[FLASHBACK] I'm sorry I've failed you // Luke

I'm sorry I've failed you

Juin 2015

Des jours que je suis dans l’ombre, que je vais et viens, que j’observe et que j’attends. Quoi exactement ? Le bon moment ? Je ne crois qu’il y ait de bon moment à proprement parler car je ne sais pas dans quoi je vais mettre les pieds. Je ne sais de cet endroit que ce que j’ai pu en entendre, que ce qu’on a bien voulu m’en dire mais il n’est absolument pas certain que ce soit cet eldorado dont on m’a vanté les mérites. Un endroit sûr, un endroit où on peut réapprendre à vivre et non plus se contenter de survivre, un endroit où c’est une véritable communauté qui s’est formée. Bien sûr, dit comme ça, ça fait véritablement envie. Je sais, d’expérience, que si certains se régalent depuis que le monde a foutu le camp, que si certains ont réalisé qu’ils étaient faits pour cette vie de post apocalypse, d’autres aimeraient revenir à l’ancien temps, quand on vivait sans regarder tout le temps par-dessus son épaule, quand on pouvait marcher dans la nature et dans la rue sans craindre d’être attaqué et dévoré vivant et, apparemment, derrière ces murs que j’observe depuis plusieurs jours c’est possible. Derrière ces murs, c’est une nouvelle vie. J’ignore combien ils sont exactement, nombreux sans doute et si je m’intéresse à leur nombre ce n’est pas vraiment pour savoir combien de personnes je vais rencontrer en pénétrant mais plutôt combien de personnes je vais devoir affronter si les choses tournent mal. Vu le nombre qu’ils sont, je pourrai me défendre mais la meilleure des solutions sera clairement la fuite si les gens de cette communauté ne sont pas véritablement ce qu’on a pu me dire d’eux. J’espère que si, en particulier s’il s’avère que Luke a trouvé refuge ici. Je n’en suis pas certain, je ne pourrai en être certain qu’en pénétrant à l’intérieur et en questionnant les habitants mais j’ai tellement entendu parler de cet endroit que lui aussi, il a dû en entendre parler alors, il y a des chances pour qu’il soit là et si ce n’est pas le cas, je repartirai à sa recherche. Je continuerai à arpenter les routes jusqu’à ce que je le trouve ou jusqu’à ce que je crève. Ce n’est pas que l’idée de m’intégrer à une communauté me déplaise mais si Luke n’est pas là, il est hors de question que je reste planqué derrière ces murs sans lui. Et puis, je ne suis pas certain d’être fait pour ça ou, plus exactement, d’être encore fait pour ça.

Un soupir. C’est avec regret que je m’approche d’un arbre presque complètement mort pour glisser au cœur du tronc pourri et rongé mon fusil et mon sabre. Je ne vais garder que mon couteau papillon avec moi. L’idée de me séparer de mes armes ne me plaît pas mais au moins, en les mettant là, je sais que je vais pouvoir les récupérer parce que j’ai su, par des personnes qui sont passées brièvement par la zone, qu’à l’entrée, il fallait donner les armes en notre possession et je préfère mille fois que mes armes restent à l’intérieur de cet arbre, bien cachées, plutôt que dans les mains d’étrangers. Quant à mon sac, il est soigneusement planqué sous la terre, au pied de l’arbre où j’ai caché mes armes. Je n’emmène rien à l’intérieur de la Zone 51. Si l’endroit est vraiment sûr, si les gens sont dignes de confiance et si Luke y est, je pourrai toujours revenir chercher mes affaires et essayer de m’installer là définitivement. Je n’en suis cependant pas là. Là, je dois déjà pénétrer à l’intérieur et poser mes questions. Je m’approche de l’entrée les mains en l’air, signe de paix, histoire de leur faire comprendre que je ne cherche pas les ennuis et, lorsque l’on me fait enfin pénétrer à l’intérieur, je les laisse me fouiller et si je ne dis pas que j’ai caché mes armes à l’extérieur, je leur explique que j’ai laissé mon sac quelque part, n’étant pas certain de rester. Je poursuis en expliquant que je suis là parce que je suis à la recherche de mon fils. Une partie de la vérité pour en cacher une autre partie, voilà tout. Je les laisse observer mon couteau papillon avant qu’ils ne me le rendent. Puis, ils m’autorisent à véritablement pénétrer à l’intérieur de la Zone tout en m’expliquant qu’il y a des festivités aujourd’hui. J’accueille cette nouvelle avec scepticisme mais en même temps, comment pourrait-il en être autrement ? Des années que je suis dehors, que je survis et ici, ils font des fêtes…

Il y a de quoi être sceptique et quelque peu désarçonné aussi.

