ALL OF THE LIGHTS
WENT OUT WITH YOU

valentina & fredricksen

Je n’étais pas spécialement fier de ce que j’avais fait, même que je ne l’étais pas du tout. En fait, si je ressentais quelque chose vis-à-vis de tout ça, c’était bien tout le contraire de ce qu’on ressentait lorsqu’on était fier. J’avais honte, c’était le mot, même si il ne me semblait pas du tout assez lourd, mais comme je ne pensais pas qu’il existait un mot qui l’était suffisamment il me suffisait. Je m’en contentais. Ce n’était pas du tout de cette manière que j’aurais voulu que Valentina l’apprenne, même que j’aurais préféré qu’elle ne l’apprenne jamais, mais je ne savais pas si j’aurais pu lui cacher éternellement. Ce n’était pas tellement moi, de faire ça. Certes, je n’étais pas vraiment un moulin à parole, je ne l’avais jamais été. Ce n’était pas mon genre de raconter ma vie à tout le monde, j’étais discret et plus à l’écoute qu’autre chose, mais je n’étais pas du tout quelqu’un de malhonnête ou qui n’assumait pas ses torts. Il était tout simplement plus facile avant de les admettre lorsqu’ils étaient insignifiants. Du moins, aujourd’hui ils me paraissaient insignifiants, alors que dans le temps c’était autre chose, mais en tout cas. Tout ça pour dire qu’aujourd’hui je faisais des choses que je n’aurais jamais imaginé faire. Je n’aurais pas pu faire de mal à une mouche avant… J’avais bien changé. J’aimais croire que c’était le monde qui m’avait changé de force et que je n’avais pas eu le choix, mais je n’en étais plus certain. C’était quelque chose dont je n’avais jamais douté depuis le début de tout ça, enfin, depuis la mort d’Analyss, mais depuis que Valentina était de retour dans ma vie, je me posais de plus en plus de questions. Elle faisait tout remonter à la surface, et l’espace de quelques instants, on pourrait croire que rien n’avait changé. Qu’elle était toujours la même et que moi aussi, qu’entre nous tout était pareil et que le monde était à nouveau normal. La réalité nous rattrapait très rapidement dans ces cas-là, mais ils revenaient, et c’était quelque chose que je ne vivais pas avant et c’était très déroutant. J’avais bien déjà eu un petit fantôme du passé, croisé à Bodie, Alliyah, mais ce n’était pas du tout la même chose. Val, je lui avais surement parlé deux ou trois jours avant que l’épidémie ne ravage tout, alors qu’Alliyah… Ça faisait des années, et je n’étais qu’un adolescent dans ce temps. Toutes ses années aidaient à me rappeler que c’était derrière moi, alors qu’avec Valentina, ça ne me paraît pas si loin que ça…

Je ne savais pas où elle était partie, ni même si elle allait revenir, je le souhaitais, mais je n’y pouvais pas grand-chose, c’était son choix après tout. On ne s’était jamais, jamais disputé de la sorte et ça me faisait mal au cœur lorsque j’y repensais. Ça faisait déjà quelques jours maintenant, quatre pour être plus exacte. Je n’essayais pas spécialement de compter, c’était juste que le temps passait tellement lentement maintenant qu’elle n’était plus là. Je ressentais beaucoup trop son absence, le vide que ça laissait. Moi qui n’étais pas très bavard et Nathaniel qui ne l’était pas non plus par conséquent, la cabane était souvent très silencieuse. Du moins, il m’arrivait de faire des efforts et ça m’occupait l’esprit de lui donner un peu d’attention, mais je n’étais pas le plus chaleureux et ce n’était que pas moment. C’était Valentina le petit rayon de soleil, même si je voyais bien qu’il était de plus en plus difficile pour elle d’être ainsi. C’était comme si tout était mort, maintenant, mort et vide. Il arrivait à Nathaniel de me surprendre, mais malheureusement il était du genre à prendre un peu l’habitude de la ou les personnes avec qui il était, il était facilement influençable. En tout cas, peu importe, puisqu’en ce moment il dormait, et moi je montais la garde devant la cabane, installé dans les petits escaliers. Il y avait un petit vent frais, mais je restais tout de même là, en manche courte et en short. Le bois s’était doucement réchauffé vu la chaleur que je dégageais, mais j’avais tout de même un peu froid. J’étais fatigué, en plus, et c’était normal. Depuis que Valentina était partie, je montais la garde. Impossible de faire des rondes ou de faire chacun notre tour avec Nathaniel. Soit il allait s’endormir aussi, soit il allait me réveiller aux trois minutes à cause de bruits bizarres dans la forêt ou dans la cabane. Même s’il pouvait monter la garde, il n’était pas du tout capable de se défendre tout seul, ou même de tirer au fusil, donc bon… Mauvaise idée. Il fallait cela dit que je trouve rapidement une solution, puisque je ne pourrais pas continuer ainsi longtemps, et je ne pouvais pas prendre pour acquis que Val allait revenir, je ne pouvais pas, même si j’aimerais bien que ce soit une possibilité…

