Hypolyte ∞ Amethyst

Mon souffle est saccadé et jure avec le silence qui règne aux alentours. Je sais que le calme qui règne en ce moment précis est hypocrite, je sais que de nulle part peut surgir la mort sur deux pattes ou encore un humain en mode bestiale. Je suis sur mes gardes comme depuis le début de cette horreur sans nom qu'est devenue ma vie, notre vie à tous. La fatigue accumulée n'aide pas, non, elle rend défaillante l'attention, les réflexes. Je ne désire qu'une chose : un abri pour la journée. Se poser un instant, faire une putain de pause merde. Vu la vacilité de mes pas, il en serait plus que nécessaire. La tristesse et le deuil n'aident en rien à garder le cap, à garder la foi, à continuer tout simplement. Au loin, un bâtiment se dessine au loin, serait-ce là un moyen d'appuyer sur le bouton pause ? A mesure que mes pas m'y rendent, je devine les contours d'un lycée, quelle ironie. Moi qui avait hâte de quitter le lycée, me voilà obligée d'y retourner pour me sentir à l'abri. Celle-ci refuse de s'ouvrir, trop bien barricadée pour mes bras rachitiques. Bon, tant pis. Je fais le tour, laisse traîner un regard sur les fenêtres dans l'espoir d'en voir une mal barricadée ou au grand pire, ouverte. Hourra. Devant moi une porte de secours entrouverte, je m'engouffre sans perdre une minute et le regrette aussitôt : sur le sol, une marre de sang séchée. Je manque de dégueuler mais je ne le fais pas : dégueuler quoi de toute façon ? J'ai gardé mon dernier paquet de chips pour plus tard, quand je serais au bord de crever de faim, ce qui est pour bientôt au final. Fuyant ce panoramique écoeurant, j'entre dans la première pièce à ma portée, pièce qui semble être une salle de classe ou du moins qui l'était. J'avance lentement vers la seconde porte menant sûrement vers la sortie de la classe, je tente d'être la plus silencieuse possible sur mon trajet, évitant toute chose qui pourrait faire du bruit. Par le fruit de mon dur labeur, j'arrive au abord de la porte ouverte sans faire le moindre son quand un bruit de casier résonne dans tout le couloir avec un bruit de verre qui se brise. Un crissement de verre me signale une présence mais laquelle ? Morte ? Vivante ? Vu le sang à l'entrée, je tangue vers la présence morte. Deux choix : rebrousser chemin ou l'éliminer. La peur m'ordonne de me barrer quand l'envie de me poser me jette vers la provenance du bruit pour me laisser la voir libre en l'éliminant. Je tente de débucher l'adversaire mort en me collant contre le mur, l'empêchant de me voir, mon pied de biche dans la main. Mon bras se lève, prêt à porter le coup, allez à 3, je me lance et lui enfonce l'arme dans la tête. 1, 2, mon corps surgit prêt à asséner. 3 « Merde ». Là, devant moi, rien de mort, tout de vivant. Avec une voix qui s'élève comme un écho à ce que je viens de lâcher malgré moi. Ma main lâche le pied de biche alors que mon corps recule par la surprise. Mon regard s'attache direct à son arme qui m'envoie des signaux d'alarme. L'angoisse, la panique se mêle à ma culpabilité, j'ai faillit faire du mal à un humain, le tuer même. L'horreur. « Désolée, j'vou ... j'voulais pas » Mince tentative d'adoucir la menace que j'ai fait planer sur sa tête, mince tentative pour sauver ma peau.