Un week-end de symposium, c’était comme une pause, une respiration. C’était ma façon à moi de prendre des vacances. Ma sœur venait de m’apprendre qu’elle était enceinte, cela faisait déjà deux ans que nous n’arrivions pas mon mari et moi-même à concevoir un enfant. Alors, même si j’étais très heureuse pour elle, cette respiration semblait indispensable. J’aimais mon mari, mais mon monde semblait trop lisse, trop parfait pour me plaire. Il me manquait un grain de folie. Il me manquait quelque chose ou quelqu’un, mais je ne savais pas trop encore quoi.

A peine arrivée dans ma chambre, j’allais m’étendre dans le lit, fixant le plafond blanc et je me demandais soudainement à quel point cela pourrait être bizarre d’y voir son reflet. « Je suis bien arrivée, mon amour. » Il aurait pu partir avec moi. Mais lui aussi, ça lui avait fait un choc, l’annonce de ma sœur. Je regardais quelques secondes encore mon portable, mais pas de réponse. Je décidais de le glisser son l’oreiller, je n’avais pas besoin de technologie pour les heures qui allaient suivre, juste de papier blanc et d’un crayon.

D’une simple roulade je sortais du lit pour découvrir la salle de bain. Je retirais mes vêtements et d’un geste de pied maladroit, je me débarrassais de mes talons. Je fonçais donc sous la douche, fermant doucement les yeux, me vidant la tête. J’étais fin prête ! Après plusieurs minutes de préparation, je fermais simplement la fermeture éclair de ma jupe et remettais maladroitement mes talons. Avec mon sac en bandoulière, je me rendais à la première conférence. Le thème portait sur la sociopathie et quelles molécules étaient susceptibles de déclencher chez eux un état de neurotypiques. Je n’y croyais pas trop, mais je ne demandais qu’une chose, que l’on me prouve que j’avais tords.

Chaque siège était assigné et je savais pertinemment qu’en installant un sac sur la chaise à côté de moi, j’allais déranger un confrère. De façon parfaitement consciente. Je n’étais pas là seulement pour écouter les différentes conférences. J’étais aussi là pour me faire de nouvelles rencontres. Des personnes qui sauraient me faire vibrer par leur intellect. Il n’y avait rien de perfide dans mes pensées, j’étais tout simplement une personne très sociale en manque de nouveauté. J’avais besoin de parler à d’autres personnes que mon entourage. Pourquoi ne pas partager un verre autour d’une conversation scientifique ? Il me fallait un partenaire pour ce weekend. Quelqu’un qui ne serait pas forcément d’accord avec mes idées et qui auraient de la répartie. Le coup du sac permettait déjà d’en apprendre pas mal sur la personnalité qui prendrait place à côté de moi. Saurait-elle me dire que j’avais posé mon sac à sa place ? Chercherait-elle une autre place ? Pousserait-elle le sac sans même m’accorder un regard ? Un simple geste peut tellement nous apprendre sur une personne.