Après sept ans de bons et loyaux services, Born ferme ses portes. Merci à tous ceux qui ont participé, d'une manière ou d'une autre, de près ou de loin, à son aventure.
« T'es vraiment chiant quand tu t'y mets ! » s'exclama une voix visiblement en colère. Juliana sortit du véhicule et se retint d'en claquer la porte. Oui car même si elle était énervée, elle n'en était pas pour autant inconsciente. La jeune femme tapa doucement sur sa cuisse pour faire venir Shax, le berger allemand qui lui servait de compagnon quand Nathaniel commençait à grogner. Ce qui semblait être le cas. Les deux protagonistes s'étaient arrêtés dans une petite ville. Ils n'avaient plus rien à manger et avaient décidé de tenter leur chance. Mais la tention qui règnait entre ces deux là semblait palpable à des kilomètres. La raison ? La Zone 51. Ca faisait des jours qu'ils cherchaient. Juliana avait réussit à convaincre son coéquipier mais voilà, la jeune femme perdait patience et plus les jours passaient, plus elle avait l'impression de s'être trompée. Mais elle était buttée et jamais elle ne l'avouerait ouvertement.
Sa démarche rapide illustrait à quel point elle semblait en colère. Pas seulement contre le russe mais aussi contre les rôdeurs, contre cette situation et contre cette solitude. Juliana en avait marre. Pourtant elle semblait toujours optimiste mais ces derniers temps cela ne faisait plus vraiment ses preuves. Quoiqu'il en soit le plus important pour l'instant était de manger. La ville semblait déserte mais la brune savait à quel point il ne fallait pas se fier aux apparences. Elle avait repéré un magasin un peu plus loin et ne tarda pas à y entrer. Doucement, silencieusement, la brune passa la porte toujours suivit de son acolyte à quatre pattes. A partir de ce moment là le temps était compté. Sa dague à la main, l'ancienne danseuse s'aventura dans les rayons et déroba tout ce qu'elle put mais surtout, tout ce qu'il restait, c'est à dire pas grand chose. Son coeur battait à la chamade, elle ne s'était jamais faite à l'idée qu'un rôdeur puisse surgir de n'importe où. Il faut dire qu'elle s'était beaucoup reposer sur Nathaniel ces derniers temps, mais puisqu'elle avait décidé de faire la tronche, elle en assumerait les conséquences.
Mais, alors qu'elle s'avançait dans une autre allée, la jeune femme craqua. Elle aperçut un paquet de pop-corn au sol. Elle était littéralement a.f.f.a.m.é.e. Juliana s'en prit donc à l'emballage et commença à se délecter du maïs soufflé. Un soupire de bien-être tandis que ses paupières se fermèrent durant une demie-seconde. Ca faisait tellement du bien de manger.. Bien vite, un grognement lui fit ouvrir les yeux et la ramena à la réalité, dans ce magasin sombre et sordide à souhait. « Shax, qu'est-ce qu'il y a mon chien ? » l'animal avait été dressé pour ne pas aboyer à la vue du danger, histoire de ne pas attirer les marcheurs. La brune reposa son paquet de friandises. Son coeur s'emballa tandis que ses phalanges se crispèrent autour de son arme. La danseuse s'avança avec toute la grâce qui lui restait vers son chien qui se trouvait visiblement plus loin. Et lorsqu'elle s'engagea dans le rayon voisin la brune eut tout le plaisir d'admirer un rôdeur de dos. Le zombie s'avançait vers Shax en grognant lui aussi. Juliana déglutit péniblement mais en s'avançant elle shoota dans quelque chose, attirant ainsi l'attention du rôdeur « Merde.. » murmura-t-elle. La brune ne bougea néanmoins pas d'une semelle et attendit le moment fatidique pour planter sa dague en plein dans le crâne de l’ennemi. Le problème était que le corps s'affala bruyamment sur les étales et en fit tomber certaines. En d'autres termes, le rôdeur fut la source d'un vacarme pas possible. Et d'ailleurs, la jeune femme aperçut bien vite une petite armée s'avancer vers elle au loin. Qu'attendait-elle pour fuir ? Que la porte soit dégagée, parce que les rôdeurs en bloquaient royalement l'accès, parce que forcément, sinon ça n'aurait pas été drôle.
