Well ... Shit Ft. Iwan

Carry on my wayward son. There'll be peace when you are done. Lay your weary head to rest Don't you cry no more.

« - Il y a plusieurs choses dont tu dois te souvenirs, Abbie. La première : C'est de garder ta concentration. Et, je suis certains qu'au moment où je te parle, tu penses à tout sauf à l'Arc que tu tiens dans tes mains.

Un coup d’œil à l'Egyptien, et la brune se mâchouille les lèvres. Son arme en joue.

- Je le suis.
- C'est ça, je suis prêt à parier ta console que tu penses encore à ta bouffe. Qu'il s'énerve en plaquant ses mains sur sa taille, la forçant à travailler sa posture. Il n'y a rien d'ambigüe dans le geste, tout est toujours professionnel, avec lui.
- Ok, t'énerves pas Chichou ! S'amuse la brune en tirant sur la corde de son arc.
- C'est Chéchi ! Rectifie l’égyptien, son Anglais encore une fois saccagé par son accent fort. Arrête de penser au Sushis que tu vas t'engouffrer ce midi, et écoute !

Et pour toute réponse, le ventre de la gamine se met à gronder avec force.

- Même ton corps te trahie, Rouspète le brun en se plantant devant elle. Sa peau halée sous ses cheveux ondulés si sombres qu'ils ressemblent à de l'ancre, autant que ses yeux dont on ne distingue jamais les iris. Impossible de savoir quand ce type vous ment. Une vraie tombe.

Et c'est pour ça qu'elle l'a choisi, contrairement aux protestations de son père qui tente de lui refourguer un Indépendant Américain choyé par toutes les 'Peoples' de sa génération, totalement hors de prix pour le type de service qu'il offre. Chéchi  lui, malgré son nom improbable, est authentique. Pourtant, elle sait qu'il se retient. Que son père a fait pression sur lui. Il ne lui apprend pas tout ce qu'elle voudrait savoir. C'est la fille d'un homme Politique bien trop haut placé, un homme dont on vente les mérites et assure que bientôt, il présidera le pays.

- Et les autres ? Le presse Abbie, qui commence à sentir ses muscles défaillir à force d'être tendus. L'exercice est insoutenable, une véritable torture pour une bonne mise à l'épreuve.

La tirade arrache un sourire à son entraîneur, qui croise les bras avant de pivoter pour se placer à côté d'elle.

- Eh bien déjà, il y a la patience, Eliott. Et ça, je suis au regret de te dire que ce n'est vraiment pas ton fort. Tu gagnes en précision, mais tu réfléchis trop lorsque tu tires. Tu dois retenir ta respiration, Abbie. Oublie toute ton oxygène. Et ferme ton œil droit.  

- D'accord . ...Chichou. »


De nos jours.

Avancer, respirer, positionner, en joue : Tirer. Elle avait appris, et depuis le temps, Abbie sait comment y faire avec son arme. Après tout, en deux ans, la babiole s'est changée en arme mortelle entre ses doigts devenus experts. Alors, lorsque les branches avaient craqué autour d'elle, l'ancienne étudiante avait foncé. Telle une flèche. Répétant encore et encore mentalement les rares savoirs d'une vraie mine. Chéchi lui avait enseigné autant que possible, Abbie avait dû faire le reste par la suite. C'est tout ce qui l'a sauvée de ce cataclysme après tout.

Ce n'est plus qu'une étoile filante parmi les arbres, petite, rapide et enragée. C'est à peine si le pauvre bougre à le temps de comprendre. Il n'a rien demandé, il a simplement eu la malchance de dégoter un gros gibier, tandis qu'elle, crève de faim. Se concentrer et oublier son estomac qui gronde n'a rien d'aisé, cette fois. Elle n'a pas eu un petit déjeuné de reine ce matin. Elle n'a eu que quelques fruits à peine comestibles. La petite brune bondit déjà sur un rocher, la corde de son Arc grinçant alors qu'elle pointe la flèche droit vers la tête d'un blond revêche aux lèvres épaisses.

