I'm on a highway to hell

Gaylwen & Sam

Les mois passaient, et les choses poursuivaient leurs cours, de manière plus ou moins monotone. Nous étions revenus de notre excursion à l'océan en bonne santé, et c'était le plus important. La maison que nous avions quitté pour quelques jours était toujours vide, exactement comme nous l'avions laissé. C'était l'endroit parfait, et cela faisait maintenant plusieurs mois que l'on séjournait ici et il n'y avait rien qui ne puisse nous faire quitter cette maison, du moins je l'espérai. Bien sûr, nous étions fin décembre, donc les arbres fruitiers n'étaient plus vraiment d'actualité, mais nous trouvions toujours des pâtes, ou diverses boîtes de conserves durant nos rares excursions, que nous évitions tout de même le plus possible. Parce que le froid avait peu à peu pris place et nous n'avions pas forcément assez de vêtements chauds pour l'affronter. Nous avions tout de même un peu de chance dans notre malheur : il n'avait pas neigé une seule fois depuis que l'hiver s'était installé. En même temps, nous étions dans une région où cela devait être plutôt rare. Le seul point négatif à cela était que les zombies pouvaient encore se déplacer sans souci dans les rues, ce qui n'était peut-être pas le cas dans d'autres régions enneigées. Enfin, nous étions au chaud et nous avions de quoi manger et nous doucher, alors on ne pouvait pas forcément se plaindre. Je retrouvais même peu à peu de vieilles habitudes et ne me levai généralement pas avant neuf heures la matin, ce qui était un temps record. Ce matin, il était huit heures trente quand j'ouvris les yeux. J'avais presque oublié à quel point c'était génial de pouvoir se repérer dans le temps. De bonne humeur parce que j'avais pu, une fois de plus, avoir une bonne nuit de sommeil, je pris une douche rapide et descendis au rez-de-chaussée une fois habillée avec un tee shirt noir tout simple et un jean. Je ne tardai pas à me rendre compte que quelque chose clochait. Tout était déjà calme habituellement, mais là c'était pire que tout, il n'y avait pas le moindre bruit, pas le moindre mouvement qui puisse m'indiquer la présence d'une seconde personne ici.

Une désagréable impression de déjà-vu se propagea en moi et je réalisai rapidement que ce n'était pas pour rien. Gaylwen n'était pas là, je devais me rendre à l'évidence. Une vague de colère et d'inquiétude me tomba dessus. Il avait recommencé. Je fis une nouvelle fois le tour du propriétaire, en prononçant son prénom à quelques reprises, mais en vain. Il était encore parti. Je passai l'heure suivante à ranger des choses qui n'avaient pas réellement lieu d'être, histoire de m'occuper l'esprit, en attendant qu'il ne se décide à revenir. S'il revenait. Je chassai ces pensées pessimistes de mon esprit, et finalement, me décidai à faire quelque chose. Cette fois, je ne resterai pas les bras croisés à l'attendre. Il ne devait, de toute façon, pas être parti bien loin et il allait m'entendre, il pouvait en être sûr ! J'enfilai un manteau chaud trouvé dans une des armoires à l'étage, attrapai les clés de voiture et quittait la chaleur réconfortante de la maison. Je pris le temps d'ouvrir le portail, derrière lequel se trouvait la voiture et, alors que je saisissais la hache que nous laissions toujours dans la cour au cas où quelque chose arrivait, un mouvement sur le côté me fit détourner la tête. Ne voulant pas me faire surprendre, j'avançai lentement jusqu'au fond de la cour, où je ne remarquai rien d'étrange. Je soupirai, plutôt soulagée, mais sursautai en entendant du bruit derrière moi. Cela venait de l'endroit où se trouvait la voiture. Peut-être que Gaylwen était de retour ? Je marchai un peu plus vite dans cette direction, l'espoir prenant la totale possession de mon corps. Et pourtant, je déchantai rapidement. Face à moi, une bonne dizaine de rôdeurs. Je songeai un instant à prendre la voiture pour partir de là aussi vite que possible, mais ils y seraient avant moi. Je ne pouvais, de toute façon, pas partir de là, Gaylwen finirait bien par revenir. Une bouffée de panique s'empara de moi, et je me précipitai en direction du portail pour le faire coulisser avant qu'ils n'aient eu le temps de pénétrer dans l'enceinte de la coeur, mais c'était peine perdue. Le portail était lourd, et les zombies plus rapides que je ne le pensai. Je récupérai la hache, et me précipitai en direction de la porte d'entrée de la maison. Je n'avais plus d'autre choix.

Je refermai la porte derrière moi, et poussai difficilement un meuble derrière celle-ci. Cela ne serait pas utile bien longtemps, ce que me confirma le bruit d'une fenêtre qui venait de se faire casser dans la pièce d'à côté. Je ne pouvais absolument rien faire ici. Je commençai à monter à les escaliers quand je me rendis compte que j'avais oublié le sac qui ne me quittait jamais, dans lequel je gardai tout ce que j'avais encore de mon ancienne vie. Le coeur battant à tout rompre, je restai figée un instant au milieu des escaliers, hésitante. Je ne pouvais pas le laisser là. Je courus jusqu'à l'étage d'en dessous, où deux zombies étaient déjà. Je jaugeai la distance, et estimai que je ne pouvais pas juste les esquiver pour le récupérer. Je ne pris pas plus de temps pour réfléchir et enfonçai ma hache dans le crâne du premier. J'en fis de même pour les deux autres avant, enfin, d'attraper le sac posé sur le meuble pour me précipiter à l'étage, épuisée. J'entrai dans la première pièce sur laquelle je tombai et fermai la porte à clé. Cela ne les arrêterai pas bien longtemps, pensai-je avant de me mettre à caler divers meubles, plus ou moins imposants, derrière celle-ci pour les retenir un peu plus longtemps. Je regardai autour de moi, pour constater que j'étais dans la chambre que j'avais investi depuis quelques mois déjà. Je m'accroupis contre un mur pas très loin de la porte, et me roulai en boule, la hache posée à quelques centimètres de moi. Comment allais-je me tirer de là ?

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Gaylwen & Sam

Si, en me réveillant, je ne pouvais songer qu'au fait que Gaylwen était encore parti sans me prévenir au préalable, la situation ne tarda pas à se dégrader considérablement quand une bande de quelques rôdeurs débarqua dans la cours, avant que je n'ai pu fermer le portail. Et bon sang, ce devait être la seconde fois depuis le début de l'invasion que je tuai un rôdeur ! Et ce n'était foutrement pas agréable. Bien sûr que je savais que c'était eux ou moi, et qu'ils n'avaient, de toute façon, plus rien d'humain. Mais une partie de moi ne pouvait s'empêcher de songer à la personne que ces trois zombies avaient été autrefois. Ils avaient une famille, des amis, peut-être même un conjoint. Et je venais de le tuer. De quelques coups de hache, qui avaient suffit à m'épuiser. Je n'aurais pas eu le courage, ni même la force, d'en exterminer un peu de plus. En somme, j'avais bien fait de trouver refuge dans ce qui avait fait office de chambre ces derniers mois. De cette façon, je n'avais plus que me terrer dans un coin de la pièce avec pour seul compagnon mon sac, la hache et les bruits que faisaient les rôdeurs en tentant d'entrer, eux aussi, dans la chambre. Bon sang, à cette allure là, le bois ne tiendrait pas longtemps. Et je savais parfaitement que je n'étais pas capable de faire face à une dizaine de zombies seule. Si Gaylwen ne revenait pas rapidement, j'étais clairement foutue.