L’astre solaire ombragé de nuages débutait sa lente disparition, assombrissant ainsi le ciel de nuance rougeâtre pointant au-dessus de la cime des arbres longeant la route sinueuse que les deux survivants avaient emprunté. Si à l’extérieur tout semblait paisible, il en était tout autre au sein de l’habitacle de leur véhicule. Shax, un berger allemand qu’ils avaient recueillis chiot au cours de leur périple, allongé de tout son soûl sur la banquette arrière, la tête posée sur ses pattes avant, regardait tour à tour ses maîtres se chamailler. Depuis le temps, l’animal devait s’être habitué à leurs nombreuses joutes verbales. Les contractures spasmodiques des mâchoires du slave donnait un indice de taille concernant son état d’esprit actuel. Alors qu’il agrippait plus que de raison son emprise sur le volant, un panneau indiquant la prochaine ville apparue. Enfin une bonne chose. Depuis qu’un étrange message annonçant l’existence d’une Zone 51 qui accueillerait possiblement les survivants avait été capté par leur radio, Juliana était devenue impossible. C’était une idée fixe à laquelle la demoiselle ne démordait pas et leurs recherches infructueuses commençaient légèrement à tendre les nerfs déjà à vifs de cette dernière. Compréhensible. Mais toutefois particulièrement agaçant. De plus, leurs ressources alimentaires étaient littéralement épuisées. La faim leurs tenaillaient l’estomac fermement, ce qui n’arrangeait rien.
Fort heureusement pour eux, et surtout pour Nathaniel qui perdait peu à peu de sa superbe délaissant bien volontiers son calme olympien qui le caractérisait tant pour se laisser aller à la colère sous-jacente accumulée… Sortie théâtrale pour elle. Les yeux levés subrepticement au ciel pour lui. En trombe, Juliana s’empressa de sortir de la voiture accompagnée de leur fidèle animal pour se diriger d’un pas décidé vers un magasin abandonné. Tout comme cette ville d’ailleurs si l’on se fiait aux apparences. Chose qui n’arrivait jamais à l’ancien soldat. Contact coupé, il s’octroya un petit plaisir en allumant une cigarette tirée d’un paquet de Malboro rescapé. Son regard balayait sans cesse les environs. Quand soudain, un vacarme innommable fit bondir de surprise le jeune homme qui écrasa son précieux sésame en laissant échapper un grognement de mécontentement. Cette gamine allait finir par le tuer. L’idée de succomber à une crise cardiaque alors qu’il risquait tous les jours sa vie aurait pu l’amuser si des rôdeurs aux aguets ne se dirigeaient pas droit vers l’entrée de la boutique où se trouvait toujours Juliana. « Putain. » Marmonna-t-il entre ses dents. Dans le plus parfait silence, son corps se mouvait de manière féline afin d’approcher sans risque les morts-vivants trop occupés à observer leur quatre heure non loin d’eux.
Jusqu’ici accroupis, ce ne fut qu’une fois à proximité des créatures carnivores que Nate se releva imposant ainsi son mètre quatre-vingt-trois à la vue de sa comparse bloquée à l’intérieur. Son air renfrogné n’annonçait rien de bon pour le matricule de la demoiselle. En repliant son bras derrière sa nuque, il put facilement atteindre la sangle qui maintenait en position une machette récupérée dans un surplus militaire. Rapidement, il jaugea ses adversaires qui, bien que lents, n’en étaient pas moins dangereux. Surtout en nombre. Cinq. Dont deux ralentit par des tendons et autres nerfs manquant au niveau des chevilles… Dégueulasse. Là n’était pas la question. De sa main de libre il empoigna le col du plus lent pour le tirer à lui et insérer sa lame aiguisé au niveau du menton pour finalement voir la pointe ressortir de son crâne. Satisfait, il accompagna la chute du corps pour ne pas alerter les autres. Un de moins. A pas feutré, profitant des ombres qu’offrait cette fin de journée, il dissimula sa présence aux yeux du prochain rôdeur qui reçut un coup de machette en plein front. Cependant, ce dernier retomba en arrière malgré la vaine tentative de Nathaniel pour le rattraper à temps. L’attention des zombies restant se focalisa alors sur sa personne. Une bonne chose en somme. Son pied écrasa la tête de sa victime afin de récupérer son arme. Le bruit significatif du métal fendant l’air fit taire les beuglements animal de ces êtres purulent tombant un à un sous les coups brutaux du slave.
