C'est tout à fait plausible, spécialement après tout ce qu'ils viennent de vivre. Aussi, Sam se contente de lui sourire faiblement et de lui faire confiance. Il n'hésiterait pas à lui dire s'il ne se sentait vraiment pas bien, de toute façon elle en est persuadée, et elle restera à ses côtés pour s'assurer qu'il n'ait pas de commotion ou un truc dans le genre. Elle fait une mine dépitée - qu'Alistair ne voit peut-être même pas - en entendant sa question. Parce qu'elle est incapable de trouver une véritable réponse, ou une quelconque explication logique à tout cela. « Je ne sais pas du tout ... c'est peut-être juste le choc psychologique, ou un truc du genre. » Et ses souvenirs finiront peut-être par revenir, qui sait ? Machinalement, sa main libre se glisse à l'arrière de son crâne ; pas de sang, pas de douleur. Elle ne semble pas avoir été frappée, donc.

Sam ne peut pas s'en empêcher plus longtemps, elle a besoin de s'exprimer sur la peur qui la tenaille. Plus que de la peur, c'est de l'angoisse. Elle ne pourra jamais fermer les yeux dans ces conditions, sans compter qu'elle ne peut pas écarter une seule seconde ses pensées de Gaylwen et leur fille. Ont-ils réussi à sortir de la zone ? Sont-ils seulement en vie ? Mieux vaut ne pas trop s'attarder sur une quelconque supposition, qui lui flinguerait un peu plus encore le moral et la pousserait à se retrancher dans un coin. Elle a la chance - si l'on peut appeler cela ainsi - d'avoir Alistair à ses côtés, etc'est tout ce à quoi elle peut penser. Ça et à une possible évasion, bien sûr. « Oui, tu as raison. » Sam essaye de tourner la tête pour regarder derrière elle mais, franchement, elle ne voit pas grand chose. Un rire ironique, et jaune au possible, s'échappe de ses lèvres. « Vaut peut-être mieux attendre demain, ou que le soleil se lève au moins ... » Lâche-t-elle dans un soupir exaspéré. Ils n'ont pas de temps à perdre, mais ils ne peuvent pas non plus faire de miracle. L'obscurité les empêche de faire ce qu'ils voudraient. « Tu veux bien me parler de toi ? De ta vie d'avant ? Tu étais mécanicien, c'est bien ça ? » Demande-t-elle, presque timidement. Mais ce n'est pas le moment de faire preuve de gêne : c'est parler, ou laisser ses penchées s'égarer. Alors peu importe le sujet, elle a besoin de discuter ... de n'importe quoi.

(c) AMIANTE

Alistair fut soulagé de savoir que Sam était apparemment indemne, physiquement du moins. Leurs ravisseurs avaient dû user d'une autre technique pour la maîtriser que celle du matraquage derrière la tête qui avait été utilisé sur lui-même. Peut-être ne valait-il pas mieux se rappeler comment ils avaient atterri là. Si leur cerveau avait jugé bon d'effacer cela des archives, c'était sans doute pour une bonne raison. Un frisson traversa Alistair, sans qu'il puisse le réprimer. Il refusait de penser à ce qu'ils faisaient ici. Mieux valait se focaliser sur autre chose, n'importe quoi, tout sauf ça, sous peine de devenir dingue. Mais sa proposition d'action n'était pas très heureuse. Dans la pénombre, il ne pouvait pas faire grand-chose.

- Ouais… T'as raison, confirma-t-il, dépité.

Finalement, c'était peut-être mieux ainsi, parce que chaque fois qu'il bougeait la tête, la douleur pulsait avec violence dans tout son crâne. Sans doute était-il plus prudent de ne pas trop bouger pour l'instant. Il n'avait aucune idée de l'heure qu'il était, si l'aube était proche ou non. L'envie de dormir n'était guère présente, principalement parce qu'il était trop stressé pour y parvenir.

La question de Sam le surprit, tellement elle était en décalage avec la situation ; aussi mit-il un peu de temps à répondre.

- C'est ça, je réparais des voitures. Puis je bricolais d'autres trucs.

