Abi & Daemon

L'arc à poulies dans une main, son autre bras en écharpe dans un bandage improvisé de chiffons, sur lesquels une tache étoilée pourpre commençait à s'étaler, Abi montait prudemment les escaliers qui menaient au premier étage de l'hôpital. La jeune femme réprima une grimace de douleur lorsqu'elle poussa le battant de la double porte avec son épaule. Forte heureusement les contaminés semblaient avoir décidé de déserter les lieux pour l'instant.
La jeune femme s'était entaillé le bras cette nuit contre une carcasse de voiture rouillée, lors d'un combat contre deux zombies affamés. Fort heureusement, elle n'avait pas été mordue, et était parvenue à les neutraliser malgré tout. Elle avait attendu que le jour se lève pour se rendre à l'hôpital - du moins ce qu'il en restait - le plus proche dans Sacramento. C'était moins dangereux si elle y voyait clair. Même si cet endroit lui donnait la chair de poule, elle n'avait guère le choix. Sans désinfectant, antibiotiques, et quelques points de suture avec un beau pansement, la plaie cicatriserait mal et s'infecterait sûrement. Ce qui lui serait fatal.

Elle pénétra dans une salle de consultation - une de celles qui semblaient le moins sens dessus dessous - déposa son arc sur la table d'auscultation, et se mit en quête du nécessaire. Après avoir retourné le trois quart des placards et tiroirs, Abi commençait à désespérer, quand enfin elle trouva ce dont elle avait besoin.
La jeune femme s'assit alors sur la table près de son arme, et commença à défaire son bandage de fortune tout en réprimant des grimaces de douleur. Lorsqu'elle s'apprêta à déverser le désinfectant sur sa blessure qui n'était pas très belle à voir, elle serra les dents instinctivement. Mais lorsqu'elle ressentit la brûlure du liquide sur les chairs à vif, elle ne put contenir un cri de douleur.

« - Et merde putain, fait chier ! »

Le flot de jurons qui s’échappèrent alors de ses lèvres, l’aidèrent à reprendre contenance et à poursuivre les manœuvres de soins.
La suite s’avérait tout aussi délicate puisqu’elle s’auto administrait des points de suture. Abi regrettait fortement à ce moment précis de ne pas avoir à portée de main une quelconque flasque d’alcool fort.
Elle commença à ouvrir les emballages stériles des fils et aiguilles de suture d’une main tremblante s’aidant de ses dents, quand soudain un bruit provenant du couloir la fit sursauter.

« - Manquait plus que çà…. Bordel ! »

Décidément, les mots doux n’étaient pas son truc… Remettant la couture à plus tard, elle sauta à bas de la table tout en reprenant sa précieuse arbalète. Puis elle se dirigea vers la porte silencieusement. Le cœur battant elle pria pour que l’odeur de son sang n’ait pas attiré jusqu’à elle une armada de morts vivants…Le cœur battant à tout rompre, Abi se figea, entendant les pas s’approcher dangereusement de la porte. Humain ou zombie ? La démarche semblait trop mesurée, silencieuse, régulière, pour être celle d’un de ces cadavres ambulants.

Abi & Daemon

Avec appétit, j’arrachais l’emballage de ma barre protéiné avec les dents avant de l’entamer rapidement en deux ou trois bouchée, reprenant rapidement ma route dans l’aile Est de l’hôpital de Sacramento. Si j’avais su que cette aile était blindée de rôdeur, jamais je ne me serais aventuré tête baissée dedans à la recherche de quelques bandages et autres matériels médicaux. L’hôpital était immense et j’étais pratiquement sûr d’avoir choisi l’aile la plus pourrie, la plus infestée. Je regardais sur ma gauche, apercevant un cadavre se mouvoir vers moi, les bras tendus vers mon corps, avec comme envie de me bouffer. Ce dernier était habillé d’une blouse blanche arrivant simplement à la cuisse et de petit bas. Je grimaçais en regardant son visage complètement éclaté et pourri. Il devait être à la base une magnifique jeune infirmière. Aujourd’hui plus rien. Je m’avançais donc vers elle, esquivant son assaut d’un pas rapide sur la droite et abaissant rapidement ma machette qui découpa complètement le visage du rôdeur en deux. Du sang gicla et des morceaux de cerveaux tombèrent sur le sol carrelé de l’hôpital. Je continuais ma route tout en marmonnant pour moi-même l’air d’une musique que j’aimais beaucoup dans le passé. Ça aussi ça me manquait désormais. Ecouter un peu de musique pour se détendre ou au contraire se donner la force de faire les choses. Chaque musique avait sa tonalité et sa finalité. Chaque musique me transcendait de différente manière. Continuant sur cette air, j’accélérais le pas et me mis à courir en direction de l’aile sud tout en esquivant les rôdeurs qui sortaient de n’importe où. Heureusement pour moi, la nature m’avait donné des capacités physiques couplées à mon entraînement militaire qui me permettait de réagir rapidement et efficacement à n’importe quelle situation. De plus, ces rôdeurs étaient complètement idiots et lent de surcroit. De quoi me donner plusieurs avantages.