Sa basse besogne effectuée, il essuya le revers de sa lame sur les vêtements en lambeaux d’un des cadavres putréfiés et tira vers lui la porte. Une chance qu’ils n’aient pas été assez intelligents pour faire de même au lieu de pousser contre la surface vitrée. Débiles profonds. Son regard froid, perçant, rencontra celui de Juliana qui ne semblait pas avoir bougée d’un cil. Shax vint se frotter aux jambes de Nathaniel qui lui flatta la tête un instant. « Tu sais, si tu tiens tant que ça à mourir… Y a qu’à demander. » La nargua-t-il en lui offrant un sourire emplit d’une ironie à peine voilée. Tout en rangeant avec précaution sa machette dans son étui de fortune, il disparut du champ de vision de Juliana pour chercher de quoi se sustenter dans les allées. Il ne restait plus grand-chose mais le sac de la jeune femme ne semblait pas vide. Pour autant, un dernier tour ne ferait pas de mal. Son regard azur se posa alors sur la présence d’un paquet de pop-corn ouvert sur le sol. Nathaniel entreprit de se baisser pour attraper la sucrerie. « C’est pour ça qu’on a failli finir en carpaccio ? » Lui demanda-t-il, sourcil arqué, perplexe. Une nouvelle fois, il leva les yeux au ciel et envoya son dû à sa propriétaire. « J’aimerais bien dormir ailleurs que sur le siège avant de la bagnole ce soir, on ferait bien de se trouver une planque avant que la nuit tombe. » Termina-t-il en dénichant une boîte de raviolis parmi les décombres au sol. Ça ferait très bien l’affaire.
Juliana commençait à paniquer. Ce n'était pas la première fois qu'elle se retrouvait seule face à des rôdeurs, mais d'habitude, Nathaniel n'était jamais très loin. Son regard s'égara un instant sur le berger allemand qui grognait de plus en plus fort. Elle s'était redressée et s'était visiblement remotivée. Arme à la main, elle ne bougea pas d'un cil, laissant les rôdeurs s'approcher d'eux même. Le premier fut facile à éliminer. Shax s'occupa de lui broyer la jambe tandis que la lame de la brune s'enfonçait dans sa tempe. Mais les autres arrivaient bien vite, forçant Juliana à se retrancher un peu plus loin. Mais, heureusement pour elle, un bruit fit tourner les talons des zombies. Son regard en chercha un instant la source avant de finalement trouver celui de son coéquipier. Encore une fois il était venu à son secours. Elle soupira en roulant des yeux. Elle allait en entendre parler pendant des siècles, c'était sûr.
Une fois les ennemis achevés, Juliana s'avança doucement vers Nathaniel, silencieuse. Mais forcément, le blond ne put s'empêcher de lui faire une remarque « Tu sais, si tu tiens tant que ça à mourir… Y a qu’à demander. » répéta-t-elle d'un ton moqueur en levant les yeux au ciel. Oui, elle avait été imprudente mais ce n'était pas sa faute si ce gros lourdo de rôdeur s'était affalé, si ? La jeune femme ramassa son sac de vivres et attrapa le paquet de pop-corn que le russe venait de lui lancer. « J'crevais de faim. Shax s'est mit a grogné et j'ai vu que j'étais pas seule et puis ce gros balourd s'est effondré et ça a attiré les autres, voilà tout. » se justifia-t-elle en recommençant à grignoter, comme si de rien était. L'attaque de rôdeurs était devenue tellement banale que la brune s'en remettait assez vite, même quand la situation avait frôlé la catastrophe, ce qui n'était pas vraiment le cas aujourd'hui, ces deux là en avait vu d'autre.
A la seconde remarque, la jeune femme acquiesça. Le blond n'avait pas tord. Juliana avait les muscles tout engourdis, elle avait mal partout à force de dormir n'importe où. Elle en avait marre de bouger tous les jours sans pouvoir souffler. Elle était toujours aux aguets et dormait très peu de peur de se faire attaquer en pleine nuit. Ses cernes étaient marqués, sombres, ses traits tirés et sa maigreur lui donnait une bien faible allure. Son sac sur le dos, la danseuse passa une main dans ses cheveux et quitta le magasin pour reprendre le chemin de la voiture. Suivie par ses deux acolytes, la jeune femme ouvrit la portière arrière pour y déposer son sac et installer le chien. Elle monta ensuite côté passager et alluma la radio. C'était devenu un rituel pour elle. Elle espérait tellement qu'un autre message soit diffusé mais cela n'avait servit à rien.