« - Bouge pas. OU T'AURAS MA FLÈCHE ENTRE LES DEUX YEUX ! Qu'elle crache, sans même prendre la peine de faire les présentations. Elle veut simplement ce putain de Lapin qui gît sur son épaule massive.

Et Abbie Eliott ne loupe jamais une cible, même en mouvement. La bouffe se fait trop rare après deux ans d'errance. Les morts prennent tout. Même les petites bestioles poilus.

Elle n'a pas toujours été comme ça. Non, Abbie se souvient, qu'autrefois, il y avait encore de la bonté en elle. Avant le massacre, avant qu'on lui arrache tout. Avant qu'elle ne commette l'irréparable, l’impardonnable.

 

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Fixette. Chacun admire l'autre. Quoi que le mot soit un peu gros pour eux. Non, il se jaugent, s'étudient. Ce type est robuste et immense, contrairement à elle. Chéchi lui disait toujours de ne jamais jouer sur la force, mais sur la ruse. Et autant dire que dans un monde pareil, reprendre des forces est loin d'être facile. Raser la forêt entière et tomber sur des cadavres de bestioles, ou sur des zombies, n'est pas fait pour l'aider non plus. Et, contre toutes attentes, l'autre s'emballe, la gavant avec des notions de politesse. Pourtant, la jeune femme ne bouge toujours pas. Il a une tronche de truand, le genre à te surprendre dans un coin de ruelle un soir pour te détrousser. Ou pire. Maintenant qu'elle l'a menacé, pas de retour en arrière possible. La faim domine ses gestes et ses actions, elle aurait dû réfléchir avant, mais il est trop tard.

«  - Donne. Moi. Ce. Foutu. Lapin. Qu'elle gronde en ses dents.

Ses parents ? La corde de l'arc se tend automatiquement à l'évocation de ceux qu'elle a perdu. Ironiquement, ce type semble ne pas la reconnaître, peut-être est-il de ceux qui se foutent de la politique. Tant mieux, Abbie déteste qu'on la compare à ses parents, qu'on l'accuse, qu'on la foute dans le lot du gouvernement. Gouvernement que beaucoup pensent responsable. Elle, est persuadée qu'il est tombé le premier. Mais elle n'était encore qu'une gamine lorsque tout ça est arrivé. Et à présent, elle est quelque chose ... d'autre. La  Abbie des premières années est-elle seulement encore présente ?

- Parle pas de ce que tu sais pas, fais pas le con, j'en ai tué pour moins que ça. Rétorque la survivante en le fixant, sans ciller ni même sembler douter.

Maintenant qu'elle est là, elle doit assumer jusqu'au bout.

- Oh, nan. Ca, ce sera l'apéritif ! » Ajoute la brune, perdant soudainement patience. Tant pis pour lui.

Va-t-elle vraiment encore tuer ? La jeune femme grince des dents, sentant ses muscles fins se tendre sous la pression de la corde tirée au maximum. Elle peut le faire, elle l'a déjà fait. Mais, contrairement à ce qu'elle a prétendu plus tôt, certainement pas pour une pauvre carcasse de lapin. Encore moins pour un gibier aussi petit. Les limites, elle doit s'imposer des limites, la survie ne dépend pas que de la mort. Cette phrase, Abbie tente de la répéter en boucle chaque jour. Ne pas sombrer complètement. Elle ne doit ni faiblir, ni perdre son humanité au détriment de la sauvagerie. Non, tuer n'est pas la solution. Parfois, elle parvient à se résonner. La jeune femme lâche alors soudainement la pression, la corde se détendant et la flèche sifflant, se dirigeant droit vers la cuisse du pauvre bougre. Perchée légèrement en hauteur, Abbie se laisse glisser sur la pente, arrivant aux pieds du détenteur du lapin avant de projeter une poignée de terre. Directement sur son visage. Douleur plus effet de surprise, la terre dans les yeux devrait parvenir à l'aveugler quelques secondes, juste le temps pour elle de se redresser, et d'agripper le gibier à son épaule. Tout en le poussant de toutes ses forces pour lui faire perdre équilibre, malmené à cause de la flèche coincée dans la chair de sa cuisse et la terre dans ses yeux.