ALL OF THE LIGHTS
WENT OUT WITH YOU

valentina & fredricksen

J’avais cette impression que la nuit allait être très longue. En effet, coincé ici, avec comme seule compagnie ma tête et toutes ses pensées obscures, j’avais bien raison de croire que cela allait être long et pénible. Surtout que ces derniers jours, je n’avais pas été capable de me reposer beaucoup et qu’avec tout ça, il faudrait que je déploie les minces et dernières forces qu’il me restait pour rester réveillé. J’avais mal partout et bientôt, je le sentais, je n’allais même plus être apte à m’occuper comme il se doit de Nathaniel. Il fallait que je me repose et il me fallait une solution. Peut-être que barricader la petite cabane en était une. Ça prendrait du temps à faire et refaire constamment, mais au moins comme ça, je pourrais me reposer un peu. Les premières nuits, peut-être que le petit me réveillera quelques fois, mais c’était mieux que rien. De toute façon, nous n’allions pas rester ici éternellement, je ne savais même pas pourquoi nous l’étions toujours. En fait, si, je le savais, même si je ne me l’avouais pas. Les vivres commençaient à diminuer dangereusement, mais je ne pouvais pas partir, pas tout de suite, puisque si je partais, ça voulait dire que c’était fini, qu’elle ne reviendrait pas. Ça voulait aussi dire que sans toit sur notre tête, il allait être très difficile pour moi de trouver le repos, c’est pourquoi je décide que dès demain soir, on barricadera la cabane pour que je puisse dormir un peu. Ça faisait déjà quatre jours qu’elle était partie et même si je ne perdais pas encore tout à fait espoir, il fallait que je commence à me préparer au pire.

Alors que la nuit avait doucement raison de moi et que je me mis à ruminer un peu, un filait de lumière me parvient de loin, très loin, mais vu comment il bougeait un peu, j’étais pas mal sur que c’était une lampe torche et qu’elle était dans la main d’une personne qui marchait droit vers nous. Mon premier réflexe fut de porter ma main sur ma machette qui n’était jamais très loin, mais plus la lumière s’approchait et plus je pouvais voir la silhouette d’une seule personne, une femme, et comme je me doutais qu’une personne prenne par hasard la direction exacte vers notre cabane sans le savoir, je devine que c’est Valentina, ou du moins, je l’espère. Je ne baisse pas tout à fait ma garde, mais je sens doucement mon cœur s’emballer. Oui, j’avais peur, un peu parce que c’était peut-être un inconnu et un peu, surtout, parce que si c’était Valentina, je ne saurais pas quoi faire, n’y quoi lui dire, comment réagir tout court. Après un moment, je ne peux plus douter, c’était bien elle, c’était la brune. Suffisamment proche, elle s’installe sur les marches avec moi sans un mot. Elle ouvre un paquet de biscuits, en prend un peu et me tend le reste, mais je n’avais pas très faim. Un petit silence s’installe avant qu’elle ne prenne la parole. « Il dort oui, et il va bien. Tu lui manque mais il va bien. » Sa deuxième question, cela dit, je l’ignore, puisque je ne la pensais pas pertinente du tout. « J’ai pris Nath avec moi parce que je me suis dit qu’il était ma responsabilité, mais j’ai réfléchi et je me dis qu’il serait mieux avec toi. Je veux pas que tu penses que je m’en débarrasse et que j’assume pas. Je pense juste au bien du petit. » Oui, je me disais que Valentina n’était peut-être pas ici pour rester, peut-être qu’elle voulait juste qu’on mette les choses au clair et pour ma part, je pensais sincèrement que tous les deux seraient mieux le plus loin possible de moi.