S'enfonçant négligemment dans son siège, elle tourna la tête vers l'ancien militaire. « On a qu'à tenter la ferme qu'on a vu avant d'arriver ici. Ou peut-être se trouver un môtel j'en sais rien. Qu'est-ce que t'en penses ? Elle était plutôt isolée et puis la rivière qui la longe est assez large, je ne pense pas que les rôdeurs puissent la traverser. » son ton se voulait convaincant mais on voyait bien qu'elle perdait peu à peu espoir. Pourtant, Juliana était une femme très optimiste mais pas aujourd'hui. La fatigue y était pour beaucoup. Mais elle ne se plaignait pas parce qu'elle savait que Nathaniel aussi était fatigué, et que lui aussi avait faim. Pourtant il ne mouftait guère et semblait toujours d'attaque. C'était surement un truc de militaire ça. La brune se pencha pour lui coller un baiser sur la joue. Sans un mot. C'était juste pour le remercier sans vraiment l'avouer.
Les méandres obscures de son esprit tortueux regorgeaient d’une haine insoupçonnée, engloutis chaque jour par l’hôte meurtrie en proie à une culpabilité ayant fait place à une rage autodestructrice détruisant à petit feu celui qu’il avait été autrefois… Des envies passablement morbides en tête, il préféra fuir le regard inquisiteur de Juliana qui opta pour l’humour noir tout comme il l’avait précédemment fais. Balayant d’un geste sec son inconséquence, il dû faire un effort supplémentaire pour calmer son palpitant agité. Malgré leurs disputes, leurs divergences d’opinions et leurs caractères diamétralement opposés, Nathaniel avait pleinement conscience que la perte de la jeune femme serait également synonyme de la sienne… Sans réellement se l’avouer, elle était devenue l’une des raisons pour laquelle il parvenait encore à se battre. Dévastatrice, la colère le faisait tenir debout et avancer mais sans la présence de l’ancienne danseuse, il se serait jeté tête baissée dans l’extermination du plus grand nombre de ces choses responsables de la disparition de tout ce en quoi il croyait encore. Inutilement, il s’arracha à la noirceur pour revenir à la piètre réalité en posant son regard sur l’objet ayant causé ces précédents. L’estomac dans les talons, elle avait succombé à la faim sans réfléchir aux possibles conséquences de ses actes. « Tu connais les règles. On rentre, on vérifie, on fait le ménage si besoin et seulement ensuite on chercher des vivres. » Argumenta-t-il, lasse de cette situation qui l’épuisait. Son ton se voulait réprobateur et son air renfrogné ne faisait s’ajouter aux sérieux de son discours répétés à de multiples reprises. L’unique boîte de conserve trouvée en main, Nathaniel consentis à suivre la demoiselle à l’extérieur.
La lourdeur de ses pas résonnait tandis que le ciel s’obscurcissait davantage. Ils n’avaient plus beaucoup de temps. De nouveau au volant, sa main droite vint masser sa nuque endolorie. Sans cesser d’observer les alentours, il écouta attentivement les propositions qu’elle lui fit mais alors qu’elle avançait un argument pouvant paraître de point, les pupilles de l’ancien militaire s’écarquillèrent et sa poigne se raffermit sur le volant en piètre état… Lors des premiers jours de l’épidémie, encore seul à cette époque, le slave avait trouvé refuge près d’un cours d’eau près duquel s’élevait une bâtisse de plein pied. Ne trouvant pas le sommeil, assaillit des images douloureuses de ses proches déchiquetés, ce dernier avait négligemment laissé son crâne brûlant reposer contre la froideur de la fenêtre. L’agitation soudaine de l’eau attira son attention, le sortant de ses songes éveillés. Ses pupilles s’écarquillèrent instantanément. Lèvres entrouvertes de surprise. L’horreur se figea sur ses traits tirés par la fatigue… Une cinquantaine de rôdeurs s’extirpaient tant bien que mal des eaux. Ce fut à ce moment précis qu’il comprit… La race humaine n’avait pas la moindre chance face à ces créatures diaboliques qui, n’ayant nullement besoin de respirer, s’étaient contentés d’avancer vers une source de bruit lointaine, la faim les menant à traverser cette rivière…
Au contact des lèvres de Juliana sur sa joue mal rasée, Nathaniel sursauta. Peu habitué aux élans affectifs, les deux compagnons n’avaient généralement pas recours à ce genre d’attention. Lui en était incapable. Brusquement sortit de sa léthargie passagère, le slave toujours en proie à cette vision horrifique. « Non. On serait bien trop isolés. La route n’est pas en bon état et si on devait s’enfuir rapidement, ça compliquerait les choses. » Clair, net et précis. Sa décision était sans appel. La seule raison valable lui semblait difficilement explicable, aux vues des récentes sautes d’humeurs de la demoiselle il devenait clair que son optimisme avait été entaché. Nathaniel avait vu bons nombres de choses, avait fait bons nombres de choses, il souhaitait simplement épargner tant que possible Juliana. « Le bâtiment au bout de la rue possède deux étages et un escalier de sortie à l’extérieur accessible par le toit. En barrant les escaliers et en se réfugiant au dernier étage, on sera à l’abri. » Comme si on pouvait vraiment l’être dans ce nouveau monde. C’était toutefois mieux que rien.