Et déjà, elle n'attend pas, se faufilant entre les arbres et les branches pour se sortir de là. Lapin et arc sur son épaule, son autre main écartant toutes les branches. Courant comme le gibier mort qu'elle tient d'une main ferme et déterminée. Expirer, inspirer. Surtout, ne pas flancher, ne pas ralentir, et ne pas se retourner.

 

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Ne pas trébucher est son premier objectif. Ne pas se prendre un arbre le second, le dernier étant de semer ce foutu type pour se faire un feu dans un coin, et bouffer ce satané gibier. Puis dormir autant de temps que possible dans sa planque miteuse et vivre encore une autre journée typique. Peut-être bien qu'elle volera un autre bougre qui la prendra une nouvelle fois pour une petite chose sans défense ni culot. Ce mec avait sincèrement l'air de croire qu'Abbie ne tirerait pas. Mais elle l'a fait, et maintenant elle doit fuir cet enfoiré qui respire fort dans son dos. Parfois, elle imagine même que le souffle dans sa nuque n'est pas celui du vent, mais de son poursuivant. Son cœur frappe ses tympans. L’endurance est plus importante qu'à l'arrivée de l'épidémie, mais Abbie sent tout de même un goût de sang sur son palais. Une saveur amer de fuite désespérée. Les pas se font de plus en lourd, les bottes qui écrasent le sol avec tant de vivacité ne sont pas les siennes, mais bien celles du blond qu'elle vient de ridiculiser. Elle sent avant de voir le bras qui agrippe son poignet, venant basculer sa silhouette à terre. Et c'est un cri de rage que la petite sauvage se tortille pour se débattre, sentant la prise de son arc lui échapper. L'autre jubile, heureux de son coup. Mais Abbie refuse de se laisser vaincre aussi facilement. Elle ne peut pas perdre alors qu'elle était si proche du but. Ses petits doigts fins forment un poing, qu'elle écrase aussitôt sur le nez de l'enfoiré. Si le coup n'est pas assez puissant pour le pousser loin d'elle ou l’assommer, il l'est assez pour le surprendre et lui faire voir des étoiles quelques secondes. Suffisamment pour lui donner le temps d'aller agripper son couteau de chasse à sa ceinture et le figer sous sa nuque. Lame mordante contre sa chair.

«  - Lâche-moi. Qu'elle souffle, la gorge pâteuse et le corps douloureux. Chaque membre semble trop lourd à porter, elle n'a aucune garantie avec cette arme là. Il peut parfaitement avoir la dextérité nécessaire pour la repousser et s'en tirer avec une simple égratignure.

Elle est à l'aise avec un arc, pas avec le reste ! La carcasse grise du lapin gît à côté d'eux, tandis que les émeraudes pâles et enragées de la survivante fixent l'assaillant. Elle s'est foutue dans une sacrée impasse, mais une idée mauvaise germe dans son esprit. Et c'est avant de lui laisser le temps de répliquer, qu'elle ajoute d'un ton narquois :

- J'ai empoisonné la flèche. 

Ses lippes forment un rictus mauvais, et un rire presque psychotique s'en échappe. Après l'art de manier les flèches, Abbie sait aussi manier le mensonge. Heureusement pour elle, il lui reste quelques atouts à sa botte pour pouvoir s'en sortir. Ou du moins, essayer ... La jeune femme attend, ne quittant pas son regard. C'est un mensonge, mais lui ne le sait pas. Elle n'a plus qu'à prier pour qu'il tombe dans le panneau.

- J'ai l'antidote, dans ma planque. J'ai utilisé le dernier sur moi. Termine calmement Abbie, retrouvant peu à peu sa respiration. Alors, tu vas faire quoi ? Je te préviens, menace-moi autant que tu le voudras, on crèvera tous les deux si tu me suis pas. »

Cette idée est vraiment stupide, mais elle n'a rien trouvé de mieux. La faim, la fatigue et la douleur la tiraillent tellement qu'elle est même prête à la pire des folies.

