Il est une chose qui n’a jamais changé chez Catalina et qui est très important pour bien saisir qui elle est : elle est profondément croyante et pratiquante. Elle a une foi inébranlable en Dieu, encore aujourd’hui malgré tout ce qui a pu arriver. Le Paradis, l’Enfer, ce sont des notions qui ne lui sont pas du tout abstraites, elle y croit dur comme fer, elle y croit tellement qu’elle est persuadée qu’elle ne rejoindra pas les siens au Paradis, pas après tout ce qu’elle a fait et surtout, tout ce qu’elle n’a pas fait. Ceci dit, croire à ce point-là ne rend pas la perte de ses proches plus facile à accepter. Catalina étant une femme émotive, même si elle sait camoufler ses émotions, elle souffre chaque jour de leur absence même si elle a appris à vivre avec. Elle a fait une place dans son cœur pour chacun des membres de sa famille qui a perdu la vie et au fond d’elle, savoir qu’elle ne pourra jamais les revoir une fois qu’elle aura elle-même perdu la vie la ronge. Mais elle fait face. Elle fait toujours face. Bornée, combative, elle ne se laisse jamais abattre. Elle a pourtant eu bien des occasions de laisser tomber mais jamais. Elle est du genre à persévérer, quoi qu’il advienne. Elle a vu et vécu des horreurs et pourtant, elle s’est toujours accrochée. Peut-être parce que dans le fond elle a toujours eu l’espoir d’un monde meilleur ici ou ailleurs. Un espoir qui parvient à subsister même si elle sait que ce monde ne sera pas pour elle : pour d’autres mais pas pour elle puisqu’elle estime ne pas le mériter. Trop de violence en elle pour ça, trop de colère. Envers les humains plus particulièrement, pas envers les rôdeurs. Eux, ils ne contrôlent pas ce qu’ils font alors que les hommes, eux… Si elle a foi en Dieu, elle n’a plus totalement foi en l’humanité même si heureusement, certaines personnes ont su rester bonnes. En étant auprès de ces gens bons, Catalina se sent davantage elle-même. Celle qu’elle a été. La patriote. La protectrice. Mais elle s’est tellement égarée, Catalina, tellement égarée… Elle a laissé des gens mourir, elle en a tué d’autres, elle a commis l’irréparable, l’impardonnable et ce sang sur ses mains la hante et la hantera toujours. Elle vit cependant avec. Elle n’a pas d’autre choix. Elle ne peut pas se laisser aller. Elle se le refuse car si elle sait être intransigeante envers les autres, elle doit l’être aussi envers elle-même.

En somme, Catalina a changé sans totalement changer. Elle est restée la même, elle est restée fidèle à elle-même. Elle s’est juste perdue pendant quelques temps si bien qu’elle a perdu un morceau d’elle. Elle s’est perdue au point d’être à présent persuadée que son âme est damnée et qu’elle finira en Enfer.  Elle s’est également endurcie. Oh elle l’était déjà : dure, forte, solide, mais elle l’est davantage aujourd’hui.

Du dégoût, sans aucun doute. Ce sont des cadavres en état de décomposition, certains à un stade avancé, donc oui, du dégoût. La vision est écoeurante, plus que l’odeur. Au départ c’était l’inverse mais l’odeur, elle a eu tout le temps de s’y habituer, à force de tuer des rôdeurs, de se couvrir de leur sang pour pouvoir être invisible pour leurs narines. C’est pratique. Très pratique. Très répugnant au départ, mais on s’habitue. En tout cas, elle, elle s’est habituée et à l’odeur aussi du coup. Elle ressent peut-être aussi une once de pitié. C’est triste de terminer comme ça, de ne pas avoir son corps en paix. Dans son esprit de fervante croyante et pratiquante, que les morts soient debouts, que les corps continuent de s’avancer alors que ce qui faisait la personne qu'ils étaient a disparu, c’est triste oui. Elle pourrait détester les rôdeurs mais ce n’est pas le cas. Dans le fond, ils ne sont pas responsables de leur état. Ils ne contrôlent pas ce qu’ils font. C’est le virus qui les contrôle et si elle les tue pour se défendre ou défendre les personnes auxquelles elle tient, elle n’y prend absolument aucun plaisir. Jamais. Elle a beau exceller dans ce domaine, elle a beau être une excellente survivante, non, elle ne prend absolument aucun plaisir à tuer des rôdeurs. Pour être totalement honnête, ça lui fait même très, très souvent mal au cœur.