(VI) presque aux premières lignes quand le monde basculait soudainement, tu tâchais d'endiguer l'inévitable quand les morts se relevaient peu à peu. actes de cannibalisme qui horrifient, laissent sans voix. à l'aide de quelques internes et autres personnels de l'hôpital, fuite fut possible, état d'urgence et évacuation proclamée.

(V) première douche froide, quand ta femme et toi vous éloigniez de la civilisation. impossibilité de joindre vos enfants, mort avait déjà touché les campagnes. épouse dévorée sous tes yeux, impuissance et présente solitude pour déconstruire cet homme respectable que tu t'étais toujours forcé d'être.

(IV) de groupe en groupe tu circulais, prenant peu de risques, faisant part de tes compétences pour acheter ta survie, pousser à te faire confiance. opportunisme naissant, idées se noircissant, manipulation comme moyen de vivre un peu plus longtemps. t'es pas un homme bon, mais t'es pas non plus un homme mauvais. et pourtant, balance semblait peu à peu pencher plus nettement d'un certain côté.

(III) ellia comme nouveau départ, nouvelle opportunité pour toi. nouveau moyen de te reposer sur les autres pour éviter la mort. entrée volontaire, méfiance malgré tout, méthodes ne plaisent pas forcément, silence est gardé. poste de médecin en chef acquis après quelques mois, comme une évidence pour toi, modestie laissée de côté. fine rivalité avec le leader, tu ne peux t'empêcher de vouloir le contredire, ne pas toujours aller dans son sens, avoir le denier mot surtout.

(II) penchant pour la boisson qui au fil du temps devient une habitude, contrôle inexistant, dérapage imminent. verre de trop pour toi, idées floues, besoin de t'occuper. direction du poste médical est prise, bouteille toujours à la main ; fallait que tu t'occupes des patients. infirmier qui tente de t'arrêter, de te pousser à retourner te reposer, qui cherche à t'éloigner.

(I) passage à tabac presque inévitable, tu laisses parler tes pulsions, poings qui s'abattent sur la face du malheureux. acte presque cathartique, tu ne t'es arrêté que lorsque que l'autre a cessé de se débattre, que lorsque seuls quelques faibles gémissements lui échappaient, à demi-conscient. hémoglobine qui tâche le sol, qui tâche sa blouse, qui macule son visage. sûrement que quelques fractures venaient s'ajouter à sa peine. et toi, tu t'étais assis dos au mur, bouteille regagnant bien vite tes lippes. poings sanguinolents, ouverts par endroits, fine douleur comme un moyen de te rattacher à la vie, t'avais même pas eu l'audace de te débattre quand on était venu t'arrêter.

(0) isolement depuis ce jour, défiance toujours plus marquée chaque jour. rage qui prend aux tripes et refus de coopérer. regrets eux aussi présents. t'aurais dû te débattre, ne pas les laisser t'emmener. peut-être même t'occuper de vance avant qu'il ne s'occupe de toi. promesse faite que tu répareras ce point là, que chaque jour passé dans ta cage sera payé, d'une manière ou d'une autre.