Je m’avance doucement, je regarde autour de moi et le sérénité qui se dégage de ce lieu me met étrangement mal à l’aise. C’est comme si je venais de pénétrer dans un autre monde sans aucun zombie, sans aucun danger à l’horizon. En fait, moi, ma crasse et ma façon d’être sur mes gardes, j’ai l’impression qu’on n’a rien à faire ici. Cela ne m’empêche pas de continuer à avancer jusqu’à ce que je croise enfin une personne que j’arrête avant de me présenter et de dire que je cherche mon fils, Luke. Je m’empresse de montrer sa photo même s’il a clairement dû avoir beaucoup grandi depuis que cette photo a été prise. Malheureusement, cette première personne me dit qu’elle ne se souvient pas avoir croisé cet enfant. Elle me propose alors de la suivre pour rejoindre les festivités car il y aura du monde et je pourrai poser mes questions à davantage de personnes. J’hésite puis accepte : après tout, cela ira sans doute plus vite oui et, finalement, voilà que c’est une femme qui me dit, avec un sourire que oui, elle connaît Luke. Quand elle dit son prénom sans que je n’ai eu besoin de le prononcer, mon cœur se met à battre plus vite et les larmes me montent aux yeux en une fraction de seconde : mon fils est là ? Vraiment ? J'ai réussi ? Je pose la question et elle me répond par l’affirmatif tout en ajoutant qu’on ne peut pas le louper puisqu’il se balade toujours avec un chapeau de shérif sur la tête. J’esquisse un sourire, le premier depuis longtemps. Puis, elle me décrit la taille qu’il fait et je me prends une claque intérieure car il a vraiment beaucoup poussé. Elle regarde finalement autour d’elle, et je fais pareil mais, ne le voyant pas, je perds mon sourire. Elle me rassure en me disant qu’il ne doit pas être très loin. Je m’éloigne alors et je cherche du regard, je ne fais que ça et plus je cherche, plus mon cœur s’emballe mais ce n’est rien comparé au moment où je distingue un chapeau sur la tête d’un adolescent, assis de dos. Je me fige et je dois prendre plusieurs grandes respirations avant d’enfin oser m’avancer. Mes mains tremblent, à l’instar de mes jambes qui me portent jusqu’à la silhouette sans trop savoir comment en fait. Je m’arrête à quoi ? Deux mètres ? Oui, à peu près. J’observe l’adolescent, je distingue ses cheveux plutôt longs sous le chapeau et je porte ma main à ma bouche et c’est de peu que je parviens à ne pas m’effondrer. Je me frotte le visage avant de prendre une profonde inspiration.

« Luke ? »

Et voilà tout ce que je suis capable de dire. Soit il va se retourner et je vais réaliser que j’ai tout faux, que le femme s’est trompée, que c’est un gamin qui lui ressemble et par le plus grand des hasards qui a le même prénom, soit… Soit il va se retourner et je vais regarder, pour la première fois depuis des années, mon fils droit dans les yeux.

I'm sorry I've failed you

Une nouvelle journée venait de s'achever, le soleil déclinant timidement vers l'Ouest. C'était fou à quel point le temps passait lentement entre ses murs. Luke ne trouvait rien à faire pour s'occuper si ce n'était qu'embêter certains membres de la zone quand ils ne faisaient pas des trucs d'adultes. Intérieurement, il enviait ces survivants qui passaient le portail tous les matins pour revenir le soir avec des vivres. A chaque fois, on les accueillait comme des héros et cela avait le don d'agacer Luke qui aurait tout donné pour faire partie d'une équipe de ravitaillement. Sortir de cette zone ne serait-ce qu'une fois pour voir s'il savait toujours se défendre. Mais personne ne voulait prendre le risque de sortir avec lui. Personne ne voulait le prendre en charge et ça, il pouvait le comprendre. En entrant dans cette zone, il s'attendait à trouver une certaine protection oui, mais ce qu'il cherchait c'était également l'égalité entre tous les survivants. Et la triste réalité de cette histoire venait du fait qu'il s'était coincé ici tout seul comme un con, sans pouvoir s'y échapper. Mais ils ne pouvaient s'en prendre qu'à lui même, Vince lui avait pourtant dit de se méfier de ce genre d'endroit. Que derrière ces belles paroles se cachait une réalité parfois bien plus terne. Et il avait eu raison... Assit sur une table un peu en recul du reste de la fête, Luke observait le ciel en silence, ne souhaitant pas participer à ces réjouissances. Du moins, pas pour le moment. Il irait sans doute y faire un tour pour voir Sam ou Maebh ; et probablement pour essayer d'attraper un peu d'alcool par la même occasion, avec un peu de chance. Sam était l'un des points positifs de cette zone, même si sa surprotection avait tendance à l'irriter, il ne pouvait s'empêcher de l'apprécier. Il pouvait se confier à elle sans avoir l’impression d'être jugé et il n'aurait sans doute jamais réussi à s’adapter à la vie de la zone sans son aide. Quant à Maebh... Ces deux là n'avaient clairement pas démarré sur le bon pied et pourtant, ils n'ont pas abandonné. Cela avait fini par payer. Luke ne la remerciera jamais assez pour sa patience et sa maturité. N'importe qui d'autre aurait abandonné il le savait, mais elle était différente des autres adolescents de la zone et c'est ça qui lui plaisait tant. Esquissant un léger sourire en repensant à elle, il venu se gratter nerveusement la joue. Il avait longuement réfléchi à la façon dont il allait lui annoncer la chose et la franchise était selon lui la meilleure option. Que risquait-il après tout ? Un refus ? Même si cela avait 90% de chance d'arriver, ça ne lui faisait peur, bien au contraire. La peur était devenue une amie intime, lui ayant permis de survivre durant ces deux dernières années sans trop de bobos. Donc autant dire qu'il entretenait avec elle une relation assez forte.