ALL OF THE LIGHTS
WENT OUT WITH YOU

valentina & fredricksen

Je ne m’étais pas attendu à cette réaction. À vrai dire, je n’avais jamais voulu causer cette tornade, mais ce n’était pas vraiment quelque chose que tu pouvais reprendre, que tu pouvais calmer. Il fallait attendre, la laisser passer, ravager tout ce qu’elle voulait puis s’éteindre d’elle-même. C’était bien ce que j’avais l’intention de faire avec Valentina, qui s’était levée, qui avait tournée sur elle-même et qui était maintenant devant moi, me pointant d’un doigt accusateur. Pourtant, à mon avis, je n’avais pas dit grand-chose de choquant, je pensais sincèrement que c’était la meilleure solution pour que tout le monde soit content. Je n’avais rien d’un père, je n’avais pas l’âme paternelle et en plus, j’étais la raison pour laquelle il était aujourd’hui orphelin et qu’il avait besoin qu’on s’occupe de lui. Au début, j’avais cru que justement, vu que tout cela était de ma faute, il était donc logiquement ma responsabilité, mais lorsqu’on y réfléchit vraiment… C’était plus sérieux qu’on le pensait, juste parce que tuer était devenu la routine, on n’en faisait plus trop de cas, mais quand Valentina l’avait appris, ça m’avait remis les idées en place. Je m’étais imaginé, dans la même situation, mais dans le monde d’avant, et personne de sensé ne m’aurait laissé m’occuper du gamin. Je serais enfermé quelque part pour le restant de mes jours à pourrir dans une cellule qui sent la pisse. « T’as la mémoire courte, je crois. Je devrais être à cent mille à l’heure de ce petit, après ce que j’ai fait. S’il le savait, je serais la dernière personne sur cette planète avec qui il voudrait rester sous un même toit. » Elle ne pouvait pas dire le contraire. On lui mentait, et on ne pouvait pas faire semblant qu’on ne le faisait pas, que tout était beau et qu’on vivait dans un monde de licornes et de papillons, même si pendant un moment, j’avais fait semblant. Sauf que j’avais fini par réaliser, surtout grâce à la brune d'ailleurs, que je ne pouvais pas continuer ainsi indéfiniment.

« Puis je pensais que t’étais revenue pour Nathaniel, pour le petit, pas pour moi. Je le vois bien, tu me regardes plus comme avant. C’est plus pareil et je comprends. Je te le reproche pas tu sais. J’assume les conséquences de mes actes, ou en tout cas, j'essaye de le faire. » Elle semblait ne pas du tout être d'accord avec ma façon de gérer les choses, mais alors j'étais perdu. Bodie avait eu une très mauvaise influence sur moi, tout compte fait, alors que j’avais cru être capable tout gérer et controler, de rester moi-même et de simplement jouer le jeu. Faire profil bas. Sauf qu’un jour ou l’autre, d’une façon ou d’une autre, ça avait débordé, j’avais perdu le contrôle et j’avais atterri dans un faussé, un faussé duquel il était bien difficile de me sortir maintenant. Pourtant, avant, c’était beaucoup plus difficile, puisqu’il y avait le système, les lois, les gouvernements, la police… Aujourd’hui, il n’y avait plu rien de tout ça et je pourrais donc facilement faire comme si de rien n’était, mais malheureusement, je ne pouvais pas, j’avais cette petite voix dans ma tête qui me rappelait constamment les erreurs que j’avais faites et il était impossible d’oublier, impossible de passer à autre chose, pas aussi rapidement que je le voudrais, du moins…

