J’étais sur la route, comme toujours, m’avançant lentement alors que le soleil me brulait les rétines. L’eau me manquait. Il me restait une petite bouteille dans mon sac mais il était évident que cette dernière n’allait pouvoir me satisfaire encore longtemps. Je devais impérativement trouver de l’eau, ou n’importe quelle autre boisson susceptible de m’hydrater. C’était dans cette optique que j’avançais donc sur les routes, passant de rue en rue, m’arrêtant sur les quelques magasins que je pouvais trouver sans pour autant trouver mon bonheur. Je remplissais mon sac de quelques conserves ou sachets de nourriture, suffisamment pour me permettre de tenir quelques temps sans pour autant m’encombrer. Si seulement j’avais une voiture ou autre capable d’emmagasiner tous ce que je pouvais trouver… Mais le plus important pour le moment c’était de trouver de quoi m’hydrater et si possible, plusieurs litres. Je savais que je ne pouvais m’encombrer totalement de plusieurs bouteilles mais je n’avais pas d’autres solution si je venais à tomber, par chance, sur un pack ou plusieurs. Cela me ferait vraiment mal au cul de laisser de l’eau derrière moi alors qu’elle pouvait être utilisé à bon escient par certaines personnes que je pouvais croiser. Mais pour le moment, je n’avais rien, pas même une bouteille remplie en totalité.

Marchant toujours, je croisais une école à quelques dizaines de mètres sur ma droite. Posant mon regard dessus, j’arrêtais d’avancer et me demandais alors s’il se pouvait que des survivants si trouvent et s’il était possible, dans le réfectoire ou autre de trouver de quoi boire et manger ? Ces questions prenant plus d’ampleur dans ma tête, je me détournais donc de la route pour me diriger vers l’école, tout en faisant extrêmement attention aux alentours, ne sachant pas trop ce que je pouvais trouver. La machette sortie, j’avançais lentement pour éviter de faire le moindre bruit tout en me dépêchant pour ne pas trop traîner dans les rues et être de nouveau la cible des rôdeurs. Putain de rôdeur… Il y en avait de plus en plus et étaient de plus en plus affamés. Normal puisque tous les êtres vivants périssaient, ils n’avaient plus vraiment de quoi bouffer alors voir un mec de plus de quatre vingt kilos passer près d’eux… ils recouvraient l’appétit. Saloperie … sérieusement, je me demandais comment cela se faisait que nos morts pouvaient se relever. C’était contre nature. Pourquoi d’un seul coup paf, l’humanité déclin pour laisser place au chaos ? … C’était incompréhensible. Mais nous ne pouvions restas las, à réfléchir plus longtemps à ce problème alors que notre sécurité et notre survie était en jeux.

Arrivant près des portails, j’escaladais la chose, ne voulant pas perdre de temps à l’ouvrir, et m’engouffra dans l’enceinte de l’établissement scolaire avant de pénétrer complètement le bâtiment principal. Tout avait l’air calme, vide. Peu de trace de bagarre ou de sang. Comme si cette école avait été épargnée par le chaos ambiant qui régnait à l’extérieur. Tenant toujours fermement ma machette dans une main, j’avançais prudemment, regardant dans les quelques salles que je voyais mais ne trouvant rien. J’avançais toujours, jusqu’à voir une salle ouverte. Elle ressemblait à un bureau à première vue et je pu voir de là où je me trouvais, quelques traces de sang. Quelque chose s’était passé ici c’était une évidence. Je m’avançais donc et pénétrais la pièce avant d’apercevoir avec stupéfaction une jeune femme, un arc en main, prête à décocher une flèche en pleine tête. J’écarquillais les yeux et levais les mains avant de sourire et de l’avertir. « Tout va bien tout va bien, je suis humain, pas mordu, rien. » Dis-je alors en faisant le tour de moi-même pour éviter qu’elle ne me plante sa flèche dans la tête. J’avais beau être rapide et avoir des réflexes extra, à cette distance, je savais qu’il était pratiquement impossible d’éviter la pointe si jamais la jeune femme décidait d’écarter ses doigts…