Je savais qu'il ne fallait surtout pas être pessimiste, même dans une situation qui s'annonçait aussi mal. Je me levai donc, et poussai quelques trucs contre la porte, dans l'espoir - sans doute fou - qu'elle tienne un peu plus longtemps. Peut-être qu'ainsi, je trouverai une solution avant que le pire ne se produise. Un peu d'espoir ne pouvait pas me faire de mal. Alors que je jetai un coup d'oeil par la fenêtre, pour me rendre compte qu'aucun zombie ne traînait dans la cour et qu'il y avait peut-être moyen de sauter par ici, j'entendis clairement mon prénom. Gaylwen. Je ne vis rien par la fenêtre, et m'assis sur le lit, la tête entre mes mains. Qu'étais-je censée faire ? Il devait bien avoir vu qu'il y avait un certain nombre de rôdeurs dans la maison, mais cela ne m'empêchait pas de stresser et d'avoir atrocement peur pour lui. Et s'il se faisait mordre ? En plus de cela, les zombies étaient toujours derrière la porte. « SAMMM !!!!! », l'entendis-je très distinctement hurler. Je sautai sur mes pieds en me rendant compte qu'il était derrière la porte, et me précipitai sur celle-ci. Je retira la chaise, les quelques babioles que j'avais laissés là, et poussai de toutes mes forces le meuble que j'avais également glissé là. Enfin, je déverrouillai la porte, pour laisser passe Gaylwen et la refermer aussitôt derrière lui.

Je m'adossai à la porte, posant la tête contre celle-ci, et je fermai les yeux un instant. Là, sincèrement, j'hésitai entre frapper Gaylwen et ... le frapper. Je pris de profondes inspirations, mais ne bougeai pas du tout. « Tu avais promis ... », fini-je par souffler. Je me décidai à baisser la tête, après quelques instants, et le regardai. C'est là que je vis le sang sur son épaule et tout le long de son bras, en fait. Mon souffle s'accéléra, tout comme les battements de mon coeur et je me rapprochait de lui, soudain trop inquiète pour me rappeler que je lui en voulais. « S'il te plaît, dis-moi que tu ne t'es pas fait mordre ... », murmurai-je en fixant sa blessure, les yeux déjà remplis de larme. Et s'il l'était vraiment ? Et si je le perdais ? Bon sang, j'étais sûre que je ne tiendrais pas le coup. La preuve en était, j'avais déjà eu un mal fou à tuer trois zombies, et j'étais encore pas totalement sûre de comment nous sortir d'ici. J'attendis sa réponse sans bouger, plus anxieuse que jamais. Heureusement, j'avais une trousse de secours dans mon sac, je n'avais donc plus qu'à espérer qu'il ne s'agissait pas d'une morsure. Tout mais pas ça.

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Gaylwen & Sam

Sans doute aurais-je dû m'emporter purement et simplement face à Gaylwen qui avait, heureusement, réussi à rejoindre la pièce dans laquelle je me cachais, mais j'en fus tout simplement incapable. D'abord, parce que j'étais d'un naturel plutôt calme, et que de le savoir en vie suffisait à apaiser de manière plus ou moins ferme les montées de violence que j'avais à son encontre. « Je suis désolée », lança-t-il et je me retins difficilement de ne pas lui sauter dessus pour le frapper. J'avais une très désagréable impression de déjà-vu, comme si nous étions retournés plusieurs mois en arrière, quand la situation avait déjà été identique. A la différence près qu'aujourd'hui, cette maison était envahie et désormais invivable. Il multipliait par deux sa faute. Nous aurions pu y passer, autant l'un que l'autre. Mais d'un autre côté ... Il en aurait sans doute été de même s'il avait été là. Cela n'empêchait pas que je lui en voulais atrocement, c'était plus fort que moi. Mes yeux se posèrent finalement sur lui et, alors que j'étais toujours en plein dilemme, tous mes doutes s'envolèrent pour laisser place à une inquiète totale. Il saignait. Beaucoup. En temps normal, je l'aurais déjà remarqué depuis longtemps mais la situation avait fait que je le regardais vraiment pour la première fois depuis son retour. Je restai figée sur place, le coeur battant à tout rompre à l'idée qu'il se soit, peut-être fait mordre. Tout un tas de scénarios eut le temps de défiler dans ma tête avant que sa sentence ne tombe, et aucun ne laissait place à un avenir heureux. Parce qu'il s'il mourait, je mourais aussi. Vivre avec la mort de mon frère en tête était déjà atroce, il était hors de question d'empirer les choses de cette façon.

« Non, c'est rien », lâcha-t-il finalement et, inévitablement, mes traits se détendirent considérablement. Il allai bien. Enfin, façon de parler ... Il avait quand même l'air de beaucoup saigner. Je soufflai de soulagement, c'était déjà un bon point. « J'ai eu quelques soucis avec un objet tranchant... », expliqua-t-il, ce qui eut le don de me ramener sur terre en un instant. Nous n'avions pas de temps à perdre, les rôdeurs n'allaient pas nous laisser bien tranquillement ici et faire demi-tour pour changer d'objectif. Nous n'avions plus le choix, nous allions devoir quitter cet endroit et au plus vite. Mais avant cela, il fallait que je regarde la blessure de Gaylwen, nous ne pouvions pas prendre le risque que cela s'infecte. « ça c'est assez mal passé en fait, je crois que je suis vacciné pour les sorties en solitaire... », ajouta-t-il alors que je me rapprochai de lui. « C'était la dernière fois, en effet. », dis-je, totalement sérieuse. Il allait encore plus devoir me supporter, il était hors de question que je le laisse partir seul une nouvelle fois. Je ne dormirais plus s'il le fallait, mais je ne laisserais pas quelque chose du genre se reproduire.

Une fois arrivée à sa hauteur, je poussai sur son torse du bout des doigts pour le faire s'asseoir sur le lit derrière lui. J'allais récupérer le sac à dos qui ne me quittait jamais, pour lequel j'avais me faire bouffer tout à l'heure, et que j'avais laissé dans un coin de la pièce. Je rejoignis rapidement Gaylwen, et m'assis à ses côtés sure le lit. J'extirpai du sac une trousse de secours pas super complète, mais il y avait tout de même de quoi faire face à ce genre de situation. A l'aide des ciseaux qui s'y trouvaient, je découpai les quelques bouts de tissu gênant sur son bras. Je déroulai finalement le bandage rapide qu'il s'était fait et ne pus m'empêcher de grimacer face à sa blessure. Ce n'était pas joli du tout. « Tu ne t'es pas loupé ... », murmurai-je. Je jetai le bandage dans un coin de la pièce, quelle importance de toute façon ?, puis sortis de la trousse une bouteille de désinfectant. « ça risque de piquer ... », dis-je, histoire de ne pas le surprendre en y allant brusquement. A l'aide d'un coton, je passai du liquide sur sa plaie, tout en délicatesse, pour limiter un minimum la douleur. Ce n'était pas non plus la peine de jouer les barbares ... Une fois qu'un maximum de sang eut disparu, je jetai un coup d'oeil à la blessure. C'était profond, sans doute trop. « Le mieux serait sans doute que je te fasse des points de suture, mais je ne suis pas sûre que ce soit une très bonne idée ... », repris-je, plus qu'hésitante. J'avais déjà fait de la couture, mais cela concernait du tissu, pas de la chair humaine. Et la dernière chose que je voulais, c'était aggraver encore un peu plus notre situation. En le blessant d'autant plus, par exemple.