ALL OF THE LIGHTS
WENT OUT WITH YOU

valentina & fredricksen

Avant, j’avais toujours les bons mots, toujours les bonnes solutions. J’étais celui qu’on venait voir lorsqu’on pensait être dans une impasse, lorsqu’on ne savait pas quoi faire pour se sortir d’une situation ou pour bien faire les choses. Ce n’était visiblement plus du tout le cas. À vrai dire, j’étais devenu quelqu’un de très impulsif et d’actif, alors que j’avais toujours été quelqu’un de réfléchi et de plutôt passif. Bien que je retrouvais ce côté plus doux depuis que j’avais croisé la route de Valentina et surtout depuis qu’on avait quitté Bodie, je ne pouvais tout bonnement pas redevenir celui que j’étais, pas après tout ce qui s’était passé. J’avais changé et alors que la brune me remettait à ma place je le voyais plus que jamais puisqu’elle avait raison et que je ne me rappelais plus la dernière fois qu’on m’avait fait changer d’avis. Pas que j’ai toujours eu raison, au contraire, c’est juste qu’avant je n’avais pas besoin de l’avis de quelqu’un d’autre pour voir une situation sous un autre angle, je prenais toujours chaque problème sous tous les angles et là, je prenais une décision, mais pas avant. Aujourd’hui, ma façon de gérer les choses avait beaucoup changé et peut-être pas pour le meilleur, vu mes erreurs passées et celle que je m’apprêtais à commettre avant l’aide de Valentina. « Tu as raison » répondis-je simplement, puisqu’il n’y avait rien de plus à dire. Je savais que je n’allais jamais oublier Nathaniel ou ce qui s’est passé avec ces parents, sa famille, son groupe. Je n’avais pas besoin d’être avec le garçon pour m’en souvenir, mais il est tout à fait vrai que ce serait plus facile pour moi de vivre avec mon erreur sans être tous les jours confronté à celle-ci, je le réalisais maintenant. Je me permets ensuite de sourire un peu en coin, même si ce n’était surement vraiment pas moment. « Des crimes? Comme quoi, exactement? Tuer des écureuils? » Je me moquais un peu d’elle c’est vrai, mais ce n’était pas méchant. C’est juste que ça me faisait rire quand même, qu’elle se sente tellement mal alors que je savais que tout ce qu’elle avait fait ces dernières années n’avait rien d’aussi dégoûtant que ce que moi j’avais fait. Elle était plus forte. En fait, elle était surement la personne la plus forte que je connaissais. « Merci » dis-je ensuite très sincèrement, même si je ne savais vraiment pas pourquoi elle faisait tout ça pour moi. Je ne le méritais pas tellement…

