Lori apercevait les maisons et les murs du camp alors qu’elle conduisait son équipe. Faut dire qu’elle était bien contente de rentrer. Ils avaient pas mal géré leur sortie et avaient ramené pas mal de vivres. Ils étaient retournés là où son expédition avait foiré lorsque Luke avait été enlevé. Elle avait ainsi pu croiser par bonheur sa meilleure amie. Celle avait qui elle faisait les 100 coups étant plus jeune. Elle n’était pas revenue avec elle, mais cela lui avait fait un bien fou de l’avoir revue en vie.

« On décharge en arrivant comme d’hab’, j’dis ça pour les nouveaux en expédition. « dit-elle en regardant dans le rétro du fourgon. « On a pas été trop emmerdé, c’est cool. » Ouais la sortie avait été tranquille et sans accros, quelques rôdeurs mais sans plus. La brune ralentissait à l’approche du portail et elle apercevait du monde, un attroupement derrière les toiles qui couvraient les grilles. Une autre équipe était-elle revenue ? Certains semblaient baissés au-dessus de quelque chose… Ah ça sentait pas bon c’t’histoire. Faisant une grimace, elle entrait dans le camp alors qu’on lui ouvrait le portail. Elle se garait et sortait du véhicule. « Il s’passe quoi ?! » Alors qu’elle eut besoin d’en pousser les autres la laissèrent passer. Elle priait pour que ce ne soit pas Caïn, vu les mines graves qu’on lui adressait. Merde !

Lori tomba sur les corps d’ado’ déchiquetés… Mettant une main sur sa bouche, elle repérait les marques de couteaux sur le crâne… Elle put reconnaître les visages… C’étaient les ados du stage de survie organisés par Caïn… Elle tiqua. « Il est où ?! » Une personne lui indiquait le chemin qu’il avait emprunté. Celui de sa maison. Elle ordonnait à son équipe d’aller faire comme d’habitude, et aux autres de faire le nécessaire pour les gamins, une veillée et le reste. Sa priorité était de voir Caïn…

Putain.


Elle mit ses armes dans le fourgon et allait vers la maison de l’Ours. Autant dire que quand elle ouvrait la porte, elle ignorait bien ce qu’elle allait trouver. Mais elle s’y risquait. « Caïn… ? » appelait-elle doucement mais avec fermeté pour qu’il l’entende. Lori fermait la porte derrière elle, marchant sur du verre.  Il avait perdu ces gamins et avait dû leur éviter une transformation… Cela avait été sûrement trop dur pour lui, elle aurait été exactement pareille. Avec moins de force sans doute…


L’intérieur était dévasté. Des papiers, du verre, des livres partout, des tables retournées, des impacts dans les murs, des traces de sang, la hache… Il était anéanti… Silencieuse, elle put, ainsi, entendre la douche couler. Elle montait alors à l’étage. Il était là. Ce n’était pas une vapeur chaude qui s’évaporait mais bien du froid qui venait jusqu’à la brune. Elle l’appelait à nouveau mais ça semblait passer à côté. Alors quitte à lui attirer son attention, elle retirait ses rangers et le rejoignait. Elle se faxait entre lui et le mur, entre ses bras qui semblaient vouloir pousser le mur. Elle frissonna sous le contact frais de la douche alors que l’eau perlait sur elle, nettoyant sa tenue par la même occasion. « Caïn… Regarde moi… S'il te plaît» dit-elle pour finalement prendre son visage entre ses mains plutôt frêles comparées à la masse qu’il était. Lori posait un regard triste sur son visage. Elle remettait en arrière les cheveux de Caïn. Caressant du pouce sa joue, enlevant quelques traces de sang séché, elle ne savait actuellement pas comment c’était à l’instant T dans sa tête. Elle prenait peut être des risques à se trouver là devant lui, juste cachant les marques d’impact dans le carrelage. Elle attrapait une petite serviette non loin et nettoyait son visage sans plus un mot, quand elle eut terminé. Elle attendait. Généralement, chez Caïn ça dépendait. Soit il était en train d’intérioriser à mort après avoir extérioriser de la même manière. Il se révélait souvent imprévisible, mais elle avait confiance.