Continuant sur ma lancée, je venais m’enfermer dans une pièce faiblement éclairée et m’assis dos collé contre la porte d’entrée pour éviter toute effraction, le temps de reprendre mon souffle et de consulter les plans que j’avais trouvé à l’accueille de l’aile Est. Soudainement, un cadavre me tomba dessus et me donna la peur de ma vie. le rôdeur présent dans les lieux n’avait plus de jambe et ne pouvait marcher cependant il était tombé sur moi d’un seul coup sans que je ne comprenne quoi que ce soit. Rapidement, mes mains s’étaient posées sur ses épaules pour le tenir à distance avant d’attraper sa tête. Ses mains pourries quand à elles étaient venue pour m’attraper cependant, avec agilité, je les avais contournés pour les repousser de mes jambes. Forçant, je poussais le cadavre au loin qui s’éclata contre le mur du fond. Le bruit réveilla alors d’autres cadavre dans la salle qui se levèrent et se ruèrent vers moi. « Putain de merde… » Lançais-je alors en me relevant, leur jetant un fauteuil roulant qui trainait dans le coin pour les ralentir alors que je sortais de la salle en bousculant d’autres cadavres. « Putain mais allez vous faire foutre ailleurs merde… » Leurs balançais-je à la gueule avant de prendre mes jambes à mon cou. Je n’avais pas réellement peur, mais le surnombre ne me donnait pas envie de me fatiguer dans un combat éprouvant.

Caché dans un coin, je repris alors mon souffle et laissa passer le temps. Les minutes passèrent sans aucun incident avant que je ne me décide enfin de sortir et reprendre ma route dans l’hôpital. Je ne savais plus du tout où je me trouvais et en plus de ça, j’avais perdu mes plans lors de la course poursuite. L’envie de frapper contre le mur pour évacuer la colère m’envahit cependant je me retins pour ne pas éveiller les soupçons des rôdeurs qui devaient toujours être dans le coin. A pas de loup, je me glissais dans les couloirs en cherchant un endroit où je pourrais trouver quelques médicaments ou autre. Mais rien. Toutes les chambres et salles que je visitais avaient déjà été vidées de leur stock. Entendant du bruit dans une salle non loin de moi, je décidais d’aller voir en restant très prudent. La machette bien ancrée dans la paume de ma main, je la brandissais, prêt à l’abattre sur une victime et pénétra les lieux. Mon regard se posa sur le corps et le visage de la personne me faisant face alors que j’allais abattre ma machette sur sa tête et très vite, je me ressaisie, m’apercevant qu’il s’agissait d’un être humain. D’une femme. « Oh putain… j’ai failli te dézinguer… Abi ? Merde, qu’est-ce que tu fou ici ? » Lui dis-je alors que je la reconnaissais. C’était le choc et en même temps la joie de la revoir. De la retrouver, de la savoir en vie. Souriant, fermant les yeux en soufflant de décontraction et de bonheur, je les reposais sur son visage en me rapprochant d’elle avant de la prendre vite fait dans mes bras. « Ca fait vraiment plaisir de te revoir ma belle. » Je lui épargnais une étreinte trop longue et la regarda de plus près. « Tu as l’air en forme malgré cette coupure. Besoin d’aide ? »

Abi & Daemon

Abi se tenait prête, arc bandé, guettant l’entrée avec une appréhension désormais familière. Elle distingua d’abord la machette brandie au-dessus de sa tête, prête à s’abattre. C’est alors qu’elle le reconnu. Instantanément la jeune femme laissa choir son arc, et un sourire détendit ses traits tirés par la fatigue. Elle accueillit l’accolade avec soulagement et bonheur.
« - Daemon ! Heureuse de voir que tu n’as pas fini en casse-croûte. »
Elle l’inspecta du regard, histoire de voir s’il n’y avait pas eu trop de stigmates supplémentaires de mauvaises rencontres durant leur séparation. Il n’avait pas changé d’un iota dut elle admettre avec une pointe d’agacement, car elle-même pouvait compter les cicatrices additionnées sur son corps.
« - Tu sais que j’ai failli te planter une flèche en pleine tête également ? » s’amusa-t-elle, lorsque Daemon s’insurgea d’avoir manqué de peu de la « dézinguer ».

