Meredith & Adam - Because I want to survive

Cela faisait des jours et des jours que je me marchais, que je courais, que je me cachais. À New York tout était fade, je me demandais soudainement pourquoi j'étais arrivée jusqu'ici. Trouver ma soeur ou mon frère c'était presque impossible maintenant, je ne comprenais toujours pas pourquoi ils ne m'avaient jamais retrouvée. J'étais sûrement bête à croire qu'ils étaient en vie. Après tout, le monde avait changé et je n'avais pas eu le choix que de m'adapter à cette pourriture de vie. Je ne pouvais pas faire confiance à personne. Ils étaient aussi pourris que les vieux débris qui marchent sans cervelle. Ce que je pouvais en avoir marre! C'était bien beau la survie, mais quand même, et je n'avais pas du tout réfléchi à l'hiver, c'était pas comme dans le sud des États-Unis où y faisait chaud. Je rentrai dans ce qui me semblait une ancienne épicerie... Bien sûr, les étalages étaient presque vides au niveau de la nourriture, mais je pouvais toujours trouver un truc ou deux qui pourraient m'aider à prendre des forces. J'avais mes deux carabines accrochées à mon dos et mon sac que j'avais en bendouillère sur le ventre. Je regardai les conserves... champignons, petits pois... rien de très nutritif, mais quand même. Je les ramassai et les mis dans mon sac. Ça pouvait devenir lourd si j'étais trop gourmande. Je me dirigeai ensuite vers les autres allées et je vis deux boîtes de tampons qui restaient. "merci mon dieu putain", je les ramassai. Avoir ses règles dans ce monde maudit c'était encore plus l'enfer. Et une semaine à ne pas dormir parce que les zombies savent eux. Et pourquoi je n'étais pas née en homme aussi? Je lâchai deux ou trois jurons avant de serrer les deux boîtes dans mon sac, je fus soulagée pendant un instant, mais j'entendis alors des bruits un peu plus loin. Des bruits lents et un râlement tout à fait reconnaissable. Je levai les yeux au ciel, même pas 3 heures sans en arriver là. Je pris une de mes carabines et je remis en place mon chapeau de cowboy. C'était reparti pour un tour. Je restai aux aguets, allée après allée pour vérifier quel zombie faisait ce bruit et j'allais l'abattre. Maintenant, c'était rendu une routine. Une fois que j'eus atteint la bonne allée, je le vis là le regard vide et maintenant qui venait vers moi. Je le laissai avancer un peu avant de lui tirer dans sa face.

- Prends ça dans ta gueule!

Sa tête éclata immédiatement sous l'impact de la balle et son corps tomba lourdement sur le sol. Il était raide mort et pour de bon cette fois. Maintenant, je devais trouver des toilettes. Quand je sortis de l'épicerie, je crois que j'aurais mieux fait de ne pas faire de bruit... Une horde de zombies étaient à présent très contents de me voir. "PUTAIN" me criai-je à moi-même et je commençai à courir. Pas la peine de tirer dans le tas, il y en avait trop. Je couru comme je pus et je me ramassai dans une satanée de ruelle qui ne débouchait pas. J'étais prise au piège. Je frappai de toutes mes forces dans la porte qui était visible mais, elle ne s'ouvrait pas. Les zombies étaient là et ils allaient avoir ma peau. Je n'allais pas dire mon dernier mot. Je repris ma carabine pour tirer sur le plus possible dans leur tête bien grasse. Maintenant, je paniquais grave, c'était la deuxième fois où j'étais à l'article de la mort et là, je n'avais aucun plan jusqu'à ce qu'on m'attrape par les épaules et qu'on me tire à l'intérieur de la résidence. Je me mis à crier comme une gonzesse.

- AAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHH!!!!!!!!!

J'avais fermé les yeux et je me débattis. Je me rendis vite compte que j'étais plutôt bête d'agir ainsi, car on venait de me sauver la peau. J'ouvris alors les yeux et je vis deux grands yeux bruns penchés sur moi qui me riait à la figure. Enfoiré, il avait beau m'avoir sauvée, je n'allais pas lui être reconnaissante.

- Bon! Pile à l'heure!

Je me redressai pour avoir une posture plus digne qu'être couchée par terre à faire le bacon. Je soufflai un bon coup et l'homme me tendit une bouteille d'eau que j'attrapais à vitesse pour boire. J'avais une de ses soifs.

- Merci! Contente de faire ta connaissance, mais je te laisse à ton truc!

Quand on en se mêlait pas aux gens, on avait pas de problème et j'en avais conclu ça il y a bien longtemps déjà. Je me retrouvai alors sur les pieds prête à partir à nouveau sans parler plus longtemps à avec ce type baraqué qui se prenait sans doute pour le plus grand sauveur de l'univers. Il me bloqua le chemin aussitôt ce qui me valut un froncement de sourcils. Il n'allait pas jouer les durs avec moi alors je sortis mon arme pour le menacer à mon tour.