 

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Elle est dans la merde jusqu'au cou. Et maintenant que c'est fait … Autant le baratiner un maximum. Abbie est secouée de spams incontrôlables, presque fous, alors qu'elle annonce avec ironie à l'autre enflure qu'elle a empoisonné la flèche. Ce con ne s'y attendait pas, vu la tronche qu'il fait à l'annonce morbide. Ca lui arrache un sourire fier, agaçant et orgueilleux. Mais l'autre se refait vite une image de parfait connard indécent, avant de se mouvoir en vitesse. La lame contre sa gorge s'enfonce dans l'épiderme, laissant une traînée d'hémoglobine souiller la lame. La surprise l'empêche de réagir alors que le blond vient agripper une flèche dans son carquois, venant l'enfoncer sans la cuisse de la jeune femme. La réaction se fait immédiate, alors qu'elle recule en éraflant un peu plus la nuque du type. Ce connard vient de lui planter sa propre flèche dans la cuisse, et à main nue ! La brune mord sa langue pour éviter d'hurler. Si elle a dégommé la plupart des zombies dans la matinée, le vacarme qu'ils viennent de faire en a sûrement rameuter pas mal dans les environs. Le visage en sueur, les épaules tremblante et la moue haineuse, Abbie tente d'agripper la flèche fichée dans sa cuisse. Non pas pour l’extraire, mais pour briser la branche trop grande. Mais l'enfoiré la devance, la retirant brutalement de sa chair avant de la jeter à terre. La douleur est insoutenable, mais elle ne veut pas lui faire le malin plaisir de la voir défaillir. Le couteau disparaît lui aussi, pour finir dans les mains de l'autre connard. Maintenant, elle est désarmée et risque de se vider de son sang, parce que cet imbécile semble ignorer qu'on ne retire jamais une arme plantée à vif avant d'avoir de quoi se soigner. Les larmes menacent de s'extraire de ses glandes lacrymales, simples goûtes de douleurs incontrôlables. Mais ses émeraudes lancent des éclairs, alors qu'elle crache avec véhémence :

« - AH ! Va te faire foutre ! T'as rien pigé non plus.

Et de tourner les talons sans attendre. Non, ce connard n'a pas compris qui elle était, mais ça n'a plus aucune importance. D'ailleurs, ça n'en a jamais eu. Elle n'est plus Abygaëlle Eliott. Simplement Abbie, le vestige d'une jeune femme promise à un brillant avenirs, à présent vouée à sombrer dans la sauvagerie et l'instinct animal. Il sont quittes maintenant. L’orgueil bafoué et la jambe trouée. Abbie n'attend pas pour se frayer un chemin entre les arbres, boitant malgré elle tout en serrant les dents. Sa nuque transpire d'une sueur froide, et la belle à la bouille souillée de crasse et de terre n'a même pas réalisé qu'elle tenait toujours le lapin dans son autre main. Son pantalon commence déjà à rougir, alors que le tissu absorbe le sang. Avec un peu de change, il sèchera. Mais Abbie prend tout de même la peine d'aller déchirer le bas de son T-Shirt, se foutant bien d'exposer un bout de son bas ventre. Le temps de faire une pause pour se pencher et enrouler le tissu autour de sa cuisse, et elle repart déjà. Sur le chemin, le paysage semble surréaliste. Des tas de cadavres aux fronts fendus jonchent les feuilles et les branches mortes. Une fainéasse, elle ? Certainement pas.

Disons juste que la pêche n'était pas très bonne.

Tout en jetant un regard plein de dédain à l'autre enflure, Abbie enjambe la carcasse dépouillée d'une blonde à la décomposition à peine commencée.