S’il y a avait bien une personne en ce bas monde qu’Abigaël considérait comme un élément de sa propre famille, c’était bien lui. Il était comme un frère pour elle et vice versa. Ils avaient fait équipe un bon moment sur les routes avant de prendre des chemins différents. Le hasard venait de les réunir à nouveau. Mais l’heure n’était pas aux épanchements de tendresse. La menace était omniprésente en ces lieux, ils devaient de conserver la tête froide et demeurer sur leurs gardes.
Abi reposa son arc près d’elle, et entreprit de nettoyer à nouveau sa plaie qui avait quelque peu ressaigné. Après un coup d’œil circonspect sur le matériel de suture, elle se tourna vers Daemon qui venait de lui proposer son aide. Elle n’était pas une petite nature, mais elle devait admettre que la perspective de se recoudre toute seule le bras ne l’enchantait guère.
« - Tu sais manier un fil et une aiguille ? » lui demanda-t-elle alors de tout go, tout en lui tendant son bras blessé. « J’ai jamais été bonne couturière… »
La jeune femme regrettait amèrement de ne pas avoir d’alcool à sa disposition pour trouver la motivation nécessaire de se le faire elle-même sans pleurnicher comme une gamine qui a peur des aiguilles à son premier vaccin. Et elle refusait de montrer le moindre signe de faiblesse à qui que ce soit, y compris son ami. Lui demander de le faire lui semblait un bon compromis. Il lui suffirait de serrer les dents cinq minutes. Ça elle en était capable, elle ne l’avait déjà que trop fait depuis sa plus tendre enfance. Serrer les dents et attendre que ça passe.

Abigaël se hissa prestement sur la table la plus proche, bras toujours tendu.
« - Alors racontes-moi tout. Je suis sûre que j’ai éliminé plus de vermines que toi ces dernières semaines ! » ironisa-t-elle. « Tu sais quoi, on devrait faire comme dans les jeux vidéo…. Compter les points. Avec un bonus si… » Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase, interrompue par un bruit sourd qui provenait du couloir. Des ombres se profilèrent au travers de la porte d’entrée. En un éclair, la jeune femme était descendue de son perchoir, aux côtés de Daemon, son arc à bout de bras prêt à décocher des flèches meurtrières, faisant fi de la douleur lancinante de sa coupure. Elle tourna légèrement son visage vers son ami.
« - Comme au bon vieux temps frangin » souffla-t-elle avec un bref clin d’œil avant de se concentrer à nouveau sur la porte et le couloir, où les bruits et mouvements se faisaient de plus en plus proches.

Abi & Daemon

Le soulagement de retrouver une personne en vie, qui plus est, une personne que je connaissais, était grand si bien que j’en avais soupiré avant de sourire et de rire doucement en la prenant dans mes bras. Abi était une jeune femme que j’avais rencontrée sur la route et très rapidement, un lien assez fraternel s’était instauré entre nous. Nous nous amusions à chasser les zombis, les traquant et les exterminant pour survivre, en se lançant parfois quelques défis. Comme des gamins. Nous étions resté un long moment ensemble, combien de temps je ne saurais le dire, avant que nos routes ne se séparent. J’étais donc assez content de la retrouver ici, dans cet hôpital abandonné aux mains des rôdeurs. Je savais qu’avec elle je pouvais m’en sortir sans aucun dommage. Nous nous connaissions et nous nous complétions dans ce genre d’activité. « Il leur faudrait évoluer un peu pour n’avoir qu’un infime pourcent de faire de moi leur casse croute. » Lui dis-je avec un petit clin d’œil, soulignant le fait que j’étais encore assez combatif et efficace. Mes yeux la détaillaient tout doucement, passant de son visage à son corps, remarquant ci et là quelques petites cicatrices pas bien méchantes qu’elle avait pu avoir depuis notre séparation. « Par contre, je remarque que toi tu as frôlée les ennuis d’assez près. » Lui dis-je en lui montrant de la pointe de ma machette quelques cicatrices ci et là. « Remarque, ça fait assez guerrière, ça te va bien. » Continuais-je en lui lançant un clin d’œil avec un petit sourire. Haussant les épaules en l’entendant me dire qu’elle avait failli me planter une flèche en pleine tête, je regardais son arc qui était abaissé et lui répondis sur un ton emprunt d’humour et d’emmerdement de ma part. « Oh… je pense que j’aurais aisément pu l’éviter. C’est pas comme si tu étais une tireuse exceptionnelle. » Finis-je avec un sourire en coin. Oui je l’emmerder, comme un frère aimait le faire.

