Putain de bordel de merde. Essoufflé, Naël doit se poster devant un militaire et montrer patte blanche. Dix bonnes minutes s'écoulent - si ce n'est plus, mais il y a bien longtemps qu'il a balancé sa montre, faute de pile adéquate - avant qu'on ne le laisse franchir le grillage qui le mène au campement de ceux qui se font appeler les sauveurs. Les sauveurs, putain. Ils se prennent pour qui ces gens ? Bon, difficile de les critiquer maintenant qu'il en fait plus ou moins partie. Il n'a pourtant rien d'un sauveur lui. Rien non plus d'un médecin, d'un scientifique, d'un chercheur. Il était guitariste, lui. Guitariste à temps partiel. C'était un nomade, un sauvage qui vivait dans sa voiture avec pour seule compagnie des CDs de tous genres musicaux et des paquets de bonbons à la pelle. Il n'a rien d'un sauveur, non. Et après ce qu'il vient de voir, il se demande s'il y a encore quelque chose à sauver, sur cette foutue planète. On le dit timbré, lui. On le dit complètement cinglé, névrotique, voire même à deux doigts du psychotique. Mais si quelqu'un d'autre avait vu ça, on aurait finit par le traiter de personne saine d'esprit, d'être parfaitement normal et équilibré. Ce qu'il a vu, c'est ... Brr. Rien que d'y penser, il en frissonne encore. Ce n'est pas faute d'avoir vu des trucs horribles. D'avoir vécu des événements pour le moins traumatisants et choquants. Il ne s'offusque pas de grand chose, Naël, en plus. Mais voir cette ... cette chose, bouffer un rôdeur comme si ... comme si c'était parfaitement normal, c'est au-delà de ses forces et de son champ de connaissance. Il ne comprend rien. Il est paumé, et il sait que la meilleure solution pour lui, c'est d'aller voir Aelysia. Il se repose peut-être un peu trop sur elle, mais il ne voit rien d'autre là. Il ne peut pas juste oublier et faire comme si ça ne s'était jamais produit.

Parce que ce serait mentir honteusement. Et Naël n'est pas habitué à ça. Sur le trajet qui le mène à l'endroit où il a l'habitude de voir la jeune femme, il réussit à occulter pendant quelques secondes la scène de tout à l'heure. Les boyaux, le sang, la bouche débordante de restes humains. On lui sourit, alors il sourit. On le salue, alors il salue. C'est fou, comme il change vite d'humeur. Mais ses pensées se retrouvent vite de nouveau submergées de questions en tout genre, et d'interrogations. Alors il prend un raccourci, et il rejoint l'endroit où il pense - et espère - retrouver Aelysia. A n'en pas douter, elle n'aura pas réellement de réponses à lui apporter. Mais il ose y croire. Il ose croire que s'il lui en parle, il finira par mettre tout ça derrière lui pour de bon. Il ne veut pas avoir la frousse à chaque fois qu'il mettra les pieds hors de ce campement. Il ne veut pas recroiser un jour ce mec ... Enfin, si mec c'était. Il parlait, mais son corps ressemblait à celui d'un rôdeur. Et ses yeux ... Ses yeux, il ne les oubliera pas de si tôt. Impossible. Sentant l'impatience le gagner peu à peu, Naël accélère le mouvement. Ses foulées en avant se font plus grandes, plus nombreuses. Il comble la distance qui le sépare d'Aelysia, en croisant les doigts pour qu'elle soit bel et bien là où il la pense. Allez, il ne voit pas pourquoi. S'il en croit les dires de certaines autres personnes du camp, elle passe rarement du temps ailleurs qu'ici. Enfin, sauf quand elle participe à une expédition, avec lui la plupart du temps. Cette fois incapable d'attendre plus longtemps, il ouvre la bouche et décide de hurler son prénom. Elle ne lui en voudra pas, il le sait. « Aelysia ?! » Tant pis, si on l'entend. Il veut juste la retrouver et avoir la possibilité de parler de tout ça avec elle. Il a besoin d'évacuer. Vraiment.

