J’avançais d’un pas décidé dans les bois californiens, armé de mon fusils d’assaut dans les mains et du reste de mon arsenal dissimulé un peu partout sur moi. J’étais partie à la recherche de vivre dans de possibles cabanes de chasseur souvent bien remplies, ou de bétail à ramener. Nous ne manquions pour le moment pas de nourritures mais j’étais quelqu’un de prudent qui voyait plus loin que le jour même. Il était aisé de subvenir à nos besoins quand nous voyagions à trois avec Rebekah et Alixen, mais depuis que nous avions rejoint Conrad et Desmond accompagné d’Emily dans cette villa, il nous fallait toujours plus de nourriture et toujours plus de stock. Et puis j’avais besoin de m’aérer l’air et d’être parfois seul. Notre villa se situait à proximité de Pasadena et cette ville ne nous était pas inconnu ni à Emily, ni à moi. Nous avions grandi ici et passé nos enfances dans cette ville. Et même si j’avais enfoui tout ce qui concernait ma vie d’avant au plus profond de moi, je devais avouer qu’être si proche de mon passé me cassait un peu le moral. D’autant plus que j’avais revu Tommy, mon meilleur ami d’enfance, encore un fantôme de mon passé refaisant surface juste après Emily. Ca commençait à faire beaucoup et tous mes souvenirs douloureux refaisaient surface. Lui avoir parlé m’avait fait penser à Jenny et Connor. Alors j’évacuais ma colère en partant en ravitaillement sans forcément en avoir besoin. C’était vraiment dur à encaisser mais je ne montrais rien et je ruminais. Mais bordel, j’avais besoin de me défouler, de frapper, de tuer même mais il fallait quelque chose qui me ramène à cette vie actuelle. J’avais croiser deux rôdeurs, bien décharnés, puants et répugnants à souhait. Ils eurent à peine le temps de se retourner et d’approcher en ma direction que j’avais frappé le premier dans le dos le faisant tomber, avant d’attraper les cheveux du premier et de lui foutre mon couteau dans le crâne, puis j’avais réservé le même sort au second tentant de se relever. Je fouillais les cadavres et trouvait une arme à feu dans un holster, celui-là devait être un survivant peu chanceux, l’autre rôdeur ne possédait rien et semblait plus « vieux » d’un point de vue mort. J’avais alors continué ma route jusqu’à atteindre une petite ville, déserte évidemment. Je parcourais les rues quand j’aperçevais un gars un peu plus loin, occupé vers une station essence. Je ne sais pas ce qu’il foutait la bas, voulait-il trouver de la nourriture dans la superette à côté, de l’essence pour un véhicule. Je n’en savais rien mais je m’approchais de lui et je voyais un sac qui me semblait bien rempli sur son dos. J’approchais discrètement, saisissant mon couteau, j’allais le tuer sans faire de bruit. Pourquoi j’avais laissé ma batte à la maison ? Je m’approchais toujours discrètement en espérant qu’il ne me voit pas, j’aurais pu le braquer à l’arme à feu mais j’avais envie de me battre ! Je devais taper, frapper, tout démolir et son visage allait en faire les frais. J’avais alors bondi sur lui le saisissant à la taille pour le faire tomber au sol avant de me placer sur et de lui mettre un coup de poing pour un peu le calmer, il n’avait pas encore réalisé mais en théorie, il n’allait pas tarder à se défendre. Je plaçais ensuite mon couteau sur sa gorge. « Bouge pas où j’te crève ! » C’était un peu traitre d’avoir attaqué de dos mais je ne voulais pas prendre le risque de me faire casser la gueule non plus, c’est moins drôle. J’observais alors son visage me semblant familier…