A peine quelques mètres les séparaient de leur prochain refuge, lentement pour faire le moins de bruit possible, Nathaniel avança la voiture jusqu’à l’arrière du bâtiment pour leur permettre de pénétrer par l’issue de secours. Premier à sortir de la voiture, il récupéra le sac sans quitter des yeux l’échelle qui se trouvait bien plus haut que prévu. « Reste avec Shax dans la voiture, je vais voir ce qu’il en est. Si je ne suis pas de retour dans vingt minutes ou si des rôdeurs approchent, tu démarres et tu t’en vas. » Sans un mot de plus, il prit appui sur une benne afin de se hisser sur la pointe des pieds. Atteignant avec difficulté et du bout des doigts le premier barreau, il dû faire preuve de ténacité pour réussir à remonter à la seule force de ses bras. Quelques minutes lui suffirent pour retrouver la terre ferme, ou du moins le toit. Avec précaution, il sortit de son holster son unique arme à feu munit d’un silence fait maison et s’approcha de la porte menant au sein de ce qu’il espérait devenir leur point de chute. D’un coup de pied, il dégonda la porte déjà mise à mal. Il n’était pas devenu subitement suicidaire, mais en créant ce son Nate espérait attirer les zombies sur le toit pour les tuer un à un et vider complétement le bâtiment plus rapidement… La seule chose à laquelle il n’avait pas songé, c’était leur nombre… De longues séries de râlements s’en suivirent et ce ne fut pas un, ni même deux, mais bien une dizaine de rôdeurs alertés qui pénétraient à présent sur le toit… Mauvaise surprise.
Un rire presque enfantin échappa à Juliana en voyant Nathaniel sursauter. Cela faisait un moment d'ailleurs qu'elle n'avait pas rit et ça faisait du bien. Mais le ton tranchant qu'employa son acolyte lui fit bien perdre le sourire. Néanmoins, la jeune femme acquiesça. Sa confiance envers le blond était sans limite et elle comptait bien le suivre. Elle ne dit mot et se contenta d'un signe de tête approbateur. La voiture se gara donc derrière le bâtiment en question. L'idée était bonne et peut-être y aurait-il de quoi dormir confortablement là dedans. Ecoutant les indications du blond, Juliana se pinça les lèvres. Jamais elle ne ferait une telle chose. Jamais elle ne partirait sans au moins avoir tenté de savoir ce qu'il était advenu de son compère. « Oui chef ! » mentit-elle pour que Nathaniel parte le plus serein possible.
Juliana regarda le blond grimper avant de reporter son attention sur Shax, venu s’asseoir sur le siège conducteur, aux aguets. L'ancienne danseuse lui grattouillait le sommet du crâne d'un air distrait. Son attention était plus portée sur les alentours que sur l'animal. Mais les minutes passaient et son impatience maladive lui fit quitter l’habitacle. « Pas bouger, j'arrive. » lança-t-elle à l'égard de son compagnon à quatre pattes. Elle prit soin de fermer la voiture à clef avant de s'élancer à son tour sur la benne puis de grimper à l'échelle, sa dague accrochée à la ceinture d'un côté et son revolver de l'autre. La danseuse n'utilisait pas souvent son arme à feux, non pas qu'elle ne savait pas s'en servir, mais plutôt qu'elle manquait de munitions. Lorsque la colombienne arriva enfin sur le toit, elle tomba nez à nez avec Nathaniel et une dizaines de rôdeurs. Le blond s'en sortait bien pour l'instant, mais les zombis affamés semblaient coriaces. Et tandis que l'un d'eux s'approchait sournoisement de l'homme en action, Juliana détala pour venir lui planter sa lame dans le crâne. Son corps s'écrasa au sol comme une vulgaire poupée de chiffon. « Ne t'énerve pas, t'avais bien besoin d'un coup de main. » se justifia-t-elle en prévention.