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Gaylwen & Sam

J'avais la sensation d'être en sécurité, maintenant que Gaylwen était là. Bien sûr, les zombies n'abandonnaient pas leur objectif premier qui était de pénétrer dans la pièce pour dévorer les deux seuls êtres bel et bien vivants dans cette pièce. Mais même tous les bruits qu'ils faisaient, des frottements aux grognements, ne m'atteignaient pas. C'était comme si j'étais seule, totalement seule, avec Gaylwen dans cette chambre. Bien sûr, je lui en voulais toujours beaucoup et je ne pouvais pas m'empêcher de me dire que je ne le laisserai plus s'éloigner de moins à l'avenir, mais j'étais également infiniment soulagée. Il était là. Il allait bien. Alors, vraiment, même le fait que nous n'étions pas encore tirés d'affaire passait au second, voir troisième plan. J'étais avec lui et il allait ben, que pouvait-il donc m'arriver ? La seule chose qui m'inquiétait réellement, à cet instant précis, était qu'il avait une très large plaie sur le bras. La dernière chose que je voulais, c'était que cela s'infecte. Alors je laissai tous mes doutes, et toutes mes peurs de côté pour m'occuper de sa blessure. Comme je m'y étais attendue, il tenta de m'en dissuader, peut-être parce qu'il jugeait que le moment était mal choisi. Pour ma part, j'estimai que, justement, c'était maintenant ou jamais. Je ne savais depuis combien de temps cette plaie était là, mais une chose était certaine : je ne voulais pas laisser les choses empirer. Pour l'instant, il semblerait que nous n'avions pas grand chose à craindre. Bien sûr que la porte ne tiendrait pas éternellement, mais il ne tiendrait pas longtemps non plus si sa plaie était infectée. Je m'attelai donc à la tâche, sans tenir compte de ce qu'il me disait. Il avait toujours été ainsi de toute façon, à vouloir tout gérer et ne pas se laisser retarder par ses faiblesses. En fait, j'avais compris par expérience qu'il détestait montrer ses côtés les plus vulnérables. J'osais à peine imaginer son ressenti actuel. J'étais quasi sûre qu'il aurait volontiers tout donner pour ne pas avoir à vivre ce moment gênant. Et pourtant, je ne lui en laissais pas le choix. Parce que ces dernières heures avaient déjà été suffisamment éprouvantes pour que je ne le laisse pas en rajouter une couche.

Sans lui, je n'étais rien. Ne l'avait-il donc pas encore compris ? Le simple fait de devoir le faire souffrir en désinfectant sa plaie me coûtait énormément. Parce que tout particulièrement maintenant, alors que j'avais failli le perdre, et que j'avais été dans l'incertitude la plus totale de longues minutes durant, mes sentiments pour lui avait été multipliés. Malgré tout, je réussis à me concentrer sur ma tâche actuelle, et je ne me laissai pas trop encombrer par toutes les émotions qui m'avaient traversées. C'était beaucoup trop pour une seule personne, et Gaylwen était le seul, de par sa présence et du fait qu'il était vivait, à pouvoir apaiser tout cela. Lui apporter un minimum de soin me semblait donc indispensable et ce, au plus vite. Il ne pouvait pas rester indéfiniment avec ce bandage clairement foutu. Se posait maintenant le problème des points de suture, notamment parce que je n'étais pas spécialiste dans ce domaine et que j'avais un peu peur de faire n'importe quoi, mais aussi parce que le temps manquait malgré tout. Je posai mon regard sur lui, hésitante quant à ce que je devais faire ou non. La mine qu'affichait Gaylwen me troubla plus que de raison. Il paraissait ... ailleurs. C'était assez indescriptible, mais c'était également inhabituel venant de lui. Lui qui, habituellement, faisait en sorte de tout contrôler, jusqu'à ses expressions faciales. Je glissai ma main dans la sienne sans plus de cérémonie, pour le rassurer. J'étais bien là, toujours vivante et en pleine forme ... Enfin à peu près.

Je le laissai se blottir contre moi. Je lui en voulais peut-être énormément, mais je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir besoin de contact avec lui. C'était vital. Trop accaparée sur ma colère et mon sentiment de trahison, je n'avais fait plus attention à ce qu'il pensait lui. Bien sûr qu'il devait s'en vouloir, et être soulagée de voir que j'étais bien vivante. J'avais failli le perdre définitivement et je jouais encore les égoïstes. Il passa ses bras autour de moi, et j'en fis de même autour de son torse, le serrant contre moi et laissant ma tête se caler contre la sienne. « J'ai cru que je t'avais perdu », souffla-t-il, tandis que mon emprise se faisait un peu plus forte. Au final, nous avions eu aussi peur l'un que l'autre et cette étreinte ne pouvait que nous faire un bien fou. Je sentais sa chaleur contre moi, et je l'entendais respirer. Des preuves qui me montraient qu'il était bien là, et vivant. Quelques secondes supplémentaires s'écoulèrent pendant lesquelles on profita de ces retrouvailles nécessaires, avant qu'il ne recule un peu la tête pour me regarder. « Tu veux pas faire ça plus tard ? », demanda-t-il doucement, et je me contentai de hocher la tête pour lui répondre. Ma voix semblait m'avoir abandonnée, me laissant totalement seule avec Gaylwen. Gaylwen qui était plus proche que jamais de moi. Inconsciemment, je cessai quasiment de respirer et mon esprit occulta totalement et de manière définitive le reste du monde, et la situation dans laquelle nous nous trouvions actuellement. J'étais parfaitement consciente du fait que la distance entre nos lèvres s'amenuisait peu à peu et je n'avais pas la moindre envie d'éviter cela. A mon plus grand regret, il semblerait que le destin en avait décidé autrement, puisqu'un gros bruit fit soudainement éclater la bulle dans laquelle nous étions jusque là. La chute fut brutale, et douloureuse. Avant que je n'ai réellement pu m'en rendre compte, Gaylwen avait rangé mon sac, et ouvert la fenêtre. Je mis quelques minutes à réagir, et je m'extirpai tout juste de mes pensées quand le jeune homme sauta. Bon sang ! « Allez Sam, a toi, je te rattrape », lança-t-il. J'attrapai mon sac et le mis autour de mon cou, puis allai allumer la chaîne hi-fi de la chambre. La musique attirerait peut-être les rôdeurs par ici. Je passai les jambes par-dessus la fenêtre et me concentrai sur le visage de Gaylwen, plus bas. J'avais toujours eu le vertige, pour arranger le truc et ... Sans plus prendre la peine de réfléchir, je sautai. L'atterrissage fut moins violent que ce à quoi je m'étais d'abord attendue. Je me redressai et attrapai la main de Gaylwen sans plus de cérémonie. Je le tirai jusqu'à la voiture, le bras qui ne le faisait pas souffrir bien sûr, et le fis monter côté passager. Hors de question qu'il conduise avec sa blessure. Je me dirigeai vers le côté conducteur, mais fus interrompue par un rôdeur qui venait vers nous. Plus ma mesure de précaution que par nécessité, j'enfonçai le petit couteau qui ne me quittait jamais dans sa tête et le laissai là. Cela en devenait presque naturel ... Je montai à bord de la voiture et démarrai en trombes. Heureusement que Gaylwen avait eu le réflexe de laisser les clés sur le compteur. « Où est-ce que .... où on va ? », demandai-je, hésitante et effrayée. Tout un tas d'émotions se succédaient dans mon esprit mais rien n'était vraiment clair, excepté le fait qu'il avait failli m'embrasser. Et je n'étais pas certaine de savoir quoi dire, et comment réagir face à cela.

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Gaylwen & Sam

A ce moment précis, j'étais totalement perdue. J'étais à mi-chemin entre la déception la plus vorace et l'incompréhension totale. Bien sûr que je savais que Gaylwen tenait à moi. Il avait toujours été comme un grand frère pour moi -même si à mes yeux il était bien plus que cela- et il avait été à mes côtés depuis le début. Il y avait cet incroyable et indescriptible lien qui nous tenait proches l'un de l'autre et qui ne semblait pas pouvoir se briser. Si je sombrais, Gaylwen également, et l'inverse était plus que vrai. Sans lui, je n'étais rien. Autant physiquement que psychologiquement. Cela ne m'empêchait pas d'être incapable de faire le moindre geste, alors que, de son côté, il s'activait dans la pièce. Il m'avait presque embrassée. De toute évidence, je ne pouvais pas nier le fait qu'il y avait toujours eu cette connexion spéciale entre nous, et j'avais toujours remarqué qu'il mettait toujours une distance "de sécurité" entre nous, mais jamais je n'aurais pu suffisamment me préparer à un tel événement. En fait, jamais je n'aurais pu m'attendre à cela. Ces derniers mois, j'avais tâché de mettre dans un coin de ma tête tous mes sentiments pour Gaylwen, de peur qu'il ne les voie, et par pure volonté de ne pas ternir la mémoire de mon frère. N'était-ce pas lui tourner le dos que de montrer ces sentiments pour celui qui avait été son meilleur ami ? En un instant, Gaylwen venait de remettre au goût du jour chacun de mes doutes, tout en balayant mes appréhensions. Peut-être n'étais-je réellement pas la seule à nourrir des sentiments secrets pour lui .. Je restai inactive plusieurs minutes, pas bien sûr de la manière de laquelle je devais réagir face à ce presque baiser et en même temps incroyablement déçue que tel événement se produise maintenant. Ces putains de zombies n'auraient-ils pas pu attendre au moins cinq minutes de plus ? Je me décidai à le rejoindre, en évitant tant bien que mal de penser à ma phobie du vide, et l'attirai jusqu'à la voiture.