New York… Pourquoi est-ce que j’avais mis les pieds ici, concrètement ? Allez savoir mais de toute façon, il fallait bien que j’y vienne à un moment ou un autre étant donné que j’étais sur les routes sans trop savoir où aller en fait. La ville était aussi déserte que toutes les autres. Des zombies, j’en avais croisé plus que des êtres vivants. Ce n’était pas tellement étonnant étant donné que presque tous les survivants se trouvaient dans des centres sécurisés. Je ne savais pas combien nous étions exactement, mais nous n’étions pas des milliers à parcourir les routes. Peut-être que moi aussi, un jour, je devrais me rendre dans un centre, mais tant que je ne pouvais me débrouiller tout seul, j’allais continuer ma route. Et puis, s’il m’arrivait quelque chose c’était que ça devait arriver voilà tout.

Le seul moyen de s’en sortir de tout ça, c’était d’éliminer tous les zombies car c’était eux qui contaminaient tout le monde. Sauf que ce n’était pas en se cachant qu’on arrivait à les éradiquer tous. Je ne prétendais pas être un super héro, mais si on ne les détruisait pas, ils allaient se mettre à pulluler de tous les côtés et nous, les êtres humains, on allait vraiment se retrouver en minorité jusqu’à disparaitre totalement. D’espèce dominante, nous allions passer en espèce en voie de disparition, comme les loups et les baleines. Ce que je ne comprenais pas, c’était comme nous en étions arrivés là. Tout ceci demeurait un vrai mystère. Enfin bon, j’avais besoin de dormir et de me ravitailler un peu. Aussi, j’avais retiré certains éléments de ma camionnette histoire qu’on ne me la fauche pas si jamais un petit malin venait à essayer de la piquer. Sans tous les éléments, elle ne risquait pas de démarrer.

Je m’étais entraîné à remonter les pièces à une vitesse record pour pouvoir m’en aller au plus vite si jamais il y avait un souci. Du coup, je me baladais avec quelques éléments de ma camionnette dans ma sacoche et je trimballais un baluchon pour pouvoir trouver de la nourriture et surtout, trouver un endroit sur pour dormir un peu. Ca faisait presque 48h que je n’avais pas fermé l’œil et là, j’avais réellement besoin de dormir. J’avais aussi mon attirail d’armes pour tuer les zombies qui se dresseraient sur mon chemin et honnêtement, il y en avait plus que ce que je n’aurais cru qui avait débarqué. Ca m’avait même sali mon pull. Du coup, ça aussi, il fallait que je le change. Trouver tout ce qu’il me fallait pris tout de même une bonne partie de la matinée. Maintenant, il ne me restait plus qu’à trouver une planque. Ca c’était un autre problème.

New York, c’était tellement grand que du coup, c’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Au bout de presque trois heures de recherche, je trouvais mon bonheur dans une ruelle. Qui aurait cru que cette ruelle contiendrait un tel trésor ? La porte était un peu blindée en plus. C’était parfait pour résister à une attaque de zombie. Logiquement, si je ne faisais pas de bruit, il n’y avait aucune raison qu’on vienne m’attaquer, mais on n’était jamais assez prudent. J’entrais à l’intérieur et inspectais les lieux histoire de ne pas me faire surprendre par un zombie qui dormait dans le coin et par miracle, il n’y avait absolument personne ! Amen ! C’était ma veine ! Je fermais la porte et la consolidais solidement. Les proprios avaient eu une idée de géni en prenant une porte anti effraction. De la trouvaille !

Je m’installais dans ma maison de fortune et je m’affalais dans le canapé encore plus ou moins en bon état après avoir fermé les rideaux. Je n’avais pas envie qu’on me voit non plus. Je m’endormis comme un rien et je pensais réellement partir pour au moins douze heures de sommeil quand des bruits me réveillèrent en sursaut. Je mis quelques secondes à reprendre mes esprits et à me rendre compte qu’on tambourinait à la porte. Doucement, je me levais et attrapais mon revolver. Quoi que c’était, ça voulait rentrer. Discrètement, j’allais voir par la fenêtre et je vis une jeune femme et une bonne dizaine de zombie entrain d’approcher. Heureusement qu’ils étaient encore assez loin. J’ouvris la porte et, ni une, ni deux, j’attrapais la jeune femme pour la faire rentrer à l’intérieur. Celle-ci poussa un cri strident qui me fit grimacer, mais je refermais la porte. Je me tournais vers celle que je venais de ‘sauver’. Celle-ci était tombée sur ses fesses et n’avait pas vraiment réalisé que je venais de lui sauver la peau jusqu’à ce que je me penche vers elle.