- C'est par là. Fait-elle sans trembler, tout en rejoignant l'autoroute. Bien-sûr, les flèches ne sont pas empoisonnése. Mais il l'a tient, et elle n'a pas d'autres moyens. En revanche, il va bien falloir qu'elle trouve une solution pour se débarrasser de lui et récupérer son arc. Pas question de partir sans. Il lui reste toujours ses flèches dans son carquois, mais elle n'aura jamais le temps d'esquisser le moindre geste sans se faire prendre. Ce type est sacrément rapide, et armé avec son meilleur couteau de chasse. Elle aussi, mais pas autant. Sur l'autoroute, c'est le même spectacle morbide. Plusieurs cadavres jonchent le goudron tâché, traîné dans la boue, leurs boyaux ou le sang.

Le tout est de rejoindre le centre de la ville, Abbie s’empare lentement d'une flèche, tout en restant à bonne distance de l'autre.

- Je vais pas là-bas sans rien, alors plante-moi et crève lentement maintenant ou ferme-là et suis-moi. » Grogne la brune à son attention, avant de faire tourner la flèche entre ses doigts avec flegme.

Il ne reste pas tant de morts que ça ici, mais ils ne sont pas non plus inexistant. Elle n'attend même pas sa réponse, et commence à marcher en direction de la ville.

 

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Il fallait qu'elle tombe sur le plus gros connard à disposition dans les enivrions. C'est toujours pour sa gueule. Le plus agaçant, c'est que cet imbécile ose la prendre pour une amatrice, une enfant. Ce qu'elle n'est plus, plus depuis que tout à commencé. Elle est presque de la nouvelle génération. Assez jeune pour s'adapter, mieux que les autre. Quoi que, celui là semble assez malin et … Sauvage. Une version animale. Ce qu'elle est devenue, ce qu'Abbie n'était pas par le passé. Le passé … Ils n'y sont plus. La petite brune à l'apparence fluette lui adresse un regard plein de dédain, s'amusant toujours à faire tourner la flèche entre ses doigts. Encore un machiste qui se la joue dominant. Ses iris dédaigneuses l'avisent de la tête aux pieds, malgré la douleur lancinante dans sa jambe, malgré le contacte désagréable du sang séché, de la faim et de la fatigue. Ou encore de cette légère odeur de sueur qui émanent de leurs deux carcasses. C'est à peine si elle y fait attention.

Elle ignore la première remarque, et saute sur la seconde :
«  - Et comment je fais pour te ramener à ma planque, gros malin ? Lance Abygaëlle avec humeur, Va falloir grimper un peu.

S'il croit qu'elle s'est amusée à faire son nid à portée de mains des marcheurs, c'est que ce type a deux ou trois trucs à apprendre. Abbie renifle, cessant le mouvement circulaire de la flèche pour la tenir fermement. Elle n'est pas en bois, mais en métal. Il a son carquois, avec ses maigres réserves, et cet imbécile a jeté celle qu'elle avait plantée dans sa cuisse sans se donner la peine de la ramasser. Une flèche en moins. Avant, ç'aurait été désuet. A présent, c'est une perde de taille. Trouver des munitions de ce type est très compliqué. La jeune femme soupire longuement, fixant le gros camion blanc à leur côté, avant de le longer avec prudence pour continuer son chemin sur la route. Plusieurs carcasses de métal jonchent le goudron sale et presque infesté de mauvaises herbes. Le déclin commence, les vestiges du passé seront un jour englouties par la nature, qui aura repris ses droits sur les fondations humaines.

La survivante ne brise pas une seule fois le silence, et ça lui va. Elle n'aime pas parler, elle n'a jamais été autrement que Taciturne. Une lacune selon sa mère, une force selon son père. Ainsi, elle ne parlerait jamais trop vite et réfléchirait avant d'agir. Comme aujourd'hui ? Lance une petite voix moqueuse dans son crâne. C'est différent, elle crève de faim. Peut-être n'a-t-elle pas encore assez d'expérience aussi, dans ce nouveau monde, qui n'en manque pas ? La ville apparaît rapidement, et Abbie lève les yeux vers une tour avant de fixer un bâtiment au toit plat. Plusieurs passerelles de travaux solidifiés permettent l'accès entre les deux immeubles.

