« Je ne sais pas, franchement ce serait tiré par les cheveux ? Non… » Honnêtement, qu'est-ce que j'en savais ? Toute cette histoire était tellement ... Etrange. Bizarre. Anormale. Bref, tout ça quoi. Un type en train de crever s'était amusé à noter des coordonnées géographiques sur un mur, avec son sang. Et on trouvait ensuite une clé dans la coke trouvée dans le coin. Que penser ? Est-ce que ça avait seulement la moindre importance ? Ou n'était-ce qu'une perte de temps que de tenter de comprendre quoi que ce soit à tout ce bordel ? A mon humble avis, ce n'était qu'une perte de temps. Je doutais que ça nous mène à un labo dans lequel on trouverait un remède pour sauver le monde entier. J'avais cessé de croire qu'on pourrait un jour s'en sortir. Nous n'étions voués qu'à continuer de courir éternellement. Ou du moins, jusqu'à ce que la mort trouve le moyen de nous faucher d'une façon ou d'une autre. « Aucune idée ... » Marmonnai-je vaguement, encore inconscient de ce regain d'intérêt que semblait avoir Victoria pour moi. Ce ne fut qu'en sentant deux regards dans ma direction, que je prêtai moi même plus d'attention aux deux femmes qui me faisaient face. Quoi ? J'avais mal remis mes fringues ? Un truc sur la tronche ? Mon regard alla du visage de Maria qui se trouvait être orné d'un sourire en coin, au visage de Victoria rougit. J'avais du manquer un épisode. Il n'y avait que cette explication que je trouvais à donner à ces échanges de regard silencieux. Je fronçai de plus bel les sourcils quand Maria décidé de quitter la pièce et nous laisser seuls tous les deux. S'était-on déjà trahit ? Je n'avais pourtant rien fait. Quoi ? Elle m'avait maté bizarrement ?

Sans un mot, je regardais Victoria se tapoter les joues avant de réaliser qu'elle venait de les colorer de blanc. Une fois qu'elle se fut essuyé et en écoutant ses mots d'un air distrait, je m'approchai d'elle et récupérai un linge abandonné sur un meuble, pour essuyer doucement l'une de ses pommettes, où s'étalait encore une traînée blanche. Je soupirai doucement en reposant le morceau de tissu sur la surface plate, regard toujours rivé sur le visage de Victoria. « Pour la première fois depuis des mois, on a un truc qui ne demande pas matière à réfléchir. Et si on profitait d'avoir ça, plutôt que de pleurer tout ce qu'on a perdu ? » Demandai-je d'une voix douce, sans la quitter du regard. « Et puis ... C'est l'euphorie de début de relation ... Dans quelques semaines, peut-être que ça se tassera assez pour que l'on retrouve notre capacité de réflexion. » Remarquai-je ensuite, en souriant d'un air amusé. Avant de finalement me détacher de la table pour venir me loger dans son dos, enrouler mes bras autour d'elle et la serrer vivement contre moi. Je posai doucement ma joue contre son crâne, en m'emparant de ses mains pour les serrer dans les miennes. « J'en sais rien. T'en sais rien. Personne n'en sait rien. Alors on devrait peut-être juste laisser les choses venir et se faire comme elles doivent se faire. A moins que tu ne parles de nous. Et dans ce cas là, j'aurais éventuellement plusieurs idées intéressantes. » Répondis-je avec calme et sérieux, malgré le sourire grandissant qui étirait mes lèvres. Fallait-il vraiment que l'on perde du temps à se demander de quoi serait fait le lendemain, au lieu de profiter du peu que nous avions encore ?