C’est probablement pourquoi j’ai cru qu’elle était revenue pour Nathaniel et pour rien d’autre, surtout pas pour moi, mais elle ne tarde pas à me faire comprendre que ce n’était pas du tout le cas, qu’encore une fois, je me trompais. C’est vrai que rapidement, je me sens plutôt con, puisqu’elle n’aurait surement pas perdu son temps avec moi si tout ce qu’elle voulait c’était partir avec Nate. Surtout que si ça avait été son choix, je ne me serais pas vu la contredire, je l’aurais laissé tout emporter, partir et ne plus jamais revenir et ça, c’était l’une de mes très, très anciennes habitudes ; me laisser faire et marcher sur les pieds, bien que ça n’aurait pas été la peur ou la lâcheté qui m’aurait poussé à ne pas réagir, mais bien cette énorme culpabilité qui me laisse croire que je mérite la pire misère du monde. Lorsqu’elle prend à nouveau place à côté de moi, je ne peux pas m’empêcher de froncer les sourcils, puisque je ne comprenais pas pourquoi elle restait là, même si elle était en train de me dire exactement pourquoi, sauf que cette raison n’avait absolument aucun sens. N’avais-je pas déjà gâché ce qu’il y avait entre nous? Visiblement pas et ce n’était pas grâce à moi, mais bien grâce à elle, parce qu’elle avait fait ce qu’il fallait pour que ça marche, mais pourquoi perdre autant d’énergie et de temps avec moi alors qu’elle pouvait trouver beaucoup mieux? Elle le savait et je le savais et pourtant, elle était toujours là. « Pourquoi tu tiens tellement à moi? » Je ne voulais pas faire la guerre, seulement, il me fallait poser cette question. On avait été plutôt proche dans le temps, surtout à cause de l’amour fou qu’elle portait à mon cousin qui était pour moi comme un frère, mais tout avait tellement changé depuis… Peut-être qu’elle n’avait tout simplement pas passé suffisamment de temps avec le nouveau moi pour voir, comme je vois, tous les changements qui se sont produits chez moi, mais qu’est-ce qu’il lui prendra? Sachant que je ne croyais pas avoir fait pire que ce que j’ai fait à Nathaniel… D’un autre côté, peut-être qu’elle était beaucoup plus capable de voir tout ce qui n’avait pas changé chez moi et que c'était ce qui contrebalançait les plus mauvais côtés. Dans tous les cas, je savais que tant qu’elle était là, je n’étais pas une cause perdue.

ALL OF THE LIGHTS
WENT OUT WITH YOU

valentina & fredricksen

Valentina m’avait bien remis à ma place et c’était très bien comme ça. J’avais fait des erreurs et personne ne pouvait rien n’y faire, on ne pouvait pas remonter dans le temps, mais au moins la brune m’empêchait d’en faire une autre et je l’en remerciais beaucoup pour ça. Personne ne lui obligeait de faire tout ça pour moi, personne ne l’avait forcé à revenir ici ce soir, puisque je savais pertinemment qu’elle n’avait pas besoin de moi pour survivre. Elle l’avait fait très bien pendant des années avant que nos chemins ne se croisent à nouveau. Alors si elle était revenue c’était bien de plein gré, si elle m’aidait, c’était bien parce qu’elle en avait envie. Ça, j’en étais certain. Restait seulement à savoir pourquoi. Il était vrai que j’avais fait beaucoup pour elle avant l'apocalypse. Mon cousin n’était pas toujours un cadeau, je le savais pertinemment, mais je savais également qu’elle en était folle et que même s’ils se disputaient plutôt durement, et cela, régulièrement, il ne fallait même pas essayer de les détacher l’un de l’autre. Si moi et Analyss on s’aimait beaucoup, je savais pertinemment que notre histoire n’avait rien de celle qu’ils partageaient dans le temps. Me relever de la mort d’Analyss avait surement été l’une des choses les plus dures que j’avais faites, après me relever de la mort de ma mère, mais au moins j’avais eu la blonde pour m’aider, pour m’épauler, pour m’accompagner dans cette peine, alors qu’à sa mort à elle… J’avais été seul, complètement seul. Je ne savais pas encore aujourd’hui comment j’avais fait, comment j’étais passé à autre chose, comment je pouvais me tenir encore debout, mais je le faisais, j’avais réussis. Je n’imaginais donc pas la peine qu’elle traversait avec la mort d’Eric, surtout qu’elle était plutôt différente à celle d’Analyss, et ça avait donc été assez irrespectueux de faire une petite blague, même si au début elle avait été tout à fait innocente. Je n’avais tout simplement pas fait le lien entre les deux, c’était une erreur de ma part et c’est pourquoi je change complètement d’attitude une fois que j’ai compris. Je lui prends rapidement les mains et je la regarde dans les yeux, puisqu’il ne s’agissait tout de même pas de la météo. « Je suis... désolé. Je… J’ai été maladroit. Excuse-moi » lui dis-je alors sincèrement, lui libérant ensuite les mains, puisque bien que les choses devenaient moins ombragées entre nous, il me semblait que c’était toujours un peu délicat.

