Le sable chaud aurait dû lui brûler la plante des pieds et pourtant il n’y faisait pas attention. Nathaniel du haut de ses sept ans était toujours autant impatient d’aller à la plage. Il avait beau pourtant y vivre seulement à quelques centaines de mètres, c’était toujours pour lui le plus bel endroit et chaque occasion d’y aller était en quelque sorte le plus beau jour de sa vie. Il adorait cela et avait sans douté joué dans cette eau si salé avant même de savoir marcher. Rien ne lui retirait ce plaisir annuel auquel il profitait avec joie chaque année. Il y allait aussi l’hiver, pour des petites balades mais ce qu’il aimait le plus, c’était de s’amuser, de recevoir ces vagues d’eau salé en plein visage, de construire des châteaux de sable. A son âge, rien n’aurait pu entacher sa vie et sa vision parfaite du monde. Un rien l’émerveillait et ce petit bout haut comme trois pommes avait tout pour être heureux. Des parents aimants, une petite vie tranquille et une joie de vivre à tout épreuve. Le monde était encore intact et ce souvenir restera sans aucun doute à jamais graver en lui. Nathaniel était un garçon de la mer et rien n’y changerait cela et ce jour-là n’y fit pas exception. Sa mère avait à peine étalé les serviettes sur l’étendu de sable qu’il avait retiré ses vêtements pour se jeter tête la première dans l’eau pourtant froide. Mais à cet âge qui se soucie réellement de ce genre de détail ? La température de l’eau ne l’intéressait pas, pas plus que l’entêtement de sa mère à vouloir lui mettre de la crème solaire. Il s’en fichait, il ne le craignait pas plus que ça. Il avait beau être plutôt clair de peau, il absordait les rayons et bronzait facilement, bien que ce genre de détails aussi ne l’intéressait pas. Il voulait jouer mais c’était sans compter sur son père qui l’avait rejoint, soulevant l’enfant comme un vulgaire sac de patate qu’il jetait sur son épaule. Il n’y échapperait pas à cette fichue crème. Nate riait à cœur joie, il aimait la vie et l’avait encore entièrement devant lui.



« Toucher ! » Nate poussait légèrement l’épaule de Benjamin, son ami à peine plus âgé que lui après qui il courait dans le but de l’attraper. Maintenant que c’était le cas, il s’arrêtait net pour repartir dans l’autre sens afin de rejoindre l’arbre qui lui servirait de refuge pendant dix secondes. Il ne voulait pas se faire avoir à nouveau même si Ben était plus rapide que lui. Mais il n’avait pas dit son dernier mot et ne comptait pas laisser le blondinet l’avoir à nouveau. Alors il donnait tout ce qu’il avait pour atteindre cet arbre, manquant presque de rentrer dans la gamelle en fonte que tenait Sydney dans ses mains. Heureusement qu’elle avait eu le réflexe de la lever évitant ainsi à Nathaniel de s’ouvrir le crâne,  alors que sa mère ne lui râlait dessus en lui ordonnant d’un ton agacé de faire attention. Elle avait changé sa mère depuis que tout avait commencé et qu’ils avaient dû laisser leur appartement en bord de mer pour venir se réfugier dans ce camp en dehors de la ville, elle était plus froide, plus protectrice aussi mais beaucoup moins patiente. Nathaniel lui ne comprenait pas tout, comme il ne comprenait pas pourquoi son père ne les avait pas suivi en dehors de la ville quand les vilaines personnes leur avait couru après. Mais il s’habituait bien à la vie de camp. Alors qu’il courait toujours ignorant les rappels de sa mère, un bras costaud  le stoppa net dans sa course l’attrapant dans ses bras. « Léo lâche moi ! » s’était alors mit à râler le petit monstre maintenant bloqué dans les bras costaud de Léo, le chef du groupe et père de Benjamin. « Ta maman ne t’as pas demandé de faire attention ? Tu devrais l’écouter p’tit gars avant que tu n'te casses quelque chose ! » Voyant que Nate tirait un peu la tête, mécontent d’avoir été interrompu dans son jeu, Léo lui chatouilla légèrement le ventre ce qui eut pour effet immédiat de faire rire Nate qui ne faisait de toute façon jamais la tête bien longtemps. Une fois à terre Nathanial observait Léo repartir faire il ne savait quoi, son fusil sur les épaules, ébouriffant au passage les cheveux blonds constamment en bataille de son fils. Nate pensait au début que Léo partait chasser avec les autres hommes du camp pourtant malgré certains coup de feu, ils ne ramenaient que peu de prises alors il se demandait bien où devait aller toutes ces balles perdues. Mais il s’en fichait, pour l’instant Benjamin recommençait à le poursuivre.



