Assis dans la pénombre, tu avais le regard porté dans le vague ou plutôt sur un imposant écran de télévision éteint. L'électricité était une notion bien lointaine, la lumière d'une ampoule était inespérée, alors celle d'une télévision... Ton ventre grondait comme un orage d'été, tu n'avais plus de provisions, que dalle. Tu avais carrément dilapidé toutes les ressources de la maison durant ces derniers jours. Il fallait bouger, trouver de quoi se sustenter puis revenir et continuer à se terrer. Tu n'avais quasiment plus d'espoir pour que cette sorte d'épidémie cesse, tu te laissais alors vivre, chaque jour étant éventuellement le dernier. Ta chair fraîche et ta maladresse finirait un jour où l'autre par attirer ces pantins. Ainsi soit-il t'armant de ton arbalète et de ton pistolet à la taille, tu avais ôté une planche en bois camouflant une des baies vitrées puis tu étais parti en direction d'une boutique alimentaire ou mieux encore d'un centre commercial. Ça faisait si longtemps que tu n'avais pas fait un peu de shopping, c'était devenu si ridicule ! Après un demi kilomètre à éviter tout zombie et à suivre les panneaux tu étais tombé nez à nez avec cet immense bâtiment regroupant plus d'une cinquantaine de boutiques. Le paradis. Observant les lieux de loin, tu avais opté pour entrer par derrière. Ce que tu redoutais le plus au fond, c'était les humains. Car eux, ils avaient encore la capacité à anticiper, à penser... Enfin à l'intérieur, le toit vitré filtrait la lumière éclatante du soleil, tu étais alors rapidement grimpé à l'étage le plus haut, t'approchant des cieux. Soulevant ton menton vers le bleu azur, tu avais fermé les yeux un instant pour t'imprégner de cette sensation délicieuse à laquelle tu ne prêtais pas attention à l'époque. Et alors que tu profitais de cet instant si stupide, un bruit sourd accompagné d'une insulte t'avait réveillé. Te retournant aussitôt, tu avais tendu l'oreille vers le bruit puis tu avais commencé à te diriger vers la source. Autant éliminer toute menace avant d'être surpris. Arrivé près de la boutique de pêche en catimini, tu avais aperçu une silhouette à quatre patte entrain de chercher quelque chose sous un meuble. Bondissant de ta cachette, tu avais attrapé le jeune homme par un de ses poignets puis tu avais rapidement lié l'autre, derrière son dos, comme les flics faisaient dans une de ces séries policières à la con que ta copine regardait. " Bouges pas t'as compris ! Es-tu infecté ? " comme s'il allait te répondre oui. Te retrouvant face à son dos, tu n'avais pu encore entrevoir son visage, mais l'implantation de ses cheveux te disait quelque chose, c'était impressionnant comme elle pouvait ressembler à la tienne tout comme la couleur... " Tu as un nom ? Réponds " tu avais alors serré ses poignets de plus belle, l'incitant à répondre plus rapidement.

L'humour utilisait te rassurer déjà. Tu venais juste d'apprendre son prénom, tu ne l'avais jusque là jamais entendu, ça sortait de l'ordinaire c'était le moins que l'on puisse dire. Cependant, tu hésitais toujours à le relâcher, et s'il en profitait pour prendre l'avantage et te dépouiller. Tu avais longuement réfléchi avant de desserrer la pression de ses poignets. Il avait bien dit "nouveaux amis" et non "ennemis". " Excuses moi, on est jamais trop prudent depuis toute cette merde " tu avais ensuite soupiré, regardant la petite boutique tout en posant tes mains sur tes hanches. Tu hésitais encore à découvrir ton pseudo prisonnier. Mais lorsque tu en avais eu enfin le courage, la surprise fut gigantesque. Ton souffle s'était coupé un instant, tu avais reculé, heurtant une colonne en verre que tu avais au passage renversée. L'homme qui se trouvait en face de toi était ton sosie, ton double. Et si tout ça n'était qu'un rêve, cette espèce d'épidémie, cette photocopie face à toi. Était-ce peut être ton inconscient qui te jouait des tours ? Tu avais alors fait plusieurs gestes pour t'assurer qu'il ne s'agissait pas de ton reflet. Nael n'avait pas suivi tes mouvements ridicules. Tu étais face à l"inimaginable. T'approchant de nouveau du brun, tu avais tâté son visage de tes deux mains. " J'hallucine putain, il manquait plus que ça, pourtant j'ai pas pris de... " tu avais soudain pété un câble défonçant les étalages les uns après les autres, t'attrapant le crâne en te balançant comme un fou. " Sors de ma tête, sors ! " avais-tu hurlé en t'adressant bien évidemment à Nael.