L'attention des zombies étaient maintenant divisée et c'était beaucoup plus facile de se débarrasser d'eux. Mais alors que Juliana donnait un nouveau coup de dague dans le crâne d'un des voraces, elle eut du mal à récupérer son arme, tombant elle aussi au sol. Son visage se crispa sous la douleur. Son épaule écorchée la piquait mais elle n'eut pas le temps de se plaindre qu'une morte-vivante se jeta sur elle d'un air féroce. Fort heureusement, la brune était souple et lui asséna un chassé, tendant sa jambe à une vitesse fulgurante. Son coeur battait à la chamade et l'adrénaline saturait l'oxygène de ce toit. Oui, elle aurait pu tirer mais non parce que ça aurait fait trop de bruit. Finalement, la jeune femme réussit à venir à bout de ses quelques assaillants, laissant Nathaniel en éliminer un maximum. Essouflée, elle jeta un oeil à son épaule une fois le calme revenu. Quelques écorchures rouges vives mais rien d'alarmant. D'une main la jeune femme rabattit quelques mèches brunes retombées sur son visage. Ses mains sur ses hanches elle reprit son souffle. « J'ai laissé Shax dans la voiture, je vais vérifier le rez-de-chaussée avec lui, on se rejoint à l'intérieur. » et sans même laisser le choix à Nathaniel, la brune quitta le toit et ses cadavres puants.
Heureusement, aucuns rôdeurs n'avaient rappliqué entre temps, le chien à la vue de sa maitresse se releva. La jeune femme déverrouilla la portière et en laissa sortir le berger Allemand. Elle prit les deux sacs à l'arrière et referma le véhicule avant de s'engouffrer dans le bâtiments que devait être maintenant vide. La jeune femme laissa néanmoins l'animal pénétrer le premier, histoire qu'il prévienne en cas de danger. L'immeuble était poussiéreux, plus ou moins sombre avec la nuit tombante. Les escaliers étaient étroits et dans un sens, c'était un avantage. Juliana ne savait pas trop à quoi s'attendre la dedans. Ils leur suffisaient de trouver un appartement, juste pour la nuit, pour se reposer et pouvoir manger autre que dans leur voiture ou dans la forêt. Mais Shax grogna alors qu'il montait les escaliers. Sortant sa dague en s'avançant à pas de loup, la jeune femme se détendit lorsqu'elle comprit que l'animal grognait après un rongeur. Rongeur qu'il ne tarda pas à tuer. Lui aussi avait visiblement trouver son dîner.
Lambeaux de peau visqueux, tendons apparents, visages décharnés, dégoulinant de sang et de crasse, image même des profondes entrailles purulentes de l’enfer s’avançant droit vers la source de leur unique désir. Le rythme cardiaque du slave s’emballa alors qu’il jaugeait ses adversaires en reculant prudemment. Pas de précipitation. Bien trop nombreux, le peu de munition qu’il lui restait était bien trop précieux pour être gâché de la sorte. Lui préférant alors son arme de prédilection, il dégaina sa machette sans perdre le contact visuel. Bien plus grand que les autres, le premier s’approchait dangereusement, bras tendus en avant. La haine viscérale qu’il contenait sans cesse se déversa alors en lui par vagues successives, son visage se déforma alors en une grimace colérique. Les nombreuses barrières mentales érigées tombèrent une à une et ce fut le début d’une véritable boucherie. Son regard se voilait d’obscurité, Nathaniel laissa sa part de noirceur s’exprimait au travers de son bras armé vengeur. Avec facilité, il sectionna les deux mains du rôdeur. Un besoin de violence. De sang. De vengeance. Il ne voulait pas seulement les éliminer pour sa propre protection, il voulait leur faire mal, il voulait faire disparaître la moindre trace de leur existence. En transe, l’ancien militaire logea sa lame dans la cage thoracique du vorace et de sa main de libre, il arracha la mâchoire tombante de la créature. En prenant appui avec son pied, il retira son arme en poussant le zombie en arrière vers ses compères. Certains d’entre eux perdirent l’équilibre et s’effondrèrent tel un vulgaire château de carte.