Ce mec tombait littéralement à pic, j’avais besoin de ressource et de me défouler sur quelqu’un, loin de me douter de l’ironie du destin qui semblait s’amuser à faire ressurgir un passé depuis longtemps enfoui. Et j’avais foncé sur cette homme, le faisant tomber au sol sans même qu’il n’ait le temps de réagir. J’étais assez réactif et j’avais profité de l’inattention de ce pauvre inconnu se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment. Lorsqu’il fut au sol, je ne lui laissais pas une seule seconde de répit et je venais me placer sur lui, posant tout mon poids sur lui avant de lui asséner mon poing dans le visage pour ne pas qu’il se défende. Je n’avais aucune honte à dire que la réussite de cette attaque provenait en partie du fait que j’ai attaqué dans le dos. Qui sait peut-être qu’autrement il aurait pu prendre le dessus sur moi. Je plaçais ensuite mon couteau sous sa gorge pour le maintenir calme le temps de prendre une décision. Allais-je le tuer directement en lui enfonçant ma lame dans l’orbite de l’un de ses yeux ou allais-je le passer à tabac pour me défouler sur quelqu’un de vivant. Je n’eux pas se loisir en apercevant le visage de cet homme ne m’étant pas inconnu. Je devais avouer ne pas l’avoir reconnu tout de suite mais après quelques secondes, ces traits familiers me sonnaient comme une évidence… Iain. Je restais sous le choc, assis sur lui ma lame sous sa gorge sans bouger tandis que l’étonnement prenait maintenant place sur mon visage fermé quelques secondes auparavant. Je n’aurais jamais pensé revoir un jour mon cousin, j’avais renoncé à ma famille il y a bien longtemps et le voilà qui se retrouvait la cible de mon attaque. Bon sang, heureusement que j’avais décidé de l’attaquer de face et pas de l’abattre à distance, même si tuer était devenu banale pour moi, cette mort aurait joué sur ma conscience. Après tout, même si nous vivions dans des lieux éloignés, Iain et moi avions toujours été très proches, attendant les vacances avec impatience pour aller l’un chez l’autre et faire les quatre cent coups ensemble. Il avait et comptait énormément pour moi-même si en grandissant, nous avions perdu contact sans nous en rendre compte ne nous écrivant que pour les anniversaires et fêtes. Mais alors que moi je restais surpris, ne bougeant toujours pas alors que j’aurais au moins pu lui retirer ma lame de la gorge, lui souriait. Pourtant au fond, j’étais agréablement surpris de le voir, je devais avouer qu’après avoir revu Tommy, je n’aurais jamais pensé recroisé encore quelqu’un et qui plus est mon cousin. Et pourtant si, c’était le cas… Lorsqu’il prenait enfin la parole, je secouais rapidement mon visage de droite à gauche pour reprendre mes esprits avant de relâcher ma main tenant mon couteau sous sa gorge et la poser sur son torse. « Iain… » Après quelques secondes, je reprenais mon arme fermement en main avant de me redresser, la remettant à ma ceinture avant de tendre ma main à Iain. « Désolé… Je t’avais pas reconnu de dos… » Je restais totalement con et il fallait vraiment que je repose les pieds sur terre, une fois que celui-ci fut debout. Je l’observais encore avant de m’avancer vers lui pour le prendre dans mes bras posant une tape sur son dos. « C’est bon de te revoir ! » Je me reculais assez rapidement. « Tu m’en veux pas pour…? » Je finissais ma phrase en montrant ma propre joue pour qu’il comprenne que je parlais de sa joue sur laquelle un léger bleu apparaissait alors. Je n’y étais pas aller de main morte en plus, moi qui détestait la violence à l’époque.