Cela était peut-être dû au coucher de soleil, mais Luke se sentait soudainement nostalgique, malgré ses dernières pensées pour Maebh et Sam. Il était là, à sourire bêtement alors que le reste de sa famille n'était plus de ce monde. Mais d'un sens, il en était heureux. Ainsi, ils n'avaient plus à endurer les aléas de la vie quotidienne. Oui... Ils devaient sûrement être mieux là où ils se trouvaient aujourd'hui... Une voix s'éleva dans son dos, celle d'un homme. Se retournant d'un air intrigué, il ne comprenait pas pourquoi des gens viendraient dans son petit coin tranquille alors que la fête battait son plein. Cependant, il resta immobile. Comme pétrifié devant l'homme qui venait de l’interpeller... Papa? C'est du moins ce qu'il essayait désespérément de prononcer. Mais aucun son ne parvenait à s'échapper de sa gorge resserrée par l'émotion. La bouche légèrement entrouverte et la terreur bien identifiable dans ses yeux, Luke ne savait pas comment réagir, il n'arrivait même plus à respirer ou à penser. Était-il en train de devenir fou ? Commençait-il à voir des fantômes ou bien était-ce réel... ? Son père se trouvait-il réellement là ? A quelques mètres de lui ? Cela semblait si irréel... Descendant rapidement de la table sur laquelle il était assit, il se jeta dans ses bras de ton son poids. Comme pour s'assurer qu'il n'était pas en train de rêver. Et lorsqu'il parvint à le toucher, les larmes lui montèrent immédiatement aux yeux. C'était vraiment lui. Ses jambes lui paraissaient si lourdes qu'il semblait pouvoir s’effondrer à tout instant. S'agrippant avec une pointe de désespoir à son père, il se refusait de le lâcher de peur qu'il ne disparaisse à nouveau. Qu'il l'abandonne une fois de plus. Et cette fois-ci c'était clair : il ne le supporterait tout simplement pas. Il avait atteint sa limite depuis bien trop longtemps. Il n'en pouvait plus continuer à courir, de se battre uniquement pour finir « seul » avec des inconnus. Il n'en pouvait plus d'être abandonné par les personnes qu'il aimait, en sachant que de leur côté, ils ne semblaient jamais s’inquiéter de son propre sort. C'était une véritable explosion de sentiments, Luke ne contrôlait plus rien et les larmes qui venaient inonder le t-shirt d'Alexander pouvaient le témoigner. A vrai dire, il n'arrivait pas à savoir s'il était en colère contre son père ou bien heureux de l'avoir retrouvé... Peut-être y avait-il également une pointe de tristesse ou d'amertume dans son cœur ? C'était si compliqué et si épuisant à la fois... La tête enfouie contre son torse, les battements du cœur de son père qu'il percevait lui apportait le plus grand des soulagements. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas ressenti un tel sentiment de relaxation. Entre ses bras, il se sentait en sécurité, protégé. Mais si la vie lui avait bien appris quelque chose, c'était que le sentiment de sécurité était éphémère. Tous les bons moments ont une fin. Et Luke avait finalement retrouvé la force de le repousser, brisant ce moment de bonheur pour ne laisser place qu'à la rage qui lui brûlait les lèvres depuis maintenant deux longues années. Il devait le dire, il ne pouvait plus vivre avec la mort de ses frères sur sa conscience. Il avait échoué, ils étaient tous morts par sa faute, mais il n'arrivait pas à l'accepter, il ne l'accepterait jamais. Il devait trouver un responsable et à ses yeux, c'était clair : c'était à cause de son père qu'ils en étaient là aujourd'hui.