Je restais les mains levées, montrant à la jeune femme que je ne lui voulais aucun mal. Dans mon cas… c’était vrai. Je n’étais pas du genre à profiter de la situation pour lui faire le moindre mal. Mais ça, elle ne pouvait pas le savoir et je le comprenais. N’importe qui pouvait jouer les innocent, lever les mains pour faire croire qu’il n’avait rien en tête et profiter de la situation pour se faire la jeune femme avant de l’abandonner à son sort, ou la tuer comme le groupe que j’avais croisé il y a de cela quelques semaines. Ou mois… je ne sais plus. Je la regardais alors, les mains toujours levées, attendant qu’elle choisisse quoi faire. J’étais complètement à sa merci. A cette distance, je ne pouvais pas esquiver son tour si jamais elle relâchait ses doigts. Et tenter quelque chose pour l’éviter de tirer ne ferait qu’aggraver la situation et la rendre encore plus méfiante qu’elle ne l’était par rapport à moi. Doucement, je faisais un nouveau tour sur moi-même pour lui montrer que malgré mes armes, je n’étais pas prêt à m’en servir contre elle et que je ne voulais absolument pas lui faire du mal.

Lentement, tout en réfléchissant, je la vis baisser son arc. Son geste restait guidé par la méfiance et à mon tour, je baissais lentement mes bras avant de soupirer. Le pire venait de passer et même si elle ne me faisait pas confiance, j’étais hors de danger en quelque sorte. Du moins, sa flèche n’allait pas se planter de suite dans ma tête. Fermant les yeux, je regardais vivement derrière moi, sortant la tête du bureau pour voir si aucun rôdeur ne marchait dans le coin puis revenait vers elle. « Tu as parfaitement raison… certaines personnes depuis la catastrophe profitent de cet état de chaos pour faire des choses horrible… » lui répondis-je, étant en total accord avec ses mots. J’avais été aux premières loges de l’horreur lorsque j’avais suivis ce groupe à mon retour au pays. Ce putain de groupe d’homme que j’avais du exterminer en apprenant ce qu’ils faisaient des hommes et femmes que nous sauvions. Ils les volaient et violaient les femmes avant de tous les tuer ou les laissais pour mort dans un trou. Je chassais ces sombres souvenirs de ma tête et reportais mon attention vers la jeune femme qui se présenta. « Enchanté. Je suis Daemon. Je vais essayer de t’ouvrir se tiroir. » Me présentais-je alors tout en m’approchant d’elle. je sortais ma machette, levant la main pour montrer aucun signe de violence de ma part, et enfonça cette dernière dans l’espace entre le tiroir et le bureau. Forçant, je cassais alors la serrure et ouvris le tiroir avant de me reculer pour laisser la jeune femme, qui avait trouvée ceci en premier, vérifier son contenu. « Et voila pour toi. » Je me reculais dans la pièce et regardais un peu de partout. « Il va nous falloir trouver le réfectoire pour récolter un peu de nourriture et d’eau. Tu sais où il se trouve ? » Lui demandais-je alors.

Petit à petit, un climat de confiance s’installait entre nous. Infime, minuscule, mais cela laissait la place à une évolution par la suite. Je savais qu’elle n’allait pas me faire confiance comme cela d’une seconde à l’autre et qu’elle allait faire attention à moi, tout comme je devais aussi faire attention à elle. Après tout, personne ne pouvait me dire qu’elle ne sortait pas d’un asile ou d’une prison de l’état. Je ne la connaissais pas et ne savais rien du tout sur elle. Elle pouvait très bien être une ancienne détenue pour meurtre ou autre. Lui faire confiance était dangereux, surtout en ce moment où les gens se libéraient en quelques sortes des contraintes du système pour faire tout et n’importe quoi, profitant de la situation de crise et de panique. Chose que je ne comprenais pas vraiment mais bon, nous étions tous différents. Montrant donc à la jeune femme que je n’étais pas dangereux, nous en vînmes rapidement à nous présenter à l’autre tout en gardant ce climat de méfiance envers l’autre. je faisais attention à ce que je disais et à mes gestes pour ne pas recevoir une flèche dans la tête, même si elle avait baisser son arc, elle n’en restait pas moins dangereuse avec.