Dire que j’avais tué mon cousin, sans m’en rendre compte, je ne l’aurais peut-être jamais su simplement parce que j’étais énervé et que j’avais eu envie de tuer la première personne que je croisais. Et si j’avais agis directement en le tuant sans même regardé son visage, l’aurais je remarqué. Je ne sais pas, mais j’avais prévu de tuer celui en le regardant dans les yeux, en voyant la terreur sur son visage et la vie le quitter. Simplement pour extérioriser, simplement pour évacuer mes nerfs, simplement parce que ce type se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment après avoir survécu à quatre ans d’apocalypse. De toute façon ma culpabilité n’en allait pas être plus touchée. Mais il s’était avéré qu’il était mon cousin et que malgré mon comportement sanguinaire, je ne voyais pas le tuer, je n’en avais pas envie… C’était mon cousin et en un instant tous nos souvenirs d’enfants m’étaient revenus et ondoyaient dans mon esprit, depuis l’âge où nous étions hauts comme trois pommes, à nos repas de noël, de thanksgiving. Je n’étais pas quelqu’un d’assez insidieux pour s’en prendre à mon propre sang… J’avais retiré ma lame de son cou et je m’étais redressé. Heureusement que je n’avais pas agis et que je ne l’avais pas tué. Je lui avais tendu la main comme si de rien n’était mais j’étais encore surpris et sous le choc d’avoir failli lui retirer la vie. Voilà qui avait calmé mes ardeurs pour la journée. Je n’avais plus envie de tuer ni de me défouler sur quelqu’un. Une fois tout deux sur pieds, je l’observais s’étirer sans trop rien dire, je n’y avais pas été de main morte avec lui… Mais je le prenais dans mes bras, je ne savais même pas pourquoi… Peut-être que j’allais devoir lui rendre des comptes mais pour être honnête, je m’en foutais tant j’étais content de le voir. Je m’excusais au passage pour mon coup porté à son visage, en lui demandant s’il ne m’en voulait pas trop… Ce n’était pas le mieux comme excuse mais il allait devoir faire avec, c’était déjà beaucoup venant de moi-même si Iain avait déjà un effet sur moi, laissant ressortir celui que j’étais avant. C’est cet effet qu’avait les gens de mon passé sur moi, Emily, Tommy et maintenant Iain. A force il allait totalement faire disparaitre le survivant en moi… Enfin pas vraiment parce que Tommy n’avait pas que vu le bon en moi mais il n’était plus le même non plus. Pour Iain je ne saurais le dire, il avait l’air toujours aussi calme mais je ne savais pas quelle séquelle lui avait laissé l’apocalypse. « On est jamais trop prudent ! » avais-je confirmé même si pour le coup, j’étais plutôt l’inconnu à éviter pour le coup vu que j’étais celui qui était venu à sa rencontre pour le tuer. Je ne précisais pas forcément que mon seul et unique objectif était de le tuer pour mon bon plaisir. Il m’avait alors avoué ne pas me voir dans le coin me croyant à Seattle. « Oh tu sais, j’y suis resté quelques temps après certains événements, j’ai préféré voyager et s’en m’en rendre compte j’ai emprunté le chemin de la maison. J’avoue que je ne pensais pas de te voir ici non plus, faut dire que je pensais pas revoir un membre de notre famille… » Je réfléchissais, je ne voulais pas le vexer mais je ne pensais pas que lui principalement survivrais mais j’étais mal placé pour lui reprocher de ne pas avoir le tempérament d’un survivant vu qu’à l’époque, j’étais un peu comme lui. Je ne précisais pas non plus que les raisons de mon départ étaient l’assassinat de mon fils de quatre ans qui a ensuite dévoré sa mère. Inutile d’entrer dans ce genre de détail. J’avais envie de lui poser certaine question, pour était-il venu se perdre à Pasadena, sa jumelle était elle en vie mais je n’étais pas du genre à envahir les gens de queston. « Je t’avoue pas savoir par où commencer… Ca fait des années qu’on ne s’est pas vu, bien même avant tout ça alors j’ai tellement de chose en tête que j’ai envie de te demander. » Je souriais un peu…Sans compter que nous étions dans la rue à la portée de tous ce qui se déplace et qui peut mordre. Je me sentais un peu étranger parce que même si à l’époque nous étions proches comme des frères, vers l’adolescence nous avions un peu perdu contact si ce n’est quelques textos et appels de temps en temps et les réseaux sociaux. « Tu faisais quoi par ici ? »

