Assis dans l’herbe, une bouteille d’eau sale à la main, je passais une nouvelle soirée à la belle étoile dans un camp d’infortune improvisé avec les quelques membres de mon groupe improvisé. Ce soir encore, le repas n’avait pas été très gros et la faim continuait de se faire ressentir. Mais je tentais de ne pas y penser, le regard dans le vide je me plongeais dans mes souvenirs remontant alors jusque dans mon enfance, à cette époque où nos vies étaient encore heureuse mais surtout paisible et ou la seule question que l’on se posait était de savoir si nous allions oui ou non pouvoir regarder notre dessin-animé en rentrant de l’école.

« Je suis né il y a quinze ans si je ne me trompe pas dans les dates, je les ai eus il y a peu de temps, un ou deux mois tout au plus mais ça n’a plus d’importance, qui s’intéresse encore aux âges maintenant ? Je suis le troisième enfant d’une fratrie de quatre garçons suivant Aidan et Luke et précédent Enzo, le petit dernier. D’aussi loin que je me souvienne notre vie fut aisée, nous n’étions certainement pas les plus riches mais nous vivions de manière assez heureuse. Je me souviens aussi avoir démontré dès mon plus jeune âge un tempérament difficile, pas que je sois turbulent mais c’était un peu ma manière à moi de me démarquer de mes autres frères mais surtout pour moi une manière d’exprimer ma peine de la perte de mon père qui avait sombré dans le coma. C’est d’ailleurs ma mère qui s’occupait de nous avec bien du courage. Avec le temps se comportement s’accentua encore plus car il n’y a que dans les bêtises que Luke n’arrivaient pas à me surpasser. Il ne me restait plus que cette solution après le piano, l’école et la plus grande partie de mes jeux-vidéos dans lesquels Luke s’était montré bien meilleur. Je développais alors au passage une certaine rivalité qui dura pratiquement toute notre vie. Je me souviens aussi que je me comportais mal avec le benjamin de la fratrie, Enzo en prenait souvent pour son grade alors qu’il ne demandait rien ce qui me provoquait assez souvent des conflits avec Aiden mais au fond, nous n’étions qu’une famille lambda avec ses joies, ses peines, ses bagarres et ses bons souvenir. Je me rappelle aussi qu’à l’époque, j’étais quelqu’un de très teigneux malgré ma petite taille et je n’hésitais pas à user de mes poings. C’est ainsi que je m’étais fait cette réputation de gros dur du collège, et que j’étais devenu en quelque sorte populaire, devenant avec mes amis la terreur des «intellos » que je détestais. Le pire dans cette période était que je n’avais aucun remord à le faire car pour moi c’était normal, il n’avait que ce qu’il méritait. Maintenant ? Je ne sais pas si je pense toujours pareil mais les circonstances sont différentes et la loi du plus fort est vraiment appliquée. En revanche si je devais changer une chose à mon enfance, ce serait sans hésiter mon comportement avec Enzo. Mon seul et réel regret. »

Les larmes me montaient aux yeux comme à chaque fois que je repensais à ma famille, ma belle et heureuse famille qui aujourd’hui n’existe plus. Parfois je me demande seulement si mon père réveillé de son coma et si Enzo sont encore en vie. Ce serait tellement bien et je prie chaque jour pour que ça soit le cas et encore plus pour les retrouver mais quelles sont mes chances de les revoir un jour. Je passe ma main poussiéreuse sur ma joue sale sans réellement me préoccupé de mon hygiène, cette chose étant devenue tellement sans importance, je retournais dans mes souvenirs au moment du début de l’épidémie.