- Faut rentrer là-dedans. Indique Abbie en pointant la porte du plus petit, une banque dépouillée. On doit aller sur le toit. En général je grimpe pour y aller, y a des rôdeurs à l'intérieur et ce serait une perte de temps. Mais on tous les deux une jambe invalide, alors va falloir faire un peu de nettoyage. Eh, essaie pas de me rouler, même si t'as une idée de l'endroit, il est bien planqué. Si j'sors pas envie, toi non plus. »

Quelque chose lui dit que ce connard va trouver le moyen de protester. S'il peut se faire bouffer par les zombies, ça l'arrangerait.

 

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Un sourire ironique lui échappe alors que l’autre la traite de cinglée.

« - Bien sûr que oui ! Comment tu crois que j’ai fait pour survivre jusqu’ici ? Qu’elle rétorque narquoisement, flèche toujours serrée dans sa main fine.

Elle va vraiment devoir se démerder avec ce truc ? Ce gars la sous-estime de plus en plus à chaque minute qui passe, mais Abbie s’en moque. Tout ce qui compte, c’est de tenir et de survivre, qu’importe la méthode du moment qu’elle ne dépend pas de la couardise. Alors que l’autre lui propose de rester en retrait, la brune renifle tout en fixant le bâtiment. Va chier, connard de misogyne.

- hun hun. Bon ? T’avances grand-père ? S’impatiente la sale gosse en soupirant, avant de danser d’un pied à l’autre. Grimaçant aussitôt en sentant la blessure à sa cuisse lancer vivement. Il faut qu’elle soigne cette saloperie au plus vite.

- Avec tout mon matos rien que pour toi ? Qui est stupide maintenant ? S’exaspère la jeune femme, avant de tourner le menton vers plusieurs bâtiments. Pour le moment, aucun rôdeurs dans les environs. Mais elle sait que ça ne dure jamais. Ici, ils peuvent arriver seuls, ou par groupes.

Trois coups portés la ramènent aux portes de la banque, tandis que l’autre gugus barbu tente d’attirer la marmaille cadavérique. Silence. Gênant, très gênant. La flèche danse entre ses doigts, tandis que ses opales claires s’élèvent vers la poignée, puis le blond.

- Ca marche p-

BAM.

Malgré elle, malgré l’habitude, elle recule furtivement, reprenant sa garde et serrant la flèche dans sa main.

- Ok, c’est partie !

La petite flèche humaine se jette déjà sur les portes, plaquant ses mains sur les poignets.

- Idem pour toi, tente pas de me jouer un sale tour. Dès que j’ouvre, ils vont se jeter sur toi. Je vais les prendre à revers. Y a plus de lumières à l’intérieur, faut qu’on fasse le vide avant d’entrer. Prêt ? »

A peine a-t-elle posé la question que ses bras finement musclés tirent la première porte, assez lourde pour empêcher les morts de se précipiter à l’extérieur. Aussitôt, un concert de grognement et de râles résonnent dans la rue, et la brune referme la porte lorsqu'un petit groupe ressort, non sans fracasser le crâne d’un macchabée au passage. A l’extérieur, ils auront plus de chances.


 

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Son petit air supérieur l’agace au point de brancher son cerveau en mode pleine puissance. L’adrénaline coure dans ses veines, mais Abbie doit veiller à ne pas trop s’emballer au risque de faire une énorme boulette. Une simple maladresse peut les tuer tous les deux. Blessés aux genoux, ils sont affaiblis. Quoi qu’en dise le gaillard qui joue les fiers. Ils sont sacrément mal barrés tous les deux. Les portes ouvertes, la petite silhouette couverte de sueur et de sang séché d’Abbie se rabat en arrière, ses émeraudes scrutant les carcasses malodorantes et dépouillées des cadavres. La flèche fine dans sa main tourne à toute vitesse entre ses doigts, la jeune femme sautant d’un bond pour la planter dans le crâne d’un mort. Lorsqu’elle la retire, l’estafilade de sang coagulé manque de justesse d’atterrir sur le visage de la survivante, qui s’est déjà pliée en deux pour faucher les pattes d’un autre cadavre. Même exercice, une fois à terre, la fille plonge en avant, perçant son crâne mou et décomposé, avant d’aller s’attaquer à un autre. Le dernier lui donne plus de fil à retordre, et manque de justesse de la mordre à l’oreille d’un claquement de mâchoire. Le râle d’outre-tombe lui donne le réflexe bienheureux de jeter son coude dans la mâchoire claquante, et de planter son arme de fortune dans l’œil de cet enfoiré de zombie.