« Monte dans le camping car » Andréa, sa mère passait tendrement sa main dans les cheveux bruns de son fils qu’elle aimait tant. Elle était un peu autoritaire mais elle n’avait pas le temps de faire dans la tendresse.  Il n’était pas en sécurité. Le groupe originaire de Virginia Beach était maintenant devenu un groupe nomade et il se trouvait actuellement en territoire ennemi. En effet l’une des routes était bloquée par un amas de voiture et faire demi-tour pourrait s’avérer plus dangereux que d’en déplacer certaines. Ils étaient environs une dizaine de personnes et ça ne devrait prendre qu’une heure tout au plus mais après plus d’un an et demi de survie, Andréa savait qu’il fallait toujours resté sur ses gardes et que les rôdeurs pouvaient surgir de nulle part alors elle ne voulait pas avoir son fils dans les pattes accueillant à bras ouverts tous les dangers. Cependant lui, du haut de ses neuf ans maintenant ne l’entendait pas de cette oreille et en avoir marre de devoir resté cloitré à l’intérieur à attendre que le trajet passe. Il voulait sortir et courir dehors mais comme d’habitude, sa seule sortie allait être le trajet du camping car à la maison qu’ils emprunteraient pour la nuit. « Mais maman… » Soupirant fortement, Andréa ne répéta pas son ordre une seconde fois se contentant d’observer Nate d’un regard qu’il comprenait très bien. Soupirant, il retournait dans le camping car, il aurait aimé pouvoir jouer dehors mais il se retrouvait enfermé entre ces quatre murs avec Benjamin. Ils jouaient souvent ensemble mais tout deux commençaient à ne plus pouvoir supporter une partie de plus de dames, de jeu de cartes ou d’échec. Mais leur vie étaient ainsi, les trajets en camping car d’une ville à l’autre dans laquelle ils s’installaient plusieurs jours avant de repartir. Il devait s’y habituer c’était ainsi. Au moins Nate avait sa mère, Léo, Benjamin et tous les autres membres du groupe. Tous ensemble, ils étaient devenu une véritable famille.



Tous le monde était réuni dans un chalet sans trop petit pour accueillir tous le monde, mais qui faisait office d’abri de fortune d’urgence.  La fatigue se lisait parfaitement sur tous les visages, ainsi que de la peine. Molly était même sorti lorsque les larmes l’avaient submergé  et Jason l’avait suivi pour la réconforter et pour une fois, même Nate perdait son sourire habituel. Il s’inquiétait pour Benjamin dont l’état de santé s’était dégradé de jour en jour, à vue d’œil. C’était pour cela que le groupe avait dû s’arrêter plusieurs jours. Nathaniel n’avait forcément tout compris à ce qu’on lui avait expliqué mais Benjamin avait une maladie qui nécessitait un traitement que Léo ne parvenait plus à trouver après toute ces années. Alors il ne restait plus qu’à attendre et esperer que le corps de Benjamin reprenne des forces et tienne jusqu’à ce que l’on en trouve.  Sydney qui était resté auprès de Léo devenu son petit ami redescendait de la chambre attribué à son fils un air grave sur le visage. Tous comprenaient que son état ne s’arrangeait pas et un silence morbide s’installait dans toute la pièce. Nathaniel lui n’avait pas compris ce que ce visage voulait dire mais il savait que quelque chose de grave se passait et il s’inquiétait pour son meilleur ami. « Maman ? Je peux aller voir Benjamin ? » Andréa fut touchée de voir son fils s’inquiéter autant pour le jeune malade et passa une main dans ses bouclettes brunes que Molly lui couperait surement d’ici peu. C’était un peu grâce à elle que le groupe ne ressemblait pas à une poignée de sauvage ! Andréa cherchait comment expliquer à son fils qu’il ne pouvait pas et qu’il devait laisser Léo passer du temps avec son enfant mais c’était compliqué, elle voyait encore Nate comme un tout petit garçon alors qu’il avait déjà fait face à la mort pourtant. « Nate… Je préfère qu’on laisse… » «  Non, laisse le y aller… » Léo avait rejoint le reste de son groupe un instant pour donner des nouvelles à ses compagnons de voyage et amis et était remonté ensuite avec Nate. Il fut surpris de voir à quel point l’état de Benjamin avait empiré, il était très pâle et tout transpirant. Léo s’était assis contre la chaise attrapant la main de son enfant tandis que Nate allait de l’autre côté pour lui parler un peu. Et finalement, il lui avait fait un câlin, parce que Nate, ce blondinet à peine plus vieux que lui il l’aimait, c’était son frère et il pleurait. Et quand il le lâcha, Nathaniel constatait que son ami s’était endormi et que Léo pleurait. C’était tellement rare, il était le chef du groupe et ne montrait que peu ses émotions même si tous étaient peu à peu devenus sa famille. Il demanda ensuite à Nate de descendre qui s’exécuta et parti rejoindre sa mère. Il alla la prendre dans ses bras, et ce n’est qu’une demi-heure plus tard que Léo les rejoignait à nouveau. Il semblait vider de toute énergie, brisé, un couteau ensanglanté entre les mains qu’il laissait tomber au sol alors qu’il s’effondrait sur les genoux, rejoint de tous. Nathaniel eut interdiction de remonter.