Lori fit glisser ses mains sur les bras contractés de Caïn jusqu’à ses poignets, les encerclant comme des bracelets. Elle voulait les enlever du mur. Gardant un œil sur ses réactions, la brune souhaitait réellement prendre soin de lui à cet instant mais encore fallait-il qu’il la laisse faire. Elle se risquait à poser un regard sur ses phalanges et il y avait besoin de désinfecter tout ça… Elle prit son temps attendant une quelconque cession de sa part, toujours ses mains sur les siennes contre le mur. Elle ne le forcera pas pour l’instant, mais elle risquait de le faire à un moment donné. Il faisait froid, ils se trouvaient sous une douche froide. D’ailleurs, elle réglait un peu vers le chaud, peut être sortirait-il de ses songes en voyant qu’elle se les gelait. Le fait qu’elle se foute là-dedans c’était volontaire, elle avait besoin qu’il réagisse un peu du moins.

Une voix triste et cassée se fit entendre. Il émergeait de loin, Lori n’avait pas compté le nombre de secondes ou de minutes qui s’étaient écoulées, restant figée et à le fixer, guettant la moindre apparition de Caïn. Elle avait besoin de le voir ressurgir de sa sorte de transe… Non son choc. La brune voulait s’ancrer quelque part, à quelque chose. Elle relâchait sa prise sur les poignets de l’Ours, le laissant parler, changer la température de l’eau. Non, il n’avait rien pu faire. C’était des gosses, c’était instable. Combien elle l’avait vécu avec Niko et Luke. Des piles électriques, ils tenaient tellement l’un à l’autre que parfois ça en devenait dangereux. Elle avait appris à les contenir, les retenir et les sauver… Souvent. Ils n’étaient plus là, à présent. Elle s’en voulait toujours beaucoup.

Soutenant le regard vide de Caïn, elle laissa sa main atteindre son visage désormais encadré par une chevelure mouillée. Ils n’avaient pas écouté les ordres de Papa Ours. S’ils avaient été encore là, ils auraient passé un sale quart d’heure. Pour l’avoir tenté, Lori l’avait bien retenu. Sous le poids de la culpabilité, des larmes, de la tristesse profonde, il se laissait tomber à ses pieds. Il était rare de le voir ainsi, ça le rongeait de l’intérieur, le détruisait, anéantissait une part de lui. Il était totalement perdu. La brune posa un regard doux sur l’homme qui pouvait soulever tellement de montagne habituellement. Elle se baissa à sa hauteur, prenant ses mains dans les siennes pour qu’il ne cache plus son visage. Elle les retirait avec délicatesse. « Hey… » dit-elle avec douceur, lui caressant le dos d’une de ses mains avec son pouce. « Tu n’y es pour rien… » Ils avaient joué, ils avaient perdu. Il n’y avait en aucun cas besoin de remettre en cause l’attitude de Caïn envers l’accident des gamins à cet instant. Il s’était sûrement attendu à ce  qu’ils se tiennent, qu’ils ne s’emportent pas dans leur fierté… et bien… avec les ados, apocalypse ou non fallait s’attendre à ce qu’ils jouent toujours avec le danger. Qu’ils dansent avec… Et que tôt ou tard cela leur retombe dessus. Si les gamins étaient rentrés seuls en disant qu’ils avaient attiré trop de rôdeurs et quand voulant les sauver Caïn était mort. Elle n’aurait pas été tendre.

Il était là devant elle. Effondré, mais vivant. Ce qu’elle pensait était sûrement horrible pour une femme ayant travaillé auprès d’ados, enfants mais à jouer les cons… Elle pouvait le perdre à chaque instant, c’était tellement palpable que ça lui faisait peur. Il n’aurait pas dû y aller seul non plus. Elle remontait doucement ses mains vers le visage brisé de Caïn, écartant de nouveau ses cheveux. Elle voulait capter un regard. « Tu n’en es pas convaincu… Mais ... » Elle lui relevait la tête. « Regarde-moi… » prononça t’elle avec un peu plus de fermeté mêlé à beaucoup de douceur. « Tu n’y es pour rien… » Tout ce qui pouvait arriver lorsqu’on écoute pas un ordre… Un accident. Rien au mieux. Ou la mort. Un enchainement de petites choses qui vous rend tellement impuissant. Déçu.

Lori savait qu’il avait dû se battre pour sauver ces gamins qui étaient surement déjà perdus. Souvent elle revoyait, Lucian courir vers elle. Il ne voulait pas la lâcher, lui obéir, qu’il se sauve. Il s’était jeté dans ses bras et n’avait reçu qu’une balle là dans sa tête d’enfants qui n’avait absolument rien demandé, rien mérité de tout ça… Elle avait enregistré le visage de cet homme et s’il venait à réapparaître… Elle le tuerait, lui et les autres… Le fait qu’elle avait été une femme à ce moment, cet appât, cette proie… Si elle avait été plus prudente, moins lâche… elle l’aurait peut-être encore avec elle à l’heure qu’il est.