Nous n'avions vraiment pas de temps à perdre. Je n'étais pas certaine que ma supercherie avec la musique à l'étage fonctionne réellement. Je ne pris donc pas une heure avant de me décider à tuer le zombie qui m'encombrait le passage. Ce fut rapide, net, précis, et inévitable. Je ne pus réprimer la grimace de dégoût habituel, mais ce ne fut pas aussi difficile que cela avait autrefois pu l'être. Merci Gaylwen. Il suffisait maintenant de savoir où nous allions. Bizarrement, je n'étais pas aussi dégoûtée de perdre la maison que je l'avais pensé, quelques semaines plus tôt. Tant que Gaylwen était encore avec moi, plus ou moins en pleine forme, cela me convenait. Le perdre était juste hors de question, j'étais prête à faire face à une horde de zombies seule plutôt qu'il ne meure. « Continue encore un peu, y a des vieilles fermes dans le coin, prend la prochaine à droite, j'en ai vu la dernière fois quand je suis parti chassé qui avait l'air abandonné », expliqua-t-il, et je pris en compte chacune de ses indications pour poursuivre ma route. Le plus important était que nous trouvions un endroit pour nous poser, au moins quelques heures. Il n'y avait pas de raison pour que les rôdeurs nous suivent jusque là-bas, de toute façon. Tout le trajet, je n'eus de cesse de jeter des coups d'oeil inquiets en direction du jeune homme. Il ne semblait vraiment pas aller bien, et j'avais atrocement peur pour lui. « On peut y rester, le temps que tu me fasses les points », dit-il et je hochai la tête, la gorge nouée. La peur de le perdre, bien que peut-être illusoire, me rongeait littéralement de l'intérieur. Moi, lui faire une piqûre ? Déjà que les points de suture me paraissaient infaisable ... Je ne dis cependant rien. Je n'avais pas le choix. Il allait falloir que je le fasse. Pour Gaylwen.

Le jeune homme, bien que mal en point, fut sorti de la voiture bien avant moi, puisqu'il eut même le temps de venir m'ouvrir la porte. Je m'extirpai de la voiture et refermai la portière derrière moi. Gaylwen me faisait face, semblant chercher la moindre trace d'une blessure sur moi. Il n'en trouverait pas. Parce que, de manière vraiment étonnante, je m'en étais tirée indemne. Les rôles s'inversaient, en quelque sorte. Je m'apprêtai à lui demander s'il allait bien -simple moyen de détourner mes pensées de ce moment important mais interrompu dans la chambre qui ne semblait pas vouloir me lâcher-, quand il se rapprocha de moi et me colla à la voiture. Cela empêcha les mots de sortir de ma bouche. Pour tout dire, j'étais incapable d'aligner deux mots de manière cohérente dans mes pensées. J'osais à peine imaginer ce que cela donnerait si je me mettais à tenter de parler ... « J'ai jamais eu aussi peur de ma vie de perdre quelqu'un », dit-il alors que je le fixai, de plus en plus faible à mesure qu'il parlait, et osait faire des gestes qu'il n'avait jamais osé faire jusque là. Je posais doucement ma main sur la sienne, comme pour m'assurer inconsciemment qu'il ne filerait pas cette fois-ci. En même temps, il n'y avait rien qui puisse nous interrompre maintenant. « J'ai eu tellement peur aussi .. », réussis-je à murmurer, plus consciente que jamais de sa proximité. « Je suis complètement fou de toi Sam », lança-t-il avant de, peu après, déposer ses lèvres sur les miennes. Je restai d'abord totalement inactive, et immobile, mais, rapidement, j'enroulai mes bras autour de sa nuque de manière à approfondir le baiser. C'était ... Indescriptible. Mieux que tout ce à quoi j'aurais jamais pu m'attendre, tant que j'en oubliais le monde extérieur. Il n'y avait plus que Gaylwen et moi, et surtout nos lèvres qui se mouvaient à l'unisson. Et pourtant ... Pourtant je redescendis brutalement sur terre. Son front était brûlant, ce qui avait le don de me remplir de doutes tous plus ridicules les uns que les autres. Je reculai la tête, lui fis un faible sourire et attrapai sa main une nouvelle fois, pour le tirer de nouveau derrière moi. Cette fois, on ne s'arrêta qu'une fois dans le hangar. Je refermai la porte derrière moi et le fis s'asseoir sur un carton qui se trouvait là. J'étais trop chamboulée pour être capable de mettre des mots sur ce que je ressentais. Tout était si contradictoire. Je mourais d'envie de l'embrasser encore une fois et en même temps j'étais terrifiée ... Terrifiée qu'il ne s'agisse que d'un coup de folie causé par la fièvre. Je m'installai sur un autre carton à ses côtés, et défis son bandage. « Tu ... tu as de la fièvre. », dis-je d'un voix légèrement tremblante, comme si cela expliquait son geste précédent -mais pas le mien, cela dit- en ne fixant rien d'autre que sa blessure. Comme convenu, je lui fis la piqûre, dans l'espoir qu'il aille mieux rapidement. Et en même temps ... Je ne pouvais pas m'empêcher de me dire qu'il serait saisi de remords et de regrets quand il ne serait plus sous l'emprise de la fièvre. « Je ne suis pas sûre de pouvoir le faire Gayl. », ajoutai-je aussitôt en faisant référence, bien sûr, aux points de suture. Je vins enfouir ma tête dans son cou car c'était tout ce que je pouvais obtenir pour l'instant, parce que je ne pouvais décemment pas profiter de son moment de faiblesse évident.

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Gaylwen & Sam

Déboussolée. C'était sans doute le mot qui me décrivait le mieux à cet instant précis, alors que je détachai difficilement de celles de Gaylwen. J'en avais rêvé de ce moment, mais jamais je n'aurais pu imaginer qu'il fasse le premier pas, et pire encore, je ne m'étais pas attendue à être autant submergée par les doutes le jour où cela arriverait -si cela arrivait-. Après coup, je me rendais compte que je n'avais pas un seul instant pensé à Tyler, à comment il réagirait face à cela, s'il nous en voudrait, et j'en avais honte. Comment avais-je pu oublier ainsi Tyler ? Là n'était pas le plus important pour l'instant, le baiser échangé ne voulait pas quitter ma tête et m'empêchait clairement de penser de manière lucide. Il fallait que je parte. Il fallait que je me contrôle un minimum. Gaylwen m'avait peut-être embrassée, mais cela voulait-il seulement dire quelque chose ? Il était malade, fiévreux même. Était-il lucide ? J'en doutais fortement. Il n'allait pas bien et, pour la première fois depuis le début de l'invasion, il fallait que je sois celle qui lui vienne en aide. Par conséquent, je tâchai d'ignorer les quelques mots qu'il lança en s'asseyant sur un carton qui traînait dans le garage. Bon sang, voulait-il ma mort ? Se rendait-il seulement compte de l'impact de ses mots sur moi ? Non sans difficultés, je tentai de me justifier. Il avait bel et bien de la fièvre, cela justifiait tout ... Non ?

