J'étais heureuse avant, je crois. Des parents aimants, et amusants, des amis à l'école... J'avais tout ce dont je pouvais avoir besoin pour m'épanouir au mieux. Sauf un frère ou une sœur, peut-être, mais je ne me rendais pas vraiment compte de cette question-là. Nous vivions dans la Cité des Anges, et si l'on aurait pu croire que j'aurais voulu ambitionner pour devenir actrice, il n'en était rien. Je n'ai jamais vraiment été quelqu'un de superficiel, même si j'adorais les tours de passe-passe de mon père. Un magicien. J'avais des étoiles dans les yeux à chacun de ses tours. Toujours la première à glousser dès qu'il sortait les cartes entre ses mains. Tous les spectateurs tombaient en admiration devant lui, et au repas de famille, c'était toujours lui que tout le monde regardait. C'était la septième merveille du monde pour moi, et je soupçonnais - durant ses shows - pour les autres aussi.

" Papa, je pourrais être magicienne comme toi un jour ? " je devais avoir sept ans, quand je lui ai posé cette question, qui à l'époque, me paraissait cruciale. Il me tenait sur ses genoux, et venait de me mordre le bout du nez. " Tu seras ce que tu as envie d'être, mon ange. Rien ni personne ne t'empêchera d'être ce que tu as envie d'être. " oui, on décelait beaucoup d'amour entre nous. Et jamais je n'ai pu oublier son sourire ce jour-là, de même que le sentiment de joie que j'ai ressenti. C'était mon père, l'homme le plus merveilleux du monde.


Que vous dire de plus ? Lorsque les rôdeurs sont arrivés, j'avais tout juste 12 ans, et j'ai frôlé la crise cardiaque. Je voyais les gens dans la rue devenir fou, se voler les uns les autres, se pousser pour se jeter les premiers du haut des buildings, courir partout, sans la moindre organisation, comme du bétail sur lequel on aurait soudainement tiré. Un tas de moutons qui prend peur, voilà ce que je voyais, moi-même incapable de réfléchir à la marche à suivre. Mais mon père savait pour moi, il nous a sorti de la ville, avec ma mère. Et il a pris soin de nous au fil des mois et des années, nous enseignant tout son savoir-faire. J'ai appris à me battre, et à tenir une arme entre mes mains relativement jeune. Disons que jusqu'à mes 14 ans, je me reposais sur mon père, alors je n'avais pas de réelle motivation. Mais suite à un trauma un soir de début d'été, j'ai cessé d'être passive. Chaque jour je m'entraînais le matin, puis allais chasser le gibier le soir. J'affutais les pointes de mes flèches, comme on aiguise son âme face à la peur, pour combler le temps restant. Ma mère donnait des livres à lire, qu'elle emportait toujours dans son sac-à-dos, elle parfaisait mon éducation. " L'apocalypse n'est pas une excuse pour l'ignorance. Au contraire, en ces temps obscures, c'est plus que nécessaire. Travaille. " voilà ce qu'elle me répétait à chaque fois que j'osais protester, ou que je voulais tout simplement partir en balade. Et je rechignais un peu, ne trouvant que peu d'intérêt à des exercices d'arithmétiques. Néanmoins, j'ai obéis, j'ai étudié. Et je crois dire sans me tromper, que mon cerveau s'en est trouvé bien plus amélioré qu'elle n'aurait pu l'imaginer.

Concernant Ellia, mon père était en contact avec Vance, j'ignore la nature exacte de leur relation, mais cela nous a permis d'entrer dans la bergerie de manière pacifiste. On ne nous a pas kidnappé tout du moins.