« POURQUOI TU M'AS ABANDONNÉ ? » Hurla-t-il à pleins poumons sans se soucier des gens se trouvant autour d'eux. Ils devaient sans doute être trop occupés pour se soucier d'une petite dispute entre un père et son fils : « Pourquoi tu nous a tous abandonnés ?! On avait tellement besoin de toi... Par ta faute AIDAN EST MORT papa ! PAR TA FAUTE ! Isaac, Enzo ! Il n'y a personne avec toi. Tu es tout seul ! Et tout ça, UNIQUEMENT à cause de toi ! Pourquoi est-ce que tu n'as JAMAIS été là ? Combien de temps ça va mettre avant que tu ne disparaisses encore une fois ? Je veux pas passer mon temps à t’entendre !» Repoussant violemment une nouvelle fois Alexander à l'aide de ses deux mains, il marqua une légère pose pour reprendre son souffle saccadé par des sanglots incontrôlables. Ses larmes perlaient comme jamais le long de ses joues rosées. « Si tu crois... Que j'ai encore besoin de toi.... » Un silence. Court mais terriblement lourd, Luke savait qu'il allait regretter ses mots, mais il s'en foutait. Sur l'instant, il le pensait réellement et c'est tout ce qui l'importait. « Tu te trompes ! J'ai plus besoin de toi depuis bien longtemps ! J'AI MÊME JAMAIS EU BESOIN DE TOI ! » Il releva finalement la tête n'ayant pas osé le regarder dans les yeux depuis le début. Mais le moment était venu de lui montrer à quel point il avait changé. A quel point il avait grandi, sans lui. Il l'observait à une certaine distance, sans arriver à stopper ses larmes de détresse. Il était resté exactement le même que dans ses souvenirs, le père absent qui arrivait toujours après les bagarres. Le père qui n'avait jamais su s'occuper de sa mère et qui l'avait rendu triste pendant près de six ans. Ce père qu'il aimait et qu'il détestait tant à la fois. Mais pour l'heure, il n'avait plus rien à lui dire. Tout ce qu'il avait sur le cœur, il lui avait balancé au visage. Remuant doucement la tête avant de rebaisser les yeux, il murmura faiblement entre deux petits reniflements : « Je te déteste tellement... »

FICHE PAR SWAN.

I'm sorry I've failed you

Juin 2015

Surréaliste. C’est tout simplement surréaliste de regarder Luke droit dans les yeux car c’est bien lui, c’est bien mon fils. Il a grandi, il a même beaucoup grandi mais c’est lui. C’est lui… Les larmes me montent aux yeux, j’ouvre la bouche, puis la referme, tout simplement incapable de prononcer le moindre mot. A cause du choc ? Sans doute oui car même si je l’ai cherché sans m’arrêter durant tout ce temps, même si je pensais m’être préparé à le retrouver, en fait, maintenant que je suis face à lui, je réalise à quel point je n’étais absolument pas préparer à ce qui est en train de se produire. La vague d’émotions qui me submerge et déstabilisante voire oppressante. J’ai toujours aimé mon fils, toujours, mais en cet instant, mon amour pour lui prend des proportions tout sauf raisonnables car il est tout ce qu’il me reste et c’est aussi sans doute pour cela que je n’arrive pas à parler : parce que je réalise pleinement et complètement qu’il n’y a plus que nous deux. Rien que nous deux, et cela est terriblement douloureux, d’autant plus que je prends conscience qu’il ne sait pas pour Isaac et Enzo et je vais devoir le lui dire. Je vais devoir… Mes sombres pensées sont coupées net quand Luke descend de la table sur laquelle il était assis et qu’il se jette dans mes bras. Je le réceptionne en faisant un pas en arrière, ne m’étant pas attendu à cela et ne m’étant surtout pas attendu à son poids et à sa force : c’est une jeune homme, plus un enfant. Je baisse le visage, je plonge mon regard dans celui de Luke qui se voile de larmes, presque en même temps que mes propres yeux en fait. Mes bras l’entourent, je le serre avec force et c’est une étreinte que je resserre davantage encore quand Luke se blottit contre mon torse. Je ferme les yeux. Je le tiens.

« Je te tiens. » je murmure, tout bas, peut-être même qu’il ne m’entend pas.

J’en ai tellement rêvé de ce moment, je l’ai tellement imaginé mais c’est plus merveilleux encore que dans ma tête. Pouvoir tenir ainsi mon fils dans mes bras, pouvoir partager cette étreinte, pouvoir m’assurer qu’il est bel et bien en vie… C’est un merveilleux cadeau. Durant cet instant, le reste du monde disparaît : il n’y a plus que mon fils et moi. Il pourrait bien y avoir une attaque de zombies que je ne les entendrais même pas car je ne suis focalisé que sur Luke, que sa respiration que j’entends, que sur ses mains que je sens s’agripper avec force à moi : il est vivant. Mon fils est vivant, il est dans mes bras. C’est réel. C’est en train d’arriver. J’ai réussi. Je l’ai retrouvé. La séparation brutale qui arrive soudainement n’en est que plus douloureuse : je l’ai retrouvé, il m’a serré contre lui et voilà qu’il me repousse avec force et s’éloigne de moi. C’est le regard rempli de larmes que je le regarde, sans comprendre, en secouant légèrement la tête et mon cœur se tord quand bientôt, les mots s’échappent de sa bouche sous forme de cris, sous forme d’accusions que j’encaisse avec beaucoup de difficultés. L’entendre me jeter à la figure que je l’ai abandonné, que je les ai tous abandonnés… C’est sincèrement difficile à entendre, difficile à supporter. Plus les mots claquent, plus mon cœur se meurtrit et se brise car les mots, ses mots à lui sont sincères et véritables. Ils le sont parce que oui, je suis responsable. J’ai pris des décisions qui ont entraîné la mort des gens que j’aimais. Je n’ai pas réussi à les sauver : aucun d’entre eux et Luke, lui, il est vivant alors que justement il n’était pas avec moi. N’est-ce dont pas criant de vérité ? Ces accusations ne sont-elles pas fondées ? Oh si elles le sont. Luke termine par relever son regard vers et ce que je lis dans ses prunelles me fait davantage de mal.

