It's a long and quiet night.
 

Le temps défile à une allure si lente. Les bruits se font rares, les allées et venues aussi. Un silence presque de mort plane dans la zone 51, alors que la nuit a pris le contrôle des alentours. On peut entendre des bruits d’insectes à travers les fenêtres, presque dans une mélodie relaxante. Cependant, malgré le caractère reposant de la situation, Camron ne peut se résoudre à fermer l’œil. Cela ne fait pas tellement longtemps qu’il est arrivé dans la zone ; à peine deux semaines. Pourtant, il ne parvint toujours pas à se résoudre à cette idée de sécurité. On lui a dit qu’ici, ils ne craignaient rien et le voilà, doutant de paroles de militaires. Il y avait trop de monde ; trop d’esprit instables. En moins de temps qu’il n’en fallait pour dire ouf ; toute cette zone de confort pouvait se transformer en plus de zombies. Il suffisait que l’un deux périsse dans son sommeil, pour qu’ils se retrouvent tous avec leurs dents plantées dans la chaire. C’était une situation délicate et le brun ne comptait pas dormir l’esprit tranquille. C’est pour cette raison qu’il se permis de sortir de sa couverture, pour s’échapper du dortoir où il était supposé passer une douce et calme nuit. Ses pas étaient légers et lent. Il ne pouvait se permettre de réveiller les survivants, comme il ne pouvait attirer trop d’attention sur sa personne. Si on découvrait qu’il était debout, on pouvait sans doute penser qu’il complotait quelque chose contre la zone. Se faire éjecter ou tuer à tort ne lui plairait en rien. Alors il était prudent : ses yeux se baladaient aux alentours, laissant son regard se poser aux quatre coins de chaque pièce. Le manque de lumière était un réel problème. Il ne voyait rien du tout et même s’il savait qu’il n’allait rencontrer aucun obstacle apparent, il ne pouvait se résoudre à se détendre. Avec le temps, il avait fini par fuir l’obscurité comme on fuirait la peste. Le manque de vue pouvait vraiment être un handicap, de nos jours. La vue entravée, on pouvait se faire attaquer en deux secondes et ne pas pouvoir réagir.

Cependant, au loin, il aperçu une chaude lumière. C’était les flammes d’un feu qui crépitaient doucement dans un coin d’une grande Véranda dont les grilles laissaient entrevoir l’extérieur. C’était intelligent, d’allumer un feu dans ces lieux. La fumée n’était de ce fait pas gênante pour les survivants, et on ne risquait pas de tous brûler dans un malencontreux accident. Il s’approcha calmement, histoire d’apercevoir la personne responsable de ceci. Il ne vit pas grand-chose, mais il savait que ce n’était pas un garde : c’était déjà chose prise. Alors il se permit d’avancer vers cette personne, toujours dans un calme prudent. Une fois à sa portée, il alourdit son pas, signalant donc qu’il arrivait en sa direction. Effrayer les inconnus n’était pas une bonne idée. Quand il fut assez proche, il eut le temps de voir un blond gober des cachets d’une traite, avant de les dissimuler. Curieux, Camron haussa l’un de ses sourcils et pris place à côté du blond, s’asseyant à même le sol, les jambes pliées contre lui, simplement enlacées de ses bras. Il posa son menton contre ses genoux et pivota ce dernier dans la direction d’un blond quelque peu hostile. Il ne dit mot, pour l’instant. Depuis qu’il était ici, il avait la manie d’observer longuement les autres, histoire de juger leur caractère. S’il voyait que quelqu’un avait un mauvais fond, il ne lui accordait même pas une once de confiance et ne se privait pas de lui rentrer dedans comme bon lui semblait. Cette fois, alors qu’il laissait ses yeux se planter sur le visage du blond, il ne su que penser. Était-il malade ? Lui fallait-il des médicaments spécifiques pour le maintenir en vie ? Il l’ignorait, mais n’allait pas entrer dans le vif du sujet dès la première minute. Alors il se contenta de reposer son regard dans les flammes, laissant son esprit se faire bercer par le bruit de ces dernières, qui résonnaient calmement dans sa tête.

- Comment ça se fait que tu ne dormes pas encore ?