Paumé, Naël l'est. Et c'est vraiment peu dire à côté de son état d'esprit actuel et réel. Il a l'impression d'avoir raté un épisode. Sa respiration s'est calmée, alors il ne donne plus l'impression d'avoir tout juste couru un marathon. Mais sa panique - aussi paniqué qu'il puisse être, Naël étant Naël - est toujours bel et bien là. Elle ne le lâche plus. Elle s'est accrochée à lui pour ne plus s'extirper de là, et il le regrette bien évidemment. Son caractère ne lui offre que rarement de tels épisodes. Il est plutôt boute-en-train lui, joyeux en permanence - au point d'en faire flipper certains parfois, tant il sourit - et pas du genre à se prendre la tête pour quoi que ce soit. Mais pour l'instant, il a bien du mal à afficher autre chose qu'un masque d'inquiétude. Alors qu'il appelle Aelysia, espérant la retrouver, il se rend compte qu'il a vraiment besoin de parler. Ou, en tout cas, de mettre des mots sur ce qu'il vient de vivre. La scène a beau tourner en boucle dans sa tête, il a encore du mal à la comprendre, à envisager sa portée et sa signification. Sans l'avoir vécue, Aelysia pourrait cependant l'aider. Elle a des notions de médecine, après tout. Et pas qu'un peu. Alors entendre sa voix est un réel soulagement. Il ne sait d'abord pas exactement dans quel direction s'orienter, mais du mouvement fait tourner sa tête dans le bon sens. Elle est là, debout à quelques mètres de lui. Il la rejoint en quelques enjambées, conscient d'avoir toujours sa tête des mauvais jours. Qu'elle ne lui a sans doute jamais vue, d'ailleurs. Difficile de reprendre une façade plus neutre. Pas après ce qu'il vient de vivre.

Il réussit néanmoins à lui sourire ... un peu. Pour la rassurer. Parce qu'il comprend vite qu'elle s'inquiète. Ce doit être étonnant, pour elle, de le voir ainsi. Ce n'est pas habituel ... Pas du tout. « Et bien ... Je n'en suis pas sûr. » Pour être tout à fait franc, Naël est étonné lui-même de s'entendre dire pareille chose. C'est bien la première fois de sa vie - ou presque - qu'il est capable de dire qu'il n'est pas sûr que tout va bien. Et il n'est pas sûr parce qu'il ne comprend toujours pas ce qui s'est passé. Pour lui, c'est tout bonnement inimaginable qu'un truc pareil ait pu se produire. Alors, l'air de nouveau totalement sérieux, il pose ses mains sur les épaules d'Aelysia et la fixe intensément. « J'ai vu un truc vraiment ... Bizarre, dehors. » Ouais, ça ne l'éclairera sans doute pas beaucoup, tout ça. Mais il ne peut pas lui dire de but en blanc ce dont il s'agit. Comment il ferait ça, hein ? Il a toujours cette foutue impression qu'elle est trop fragile pour ce monde. Elle ne sort d'ailleurs que très peu du camp. Alors comment lui dire ça sans la brusquer, l'offusquer, voire même la choquer ? Bah, elle a forcément déjà vu des trucs immondes. Mais quand même. « On devrait s'asseoir ... Et je vais t'expliquer tout ça. » C'est peut-être là leur meilleure option. Avant de se mettre en mouvement - c'est de toute façon elle qui va probablement bientôt le guider jusqu'à l'endroit où elle était avant son arrivée -, il lui pose une question. « T'es prête à tout entendre ? » Il doit en être sûr à 200%.

