« - Hey! Toi! Oui, toi! Là! Où est passé l'as de coeur?
Attendez une seconde . Marche arrière ! Le faux blond à l’haleine feutrée de houblon reprend son souffle, haussant un sourcil tout se posant mille questions plus absurdes les unes que les autres. A savoir, tout d'abord : Comment je me suis retrouvé là, à me faire agresser par une furie qui me menace avec un bout de carton ? Pour le savoir, mieux vaux revenir légèrement en arrière. Lui, Klaus, anarchiste je-m'en-foutiste à l'état pur, s'était retrouvé  dans ce merdier avec l'autre il y a de ça quelques jours. Marvin. Soit le nain bavant derrière la blonde, complètement absorbé par sa jolie paire située à quelques centimètres de ses propres rétines blasées. Oh, il n'est pas un rustre, il ne va pas y plonger la tête pour éviter cette agression injuste, afin de s'en manger une. Quoi que ce serait une excellente solution pour que la blonde lui lâche la grappe. Car oui, depuis qu'il est là et que la charmante jeune femme l'a aperçu, elle s'est immédiatement mis en tête – semble-t-il- qu'il serait LE compagnon de fortune idéal pour survivre dans ce tas de fumier qu'est le complexe. Revenons-en donc à nos moutons. Klaus, brave gars sirotant une bonne brune, pourlèche ses dents d'un blanc presque impeccable mais quelque peu jaunies par la nicotine tout en cherchant une issue de secours. Il n'a rien demandé, ne demande rien et pour sur, ne demandera jamais rien. Du moins pas à ces deux-là qui, au passage, refusent de se passer de sa compagnie. O combien indispensable et bénéfique.

-Tu m'excuses, mais là, j'ai une envie pressante. Ment-il en serrant les mâchoires, creusant un peu plus ses joues saillantes.

Ses iris d'un bleu écarlate plongent dans les siennes, alors qu'il tente d'y déceler quoi que ce soit d'intéressant. Non, vraiment, y a rien d'autre qu'un jolie minois pour lui. Cette femme est complètement frappa-dingue et, il espère pour elle que c'est l'apocalypse qui l'a rendu ainsi. C'est sans compter sur la petite voix hésitante de Marvin, qui, dans leur dos, s'agite avec embarras.

- Mais … Je viens de te voir y aller y a cinq minutes !

- J'ai une grosse vessie ! Qu'il réplique aussitôt sans réfléchir. Une .. Euh. Grosse vessie que je sais contrôler à merveille. Qu'il s'enfonce un peu plus. Bavant des propos prêtant largement à confusion. Eh merde. Oubliez ça . Tiens !

Et c'est sans surprise qu'il lui tend le dit As de cœur, extirpé en douce de sa poche. Oui, il l'avoue, Klaus a tenté de prendre ce bout de carton pour se fabriquer une clope. Rien qu'une, au moins une. Car il a tout tenté, mais pour le moment, il semble qu'il est dans l'incapacité d'échanger quoi que ce soit. Malheureusement pour lui, l'essaie fut un échec. Le bout de papier imprimé d'un as de pique, quant à lui, est pratiquement brûlé de chaque côté et complètement froissé et bruni par endroit.

Et de reculer sa main aux ongles rongés avant que Zephrina ne tente de l'atteindre.

-T'es pas des clopes ? Je veux des clopes. Files-moi des clopes et je te la donne. Mais il me FAUT une putain de cigarette ! Chouine-t-il tel un gosse capricieux en faisant la moue. Rendant sa voix grave plus aiguë qu'au naturel

Encore un pas en arrière.

- Je déconne pas ! C'est un bon Deal, chéri ! Fait-il en claquant sa langue contre son palais.

L'odieux petit connard esquisse un sourire, haussant un sourcil en agitant la carte pratiquement achevée. Puis glissant cette dernière dans le poche de son menton de cuir aussi longiligne que lui, laissant à peine entrevoir une paire de Rangers d'une marque quelconque. Et d'ingurgiter une nouvelle gorgée de son breuvage. Peut-être bien qu'il peut s'amuser avec. Juste un peu.