La question était simple, sans émotion particulière. Il fallait bien faire la conversation un moment, avant de poser la question qui lui brûlait autant les lèvres. En plus, il n’avait pas l’air d’être une ordure, à première vue. Et le fait qu’il pense qu’il était malade lui donnait envie de lui apporter son aide. C’est toujours sympathique, de ne pas être le seul malade, ici.

crackle bones

It's a long and quiet night.
 

A peine était-il assis à ses côtés, que son interlocuteur sembla méfiant. Ce n’était pas tellement étonnant, de nos jours, mais quand même. C’est vrai qu’il avait l’air un peu louche, comme type. Du peu qu’il connaissait de lui, il savait que c’était un gars toujours distant et renfermé dans sa bulle. Il ne savait même pas s’il parlait réellement à quelqu’un, dans la zone. Il n’avait pas du tout l’air d’être le genre de personne à se socialiser rapidement. Rien que la manière dont il lui répondit confirma ses propos. D’un air agacé. L’ennuyait-il ? Probablement. Mais s’il y avait bien une chose dont Camron s’en fichait éperdument, c’était l’avis des autres. S’il avait envie de lui parler, eh bien il le ferait et tant pis s’il n’en n’était pas satisfait. A la place, il lui offrit un léger sourire, tout de même ravi qu’il lui ait répondu. Après tout, il aurait tout bien pu lui dire d’aller se faire voir et de le lui foutre la paix. Peut-être était-il plus poli qu’il n’y paraissait. Il resserra ses bras autour de ses jambes, tandis qu’il laissa un instant ses yeux se plonger dans les flammes face à lui, se contentant de sa brève réponse. Puis, il pivota à nouveau le menton vers son visage.

- J’arrivais pas à dormir. Quand tu viens de dehors, t’as du mal à croire que t’es vraiment en sécurité entre ces murs, non ? Toutes les merdes que t’as rencontrées sur ton chemin, t’as encore la trouille que ça recommence. Après tout, tu sais jamais sur qui tu tombes.

Il dit ces mots d’un air songeur, tandis qu’il haussa finalement les épaules. C’était tellement vrai. Ils pouvaient en ce moment côtoyer des personnes qui les mèneraient tout droit à la mort. On n’en savait rien, après tout. De nos jours, les Hommes étaient devenus plus cruels que les morts. On pouvait accorder notre confiance aux mauvais types et croire en de fausses idéologies. Qu’en était-il de cette zone 51 ? Était-ce vraiment le lieu qu’ils prétendaient que c’était ? Ca pouvait tout aussi bien être un piège et eux, pauvres idiots qu’ils étaient, ils y avaient cru dur comme fer. On pouvait penser qu’il était paranoïaque, en ce moment. La triste vérité, c’était qu’il l’était devenu bien plus qu’il ne pouvait le penser. La confiance devait désormais se mériter.

- Parce qu’au contraire de toi, les gens dorment le soir, dit-il simplement, une légère pointe d’humour dans la voix. Qu’est-ce que tu fais le soir, quand tout le monde dort ? Y a pas grand-chose à faire…

Moyen subtil de faire référence aux cachets qu’il avait précédemment repérés. Il n’était pas du genre à se mêler de la vie des autres, comme ça, mais il ne pouvait s’empêcher de le faire, en ce moment. Il avait l’air d’être un type paumé, et ça lui rappelait étrangement ô combien il l’avait été, lui aussi. On disait que ceux qui se ressemblaient, s’assemblaient. Et il pensait que c’était un dicton des plus vrais. Dans leurs points communs incertains, ils trouveraient certainement un point d’entente. Parce que même si son voisin était une personne renfrognée, Camron en venait à se demander s’il n’avait pas besoin de discuter avec quelqu’un, de temps à autre. Rester seul dans une coquille était le meilleur moyen pour perdre la tête et devenir complètement givré. Lui, il ne savait pas ce qu’il serait devenu, s’il avait été tout seul, perdu dans cette apocalypse. Il avait toujours été accompagné et à vrai dire, il ne connaissait pas le goût de la solitude. Il se demandait s’il était seul, ou non. S’il souffrait. Sans doute, vu ses secrets… c’est ce genre de personnes qui éveille la curiosité du brun. Des personnes qui sont de vraies puzzles. Parce qu’elles ont toujours une histoire à raconter, derrière le masque qu’elles ont crées. Et lui, il était drôlement intéressé par ce type.