Lori s’avançait, s’approchait de Caïn, elle dut se grandir un peu, entourant sa tête de ses bras, l’enlaçant. D’un ton triste, sortant tout juste de ses pensées, le voir ainsi la rendait tellement mal, elle lui murmurait à l’oreille « Ce n’est pas de ta faute… »

Lori ne lâchait pas son étreinte lorsqu’il vint la serrer contre lui. Le contact de son visage dans son cou la fit frissonner, alors que sa voix vibrait contre sa gorge. Caïn se reculait et effaçait les traces de tristesse sur son visage. Etonnée par ce soudain revirement de situation, pourtant pas surprise… Quand on se retrouvait dans une position de faiblesse, on avait cette tendance de se redonner ce coup de fouet. Ce n’était que façade… Elle connaissait…que trop bien… Il l’embrassa presque, ce qui eut l’effet de la sortir de sa stupeur. Caïn l’aida à se relever et commençait à se déshabiller, Lori se figea. Elle ne comprenait pas tellement se retournement de situation. Oui, elle était soulagée qu’il aille « bien ». Mais non… Elle n’y croyait pas. Façade.

Croisant les bras, pas à l’aise, mais plongeant tout de même son regard dans celui de l’Ours… Merde. Pourquoi… ? Pourquoi maintenant…. ? Sa fermeture de tenue coulissa de quelques centimètres. Elle posait la main sur celle de cet homme qui prenait une énorme place dans son cœur. Non.

Alors elle était quoi là… ? Le truc qui battait dans sa poitrine eut un bon, un déchirement. Lori eut un soupir. Elle n’était pas ce remède, elle était juste Lori… Lori qui avait avoué ses sentiments en partie à l’Ours. Si c’était semble t’il réciproque… Elle avait tellement peur que ce qu’il insinuait n’était juste qu’un passage, qu’une manière d’oublier ce qu’il venait de se passer… La brune ne voulait pas être ce genre de fille pour Caïn. Peut-être n’était-ce pas son intention… mais le choc, le deuil pouvait mener à bien des choses.

Lori l’aimait. Oui elle aimait Caïn.

« Pas comme ça… Pas après ça… » Elle enlevait la main de Caïn. Et pourtant même si elle ne voulait pas céder à tout ça... Lori posait sa main sur la joue de l’homme qu’elle aimait, se mit sur la pointe des pieds. Le souffle court, les yeux clos, elle posa ses lèvres sur celle de l’Ours. Elle l’intensifia un instant avant de le stopper en douceur.

Elle se remit à plat sur ses pieds, laissant glisser ses mains sur son torse plus que musclé… Hauptman se détachait de lui, peut-être le regretterait-elle, peut-être que non justement… Mais sans résistance de sa part… Il ne l’obligerait pas… Sans vraiment un regard, elle sortait. « Je reste si tu veux… Je vais me reposer un peu, je pense qu’on… qu’on en a tous besoin… » dit-elle dos à Caïn. Elle sortait de la salle de bain, fermant la porte derrière elle. La tension n’en redescendait pas pour autant. Attrapant ses rangers, elle descendait. Lori remarquait que son sac avait atterrit dans la maison. Sûrement un des coéquipiers de la brune qui l’avait déposé là, il est vrai qu’elle l’avait oublié et il y avait tout son nécessaire, des rechanges et autre. Elle se dirigeait vers la salle de bain du bas, se douchait, pleurait un peu et sortait s’habillant. Elle ne prenait pas le temps d’en profiter, elle n’avait pas la tête à ça… Et puis vu le temps qu’elle avait passé à réveiller Caïn, elle ne voulait pas passée plus de temps que ça.

Voilà qu’un mal de crâne pointait le bout de son nez, elle évitait les bouts de verre, elle aiderait à ranger plus tard. La brune remontait, allant dans la chambre, l’antre de Caïn. Un petit paquet à la main, elle disposait des fringues propres sur le lit et le dit paquet dessus. Elle avait trouvé une boite de cigares lors de son expédition, alors qu’elle était en train de soigner Tyler, elle savait qu’il aimait bien ce genre de truc. Elle s’asseyait de l’autre côté du lit et pensait attendre là en regardant par la fenêtre, mais la nervosité et la tension qui l’avaient saisies, étaient redescendues d’un coup… La peur de l’avoir perdue, le mal être, le deuil de Caïn sa tristesse, tout… Elle s’endormait ramenant ses genoux contre elle. Elle ne dormirait pas bien longtemps… Trop de chose à faire.