Essoufflée, Abbie observe l'entassement de corps, avant de lever les yeux vers le grand blond. Abbie s’esclaffe d’un rire sans joie, crachant d’un ton morne.

« - Et toi t’es pas trop rouillé, pour un vieux.

Ses sourcils se froncent pourtant légèrement tandis qu’il lui tend une petite lame. Ce n’est pas son couteau de chasse tant adoré, mais elle suppose qu’elle va devoir s’en contenter. Sa bouille septique observe le grand blond, et ses yeux scrutent l’arme blanche.

- Tant qu’à faire … Fait-t-elle seulement en prenant l’arme, avant de tourner les talons. Non, elle ne le remerciera pas. Elle n’a plus d’armes parce qu’il est intervenu.

Soit, elle l’a agressé. Mais c’est marche ou crève. Et ce putain de lapin a bien des chances de finir rôti. Elle aurait été même capable de le manger cru, si elle ne craignait pas de choper diverses saloperies. La brune ouvre la porte sans discrétion, espérant ainsi attirer les derniers 'morts-survivants' du petit Raid improvisé. Un sifflement est gerbé de ses lippes fines, et armée de la flèche et du couteau, Abbie avance progressivement. Heureusement pour eux, malgré les fenêtres condamnées par des planches, les rayons de soleil illuminent suffisamment l’espace pour leur permettre d’y voir. La brune passe rapidement devant un comptoir, se faisant surprendre par un mort allant s’acharner contre une vitre de protection usée. Pourtant, c’est à peine si elle frémit ou adresse un regard à la bestiole. La fille se dirige droit vers la porte des escaliers, frappant à la porte, attendant et tirant sur cette dernière après quelques secondes d’attente. Rien. Monter les marches lui prend plus de temps que ça ne le devrait, mais Abygaëlle arrive rapidement sur le toit, se dirigeant vers le bord de l’immeuble. A ses pieds, une grande planche trône au sol. Sa cuisse a beau lui faire mal, ses bras finement musclés parviennent encore à soulever le bois pour créer un pont improvisé entre le toit et les échafauds de l’autre bâtiment. Pourtant, au moment ou cette dernière s’apprête à expliquer à son compagnon d’infortune le procédé pour rejoindre sa planque, un crissement de pneus interrompt son petit rituel.

Et contrairement à ce qu’elle a bien pu montrer avant, c’est un regard mi-rageur mi-apeuré qu’elle adresse au type dans son dos. Puis au bord du toit de la Banque.

- Merde, non pas maintenant !

Des cris jaillissent de sous le toit, suivit par des hurlements sauvages.

- Grouille ! Hurle la brune sans attendre, se précipitant sur la planche large et progressant aussi vite que possible. Bras levés pour lui permettre de garder l'équilibre. GROUILLE ! Qu'elle beugle une nouvelle fois, son cri couvert par les coups de feux d'une mitraillette.

Des coups tirés en l'air, dans le vide. Ce n'est pas un massacre de morts, c'est un avertissement. Ces enfoirés les ont suivis. Une fois de l’autre côté, la brune agite une main pour lui faire signe de se dépêcher. C'est une chasse à l'homme.

- Crois-moi, tu préfères me suivre que de tomber sur eux ! »

Elle espère que ses prunelles sauront le convaincre. Même à cette tête de pioche, Abbie ne souhaite pas ce que ces types là peuvent être capable de faire. Même ce grand type à l’air revêche et à l’égo surdimensionné ne peut rien contre ces saloperies des Cannibales.


 

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