“this is the end beautiful friend”

Je les entends, j'entends leur pas pressés, ils savent où je suis. Personne ne sait ce qui arrive exactement, le monde va de plus en plus mal. J'ai compris une chose, pour ne pas finir comme eux, il faudra tirer dans la tête, en plein dedans et surtout ne pas se rater. Sinon on se relève et on devient une de ces bêtes. C'est ce qu'il s'est passé pour mon ancien petit ami, Klaus. Il a été malade au début, tout simplement. En bonne petite amie, j'étais partie lui chercher quelques calmants à la pharmacie et c'est à son retour que je l'ai vu se jeter sur son voisin... Il était prêt à le tuer mais à été pris de court par la personne qu'il agressait. Deux balles en pleine tête. Au début, j'ai voulu voir son tueur mourir, ne comprenant pas pourquoi il avait agi ainsi et c'est lorsque je me suis approché de celui que j'aimais que j'ai compris qu'il avait agi pour le bien de tous, qu'il n'était plus vraiment lui. À quoi bon vivre encore alors qu'il y a des personnes comme Klaus à tous les coins de rue. Les armes sont devenues faciles à trouver, plus besoin d'aller dans une armurerie. Mon voisin m'en a donné une, m'ordonnant de m'en servir uniquement en cas de danger. Assise dans un coin, à l'écart de tout, je prends de grandes respirations, essayant de se calmer, comme si en prenant le plus d'air possible j'allais retrouver du courage. Le canon de mon arme monte doucement jusqu'à ma bouche. Les bruits de pas sont de plus en plus proches, ils seront là dans quelques instants, il faut y aller. Pourquoi se battre encore ? La mort finira par me gagner et sans Klaus je suis complètement perdue... Certains ne comprendront pas mon geste mais j'ai juste accepté la situation, accepté ma mort. Je préfère mourir avant de voir le monde s'écrouler encore plus. Je suis sur le point d'appuyer sur la détente, les yeux fermés lorsqu'une main se saisit de mon bras. La première chose qui me vient à l'esprit c'est que je ne suis pas allé assez vite et que je vais devenir l'un d'entre eux, un monstre. Mais la respiration à ses côtés, bien que plus rapide que la normale, est celle d'un homme encore en pleine santé. J'ouvre rapidement les yeux pour le regarder et alors que sa présence devrait m'arracher le plus beau sourire de ma vie, je reste de marbre et ne réfléchit pas lorsqu'il m'ordonne de se mettre à courir et de le suivre. Je le fais, parce que même si je ne le connais pas réellement je lui fais confiance. L'homme qui est devant elle et qui l'a empêché de se foutre en l'air c'est celui qu'elle a toujours voulu rencontrer un jour, l'homme qu'elle a passé des heures à écouter, Tybalt Morrisson.

Je manque de tomber à cause d'une racine d'arbre. « Ça t'apprendra à rêver Aly ! » Ses paroles sont plus pour moi que pour l'ancien chanteur qui est à quelque pas. Ce dernier se retourne d'ailleurs, entendant sûrement le bruit que j'ai fait en me rattrapant. Je lui souris légèrement, ce sourire petit et triste que j'ai depuis l'épidémie. Un petit signe de tête pour lui faire comprendre que tout va bien et que nous devons continuer, encore. J'ai rapidement compris que s'arrêter était un danger. Tout comme les groupes. Cela fait un moment maintenant qu'on suit ce groupe de loin, comme il le désire. Avancer en surveillant les gens qui sont autour de nous, une nécessité. Si les morts ne le sont plus, les hommes ne sont plus réellement humains... Certains passent leur temps à chasser, des hommes comme eux. Le monde est d'autant plus dangereux pour une femme surtout si elle est seule. Aussi je sais la chance que j'ai de l'avoir à mes côtés, je n'aurais pas survécu longtemps sans lui. Il m'a tout de même donné de quoi me défendre, si j'en ai besoin mais cela ne me servira pas à grand chose, je le sais bien. Parfois, je ne comprends pas réellement ce qu'il cherche à faire en nous emmenant à tel ou tel endroit. Le groupe que nous suivons est composé de douze personnes, il y a des gens qui semblent avoir mon âge ou un peu moins, je ne sais pas réellement. J'adorerais les rejoindre, pouvoir souffler un peu mais mon compagnon est bien trop prudent pour les rejoindre tout de suite. Il veut encore les observer... à quoi bon ? Si Tybalt a su me sauver, il n'a pourtant pas été capable de me redonner l'espoir de vivre. Personne ne sera sans doute le refaire un jour...

Quelques mètres après ma presque chute, je pousse un long soupir. « On peut s'arrêter un peu ? » Ma voix est basse, je ne veux pas attirer l'attention des gens ou des rôdeurs. J'attrape mon sac pour boire, faisant attention à ne pas perdre une goutte d'eau. J'ai presque du mal à le porter, il faut dire que nous ne mangeons pas à notre faim alors que nous marchons depuis longtemps. Je ne serais pas dire combien de temps, j'ai perdu toute notion... « Ils iront pas bien loin, on peut se reposer un peu, non ? »

“this is the end beautiful friend”