Il ponctua sa phrase d'un geste vague. Se rappeler de sa vie d'avant brûlait douloureusement, parce que c'était perdu pour toujours et qu'il ne pouvait rien y changer. Enfermé dans cette cage avec une perspective d'avenir des plus incertaines, le côté dramatique de la situation n'en ressortait que d'autant plus. Pourtant, il se doutait que Sam avait envie de parler, de se changer les idées, d'essayer au maximum d'échapper à leur triste réalité. Il se rendit soudainement compte qu'il allait peut-être mourir ici. Alors, la compagnie de Sam était en cet instant tout ce qui lui restait. Il fit un effort pour répondre, s'efforçant lui aussi de parler comme s'ils étaient tranquillement dans la Zone et non pas en potentiel danger de mort.

- Et toi ? Danseuse, non ? C'est un beau métier.

C'était des banalités mais ce n'était pas ce qui comptait. C'était juste de parler, de meubler le silence et de se sentir proche de quelqu'un.

Is this the end I feel ?

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Le choc passé, Sam réalise peu à peu qu'ils sont réellement en grave danger. Ils ne savent pas pour quelle raison ils sont enfermés là-dedans, mais cela n'augure rien de bon, de manière évidente. Peut-être réussiront-ils à s'en sortir, mais à quel prix ? Il y a toujours un effet secondaire des plus déplaisants. Et elle n'ose imaginer ce que cela pourrait donner s'ils ne parvenaient pas à trouver la moindre issue. Mais pour l'instant, elle ne veut plus penser à tout cela. Il fait nuit et ils feraient probablement mieux de se reposer tous les deux, mais c'est tout bonnement impossible. Ils sont dans une situation critique, peut-être sur le point de crever enfermés dans une cage comme des animaux. Alors, Sam ne trouve rien de mieux à faire que d'aborder un sujet habituellement délicat : leur vie passée. Elle n'a pas trop de mal à deviner que cela met Alistair mal à l'aise de parler de cela. C'est logique, ils ont tous beaucoup perdu et ce, de manière définitive. Mais elle a besoin de se changer les idées, c'est vital. Tant pis pour les bonnes manières, elle préfère questionner Alistair et s'intéresser à ce qu'il fut, à une époque désormais révolue. « Oui, danseuse. C'était un rêve de gosse. »

Un mince sourire, mi-triste, mi-nostalgique filtre sur ses lèvres. Reparler de tout cela est à la fois douloureux et bon. Bon parce que cela lui permet de garder la tête à peu près froide - c'est encore loin d'être ça, cela dit - et douloureux parce que cela appartient au passé. Et que cela implique bon nombre de pertes qu'il est encore trop difficile d'aborder. « Mais ça a plus d'importance, hein ? On a tout perdu. » Qu'elle se sent obligée lâcher, désabusée. Elle ne veut pas faire paniquer Alistair, et les potentielles personnes présentes autour d'eux, plus que nécessaire. Aussi, elle se garde bien d'ajouter qu'ils risquent, de toute façon, de tous crever sous peu. Ce serait créer la panique et c'est la première chose à éviter, compte tenu de leur situation actuelle. « Tu vivais où ? C'est marrant, on a eu plein de fois l'occasion de parler et j'crois que je t'ai jamais demandé ça. » Un rire ironique s'échappe de ses lèvres ; c'est drôle sans l'être réellement. Parce qu'ils n'avaient pas besoin d'en parler à ce moment-là. A présent que leur vie est en danger, Sam ne peut s'empêcher d'aborder ces points qui appartiennent au passé, comme si cela lui permettait de s'accrocher encore un peu à la vie. Dernier espoir futile qui s'effacera aussi vite que la zone a implosé. Elle ferme les yeux, laisse les quelques brises de vent frais caresser son visage. Elle se sent prête à partir et, en même temps, brûle d'une détermination prête à tout fracasser sur son passage pour lui permettre de serrer une dernière fois Gaylwen et sa fille dans ses bras. Espoir éphémère.

(c) AMIANTE

Alistair afficha un rictus, presque un sourire s'il avait vraiment eu la foi d'exprimer une quelconque joie.

- C'est bien d'avoir pu réaliser son rêve… Ca a l'air idiot mais peu de gens s'en donnent les moyens.