Il a bien conscience, Naël, qu'il est en train d'inquiéter Aelysia plus qu'autre chose. Il n'affiche pas son habituelle bonne humeur, pas du tout. Il en est même bien loin ; et la jeune femme le comprend très vite. Pour qu'il dise qu'il n'est pas sûr d'aller bien ... C'est qu'il y a vraiment quelque chose qui cloche. Et en effet, c'est le cas. Il n'arrive pas encore très bien à comprendre tout ce qui s'est passé tout à l'heure, alors qu'il le faudra bien à un moment ou un autre. Comment, en effet, en parler à Aelysia s'il n'est pas sûr lui-même de ce qu'il a vu ? Non mais si, c'est justement ça le problème : il est sûr de ce qu'il a vu. Et ça craint. Ça craint grave. L'air incrédule, Aelysia répète ce qu'il vient de dire comme pour essayer d'y donner sens. Mais non, c'est impossible. C'est difficile de croire que lui, Naël, ait pu prononcer ces mots. Il le comprend, lui aussi reste dans le flou à ce niveau-là. Il ne sait pas trop comment, mais Aelysia parvient à rester patiente. Pourtant, il tourne autour du pot ... Et pas qu'un peu. Mais mettre des mots là-dessus, c'est ... loin d'être simple. C'est complexe au possible. Et, même s'il ne se l'avoue pas lui-même, il préfère ménager Aelysia. « Pas bizarres comme ça, non ... » Marmonne-t-il, sans trop savoir si elle l'entendra ou pas. Quelle importance ? Il finira bien par tout lui révéler - il ne tiendra pas très longtemps sans le dire de toute façon - mais il laisse du temps au temps. Pour tâter le terrain. Pour s'assurer qu'il peut se permettre de tout lui balancer. Simple besoin de prudence ou réelle envie de la protéger ? Difficile à dire, venant de Naël. Ça pourrait être tout ça, et rien à la fois. On ne sait jamais vraiment, avec lui. Alors qu'elle s'éloigne, sans doute pour l'inviter à aller s'asseoir avec elle plus loin afin de discuter de tout ça plus calmement, il lui pose une autre question. Est-elle prête à tout entendre ? Il comprend, à sa réponse, non pas qu'elle le prend mal, mais qu'il donne une très mauvaise impression. Ce n'est pourtant pas ça, qu'il pense. Qu'elle est trop fragile et tout ça ...

Evidemment, il préfère la savoir ici, bien en sécurité - ou dehors, avec lui -. Pour autant, si elle en est là aujourd'hui, c'est qu'elle a gagné pas mal de combats ... Loin de lui l'envie de dénigrer tout ça. Cela ne lui ressemblerait pas. « Je sais que tu ne l'es pas. Désolé. » Non, il ne veut vraiment pas lui donner cette impression. Il sait ce qu'elle vaut, il sait qu'elle est plus forte que ce qu'elle a l'air, au premier abord. Il n'a d'ailleurs jamais nié ses compétences et qualités physiques. Elle sait survivre, même si elle ne sort que très peu du campement des sauveurs. Mais bref, cela ne lui fait pas pour autant oublier ce qu'il a vécu, aujourd'hui. Et Aelysia prend les devants, heureusement. Il aurait pu rester comme ça des heures, si elle n'avait pas attrapé son poignet avant de le tirer jusqu'à un rocher. Il s'y installe, juste quand elle l'encourage à en dire plus. L'air perdu, Naël tourne la tête dans sa direction. Elle peut tout entendre, il le sait. Elle veut des détails mais sur ce point, en revanche, il est plus mitigé. Pas parce qu'elle ne pourra pas l'entendre ... Mais parce qu'il va avoir du mal à le dire, à le prononcer à voix haute. Il va quand même essayer ... Pour elle. « J'ai rencontré un type ... Un vrai type, je veux dire. Qui parlait et qui n'était pas une de ces choses sauf que ... Il en avait certaines caractéristiques. » C'est là que ça se complique. Un peu. « Physiquement, il pouvait facilement passer pour l'un d'eux - sauf qu'il ne moisissait pas. » Les rôdeurs, au fil du temps, semblent en effet dépérir ... Mais pas ce mec là. Ce mec, il avait tout d'un type comme lui en fait. Quelqu'un qui était bel et en vie ... Mais pas totalement à la fois. Trop bizarre d'expliquer ça. « Et il bouffait ... Il bouffait des morceaux de rôdeur. Il m'en a proposé avant de me courir après. » Assez détaillé pour elle là, peut-être ? En tout cas, il ne la lâche pas du regard. Il attend de voir ce qu'elle en dira ... De voir s'il en a dit trop ... Ou pas assez.