M’avançant vers elle, je décidais de l’aider avec le bureau qui détenait un tiroir fermé à clé. Nous ne savions pas ce qu’il contenait et ce serait une grave erreur que de partir sans avoir vu son contenue. Nous pouvions passer à coté de quelque chose. Sortant ma machette, je l’insérais dans l’interstice entre le tiroir et le bureau et en forçant, détruisit la serrure, laissant le tiroir s’ouvrir à la vue de la jeune femme. Sa trouvaille, son trésor. Voila comment je pensais. Elle ne me devait rien et inversement. Je me reculais alors vers l’entrée du bureau de l’ancien principal des lieux, et regardais dans les couloirs pour être sûr qu’aucun rôdeur n’avançait vers nous en silence. Rien, nous étions seuls. Demandant à la jeune femme si elle savait où était le réfectoire, je l’entendis me dire d’attraper et me retourna juste à temps pour voir voler dans ma direction un trousseau de clé. Je le rattrapais, les regardant, apercevant leur nombre. « Je dois avouer que c’est bien trop calme ici. soit on est chanceux et on à trouvé un endroit quelque peu sûr… soit quelque chose de bizarre se trame derrière tout ça. » J’affirmais ses dire avant de regarder de nouveau le trousseau de clé. « Tout à fait d’accord, je pense que celui-ci pourra nous être utile, ne serait que pour sécuriser nos arrières. » Avancer et fermer les portes derrières nous pour être sûr que personne ne puisse nous prendre dans le dos.

J’avançais et me mis à sourire avant de la regarder, lorsque je l’entendis me complimenter sur mon physique qui, d’après elle, lui permettait alors de ne rien risquer. Etait-elle entrain de se détendre un peu ? J’en avais bien l’impression. Souriant alors, je reprenais la route en tournant mon visage vers le couloir et avança, machette dans la main, vers les autres pièces de l’école dans l’espoir de trouver quelque chose. je pouvais compter sur la jeune femme qui avait l’air de bien savoir maitriser son arc, et ainsi, pouvoir protéger mes arrières à distance.

Les clés en mains, nous sortons donc du bureau que nous refermons avant de prendre doucement la route dans les couloirs de l’école. Je ne savais pas trop où me diriger et à première vue, la jeune femme non plus. Elle n’avait pas l’air d’être là depuis longtemps, peut-être quelques minutes avant moi, et devait donc tout comme moi découvrir les lieux au fur et à mesure que nous avancions. La machette dans une main, je prenais garde où je mettais les pieds et surtout, faisais attention aux salles que nous visitions pour ne pas tomber sur une horde de rôdeur et être bloqué dans un petit espace. Je pouvais sentir la présence de la jeune femme dans mon dos, l’arc en main, couvrant mes arrières. Nous ne nous connaissions absolument pas et je ne savais pas vraiment si je pouvais lui faire confiance, mais je la savais là et je savais qu’elle décocherait une flèche si un rôdeur apparaissait. Après tout, elle ne gagnerait rien si je me faisais bouffer. Autant me garder en vie, ce qui était le choix le plus judicieux. « Je suis revenu au pays seul et mes proches étaient déjà… enfin voila. Depuis, je suis seul sur les routes… » Lui répondis-je simplement tout en avançant, ne m’arrêtant pas, ne perdant pas mon attention sur les environs. « Et toi ? Pourquoi voyages-tu seule aussi ? C’est un choix ou tu as perdu des gens en route ? » Lui demandais-je à mon tour, direct, sans vraiment parler trop fort pour ne pas signaler notre présence à n’importe qui.

Tournant dans un couloir, j’entendis un petit grincement et vis alors la jeune femme se stopper, regardant vers l’endroit d’où provenait le grincement. Je me retournais alors, la regardant et l’incitant à continuer notre chemin mais la belle ne l’entendait pas de la sorte. Elle annonçait avoir entendu un bruit et commençait à avancer vers cette direction, ne m’entendant pas lorsque je lui demandais de revenir, comme si elle était tout simplement hypnotisée. Devais-je la laisser aller voir et continuais simplement ma route ou la suivre ? « Fais chier… » Murmurais-je alors pour moi-même avant de lui emboiter le pas et de la suivre vers la dite pièce d’où était provenu le grincement. Je ne savais pas ce qu’on allait y trouver mais j’espérais rien d’horrible, ne voulant pas que la jeune femme, qui était dans ses pensées encore, ne soit troublée par le spectacle. J’espérais qu’il n’y avait rien, ne voulant pas courir ni me battre tout de suite, voulant simplement trouver des vivres et de quoi boire. Je lui emboitais donc le pas et finis par ouvrir la porte en la poussant du bout de ma machette, tout doucement, cette dernière grinçant de nouveau, avant d’entrer, le cœur battant fortement, et de visiter et fouiller les lieux…