Il a changé. Il a beaucoup changé mais comment pourrait-il en être autrement ? Ce monde, il a dû faire ce qu’il fallait pour s’y adapter, pour rester en vie. Il dit qu’il n’a pas besoin de moi et il a sans doute raison. J’ai finalement plus besoin de lui que lui de moi. Le regard courroucé que Luke me jette m’achève littéralement sur place, en même temps que ses derniers mots. Il me déteste. Est-ce juste la colère qui le fait parler ainsi ou le pense-t-il vraiment ? Je n’en sais rien. Je suis perdu. Perdu parce qu’il s’est jeté dans mes bras, qu’il m’a serré avec force contre lui pour pouvoir mieux me repousser ensuite. Il se passe quelques instants durant lesquels je ne dis rien, ouvrant la bouche puis la refermant, incapable de prononcer le moindre son et surtout craintif de ne pas trouver les bons mots. Puis, je finis par me gifler intérieurement : je ne suis pas venu jusqu’ici pour ne rien lui dire. Je l’ai retrouvé, il est là, je ne vais pas rester silencieux, je ne vais pas juste me taire et faire demi-tour parce qu’il m’en veut. Il a beau dire qu’il n’a pas besoin de moi, moi, j’ai besoin de lui : j’ai besoin d’être auprès de mon fils, j’ai besoin de veiller sur lui comme j’aurais dû le faire depuis le début. Je l’aime, c’est tout, quand bien même lui me déteste. Je prends donc une profonde inspiration, j’essuie les larmes sur mes joues et fait un pas vers Luke, sans pour autant pénétrer dans son espace personnel : je le laisse tranquille, en tout cas j’essaye.

« Je suis désolé Luke, tellement désolé… J’ai eu tout faux, je le sais. Mais, même si ce n’était pas suffisant, je veux que tu saches que j’ai fait de mon mieux. J’ai vraiment essayé de faire de mon mieux. J’ai… » Ma gorger se noue, il m’est difficile de continuer mais je le dois : je le lui dois, à lui. « J’ai couru, si tu avais comme j’ai couru pour la sauver, pour vous sauver… »

Me voilà plongé en arrière, quand ma femme et moi sommes partis à la recherche de nourriture et qu’elle a été tuée sans que je puisse la sauver. Que lui, Luke, a disparu alors qu’Aidan a été tué… Et les garçons…

« J’ai échoué. Je n’ai pas réussi à vous sauver et tu… Tu t’es débrouillé sans moi oui et je suis tellement fier de toi… »

Les larmes se remettent à couler mais je n’ai absolument pas la force de les en empêcher. Je fais un pas supplémentaire vers Luke, je réduis la distance entre nous. J’empiète peut-être sur son espace personnel, mais tant pis : là, je prends le risque.

« Mais j’ai vraiment essayé Luke… J’ai essayé. »

Que puis-je lui dire de plus ? J’ai essayé oui, même si ce n’est pas suffisant, j’ai bel et bien essayé. Si seulement il pouvait me pardonner…