Pourtant, même si je trouvais que c’était encore délicat, je m’étais permis de blaguer et même de poser une question un peu indiscrète, mais je n’avais pas pu m’en empêcher. Pourquoi? Pourquoi elle s’embêtait tellement avec moi? Ce qu'elle réplique est une réponse assez curieuse, peu garnie, mais sincère, que je n’entends qu’à moitié, et pour cause ; elle s’était penchée drôlement proche de mon visage, plus qu’on avait l’habitude de l’être l’un de l’autre et je me surprends à sentir mes joues rougir alors qu’elle s’approche encore un peu plus de moi. Je ferme les yeux, retiens ma respiration et je sens ensuite ses lèvres contre ma joue. Étrangement, je me sens déçu, même si je ne comprends pas pourquoi au début. Dans tous les cas, je n’essaye pas de comprendre quoi que ce soit et je souris débilement. Je me lève alors si soudainement, ayant l’envie que ce malaise me quitte au plus vite, que je cogne mon nez dans celui de Valentina plutôt violemment. Une douleur vorace me gagne rapidement et je me doute que c’est de même pour la brune. Je porte une main à mon nez avant de m’excuser rapidement. « Je suis vraiment désolé, ça va? » m’inquiète-je en regardant son visage, en espérant que je ne l’ai pas fait saigné. Ça, c’est juste avant de me rendre compte que je saignais moi-même. C’est pas vrai ! Être aussi maladroit, ça se peut pas ! Qu’est-ce qui m’avait pris ? « Je vais.. » Je m’étais retourné vers la cabane dans le but d’aller chercher de quoi me rabibocher le nez, ce que j’avais l’intention de lui dire, mais je n’en avais pas eu le temps ; je m’emmêle les pieds -ne me demandez pas comment- dans les marches et je tombe comme une larve dans les escaliers. Cette fois, je ne bouge pas tout de suite ; je m’étais cogné le tibia gauche contre l’avant-dernière marche ce qui me fait un mal de chien et il me faut toute ma volonté pour ne pas jurer de douleur, juste pour extérioriser un peu ma détresse, mais c’était loin d’être une bonne idée. Nathaniel dormait à quelques mètres même pas et même si les rôdeurs s’étaient faits rares par ici depuis qu’on était arrivés on ne savait jamais… Dans tous les cas, j’avais surement l’air plus que pathétique…

ALL OF THE LIGHTS
WENT OUT WITH YOU

valentina & fredricksen

Je croyais depuis un moment déjà que j'avais beaucoup changé au cours des dernières années. Pourtant, depuis que j'avais croisé le chemin de Valentina, je me rendais compte que j'étais toujours le même homme, ou plus ou moins, même si certaines choses avaient bel et bien changés et cette maladresse dont j'avais fait preuve quelques secondes plus tôt en était la preuve. Pas que je n'étais pas maladroit avant, au contraire, je l'avais toujours été et visiblement c'était l'une des choses qui n'avaient pas changés, mais jamais je n'aurais fait une blague aussi imprudente sur un sujet sensible comme celui de la mort d'Eric, qui était l'amour de sa vie, à la colombienne, et qui était également mon cousin, un cousin que je traitais comme mon frère, que j'aimais comme un frère, il fallait le souligner. Peut-être que j'avais tout simplement perdu l'habitude d'être entouré de gens auxquels je tiens, que je connais bien et qui me connaissent bien. J'avais tout fait pour ne pas m'attacher, pour couper les liens dès que les choses devenaient un peu trop sérieuses et il est vrai qu'en retour, j'avais pris l'habitude de me montrer sarcastique, insensible et désagréable, et tout cela dans le but d'éloigner les gens, de les décourager d'avance à apprendre à me connaître réellement. J'avais pourtant de bonnes intentions au départ, je voulais simplement détendre l'atmosphère, la faire rire même, peut-être. Cette petite blague avait eu l'effet complètement inverse et je l'avais au moins compris très rapidement, puis m'était excusé le plus sincèrement possible pour que la brune comprenne que je n'avais pas du tout voulu lui manquer de respect, ou quoi que ce soit d'autre, et heureusement qu'elle me faisait suffisamment confiance pour me croire, qu'elle avait toujours suffisamment foi en moi pour savoir que je ne ferrais jamais ça, ou peut-être que si... J'avais tout de même fait des choses qui ne me ressemblaient pas du tout et c'était d'ailleurs à cause de ça qu'on s'était initialement disputé et que je l'avais presque perdu. Ces quelques derniers jours sans elle avaient été sombres, mais j'étais tout de même content de lui avoir tout dit sur ce qui s'était réellement passé le jour où j'avais rencontré le petit, ça m'enlevait un énorme poids de sur les épaules.