Je ne pus m’empêcher de rire un peu en voyant sa tête terrorisée. C’était moi qui lui faisais le plus peur plutôt que la horde de zombies qu’elle avait aux trousses. Un monde de malades ! Je vivais dans un monde de malades ! Finalement, la jeune femme reprit un peu de contenance et fit comme si elle n’avait jamais hurlé. Je comprenais que ça pouvait être assez humiliant parce que dans des moments pareils, on vivait tellement dans la trouille de tout et n’importe quoi que du coup, on en venait à avoir peur de sa propre espèce. Je la laissais se remettre de ses émotions et me dirigeais vers mon baluchon où je sortis une bouteille d’eau que je lui lançais avec un « Attrape ! ». Ses réflexes n’étaient pas mauvais. Ils étaient même plutôt bons. Je ne pus m’empêcher de la détailler un peu, histoire de me faire une idée de sa personne.

J’arquais un sourcil quand elle voulut s’en aller et me laisser « à mon truc ». Non, mais… Elle n’était pas sérieuse ? Elle allait vraiment s’en aller alors qu’il y avait une dizaine de zombies qui la cherchaient ? Okay, c’était son problème, sauf que si elle se tirait d’ici, j’allais aussi me faire repérer et franchement, j’avais envie de vivre encore quelques années avant de crever ! Je lui bloquais la route et aussitôt, elle se mit à me mettre en joue. De plus en plus surprenant.

- Okay, on va s’détendre, hein ? Au cas où t’aurais zappé, ils te cherchent dehors et il est hors de question que tu me mettes dans la merde, donc tu restes ici tant qu’ils ont pas dégagé les lieux. J’vais pas t’bouffer.

Je n'avais qu'une idée en tête, partir d'ici, même si on m'avait sauvé la mise et qu'on m'avait donné à boire. Ça avait fait si bien à ma gorge, à mon corps. Il ne fallait pas faire confiance à personne maintenant, nous étions en tout temps en état de survie et je ne pouvais pas faire autrement que de me méfier et de regarder l'homme avec sévérité. Quand il me bloqua le chemin, tous mes sens furent en alerte, je pensais qu'il allait m'agresser sauvagement et me buter pour me donner en pâture aux zombies, mais il ne fit que me bloquer la porte et moi, je pointai mon arme sur lui. Il me parla finalement en disant plus que deux mots de suite.

- Okay, on va s’détendre, hein ? Au cas où t’aurais zappé, ils te cherchent dehors et il est hors de question que tu me mettes dans la merde, donc tu restes ici tant qu’ils ont pas dégagé les lieux. J’vais pas t’bouffer.

Je fronçai les sourcils et le tint en j’out pendant 30 secondes au moins, il leva les mains et moi je finis par céder. J'étais épuisée!!! Je me laissai alors tomber et je regardai toujours l'homme pour qu'il reste dans son coin.

- C'est bon! Je vais rester ici pour 1 heure ou 2 après je pars. Pas la peine de t'approcher de moi ou vouloir me piquer mes affaires. De nos jours on ne sait vraiment plus à qui nous avons affaire!

Je savais qu'il devait au moins comprendre tout ceci. Il ne fallait pas se voiler la face, il y avait un grand nombre de profiteurs qui étaient prêts à te mettre un couteau dans le dos pour ramasser tes armes et tes trucs. Maintenant que le silence retomba, nous étions toujours là à se fixer.

- J'suis Meredith! Ce trou à rats n'est vraiment pas mieux que les autres villes que j'ai visitées.

En plus, Adam ne devait même pas comprendre pourquoi les zombies en avaient après moi tout à l'heure, il devait voir ça comme normal, car tout zombie veut nous mordre et nous attaquer.

- Y'a pas une salle de bains ou un truc du genre... Tu sais ce qui me manque le plus c'est vraiment les foutues toilettes. Les toilettes propres ça n'existent plus ou quoi? Non mais!

Cela fit rire quelque peu mon compagnon qui m'avait donné son nom. Il s'appelait Adam. Je me levai alors avec toutes mes choses pour me diriger vers la salle de bains de la baraque. Une fois à l'intérieur. La toilette était plutôt vide... Je rageai encore une fois. Je baissai mon pantalon et ma culotte pour découvrir qu'en effet, mes règles étaient là. Je levai les yeux au ciel... Comme si c'était pas assez chiant comme ça dans le monde. Je l'enlevai donc pour en mettre une nouvelle et je jetai la souillée par la fenêtre. C'était dégoûtant, les zombies allaient s'en occuper. Je pris donc ma boîte de tampons pour m'en insérer un et je me rhabillai. Vive le statut de femme. J'aurais pu être un homme, dans ce temps de merde, ça aurait été vraiment bien. Je revins auprès d'Adam qui n'avait pas bougé et je repris ma place. Je ne savais pas trop quoi lui dire, on aurait dit que les habitudes avec les humains se perdaient de plus en plus. Ça faisait des mois et des mois que je me promenais et que je tombai sur des humains de toutes sortes, mais je ne voulais pas rester en leur compagnie. Trop de responsabilités et ça ne me concernait vraiment pas. Dans la vie, il fallait se débrouiller tout seul, comme je l'avais appris. Je baissai mon pouce pour lui mentionner que la toilette était dégueulasse comme toujours.

