Lenny & Alliyah

ONE BY ONE. HOLLOW HEROES SEPARATE. AS THEY RUN. YOU'RE SO COLD. KEEP YOUR HAND IN MINE. WISE MEN WONDER WHILE STRONG MEN DIE.

La journée ne fait que commencer, et Alliyah se sent déjà d'aplomb. Elle a eu la chance inouïe de trouver de quoi bouffer, la veille au soir. Du coup, elle a des forces. En tout cas, elle en a assez pour partir à la recherche de toujours plus de vivres. Elle préfère faire des stocks que se retrouver en pénurie très rapidement. Elle n'a plus de voiture depuis un moment, celle qu'elle utilisait l'ayant lâchée pour des raisons obscures. Alors, elle voyage à pieds. Des forces sont nécessaire mais aussi beaucoup de motivation. L'horizon, elle le voit. Mais elle ne l'atteindra jamais et, à vrai dire, elle ne sait pas vraiment où elle va. Y a-t-il quelque chose à trouver quelque part ? Va-t-elle continuer à marcher sans but longtemps ? La réponse ne fait que peu de temps : oui, cela risque de durer longtemps. Et, bizarrement, cette perspective ne lui semble pas si désespérante qu'elle l'aurait imaginé. Elle n'appréhende en aucun cas les jours à venir. Le futur ne le lui fait pas peur. Il est mystère, obscure, sans intérêt aussi mais elle y trouve son compte. Ce n'est pas insipide comme certains survivants pourraient l'imaginer. Elle fait en sorte de s'occuper, elle voit au jour le jour ce qu'elle peut faire. Son temps ne lui est jamais vain, elle refuse de rester inactive plus d'une heure ou deux. Bien qu'elle voyage seule depuis le départ ou presque, elle n'a jamais vraiment le sentiment - et le temps - de s'ennuyer. Quand elle ne cherche pas de la bouffe et de l'eau, elle marche. Quand elle ne fait ni l'un ni l'autre, elle tue des rôdeurs. Comme ça, les journées s'écoulent vite.

Si elle n'était pas seule, elle n'aurait pas cette liberté donc elle a incroyablement besoin. Si elle n'était pas seule, sa vie serait pleine de contraintes et de règles qu'elle ne peut supporter. C'est la raison pour laquelle elle n'a jamais rejoint la zone bien qu'elle savait précisément où elle se trouvait. Seule, elle se sent mieux. Elle n'a pas besoin de se prendre la tête avec des interrogations ridicules, pas besoin non plus de prévoir des réserves sur le trop long terme pour de trop nombreuses personnes. Elle est seule, libre, indépendante et parfaitement à même de s'en sortir. Pour conclure là-dessus, sa vie telle quelle lui va bien. Elle ne pourrait pas rêver mieux, en fait. Et ce qu'elle avait autrefois ne lui manque pas le moins du monde ; au contraire, elle ne reviendrait pas en arrière même si elle en avait la possibilité. Et, aussi atroce cela puisse-t-il paraître, même si elle avait la possibilité de sauver ses petites sœurs, ou sa mère. Regarder en arrière ne sert strictement à rien, elle l'a toujours clamé haut et fort. Ce qu'il faut, c'est s'ancrer dans le présent, garder la tête froide. Les émotions, elle ne sait pas à quoi cela sert. Elle ne l'a jamais su et la manière dont elle doit vivre aujourd'hui n'a rien changé à cela. A moins que ça ait renforcé l'idée dans sa tête, la rendant plus que présente ... Toujours est-il qu'elle ne s'embarrasse pas. Elle n'en voit pas l'intérêt. Si elle peut trouver un avantage à rester avec quelqu'un ou un petit groupe, elle le fait. Mais cela ne dure jamais. Son appétit d'indépendance reprend vite le contrôle. A tous les coups.

Un sac à dos un peu trop lourd, mais ayant au moins le mérite d'être plein de ce qu'il lui faut pour survivre, Alliyah marche depuis longtemps. Une heure ? Deux ? Elle ne sait plus trop. Mais, depuis qu'elle s'est levée, le soleil a largement eu le temps de monter dans le ciel. Il doit être dix heures, peut-être moins. Ce n'est pas son truc, ça, de deviner l'heure qu'il est en fonction de la position du soleil dans le ciel. Ce n'est pas très utile non plus. Parce qu'elle est persuadée qu'elle trouvera aisément une cachette pour la nuit à venir quoi qu'il arrive. Et aussi parce qu'elle voit, justement, un endroit qui pourrait lui plaire. Un petit village, perdu entre une montagne et une forêt, visiblement abandonné depuis longtemps. Elle avance pas à pas, fait en sorte de ne pas faire trop de bruit. Elle fait aussi attention à ce qui se passe autour d'elle ; il paraît évident qu'elle n'a aucune envie de se faire prendre par surprise. D'être soudain entourée de rôdeurs, ou pire de survivants. Elle décide de prendre une petite pause avant d'aller jusque là-bas. A l'entrée de la fameuse forêt, elle pose son sac sur le sol, au pied d'un arbre. Elle se laisse lourdement tomber sur le sol et essuie son front du revers de sa main. Il fait chaud, par ici. Ses mouvements sont précis, rapides, mais un peu fébriles peut-être. Son repas de la veille n'a pas suffit à rattraper tout ce qui manque à son corps. Elle a besoin d'énergie. Alors, tout en laissant à regret sa machette sur le sol, Alliyah sort d'une poche de son sac à dos une barre de céréales. La date de péremption est dépassée, mais qui fait encore attention à cela ? Elle ne va pas cracher dessus. Avec un peu de chance, elle trouvera de quoi achever de se rassasier dans le village qu'elle voit, de là où elle est. Avec un peu de chance, elle n'aura pas non plus à s'épuiser en se protégeant face à des zombies ou des survivants. C'est bien mal connaître sa chance.

 

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