Naël a conscience de faire durer le suspens au-delà du supportable. Mais comment faire autrement ? Il a lui-même encore du mal à croire à tout ce qu'il a vu et vécu ... D'ailleurs, ses pensées le ramènent irrémédiablement en arrière, lui faisant revivre toute la scène encore et encore. Il a quand même suffisamment conscience de ce qui l'entoure pour s'excuser auprès d'Aelysia. Son but n'était pas du tout de lui laisser imaginer qu'elle est trop faible pour supporter ce qu'il a vu, loin de là. S'il est ici, avec elle, sur le point de tout lui déballer, c'est bien parce qu'il lui fait confiance ... Et qu'il la pense capable d'endurer ce récit. Aelysia a beau avoir vécu dans une bulle un long moment, elle est plus forte qu'il n'y paraît. Naël le sait très bien. Ce qu'elle lui dit ensuite ne nécessite pas de réponse, alors il se contente de hocher la tête. Et puis il repart dans ses pensées folles, guidées par les souvenirs peu glorieux de tout ça, là, dehors. Heureusement, la jeune femme est patiente mais aussi, et surtout, très douée pour le faire revenir sur terre. De sa poigne, elle le guide jusqu'à un endroit où ils peuvent s'asseoir côte à côte, un peu plus loin. Il n'en fallait pas plus à Naël pour se ressaisir de tous ses moyens, et pour être de nouveau ancré dans la réalité. Evidemment, il pourrait repartir à tout moment, mais ça lui laisse suffisamment de temps pour lui exploser les faits. Il se lance donc, encore un brin hésitant et frissonnant. Le dire à voix haute rend le tout tellement plus ... réel et concret. Il n'a pourtant rien oublié, évidemment. Ses sensations sont toujours aussi vivaces, comme s'il revivait tout ça au moment où il le raconte. Et l'expression de dégoût qui se peint sur le visage de la jeune femme, à ses côtés, qu'il ne lâche pas du regard, ne l'aide pas à réprimer ses derniers frissons. En même temps, il peut la comprendre. Ce n'est pas tous les jours que l'on entend une histoire pareille.

D'ailleurs, il est soulagé de voir qu'elle le croit sans trop se poser de questions. Elle ne remet pas en doute sa parole : elle imagine avec lui ce qu'il a pu vivre, et voir. Sa première question lui semble rhétorique, Naël se contente de pincer les lèvres comme pour réprimer un hoquet de stupeur qui aurait pu, de nouveau, le saisir. Et quand elle poursuit sur sa lancée, visiblement obligée de répéter tout ce qu'il vient de lui dire pour le croire, Naël hoche lentement la tête. Un peu dramatiquement, d'ailleurs, mais la situation s'y prête. Il n'y a plus rien à dire, là-dessus. Il a déjà des nausées rien qu'à devoir parler de tout ça, inutile d'en faire trop. Enfin, il répondra sans soucis à ses questions ... Evidemment. S'il lui raconte tout ça, c'est aussi dans l'espoir qu'elle puisse l'éclairer un peu. Ils partagent ce secret, maintenant, et même s'ils ne trouvent aucune piste pour expliquer cette folie, au moins, il ne sera plus seul à penser à tout ça. « Je t'avoue que je n'ai pas pris le temps de lui demander s'il avait été mordu ... Ni même de regarder. J'ai essayé de partir, et il m'a rattrapé. Mais je suis vraiment certain que ce n'était pas une de ces choses ... » Il avait l'air ... Trop humain. Et en même temps, les humains ne bouffent pas de rôdeur, croyez-le bien ... Il ne comprend rien, du coup. Et Aelysia non plus de toute évidence, mais c'est normal. Ce n'est pas une situation que l'on peut qualifier de normale et d'habituelle. « Non, il ne m'a rien fait ... Enfin, un peu. Mais pas de morsure, rassure-toi. » Il aura juste quelques bleus, notamment sur son torse qui a bien morflé. « Il ne devait pas avoir de fièvre avec la force qu'il avait ... Sans compter qu'il tenait vraiment bien sur ses pieds ... Et courait très vite en plus de parler. » Là, c'est bon ? Ils vont pouvoir se mettre d'accord sur le fait qu'il n'a vraiment, vraiment rien d'un rôdeur, malgré des similitudes évidentes ?