« Oui, mais t'aurais quand même pu avoir un peu pitié pour moi. Depuis le temps que j'essayais, tu aurais pu me laisser quelques secondes en plus », lança-t-il, apparemment amusée. Je pris une profonde inspiration, histoire de ne pas définitivement perdre tous mes moyens, et enfonçai l'aiguille dans son bras. C'était maintenant ou jamais. Parce que j'avais l'atroce sensation que si je ne faisais rien dans la seconde, j'allais me liquéfier sur place ... ou perdre Gaylwen. Ni l'un ni l'autre n'était envisageable. Néanmoins, cela ne m'empêchait pas de stresser de manière déraisonnable par rapport à la suite des événements. Faire une piqûre c'était une chose, mais faire des points de suture, c'était tout autre chose. Pour le coup, je ne devais et ne pouvais pas me planter, sans que cela ait de graves conséquences. Je ne voulais pas faire souffrir Gayl plus que nécessaire. « Tu en es capable Sam, c'est pas si dur », dit-il d'une voix douce en attrapant ma main et en plongeant son regard dans le mien. Cela eut le don de me rassurer et de me calmer instantanément. Je lui accordai un petit sourire, légèrement apaisée.

J'écoutai attentivement ses consignes et me penchai sur son bras. Je soufflai un bon coup et me lançai finalement. Il fallait que je le fasse, je n'avais pas le choix. J'appliquai donc une bonne dose de désinfectant sur du coton et la passai sur sa plaie, délicatement. Cela ne m'empêcha pas de passer précautionneusement de chaque côté de sa blessure, pour ne rien oublier. J'attrapai ensuite le kit de couture et décidai que le mieux à faire restait tout de même de ne pas trop réfléchir en hésitant de longues minutes. Ce ne serait rien d'autre que du temps de perdu. Et nous manquions cruellement de temps. Je m'attelai donc aussitôt à la tâche, parfaitement concentrée pour ne pas me louper. Cela fut bouclé en une quinzaine de minutes, après lesquelles je pus enfin me remettre à respirer correctement. C'était terminé. Je posai tout dans un coin sans plus de cérémonie et enfouis ma tête dans le creux de l'épaule de Gaylwen, celle où il n'avait pas mal bien sûr. J'étais infiniment soulagée de pouvoir enfin être prêt de lui sans craindre pour sa santé. Il ne pouvait qu'aller mieux, il n'avait pas le choix. « ça va aller ? », lui demandai-je, sincèrement inquiète. J'enroulai un de mes bras autour de son cou, laissant l'autre sur ma cuisse, et je me mis inconsciemment à jouer avec les quelques cheveux qui traînaient à la base de sa nuque. « Tu le regretteras ... tu sais ... de m'avoir embrassée ... quand tu n'auras plus de fièvre ? », balbutiai-je tant bien que mal, interrompant le silence qui s'était instauré. Autant profiter de son état de santé actuel pour lui soutirer des informations ... et aussi du fait que j'étais cachée dans son cou.

I'm on a highway to hell

Gaylwen & Sam

Cette journée avait été éprouvante, de bien des manières. Jamais je n'aurais pu imaginer que Gaylwen ne respecterait pas sa promesse faite quelques mois plus tôt. Jusque-là, tout allait bien, quand il sortait, il me prévenait et nous y allions, la plupart du temps en tout cas, tous les deux. De cette manière, j'avais pu apprendre à me lâcher un peu et à ne plus avoir autant de pitié pour les morts vivants. Après tout, c'était soit nous, soit eux. Et une chose était certaine : il était hors de laisse que je me laisse bouffer sans rien dire. Bien sûr pour cela, il fallait que je prenne un peu d'assurance et il semblerait que ce n'était pas gagné. Cela concernait d'ailleurs autant les zombies que tout le reste. A commencer par ces fichus points, qui me semblèrent être des plus compliqués à réaliser. Et pourtant, j'avais plutôt intérêt à les réussir, si je ne voulais pas perdre l'être qui m'était le plus cher sur cette foutue Terre en ruines. Cela me faisait encore un peu plus stresser et mes mains, ainsi que mes doigts de manière plus précises, tremblaient. Etais-je seulement capable d'y arriver ? Et si je me plantais ? Heureusement, le début fut un succès auquel je n'aurais jamais réellement pu m'attendre. J'accomplis ma tâche lentement, prenant un peu plus d'assure à mesure que je me voyais parvenir à mes fins. L'avantage à tout cela, était que je me focalisais totalement sur ce que j'étais en train de faire et plus du tout sur le monde extérieur.

Et, bien heureusement, je terminai avant de devenir totalement hystérique, faute de grands moyens pour empêcher Gaylwen de souffrir. La seule chose qui m'avait empêchée d'arrêter les points avant, c'était l'idée qu'il souffrait pour la bonne cause. C'était un mal pour un bien, et je ne pouvais qu'être satisfaite du résultat. Je n'avais plus qu'à espérer de tout mon corps, et de toute mon âme, que ce que j'avais fait serait suffisant. En tous les cas, il était grand temps que je me laisse complètement aller et que je tâche de me détendre. J'avais eu trop de stress et de moments effrayant pour tenir à ce rythme-là. Et à n'en pas douter, il en allait de même pour Gaylwen. Nous avions failli nous perdre l'un l'autre et les choses semblaient sur la bonne voie pour changer radicalement entre nous. J'étais toujours aussi stupéfaite qu'il m'ait embrassée, pour de multiples raisons, et je n'hésitai pas une seconde de plus pour lui en faire part, une fois rassurée sur son état de santé. Pour l'instant, tout allait bien, il fallait que je baisse ma garde, ne serait-ce que pour les quelques heures à venir. Maintenant que nous étions plus ou moins au calme, assez loin de tout pour ne pas avoir à craindre d'attaque à cet instant précis, je voulais l'interroger, et essayer de comprendre son geste. Le cachet qu'il avait pris semblait l'aider à prendre les devants et à s'exprimer alors il était plus que temps de lui poser quelques questions. On ne pouvait pas juste rester comme ça et faire comme si rien ne s'était passé. Cela avait trop de signification pour moi pour que j'agisse de la sorte. Néanmoins, j'enfouis ma tête dans son cou, histoire de ne pas être visible. J'avais bien trop peur de ce qu'il pouvait me dire, et la dernière chose que je voulais, c'était briser ce lien spécial qui nous unissait parce que nos sentiments n'étaient pas réciproques. Même s'il fallait que le lendemain, je fasse comme si de rien était, j'étais prête à ce sacrifice. Parce que Gaylwen restait Gaylwen, et que je voulais rester à ses côtés à n'importe quel prix.

Peu à peu, ma tension semblait s'évaporée, pour revenir au galop quand je réussis enfin à lui poser la question qui, peut-être, changerait tout entre nous. J'avais hâte d'entendre sa réponse et en même temps, j'avais peur de ce que j'allais entendre. Et s'il avait agit sur un coup de tête ? Et s'il m'avait embrassée uniquement parce que nous n'étions que tous les deux ? Tant de doutes qui me poussèrent à garder ma tête dans le creux de son cou. Une boule au ventre, j'attendis impatiemment sa réponse, qui ne tarda pas à arriver, me coupant littéralement le souffle et me faisant stopper tout mouvement au niveau de sa nuque. « J'ai envie de t'embrasser depuis la première fois que je t'ai vu dans l'appart de ton frère », lança-t-il sur un ton sérieux. A ce moment-là, je pus enfin respirer de manière normale, soulagée et le coeur battant à tout rompre. Bon sang .. Avait-il seulement conscience de ce qu'il était en train de me dire ? Je ne pouvais pas vraiment en douter, vu à quel point ce qu'il avait pris semblait le faire planer. Ne dit-on pas que c'est dans ces moments-là que l'on devient franc et que l'on n'hésite plus à dire tout ce qu'on a sur le coeur ? La fin de sa phrase acheva de me rassurer, me confirmant qu'il ne déconnait pas totalement. Non, jamais il ne me ferait de mal en me mentant de la sorte, j'en étais persuadée. « Et toi ? Tu regrettes ? », demanda-t-il à son tour maladroitement. Je souris légèrement contre son cou, avec l'agréable sensation de flotter à mille lieux de ce monde chaotique. Je compris immédiatement ce qu'il essayait de faire, et je pris mon courage à deux mains, me décidant finalement à reculer la tête, suffisamment pour que je puisse le regarder dans les yeux. Je lui souris, presque timidement tant la situation était surprenante, et déplaçai ma main qui était initialement dans sa nuque pour la poser sur le bas de sa joue. « Impossible. Je suis dingue de toi depuis la première fois que je t'ai vu. », soufflai-je. Le coeur battant à tout rompre, sans doute un peu maladroite, je rapprochai lentement mes lèvres des siennes. Ce n'était plus la même chose cette fois-ci. En fait, c'était même radicalement différent. Parce que j'étais celle qui l'avait engagé, que j'étais maintenant sûre que mes sentiments étaient plus ou moins partagés et que ce n'était pas un baiser volé parce qu'inattendu.