Avec la rage du désespoir, Nate assénait les coups sans pour autant chercher à les faire tomber. Plusieurs membres jonchaient le sol, leur sang noirâtre déjà se répandait sur le sol. L’un d’eux n’était plus qu’un tronc remuant, geignant toujours autant dans sa course vaine pour atteindre sa proie devenue un véritable boucher. Pas l’ombre d’une pensée cohérente ne traversait l’esprit du jeune homme, littéralement possédé par sa colère. Cependant, un bruit métallique attira son attention et l’apparition du haut du crâne de Juliana lui fit l’effet d’un électrochoc. En délaissant les zombies pour la présence de la jeune femme, il en oublia l’espace d’un court instant les risques. Fort heureusement pour lui, et malheureusement pour son orgueil, la danseuse étoile vint à son secours et sauva in extremis son acolyte de l’attaque d’un rôdeur. « Tu dois confondre 20 minutes et 20 secondes apparemment. » Déclara-t-il furieux. Le temps était un luxe dont il ne disposait pas, aussi, le slave remit à plus tard son sermon pour revenir à sa tâche initiale. Nettoyer le lieu. A deux, cela irait plus vite bien qu’il se serait passé d’aide. Et pour cause, Nate ne pouvait s’empêcher de garder un œil sur elle et la peur qu’il ressentait le rendait moins vigilant. Pour autant, il vint à bout de deux d’entre eux et tandis qu’il s’attaquait au troisième la chute de Juliana lui arracha un grognement guttural. Avec rapidité et brutalité, il s’élança vers les derniers restant jusqu’à ce que le dernier succombe d’une décapitation. Sa tête roula aux pieds chaussés, et entachés du sang de ses créatures, du jeune homme essoufflé. D’un signe de tête affirmatif, il accepta la proposition de Juliana.
De nouveau seul, la tension retombant peu à peu, il ne put qu’observer le résultat de son déchainement de violence. Un haut le cœur. Puis, fatalement, il régurgita un liquide jaunâtre. Uniquement de la bile. Et pour cause, cela faisait plusieurs jours qu’il n’avait rien avalés. A l’aide de son avant-bras, il essuya les perles de sueur recouvrant son visage. Il fallait à tout prix qu’il se reprenne. En écumant le dernier étage, il trouva un appartement en désordre mais qui possédait un ballon d’eau personnel et qui contenait encore un peu de ce liquide précieux. De plus, la porte d’entrée était blindée ce qui leur offrait une sécurité supplémentaire. En silence, il dégagea le salon de ces meubles le plus volumineux pour les amener près de la porte afin de la barricader par la suite. Puis, il prit l’unique matelas pour le disposer sur le sol de la pièce principale. La bandoulière de son sac glissa le long de son bras, délester de ce poids il se massa à nouveau la nuque dont les douleurs musculaires ankylosaient ses épaules. Avec précaution, il referma la porte derrière lui et écuma l’étage. Bredouille de tous vivres supplémentaires, il n’y avait aucune trace de voraces. Trois à trois, Nathaniel dévala les marches pour se retrouver au second étage où il perçut au loin Juliana et Shax. « Il va falloir qu’on redéfinisse les règles. » L’interpella-t-il fermement, les bras croisés sur son torse. Signe de son mécontentement.