« Tiens le bien droit, voilà il faut que tu vise avec ton œil » Bras tendu, révolver en main, Nathaniel  prenait des leçons de tir auprès de Léo qui insistait pour que le jeune garçon sache tirer en cas de problème. Depuis le décès de Benjamin, le chef du groupe se montrait encore plus protecteur envers chacun et surtout envers Nathaniel qui le voyait comme une figure paternelle. Il n’était qu’un enfant et n’avait pas revu son père biologique depuis maintenant six ans et même si Léo n’avait pas ce titre pour lui, il n’en était pas moins qu’il était en quelques sortes son modèle et son héros. Cependant, la séance d’entrainement fut interrompue par un rôdeur qui s’approchait dangereusement du jardin dans lequel les deux garçons s’entrainaient.  Léo ne s’inquiétait pas, un rôdeur n’avait plus rien de dangereux pour lui maintenant mais il voulait voir comment se débrouillerait l’enfant, c’est pourquoi il avait dit à Josh de baisser son arme lorsqu’il l’avait pointé en direction du revenant. Nate avait levé son arme mais ses bras tremblaient et il ne voulait vraiment pas, il demandait à Léo de le laisser tranquille mais l’homme insistait. Nathaniel devait savoir se débrouiller seul mais il refusait même de se servir d’une arme contre les rôdeurs alors que c’était la seule chose à faire et cela, Léo voulait lui faire passer pour sa propre sécurité. Cependant Nathaniel sans doute trop doux et innocent avait préféré baisser son arme plutôt que de tirer et c’est un autre tir qui fit s’écrouler le rôdeur au sol. Andréa en avait fini et s’approcha des deux garçons jetant un regard noir à Léo. « Ne le force pas à se servir d’une arme. » « Mais il doit bien apprendre à se défendre ! » « Il n’a que dix ans, il a bien le temps d’apprendre à tuer ! Ce n’est qu’un enfant… » « Très bien, désolé Nate si je t’ai brusqué, viens me voir si tu veux t’entrainer encore ! »



Il était assis dans ce salon morbide, recroquevillé sur lui-même, il avait pleuré toute la journée de la veille et n’avait pas bougé de la nuit. Il les observait, tous étendu sur le sol, mort certains de coups dans la tête d’autres de balles mais tous ne se réanimeraient pas. Une odeur nauséabonde commençait déjà à se répandre dans la pièce dans laquelle Nate n’avait pas bougé depuis plus d’une journée entière si ce n’est plus. Il revoyait encore et toujours les mêmes images se répété. Les fenêtres furent les premières brisée, juste avant que Molly et trois autres ne s’écroule subitement au sol, une plaie sur le front. Nous étions attaqué et nous avions beau être onze, cela ne les arrêtait pas. Immédiatement sa maman l’avait caché d’abord derrière le canapé puis lui avait dit d’aller se mettre sous l’évier de la cuisine ouverte dans lequel seul un enfant pourrait se mettre, car il n’aurait sans doute pas l’idée d’aller chercher là-bas. Seulement de sa position Nathaniel avait tout vu, les coups de feu des deux camps, et des gens s’écrouler les un après les autres. Sydney, Josh, deux ennemis. Ils étaient bien plus qu’eux et ils étaient parvenu à entrer. Sa mère se défendait comme elle pouvait, mais à court de balle, elle devait faire face à face avec des hommes, elle avait enfoncé son couteau dans la gorge de l’un d’eux, quand un autre avait surgi de derrière lui envoyant un coup de machette dans le crâne. Son corps inerte s’était écroulé au sol et tous les autres l’avait suivi. Même Léo avait fini par succomber aux coups adverses. Et ces hommes avaient prit tous leur sac, leur nourriture, leurs armes avant de partir laissant Nathaniel seul, livré à lui-même, destiné à mourir de faim ou de soif à côté des cadavres de sa famille et de ses ennemis.

Conrad Williamson a l'immense plaisir de te valider !
Félicitations, tu rejoins le groupe Shit Happens  
Mohhhhhw J'adoooore Sauf que cey triste ... Comme je te l'ai déjà dit en tout cas, c'est super intéressant déjà qu'il soit aussi jeune mais aussi qu'il soit toujours aussi innocent. Amuse-toi bieng avec ce petit bout.


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