Je savais que Iain était sincère lorsqu’il s’excusa pour ma famille. Il avait raison c’était terrible mais ça faisait quatre ans maintenant et la vie avait continué. Enfin la survie plutôt. C’était vraiment terrible et ça me peinait mais c’était ainsi et rien n’y changerait. Iain le pensait sincèrement, j’en étais persuadé, bien qu’il n’ait réellement connu ma famille qu’au travers des photos. Jenny et moi n’avions favorisé qu’un mariage simple avec seulement nos parents et nos témoins et j’étais partie vivre à Seattle. Iain ne connaissait ma femme et mon fils qu’à travers les réseaux sociaux. En y repensant c’était regrettable mais le temps et la vie nous avaient éloigné, l’apocalypse nous avait fait nous retrouver. « T’inquiète » avais-je simplement répondu à ses doléances en haussant les épaules, je tentais d’être insensible mais je n’étais pas non plus sans cœur et ma peine se lisait dans mon regard. Je n’avais plus grands points faibles mais celui-ci était encore et toujours une corde sensible. Mais je m’étais relevé de tout ça et en général j’essayais de ne pas y penser. « On a tous perdu des gens qu’on aime. » Je tentais de relativiser et je ne voulais pas attirer la conversation sur moi. Iain aussi devait sans doute avoir eu son lot de peine et même s’il n’en parlerait pas forcément, j’étais conscient que comme tous le monde, il transportait de lourd fardeau de son passé. Je tentais tout de même au maximum de rester froid et sans émotions à ce sujet et seul mes yeux auraient pu me trahir mais rapidement je m’étais ressaisi. J’avais été brisé, maintenant j’étais reconstruit, certes des pièces étaient manquantes et je n’étais plus le même homme mais je pouvais dire que j’allais aussi bien qu’on pouvait l’être dans un monde comme celui-ci. Je devais bien paraitre étrange à Iain, mais il devait savoir que l’apocalypse nous change et le temps aussi. Nous n’étions plus des adolescents et ma personnalité n’avait plus rien de normal. J’étais au fond toujours resté le même en apparence, souriant et amicale comme je l’avais été en le revoyant mais en réalité, j’étais détaché de toutes émotions pouvant me briser, et je pouvais devenir froid et sanguinaire lorsqu’il le fallait. Je n’étais plus Graham le gentil prof d’histoire et père de famille, j’étais un survivant dangereux qui ne craignait rien, la peur étant un sentiment retiré du lot et remplacé par le plaisir de l’adrénaline. Notre conversation fut cependant interrompu lorsque Iain cru apercevoir un mouvement, que je ne n’avais pas nécessairement vu. Mais ne laissant rien au hasard, je lui avais proposé de continuer notre conversation à l’intérieur de la station. Un léger comité d’accueil nous attendait de l’autre côté, trois rôdeurs. Je me chargeais des deux premiers et j’avais laissé le dernier à mon cousin en voyant qu’il se dirigeait vers lui. J’avais supposé qu’en quatre ans de survie, il savait probablement se débarrasser d’un revenant. Il se débrouillait plutôt bien même si j’avais très bien vu qu’il était du genre à éviter au maximum ce genre de situation. Moi, j’adorais me débarrasser de ces pourritures de rôdeur et j’étais à l’aise avec ça. « T’auras au moins fait une bonne trouvaille » Disais-je en rapport à sa pioche. Cette arme n’était pas très maniable mais n’avait pas besoin que l’on s’en serve deux fois. Iain me confiait alors détester affronter ces créatures mais qu’il avait peur de se faire mordre. « J’ai prit l’habitude, à force je n’ai même plus peur. La peur fait faire des conneries … » Je haussais les épaules, je n’irais certes pas affronter l’un de ces monstres à main nu mais armé d’un couteau, je ne craignais rien. Peut-être la différence entre nous, mon cousin avait su garder la raison. Après avoir repris son souffle, mon cousin reprit la parole pour répondre à ma question précédente. Il était parti de Sacramento avec sa sœur jumelle mais ils s’étaient perdus de vie. C’était triste et pourtant, j’étais moins étonné de savoir ma teigne de cousine encore en vie plutôt que Iain. Elle avait un tempérament fort. Il ajoutait être persuadé qu’elle soit encore en vie. « J’pense aussi, les mauvais herbes crèvent les dernières comme on dit » J’avais fais cette petite blague dans le but de le rassurer, June et moi n’avions jamais eu des rapports excellent mais elle restait ma cousine et je ne me permettrais pas de rire bêtement sur sa mort, mais je savais qu’elle ne l’était pas alors je m’osais à la traiter de mauvaise herbe. Notre conversation ne continua malheureusement pas plus lorsque des voix se firent entendre provenant de l’extérieur. Je m’accroupissais alors par réflexe m’approchant de la vitrine pour aller voir ce qu’il se déroulait dehors. « Aucune chance » Je restais calme écoutant les voix se rapprocher jusqu’à voir un groupe de quatre personnes approchés avec de gros sacs intéressant. Je ne savais pas quel type de survivant était Iain mais moi j’étais de ceux qui volent aux autres. J’espérais juste que ça ne le ferait pas fuir. « S’ils nous trouvent on est mort. » Je tournais mon fusil d’assaut que je prenais en main observant le groupe arrivé. Détruire la vitre de notre refuge n’était pas une bonne idée. Je me déplaçais alors vers les portes de la station. « Je reviens. »