Se radoucissant chacun, je rangeais ma machette dans son étui alors qu’Abi posait son arc sur le coté et, tout en regardant la blessure qu’elle avait sur le bras, lui proposa alors mon aide. Elle me demanda rapidement si je savais manier un fil et une aiguille et lui répondis en haussant des épaules une nouvelle fois. « Comme toi, je ne suis pas ce qu’on appelle une couturière, ni une infirmière, mais ce sera toujours mieux que de laisser ça ouvert. Y aura une belle cicatrice quoi. » La prévins-je alors. En même temps, elle n’avait pas vraiment le choix. Entre me laisser faire les choses assez rapidement et partir, ou alors essayer de le faire soit même et prendre plus de temps quitte à éveiller les soupçons de certains rôdeurs dans le coin… le choix était vite vu. Me tendant le matériel de suture, je me rapprochais d’elle alors en préparant le tout. Je la laissais donc s’installer sur la table la plus proche, le bras tendu vers moi et me rapprochais d’elle en passant une compresse imbibé de désinfectant sur sa blessure, ce qui pouvait la faire grimacer. Je désinfectais l’aiguille et m’apprêtais à la piquer quand elle se mit à parler, voulant savoir ce que j’avais ces dernières semaines et si elle avait ou non tué plus de zombi que moi. Je souriais et la regardais, l’écoutant toujours en m’annonçant qu’un bonus serait accordé si… boum. De concert, nous nous retournâmes tous deux vers le couloir où le bruit sourd venait. Sans attendre quoi que ce soit, j’avais lâcher l’aiguille et le fil sur la table et sortis rapidement ma machette alors qu’Abi s’était mise debout à mes cotés, l’arc en main prête à décocher une flèche si une tête passait l’encadrement de la porte. « Comme au bon vieux temps frangine… voyons si tu t’es améliorée. » Lui dis-je en lui rendant son clin d’œil, décidant de moi-même de m’avancer pour voir ce qui se tramait non loin de nous. Je savais qu’Abi surveillait mes arrières, prête à tirer sur une tête qui se montrerait devant moi.

M’avançant à pas de loup, sans faire trop de bruit, j’arrivais devant l’ouverture de la porte d’entrée de la salle d’examen et l’ouvris très légèrement pour voir l’extérieur. A première vu, il y avait cinq rôdeurs qui se baladaient dans les couloirs adjacents la salle. Cependant, j’entendais du bruit dans mon angle mort et ne pouvais correctement prédire le nombre de ceux qui les suivait. Grimaçant, je retournais doucement vers Abi tout en lui annonçant. « Je vais rapidement prendre du matos médical, surveille la porte au cas où mais on va devoir filer d’ici et en vitesse. » finissais-je dans un murmure pour ne pas faire trop de bruit. Reculant, je retirais mon petit sac à dos de mon dos et le posa sur la table. L’ouvrant, je mis rapidement des compresses, bandes et autres pansements en plus de produit désinfectant et d’une boite d’aiguille et de fils. Je ne me penchais pas sur les autres médicaments qu’on pouvait trouver, par manque de temps. La porte grimaça et s’ouvrit sur le visage d’un rôdeur qui, beuglant, ameuta le reste de sa troupe. « Merde… » Lançais-je en refermant le sac que je remettais dans mon dos, reprenant ma machette, prêt à faire face. Il n’y avait qu’une sortie et nous devions travailler en équipe, comme au bon vieux temps, pour s’en sortir indemne. Regardant Abi du coin de l’œil, je me lançais donc à l’assaut, au corps à corps, contre les créatures, ayant pleinement confiance en ma sœur qui m’épaulerait à distance de ses flèches. Ma machette s’écrasa dans la tête d’un premier cadavre alors que des autres se pointaient sur mon flanc gauche…