Le noir complet, le silence, la sécurité. Lori s’était endormie et quand elle ouvrait les yeux, elle se rendait compte que son sommeil avait eu une phase profonde. Se redressant un peu en panique, elle avait complétement zappé qu’elle était dans une maison et non en expédition. La brune passait ses mains sur son visage. Caïn était passé par là et l’avait emmitouflée sous la couette. Une odeur de cigare flottait dans l’air. Il avait bien trouvé son cadeau, elle eut un sourire et s’extirpait du lit, ses pieds nus touchant le sol, appréciant la dureté du plancher. Si l’ours était massif et imposant, il avait été d’une légèreté dans ses gestes et dans son passage dans la pièce… Ou bien avait-elle tellement confiance que son cerveau ne s’était absolument pas alarmé. C’était Caïn, triste ou joyeux, il était égal à lui-même, elle en était persuadée. Il pouvait tout casser mais ne s’en prendrait pas aux personnes qu’il aimait.

Le lit refait, elle sortait. Le calme après la tempête, la brune remarquait en descendant l’escalier que la maison avait subi un bon coup de ménage. Alors elle comprit que Caïn était réellement revenu. Revenu de son choc du moins car la douleur était ancrée en lui, mais le véritable Caïn était revenu… « Désolée, j’ai l’impression d’avoir dormi bien trop longtemps… Pour ce qui est du café. On en change pas une équipe qui gagne » dit-elle en atteignant le bas des marches avec un sourire. Croisant le regard brun de la masse qui s’avançait vers elle, lui prenant les mains, l’épisode de la douche lui revint. Faut dire que s’assoupir d’un coup et se réveiller d’un sommeil quasi paradoxal, ça avait le don de la mettre dans les choux.

L’ours la remerciait de l’avoir stoppé. Elle l’écoutait, parce que c’était le moment de l’écouter. Posant ses mains sur le haut de Monsieur Muscle, elle tapotait des doigts « Tu ne m’as pas fait de mal… crois-moi ça va.»

Au plus profond d’elle, elle ignorait si elle méritait vraiment qu’on s’attarde sur elle, qu’on la désire et qu’on l’aime… Vu son vécu, clairement, qui pouvait bien avoir envie d’une nana salie et démolie. Elle l'avait embrassé mais clairement qu'est ce que ça pouvoir valoir ? Le baiser timide puis plus confiant que lui donna Caïn effaçait soudainement ses pensées comme un coup de vent et cela avait eu le don de la surprendre. De la surprendre non pas en mal, mais elle adorait ce contact. Elle adorait ce qui venait de cet homme. Sécurité, confort, réconfort, douceur. Cela relevait du magnétisme. Elle était bien. Ouvrant les yeux, reprenant légèrement son souffle, elle sourit à sa proposition de rester. « Oui bien sûr. » répondait elle avec un regard doux. Lori ne voulait être nulle part ailleurs, elle ne se serait pas imposée, cependant. Mais s’il avait besoin d’elle, elle serait là avec ou sans épisode étrange et déroutant.

Lori fit glisser ses mains sur les bras de Caïn avant de se détacher de lui. « Et si on se buvait ce café parce que la journée, même si bien entamée, va être longue. » Il y avait encore pas mal de boulot, et sûrement la veillée des gamins. S’installant sur un tabouret, elle avait besoin d’une dose miracle de caféine, en retrouver c’était comme toute denrée, c’était rare. Pendant un instant, hors du temps, elle avait oublié le merdier dans lequel ils se trouvaient. Dans une autre vie, ils auraient juste eu à se soucier de leur boulot. Elle le remerciait quand il lui servait cette tasse fumante. Maintenant en tailleur sur son tabouret, elle tiquait après bu une gorgée trop chaude. Ce n’était pas en soit la chaleur mais bien ce qu’elle avait à dire « Tu as le bonjour de Tyler » annonçait elle avec un sourire fier et heureux. Oui elle avait recroisé sa meilleure amie par le plus grand des hasards et le plus grand des bonheurs. Lori souhaitait le détourner quelque peu du résultat tragique de son expédition. Il connaissait un peu Tyler pour l’avoir recroisée de temps à autres et quand ils étaient jeunes.

Caïn l’avait laissée se reposer, l’avait installée gentiment sous la couette. Autant un autre homme, Lori se serait réveillée car elle n’aurait pas osé s’endormir comme elle l’avait fait. Alors non, pour Caïn, elle ne s’inquiétait absolument pas de son comportement. Il était doux, précautionneux, sauf quand il l’avait entrainé. L’ours avait forcé sur la dose de menace pour qu’elle puisse sortir de ses gonds et d’enfin apprendre à se défendre.