Lentement, le jeune homme parcouru les quelques mètres le séparant encore d’elle en balayant toutefois les alentours d’un regard soupçonneux. Il avait pris assez de risques pour le mois. Sans un mot de plus, il récupéra les deux sacs pour délester la demoiselle. « J’ai trouvé un appartement idéalement situé si on a besoin de fuir rapidement. On y restera un jour ou deux, histoire de se reposer et de reprendre des forces. Suis moi. » La froideur du ton employé n’était que le résultat de la peur qui l’avait envahis en voyant chuter Juliana à présent blessée. De simples égratignures qui rappelait à Nathaniel son incapacité à pouvoir la protéger… Contre elle-même. La trajet les menant à leur lieu d’habitation fut court et une fois la porte close, le slave repoussa les meubles contre cette dernière par sécurité. Dans un silence quasi religieux, Nate fouilla dans son sac pour en tirer des compresses et une fiole de whisky récupéré lors de leurs nombreuses fouilles. D’un regard, il intima l’ordre à Juliana de s’asseoir sur le canapé en piteuse état puis, il prit place en face d’elle. S’agenouillant pour être à sa hauteur, il versa quelques gouttes du liquide ambré sur les plaies superficielles qu’il tamponna doucement. « Voilà pourquoi je ne veux plus intégrer de groupe. Tuer des rôdeurs c’est quelque chose que je maîtrise, mais l’être humain est par définition indomptable et imprévisible. » Affirma-t-il sérieusement d’une voix rauque, son regard ne quittant pas l’épaule meurtrie de Juliana. Ses iris bleutée reflétant toutes sortes d’émotions que lui-même ne saurait définir…
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Sujet: « C'mon Dude » Nathaniel 
Mer 2 Juil - 14:28
L’astre solaire ombragé de nuages débutait sa lente disparition, assombrissant ainsi le ciel de nuance rougeâtre pointant au-dessus de la cime des arbres longeant la route sinueuse que les deux survivants avaient emprunté. Si à l’extérieur tout semblait paisible, il en était tout autre au sein de l’habitacle de leur véhicule. Shax, un berger allemand qu’ils avaient recueillis chiot au cours de leur périple, allongé de tout son soûl sur la banquette arrière, la tête posée sur ses pattes avant, regardait tour à tour ses maîtres se chamailler. Depuis le temps, l’animal devait s’être habitué à leurs nombreuses joutes verbales. Les contractures spasmodiques des mâchoires du slave donnait un indice de taille concernant son état d’esprit actuel. Alors qu’il agrippait plus que de raison son emprise sur le volant, un panneau indiquant la prochaine ville apparue. Enfin une bonne chose. Depuis qu’un étrange message annonçant l’existence d’une Zone 51 qui accueillerait possiblement les survivants avait été capté par leur radio, Juliana était devenue impossible. C’était une idée fixe à laquelle la demoiselle ne démordait pas et leurs recherches infructueuses commençaient légèrement à tendre les nerfs déjà à vifs de cette dernière. Compréhensible. Mais toutefois particulièrement agaçant. De plus, leurs ressources alimentaires étaient littéralement épuisées. La faim leurs tenaillaient l’estomac fermement, ce qui n’arrangeait rien. 
Un rire presque enfantin échappa à Juliana en voyant Nathaniel sursauter. Cela faisait un moment d'ailleurs qu'elle n'avait pas rit et ça faisait du bien. Mais le ton tranchant qu'employa son acolyte lui fit bien perdre le sourire. Néanmoins, la jeune femme acquiesça. Sa confiance envers le blond était sans limite et elle comptait bien le suivre. Elle ne dit mot et se contenta d'un signe de tête approbateur. La voiture se gara donc derrière le bâtiment en question. L'idée était bonne et peut-être y aurait-il de quoi dormir confortablement là dedans. Ecoutant les indications du blond, Juliana se pinça les lèvres. Jamais elle ne ferait une telle chose. Jamais elle ne partirait sans au moins avoir tenté de savoir ce qu'il était advenu de son compère. « Oui chef ! » mentit-elle pour que Nathaniel parte le plus serein possible. 
Lambeaux de peau visqueux, tendons apparents, visages décharnés, dégoulinant de sang et de crasse, image même des profondes entrailles purulentes de l’enfer s’avançant droit vers la source de leur unique désir. Le rythme cardiaque du slave s’emballa alors qu’il jaugeait ses adversaires en reculant prudemment. Pas de précipitation. Bien trop nombreux, le peu de munition qu’il lui restait était bien trop précieux pour être gâché de la sorte. Lui préférant alors son arme de prédilection, il dégaina sa machette sans perdre le contact visuel. Bien plus grand que les autres, le premier s’approchait dangereusement, bras tendus en avant. La haine viscérale qu’il contenait sans cesse se déversa alors en lui par vagues successives, son visage se déforma alors en une grimace colérique. Les nombreuses barrières mentales érigées tombèrent une à une et ce fut le début d’une véritable boucherie. Son regard se voilait d’obscurité, Nathaniel laissa sa part de noirceur s’exprimait au travers de son bras armé vengeur. Avec facilité, il sectionna les deux mains du rôdeur. Un besoin de violence. De sang. De vengeance. Il ne voulait pas seulement les éliminer pour sa propre protection, il voulait leur faire mal, il voulait faire disparaître la moindre trace de leur existence. En transe, l’ancien militaire logea sa lame dans la cage thoracique du vorace et de sa main de libre, il arracha la mâchoire tombante de la créature. En prenant appui avec son pied, il retira son arme en poussant le zombie en arrière vers ses compères. Certains d’entre eux perdirent l’équilibre et s’effondrèrent tel un vulgaire château de carte.