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Gaylwen & Sam

Finalement cette atroce journée se terminait sur une note plus positive, voir même très positive. Sans doute bien aidé par la fièvre qui l'avait gagné, Gaylwen avait pris les devants. Il avait même fait plus que cela, étant donné que je connaissais désormais la réelle portée de ce qu'il ressentait pour moi. Ce n'était pas de l'amitié, ni même un sentiment fraternel, c'était bien plus que cela. Et ce, depuis pas mal de temps. C'était sans aucun doute ce qui m'étonnait le plus. Que ses sentiments changent avec le temps, parce que nous étions en permanence à deux et uniquement à deux, c'était une chose, mais que cela date de beaucoup plus longtemps, c'était autre chose. Jamais je n'aurais pu me douter que c'était le cas. Soit j'avais été aveuglée par mes propres sentiments à laisser de côté, soit il était un fabuleux acteur. Peut-être que c'était un peu les deux, également ... Toujours est-il que la peur que j'avais eue de, peut-être, l'avoir perdu, avait laissé place à tout autre chose. De l'étonnement, en très grande partie et pour toutes les raisons déjà citées. Parce que s'il m'avait étonnée en m'embrassant contre la voiture, ce n'était rien face à cette révélation qu'il venait de me faire. Ce n'était pas récent. Nous avions gâché tant de temps à nous voiler la face. Au final, toute cette journée avait été un mal pour un bien. En passant aussi près de la catastrophe, nous avions pu ouvrir les yeux. Dans ce monde où tout était incertain, pouvions-nous réellement nous permettre de nous priver ? Je ne savais absolument pas ce que Tyler aurait pensé de tout cela, et je ne le saurais jamais, mais je ne devais pas m'arrêter à ça. Il connaissait très bien Gaylwen, il lui faisait une confiance aveugle. Et de mon côté, je n'avais plus envie de me cacher, plus envie de faire semblant.

Si le jeune homme n'était pas sorti aujourd'hui, brisant ainsi sa promesse, il ne faisait aucun doute que tout se serait passé de manière différente. Nous aurions pu faire une petite excursion rapide en ville, où Gaylwen m'aurait, une fois de plus, suivi ou devancé comme mon ombre. Puis nous serions rentrés plus ou moins bredouilles, pour jouer à un jeu de société, sans doute le monopoly. Je l'aurais battu, encore une fois, et la journée se serait terminée dans la bonne humeur. Mais encore une fois, je me serais couchée sans avoir avoué à Gaylwen ce que je ressentais pour lui. Autant dire que je ne pouvais qu'être satisfaite du réel déroulement de la journée. Nous n'avions peut-être plus de destination fixe et sûre, mais au moins, j'étais avec Gayl, qui se rétablirait forcément très vite, et je savais que je n'étais pas la seule à le voir autrement que ce que nous avions toujours laissé entendre. C'était peut-être un choc, mais cela ne m'empêchait pas de savourer pleinement l'instant. La grange dans laquelle nous nous étions réfugiés devrait faire l'affaire pour l'instant et pour tout avouer, à l'instant même où les lèvres de Gaylwen se posèrent pour la seconde fois sur les miennes, le reste n'eut plus aucune importance.

Le baiser prit rapidement de la profondeur. Depuis le temps que j'attendais cet instant, je n'avais aucune envie de le laisser filer aussi rapidement, ni même d'en gâcher la moindre seconde. Je pressai mes lèvres contre les siennes avec urgence, et mes mains fourragèrent dans ses cheveux. Bon sang, jamais je n'aurais pu imaginer que cela aurait été aussi ... Parfait. Parce que cela l'était, en tout point. Nous pouvions enfin laisser s'exprimer nos réels sentiments, nos vraies envies dans ce baiser très passionné. Les masques tombaient enfin et il n'y avait rien qui puisse briser ce moment magique. Parce que nous étions tous les deux, à nous découvrir d'une toute nouvelle façon, et que l'instant comptait plus que tout autre chose. Je me laissai totalement aller, profitant de chaque seconde aux côtés de Gaylwen que l'on m'offrait, mes mains dans ses cheveux l'empêchant de partir ou de s'éloigner. Malheureusement, nous n'étions que deux pauvres humains et l'oxygène commençait à faire défaut. Je reculai légèrement la tête, ne laissant que peu d'espace entre nous et collant mon front contre le sien, à bout de souffle. Comment avais-je pu douter un seul instant de sa sincérité ? La fièvre l'avait peut-être aidé à faire le premier pas, mais il ne pouvait pas non plus simuler cela. Je fermai un court instant les yeux, le temps de reprendre un minimum le contrôle de moi-même, et aussi de retrouver une respiration plus ou moins normale. « C'était ... magique. », soufflai-je en rouvrant les yeux pour le regarder, souriant. C'était peut-être inattendu, mais tout simplement parfait aussi.

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Gaylwen & Sam

Cette relation que nous entretenions, Gaylwen et moi, depuis la première fois que nous nous étions rencontrés n'était pas bien difficile à expliquer. En somme, il avait agit comme un frère pendant de nombreuses années, à l'image de Tyler. A eux deux, ils avaient su me faire péter des durites à parler constamment de sport, ou à encore à me protéger plus que de raison. Cela avait été fortement agaçant, chiant, et je manquais d'autres termes à partir de là, surtout de me dire que mes sentiments n'étaient pas réciproques. J'étais comme sa petite soeur et cela s'arrêtait ... et pourtant, ce soir, toutes mes convictions étaient mises à mal. Finalement, je m'étais trompée sur toute la ligne, et ce n'était que maintenant que quelques paroles, quelques gestes et même quelques regards effectués par Gaylwen à l'époque me semblaient tout de suite moins "fraternels". De toute façon, je ne pouvais qu'avouer que même si j'avais eu conscience de cela plus tôt, je n'aurais rien tenté. Pour Tyler. Pour ne pas le blesser, ou le mettre dans une fâcheuse position. A l'époque, cela m'avait parue tout simplement hors de propos. Et puis, les choses s'étaient gâtées et la mort de mon frère bien aimé m'avait trop anéanti pour que je puisse songer, ne serait-ce qu'un instant, à tenter quelque chose avec Gayl. Et puis, cela aurait été pire que tout de profiter de sa mort pour sauter sur son meilleur ami. Cette simple pensée me donnait la nausée.

Et puis maintenant ... ça ... Tyler était mort, il ne pouvait pas nous en vouloir ou montrer son mécontentement, et je n'avais définitivement pas l'intention de gâcher cet instant précieux pour quelque chose qui n'avait pas lieu d'être. Parce que maintenant que j'y repensais, j'avais l'intime conviction que Tyler ne nous en aurait pas voulu un seul instant pour tout cela. Après tout, il avait une confiance aveugle en Gaylwen, et idem pour moi, non ? Nos doutes, nos questions et tout ce qui allait avec n'avaient pas à être ici. C'était notre soirée, notre moment rien que tous les deux, et puisque Gayl semblait bien parti, le moment pour nous confesser, et dire à peu près tout ce qu'on avait sur le coeur. Et puis ... c'était aussi le moment de rattraper le temps perdu, gâché par nos doutes inutiles et ridicules. « Tu m'as donné chaud », lança-t-il de manière si spontanée que c'en était surprenant. Parce que, là encore, ce n'était pas le genre de choses qu'il disait habituellement. La fièvre faisait des merveilles ce soir et je ne serais jamais assez reconnaissante pour cela. J'accueillis avec grand plaisir un nouveau baiser furtif. Je ne savais pas s'il en avait pleinement conscience mais je ne m'en lasserai vraiment jamais. J'étais raide dingue de lui à en devenir niaise au possible ... Heureusement, Gaylwen ne connaissait pas encore l'étendue de mes sentiments pour lui, et c'était mieux comme cela pour l'instant ... je ne voulais pas le faire fuis. Surtout pas.