- T’es venu ici avec quelqu’un, ou t’es complètement seul ? Si ça ne t’embête pas que je te pose la question…

Il avait besoin de savoir. Sa curiosité allait sans doute lui attirer ses foudres, mais il n’en n’avait que faire. Il voulait juste savoir, afin de vérifier ses théories. Parce que dans ce monde, il fallait quand même savoir que l’on n’était pas tout seul, histoire de continuer de s’accrocher à ce qu’il nous restait de vie.

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It's a long and quiet night.

Camron a les yeux fatigués, mais il ne parvint pourtant pas à s’endormir tranquillement. A la place, il est là, à questionner un inconnu, comme si c’était la chose la plus intéressante du monde. Comme si c’était son job, d’interroger les autres. En plus, il a l’air d’être sérieusement emmerder qu’il soit là, en train de le déranger dans ce qu’il était en train de faire. Même si le brun le sait clairement, il n’a pas envie de rebrousser chemin, parce que de toute manière, il en a déjà vu trop pour partir comme ça. Alors il reste assit à ses côtés, bien décidé à aller au fond de cette histoire, de trouver la raison pour laquelle il prend ces cachets. Il hausse les épaules à l’entente de sa question. C’est pourtant une évidence, qu’il n’est pas là depuis longtemps. Rien que le fait qu’il lui ait dit ne pas se sentir en sécurité dans ces lieux aurait dû être indice suffisamment important. Il tourne alors le visage vers lui, haussant l’un de ses sourcils, sans pour autant lui répondre. Son attitude devrait lui démontrer que non, il n’est pas là depuis longtemps. Ca devait faire à peine trois ou quatre semaines, tout au plus. N’importe qui aurait trouvé ces lieux rassurants, mais lui il craignait ce trop plein de sécurité. Derrière les plus grandes barricades, y avaient toujours des barges, prêts à vous étrangler dans votre sommeil. Ca pourrait très bien être la même chose ici, après tout. Même lui, ce blond, il aurait bien pu être un vrai psychopathe. Il ne le connaissait pas et plus il se montrait curieux, plus il sentait que cela ne semblait pas trop lui plaire. Véritable emmerdeur, cette attitude ne le poussa qu’à continuer sa petite tâche du jour : découvrir qui était ce type.

- J’peux pas être plus d’accord avec toi, sur le coup. J’ai toujours ce pressentiment qu’on va venir me buter quand je dors, tu vois ?

Pourtant, dieu seul savait qu’il était fatigué. Il n’avait pas fermé l’œil depuis deux jours, si ce n’est une sieste d’une heure ou deux, de temps à autre. Son visage avait des traits épuisés et un bâillement s’échappa même de ses lèvres, témoignant de sa fatigue naissante. Il exagérait sans doute encore, à propos du fait d’être autant paranoïaque. Il ne pouvait s’empêcher de l’être. Dans cette apocalypse, il était réellement devenu constamment sur ses gardes. Surtout depuis qu’il avait quelqu’un à protéger. D’ailleurs, le blond à ses côtés était venu avec quelqu’un, il se demandait qui était assez courageux pour le supporter. Parce qu’il n’avait pas l’air d’être le gars le plus bavard au monde. Il hocha simplement la tête à l’entente de sa réponse, tentant de ne pas trop s’immiscer dans ses affaires, non plus.

- Sans doute que si, mais quand je suis parti, elle dormait déjà. Alors j’pense que j’ai rien de mieux à faire, que d’être ici avec toi, dit-il simplement en lui adressant un sourire quelque peu amusé. Comment tu t’appelles ? Moi c’est Camron.

Se montrer sympathique, c’était toujours une bonne façon d’établir la confiance, avec les autres. Peut-être qu’après ça, il se décidera enfin à lui poser la question qui lui brûle les lèvres depuis qu’il est entré dans la pièce. Parce qu’il n’a qu’une envie : savoir ce qu’il prend et peut-être l’aider à traverser ce qu’il vit. S’il était coincé ici pendant encore longtemps, valait mieux se faire des amis et savoir sur qui il pouvait réellement compter. Aider un inconnu semblait être un bon moyen d’y arriver. Même s’il ne semblait pas très chaleureux, comme gars, il comptait bien persévérer jusqu’à ce qu’il sache quel est le problème avec lui. Qu’avait-il traversé ? Trop de curiosité en une seule personne.

- T’as pas l’habitude qu’on vienne te taper la causette, j’me trompe ?

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