- Alors Adam de quelle ville es-tu originaire? Si tu es comme moi, tu es un peu perdu, je viens du Texas!

Autant faire la conversation pour passer le temps, nous étions pris au piège de toute façon.

Je venais de sauver la vie de cette fille et limite, elle me remerciait en me mettant en joug. Ca faisait flipper ! J’espérais qu’elle n’était pas timbrée parce que sinon, j’allais la remettre dehors aussi vite que je l’avais faite rentrer. J’étais un peu sans cœur, je l’admettais, mais bon quand même, je n’avais pas envie de risquer ma peau. Je la risquais assez comme ça tous les jours alors je n’avais pas envie qu’une fille qui sortait d’on ne sait où me canarde. Ca, il en était hors de question. N’empêche qu’après lui avoir de mandé de se détendre et de baisser son fusil parce que je lui avais sauvé les fesses, et bien les trente secondes suivantes furent sans aucun doute les plus longues de toute ma vie (tout du moins, elles faisaient partis des plus longues de toute ma vie) et je pus enfin respirer à nouveau quand elle baissa son fusil.

En plus, je ne comprenais pas pourquoi elle flippait comme ça. La porte, le temps qu’ils la forcent, et bien, ils allaient mettre du temps. Je ne savais pas s’ils oubliaient au bout d’un certain moment, mais si tout restait silencieux, peut-être qu’ils allaient finir par arrêter et repartir d’où ils venaient. En tout cas, je l’espérais parce que sinon, ça allait être la misère. Et il allait falloir chercher une autre sortie. J’aurais bien aimé pouvoir passer par le même côté que celui dans lequel j’étais rentré, mais tant pis. Disons juste que j’avais fait une bonne action parce que sinon, j’allais le regretter jusqu’à ma mort. Et chaque jour, elle était de plus en plus proche. Tellement proche que ça me filait des insomnies ! Je hochais la tête quand elle m’annonça qu’elle resterait seulement quelques heures.

- Oh t’inquiète pas, je n’en veux pas de tes affaires, j’en ai assez avec les miennes.

Et j’avais de quoi survivre plusieurs jours. Enfin bon, j’allais reprendre ma place sur le canapé et m’affalais dans la même position que dans celle que j’étais quand ses tambourinements à la porte m’avaient réveillé. Elle pouvait faire ce qu’elle voulait pendant cette heure ou ces deux heures, je m’en fichais totalement, du moment qu’elle n’essayait pas de me carabiné le derrière. Enfin, j’étais d’accord avec elle pour dire qu’on pouvait toujours tomber sur des gens bizarres. Personnellement, je n’allais pas lui voler ses affaires et je n’allais rien lui faire non plus. Honnêtement, si j’en avais l’attention, est-ce que je me serais recouché sur ce canapé ? Je ne pensais pas. Enfin, je n’avais pas l’âme d’un tueur en série, j’étais garagiste. Enfin, j’avais été garagiste… aujourd’hui, j’étais un mec qui faisait tout pour sauver la peau de ses fesses !

- Adam, répondis-je. Et non, ce n’est pas mieux, mais… le seul avantage, c’est que y’a des magasins et qu’on peut trouver de quoi s’habiller et manger.

Bon, il y avait belle lurette que je m’étais mis à la chasse, mais parfois, retrouver des vrais repas que j’avais pu manger avant. Enfin bon, pour l’instant, tout était bon pour survivre. J’ouvris un œil pour regarder Meredith quand elle me demanda une salle de bain. Je lui désignais les escaliers. Si je me souvenais bien quand j’avais fait le tour des lieux, il me semblait avoir vu une salle de bains avec des toilettes.

- Me semble que c’est en haut au fond. Au pire, ouvre toutes les portes, j’ai fait le tour des lieux et y’a que toi et moi.

Quand Meredith disparut dans les escaliers pour aller dans la salle de bain, je fermais les yeux et continuais de me reposer. Je ne dormais peut-être plus, mais au moins, ça me reposait et ça valait mieux. Ca faisait trop longtemps que je n’avais pas réellement dormi et ça commençait vraiment à me manquer. Au bout de quelques minutes, j’entendis des pas dans les escaliers et je rouvris les yeux pour voir Meredith revenir. Tant mieux si elle avait trouvé son bonheur là-haut. Je me redressais légèrement quand elle me demanda d’où je venais.

