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Ma vie est assez banale en fait. Mes parents se sont rencontrés au lycée et ont eu le coup de foudre. Ils se sont rapidement mariés, puis chacun a poursuivi ses rêves. Ma mère est devenue archéologue, et mon père un scientifique réputé avant de devenir professeur à mi-temps à l'université. Et aussi longtemps que ça remonte, j'ai toujours été plus proche de mon père que de ma mère, cette dernière étant de plus en plus rarement à la maison, et se dévouant corps et âme à son travail. Je ne saurais dire si ça me dérangeait, puisque mon père faisait tout pour que son absence ne m'affecte pas trop. En tout cas j'ai eu une enfance relativement calme et normale, jouant tantôt avec des poupées et m'inventant de belles histoires de princesse, et jouant tantôt avec des voitures et des jouets de garçon. J'aimais les deux. Pourquoi se mettre dans des cases bien définies, alors que tant d'aventures et de découvertes me tendaient les bras ?

L'adolescence fut un peu plus compliquée. Si mon physique me permettait d'aller chez les pompom-girls, mon caractère moins docile m'attira les foudres de la chef. Bianca, telle était son nom, me prit en grippe et s'amusait à me rabaisser. Mauvaise idée, car je ne comptais pas me laisser faire. Pour commencer, je séduisis son petit-copain qui n'était autre que le meneur de l'équipe de baseball. C'était tellement facile de le manipuler. Puis je subtilisa son téléphone portable, envoyant des SMS stupides et méchants à tous ses contacts, avant d'envoyer à tous une photo osée qu'elle avait fait d'elle. Mais qui pourrait m'en vouloir ? Je vengeais tous ceux qu'elle méprisait et retournait sa propre bêtise contre elle. Bien sûr je fus soupçonnée, mais l'ange à la queue de démon que j'étais avait pris soin de ne rien faire remonter jusqu'à moi. Cependant, le proviseur qui n'était pas né de la dernière pluie me dit une phrase qui me resta. « La justice est une chose, la vengeance en est une autre. La justice est bénéfique, la vengeance détruit les autres et soi-même. Tu devrais réfléchir à ce que tu veux vraiment. » Je l'ai regardé sans rien laissé paraître, me disant qu'il avait dû fumer un merle pour me balancer ce genre de phrase toute faite. Mais je dois dire que je me la suis repassée en boucle. Au lieu de l'humilier, n'y avait-il rien d'autre à faire ? Après cet épisode, j'ai essayé d'être une meilleure personne et j'ai fais du ménage dans ma vie. Je me suis excusée auprès de cette fille et me suis ensuite rapproché d'une groupe plus calme que je ne l'étais. Ils m'ont aidé à faire ressortir ce qu'il y avait de meilleur en moi et j'ai rejoint diverses clubs et associations.

Le temps passant, j'ai eu mon diplôme et j'ai hésité entre plusieurs voies. Mais finalement, c'est l'école de police qui l'a emporté. Je voulais faire ce qu'il y a de mieux. Aider ceux qui en avaient besoin, et ramener si possible ceux qui étaient sur la mauvaise route. Tout s'est très bien passé. Je me suis parfaitement bien intégrer et j'ai même été major de ma promo ! Dans un milieu de mecs, il valait mieux se donner à 200% pour ne pas se faire distancer et être respecté. Hélas, ce fut au même moment que mes parents divorcèrent, et que j'appris que mon père avait une autre fille ailleurs. Une relation de quelques semaines, à force de ne plus voir sa femme. J'aurais pu lui en vouloir mais... les secrets de famille éclatant les uns après les autres, il s'avéra que cette dernière aussi n'avait pas été fidèle à mon père. Rapidement, ma mère partit vivre avec son nouveau compagnon, tandis que son ex-mari décidait de rester seul et de se plonger dans son travail. Il était peut-être resté en bons termes avec la mère de sa seconde fille, il n'empêche que l'affection qu'ils se portaient tenait plus de l'amitié que de l'amour. Mais au moins, j'avais une petite-sœur.

Les années passèrent ensuite rapidement, tout en ayant un goût de lenteur. J'ai gravi les échelons, passant de simple agent de circulation à lieutenant à la criminelle. Faut dire que j'avais du flair pour ce boulot, et la ténacité qui allait avec. Et puis j'aimais tellement mon boulot que je ne cherchais pas à me poser pour fonder une famille. A quoi bon ? Je n'étais clairement pas faite pour être femme au foyer et je me voyais encore moins dans le rôle de maman. Avec tout ce que je voyais, aucune chance que je veuille mettre un enfant dans ce monde. Mais n'allez pas croire que je suis une vieille fille sans cœur. J'ai eu des histoires comme tout le monde, me barrant lorsque ça devenait trop sérieux. A ma manière, j'ai un cœur d'artichaut. Simplement je préfère avoir des objectifs et les atteindre plutôt que de me laisser avoir par mes sentiments. Enfin... jusqu'à lui. C'est fou, on a beau avoir des convictions, on finit toujours par les transgresser. Je n'avais pas vraiment fait gaffe au départ, mais j'ai fini par sentir son regard. En me retournant, ça a fait tilt. Je devinais dans ses yeux ce côté sombre et torturé qui vibrait aussi en moi. Et je dois dire que je me perdais dans ce bleu océan qu'étaient ses iris, sans compter ce style de bad boy que j'avais toujours largement préféré au gentils garçons. Rapidement on s'est mis à discuter, se découvrant des passions communes et adorant de plus en plus passer du temps ensemble. Alors pour la première fois, j'acceptais avec la plus grande joie de me stabiliser avec lui et nos nombreuses années de vie commune débouchèrent finalement sur un mariage. Qui eut cru que moi, Skye Wilander et maintenant Frances, emmerdeuse à mes heures perdues et célibattante de religion, je me serais finalement embarqué dans cette aventure pour les beaux yeux de mon héros ? Car Seth est celui qu'il me faut, celui qui est né pour moi, et je ne compte pas le lâcher.