I'm sorry I've failed you

Luke l'observait silencieusement, la vue toujours troublée par les larmes qui se formaient aux coins de ses yeux. Plus les secondes passaient et plus sa colère contre lui grandissait. Pourquoi ne répondait-il pas ? Pourquoi restait-il là à le regarder? Luke ne savait pas exactement ce qu'il attendait ou ce qu'il espérait entendre sortir de sa bouche. Il ne savait vraiment pas, il ne savait plus rien. Peut-être attendait-il égoïstement son excuse pour l'avoir abandonné ? Oui... Luke ne savait pas ce qu'il voulait entendre, mais savait ce qu'il ne voulait surtout pas attendre. Et malheureusement c'était exactement ce que son père était en train de lui dire. Ce qu'il disait n'avait rien de réconfortant bien au contraire. La vérité, Luke la connaissait. Quel survivant n'avait pas fait d'erreurs ? Ou n'avait pas donné le meilleur de lui-même pour s'en sortir ? Ce qu'il voulait entendre, c'était... Plus que cela. Lorsqu'il fit un pas vers lui, Luke ne recula pas d'un pouce. Bien campé sur ses positions, il redressa nerveusement la tête dans le but de le défier du regard, ou lui montrer que les choses étaient différentes entre eux à présent. Luke n'avait fait que fuir durant ses deux dernières années et il n'en pouvait plus de cette vie. S'il devait commencer par affronter quelqu'un cela devait sans doute être son père. Lui qui n'avait que ça à la bouche : essayer. Plus il le répétait et plus la colère montait, elle bouillait en lui comme jamais. Attendant que celui-ci est terminé de s'expliquer, il fit un pas vers lui à son tour, puis un second, plus grand que le précédent, un doigt accusateur pointé droit sur lui. Les larmes avaient disparues, ne laissant place qu'à la rage : « Mais "essayer" n'est pas suffisant ! C'est ce que maman nous disait toujours. Il ne faut pas "essayer", il faut y "arriver". C'EST TOUT ! MOI, j'ai réussi. MOI j'y suis parvenu. Quand Aidan s'est fait transpercer le crâne par MA faute, j'ai compris. J'ai compris que je devais changer. Que je devais agir différemment si je ne voulais pas finir comme lui, comme vous. Que je devais faire ce qui devait être fait, quoi qu'il m'en coûte ! »

Se mordant la lèvre inférieure avec rogne, il finit par se retourner, comme s'il en avait finit avec lui. Il avait besoin de prendre ses distances. Qui l'aurait cru, lui qui avait perdu tout espoir de retrouver un jour sa famille. Voilà qu'il tournait volontairement le dos à l'un d'entre eux. Après un court moment de lucidité il se retourna un sourire navré sur les lèvres, les larmes remontant dans ses yeux. « … Fier de moi ? » Lâcha-t-il toujours sur le même ton de l'incompréhension. « Comment est-ce que tu peux dire ça... ? J'ai-- J'ai volé les personnes les plus honnêtes et j'ai t.. » les mots se bloquèrent dans sa gorge. Il resta un moment immobile, fixant avec horreur son père, comme s'il espérait que celui-ci puisse comprendre sans qu'il n'ait à lui dire. Sans qu'il n'ait à l'avouer. Mais finalement sa gorge se dégagea. Luke était fort, il l'avait accepté. Ces actes, il les assumait maintenant, peut-être même trop facilement... « J'ai tué. Tellement. Je les ai tous tués avant qu'ils ne me tuent. Parce que je le DEVAIS ! Et parce qu'ils le MÉRITAIENT ! Et tu dis être fier de moi... TU ES J-- » Une douleur brûlante le frappa dans le buste, le coupant net dans ses paroles avant de le faire dangereusement tituber vers l'arrière. Se rattrapant de justesse à la table qui se trouvait à quelques mètres d'eux, il tendit immédiatement l'une de ses mains en direction de son père. Lui faisant comprendre par ce geste simple qu'il ne voulait pas qu'il approche davantage. Ils étaient suffisamment près l'un de l'autre, Luke n'avait pas besoin d'aide et encore moins de l'aide de son père. La main droite crispée sur ses côtes gauche, il resta un moment immobile. La tête légèrement baissée, il pu ainsi cacher son visage déformé par la douleur à l'aide de ses cheveux qui avaient bien poussés depuis le début de l’épidémie. Ce n'était clairement pas le moment d'avoir une crampe intercostale... Luke choisissait toujours bien ses moments pour ce genre d’incommodité. A chaque inspiration, il avait l'impression de pouvoir mourir tant la douleur était pinçante et insupportable, il devait se calmer, réguler cette respiration qui était loin d'être raisonnable. Il ne pouvait tout simplement pas continuer d'hurler de la sorte, pas dans cet état. Il voulait vider ses poumons entièrement et prendre une profonde bouffée d'air frais, mais l'impossibilité de pouvoir le faire sans souffrir le martyr lui donna l'impression d'étouffer de plus belle. Frustré, il se laissa glisser doucement sur le banc, tenir sur ses jambes étant devenu bien trop éprouvant pour son corps tremblant. C'était compliqué, dans son cœur comme dans sa tête. Peut-être n'était-il tout simplement pas prêt pour ces retrouvailles. Il voulait exprimer tellement de choses que tout se bousculait dans son esprit. Un coup il avait envie de crier, un coup de pleurer. Tant de choses à lui dire et si peu de mots pour le faire... Si peu de moyen pour s'exprimer que cela pouvait sonner faux. C'était une véritable torture et sa crampe n'arrangeait pas les choses. Prenant plusieurs expirations pour ne cracher qu'une seule et même phrase, il avait le temps de bien réfléchir cette fois-ci : « Pourquoi est-ce que-- ça s'est passé comme---ça... ? J'ai-- J'ai eu tellement peur. Je suis tellement-- terrifié papa. Pourquoi-- vous êtes pas-- revenus nous chercher ?»