- A la base de San Lui Potosi au Mexique et j’ai bougé pour atterrir jusqu’à San Diego. J’ai pas bougé de là jusqu’à tout ça.

Autant dire que ce n’était pas la vie dont j’avais pu rêver. Moi qui avais toujours rêvé d’avoir une vie tranquille et bien moi, j’avais eu le gros lot : la fin du monde. Génial, non ?!

Le type se présenta comme étant Adam... Ce prénom faisait gentil au moins, même s'il avait une tête de tolard. Je ne lui mentionna rien quand même, j'avais des jugements faciles. Il s'était installé sur le canapé et moi je m'assis sur le sol et y posa également mon sac sur le côté. Au final, j'étais morte de fatigue, il n'y avait rien de reposant dans cette ville et grâce à Adam, je pouvais rester en vie pour quelques heures de plus. Je décidai de lui faire la conversation tant qu'à être coincée avec lui. J'étais méfiante, mais bon, en connaissant mieux une personne, ça pouvait aider à comprendre comment il était aussi.

- A la base de San Lui Potosi au Mexique et j’ai bougé pour atterrir jusqu’à San Diego. J’ai pas bougé de là jusqu’à tout ça.

- Ouais, je comprends! C'est nul! Je ne sais même pas au final pourquoi je suis ici, New York finalement c'était de la grosse connerie.

Autant chercher une aiguille dans une botte de foin, je n'allais surement pas trouver mon frère ou ma soeur ici. En même temps, je pensais trouver une ville meilleure que dans mon coin et pourtant partout où j'étais allée, c'était de la vraie merde.

- Finalement, Mexique, New York, Texas, ça revient au même... et si nous allons au Canada, je suis sûre que c'est la même connerie..... Tu sais pour les autres continents?

Je n'étais pas une fille qui se tenait informée. Quand tout ça était arrivée, je ne savais même pas si toutes les villes des États-Unis s'en étaient sortie. Si des morts-vivants étaient apparus. Je me couchai au sol pour mettre ma tête sur mon sac. Mes carabines derrière moi. Un long silence s'installa, j'attendis qu'il s'endorme le premier pour voir s'il n'avait pas des intentions malhonnêtes et je luttai pour rester éveiller, mais impossible, je sombrai dans le sommeil. J'entendis bouger près de moi et je redressai aussi vite que l'éclair. Le coeur qui battait son plein. J'en avais marre de tout ça. Il faisait grand soleil et les oiseaux chantaient. Je m'étirais et je touchai mes yeux un instant. Adam était debout, je crois que j'avais passé plus que quelques heures ici au final.

- Woahhh une nuit de sommeil! Ça c'est top.

J'étais courbaturée de partout, mais je commençais à m'habituer, il n'y avait pas grand confort... sauf dans les motels. Je remis mes affaires en place. Mon ventre gargouillait, j'avais faim.

- Je repars, je suis à la recherche de mon frère et de ma soeur... Je vais redescendre par chez moi pour être certain s'ils ne sont pas repassés par là... J'aurais pas dû venir ici de toute façon. J'imagine que tu vas pas rester longtemps non plus dans le coin.

C'était juste vivre pour vivre. Il était tout seul en plus. Je comprenais que ça n'était pas facile pour se protéger. On se débrouillait avec les moyens du bord et moi je ne faisais pas confiance à bien des gens et souvent avec raison. Je me demandais quelle était l'histoire d'Adam, il avait dû perdre beaucoup de gens à qui il tenait lui aussi.

La situation actuelle me fatiguait vraiment. Comment était-ce possible que notre monde tourne au KO comme ça ? Je n’en savais rien. Des zombies… Ca avait toujours fait peur, ça avait fait la une dans les cinémas pendant une époque, mais de là à ce que ça devienne une réalité… Il fallait vraiment qu’on tombe très bas ! Un virus, et aucun toubib ou scientifique n’était capable de trouver le truc qui nous préserverait de ça. Nous n’avions plus qu’à survivre. Nous n’étions plus en haut de la chaîne alimentaire. On était en concurrence avec ces zombies et c’était flippant. Ouais, j’avais peur, comme tout le monde. Tous les jours, je priais pour rester en vie. Est-ce qu’il y avait un endroit qui était sauvé de tout ça ? Je n’en savais fichtrement rien.

