Je crois que ma vie s’est arrêtée lorsque ces hommes m’ont enlevée… Du moins, ma vie d’avant en tout cas, aujourd’hui je n’ai plus qu’une seule envie : survivre et peu m’importe ce qu’il en coutera ! J’étais restée des jours et des jours à leur merci, à vivre cet enfer quotidien et même si j’avais appris à prendre sur moi durant mes années d’armée… Jamais on ne vous prépare à ce genre de torture, croyez-moi ! Aujourd’hui je suis de nouveau livrée à moi-même et plus que jamais je n’ai envie de me mêler à la foule. Cela faisait à peine une semaine que j’avais retrouvé ma liberté et si la peur de me faire prendre s’était fait ressentir les premiers instants, il n’en était plus rien à présent ! J’avais retrouvé mes premiers instincts, ceux que l’on qualifie de primaire, je fuyais toute traces d’humanité, par crainte que tout recommence et parce que je n’avais pas envie de contacts sociaux !

Une nouvelle journée de survie s’achevait pour moi, comme à mon habitude, j’avais passé la journée en chasse. J’avais ce besoin d’adrénaline, ce besoin de décharger mes pulsions contre ses individus. Les rôdeurs faisaient parfaitement l’affaire pour ça, ils représentaient des proies faciles, des cibles mouvantes me permettant de décharger toute ma rage ! Certains passaient leur temps à les éviter, moi ? Je les cherchais presque et je prenais un malin plaisir à les faire tomber, un par un ! Avant, mon côté rationnel m’aurait sûrement empêché d’agir comme je le faisais, aujourd’hui je n’étais qu’un animal blessé, trahi par sa propre espèce ! L’Homme peut tomber dans une bassesse sans nom lorsqu’il se croit tout permis ! Alors à mon tour, je n’éprouvais plus la moindre pitié sur ce plan ! La nuit commençait à tomber, je détestais par-dessus tout la nuit, l’obscurité me rendait vulnérable, j’arrivais rarement à fermer l’œil, ce qui me rendait encore plus à fleur de peau ! J’avais donc décidé de ne pas m’enfoncer dans les bois, restant à couvert sans pour autant me mettre en danger. Gardant mon arme à portée de main, j’avais cru repérer du mouvement dans le sous-bois. Zombie ou humain, de là où j’étais, il m’avait été impossible de le deviner, pourtant plus je m’approchais, plus j’avais la sensation de reconnaitre les crépitements d’un feu et l’odeur d’une viande qu’on grille. Je n’avais pas mangé de vrais repas depuis un bon moment à présent, mais l’odeur me refilait plus la nausée qu’autre chose.

Sans la moindre hésitation, je m’étais avancée certaine à présent que la personne ou le groupe que j’allais croiser n’avait rien de zombiesque ! L’arme au poing, je n’avais pas bronché en découvrant l’homme seul, l’affaire serait d’autant plus simple et avec un peu de chance, celui-ci aurait une arme à feu, ou des munitions ! Quelle n’avait pas été ma surprise en découvrant mon « ex »-mari devant moi, si je m’étais attendu à le revoir… Lui aussi semblait surpris de me voir, se doutait il un seul instant du carnage qui régnait dans mon crâne ?! J’en doutais sérieusement ! Sans baisser un seul instant mon arme – vide mais lui n’en savait rien après tout – ni même mon poignard et je l’avais jugé du regard estimant si danger il y avait ! J’avais beau le connaitre presque par cœur, il n’en restait pas moins un homme. Croyant l’avoir vu bouger, je m’étais mise en alerte l’empêchant de ne serait-ce envisager une approche.

- Ne bouge pas…

Plus une mise en garde qu’une menace, quoique ! Ma voix était enrouée, je n’avais pas eu l’occasion de parler et n’en avais pas vraiment ressenti le besoin ses derniers temps. J’avais plus tendance à me terrer dans un mutisme maladif. Je devais ressembler à un animal en cage, je ne gardais plus autant de séquelles physiques mais mes poignets restaient marqués par les liens qui les avaient entravés durant des semaines. Je gardais d’autres marques, mais elles n’étaient nullement visibles de là où il se trouvait.