« A cette époque, lorsque les médias avaient annoncés le virus, comme plus de la moitié des jeunes et même des personnes, je n’y avais pas prêté attention en me disant qu’il devait s’agir d’une de leur pseudo nouvelle grippe comme ils nous en sortaient tous les ans. Et pourtant mon père fut envoyé à Seattle pour aider là-bas. Je ne me souviens plus pourquoi exactement en revanche mais ce dont je me souviens, c’est de la vitesse où les gens ont commencé à changer, à devenir ces horribles créatures. Je me souviens aussi de mon père rentré en urgence et de ce déménagement soudain jusqu’à un petit cottage à la sortie de la ville. Désormais j’avais peur, tellement peur. Je n’étais plus le petit caïd d’autrefois qui se battait avec n’importe qui n’importe quand au contraire, ces personnes voulant nous dévorer me terrifiait totalement et je ne devenais plus que l’ombre de moi-même restant en permanence caché ne bougeant que lorsque l’on me disait de le faire et n’ayant plus la moindre autonomie. La seule chose que je faisais réellement était de rassurer du mieux que je le pouvais mon cadet sans y croire moi-même. Allions nous nous en sortir ? Bien-sûr car tant que nous étions dans cette maison nous étions en sécurité ! J’étais encore tellement naïf. En effet, je me souviens de la mine inquiète de ma mère lorsque mon père revint bredouille et de leur décision de partir tous les deux nous laissant sous la protection d’Aidan. Mais plusieurs jours étaient passés sans que nos parents ne reviennent et même si l’espoir subsistait dans l’esprit d’Aidan, je perdais peu à peu la certitude de revoir nos parents vivants. C’est donc les deux ainés qui prirent la décision de partir en mission de ravitaillement. Je n’étais pas rassuré à l’idée de les voir partir à leur tour mais il allait falloir nous nourrir car l’était d’Enzo n’allait pas en s’arrangeant et je craignais de le voir succomber si nous continuons à ne rien faire. Je promettais donc de veiller sur Enzo juste avant de fermer la porte derrière eux en les voyant partir. »

J’arrachais un brin d’herbe sous la colère tout en observant le sol et en me mordant la lèvre. Il n’était jamais revenu et ils nous avaient laissé, j’ai donc toujours pensé depuis ce jour qu’ils étaient morts car je sais que jamais ils ne nous auraient abandonnés. Je me levais alors en marchant le long du fil de fer sur lequel nous avions accroché des conserves en guise d’alerte. Je continuais de penser.

« Même si nos deux frères n’avaient pas survécus à leur expédition, notre père lui revint de son expédition mais seul, nous apprenant que notre mère n’était plus de ce monde et qu’il avait retrouvé le corps d’Aidan inanimé mais pas celui de Luke. Cependant je continuais de penser que Luke était lui aussi décédé car il serait rentré sinon. C’est sûr et certain. J’avais tenté de resté fort en apprenant toute ses nouvelles et par fierté, je n’avais montré de peine devant personne restant d’abord stoïque mais en état de choc à l’intérieur ne pleurant qu’une fois la nuit tombé, lorsque je fus seul avec moi-même. D’une famille de six nous n’étions plus que trois mais pour combien de temps ? Et qui serait le suivant, je savais que je devais me reprendre et être plus fort. J’étais plus bagarreur que Luke habituellement alors peut-être que si j’y avais été à sa place, nous serions revenu avec Aidan. Ce n’était sans doute pas la meilleure des choses à faire et pourtant, plutôt que d’exprimer ma peine, je me rajoutais d’avantage de culpabilité mais je protégerais mon plus jeune frère coute que coute, c’est ce que Maman et Aidan aurait voulu. Nous avions finalement décidé de nous rendre en Californie sans doute en quête d’un endroit plus sur quand un groupe nous apprit l’existence d’un tel endroit dans le Nevada. Le voyage allait être dur et éprouvant et pourtant en voyant qu’ensemble nous formions un groupe de quinze personnes, je finissais par me sentir invisible et je m’étais rêvé à croire que malgré de fréquentes attaques de rôdeurs, rien ne nous arrêterais. Une belle preuve de naïveté. Jusqu’à cette énorme attaque que notre groupe eut à subir. Je combattais avec le reste du groupe, avec du mal car même si j’avais appris à me servir d’une arme à feu, je n’étais pourtant pas un expert en la matière mais je n’avais pas le choix, ces créatures étaient trop nombreuse. Alors que j’en avais abattu un proche de moi, je voyais que d’autre s’approchait. La peur continuait de me gagner alors que je voyais certains de nos compagnons s’écrouler face aux morsures et toutes ces créatures de plus en plus proche de moi. J’avais donc fini par fuir m’éloignant alors du groupe, lâchement encore une fois. Je pensais que les rôdeurs ne me suivraient pas et que je reviendrais une fois la horde vaincu. Mais j’avais tors certain des rôdeurs m’avaient suivi. Alors que je m’essoufflais peu à peu, je trouvais refuge dans une maison abandonné y restant cloitré deux bonnes heures derrière cette porte contre laquelle j’avais bloqué un canapé. J’avais peur, j’étais sûr qu’il finirait par passer le pas de cette maison. Ce n’est qu’en me décidant à l’explorer que je découvrais une porte de sortie libre. Mais bien-sûr ! Je me sentais assez idiot mais la peur m’avait fait perdre toute logique. Je parvenais donc à fuir et à rejoindre le champ de bataille où j’avais laissé mes amis. Plus personne si ce n’est encore quelque rôdeur, ils avaient dû partir sans moi en me pensant mort. Je fus soulagé de ne pas voir le corps de mon père ou de mon frère étendu sur le sol ou réanimé. Cependant j’étais désormais seul, seul à cause de ces monstres et une immense colère me gagna. J’allais devoir me débrouillé par mes propres moyens jusqu’à ce que les retrouve alors que je n’étais qu’un gamin. »