Abi & Daemon

L’avantage quand on luttait pour survivre, c’est que l ‘on s’ennuyait jamais. Cinq minutes auparavant, Abigaël écoutait avec un amusement mêlé à une pointe d’agacement les railleries de son compagnon d’infortune. C’était une sorte de coutume entre eux. Elle n’était pas si loin que çà de la vérité d’ailleurs lorsqu’elle mentionnait la possibilité de compter les points. Restait à savoir qui définirait les règles.
La perspective d’une cicatrice supplémentaire importait peu à la jeune femme, le principal souci étant une éventuelle infection de sa plaie. L’esthétisme n’avait plus grande importance en ce bas monde. Abi failli même rétorquer que ce serait sûrement la seule occasion qu’il aurait dans sa vie de pouvoir – éventuellement – tenter de lui trouer la peau. Mais elle s’abstint. Après tout c’est lui qui allait être du bon côté de l’aiguille. Autant ne pas pousser le vice trop loin. Mais les travaux de couture ne seraient pas pour maintenant. Les invités surprise étaient arrivés plus tôt que prévu.

Les rôdeurs les avaient repérés. Oubliant sa blessure, Abi était sur le pied de guerre, son arc à poulies bandé, prête à décocher une flèche meurtrière dans la tête du premier zombie venu et couvrir les arrières de Daemon. Ils étaient minimum cinq pour les plus proches. Probablement le double ou le triple sera rameuté par les beuglements des premiers arrivés. Un visage qui n’avait plus rien d’humain se dessina alors par la porte – la seule et unique sortie de la pièce où ils se trouvaient – qui s’entrebâilla lentement. Les sons rauques qu’il émettait donnaient toujours autant la chair de poule à Abi. Comment des êtres humains pouvaient-ils devenir « çà » ? L’horrible réalité de ce virus la dépassait totalement. L’idée que Daemon ou elle deviennent un jour une de ces choses-là la révulsait au plus haut point. C’était une source supplémentaire pour la jeune femme de rage de vaincre.

Tandis que le premier rôdeur se trainait lamentablement vers eux, d’autres suivirent, plus hargneux et plus rapides que leur congénère. Vraisemblablement, l’heure de passer à l’action était arrivée. Plus le temps de tergiverser. Daemon se lança à l’assaut, et sa machette s’abattit lourdement sur la tête du premier mort-vivant. La lame fendit son crâne tel une pastèque bien juteuse. Trois autres arrivèrent sur la gauche. Une première flèche fusa et se planta dans sa cible. Le corps s’abattit au sol dans un bruit sourd. La seconde flèche fut tout aussi efficace. Le troisième larron hésita un instant face à ses congénères étendus devant lui. Puis il poussa un mugissement tout en esquissant un pas vers Daemon. Deux autres rôdeurs firent alors leur entrée. Laissant son « frère » se charger de monsieur grogneur, Abi mit alors dans sa visée les nouveaux arrivants. Et se figea un instant. Des enfants. C’étaient des enfants zombies. Sûrement des petits malades de l’hôpital.

« - Et merde, quelle chiotte ! » maugréa-t-elle entre ses dents.

La jeune femme avait beau se vanter d’être blindée, lorsqu’il s’agissait de bambins – ceux-là ne devaient pas avoir plus d’une dizaine d’années de leur vivant – elle n’arrivait pas à s’y faire. Ce bref instant d’hésitation allait hélas avoir son revers de médaille. Deux autres adultes avaient déjà franchi le pas de la porte à leur tour. Le premier se rua droit sur Daemon. Le temps que la jeune femme descende les « gosses » et recharge son arc, le second – un infirmier rudement baraqué de son vivant – s’abattit sur elle tel une masse. Abigaël roula sur elle-même pour se glisser sous la table la plus proche, troquant par la même occasion son arc contre le 357 magnum. Mais déjà monsieur muscle l’avait attrapé par la jambe et la tira violemment vers lui. Abi se dégagea en lui assénant un vigoureux coup de pied dans le genou. A peine eut-elle le temps d’armer son arme que la masse se jeta à nouveau sur elle, la plaquant contre le mur comme si elle n’avait été qu’un fétu de paille, son avant-bras lui écrasant la gorge, bloquant sa respiration. Le magnum lui échappa sous la violence du choc, qui lui meurtri la colonne vertébrale.Elle voulu prendre une inspiration mais en vain, et l'étau qui enserrait sa trachée se fit encore plus pressant. L’air commençait déjà à lui manquer, et des étoiles dansèrent devant les yeux de la jeune femme tandis que le visage hideux du rôdeur s’approchait lentement du sien.