FICHE PAR SWAN.

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Juin 2015

J’ai essayé oui, j’ai essayé. J’ai fait ce que j’ai pu, j’ai fait de mon mieux mais mon mieux n’a pas été suffisant. Mon mieux n’a pas permis à ma femme et à mes fils de s’en sortir vivant. J’ai été impuissant, inutile et c’est un sentiment bien terrible et oppressant. Le pire, c’est que c’est tout ce que je peux offrir à Luke comme explication : je n’ai d’autre, je n’ai de mieux. C’est la vérité bien qu’elle soit particulièrement déplaisante et triste : j’ai fait ce que je pouvais. Peut-être que d’autres auraient fait mieux, sûrement oui, mais je ne suis pas un surhomme, je ne suis qu’un type parmi tant d’autres, un type qui a fait face comme il a pu, un type qui doit vivre avec ses choix. Si je regrette mes choix ? Non, parce qu’à l’époque, je pensais que c’était ce que j’avais de mieux à faire et puis de toutes les façons, les regrets ne servent à rien si ce n’est à torturer davantage l’esprit et je n’ai pas besoin de torture supplémentaire : j’en ai assez comme ça. D’ailleurs, la façon dont Luke me regarde me torture justement, cela me torture même grandement. Son regard m’oppresse, me perce, m’agresse, me blesse mais il ne peut en être autrement : après tant d’année séparées, après tout ce qu’il a vécu, il ne peut pas me regarder autrement qu’avec colère. D’ailleurs, les deux pas qu’il fait vers moi respirent la colère également : c’est comme si elle transpirait de tout son être. Il ne pleure plus, ne subsiste apparemment que la haine et non plus la douleur et j’encaisse ses mots, non sans difficulté. Que puis-je lui répondre quand il me dit qu’essayer n’est pas suffisant ? Que puis-je bien dire pour ma défense quand il me jette à la figure que lui, il a réussi. Rien. Je ne peux rien dire parce que je sais qu’il a raison. Il a tellement raison… Il s’en est très bien sorti sans moi, peut-être même ne serait-il plus de ce monde s’il était resté avec moi. Cette pensée est terrible mais pourtant elle me vrille le cerveau.

Il a survécu sans moi alors qu’avec moi il serait mort.

Mon cœur bat vite et se serre lorsqu’il mentionne Aidan et ce qu’il lui est arrivé. Quand il dit que son frère est mort par sa faute, j’ai du mal à y croire parce que je ne vois pas comment ni pourquoi Luke pourrait être responsable de la mort de son frère. Ce sont des mots durs à entendre mais pas autant que la suite quand Luke dit qu’il a compris comment il devait agir pour pouvoir survivre. Il a compris qu’il devait changer. Alors qu’il se retourne, je réalise soudain que nous avons tous les deux compris cela au même moment même si nous étions séparés. Chacun de notre côté, nous avons réalisé que pour survivre, il fallait agir d’une certaine façon, accomplir certaines choses et nous débrouiller avec notre conscience. J’aurais cependant préféré que mon fils n’ait pas à comprendre cela. J’aurais préféré que mon fils n’ait pas à changer comme il l’a fait même si cela lui a permis de survivre. J’aurais voulu qu’il n’ait pas à survivre : j’aurais voulu qu’il ait une vie normale mais ça, il ne l’aura jamais. Cette vie qui est la sienne, il ne peut pas y échapper, je ne peux rien faire pour l’en dérober. C’est ainsi mais ça ne rend pas l’acceptation plus facile pour autant : il est difficile pour un père de voir son enfant grandir dans un pareil monde même si en l’occurrence je ne l’ai pas vu grandir : peut-être même ne m’en laissera-t-il pas l’occasion… J’en doute sincèrement, plus particulièrement lorsqu’il se retourne avec un sourire désolé accroché à ses lèvres, de nouvelles larmes faisant briller ses yeux. J’ai peur. Peur qu’il m’intime de m’en aller mais à la place, voilà qu’il rebondit sur ce que je lui ai dit. Choqué ? Il semble l’être un peu mais une chose est sûre, il n’a pas l’air d’en revenir, pourtant, je pense ce que j’ai dit : je suis fier qu’il ait réussi à s’en sortir oui.

Particulièrement fier de mon fils.