Lui-même ne se visait pas avec cette remarque. Certes, il ne s'était pas vraiment donné les moyens de réaliser quoi que ce soit, mais n'aspirait pas à grand-chose à part une vie simple, payer ses factures, réparer des trucs, voir ses rares amis, répéter ce schéma à l'infini. Dans les mois qui avaient suivi l'épidémie, il avait eu le temps de se laisser aller à l'introspection, et s'était dit qu'il avait manqué d'ambition, que s'il faisait le bilan de sa vie il n'avait au final pas accompli grand-chose. Son unique fait notable aura été d'être capable de survivre. Sam au moins aura accompli quelque chose dans sa vie. Alistair aurait en guise d’épitaphe un « bricolait des machins ». Triste résumé de sa vie. Maintenant qu'il allait probablement y passer, penser à tout ça était un peu déprimant.

Il secoua légèrement la tête à la remarque teintée de cynisme de Sam.

- Bah, c'était déjà le cas avant hein...

Il se souvint que si pour lui, peut-être qu'à part le danger de mort imminent, sa situation n'avait pas beaucoup évolué, Sam avait de son côté potentiellement perdu sa fille et son compagnon. Il se mordit la joue, se frappant mentalement.

- Désolé...

Repenser à son ancien foyer faisait aussi remonter des souvenirs plus ou moins heureux. Il ne pouvait pas dire que la banlieue pouilleuse où il avait passé toute sa vie d'avant épidémie suscitait en lui en grande nostalgie. Elle lui manquait parce que c'était toujours mieux que l'enfer présent. Parce qu'elle était familière et inspirait malgré lui un sentiment de foyer. Mais bon, à côté le quartier craignait pas mal et l'immeuble surpeuplé dans lequel il avait grandi et vécu était à la limite du vétuste. Pour le coup il aurait bien répondu à son rire ironique, car jamais il n'aurait soupçonné que son appartemment lui manquerait un jour.

- Chicago… Et toi ?

Il frissonna, ayant soudainement froid. Son mal de tête continuait de le lancer. Cette fois, il avait vraiment touché le fond du trou.

Is this the end I feel ?

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Parler fait du bien à Sam. Parler la pousse dans l'illusion que leur ancienne vie n'est pas si loin que cela, finalement. Elle ne veut pas songer à tous les événements passés, à l'endroit où ils se trouvent. Depuis le début de l'épidémie, leurs vies sont en danger en permanence ; mais là leurs chances de survie n'ont jamais été aussi moindres. Et c'est terrifiant. Terrifiant de se dire qu'ils n'ont aucun moyen concret de s'échapper pour retourner à un semblant de vie. Un bref instant, Sam réussit à son sourire face à la réplique. Oui, elle a eu la chance immense de pouvoir un jour réaliser son rêve le plus fou ; et elle est contente d'avoir pu accomplir au moins une chose importante à ses yeux de son vivant. Mais sa plus grande fierté réside en la naissance de sa fille, présentement portée disparue. Est-elle avec Gaylwen ? Ou n'a-t-elle pas survécu ou l'hécatombe qui s'est soudainement abattu sur la zone ? Non, elle ne veut pas y songer. Les mots d'Alistair, pourtant, l'y ramène de manière brutale. Ce n'était pas volontaire, et elle le sait. Mais ses yeux se voilent ; impossible de ne pas penser à tout ça. Elle tâche de ne rien montrer, pour ne pas mettre Alistair plus mal à l'aise encore.

Elle se contente de rester silencieuse quelques instants, avant de questionner le jeune homme de nouveau. C'est le moment ou jamais d'en apprendre plus sur lui, et elle a vraiment besoin de se changer les idées. Il ne serait vraiment pas bon de se laisser aller à la mélancolie ; ce n'est pas le moment de se montrer faible, ce que Sam a trop fait à son goût jusque-là. « Los Angeles. » Concis, un peu trop - peut-être - pour faire disparaître pour de bon le malaise qui s'est installé. Mais les envies de parler de Sam se sont amenuisés brusquement, tout la ramène à sa fille et à Gaylwen. Et s'ils leur étaient vraiment arrivés quelque chose ? Le frisson à peine perceptible n'échappe pas à Sam, sans doute parce qu'ils sont trop serrés pour ça. « Tu veux te reposer un peu ? Je peux monter la garde, ça ne me dérange pas. » C'est surtout qu'elle ne parviendra pas à s'endormir de si tôt, en témoignent ses pensées complètement anarchiques. Impossible de trouver la paix et le sommeil dans ces conditions désastreuses. Alistair aura peut-être plus de chance.