Abi & Daemon

Moi qui pensait pouvoir me reposer un peu, voila que l’action refaisait surface. Je venais tout juste de retrouver Abi et n’avais pu profiter plus longtemps de ces retrouvailles que je devais sortir ma machette et faire face aux rôdeurs qui nous avaient trouvés. Debout dans la salle de soin, alors que je m’apprêtais à recoudre le bras de ma petite sœur qui était blessée, je tenais fermement ma machette dans ma main droite et attendais que les rôdeurs entrent. Nous ne pouvions sortir, il nous fallait impérativement les abattre dans la salle pour pouvoir espérer une sortie et trouver une cachette ailleurs. Le premier rôdeur apparut, trainant la jambe. Je regardais Abi qui tenait fermement son arc, une flèche en visée, et m’avançais alors pour venir abattre ce rôdeur. Rien de plus facile, il était lent et ne pouvait rien faire. Mon bras s’abattit alors et ma machette trancha en deux le crâne du mort qui s’ouvrit en deux, faisant gicler son cerveau et le reste. C’était dégueulasse à voir mais on s’y habituait presque avec le temps. Entendant du bruit sur mon flanc gauche, je regardais alors un groupe de trois rôdeurs venir vers moi, plus rapidement. Une flèche abattit le premier, en pleine tête, suivit d’une seconde sur le deuxième individu. Je pouvais réellement compter sur Abi. Je souriais en coin, sans la regarder, et envoyais ma machette s’écraser dans la tête du troisième mort vivant. Je m’avançais vers lui, rapidement, entendant des bruits venir de l’entrée, pour récupérer mon arme. Je ne savais pas ce qu’il se passait mais, tournant mon regard vers Abi, je pu voir une pointe d’hésitation et de sentiment dans ses yeux. « Abi ? » Demandais-je alors sans savoir si elle m’avait entendu, me retournant alors vivement vers l’entrée pour voir deux gamins trainer le pas. Je grimaçais alors, comprenant son moment d’hésitation. Même si nous vivions dans un monde régit par l’enfer, nous n’en restions pas moins humains et voir des enfants touchés par ce désastre était toujours… dur.

Je n’eu cependant pas le temps de m’en soucier d’avantage, deux autres rôdeurs avaient fait leur apparition et l’un deux se jetais sur moi. Il était grand, assez costaud et sa vitesse était bien supérieure à tous ceux que j’avais pu rencontrer. Il devait être « frais », jeune rôdeur quoi. Encore en possession de ses moyens, le corps relativement propre et non décomposé. Reculant pour esquiver un de ses coups, mes pieds trébuchèrent sur une bouteille et je m’étalais sur le sol. « putain… » Lâchais-je alors en tenant toujours aussi fermement ma machette. Le rôdeur profita de la situation et se jeta sur moi, se plantant directement sur ma machette, le crâne ouvert en deux, coulant sur mon torse. « Dégeulasse mec… » Il était lourd en plus de ça. Forçant, j’arrivais tant bien que mal après quelques secondes à le repousser sur le coté, et me releva en regardant mon torse tâché de sang et de cervelle de zombi. « Je prendrais bien une douche » Dis-je en me tournant vers Abi en souriant avant de la voir en mauvaise posture. Perdant mon sourire, je courais alors vers elle, oubliant mon arme dans le reste du crâne du cadavre que je venais d’abattre et plaqua solidement le rôdeur qui tenait ma petite sœur par la gorge, prêt à la bouffer. Je l’attrapais par les hanches et le décolla du sol avant de le plaquer lourdement sur le carrelage, lui écrasant la tête sur le sol. Cette dernière éclata au fur et à mesure que je le cognais jusqu’à complètement exploser. Je me relevais alors en reprenant mon souffle, le regardant pour être sûr qu’il soit bien hors de service et retourna voir Abi. « Tu vas bien ma belle ? » Lui demandais-je en l’aidant à se relever, lui tendant son arme avant d’aller chercher la mienne. « Faut qu’on se casse d’ici et vite… »