Je ne peux cependant nier que mes entrailles se nouent et qu’une nausée me prend quand Luke termine par m’avouer ce qu’il a fait, quand il termine par m’avoir qu’il a tué de nombreuses personnes. C’est terrible, terrible qu’il ait dû faire tout ça mais non, il n’avait pas le choix : il a fait ce qu’il devait faire pour survivre tout comme moi j’ai fait ce que je devais faire et si je l’avais compris plus tôt, j’aurais peut-être pu sauver la vie de ceux qui m’étaient chers… Luke semble cependant ne pas comprendre ce que je ressens à son égard, ne pas comprendre que je puisse être fier du fait qu’il ait réussi à s’en sortir même si pour cela il a dû commettre des actes terribles. Mais voilà qu’il se tait soudainement et titube vers l’arrière avant de se rattraper à la table derrière lui. Je fais aussitôt un pas vers lui en tendant les bras, prêt à l’aider mais Luke tend une main vers moi et je comprends : il ne veut pas de mon aide. C’est clair. C’est limpide. Je m’arrête donc dans mon geste avant d’abaisser mes mains, tout en observant mon fils avec une boule me nouant la gorge : j’aimerais l’aider, ne pas le laisser comme ça mais il n’a pas besoin de moi. Je dois l’accepter, je n’ai pas le choix. Alors je ne bouge pas, je le regarde baisser la tête, je le regarde crisper sa main sur son côté gauche, je le regarde souffrir, serrant les poings tant cela me fait mal de le laisser dans cet état, de ne pas pouvoir l’aider. Cela me fait très mal. J’ose ceci dit faire un pas en avant lorsque Luke se laisse finalement glisser à terre. Puis un second. Un troisième quand je le vois prendre plusieurs expirations avant de me demander, avec un sifflement dans son souffle qui me fait terriblement peur, pourquoi les choses se sont déroulées de cette façon ? Pourquoi ne sommes-nous pas revenus le chercher ? Et lui, il a peur, il est terrifié… Et moi…

Je soupire, baisse la tête et finalement, je le contourne pour venir m’assoir à côté de lui. Je fais cependant attention à ne pas le toucher. Je crève d’envie de prendre sa main, de passer mon bras autour de ses épaules, de le serrer contre moi alors que je m’apprête à lui dire des choses terribles, à lui expliquer pourquoi sa mère et ne sommes pas revenus le chercher, lui et ses frères, plus tôt, ce qui nous a retardé. Y penser me fait terriblement mal, comme à chaque fois. Cette blessure ne sera sans doute jamais refermée, jamais. Je regarde droit devant moi mais je ne vois déjà plus les gens, la fête, je ne vois plus que les arbres, le chemin, la silhouette de ma femme…

« Nous nous sommes vraiment beaucoup éloignés car il n’y avait vraiment rien à manger nulle part et nous ne voulions pas revenir sans rien. Il fallait que vous mangiez, il le fallait. Alors, nous avons continué, pendant longtemps. On a marché très loin avec l’espoir de pouvoir vous ramener de bonnes choses : on y croyait franchement. » je dis en d’une voix assez monocorde. Ce n’est que lorsque je prononce les mots suivants que ma voix se fait davantage sombre et tremblante. « Et puis, il y a eu ces cris, cette femme… Nous nous sommes cachés et ce qu’on a vu… » Je me tais, j’hésite un instant en jetant un regard en biais à Luke mais je me souviens à quel point il a grandi, je me souviens de ce qu’il déjà vu, de ce qu’il a déjà fait et je décide de poursuivre. Il peut entendre ça, et c’est bien le plus terrible : il peut l’entendre. « Ils allaient la violer et je ne voulais pas les laisser faire alors, j’ai demandé à ta mère de s’éloigner pour qu’elle aille se mettre en sécurité et je me suis occupé des deux types. J’ai sauvé cette femme parce que je pensais que c’était la chose juste à faire. Si c’était à refaire… » Un soupir. « Je la laisserais se débrouiller. » Ma voix claque comme un fouet. Des mots terribles, cruels. « Je la laisserais parce que la sauver a coûté la vie de ta mère. » j’avoue à Luke en baissant le visage. « Quand je suis reparti pour la retrouver, j’ai entendu des coups de feu, ses cris et je l’ai vue. Elle était en contre-bas, elle avait dû tomber, dévaler la pente… » Tandis que je parle, les images me reviennent, mes poings se ferment, ma mâchoire se crispe, mes sourcils se froncent alors que les larmes me montent aux yeux. « J’ai couru aussi vite que j’ai pu, j’ai dévalé la pente mais elle était trop loin et il était trop tard. Elle est morte dans mes bras. » je termine par avouer la voix nouée à Luke. « Et j’ai… » Un silence. « J’ai pris le temps de m’occuper d’elle, je l’ai entourée de fleurs je… Je ne voulais pas juste la laisser comme ça, tu comprends ? C’est pour ça que j’ai tant tardé à revenir. C’est… C’est ma faute. »
Et je ferme les yeux en serrant, nouant et crispant mes mains. Oui, c’est ma faute, il n’y a rien d’autre à dire.

RP archivé suite à la suppression d'Alexander. coeurrose

[FLASHBACK] I'm sorry I've failed you // Luke

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