Tout cela aurait pu rapidement tourner à la catastrophe, mais bizarrement, bien que j’aie été plus que maladroit, les choses s'étaient relativement calmées. Valentina s'était détendue et même qu'elle s'était rapprochée à tel point qu'elle m'avait fait rougir. Pourtant, ce n'était pas du tout la première fois que la Colombienne m'embrassait la joue, on avait été suffisamment proche dans le temps pour le faire, mais cette fois c'était différent. Peut-être parce que j'avais cru la perdre, ou parce que ça faisait des années qu'elle ne l'avait pas fait, peut-être aussi que c'était parce qu'Eric n'était plus là et que, par conséquent, toute forme d'intimité avec elle me paraît être extrêmement déplacée... Je n'en savais trop rien et pour l'instant, je ne pensais à rien de tout cela, je n'étais même pas certain de penser à quoi que ce soit, à vrai dire, il me semblait que ma tête était complètement vide alors que j'enchaînais les bêtises... En effet, je m'étais cogné contre la brune et j'avais réussi à me faire saigner du nez, ce qui l'avait bien amusée, même si j'avais vu ces sourcils se froncer légèrement lorsqu'elle s'était rendu compte que je saignais. Ce n'était pas bien grave en soi, mais bon, il fallait tout de même s'en occuper, par prudence, ce que j'avais voulu faire de ce pas, surement plus pour fuir cette situation embarrassante qu'autre chose. Malheureusement, j'avais seulement réussi à la rendre un peu plus embarrassante encore en m'emmêlant les pieds dans les marches et en m'affalant sur le sol. J'entendais la brune rire de plus belle, mais je n'y faisais pas très attention, trop occupé à me mordre la lèvre pour m'empêcher de jurer de douleur et de colère, aussi. La Colombienne ne tarde pas à se calmer cela dit et passe une main dans mon dos que je ne sens qu'à peine. « Mh-mh » lâche-je simplement pour répondre à sa question et la rassurer un peu, bien que ça n'allait pas du tout et que ça m'avait fait un mal de chien, mais ça je n'allais surement pas lui dire. J'accepte cependant son aide, glissant ma main dans la sienne pour me relever enfin. Je la lâche presque aussitôt, affreusement gêné, feignant avoir besoin de ma main pour me pincer le nez qui coulait toujours rouge. Je la suis dans la cabane et je tente de ne pas trop boiter, même si ce n'était pas l'envie qui manquait de sauter sur une jambe afin d'éviter le plus possible la douleur. Seulement, ça allait faire trop de bruit puis je m'étais, de toute façon, suffisamment ridiculisé aujourd'hui. Alors qu'elle m'apporte de quoi me rabibocher, je lui souris un peu. « Merci » dis-je toujours un peu timidement. Je ne me rappelais pas, d'ailleurs, la dernière fois où j'avais été aussi embarrassé. C'était la routine, avant, mais depuis quelques années, je m'étais endurci, par nécessité. Du moins, je le pensais, mais dans le fond j'étais toujours ce petit garçon maladroit qui baissait les yeux lorsqu'on lui parlait un peu trop fort, quand je le voulais. « Tu peux aller voir Nathaniel si tu veux, il est dans la chambre. » Je ne voulais pas qu'elle reste là, à me fixer, alors que j'arrêtais le saignement et vérifiais ma jambe, puisque j'avais l'impression que si elle le faisait, cette affreuse gêne ne partirait jamais, alors que tout ce que je voulais c'est qu'elle disparaisse enfin.