Tout ça reste encore très flou dans l'esprit de Naël ... Et en même temps si clair. Il n'a rien oublié de tout ce qui a pu se passer. Chaque détail reste bien net, clair, précis. Ce sont les motivations qu'il ne comprend pas, les raisons sous-jacentes. Comment - et surtout, pourquoi ? - un type pourrait-il avoir l'idée d'aller bouffer un rôdeur ? C'est dangereux, en plus d'être particulièrement répugnant - cela va de soit. Il y a bien longtemps que Naël a compris qu'ils sont tous infectés que, peu importe la façon dont ils mourront, ils deviendront une de ces choses, à moins que leur cerveau ne soit plus du tout en état de fonctionner. Alors le fait de bouffer un rôdeur ne peut pas lui transmettre le virus, mais n'est-ce pas aussi une façon d'être atteint par cette sorte de fièvre qui suit une morsure - voire certaines griffures, lui semble-t-il - ? Il ne comprend pas. Il ne s'explique pas tout ce qu'il vient de vivre. Alors, sans doute dans l'espoir d'obtenir des réponses, il raconte tout à Aelysia. Sans réellement oublier de détails, bien qu'en essayant de minimiser ses blessures. Son taux d'adrénaline est toujours tel qu'il ne ressent pratiquement pas de douleur. Tout cela lui semble lointain, presque anecdotique. Sa peur est encore bien réelle, en revanche. Réelle et responsable du sentiment de détachement que l'on a sans doute en posant les yeux sur lui. « Non, c'est bon, j'ai juste pris quelques coups ... Il avait un bâton, et il savait vraiment bien s'en servir. » Il n'a pas hésité, d'ailleurs, à en user pour le faire rester à ses côtés. Il voulait le bouffer, lui semble-t-il avoir compris. Enfin, enregistré. Parce que compris, ça, non. Naël ne le pourra sans doute pas, et Aelysia non plus. Elle a l'air aussi paumé que lui, même après toutes les informations qu'il vient de lui partager. C'est logique. Rien, dans tout ça, n'a du sens.

Et Aelysia a beau être très intelligente - bien plus que lui, c'est évident -, elle n'en reste pas moins humaine. Et extérieure à tout ça. Cette situation, elle ne l'a pas vécu. Ce n'est pas avec une ou deux infos lâchées par ci, par là qu'elle va tout comprendre et tout pouvoir expliquer. Et puis, y a-t-il vraiment une logique derrière tout ce qu'il s'est passé ? Naël se surprend à en douter. Il n'est pas le type le plus pragmatique qui soit, mais il aurait aimé que tout puisse s'expliquer. Cela lui permettrait, au moins, de ne pas en faire de cauchemars. Là, il ne sait pas ce que ça va donner. D'autant que s'il devait ressortir dans un futur proche, il semble évident qu'il aurait dû mal à ne pas repenser à tout ça ... A ne pas appréhender, et être terrifié. Comment ne pas l'être ? Il ne sait pas ce qui l'a attaqué, ni pourquoi ... « Je crois qu'il vaudrait mieux ... Qu'on garde ça pour nous, si ça ne te dérange pas. Mais on ne peut rien expliquer, et je n'ai pas vraiment envie de raconter de nouveau cette histoire. » Voire de la raconter à quelqu'un d'autre tout court. Aelysia, il lui fait confiance, pas de problème. Mais il n'y a pas d'autres personnes dans ce cas, dans le coin. Oliver, à la limite. Mais il s'imagine très mal aller le voir pour s'épancher sur ses déboires et jouer les pleureuses ... « Est-ce que tu arrives à comprendre et expliquer comment, et pourquoi, un type qui parle, peut avoir l'idée d'aller bouffer un rôdeur ? Je sais bien que la faim pousse à des ... extrêmes. Mais là ... Quand même. » C'est plus qu'un extrême, c'est encore au-delà de ça. « Et comment on peut expliquer que ça ne l'ait pas tué ? Je veux dire, peut-être que maintenant c'est le cas, mais je sais pas ... J'en doute. J'avais presque l'impression ... Que ce n'était pas sa première tentative. » Cette seule idée le fait frissonner. Bon dieu, comme tout ça est tordu. Trop pour lui ... C'est dire !