La tasse de café entre ses mains, un nouveau sourire, cependant plus léger, se glissait sur ses lèvres recolorées par la chaleur du breuvage. « Elle a changé… Au fond, c’est toujours Tyler mais recouverte de tatouage… Un groupe n’a pas été tendre avec elle… Ils l'ont recouverte de tatouage... » soupira la brune…. « Jason son fiancé a été tué… Son bébé à naître également. » Les deux amies avaient échangé sur leur vécu apocalyptique un bon moment dans ce qui restait de ce magasin. Lori se rappelait quand, heureuse, Tyler lui avait proposé d’être la marraine du bébé… Ce couple avait tout pour être heureux. Tout. Mais ce monde de merde révélait les pires êtres de la population… « Elle se trouve actuellement avec un gars Iwan, apparemment un mec qui a soif de justice… Il laisse pas les trucs passer tu vois ? De ce qu’elle m’a décrit, il est à son écoute. Et vu la personne qu’est devenue Tyler, je ne suis pas inquiète. » expliquait elle soudainement pensive. Ouais Tyler était devenue une femme en puissance, une combattante, Lori espérait quand même la revoir un jour. Putain. Il est loin le temps de la tranquilité, de l’insouciance, les repas entre amis, les sorties…

Buvant une gorgée de ce petit pas parfait café, fallait pas se plaindre, Lori eu un regard intrigué lorsque l’Ours entamait sa première phrase… Rien à voir avec ce qu’il venait de se passer… Avant que tout bascule. « nous ». Son cœur battait soudain un peu plus fort, un stress montant, grimpant le long de son corps comme un coup de vent. Que voulait il bien lui dire… ? Sa demande lui fit écarquiller les yeux, elle posait sa tasse. Non pas que cela la dérangeait, mais… Sixtine. C’était sa coéquipière après tout, Lori ne voulait pas qu’elle prenne ceci comme une trahison de la part de les deux « amis » de longue date. Ce n’était pas son but. Sixtine avait sa place dans la vie de Caïn et ça, Lori ne pourra jamais rien y changer. Elle ne le voudrait pas de toute manière. La brune eut un rire lorsqu’il abordait Drew. « C’est vrai qu’il est toujours dans sa cabane, lui. » se rappela t’elle. Hauptman s’étirait finalement. « Faut que tu sois prêt à croiser une ado sauvage, supporter quelques insomnies de ma part et sûrement d’autre truc. Mais je ne dévoilerais pas tout, sinon c’est pas drôle » glissait elle avec un certain humour, bien sûr qu’elle accepterait de tenter cette normalité, retrouver Caïn faisait partie de ses meilleures moments d’apocalypse et autant dire qu’ils étaient rares.

Attrapant sa tasse et se levant, Lori se rapprochait de Caïn. « Dis le à Sixtine, parles en avec elle. » Oui, il fallait qu’il en discute avec elle. « Je sais. On ne s’entend pas des masses toutes les deux mais j’ai beaucoup de respect pour elle. C’est ta coéquipière vous avez passé tout ce début de merdier ensemble jusqu’ici où vous vous êtes battus bec et ongle pour conserver cet endroit. Elle fait partie intégrante de ta vie et crois-moi, je ne veux pas qu’elle croit que tu la laisses tomber. » Ce qu’il ne ferait pas, bien évidemment, mais une femme blessée, ou sentant le départ de l’autre comme une trahison pouvait se faire des films. Et c’était le plus dur ou dangereux pour des relations quel quelles soient. Lori était sincère. Ces deux-là s’étaient protégés pendant leur mobilisation à l’arrivée des rôdeurs, leur errance, leur survie et Caïn même s’il était fort, stratège et dur à cuire, Sixtine l’avait sûrement sauvé et il fallait reconnaître que sans elle, peut être que Lori ne l’aurait jamais revu. Oui, elle était reconnaissante. La militaire était forte c’était indiscutable. Elles avaient eu quelques discussions tranquilles et des fois, Sixtine lui balançait des pics, la cherchait. C’est clair que contrairement à elle, Lori n’avait pas été là pour Caïn quand tout ce bordel avait commencé et vu ses compétences, ce n’était pas plus mal… Il serait peut-être mort en tentant de la secourir.

Les dernières gorgées avalées, la brune entreprenait de laver sa tasse, légèrement pensive.