« Ce n’est rien ne t’en fais pas. » Lui dis-je alors en levant doucement les mains, grimaçant légèrement comme si cela n’était pas de chance. Dans un sens c’était le cas. Ma famille n’avait pas survécue par manque de chance, mais aussi par ma faute. Mon absence leur avait été plus que nuisible et je m’en voulais aujourd’hui de ne pas avoir été là pour eux beaucoup plus rapidement. Je me demandais comment aurait pu être les choses si j’avais su les protéger du malheur et de la terreur qui avait sévit à ce moment là. Le fait d’y penser réveille des souvenirs que j’avais profondément enfoui au fond de moi. Le visage de ma sœur, rongé par la mort, se levant pour me faire face et venir me dévorer. Cette balle, que j’avais vu sortir au ralenti de mon Beretta pour se loger dans sa boite crânienne. Son cerveau exploser en morceau sur le sol et son sang tachant mes vêtements. Ce fut tout de même assez horrible à voir et le simple souvenir de ce moment me retourna l’estomac. Je chassais rapidement cette vision d’horreur de mes pensées avant de l’écouter une nouvelle fois, me révélant qu’elle avait fait partis d’un groupe avant de survivre à une attaque en fuyant, se retrouvant seule désormais. « Je comprends. Tu n’as pas à avoir honte, tu as fait ce qu’il fallait pour survivre. Rien ne sert de faire le héros si c’est pour y rester. » Lui dis-je alors en la regardant avant de poser mon regard sur la suite des évènements.

Un bruit suspect nous coupa dans notre discussion et sans trop attendre, la jeune femme que je venais tout juste de rencontrer se dirigea vers se dernier. Je ne pu me résoudre à la laisser derrière et la suivis avant d’ouvrir la porte de la salle d’où émanait le bruit et de m’y engouffrer doucement, la machette bien ancré dans la main, me préparant à combattre si un monstre rôdait dans les parages. Mais rien. Absolument rien. Si ce n’est les dessins et autres cahiers d’exercices d’enfant trainant de partout dans la salle et sur les bureaux encore présent. Puis, en me retournant, je découvre sur un imposant mur blanc écrit le mot « Help », en rouge sang. Etait-ce vraiment du sang ? Je n’en sais rien mais cela avait l’air de toucher la jeune femme qui, dans un souffle de colère, dégagea d’un coup l’un des bureaux se trouvant à coté d’elle et se retourna vers moi, sans me regarder, m’annonçant qu’il n’y avait rien et qu’il nous fallait trouver rapidement le réfectoire et vite. Acquiesçant d’un signe de tête, je sors alors vivement de la salle et reprend ma route, étant confiant sur le fait que la belle se trouve derrière moi et me suit.

Les autres portes se trouvent fermés et d’après la disposition de celles-ci, il était évident que le réfectoire ne se trouvait pas encore là. De plus, les quelques vitres qui avait place au centre des portes étaient cassées et nous permettait donc de voir rapidement à l’intérieure des salles. Des salles vides, totalement en désordre avec du papier de partout comme si une tempête avait baladé les lieux. Soudainement, alors que je continuais d’avancer de plus en plus vite, mon chemin croisa dans l’angle d’un mur un petit tableau sur lequel figurait le plan de l’école. Je m’avançais vers se dernier et le contempla pendant de longues secondes, mémorisant sans trop de difficulté celui-ci ce qui serait utile pour le reste et me dirigea alors vers l’endroit où était marqué le réfectoire, le trouvant alors plus rapidement. Je regardais la jeune femme, souris doucement et abaissa les poignées des portes d’entrée avant de pénétrer le lieu. Il était immense et… trois rôdeurs trônaient en son centre, debout, immobile sans rien faire, sûrement affaiblit par le fait de n’avoir trouvé de nourriture qui leur convenait. J’espérais qu’ils n’aient pas contaminés le peu de provision qui restait sur place, si provision il y avait toujours. « Putain… » mumurais-je alors en regardant Sky avant de brandir ma machette en silence…