J’observais les alentours pourtant calme mais néanmoins prêt à sortir mon couteau si l’une de ces pourritures s’approchait. C’était mon tour de garde et je voulais que mes quelques compagnons dorment convenablement. Ces compagnons qui m’ont trouvé alors que j’errais seul sans savoir où réellement me dirigé. Je voulais rejoindre cette zone sûr mais seul et à pieds, je n’avançais pas vite passant plus de temps à faire des détours pour éviter les rôdeurs à cette époque où malgré tout je refusais de me battre.

« Mon groupe m’avait trouvé alors que je me fuyais désespérément des rôdeurs, ils les ont abattus et m’ont ensuite demandé si je n’avais pas été mordu. Heureusement non puis finalement, ceux-ci m’ont proposé de les rejoindre. Je crois que je ne dois cette proposition qu’à mon jeune âge et mon air épuisé. J’étais devenu plus fort mais pas assez pour continuer indéfiniment seul mais je ne perdais pas espoir de revoir Enzo et mon père, c’est ce qui me faisait avancer. J’ai parlé à mes nouveaux camarades de cette zone sûre et évidemment ceux-ci ont été intéressés. Débuta alors le vrai voyage. Nous étions quatre, deux hommes et une jeune femme et puis moi. L’un deux m’apprenaient à me battre, à me défendre, à écouter les bruits et à mieux tenir mon arme mais surtout à n’utiliser celle-ci qu’en cas d’extrême urgence et à privilégier le combat au couteau, chose que je faisais assez peu. Au fur et à mesure de mes entrainements, je prenais de l’assurance en moi et bientôt je ne craignais plus d’affronter quelques rôdeurs. Seulement l’un de nous succomba, et ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase pour moi. Comme le couteau enfoncé au maximum dans une plaie qui ne se referma jamais et depuis, un comportement à nouveau violent émana de moi. Désormais, je ne pouvais plus m’empêcher d’éliminer chaque zombie que je croisais quitte à en prendre des risques, je m’en fichais. Ma mère, mes frères, mon premier groupe et maintenant lui, combien de temps tout cela allait durer ?! Toutefois malgré la peine et le temps qui passait nous finissions par rejoindre la dite zone sûre, la zone 51 qui désormais n’était plus. Je perdais cette fois-ci tout espoir de retrouver ma famille et désormais, nous n’avons plus réellement de but précis, voyageant avant tout pour survivre et tentant de rester loin du danger, du moins eux. »

Parfois je pense réellement qu’il n’y aura plus d’issus possible et que je ferais mieux de tout arrêter maintenant et pourtant, je n’arrive pas à perdre l’espoir de trouver un endroit sur un jour, un attendra que mon père et Enzo viendront rejoindre car au fond, j’en suis sûr, ils vivent encore !  




[a suivre]