Meredith souhaitait savoir d’où je venais et je ne voyais pas vraiment d’inconvénient à lui dire. De toute façon, cela n’avait plus vraiment d’importance aujourd’hui. Ce n’était pas comme si ça comptait. Du coup je lui déblatérais un peu toutes mes adresses. Ca ne servait plus à grand-chose, mais comme ça, elle savait que j’étais un petit mexicain venu faire fortune aux Etats-Unis (ou pas du tout !). Tout comme la jeune femme, je ne savais pas ce que je faisais ici non plus. J’étais là parce que je faisais un peu le tour du pays en solo, mais bon, j’aurais su que cette grande ville était aussi dangereuse, j’aurais tracé ma route sans un regard en arrière. Enfin, le seul avantage, c’était les grandes surfaces qui permettaient d’avoir de la nourriture en plus grande quantité.

- Je ne peux pas dire pour toi, moi je suis là parce que je cherche aussi de quoi survivre et que les grandes villes sont de plus grandes ressources en nourriture et en eau. Mais il y a aussi plus de zombies.

L’un n’allait jamais sans l’autre de toute façon. C’était une théorie que j’avais eu à force d’être confronté à tout ça. De toute façon, chacun de nous venait dans le coin pour diverses raisons. Moi, c’était juste pour faire un plein de provisions, rien d’autre. Les motivations de Meredith ne regardaient qu’elle. Je ne cherchais jamais à trop en savoir sur les gens parce que j’étais un solitaire et du coup, je préférais nettement en savoir le moins possible. Comme ça, si besoin était, et bien je n’aurais pas vraiment de tristesse si jamais il lui arrivait un truc. J’avais pris la décision de m’attacher à personne parce que je n’avais pas envie de souffrir de la perte de quelqu’un. Déjà que je me disais que j’avais peut-être perdu toute ma famille alors pour perdre des gens que je connaissais… Ca ne servait à rien.

J’étais d’accord avec Meredith pour dire que tout le continent américain souffrait. Du coup, je ne pouvais vraiment pas m’autoriser à espérer qu’ils allaient bien. Soit ils étaient morts, soit c’était devenu des zombies et je n’avais pas particulièrement envie de les voir dans cet état-là. Ca me détruirait peut-être. Je n’étais pas un gars très sensible à la base, mais bon, il y avait des limites quand même. Par contre, pour le reste du monde, je n’en savais rien. Ce n’était pas comme si on avait encore les actualités. Au contraire, on vivait tous au jour le jour et on essayait de survivre comme on pouvait. Je haussais les épaules en premier signe d’ignorance. Si elle tenait à ce que je lui dise quelque chose, elle allait être déçue, malheureusement.

- Non, je ne sais pas du tout. Peut-être que c’est pareil, peut-être pas. Va savoir.

Je m’affalais un peu plus sur le canapé et m’allongeais, exactement dans la même position que j’étais quand elle s’était mise à frapper contre la porte pour se sauver des rodeurs. C’était silencieux d’un coup. Ni elle, ni moi ne parlions et je n’avais pas envie de parler non plus. J’étais fatigué. La fatigue était retombée d’un coup et petit à petit, je m’endormis. Ce fut un sommeil plus ou moins tranquille car je ne rêvais pas. Je détestais rêver. Quand la réalité revenait, j’étais toujours extrêmement déçu par ce que je voyais. En même temps, qui ne le serait pas ? Personne ne rêvait d’une vie comme celle-ci. Tout du moins, personne de saint d’esprit !

Quand je me réveillais, je pris réellement le temps de me réveiller, pas comme d’habitude où je me mettais directement sur pieds et que je me mettais à bouger. Je pris le temps d’émerger et une fois que ce fut chose faite, je me redressais sur le canapé. Celui-ci grinça et aussitôt, Meredith se redressa d’un bond, me faisant écarquiller les yeux et surtout, me figeant au passage. Avec elle, il fallait que je me méfie avec elle parce qu’elle m’avait quand même pointé son fusil en pleine figure. C’était flippant comme truc ! Du coup, j’attendais qu’elle reprenne un peu ses esprits et quand elle s’étira, je m’autorisais à bouger à nouveau et me redressais pour m’étirer de tout mon long.

- Ca fait longtemps que ça ne m’était pas arrivé.

Et pour sur, j’étais plus souvent dans ma camionnette que caché dans un endroit comme celui-là. Du coup, dormir, c’était vraiment le cadet de mes soucis. Mais je devais bien avouer que ça m’avait fait un bien fou de dormir tranquillement. Meredith déclara qu’elle repartait à la recherche de sa famille. Je secouais la tête quand elle m’exposa, plus ou moins mon cas. Je n’avais plus rien à faire ici. J’avais tout ce qu’il me fallait.

- Non, je vais partir aussi. Tu vas vers où ? Je peux toujours te déposer étant donné que j’ai pas de destination fixe.