« Je me souviens de la première fois ou je t'ai vu, j'ai prié pour que tu sois pas sa sœur, raté », avoua-t-il et je souris, sincèrement touché par ce qu'il me disait et m'avouait enfin, après tant d'années d'ignorance, à masquer la vérité derrière de faux prétextes en tout genre. Il était certain que nous avions perdu un temps précieux en agissant de la sorte, mais l'important était qu'aujourd'hui, nous ne cachions plus la vérité. Un grand merci à la fièvre de Gaylwen, sans laquelle nous n'en serions toujours pas là dans notre relation. Je reculai légèrement la tête pour mieux le voir et plantai un regard doux, presque apaisé dans le sien. « J'ai d'abord été déçue de me dire que c'était impossible et puis ... Je me suis convaincue qu'à défaut de pouvoir tenter quoi que ce soit, être "la petite soeur" serait déjà pas mal. », confessai-je à mon tour. « Mais aujourd'hui ... Je suis persuadée qu'il l'aurait acceptée. », soufflai-je rapidement, avant de me lever brusquement. Ce n'était pas le moment pour se laisser aller à tant de mièvrerie ! « Je vais voir ce qu'on a à grignoter, et si on a quelque chose pour se faire une couchette improvisée. Bouge pas de là. », lançai-je aussitôt, en lui souriant toujours. Je déposai un rapide baiser sur ses lèvres - j'étais désormais incapable de m'en passer - puis pris la direction de la voiture. J'en revins une bonne dizaine de minutes plus tard, avec seulement deux paquets de gâteaux ramollis par le temps, et un paquet de chips beaucoup trop vieux. Heureusement, on gardait une couverture dans le fond du coffre. De quoi faire en sorte que Gayl se repose. « Euhm ... Il n'y avait pas grand chose. », avouai-je piteusement en me plantant devant lui. Quel désastre ...

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Gaylwen & Sam

En un rien de temps, les choses entre nous avaient évolué, dans le bon sens du terme. Je savais pertinemment que l'état de santé plutôt inquiétant de Gayl y était pour beaucoup, puisque c'était ce qui l'avait poussé à se confesser clairement. Jamais je n'aurais pu imaginer telle scène, ou de telles révélations de sa part. Bien sûr qu'il y avait toujours eu cette connexion si spéciale entre nous, mais jamais je n'aurais pu me douter qu'il ressentait la même chose de ce côté. Au final, je ne voulais pas me priver de cette histoire entre nous, si elle se faisait, c'était que c'était ainsi que les choses devaient se passer, et puis c'était tout. Tyler n'était plus de ce monde, malheureusement, et je ne pouvais pas rester à distance de Gaylwen plus longtemps, sous prétexte que si mon frère avait encore été là, il n'aurait peut-être pas approuvé. Avec des si, on refaisait le monde, et cette situation en était l'exemple parfait. Et si j'avais tout avoué à Gayl plus tôt, et si notre mère avait été avec nous à ce moment-là ... Bref, je ne voulais pas ressasser le passé encore et encore. Il était tel qu'il était et il fallait maintenant faire avec. Je n'avais plus que Gaylwen et dieu seul savait à quel point je tenais à lui, et à quel point il me serait insupportable de le perdre. Il était encore là, moi aussi, et il semblerait que mes sentiments étaient partagés. Je n'avais pas envie de trop songer à des éventualités et me concentrer uniquement sur le moment présent.

Notre avenir était tellement incertain que je ne pouvais pas me permettre de tout gâcher en une seconde. Il pouvait mourir demain, comme je pouvais me faire mordre pendant la nuit. Il y avait tellement de possibilités affreuses qui pouvait se produire qu'il me paraissait impossible de ne pas les prendre en compte. Nous allions bien, et mes sentiments semblaient réciproques, c'était tout ce qui avait de l'importance, tout ce qui devait en avoir. « La petite sœur ? », reprit-il sur un ton amusé. Je lui souris, sachant parfaitement qu'il avait très bien compris où je voulais en venir. Puis je me levai, bien décidée à ne pas oublier la situation précaire dans laquelle nous étions. Gaylwen avait faim, d'après ce que j'avais pu entendre, et moi aussi, alors autant aller fouiller le coffre. Je profitai de mon éloignement pour respirer un bon coup, non seulement pour reprendre une contenance et ne pas me laisser totalement submerger par mes sentiments qu'il faisait ressortir plus forts que jamais, mais aussi pour ne pas lui montrer à quel point je m'inquiétais pour sa blessure. Oh, j'avais confiance, et tout semblait indiquer qu'il se rétablirait pour le mieux, mais cela ne m'empêchait pas de m'inquiéter. Une fois que je fus plus ou moins sereine, je le rejoignis dans la grange, avec quelques victuailles. De nous sustenter pour les ... Minutes à venir. Des vieux chips et des gâteaux tout aussi ancien, on avait déjà fait meilleur repas.

Cela eut au moins le mérite de faire exploser de rire Gaylwen quand il vit ce que j'avais trouvé. Je souris à mon tour, me laissant entraîner par son hilarité du moment. « Pour notre premier dîner, j'aurais peut être plus imaginer un restaurant mais je vais me contenter de chips », lança-t-il, apparemment toujours aussi amusé. Je l'accompagnai dans ses rires, il était vrai qu'on manquait cruellement de chance pour le coup. Enfin, il allait falloir faire avec ce soir. « Demain, faut qu'on trouve quelque chose à bouffer », ajouta-t-il peu de temps après. Cela eut pour effet immédiat de me faire totalement reprendre mon sérieux, et je le fixai. Je le connaissais suffisamment pour savoir qu'il aimait être en constant mouvement, à chasser, chercher de quoi nous nourrir, etc, mais il ne fallait pas qu'il oublie qu'il était blessé. Moi, en tout cas, je ne l'oubliai pas. « Et si on attendait quelques jours plutôt ? On pourra visiter une ferme voisine et y récupérer deux - trois trucs, en attendant que tu ailles mieux. », dis-je à mon tour, bien décidée à le faire changer d'avis sur le sujet. Il ne pouvait décemment pas aller chasser avec sa blessure au bras. Il réussit à me dérider dans la seconde, en me tirant par la main vers lui, et en lançant une vanne comme il savait si bien les faire et les placer. Je posai la couverture sur une boîte dans un coin, on lui trouverait plus tard un emplacement et Gayl pourrait s'y reposer pour les prochaines heures. Il en avait bien besoin. Pour l'instant, il fallait qu'on se nourrisse ... Avec ce qu'on avait. « Mais oui, c'est génial comme repas. », plaisantai-je à mon tour, avant de m'asseoir à ses côtés, sur ce qui semblait être un carton. J'attrapai le paquet de chips et l'ouvrit, étant donné que Gayl ne pouvait pas vraiment le faire avec son bras, puis je lui tendis. « Le blessé de guerre d'abord. », dis-je sur un ton amusé, un sourire légèrement moqueur planté sur les lèvres. Autant prendre tout cela à la rigolade, non ? De toute façon, vu la tournure que prenait notre relation, je n'allais sans doute pas me mettre à pleurer et à me lamenter sur notre sort. Pas ce soir. Ce soir, on lâchait prise, et c'était parfait comme cela.