Depuis quelques temps, la douleur avait quelque chose de bons. Si elle nous faisait toujours autant souffrir, au moins, elle nous rappelait que nous étions toujours en vie... Cette vie qui aujourd'hui tiens à peu de choses. J'aimerais voir la tête que font les non-violents à ce moment précis. Enfin, je pense qu'ils doivent être morts... Pas de chance de survie si l'ont accepte pas de donner des coups parce que les rôdeurs n'ont aucune pitié. Guidés par leur appétit sans pareil, ils mangeront femmes et enfants sans once de regrets. La vie était dure, elle est encore plus aujourd'hui mais d'une autre façon et l'ont doit continuer ainsi. Si nous avions il y a quelques temps encore de l'espoir, des projets, il n'en ai plus rien aujourd'hui. A présent tout ce qui compte c'est sauver sa peau, la vie de nos compagnons et avancer, toujours, en silence. Le bruit les attire, la lumière aussi, le feu le soir. Alors on s'habitue, à ce froid qui vous entoure, à cette pluie qui fait jouer à la nature une drôle de musique. On accumule des vêtements trouvés ci et là même si quelque part, on espère que c'est le froid qui aura notre peau, le froid avant ces foutus zombies. J'ai pas envie de me faire déchiqueter, de me faire manger par des gens. Alors en attendant tout ça, je préfère avoir mal, être épuisée tous les soirs à force des kilomètres qu'on doit faire lui et moi, seuls. Ce que j'aurais donné pour être seule avec lui quelques temps plutôt. Si j'avais su que ce serait dans ces conditions, je ne sais pas si j'aurais tant espérer...

Souvent je l'avais vu dans mes rêves, j'ai toujours eu le béguin pour lui mais je sais qu'à présent tout cela ne veux plus rien dire. Avoir le béguin pour quelqu'un ? À quoi bon ? Prendre le risque d'aimer quelqu'un, de l'aimer si fort puis de le perdre... Il y a en plus le risque d'avoir un enfant, parce que croyez-moi, les préservatifs et les pilules contraceptives ça ne court pas les rues. Avoir un enfant, prendre le risque de le perdre, d'être ralenti. Et un enfant qui pleure ça attire les zombies. Je crois que si mon petit-ami était toujours là je n'aurais qu'une peur : tomber enceinte. Avorter ces derniers temps n'a rien de simple... Je n'ai pas envie de penser que j'ai pour compagnon un homme que j'ai désiré, il est simplement mon compagnon, un homme qui me protège et qui veuille sur moi. J'aimerais dire que j'en faisais autant pour lui mais ce serait mentir. Je sais que je n'aurais pas fait autant de choses sans lui, je n'aurais pas fait autant de chemin. J'aimerais dire que lorsqu'il dort, je tiens une arme et que je suis prête à shooter n'importe quel rôdeur qui s'approcherait d'un peu trop près de nous, sans qu'il soit inquiété. À la place de ça, je reste éveillée, et dès que je vois une ombre, aux moindres bruits, je réveille discrètement Tyblat et il fait ce qu'il faut. Cela fait longtemps qu'aucun de nous ne dort d'un sommeil profond, même moi qui autrefois était impossible à réveiller avant l'heure. La peur change beaucoup de choses chez une personne. Si je prenais le temps pour y réfléchir, je crois que je pourrais encore trouvé beaucoup de chose mais nous n'avons pas beaucoup de temps pour penser et c'est sans doute mieux ainsi. Sinon je crois qu'on se serait tous mis d'accord pour se foutre en l'air. La vie n'a plus rien de plaisant. C'est peut-être difficile à croire mais c'est pourtant bien vrai. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas entendu quelqu'un me dire qu'il est heureux de vivre. En fait, cela fait longtemps que je n'ai pas entendu quelqu'un que le jeune homme qui marche à quelques pas de moi.

D'ailleurs, en entendant le bruit qu'à fait ma presque chute, ce dernier s'est rapproché de moi. Je savais que je pouvais compter sur lui, au moindre problème. Il accepte que l'on s'arrête, tant mieux. Je n'ai pas envie de le ralentir. Et je crois que s'il avait dit non, je n'aurais écouté que moi. On marche depuis tellement longtemps que je ne sens presque plus mes pieds. Je regarde le jeune homme s'asseoir. Je préfère rester debout sinon je crois que je n'arriverais jamais à me relever, je suis bien trop fatiguée pour ça. Comment mes jambes arrivent elles encore à supporter mon poids ? Tybalt se met à parler et ses mots tombent, semblant m'assommer. Il veut y aller seul ? Mon estomac gronde légèrement et, même sans le vouloir, je hoche la tête doucement. « Ouais... Ça devrait aller. Essaye quand même de ne pas trop t'attarder tout seul. Je continuerais à vous suivre et si j'ai un soucis... Je sifflerais si je ne peux pas m'en défaire... » Je pris une grande inspiration. « ...l'air de ta première chanson. » Je les connais toutes par cœur mais la première est celle que je connais le mieux. C'est comme ça que je l'ai connu. J'espère pouvoir me débrouiller sans cela. J'ai tout de même une arme sur moi, au cas où. Peut-être serait-il temps pour moi d'apprendre à m'en servir. Je sais que Tybalt ne sera pas bien loin si j'ai besoin de lui. Et même si je veux avoir l'air confiante je suis morte de trouille, je n'y peux rien... « Mais ça ira, on a croisé que très peu de rôdeurs depuis quelques temps et le groupe les attirera plus que moi si je reste assez discrète et j'y arriverais. » Essaye de te rassurer Aly parce que quand tu seras seule, il ne te restera que le souvenir de cette conversation pour te convaincre que tu es assez forte pour te battre et pour survivre. Tybalt ne t'abandonne pas, il fait ça pour toi, pour que tout être sûr que tout va bien. S'il se retrouve dans la merde il ne pourra compter que sur moi. Peut-être qu'il serait tant que je devienne grande.