Après, c’était comme elle le souhaitait. Moi, je ne la forçais à rien. De toute façon, que je sois seul ou à deux, et bien ça ne changeait rien à la consommation d’essence donc bon.

Adam avait l'air d'être pas mal, mais je ne pouvais pas lui faire entièrement confiance et il devait également faire attention à ce que je pourrais faire. On me sous-estimait toujours un peu trop, il me faisait un plaisir de leur montrer ce que je pouvais faire. Adam avait quelques trucs intéressants sans plus, mais puisqu'il m'était venu en aide, je n'allais pas lui faire un sale coup à moins qu'il le fasse le premier. Ma nuit de sommeil m'avait remis d'applomb et Adam aussi avait l'air d'avoir meilleure mine que la dernière fois.

- Ca fait longtemps que ça ne m’était pas arrivé.

- Tu parles, ça n'arrive plus des nuits comme ça!

Les zombies nous avaient laissé tranquilles et maintenant il était temps de partir et de laisser Adam à ses occupations. Même moi je me disais que j'avais passé trop de temps ici. Je remis en place tous mes objets autour de moi. Je ne sais pas ce qui arriverait à Adam, mais je lui souhaitait qu'il réussisse à survive, qu'il fasse attention à qui il offrait son aide.

- Non, je vais partir aussi. Tu vas vers où ? Je peux toujours te déposer étant donné que j’ai pas de destination fixe.

Je le regardai un instant, il avait une voiture? Le mieux c'était une voiture oui pour se rendre au Texas, mais en même temps, je pouvais toujours trouvé moi-même et dénicher de l'essence ici et là... mais.... il m'offrait quelque chose de plus facile et s'il m'avait aidé, il pouvait bien continuer à la faire et sinon j'avais toujours mes armes s'il faisait un faux mouvement. Il attendait que je parle et moi je réfléchissait, il avait l'air plutôt sérieux. Pourquoi, il voulait m'aider d'abord? Je ne comprenais pas pourquoi il voulait me rendre ce service. Aujourd'hui, il fallait penser pour soi, pas autrement.

- Bien, si tu me proposes ça, c'est que tu dois avoir une voiture??? Écoute, je ne sais pas pourquoi tu veux m'aider, c'est vraiment gentil, mais... Bon... Tu voudrais rouler vers où, car moi.... Je veux me rendre au Texas, alors peut-importe si on fait 100 km ou 10 km, je ne veux pas cracher là-dessus... Ça marche, mais pas d'entourloupe, tu sais!

Il sourit à ma remarque et mis ses choses sur lui. Adam avait une camionnette qu'il avait caché non loin du lieu où on se trouvait. Je trouvais dommage tout d'un coup de quitter cet endroit qui nous avait permis d'être si bien pendant un instant. Au moins à deux, ça allait être plus facile... Enfin, je crois. Je l'aidai à dégager la camionette des planches tout en restant sur nos aguets. Il ne fallait pas grand chose pour attirer l'attention des zombies dans une ville. Ça grouillait de partout et moi je me trouvais toujours conne d'être venue ici. Je ne savais pas trop ce que je cherchais... Du réconfort peut-être? Dans mes rêves. Une fois dans la camionnette, je me sentis aussitôt bien et je fermai les yeux un instant. Adam démarra.

- Tu sais, tu auras été le meilleur compagnon depuis 2 mois. Mais attention, que ça te monte pas à la tête.

Regarder les alentours me faisait froid dans le dos tellement il y avait des morts-vivants qui grouillaient. J'en avais marre de cet endroit et maintenant, je voulais penser à mon frère et ma soeur qui serait encore au Texas prêts à m'attendre.

Finalement, venir en aide à Meredith n’avait pas vraiment changé mes plans de base étant donné que j’avais réussi à me reposer comme je le voulais. Au début, ce n’était pas vraiment gagné étant donné que j’évitais de faire confiance à qui que ce soit, et la jeune femme aussi, mais la fatigue était là, et on s’était endormis sans demander notre reste. En même temps, quelque part, nous étions dans le même camp. Dans ce monde, c’était nous contre les zombies. Donc ce n’était pas comme si on avait le choix. Aucun d’entre nous ne souhaitait devenir un truc tout décomposé qui courrait après le sang. Malheureusement, certain n’y échappait pas Absolument personne ne m’assurait que je ne deviendrais pas un jour comme eux, mais le plus tard possible. J’étais déterminé à survivre, même si je devenais le seul être sur Terre !