(c) AMIANTE

Alistair remarqua le léger changement d'attitude de Sam, conscient que ses paroles malheureuses l'avait ramené à sa terrible séparation avec sa fille et Gaylwen. Il s'en voulait de s'être montré si peu délicat, d'avoir oublié que si lui n'avait que sa seule personne à se préoccuper, ce n'était pas le cas de tout le monde. Mais il ne savait que dire d'autre ; revenir sur le sujet n'aurait fait qu'enfoncer le couteau dans la plaie. Alors il ne dit rien, sentant Sam se renfermer un peu sur elle-même, sa réponse brève sonnant le glas de son envie de confidences. Alistair n'insista pas. Il commençait à se sentir soudain extrêmement fatigué, conséquence sans doute du choc qu'il avait reçu. Sa douleur au crâne semblait empirer et plus les minutes passaient, plus il n'aspirait qu'à une seule chose : se laisser aller à l'oubli du sommeil. Il n'était pas sûr d'y parvenir mais l'épuisement écrasant qui pesait sur lui, enserrant sa tête comme un étau, le laissait espérer qu'il avait une chance de succès.

Quand Sam lui proposa de monter la garde, il hésita une seconde. N'était-il pas censé la protéger plutôt que l'inverse ? Bon, dans son état, il était probable qu'il n'arrive à rien de toute façon. Il se détesta de se sentir si faible. Il aurait voulu être capable de plus. Ses pensées se dissolvaient sans qu'il puisse les rattraper, le tirant de plus en plus vers l'obscurité.

- Ça va aller ? Je peux tenir, sinon. Si tu veux te reposer...

Il rajusta sa position, essayant d'en trouver une moins inconfortable. Il resta près de Sam, cherchant le réconfort dans sa présence familière. Si elle lui répondit, il ne l'entendit pas. Malgré lui, ses paupières se fermèrent et sa tête glissa sur le côté, alors qu'il sombrait dans quelque chose qui était peut-être du sommeil, peut-être de l'inconscience. Il aurait été incapable de le dire.

Is this the end I feel ?

I've been up in the air, out of my head, stuck in a moment of emotion I destroyed. Is this the end I feel? Up in the air, fucked up on life, all of the laws I've broken, loves that I've sacrificed. Is this the end, end, end, end?

Sam ne se sent pas d'humeur à se reposer mais son corps lui indique tout le contraire ; elle sent peu à peu la fatigue prendre possession de son corps. Malgré cela, elle propose à Alistair de prendre un tour de garde la première ; sans se soucier de le reste. De toute façon, elle trouvera largement de quoi penser et, ainsi, se tenir éveillée. Ce n'est certainement pas ce point qui l'inquiète ! Mais elle est aussi très hésitante entre 1) l'envie de ne pas fermer les yeux trop longtemps histoire de s'assurer que personne ne viendra les chercher et 2) l'idée que, de toute façon, ils sont tenus en captivité. Que pourrait-il arriver de pire que cela ? Un vague sourire étire les lèvres de Sam aux paroles d'Alistair, elle ne lui répond pas vraiment, se contente d'un hochement de tête négatif. De toute façon, le corps jeune homme a tôt fait de l'abandonner, le laissant démuni et le plongeant dans un sommeil qui, espérons-le, s'avérera réparateur. Après tout, ils pourraient bien en avoir besoin au vu de la situation pathétique dans laquelle ils se retrouvent tous. Durant quelques minutes, Sam lutte elle-même contre le sommeil qui ne demande qu'à s'emparer d'elle. Ses paupières se font de plus en plus lourdes. Difficile de ne pas résister à cet appel de toute façon bien plus fort qu'elle. Elle a vaguement le temps de regarder autour d'elle et d'observer les visages - pour la plupart endormis - qui l'entoure. Elle a aussi assez de forces pour enrouler son second bras inoccupé autour de ses jambes puis poser son front sur ses genoux. De toute façon, que craignent-ils ? Ironiquement, Sam se dit qu'ils ne pourront pas les attaque au beau milieu de la nuit et que, même si c'était là leur but, rien ni personne ne pourra les empêcher. C'est la tête vide de plus de raisonnement et de réflexions que Sam se laisse aller au sommeil à son tour ; persuadée qu'ils ont déjà touché quoi qu'il arrive.

(c) AMIANTE