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Gaylwen & Sam

Cela ne me faisait pas de mal, pour une fois, de prendre les choses en main, bien au contraire. Gayl était habituellement celui qui faisait tout, ou presque. Il chassait, faisait en sorte qu'on ne manque pas de nourriture, et partait sans cesse en excursion à l'extérieur pour faire toute sorte de trouvailles. Il était également celui qui tuait les zombies, quand j'avais bien trop peur pour m'en approcher ne serait-ce qu'à quelques mètres. Pour l'instant, les choses étaient bien différentes. En effet, il s'était blessé, et il ne pouvait pas faire grand chose vu l'état de son bras, et vu la fièvre qui l'avait gagné depuis tout à l'heure. Il fallait donc que je prenne les choses en main, et que je fasse en sorte de nous trouver un endroit plus ou moins sûr pour cette nuit. Gaylwen m'avait guidé jusqu'ici et il allait falloir que je bloque l'entrée de la grange d'une manière ou d'une autre. Le jeune homme avait besoin de repos et je ne pouvais pas me permettre de prendre un quelconque risque. Il fallait qu'il puisse dormir ce soir, et autant faire en sorte que ce soir dans les meilleures conditions que possible. Certes, le lieu ne prêtait pas non plus à de grandes choses, mais c'était mieux que rien. Nous étions en sécurité, au moins pour les quelques heures à venir, même s'il ne fallait pas déjà oublier le lendemain, et les jours qui suivraient. Le plus important, actuellement, était le fait que nous étions tous les deux vivants, et même si la blessure de Gaylwen était non négligeable, nous allions bien. Plus que bien, en réalité, puisque nous avions enfin laissé parler nos sentiments, et avions partagé des moments que je ne m'étais véritablement pas attendue à avoir avec Gayl. Je bénissais sa fièvre rien que pour cela, même si j'aurais bien aimé qu'elle ait disparu à présent. Ce n'était pas le cas, et il allait falloir que je fasse avec ce tout nouveau Gaylwen, bien différent que la personne que je côtoyai habituellement.

C'était loin de me déplaire, même s'il restait beaucoup de travail à faire, vu la difficulté qu'il avait de se détacher de ses actions habituelles. Aujourd'hui, c'était moi qui prenait soin de lui, et il avait plutôt intérêt de capituler parce que je n'en démordrais pas. « Juste quelques jours alors », dit-il, ce qui me fit rire instantanément. Il avait, en effet, beaucoup de mal à lâcher prise, mais je pouvais le comprendre, il n'avait pas l'habitude de se laisser guider, et je ne pouvais que me douter d'à quel point cela devait être difficile pour lui de se dire qu'il n'allait pas pouvoir chasser pendant quelques temps. « Oui, quelques jours. », conclus-je en souriant, et ne voulant pas trop le brusquer non plus. Autant faire les choses petit à petit. J'évoquai l'idée d'une ferme, qui nous permettrait de nous installer pour quelques jours avec un peu de chance, et peut-être même qui contiendrait des vivres. Nous manquions cruellement de nourriture, mais surtout d'eau, et il allait falloir en trouver rapidement. Je vins finalement m'installer sur le carton à ses côtés, mettant de côté toutes les questions qu'on allait devoir résoudre aussi vite que possible. Pour l'instant, nous étions plus ou moins en sécurité alors autant en profiter pour prendre du temps à nous. Cela manquait franchement de romantisme mais je n'espérais pas en avoir vu la situation précaire dans laquelle nous étions. Du moment qu'il était à côté de moi, et bien vivant, cela me convenait parfaitement. Et pour tenir le coup, il nous fallait manger. Des chips et des gâteaux séchés par le temps, certes, mais c'était déjà cela de pris. On mangea en silence, profitant des quelques vivres qui nous restaient, en espérant que la ferme que nous visiterions le lendemain serait pleine de bonnes choses pour nous tenir vivants et en bonne forme. « Merci Sam », lança soudainement Gayl, interrompant le silence qui s'était installé. Je tournai la tête dans sa direction, un léger sourire flottant sur mes lèvres. « C'est plutôt moi qui devrais te remercier, tu sais. », répliquai-je sincèrement. Après tout, c'était lui qui avait tout fait pour moi, et lui encore qui m'avait tenu la tête hors de l'eau après le décès tragique de mon frère bien aimé. « Tu penses qu'on est en sécurité ici ? », lui demandai-je après quelques minutes. Je voulais peut-être prendre les choses en main et être celle qui dirigeait plus ou moins la situation actuelle, il n'en restait pas moins que je n'étais pas la mieux placée pour survivre dans de telles conditions ... Mieux valait obtenir quelques conseils de Gayl.

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Gaylwen & Sam

Cette journée avait été très chargée en émotions et il devenait clair que Gayl, tout comme moi, était épuisé. Nous ne pouvions pas nous permettre de prendre trop de risques ce soir et pourtant, il allait bien falloir que nous nous posions pour la nuit. Il semblerait que cet endroit tombait à pique : isolé, vide, avec une porte qui semblait solide, le tout paraissait réuni pour nous permettre de passer quelques heures au calme. Gaylwen allait pouvoir se reposer, et c'était tout ce que je demandais. La fièvre avait déjà fait beaucoup de dégâts, d'une certaine manière. Si je n'étais que moi, je remercierai encore et encore la fièvre, étant donné que c'était ce qui l'avait poussé à se confier à moi et surtout à m'embrasser. Néanmoins, je ne pouvais pas. Pour la simple et bonne raison que j'étais folle d'inquiétude ... Comme toujours. Il suffisait d'un rien, comme maintenant, pour que je me fasse un sang d'encre pour mon compagnon de route. Et si la fièvre ne baissait pas pendant la nuit ? Et s'il succombait à sa blessure ? Et si cette dernière s'infectait ? Bref, tant de questions qui pourrissaient cet instant qui aurait dû être précieux. J'avais profité autant que possible de sentir ses lèvres contre les miennes mais, en même temps, je ne pouvais pas m'empêcher de m'inquiéter plus que de raison.

Je ne pouvais donc pas garder la tête dans les nuages bien longtemps, la réalité du monde apocalyptique dans lequel nous étions obligés de vivre me tomba brutalement dessus. Il était temps d'ouvrir les yeux. Et puisque je n'étais vraiment pas une survivante incroyablement débrouillarde, il fallait que je demande son avis à Gaylwen, nettement plus expérimenté que moi quand il s'agissait de survie. Le jeune homme, apparemment épuisé, fourra sa tête dans mon cou, et j'enroulai immédiatement mes bras autour de sa nuque, profitant de cette proximité qu'il avait lui-même mise en place alors qu'habituellement, il faisait tout pour l'éviter. « ça à l'air assez calme », souffla-t-il, alors que je calai ma tête contre la sienne. Je me sentais affreusement bien dans mes bras, et si cela ne tenait qu'à moi, je resterai ainsi des heures ... des jours, même. « Essaye de dormir, on est en sécurité, si des rôdeurs arrivent on se réveillera de toute façon. », ajouta-t-il rapidement, ce qui eut le don de me rassurer de manière immédiate. Bien sûr, je savais que notre situation restait compliquée voir même très risquée. Mais c'était rassurant de savoir que je pouvais compter sur la sûreté des lieux au moins pour la nuit.

Peut-être aurais-je dû insister un peu pour monter la garde pour les heures à venir, et ne pas me reposer pour que Gayl, qui en avait nettement plus besoin que moi, le puisse. Mais je n'en avais pas envie, ni même la force. J'étais crevée et je n'avais pas le moindre envie de me tenir éveillée. Bien sûr, nous allions prendre un gros risque, mais il fallait bien tenter un peu notre chance et puis ... Maintenant que je savais que mes sentiments pour Gaylwen était plus ou moins réciproques, je ne voulais plus le lâcher. « Très bien. », dis-je après avoir reculé la tête pour le regard, un sourire flottant sur mes lèvres. On mangea encore un peu, juste histoire de ne pas nous coucher le ventre totalement vide, puis je me levai pour aller bloquer un minimum la porte. Au moins, si quelqu'un - ou quelque chose - venait, nous serions rapidement avertis. Et puis, la planche qui coinçait les deux portes, et les quelques cartons entassés derrière devraient nous protéger un peu plus encore. J'allais chercher la couette et l'étalai sur le sol dans un coin qui ne me semblait pas non plus totalement inconfortable. Même si nous n'avions pas un lit de luxe, ni même de chauffage, nous allions pouvoir passer les quelques heures au calme ... Un peu de repos, c'était tout ce que je demandais.