Meredith avait raison, nous n’avions plus l’occasion de dormir correctement. Je hochais la tête à sa remarque. Il fallait en profiter un maximum, mais m’attarder ici ne servait à rien. Je n’étais plus fatigué et je ne pouvais rien faire de plus ici. Du coup, j’étais paré pour reprendre la route vers on ne sait où étant donné que je n’avais pas vraiment d’endroit où me rendre. Enfin, si, je pourrais retourner au Mexique pour voir si ma famille avait survécu, mais je n’avais pas envie de me bercer de faux espoirs alors du coup, j’allais éviter. Si je devais revoir un jour ma famille, se serait parce que le destin l’avait décidé, pas parce que moi j’avais pris cette décision. C’était surement cruel, mais bon. Je méprisais un peu ceux qui courraient après d’autres gens dans l’espoir de les retrouver vivant. Bien souvent, ça se résumait par un échec car la personne était morte. A quoi ça servait de se faire souffrir ?

Je ne connaissais pas le but de Meredith, mais je me proposais de l’emmener là où elle voulait aller. Après tout, ce n’était pas comme si quelqu’un m’attendait quelque part, donc du coup, je pouvais bien servir de chauffeur, non ? J’allais n’importe où de toute façon, donc ça ne changerait absolument rien à ma vie d’aller au sud, au nord, à l’est ou à l’ouest. Je fermais mon sac et passais une des bretelles sur mon épaule. J’évitais de le mettre totalement sur mon dos, parce que ça me gênerait plus qu’autre chose pour sortir une arme si j’avais besoin. En attendant la réponse de la jeune femme, j’osais un coup d’œil par la fenêtre, mais je ne vis rien dans la rue. Les rôdeurs avaient du retourner à leurs occupations. Mais dans le doute, mieux valait tout de même faire attention. Je me tournais à nouveau vers Meredith qui semblait être encore entrain de peser le pour et le contre quant à ma proposition. Je n’allais pas la bouffer, si c’était ça qu’elle craignait…

- J’ai une voiture, affirmais-je. Et j’ai pas de destination fixe, je viens de te le dire donc je t’emmène là où tu veux aller. Nord, sud, est, ouest, je m’en fous.

Je levais les yeux au ciel avant de sourire légèrement à sa remarque sur les entourloupes. Je n’étais pas suicidaire quand même. Et puis, si j’avais voulu la tuer ou je ne sais quoi, je n’aurais pas attendu. Il fallait être logique un peu.

- Okay, mais si tu t’y tiens aussi !

Donnant, donnant, non ? Bref, nous quittâmes donc l’endroit. Un peu avec regret parce que dans cette maison abandonnée, on n’aurait pas cru que dehors, la mort nous attendait à chaque seconde. Au contraire, ça filait plus l’impression que la vie était toujours parfaite. Du gros n’importe quoi. Je servis de guide jusqu’à ma camionnette qui était toujours là ! D’habitude, j’évitais de la laisser parce que n’importe qui pouvait la prendre, surtout si celui-ci était bon mécano et savait la remettre en marche… Meredith m’aida à la dégager. Il fallait faire vite parce que le moindre bruit avait tendance à alerter les rôdeurs. J’ignorais comment ils faisaient, mais quand c’était eux, ils ne s’affolaient pas, mais quand c’était nous, ils nous poursuivaient jusqu’au bout du monde, presque. Donc comment faisaient-ils pour se distinguer entre eux ? Je n’en avais aucune idée.

Je vérifiais le plein d’essence, et il y en avait toujours. Cela voulait dire que personne n’était venu ici. J’ouvris le capot avant et remis la pièce manquante que j’avais pris avec moi pour pouvoir la faire démarrer et m’installais au volant. Je démarrais la camionnette dont le moteur se mit aussitôt à ronronner. Les paroles de Meredith me firent réfléchir un peu. J’avais choisi d’être seul face à ce nouveau monde. Quand on était de trop, on avait tendance à vouloir protéger quelqu’un d’autre plutôt que soi-même et du coup, c’était comme ça qu’on mourrait. La voiture commença à partir quand je me décidais à répondre :

- T’inquiète pas pour ça ! Je préfère être seul plutôt qu’accompagner, mais t’as l’air de savoir te défendre toute seule donc on va dire que pour toi, j’fais une fleur. Mais j’te préviens, si y’a des emmerdes, on sauve notre peau avant celle de l’autre.

Je préférais être clair. C’était sur que si on se faisait encerclé par des zombies, j’allais penser à ma propre vie avant celle de quelqu’un d’autre. Venir en aide aux autres c’était après s’être assuré que soi-même on ne risquait plus rien. Je regardais absolument partout autour de nous pour voir si nous ne tombions pas dans un piège avec un millier de rodeurs dans une seule rue. Combien d’entre nous s’étaient retrouvés coincés comme ça ? Surement plus que ce qu’on ne croyait… Et moi, je n’avais pas envie que ça m’arrive.

- Alors, j’te dépose où ? demandais-je en sortant de la ville pour savoir quelle route prendre.

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Meredith & Adam - Because I want to survive

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